Archives Mensuelles: mai 2014
Monty Alexander, des racines et des rhythmes
Né en Jamaïque, terreau musical des illustres Bob Marley & the Wailers, Peter Tosh, Jimmy Cliff notamment, le pianiste Monty Alexander, qui n’est jamais aussi à l’aise que lorsque qu’il s’agit de mélanger les sons, les rythmes, les couleurs musicales, nous revient en cette année 2014, avec le second volet de » Harlem-Kingston Express », intitulé « The river rolls on ». Le précédent, sorti en 2011 nous offrait déjà un joli voyage sonore, dont le guide nous ravissait de son toucher, de son jeu, si aérien, précis.
Ici, donc, le voyage continue, toujours aussi bien mené. Monty Alexander prend plaisir à triturer, détourner, reconfigurer, des morceaux qu’il s’approprie avec ce savoir-faire qu’on lui connait. Il n’est qu’à écouter ses versions du « concerto de Aranjuez » de Joaquin Rodrigo, « the harder they come » de Jimmy Cliff, ou la superbe variation de « What’s going On » de Marvin Gaye. A cette fête musicale, sur le moreceau »Love Notes », Monty Alexander a convoqué George Benson (guitare / chant), ainsi que les pianistes Ramsey Lewis et Joe Sample. Tout au long des 13 titres, dont les 3 derniers en live!, avec sa version de « Redemption Song » de Bob Marley), l’hommage croisé à ses racines, au reggae mélangé au jazz, est un régal.
Alors si vous aimez le jazz, le reggae, le piano, le mélange musical, ce disque ne vous décevra pas.
Guillaume.
Les Ogres de Barback : 20 ans déjà
Cet album marque les 20 ans de carrière des Ogres de Barback. 20 ans de chansons réalistes et protestataires, le tout traité de façon joyeuse et humoristique, avec la participation comme toujours de nombreux invités : les Têtes raides, Lo Jo et la fanfares Eyo’Nlé, Coskolom et Gavrish Borki avec en prime un clin d’oeil à Allain Leprest .
La jacquette du cd est très sympa avec un petit côté Guignol. Comme lui ils se moquent d’un flic, évoquent les guinguettes, dénoncent l’intolérance. En bref bon anniversaire et bonne continuation aux Ogres de Barback.
Françoise
Une chanteuse à suivre
Elle est jeune, jolie et a une superbe voix. Elle n’a absolument pas besoin que je lui fasse de la pub, avec ses millions de vente aux USA. Ella Yelich-O’Connor connue sous le nom de Lorde n’a que 17 ans. Pure heroïne est son premier album, et c’est une véritable réussite.
Propulsée au devant de la scène grâce à son titre Royals, mais son album en entier est très agréable à écouter, il nous propose un vrai moment de détente par l’ambiance minimaliste qui s’en dégage et par sa voix voluptueuse.
Elle a écrit la plupart des textes qui malgré son âge montrent une certaine maturité, c’est d’ailleurs peut-être ce qui la différencie des Miley Cyrus et des Katy Perry. Lorde a beaucoup de talent, et s’il n’est pas gâché, pourra dans l’avenir nous surprendre. A suivre !
Michèle
Dans la Famille Bibb, découvrez Yana!
La musique est souvent une affaire de famille, de transmission. La famille Bibb ne déroge pas à la règle : après son grand-père Leon, chanteur folk, son père Eric, guitariste-chanteur de blues (programmé à Fontenay le 15 mai prochain, salle Jacques Brel) qui connait une jolie carrière et un reconnaissance publique, voici venue Yana, chanteuse de jazz.
Grandie dans les pas de cette famille où la musique est omniprésente, Yana Bibb a été formé à l’école du chant au City College de New-York. Influencée par le jazz, le blues, le folk américain comme par les mélodies scandinaves, elle possède déjà 2 albums à son actif : « Heartzone« , sorti en 2007 et donc « Not a minute too Late« (2014), sa dernière production.
Ici, une musique aux ambiances calmes, où piano, contrebasse et une section de cordes assurent un ensemble équilibré. La voix suave, aux accents parfois nostalgique de Yana Bibb, nous permet de découvrir cette jeune artiste. Tout au long des 10 titres de son album, elle nous emmène avec elle, et l’on se laisse bercer par son univers attachant. « Save your love for me« , qui ouvre l’album, « Need you« , « Oceans » (co-écrit avec son père, Eric Bibb) ou le superbe « Huldrans sang » aux accents scandinaves, sont mes préférés.
Yana Bibb, une voix, un auteur, à découvrir et à suivre, assurément.
Guillaume.
Simone Weil : une Passion entre profane et sacré
La Passion de Simone est une collaboration heureuse entre Kaija Saariaho, Amin Maalouf, Peter Sellars et Esa-Pekka Salonen. Ce « chemin musical en quinze tableaux » est un poème élégiaque en souvenir de cette femme courageuse et passionnément humaniste que fut la philosophe Simone Weil.
« Une autre que toi / Se serait détournée du monde / Pour se soucier de sa propre souffrance. / Toi, tu t’es détournée de toi-même / Pour fixer ton regard sur le monde. »
C’est ainsi que la grande soprano Dawn Upshaw en chanteuse/narratrice nous présente cette militante engagée (auprès des ouvriers de chez Renault ou aux côtés des anarchistes pendant la Guerre d’Espagne) dans une parole qui tient du dialogue imaginaire et de l’oraison. Une parole pleine de compassion pour cette « soeur » à la fois grande et petite et qui ne peut lui répondre car :
« Un jour, tu as renoncé à la vie / Parce que le monde avait cessé de vivre / Dans la dignité. »
Ici, c’est le choeur qui fait écho. Et autre écho, la voix de Simone elle-même dont des fragments d’écrits sont dits par Dominique Blanc. Voulant dans la mort approcher la figure du Christ pour vaincre la « pesanteur du monde », elle nous livre ces quelques mots où pointe, sinon de la désillusion, une ardeur mystique :
« Rien de ce qui existe n’est absolument digne d’amour, il faut donc aimer ce qui n’existe pas. »
La musique de Kaija Saariaho, toujours éblouissante, ne s’emporte jamais. Elle sait traduire la tension qui naît des conflits intérieurs et des engagements politiques de Simone Weil. Si une grande douceur émane de l’oeuvre, elle n’est pas absente de crainte ni des signes de la souffrance que les fortissimos viennent suggérer. Mais c’est la sérénité d’une femme qui a choisi de porter sa croix qui domine.
Cette oeuvre est évidemment disponible à la médiathèque sur CD mais également en ligne sur le site Naxos avec le livret.
Blogomil
Jeff Beck, discret esthète de la six-cordes.
Considéré à l’époque déjà (dans les années 60), comme l’un des plus doués de sa génération, le guitariste Jeff Beck, 70 ans cette année, contemporain des Rolling Stones, d’Eric Clapton, Jimmy Page (deux autres ténors du manche à 6 cordes), est toujours un musicien inventif, innovant, possédant une maîtrise consommée de son instrument.
Après avoir donc débuté au sein des Yardbirds en 1965, côtoyé Jimmy Page, il fondera le Jeff Beck Group, au sein duquel il sera épaulé par Rod Stewart au chant et Ron Wood (futur Rolling Stones) à la basse. Très demandé, il multiplie les collaborations en studio, comme sur scène, enregistre l’album « Truth » en 1969, considéré comme posant les bases du hard rock à venir.
Venu du blues et ayant posé les bases musicales du hard-rock, il n’hésite pas à explorer d’autres sonorités, d’autres univers musicaux. Ainsi les années 70 le verront s’orienter vers le jazz-rock, le jazz fusion, collaborant avec Herbie Hancock, Stanley Clarke, le Mahavishnu Orchestra, groupe fortement inspiré par la musique hindou. Mais l’homme, indépendant, n’aime pas se fixer, allant toujours de l’avant. Aussi, passé le milieu des années 70, il se consacrera à une carrière solo, moins visible que celles de ses acolytes Clapton, Ron Wood, Keith Richards. Une bonne quinzaine d’albums solos plus tard (avec notamment « Wired », « Jeff Beck Guitar Shop » ou le « live Ronnie Scott Jazz Club »)… Jeff Beck possède l’un des plus jolis et riches parcours musicaux qui soient. Reconnu par le public, par ses paires, l’oiseau se fait rare sur scène.Ses apparitions sont toujours un évènement. La prochaine prévue en France, aura pour cadre la scène de Jazz in Marciac, aux côtés de Lucky Peterson, pour l’ouverture du Festival.
Alors, si vous aimez les guitaristes, ou sivous voulez tout simplement le découvrir, Jeff Beck est à ne pas louper, sur disque, comme sur scène. A 70 printemps, le guitariste anglais nous surprend encore. Réjouissons-nous!!!
Guillaume.
De la Renaissance au jazz
Un disque surprenant et original, une alliance qu’on attendait pas, celle du jazz et de la musique de la Renaissance.
Michel Godard, compositeur, tubiste, joeur de serpent (instrument à vent peu utilisé de nos jours) est un habitué d’un travail à la limite de la musique classique et contemporaine et du jazz. Il est accompagné ici par Markus Miller au piano et l’ensemble Capella de la Torre dirigé par Katharina Baüml dont la spécialité est la musique de la Renaissance.
Les époques se mêlent, les instruments se répondent, un vrai plaisir des oreilles.
Françoise
Quand le Jazz est là…
Chaque été, Marciac, petite commune du Gers, se pare de ses atours en jazz majeur, de fin juillet à mi-août. Cette année, du 28 juillet au 15 août, le menu concocté est prometteur de jolis moments musicaux : De Lucky Peterson et Jeff Beck, as de guitare électrique, qui ouvriront les festivités à Monty Alexander, pianiste éclectique, et Jimmy Cliff, chanteur jamaiquain joyeux et talenteux, qui clôtureront le festival, le jazz, multiforme, multicolore, sera encore bien servi cette année.
En effet, outre les habitués Wynton Marsalis, Ahmad Jamal, Ibrahim Maalouf, ou Kenny Barron trio, seront présents Didier Lockwood qui fêtera 40 ans de carrière, les chanteuses Eliane Elias, Stacey Kent, Dee Dee Bridgewater, You Sun Nah,l’accordéoniste Richard Galliano, le pianiste-percussionniste Omar Sosa, les légendes Wayne Shorter, Chick Corea, Herbie Hancock, Stanley Clarke, le tourbillonnant et brillant pianiste-chanteur Jamie Cullum, le batteur Daniel Humair… Bref, vous le constatez, le menu, encore une fois, est copieux…
Alors, si vous voulez agrémenter vos vacances de soirées jazz, Marciac et son ambiance festive, joyeuse, seront une belle escale en cette été 2014.
Vous retrouverez des albums de ces artistes à l’espace musique.
Guillaume.