Archives Mensuelles: octobre 2016

Ils sont fous ces Sud Africains


pochette-die-antwoordVoici un vrai groupe barge, provocateur et trash. Die Antwoord, groupe d’Afrique du Sud, composé de Ninja, Yo-landi, accompagnés de DJ Hi-Tek. Ce groupe nous a proposé en septembre leur 4ème album, Mount Ninji and da nice time kid, qui est pour moi un peu plus accessible que les précédents, et en même très travaillé, très abouti avec des morceaux ultra-efficaces. Chacun d’eux nous entraîne dans des ambiances différentes avec des collaborations étonnantes.

Die Antwoord c’est un beau mélange hip-hop electro, leur plaisir c’est de provoquer, de déstabiliser. Un mélange de musiques de films d’horreurs, d’atmosphères à la Tim Burton, de choeurs d’opéras associés aux flows plus que rapides de Ninja et Yo-Landi. C’est un album fort, explosif, décalé, qu’il faut écouter plusieurs fois pour se l’approprier. La voix de Yo-Landi douce, plutôt enfantine peut parfois irriter, mais les rythmes sont entraînants, entêtants. Ce bazar, cet humour noir ils la justifient par le mouvement Zef : « Quand tu n’as rien à faire de ce que pensent les autes » (Ninja).

Laissez-vous déranger…

Des +++ à la comptine psychotique We Have Candy, et à Rats Rule avec Jack Black

Michèle

Billie Holiday, un dernier jazz à Paris


centjoursenun_imageBillie Holiday. Légende du jazz, à la vie plus que tourmentée (viol, femme battue, drogue, prison…), cette voix mythique du jazz s’est éteinte le 17 juillet 1959, reposant depuis dans un cimetière à l’écart de New-York, ville qui l’a vue triompher, et qui fut témoin de ses déboires, voire de ses addictions, de ses dérives nocturnes. L’artiste, devenue icône du jazz, fascine encore aujourd’hui, près de 50 ans après sa mort. Sa chanson « Strange fruit », évoquant le destin de ses frères de couleurs, dans l’Amérique raciste-ségrégationniste de la première moitié du 20ème siècle, finissant souvent se balançant au bout d’une corde, comme des « fruits étranges » tombant des arbres, fit d’elle une porte-voix antiraciste.

Outre le personnage mythique, la star adulée, c’est aussi l’enfant ballotée, la violence subie, morale et physique, les petits boulots, la chanteuse débutante, la femme en proie aux drogues, la séductrice, l’alcoolique, les déménagements, c’est toutes ces facettes que nous propose Philippe Broussard, journaliste, Prix Albret Londres en 1993,  dans son livre « Cent jours en un » (Editions Stock, 2013). De New-York, ville de triomphes et de chute finale, à sa dernière tournée européenne, à l’automne 1958, c’est le parcours chaotique Lady Day, artiste adulée et déchue. Un dernier baroud d’honneur, comme pour dire « Je suis la SEULE, l’UNIQUE ». Fierté humaine, orgueil artistique.

Contemporaine de Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan, Billie Holiday effectuera donc une dernière tournée, une dernière virée, comme chant du cygne d’une star sur le déclin, fatiguée par la vie, les hommes, les excès en tous genres, que dépeint l’auteur avec beaucoup de justesse. Les témoignages recueillis de personnes ayant  connu, côtoyé de près Lady Day, complètent ce portrait : les musiciens Mal Waldron (son pianiste pendant 20 ans), Art Simmons (pianiste du Mars Club), le restaurateur Leroy Haynes, ou les propriétaires de jazz-club Barbara Butler (Mars Club) et Ben Benjamin (Blue Note), qui ont accueilli Lady Day  à Paris.

« Cent Jours en Un » nous embarque dans le sillage de cette femme emplie de douleurs, de cet artiste fragile, en proie aux doutes. L’auteur révèle son côté mentor auprès de jeunes talents rencontrés au hasard de la vie. Comme un prolongement de vie artistique, alors que son aura décline, que sa voix se perd. La peur sur scène, la voix qui va et revient, les colères, les caprices, la peur de l’abandon par les autres, peur de la solitude (liée à son enfance), sa générosité, son amour de l’humain (homme et-ou femme), ses rencontres avec le Paris des artistes ou de ceux qui, comme elles, y viennent (Duke Ellington, Miles Davis, Dizzy Gillespie), Philippe Broussard décrit cela avec justesse, respect, sans jamais prendre partie. C’est aussi un portrait du Paris , De Montmartre, à Saint-Germain, Pigalle, des bars louches, des dealers nocturnes, fournisseurs des jazzmen demandeurs. Une ambiance que le parolier Jacques Lanzmann mettra en mots, permettant à Jacques Dutronc, l’homme au cigare et ray-bans, de faire un tube avec « il est 5H.. Paris s’éveille ».

Oui ce livre est riche, bouleversant, drôle, triste, pathétique, rendant un bel hommage à l’une des plus grandes figures du jazz vocal du 20ème siècle.

A lire, sans hésiter.

Guillaume.

She puts a spell on me


 

ninaDepuis quelque temps, je voulais regarder le film dédié à Nina Simone qui a défrayé la chronique, suite au choix de l’actrice pour incarner la prêtresse de la Soul et du jazz. Cette actrice, c’est Zoe Saldana, Neytiri dans Avatar et si les critiques ont principalement portés sur sa « légitimité » à incarner une telle figure de l’activisme Afro-Américain, pour ma part c’est sa performance d’actrice que j’ai trouvé moyenne. Le film traite des dernières années sombres de la vie de la chanteuse : Alcoolisme, cancer du sein etc… Bref, pas les meilleurs moments, mais ça fait partie du personnage aussi.

Si le film n’est pas une réussite en soi, il donne quand même l’opportunité de découvrir ou redécouvrir le répertoire de l’une des plus belles voix du siècle dernier. C’est ce qui m’a donné envie de faire ce petit billet. Difficile de choisir quels morceaux mettre en avant, tant la discographie de Nina Simone est vaste (une cinquantaine d’albums) mais parmi les plusieurs documents disponibles à la médiathèque, vous pourrez retrouver quelques perles, telles que « Feeling good » « I put a spell on you » ou encore sa version de « Ne me quitte pas ». Je vous conseille vivement le DVD du Live au festival de Montreux qui est tout simplement magistral. En attendant voilà quelques mises en bouche…

Laurent

L’histoire d’une chanson : Suzanne


Qui est la fameuse Suzanne de la chanson ? Leonard Cohen a rencontré Suzanne Verdal à Montréal, ils gravitaient dans les mêmes cercles artistiques des années 60. Elle était à l’époque la conjointe du sculpteur Armand Vaillancourt, et même après leur séparation, Leonard et elle ont continué de se fréquenter, ont poursuivi leurs tête à tête courtois, leur relation platonique, en buvant du thé et dégustant des oranges. Suzanne a donc inspiré  un poème Suzanne takes you down, qui devait intégrer son futur recueil Paristes of Heaven.

Parti à New-york, Leonard Cohen présente, entre autres chansons, Suzanne, sur laquelle il a apposé quelques notes. C’est Judy Collins qui tombe sous le charme de cette chanson, et va l’intégrer dans l’album In my life fin 1966. Leonard est officiellement songwritter.

Malgré une première mauvaise performance sur scène en tant que chanteur, le producteur John Hammond Jr, veut lui laisser l’occasion de réaliser son 1er album. La mort de ce dernier mettra en péril l’achèvement du disque, mais John Simon reprendra le flambeau. Une guitare acoustique, une basse, une voix, quelques rythmiques légères et quelques voix féminines. Songs of Leonard Cohen sort le 27 décembre 1967. Leonard s’en est à peine réemparé que Suzanne va lui échapper à nouveau. Le chanteur américain Noël Harrison en fait un tube et Graeme Allwright en a demandé un version française.

Nina Simone, Joan Baez et Neil Diamond reprendront ce tube planétaire, Frida la chanteuse de Abba l’interprétera en suédois, tandis qu’en 2008 Alain Bashung la rendra éternelle en français sur son album Bleu Pétrole.

Quant à Suzanne Verdal,  elle vit aux Etats-Unis, elle fut d’abord  très flattée par cet hommage. Mais la muse de Leonard, victime d’un grave accident, a dû arrêter la danse, elle s’est repliée et survit dans une caravane en Californie, parfois sollicitée par des journalistes qui cherchent encore son témoignage.

Michèle

Voici quelques versions de Suzanne :

Dylan Prix Nobel de Littérature !!! ???


bob-dylanBOB DYLAN !!! Qui l’eût cru ? Oui vous ne rêvez pas ! C’est bien Robert Zimmerman, alias Bob Dylan,  qui s’est vu récemment attribué rien moins que le Prix Nobel de Littérature 2016 ! La nouvelle, en date de jeudi 13 octobre a été salué par certains, mais également surpris, décontenancé le monde des lettres, aux Etats-Unis, bien sûr, mais ailleurs aussi dans le monde !

Si depuis plus de 50 ans, Bob Dylan régale son public de ses chansons contestataires (apparu dans les années 60 aux côtés de Joan Baez, notamment), le chanteur américain, qui a fédéré un large public, malgré une voix nasillarde, et une qualité d’instrumentiste sans être un virtuose de la 6 cordes, j’avoue que l’annonce du comité Nobel, pour décerner le prix Littéraire de l’année 2016,  a suscité chez moi un étonnement, mêlé d’incompréhension.

Car si l’œuvre composée par Bob Dylan est considérable, s’il a contribué, au même titre que Neil Young ou Johnny Cash, au développement et à la reconnaissance de la chanson, de la culture américaine, dans les années 60, 70, devenant une véritable icône des nostalgiques de cette période bénie, il n’a jamais été considéré, de près comme de loin, par le monde de la culture américaine, voire européenne, comme un véritable écrivain, développant une œuvre au fil des années, des décennies. Ses chansons sont parfois étudiées dans les universités, son répertoire adapté, repris, lui garantissant un écho maximal. Venu du folk, en vogue dans les années 60, il a traversé les genres et les décennies, en se nourissant de country, blues, pop… un vrai caméléon. En 1988, suite à une session d’enregistrement initialement prévue par George Harrison, pour la chanson « Handle with care », il fit un temps partie d’un groupe, Traveling Wilburys, qui regroupait rien moins que Jeff Lynne, Roy Orbison, George Harrison et Tom Petty !!!…

Auteur-compositeur-interprète depuis 1962 (37 albums en 55 ans de carrière), parfois acteur (15 films, dont « Pat Garrett et Billy the Kid », au côté de Robert Redford ; « Eat the Document », 1973 ; « Renaldo et Clara », « The Last Waltz », 1978), ses chansons, son allure bohême, gardant un avis aiguisé sur la culture américaine, il n’est pour autant pas un écrivain, au sens premier du terme. Chanteur-auteur, il est considéré, à l’image d’un Jim Morrison (Doors), ou d’un Bruce Springsteen, comme un poète, pour la qualité de son écriture. « Blowin in the Wind », « Knockin’ on Heaven’s door », « Just like a woman », « Like a rollin’ stone » ou encore « desolation row » font partie des classiques de son répertoire.

Donc, côté livres, là, c’est morne plaine. Bien sûr, comme nombre de grandes figures contemporaines de la culture américaine, Bob Dylan a été l’objet de biographies, notamment celle de Robert Shelton « Bob Dylan, sa vie, sa musique » (Editions Albin Michel, 1987), ou d’un recueil de ses écrits sur la période 1968-2010, par Greil Marcus « Bob Dylan Writings » (Editions Faber & Faber, 2011). Mais jamais il n’a pris le temps d’écrire un livre, un roman, un essai. Alors, cette attribution, fruit d’un lobbying intense ? ou volonté affichée de saluer un artiste important de la seconde moitié du 20ème siècle ? Sans doute un peu des deux… mais que penseront alors les écrivains contemporains américains ou non, dont l’œuvre considérable aurait sans nul doute mérité une reconnaissance officielle après celle du public ?

A 75 ans, voilà Bob Dylan panthéonisé de son vivant par ce prix Nobel de Littérature. Voilà qui fera sans doute jaser, jetant un (petit) voile de discrédit sur le sérieux de cette institution.

Parmi les albums de référence, je citerai « Blonde on Blonde » (1966) ; « Desire » (1976) ; « Slow Train Coming » (1979) ; « Oh mercy » (1989) ; « Love and theft » (2001).

Guillaume.

 

 

Avec sa voix, Freddy nous rend Fa(a)da(s)!


gospeljourney_imageAttention, Talent!

Le public présent samedi 15 octobre, Salle Jacques Brel, à Fontenay Sous Bois, a passé une très belle soirée. Pourquoi ? Tout simplement parce que Faada Freddy, chanteur sénégalais, venait présenter, dans le cadre du Festi’Val de Marne, « Gospel Journey » sorti en 2015. Après un jeune duo piano-voix et guitare, puis après la très belle prestation de Awa Ly, accompagnée de 3 musiciens,  offrant un répertoire coloré aux sons du reggae, de la musique africaine et du jazz, c’est donc Faada Freddy, qui prit possession de la scène, devant une salle comble, un public conquis. Dès son arrivée sur scène, entouré de 5 autres vocalistes (4 hommes, 1 femme), la chaleur est montré d’un cran. L’art consommé de la scène, et le talent vocal on fait le reste. Au menu vocal et musical, du gospel bien sûr, mais aussi du funk, du reggae, du rap, des reprises, bref un éventail large, attestant du talent du chanteur sénégalais et de ses acolytes.

Reconnu par des artistes aussi variés que Bernard Lavilliers, Imany ou Lenny Kravitz ! ça donne une idée  de la qualité du bonhomme. Sa recette aussi originale que riche, est de composer des morceaux uniquement basés sur des rythmiques corporelles, et sur l’utilisation de la voix, qu’elle soit sienne ou celles de chœurs masculins ou féminins. Cette démarche n’est pas sans rappeler celle des géniaux Bobby Mac Ferrin, ou Al Jarreau, capables de tenir seuls en scène près de 2h entre improvisations vocales, utilisation du corps comme instrument, et imitations d’instruments par leurs seules voix. Certes Faada Freddy n’en est pas encore là, mais il est clair, à écouter chaque morceau de « Gospel Journey », qu’il a devant lui tous les chants du possible.

Ici gospel, reggae, soul, se succèdent avec une jubilation omniprésente… le travail des chœurs, en arrière plan de sa voix, est d’une précision sans faille, rendant la prestation de Faada Freddy, claire, limpide. La voix, instrument précis, se démultiplie, se diversifie, offrant à l’auditeur une parenthèse enchantée rafraîchissante. A l’heure ou la musique est affaire de samples (n’est-ce pas Laurent:-)!), de synthés utilisés à tort et à travers, le travail et la démarche menés par Faada Freddy fait un bien fou. Simplicité, originalité! La voix est l’outil de l’histoire individuelle, collective, outil de transmission de cultures, de traditions. L’album se termine par un titre « Borom Bi » chanté en dialecte sénégalais et en anglais.

Ne passez pas à côté de ce virtuose vocal, et courrez le voir sur scène!

Guillaume.

 

Nos samples rendez-vous #7 : Common, The Game et Gil Scott Heron


220px-game_laxAoût 2008, The Game et Common (2 de mes artistes rap préférés) reprennent un sample d’une légende de la soul des années 70 : Gil Scott Heron. Sorti en 1978, « Angel dust » est l’ode anti-drogue du poète de la Soul, un peu un comble pour lui, qui sera incarcéré quelques années plus tard pour consommation de crack et de cocaïne, mais bref… Ce morceau est peut-être l’un des plus funky de sa discographie et sa basse groovy m’enchante toujours autant près de 40 ans plus tard.

A priori, je n’étais donc pas le seul à apprécier cette boucle, car nos 2 rappeurs l’ont donc choisi pour cette connection Chicago/Los Angeles. Chacun pour exprimer l’amour qu’ils portent à leurs « Angel » réspectifs. Pour Common, la Marijuana, bon, après tout, chacun fait bien comme il veut, il nous explique que ça aide son processus créatif et le relaxe, soit. Quant à Game, il nous offre son amour pour le hip hop et nous raconte comment il s’est essayé à cet art avec tout un tas de métaphores aussi imagées les unes que les autres.

Le sample n’est pas énormément retravaillé, pas nécessaire vu que le son de Gil Scott Heron colle parfaitement à l’ambiance West coast de l’album LAX de The Game. Kohndo l’a également repris sur son dernier album (Intra-muros), chroniqué précédemment, dans le morceau « Le facteur ».

Laurent

Un, deux et trois


pochette_moderatNous voici arrivés au 3ème opus de la trilogie, Moderat, résultat d’un long travail de collaboration de Sacha Ring alias Apparat et du duo Gernot Bronsert et Sebastian Szary alias Modeselektor, initié en 2003. (Le premier en 2009, II en 2013, et voici donc le tout dernier III en 2016).

Peut-on encore appeler cela un projet, Moderat est devenu un groupe avec ses caractéristiques, son identité et son évolution. Pour réaliser ce triptyque musical, ils ont pris leur temps, pour aboutir à un tout homogène, ce troisième chapitre est une vraie conclusion, voire une véritable orientation.

Les pochettes, une femme, puis un hommme et enfin pour terminer l’enfant, sont l’oeuvre de Siriusmo, ami du trio, dont le style est toujours très proche de l’auteur de bande-dessinée Charles Burns.

Le groupe allemand, electro, nous livre là un album plus sombre, plus pop, nous rappelant l’univers de James Blake, où la voix d’Apparat est beaucoup plus présente. Une voix éthérée, lascive et mélodieuse, qui nous chuchote à l’oreille. Un album relevant d’une introspection, véhiculant beaucoup d’émotions. 9 morceaux aboutis, travaillés, sophistiqués et en même temps très fluides.

Des +++ à Running, Intruder, et le tubesque Reminder.

Michèle

Francisco Tárrega, père de le guitare classique moderne.


Rendre hommage à l’un des musiciens (guitariste) et compositeurs espagnols emblématiques (Francisco Tarrega, en l’occurrence) de la seconde moitié du 19ème et du début du 20ème siècle, n’est pas chose aisée. Pour cela, il faut de l’audace et avant tout, surtout, une bonne dose de talent. Le guitariste brescian contemporain Giulio Tampalini, s’est attelé à la tâche. Le tout regroupé sur un coffret de 4 CD « Tárrega, Guitar Edition » paru en 2015, contenant à la fois des œuvres originales de Tárrega (flamenco, mais aussi mazurkas, valses, polkas) et des transcriptions d’œuvres de compositeurs comme Beethoven (sonate pour piano n°3 op.13 dite « pathétique ; Symphonie n°7, op.92…) de Chopin (nocturnes, valses, préludes), de Berlioz (Ballet des Sylphes, La Damnation de Faust).

Mais qui était Francisco Tárrega ? Né en 1852 à Villareal, il apprend  dès 1862 la guitare et le piano à Barcelone. Après son entrée au conservatoire de Madrid en 1874, et des études très fructueuses, il enseigne la guitare, puis donne des concerts à travers toute l’Espagne. En 1881, il donne un récital au Théâtre de l’Odéon de Paris. Un triomphe. Parti pour s’installer à Londres, il n’y restera pas, ne se faisant pas du tout au climat, à l’ambiance. Il en tirera le morceau « Lagrima ». Rentré pour s’installer à Barcelone en 1885, il se liera d’amitié avec Albéniz, Granados ou Casals, grands compositeurs ibériques. Son talent, son style très moderne feront de ce compositeur ibère une référence, dont l’approche musicale de son instrument posa les bases de la guitare classique moderne. Il décèdera en 1909.

C’est donc à cette référence que Giulio Tampalini s’est attaqué, sur « Tárrega, Guitar Edition« , paru en 2015. Né en 1971, Tampalini est un instrumentiste brillant, qui après des études musicales au conservatoire de Brescia, fera des tournées en Europe, Asie ainsi qu’ aux Etats-Unis. Soliste, également capable de jouer en tant qu’accompagnateur avec des groupes ou auprès d’orchestres symphoniques, il publiera en 2003, « Francisco Tarrega : Complete works for guitar »  qui fut récompensé au titre du meilleur album de l’année.

Avec tact, précision et un jeu sans esbroufe, sans démonstration, il se glisse dans les œuvres de Tárrega avec bonheur, nous le faisant ainsi partager, de même que les transcriptions présentées.

Un joli voyage dans le monde de la guitare classique, à travers les siècles, les styles, les œuvres.

Guillaume.

 

 

 

 

 

A real Badass !!!


Joey BadassOuh la la je suis complètement passé à côté de ce petit gars de Bed-Stuy (quartier d’origine à NY de Notorious Big), j’en avais souvent entendu parler, mais je suppose que je n’ai pas dépassé son pseudo, que je trouvais assez moyen et du coup, je n’ai pas vraiment écouté ce qu’il y avait derrière.

Heureusement, Mr Robot est la !!! En effet, Joey Badass a un petit rôle dans la saison 2 de la série consacré à mon hacker préféré et sa « Fsociety ». Il y joue Leon, le nouvel ami/dealer d’Eliott, fan de monologue et de Seinfeld. Sa présence a éveillé ma curiosité musicale et tant mieux !!!

Ce jeune rappeur de 21 ans de Brooklyn originaire de Sainte Lucie a en réalité toutes les qualités requises pour faire partie de cette relève New Yorkaise qui me plait tant, les Action Bronson (en featuring sur le bonus « Run up on ya »), J.Cole etc… Ce 1er album est brut, bien produit et Joey dévoile un flow qui en fera rougir plus d’un ! B4DA$$ a prononcé « Before da money » est une très belle suite aux mixtapes sorties précédemment : 1999, Rejex et Summer knights.

Les singles « Paper trail$ » et « Nigga like me », produits respectivement par DJ Premier et J.Dilla (il ne s’entoure pas de n’importe qui quand même…) sont juste excellents ! Le MC fait preuve d’une maturité musicale assez surprenante pour son âge.

L’album date de début 2015, mais je ne pouvais pas passer à côté, tant, il m’a mis une claque ! D’autres morceaux sont sortis sur la toile depuis comme « Devastated » ou « Brooklyn’s own » en attendant un deuxième album, bientôt j’espère…

Laurent.

Un coup de poing musical


pochette_anohniUn disque frontal, militant qui est difficile à digérer. Hopelessness est une véritable claque donnée par Anohni. Antony Hegarty, leader de Antony & The Johnsons, nous offre là un réveil personnel, qu’elle veut crier au monde. Devenue Anohni, elle nous propose un nouveau tournant de sa vie, adieu les ballades mélancoliques. Hopelessness, malgré son titre, est surtout un disque contestataire, qui veut nous bousculer, nous donner la force de sauver la planète de tous ses maux.

Dès le premier morceau Drone bomb me : un choc, Anohni se met dans la peau d’une petite afghane qui a perdu sa famille suite à l’attaque d’un drone, le clip met en scène superbement Naomi Campbell. Dans le 2ème morceau, c’est de la terre dont on parle, du dérèglement climatique… et les 11 morceaux défilent ainsi, nous bousculant, nous bouleversant. On ne peut pas sortir indemne de cet album.

Et cette voix, vibrante, puissante, envoûtante. Abandonnant les cordes Anohni s’accompagne d’électronique qui sait prendre du recul quand cela est nécessaire. Sa voix me met toujours les poils. On a d’ailleurs pu l’entendre dans la série Sense8 de Netfix, les sœurs Wachowski l’avaient choisie pour sublimer une rupture, elle reprenait Knockin’on Heaven’s Door de Dylan… Magnifique ! (petit clin d’œil à Laurent).

Cet album nous montre une triple mutation : musicale (pop electro), politique (des chansons protestataires) et identitaire (sa féminité avancée).

« Mes chansons commençaient à m’emmerder. Je voulais sortir les crocs ». Et bien ça c’est fait !!!!

Gros coups de cœur pour Drone Bomb me, Crisis, et 4 degrees

Michèle

 

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