Archives Mensuelles: octobre 2015
Lumineuse renaissance
Très à la mode les reformations de groupe. Mais ne boudons pas notre plaisir. Les Innocents ont marqué l’histoire de la variété française dans les années 1990 avec des tubes tels que : L’autre Finistère ; Un homme extraordinaire.
Ils sont passés d’un quintette à géométrie variable à un duo formé par le noyau dur que représente J.P. Nataf et Jean-Christophe Urbain. Ils réussissent à nous surprendre. Ce cd est une réussite. des textes accomplis, réfléchis, des mélodies abouties, leurs deux guitares s’unissant autour de leur voix. En bref ils ont perdus en quantité mais ont gagné en qualité. Les Innocents ont su évolués pour rester au top tout en restant vrais.
Françoise
« Book of Souls », une fresque sans faille !
Iron Maiden est de retour! Ceux qui pensaient que « Final Frontiers », leur précédent album, serait leur ultime œuvre, en sont pour leur frais. « Book of Souls » marque le grand retour de la Vierge de Fer. Finis les ennuis de santé de son chanteur-leader Bruce Dickinson, le groupe revient avec un double album studio sublime, inventif, nerveux, mélodique, bref tout ce qui fait la marque de ce groupe. Outre Dickinson, Steve Harris (bassiste) et Adrian Smith (guitariste) ont coécrit la majorité des titres. Habitué des fresques musicales, en référence à l’Histoire, Iron Maiden frappe cette fois très fort. En effet, cette fois-ci le groupe a concocté des morceaux très longs (de 6 à 18 minutes!). Une grande première pour La Vierge de Fer. Ici, il est question de légendes, de l’humanité, de la guerre.
Dès les premières notes de « If Eternity should fail », qui dure 8’30 (!), Bruce Dickinson nous rassure et prouve qu’il a retrouvé toute sa voix, puissante et précise. Et l’on retrouve ce qui fait la marque de ce groupe, à savoir des mélodies très élaborées, servies par Janick Gers et Adrian Smith aux guitares, pendant que Steve Harris et Nico Mac Brain s’occupent de la section rythmique avec un brio retrouvé! Le plaisir est total!
Les morceaux s’enchainent sans lasser jamais l’auditeur, la surprise est toujours au rendez-vous. Les ambiances mélodiques font parfois penser aux landes d’Ecosse, d’Irlande (The Red and the Black »). Ce qui frappe, à l’écoute de ce disque, c’est la manière dont sont installés les morceaux, les ruptures de rythmes, de mélodies, sans jamais perdre en qualité, en fluidité. « Book of Souls », qui clos la première partie de cet album, composé et écrit par Janick Gers et Steve Harris, nous permet de retrouver Bruce Dickinson au top de son expression vocale. La deuxième partie démarre en trombe avec « Death or Glory », qui évoque la guerre, les champs de batailles. « Tears of a clown »(dédiée à Robin Williams) et « The Man of Sorrows » ont tout pour devenir des hits du groupe, être repris en choeur par le public, à l’image d’un « Fear of the Dark » par exemple. Pour terminer, Iron Maiden nous offre le morceau de bravoure de « Book of Souls »… « Empire of the Clouds », écrit et composé par Bruce Dickinson. Au menu, 18 minutes de musique, qui démarrent doucement au son du piano et des cordes (violon, violoncelle), la suite est un pur régal, un résumé de ce qui fait la magie de ce groupe depuis plus de 30 ans.
« The Book of Souls » est à mes yeux une totale réussite, l’un des meilleurs disques produit par Iron Maiden. J’ai hâte de voir le résultat sur scène, annoncé pour 2016 à Paris. Nul doute que les décors seront encore de haute tenue.
Guillaume.
Quel talent !
David Gilmour, l’ancien Pink Floyd, nous a concocté cette rentrée un album qui lui ressemble. Après 9 ans d’attente, voici son 4ème album solo Rattle that lock.
On a beaucoup parlé de ce cd, car le morceau portant le titre de l’album était très attendu, en effet les premières notes servent de jingle à la SNCF (ces quelques notes très irritantes quand on attend un train qui n’arrive pas), et bien ces notes ont inspiré notre papy Gilmour, et il en a fait, ma foi, un morceau des plus agréables, qui accroche nos oreilles pour nous faire bouger la tête. Je n’entendrai plus ces notes de la même façon.
Mais bon outre ce titre, l’album est égal à lui-même : des mélodies délicates, des soli de guitares magnifiques, des arrangements soignés, sa voix bien que vieillie est toujours aussi émouvante. Son album est un voyage d’une journée qui débute sur le quai d’une gare. Un album avec des sujets plus personnels (les textes sont d’ailleurs écrits en collaboration avec sa femme Polly Samson). Un album qui se laisse écouter avec plaisir, dans lequel on peut apprécier la maestria, la justesse, bref le talent de ce grand guitariste.
Un +++ à A Boat lies waiting, hommage à Richard Wright décédé en 2008, un +++ aussi à The girl in the yellow dress, teinté jazzy, très étonnant qui lui convient plutôt bien.
Michèle
Pêle-mêle de crayons
Amélie-les-crayons sort son 7 ème album. Un mélange de versions live, des inédits, des versions revisitées. Un album surprenant plein d’humour, d’énergie, coquasse. Le rythme ne faiblit pas, chaque chanson est une surprise, alternance de facétie, de tendresse, de nostalgie. Amélie de sa voix rieuse, fraîche, limpide met en scène ses textes et nous fait rentrer dans son univers déjanté.
Françoise
Al di Meola, la guitare dans tous ses états.
Al Di Meola, guitariste aussi brillant que discret nous revient avec son « Elysium ». Pour notre plus grand bonheur !
Si la pochette laisse à penser qu’il se prend pour le « Penseur » de Rodin, affublé d’un air sérieux caché derrière ses lunettes, il n’en n’est rien !
Al Di Meola demeure avant tout un véritable esthète de la guitare, compositeur virtuose, au parcours éclectique, passant sans mal du jazz-rock époque Return to Forever dans les années 70-80, aux côtés du légendaire pianiste Chick Corea, au jazz métissé d’influences aussi variées que le tango argentin, le flamenco espagnol ou encore les rythmes africains. Il est ici épaulé par 3 claviéristes de haut vol : Philippe Saisse, Barry Miles, Mario Parmisano. Les percussions sont aussi très présentes, à travers le cajon, la darbouka, les bongas.
L‘ensemble est superbe ! Al di Meola nous régale au travers de ce disque subtil, aérien. Sa virtuosité technique est au service de ses compositions, sans jamais prendre le dessus. De « Adour » qui ouvre l’album, en passant par « Babylon », « Esmeralda », « Amanjena », aux plus classiques tel « Etcetera in E-Major », sans omettre le superbe « Stéphanie » dédié à sa compagne, ou le final « La Lluvia », Al Di Meola nous offre une palette riche et variée de son talent, nous faisant voyager au fil des compositions.
Une vraie réussite, une pépite, un album à déguster sans aucune modération !
Guillaume.
Une claque pour nous réveiller
Algiers, trio d’Atlanta, nous propose leur premier album, de gospel-punk (et oui ça existe !), mais surtout un album puissant et revendicatif. Un engagement contestataire que l’on ne voit plus si souvent dans le rock.
Cet album éponyme mêle la black music et la culture blanche, donnant ainsi une énergie différente et innovante. C’est une véritable révélation. C’est un groupe qui a des choses à dire, engagé dans les luttes anticolonialistes (d’où leur nom), antiracistes, et anticapitalistes. Je suis incapable de dire du mal de cet album, ils ont mis du temps à le faire et cela se voit, il est travaillé, sûrement retravaillé et du coup maîtrisé. Chaque morceau se termine en apothéose nous coupant le souffle, l’intensité de la voix de Franklin James Fisher contribue à nous apporter beaucoup d’émotion. Ce disque a une énergie implacable, qui ne peut nous laisser insensible.
Une claque qui ne peut que nous faire du bien…
Michèle
Vous avez dit slammeur !
Renaud Paravel dit « Papillon » Paravel » est un auteur compositeur et slammeur originaire de Toulouse. Il a choisi ce surnom en référence au dernier ours des Pyrénées. Paravel est un franc tireur de la chanson française ou du rock alternatif mais comme il le dit lui même il produit surtout une poésie énervée. Que dire pour décrire son univers : noir, parfois glauque, féroce. Ces textes parlent de poésie, d’imagination, de frustrations, de sexe, de petites choses de manière crue, ils sont teintés d’humour cynique au second degré et d’auto dérision. Il parle de la fragilité de l’homme . La musique, un tantinet rock métal sert de support à cette colère sous-jacente. Un style sans concession dans le paysage musical français.
Françoise
Buddy Guy, le dernier des Géants.
A 79 printemps, Buddy Guy, après la récente disparition de BB King, est le dernier des représentants et gardien de la tradition, transmetteur de l’histoire du Blues, de ses douleurs, vicissitudes.
Beaucoup pourraient croire qu’à cet âge avancé, Buddy Guy pourrait se la couler douce, rester chez lui à savourer les jours qui passent… C’est mal connaître le bonhomme! Il est infatigable! Tel un véritable pèlerin du Blues, il parcourt encore et toujours le monde pour transmettre, faire connaitre l’histoire de cette musique. Son dernier album, « Born to play guitar« , dit tout! Dès le premier morceau, qui explique comment il a démarré la guitare, le ton est donné. L’homme est en forme et le musicien s’en donne à cœur joie. La voix posée et alerte, juste soutenue par un piano et un duo basse-batterie, il nous conte ses débuts, très précoces! Dès le second morceau « Wear you out« , en duo avec le barbu Billy Gibbons (ZZ Top), il offre du blues énergique, sans fioritures. La voix grave de Gibbons, le son gras des guitares, nous emmène directement dans ces contrées du sud des Etats-Unis, entre Louisiane, Mississippi, Texas, où les plus grands du Blues sont nés, ont vécus, se sont révélés (BB King, John Lee Hooker, Robert Johnson….).
Le plaisir est intact chez cet intarissable musicien. L’auditeur en profite pleinement à l’écoute de ce superbe disque gorgé de feeling, de peines éprouvées, de vécu, le tout porté par la joie de jouer. Les titres défilent, nous embarquant sur les chemins de cette Histoire. Après le très beau « Back up Mama » très intimiste, il offre deux boogie-blues haletants, accompagné par le chanteur-harmoniciste Kim Wilson, « Too Late » et « Kiss me quick!« . Superbes ! Le reste de l’album est à l’avenant, savoureux, joyeux, enlevé, le plaisir est omniprésent et transpire à travers chaque morceau que je découvre.
Outre son jeu de guitare intacte, Buddy Guy est aussi un grand chanteur, avec ce grain de voix si particulier, qu’il met avec bonheur au service de ballades plaintives (écoutez donc « Crying out of one eye« ), ou plus enlevées comme sur « You’ve got what it takes« , chantée avec la talentueuse Joss Stone. Leur complicité vocale est totale. Les morceaux suivant ne dérogent pas, offrent de jolis moments à l’auditeur. Les 3 derniers titres « Thick like Mississippi Bud« , l’émouvant »Flesh and Bone » (duo avec Van Morrison) en hommage à BB King, « Come back Muddy« , en référence au génial Muddy Waters, referment cet écrin musical de haute tenue.
Vous l’aurez compris, « Born to play guitar » est un joyau à savourer sans modération, une pépite joliment ciselée par une légende du Blues!
Guillaume.
Les démons sont electroswinging
C’est un cd sorti en mai qu’il ne faut surtout pas louper. Après une vingtaine d’années de carrière Parov Stelar, de son vrai nom Marcus Fuereder, musicien, producteur (son propre label : Etage noir) et DJ autrichien, n’a rien à prouver, et pourtant avec son dernier album The Demon diaries, il nous démontre encore une fois sa créativité, son talent musical et son inventivité.
On qualifie souvent son style d’Electro swing, oui il y a du swing, oui il y a de l’électro, mais aussi… du jazz, de la house, de la pop… Et puis il y a du violon, de l’accordéon, de la trompette… Rien que pour réaliser ce cd il s’est entouré de plus de 25 musiciens et 9 chanteurs.
Ce double album contient un cd composé de titres plus swing avec des rythmes endiablés, et le second plus sombre et plus électro, plus pop. Cet album est rempli de références musicales : à Joséphine Baker, à Django Reinhardt et son jazz manouche…
J’aime ce style de musique qui vous donne la pêche assurément, si vous aimez Wax Tailor, Chinese Man… Vous aimerez Parov Stelar.
Michèle
Ta lumière particulière.
Un nouvel éclairage pour « Autour de Lucie », ce groupe formé autour de la chanteuse, auteure, compositrice Valérie Leulliot. De 1993 à 2004 le groupe produit 10 albums qui ont connu quelques succès et surtout l’estime du public et des professionnels. Puis le groupe se met en stand by. Valérie sort en 2007 un album solo « Caldeira ». La rencontre avec le multi-instrumentiste Sébastien Lafargue et le besoin de relancer « Autour de Lucie » débouche en 2013 sur un single « Ta lumière particulière ».
Il aura fallu 2 ans pour produire un cd de 9 titres. Après 10 ans d’interruption, ce retour est le bienvenu. J’ai l’impression de retrouver ce groupe comme si je l’avais quitté hier. Une inquiétude cependant, va-t-il falloir encore attendre 10 ans pour le prochain ?
Françoise.