Archives Mensuelles: mars 2014
Du nouveau venu d’Islande
Voici Ásgeir, un jeune artiste de 22 ans, très connu dans son pays, l’Islande, depuis son 1er album Dýrð í Dauðaþögn. C’est un album très personnel, avec des compositions d’Ásgeir et des textes de son père, Einar Georg Einarsson, poète islandais reconnu. Il a eu un succès gigantesque dans son pays. In the silence est la version anglaise de ce premier CD pour la vente à l’international.
In the silence oscille entre folk, pop et electro. La guitare y est prépondérante, mais on peut également noter la présence de cuivres et de saxophone dans de nombreux titres. De plus, la voix d’Ásgeir, aiguë et légère, sublime ces mélodies. Si cet album est plutôt intimiste, plusieurs chansons electro, trip-hop apportent du dynamisme.
C’est donc une belle découverte pour ma part. Je vous encourage à écouter sur Internet la version originale (en islandais) de l’album qui est très agréable et plus authentique.
Alice
Pour le plaisir d’entendre de l’islandais, voici « Leyndarmál » la version originale de « King and cross ».
Quand les instruments s’en mêlent…..
La fusion de deux mondes qui nous semblent à nous Européens, à la fois si proches et si lointains. Le rapprochement de deux instruments traditionnels grâce à la volonté de 2 artistes qui sont des maîtres dans leur domaine. Guo Gan nous présente l’erhu, frêle vielle à cordes venue du fin fond de la Chine et Mieko Miyazaki, le koto japonais à cordes pincées, une cithare imposante (elle mesure 1m80 et compte 13 cordes).
Cet album nous propose un dialogue entre ces deux instruments mythiques qui nous plongent dans un paysage onirique plein d’émotion et de délicatesse. Avec en prime un clin d’oeil à la cuture française à travers une superbe interprétation des feuilles mortes.
Françoise
Robben Ford se promène à Nashville.
Depuis longtemps, le grand (par la taille, comme par le talent) Robben Ford, promène son jeu et son style de guitare à la lisière entre le jazz, le rock, le blues-rock, le folk-rock. Eclectisme au menu.
Après avoir enregistré et tourné en duo acoustique avec son maître Larry Carlton (album « Unplugged » chroniqué ici en juillet 2013), Robben Ford, 63 ans, nous revient en solo, un album dédié à la musique née à Nashville. D’entrée, il nous attrape avec « Green grass, rainwater« , un morceau cuivré, groovy, rempli de blues. Les rues de Nashville s’ouvrent à nous… la promenade se poursuit par « Midnight comes too soon« , petite ballade bluesy comme je les aime. « Ain’t drinkin beer no more » et « Top down blues » marquent le retour à une sauce musicale épicée, teintée de blues, de cuivres, où la guitare de Mister Ford virevolte en un jeu fluide, aérien. Je passe sur « Different people« , morceau faible à mon goût. L’escapade musicale reprend de plus belle dès « Cut you loose » jusqu’au terminal « Just another country road« , la musique se fait dansante, bluesy, enlevée, dont l’ambiance rappelle Tony Joe White ou Dr. John.
Ce cru » Ford 2014″ est du meilleur goût. A découvrir sans tarder.
Guillaume.
Une électro-pop intelligente
Début février, je trouvais dans les rayons le 2ème album de Breton : War room stories. Je n’ai fait ni une ni deux, rentrée à la maison je l’ai écouté avec impatience. Le premier morceau Envy m’a désorientée : une pop de qualité (un tube à coups sûr), mais où je ne reconnaissais pas ce groupe londonnien si caractéristique. Dès le second morceau S4, je les retrouve. Cet album est très varié, on passe sans arrêt d’une ambiance à une autre tout en restant dans un ensemble cohérent.
Breton me fait penser à Alt-J : mélange d’une pop électro innovante
Par rapport à leur premier album, ce cd me semble un peu trop gentil, on a envie que ça explose un bon coup, dommage ! Il n’empêche, ce rock accessible est véritablement de qualité.
Un +++ à Brothers qui va en crescendo et à Got well soon.
Michèle
Zoukons !!!
Quel bel hommage rendu à la chanteuse antillaise Edith Lefel, trop tôt disparue il y a 10 ans.
Valérie Louri reprend dans cet album quelques titres phares de cette grande chanteuse et remixe le zouk des années 90 avec beaucoup de bonheur. Elle profite aussi de cet album pour chanter son amour pour sa terre natale la Martinique.
Dans tous les cas un coktail détonnant, des arrangements inédits (cordes et cuivres), des sonorités nouvelles tout pour nous donner envie de danser.
Françoise
la route de la soie
Dans nos acquisitions de fin d’année, nous avons racheté un cd de Loreena mac Kennitt que j’adorais. Ce n’est donc pas une nouveauté que je vous présente mais un album de 2006 » An ancient muse ».
La magie de la voix et de la musique de cette fée canadienne dont les origines irlandaises et écossaises sont perceptibles dans tous ses albums, agit toujours sur moi. Elle nous entraîne dans un périple sur la route de la soie entre l’Italie et la Chine. Une quête mystique où se mêlent telles des épices, les musiques du monde.
Place au voyage.
Françoise
10 ans déjà que Nougaro s’est envolé !
Le petit taureau de Toulouse, le chantre occitan, défenseur acharné de la langue française, mélangeur patenté de rythmes et de sons, de couleurs musicales, j’ai nommé Claude Nougaro, est parti rejoindre le Paradis des manieurs de mots voilà 10 ans déjà !
De père baryton à l’Opéra de Toulouse et de mère professeure de piano, Claude Nougaro, très vite, va se tourner vers les mots, la musique, ayant découvert Louis Armstrong, Piaf ou encore Bessie Smith. Plus tard, la rencontre avec Georges Brassens sera déterminante, celui-ci devenant le mentor de Nougaro.
Nougaro aime écrire, pour les autres (Marcel Amont, Philippe Clay, Marguerite Monnot-compositrice de Piaf), mais aussi déclamer la poésie, un art majeur selon lui. Poète, auteur-interprète, peintre à ses heures, dessinateur, Claude Nougaro était un touche à tout.
Musicalement, il a « voyagé » également, s’inspirant de rythmes africains (album « Locomotive d’Or« ), de mélopées brésiliennes de Chico Buarque « Ah tu verras », du rock (Album Nougayork), de la musique jazz (adaptant notamment le Blue Rondo à la Turc -« A bout de souffle »- de Dave Brubeck. » Le jazz et la Java », « Toulouse », « Armstrong », « Paris Mai », « Le Coq et la Pendule », parmi tant d’autres, sont devenu des standards du répertoire. De Michel Legrand à Michel Portal, de André Ceccarelli à Maurice Vander, Bernard Lubat, Didier Lockwood, d’Al Jarreau à Herbie Hancock, ils ont tous apporté leur talent à l’univers de Nougaro.
Parti à 75 ans , l’enfant de Toulouse nous laisse un héritage riche, en qualité comme en quantité. A (re) découvrir, savourer, sans modération !
Guillaume.
Une reprise : encore un succès
En décembre 2013 la chanteuse britannique Lily Allen a repris une chanson du groupe tout aussi britannique Keane : Somewhere only we know. Cette chanson de 2004 fut le premier succès commercial et mondial de Keane.
Cette chanson a souvent été utilisée pour des musiques de film : Ce que pensent les hommes, et LOL. Le groupe Lifehouse l’avait reprise avec talent, ainsi que Laura Michelle Kelly, beaucoup moins brillamment.
Bien que musicalement je préfère l’originale, la version de Lily Allen n’est pas une mauvaise reprise. Lily Allen a choisi la publicité pour revenir et amorcer son troisième album (en mars 2014). Le titre habille en effet la nouvelle campagne des magasins John Lewis.
Il est intéressant de les comparer, musicalement, d’un côté pop, de l’autre une jolie voix doucereuse accompagnée d’un piano, mais aussi de voir les clips, déjà un peu vieillot pour le premier et un peu trop « mimi » pour le deuxième.
Tout cela nous montre que 9 ans après cette chanson nous touche toujours autant puisque c’est à nouveau un succès, notamment en France. C’est sûrement à ça que l’on reconnaît une belle chanson.
Michèle
Petites peurs et tabous…
Le morceau que j’ai choisi pour cette journée de la femme ? Il y en a deux. Un féminin, un masculin. A vous de deviner.
«Ne m’oublie pas sur la porte au milieu de tes clés, ne m’oublie pas sur la flotte le parapluie mouillé, ne m’oublie pas au fond d’un tiroir rouillé ou dans un vieux cahier»
«Mais toi c’est que t’as peur du loup c’est que t’as peur que je t’aboie tu crois que le loup c’est moi tu as peur du coup tu crois que la proie c’est toi c’est tout »
Facile ?
En s’arrêtant sur ces paroles, on entend une tentative d’adoucir la guerre des sexes. Ce sont les petites peurs et tabous que la chanson vient bousculer, à la manière dont les grandes causes se résolvent parfois dans une conversation. Donc, oui, La grande Sophie avec « Ne m’oublie pas » et Mathieu Boogaerts avec « Avant que je m’ennuie », deux morceaux d’une belle intimité chantée, deux mises en scènes sensibles et subtiles, que je propose amicalement pour cette journée de la femme.
Nolwenn.
Le jazz aux accents féminins.
Longtemps, le Jazz fut une affaire d’hommes, particulièrement dans le domaine des instruments, notamment aux Etats-Unis d’Amérique, puis en Europe.
Cela est dû à deux facteurs : la ségrégation raciale qui sépara longtemps les blancs des noirs aux Etats-Unis (jusqu’au début des années 60!) puis la prédominance de l’homme sur la femme.
Si donc au départ, le jazz fut une histoire essentiellement masculine, avec ses vedettes Louis Armstrong, Cab Calloway, Glenn Miller, Duke Ellington, les femmes firent petit à petit leur place au sein de ce mouvement musical. La première d’entre elles fut la pianiste Emma Barrett. Elle sera suivie d’autres telles Jeannette Salvant Kimball, Billie Pierce.
Plus tard, dans les années 30, période du swing et des big bands, aparurent les orchestres de Ina Ray Hutton & ses Melodears, uniquement composé de musiciennes blanches, puis les Harlem Playgirls (musiciennes noires). Les musiciennes solistes firent aussi leur trou dans ce monde masculin : Doris Peavey (piano), Jane Sager (trompette), Viola Burnside (saxophone).
De 1945 à 1960, ce mouvement va s’accélérer avec l’éclosion des talents comme Clora (trompette), Kathleen Stobart (saxophone) Mary Osborne (guitare), Lucile Dixon (contrebasse), ou Elaine Leighton (batterie). Les tenants du Be bop (Monk, Gillespie notamment), en plein essor à cette période, vont enfin reconnaître le talent de ces musiciennes. Les femmes vont donc s’installer sur la scène jazz, aux Etats-unis puis en Europe.
De 1970 à aujourd’hui, le phénomène s’est accéléré, pour devenir incontournable et somme toute banal, normalisé. Enfin ! Outre bien sûr les chanteuses qui depuis longtemps jalonnent l’histoire de ce genre musical, les instrumentistes leaders sont nombreuses : , … parmi tant d’autres.
Ces femmes, enfin reconnues artistiquement, ont désormais place à la table du jazz, participant désormais à son histoire, y apportant leur touche singulière et talentueuse, à l’égal de leurs homologues masculins.
Vous retrouverez nombre des musiciennes citées ici, à l’espace musique. N’hésitez pas à venir les découvrir.
Guillaume.
Le Flamenco perd l’une de ses étoiles.
Le monde de la guitare et du Flamenco sont en deuil, depuis mercredi. L’un des plus illustres représentants de ces 2 mondes s’en est allé, brutalement. Paco de Lucia a rejoint les étoiles.
Paco de Lucia avait de qui tenir : Un père musicien, qui sera son premier professeur de guitare (dès l’âge de 5 ans, 12 heures par jour!!!), 2 frères (le guitariste Ramon de Algeciras, le chanteur de flamenco Pepe de Lucia), aideront le jeune musicien à se former et grandir dans la culture flamenca. Après des années de travail acharné, il deviendra professionnel à 12 ans, puis à 14 ans, il intègre en tant que guitariste la Compagnie de danse de José Greco.
Très vite reconnu pour son approche particulière du flamenco et sa technique instrumentale hors pair, il va s’ouvrir des horizons nouveaux, notamment en reprenant des oeuvres du répertoire classique de Manuel de Falla, puis le concerto de Aranjuez de Joaquin Rodrigo (1991).
Il a également côtoyé le monde du jazz, y rencontrant les virtuoses John Mac Laughlin, Al di Meola, avec qui il enregistrera 2 disques « Friday night in San Francisco » (1981),puis « Passion, grace and fire » (1983), et Larry Coryell. A leur contact, il apprendra l’improvisation. En 1983, il publie « cositas bueñas » et enregistre la musique du film « Carmen » de Carlos Saura, qu’il retrouvera en 2012, pour le film « Flamenco« , une ode à cet univers traditionnel musical et dansé.
Côté scène, Paco de Lucia, brillait par un style unique, une maîtrise de son art et de son instrument, qui ravit le spectateur. Son dernier passage à Marciac en 2013 fut un véritable triomphe.
Sûr que Là-Haut, il va faire danser les anges au son de sa guitare et de son art flamenco.
Guillaume.