Archives Mensuelles: novembre 2015
Moi je dis oui
Le 4ème album de Beirut No No No est dans la même veine que les précédents, et pourtant 4 ans sont passés, durant lesquels Zach Condon, le leader, a connu une dépression, un born-out… On pouvait du coup s’attendre à un album d’inspiration très différente. Le seul changement est dans l’orchestration : adieu à l’influence balkanique, adieu à l’électronique de The Rip Tide, pour laisser place aux clavier-guittare-batterie, plus des cuivres (mais pas trop), un tam tam africain, un ukulélé…
On y retrouve des mélodies accrochantes, un humour décalé, la voix lancinante de Zach donne toujours cette impression de mélancolie.
Le repproche que je pourrais lui faire c’est ce sentiment d’inachevé qui se dégage, les 29 minutes que dure l’album y est certainement pour quelque chose. C’est un album qui s’apprécie écoute après écoute. Beirut garde cette authenticité, ce côté attachant qui lui est propre. No No No est un court album de qualité.
Je n’ai envie de dire qu’une seule chose : Tu pourrais pas le faire un peu plus long ???
Michèle
Les Aventuriers 2015, un plateau de choix !
Ca y est! la programmation musicale de l’édition 2015 du Festival des Aventuriers (du 8 au 17 décembre prochain à, l’espace Gérard Philipe, Salle Jacques Brel pour la soirée de clôture) est connue.
http://www.festival-les-aventuriers.com/
https://billetterie.fontenayenscenes.fr/spectacle?id_spectacle=5682&lng=1
Et il y a du lourd! En effet, outre Hubert-Félix Thiéfaine, qui clôturera (pour notre plus grand bonheur) cette nouvelle édition rassemblera notamment Asian Dub Foundation, Jay-Jay Johanson, entre autres têtes d’affiches. L’éclectisme est encore une fois au rendez-vous, avec le reggae dub énergique d’ Asian Dub Foundation qui ouvrira le festival, le public pourra également se délecter de la pop music éthérée de Jay-Jay Johanson, l’ électro façon Verveine, Les Chamberlain, la chanson française et la pop douce de Marie Modiano, ou encore Aline. Un plateau riche, qui permettra au public d’apprécier les valeurs sûres et découvrir celles de demain. Nul doute que les soirées seront belles et l’ambiance au rendez-vous! Ce qui, par les temps qui courent, fera le plus grand bien. De quoi se faire une jolie semaine musicale, comme un avant-goût de Noël. Chouette!!!
Guillaume.
Sfonx, ça groove !
La pochette du disque nous offre un gorille en costume sur fond de buildings new-yorkais… Aussi pouurait-on croire à un album d’un groupe issu de Big Apple… Erreur!
Sfonx est un groupe lyonnais composé de 9 membres, offre à nos oreilles un funk-soul cuivrée, groovy , avec des épices au gout d’électro, de rock. Les bons groupes de soul-funk-rock français ne sont pas légion… Alors quand nous avons la chance d’en découvrir un, ne boudons pas notre plaisir !!! Ce groupe fait partie d’un label, Grolektif (http://www.grolektif.com/), fondé en 2004, qui regroupe une quarantaine de membres et qui a produit à ce jour une dizaine d’albums dans des genres très différents : punk-jazz, funk-rock, électro-folk, soul-grooves…
« Like a Monkey » publié en 2010, est un album qui d’emblée vous embarque dans un univers funky, avec une rythmique et une section cuivres très efficaces. Le tout au service de vocalistes (Luc Sabatin, Laurence Fargeat) remarquables. Les morceaux s’enchainent sans jamais baisser en qualité, quand bien même les ambiances sont différentes. Il est clair que les musiciens de Sfonx ont écouté, digéré les codes de la funk-soul mis en place par James Brown, Prince, Bootsy Collins, Tower of Power…et bien d’autres… Le résultat est bluffant! Loin de se cantonner à jouer une funk énergique gorgée de soul, de groove, les musiciens de Sfonx osent intégrer des boucles électro (écoutez « Bables of voices »), et des riffs de guitare que l’on entend d’habitude dans le rock. L’idée, étonnante au demeurant, s’avère judicieuse sans être surutilisée.
« Like a monkey » s’avère trop court (41 minutes de musique pour 10 titres)… c’est dommage car, au vu de la qualité des compositions, j’aurais aimé en écouter davantage. Les amateurs de funk bien cuivrée trouveront avec Sfonx de quoi se régaler.
Mes titres préférés sont « Happy People », qui vous mets tout de suite dans l’ambiance, « Babbles of voices » et ses boucles électro, et le subtil « Time for fever ».
Guillaume.
Méditations nocturnes
Un premier album plutôt réussi pour Anne Cardona. Elle nous entraine dans le monde feutré de la nuit et malgré cette ambiance nocturne ce n’est pas un album triste. Chaque chanson est une mélodie, un texte qui raconte une histoire. Anne Cardona nous livre son intimité sans fausse pudeur. Un univers qui nous parle….un monde fait pour un « oiseau de nuit« .
Françoise
Continuons de chanter…
Un concert, un moment de plaisir, de partage, de véritable communion et voilà que la musique s’arrête pour faire place à l’horreur.
N’arrêtez surtout pas la musique, elle est en nous, elle fait partie de nous. Il faut que les notes résonnent, ainsi que nos rires, nos plaisirs.
Nous, discothécaires, passeurs de musique, nous existons pour cela,
Je te donne un la, tu me donnes un mi
Je te donne un refrain, tu me donnes une mélodie.
Des échanges, des duos, des chœurs,
Oui tous à l’unisson continuons de chanter, un lalala, une Marseillaise, une Vie en rose ou encore un Imagine
Michèle
« The Voice » aurait eu 100 ans!
« The Voice »… Je sais, je sais, les plus jeunes penseront que je fais allusion au télé-crochet diffusé en France. Point du tout!
Je fais évidemment référence à Francis Albert Sinatra, alias Frank Sinatra, acteur-chanteur, dont la voix a cessé de résonner voilà 17 ans déjà, et qui aurait eu 100 ans le 12 décembre prochain.
Américain d’origine italo-sicilienne, Frank Sinatra va se faire connaître en tant que chanteur dans les années 40, au sein de l’orchestre de Tommy Dorsey, avec notamment « I’ll be seeing you ». Parallèlement, il va vite devenir un acteur dont la cote va vite grimper à Hollywood. Dans les années 50 et 60, il va tourner avec les plus grands réalisateurs de l’âge d’or d’Hollywood : Fred Zinneman, Otto Preminger, Vincente Minnelli, s’imposant dans des films comme « Tant qu’il y aura des hommes » (1953) ; « L’homme au bras d’or » (1955) ; « La blonde ou la rousse » (1957, avec Kim Novak et Rita Hayworth) « Comme un torrent » (1958) ; « L’ombre d’un géant » (1966). Après un passage à vide, en 1977, Martin Scorsese lui permettra de retrouver la cote auprès du public, en lui demandant d’interpréter la chanson « New-York, New-York », qui donnera son titre au film. Véritable séducteur, Ava Gardner, Marylin Monroe, Rita Hayworth, Mia Farrow, tomberont successivement sous le charme de l’acteur-chanteur italo-américain.
C‘est également dans les années 50 que le RatPack (littéralement Gang de Rats) va voir le jour. Initialement l’idée de Humphrey Bogart, que fréquentait souvent Sinatra, ce dernier va rassembler autour de lui des compères Sammy Davis Jr, Dean Martin, Peter Lawford. S’il est un acteur et chanteur reconnu, il est un homme autoritaire, directif, un chef de bande, capable d’être très généreux avec ses ami(es(s) comme de rentrer dans des colères noires. Sinatra, aux amitiés parfois douteuses (dont la Mafia et les Steamers (Syndicat américain des routiers) va devenir un homme influent (il avait l’oreille de JFK). Il rendra de nombreux services au candidat Kennedy pour assurer son élection en 1963.
Sa qualité vocale va lui offrir bientôt toutes les opportunités : Il va fréquenter les plus grands jazzmen de cette période : Duke Ellington, Count Basie, Louis Armstrong, Oscar Peterson. Frank Sinatra, au timbre de velours, reste avant tout un vocaliste hors pair, aussi à l’aise lorsqu’il chante « Girl From Ipanema » de Antonio Carlos Jobim que lorsqu’il chante « Fly me to the Moon », « Come fly with me », « My lady is a tramp », entouré des big bands les plus célèbres (Duke Ellington, Count Basie), ou dans la version américaine de « Comme d’habitude » (Jacques Revaux ; Claude François) devenue « My way », chanson qui connait à ce jour plus de 3000 versions répertoriées !!!!… « Mack the knife », « New-York New-York », et son dernier titre enregistré en 1995 « The Best is yet to come », figurent aussi parmi ses plus grands succès. De la chanson d’amour au swing, du blues au jazz, il posait sa voix avec une facilité déconcertante. Il sera le premier crooner reconnu et ouvrira la voie pour ceux qui aujourd’hui se réclament de lui : Harry Connick Jr, Michael Bublé, Peter Cincotti. Sa capacité à tout chanter autant que ce timbre immédiatement reconnaissable, lui vaudra le surnom de « The Voice ».
Dans les années 70 & 80, il a longuement séjourné au Ceasar’s Palace de Las Vegas, où tous les soirs, il se produisait avec ses partenaires Dean Martin, Sammy Davis Jr, Peter Lawford (acteur de second rang, beau-frère de JFK). Le public venait autant les entendre chanter que raconter des blagues sur scène. Les deux derniers étaient les souffre-douleur favoris de Frank Sinatra. Durant sa longue carrière musicale, outre ses complices du RatPack et les noms déjà cités, il a croisé, côtoyé les plus grandes chanteuses de jazz ou de variétés telles que Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Peggy Lee, Judy Garland, Liza Minnelli, Barbara Streisand.
Après 60 ans de carrière (il s’est produit pour la dernière fois en 1995 à Los Angeles), et bien qu’ayant connu le succès au cinéma, c’est surtout son parcours musical, son chant, sa voix de crooner qui marqueront le public. Sinatra laisse derrière lui un héritage musical très important, qui aujourd’hui encore influence nombre de chanteurs, chanteuses.
« The Voice » parti rejoindre les étoiles en 1998, son œuvre et sa légende lui assurent l’éternité.
Guillaume.
Une voix pour la révolte
Les Flow est un groupe français, composé de Florence Vaillant dit « Flow » reporter photographe et un jeune guitariste, chanteur, Etienne Abeillon. Son métier de baroudeur lui a fait parcourir le monde, un jour elle a décidé de poser ses valises et d’écrire des chansons. Le résultat : « L’âme de fond » (financé par Guizmo du groupe Tryo) 2009 ; « Larmes blanches » autoproduit distribué par Wagram en 2011 ; « Intime conviction » autoproduit 2014. Un grand cri de révolte lancé par une voix cassée mais attachante. Elle revendique le droit d’écrire et de chanter ses chansons. Un maître à penser : Coluche. Elle dit ce qu’elle pense sans langue de bois. Une utopiste peut être, mais cela fait du bien de l’entendre s’exprimer.
Françoise
L’échappée en solitaire de Keith Richards.
Sur la pochette de « Crosseyed Heart« , il a l’air rigolard, content de nous présenter son 3ème album solo, venant seulement 23 après « Main offender ». Mais de qui je parle, vous dites-vous?
Du joyeux luron, du stonien guitariste, Keith Richards himself!
Profitant d’un temps de pause dans le planning planétaire des Pierres qui Roulent, le corsaire du rock a fignolé un album qui a vu ses premiers jours en 2011. Pour cette occasion, le bougre a su évidemment bien s’entourer, faisant appel à des fidèles tels le batteur Steve Jordan, le regretté saxophoniste Bobby Keys (dont les derniers enregistrements figurent sur cet album), le pianiste Ivan Neville. La surprise vient de la présence inattendue de Norah Jones, qui vient poser sa voix sur la jolie ballade « Illusion ».
Dans ce disque, qui selon Richards, devrait avoir un prolongement scénique en 2016, si les Stones ne retournent pas en studio, le guitariste rend hommage de belle manière à ceux qui l’ont influencé : les bluesmen Robert Johnson (« Crosseyed Heart » en mode acoustique guitare-voix)), Lead Belly (écoutez la reprise « Good night Irene »), mais également l’univers reggae (« Love overdub »), la folk (« Robbed blind »), et bien sûr l’univers stonien (« HeartStopper » ; « Amnesia » ; « Trouble » ; « Nothing on me »). La voix de Richards, dégagée des excès en tous genres, se trouve ici claire, parfois profonde, grave.
A 71 printemps, Keith Richards est simplement heureux de jouer, alors il s’amuse, et ça s’entend. Infatigable, ne supportant pas de ne pas jouer, enregistrer en studio, lorsque les Pierres qui Roulent en ont terminé de leur marathons planétaires, le génial guitariste a donc réalisé « Crosseyed Heart » sans autre prétention que celle du plaisir simple, comme une jolie échappée en solitaire dans la vie de celui pour qui « Les stones restent la priorité absolue ».
Guillaume.
Ah !!!! cette pop islandaise….
Je vous avais présenté leur premier album en 2012 My head is an animal, et oui je parle du groupe islandais O Monsters and Men. En 2015 voici leur second opus.
Ils nous reviennent avec Beneath the skin. Dès la première écoute vous reconnaissez leur patte, cette pop indie, riche en mélodies, reflétant un imaginaire fantastique. Le timbre de voix particulier de la chanteuse Nanna et celui du chanteur Ragnar, qui se complètent toujours aussi parfaitement.
Alors cet album va connaître le même succès ? Me demanderez-vous.
N’étant pas Madame Irma je ne peux vous donner que mon ressenti après avoir écouté une dizaine de fois ce cd : plus sombre, les pianos et les tambours contribuent à cette ambiance, ceux-ci remplacent le légèreté des guitares, donc un son plus lourd, des compositions plus complexes, un album plus introspectif voire presque morbide.
O Monsters and Men sait parfaitement nous envahir d’émotions, de fragilité, de doutes et de mélancolie.
Cet album reste fidèle à ce son et à l’esthétisme découverts chez ce quintet. On peut peut-être lui reprocher ce manque de surprise et d’inattendu.
Un +++ à Crystals qui nous met tout de suite dans l’ambiance et un +++ à Organs, la seule plage acoustique et calme de l’album.
Michèle