Archives du 18 octobre 2016
Dylan Prix Nobel de Littérature !!! ???
BOB DYLAN !!! Qui l’eût cru ? Oui vous ne rêvez pas ! C’est bien Robert Zimmerman, alias Bob Dylan, qui s’est vu récemment attribué rien moins que le Prix Nobel de Littérature 2016 ! La nouvelle, en date de jeudi 13 octobre a été salué par certains, mais également surpris, décontenancé le monde des lettres, aux Etats-Unis, bien sûr, mais ailleurs aussi dans le monde !
Si depuis plus de 50 ans, Bob Dylan régale son public de ses chansons contestataires (apparu dans les années 60 aux côtés de Joan Baez, notamment), le chanteur américain, qui a fédéré un large public, malgré une voix nasillarde, et une qualité d’instrumentiste sans être un virtuose de la 6 cordes, j’avoue que l’annonce du comité Nobel, pour décerner le prix Littéraire de l’année 2016, a suscité chez moi un étonnement, mêlé d’incompréhension.
Car si l’œuvre composée par Bob Dylan est considérable, s’il a contribué, au même titre que Neil Young ou Johnny Cash, au développement et à la reconnaissance de la chanson, de la culture américaine, dans les années 60, 70, devenant une véritable icône des nostalgiques de cette période bénie, il n’a jamais été considéré, de près comme de loin, par le monde de la culture américaine, voire européenne, comme un véritable écrivain, développant une œuvre au fil des années, des décennies. Ses chansons sont parfois étudiées dans les universités, son répertoire adapté, repris, lui garantissant un écho maximal. Venu du folk, en vogue dans les années 60, il a traversé les genres et les décennies, en se nourissant de country, blues, pop… un vrai caméléon. En 1988, suite à une session d’enregistrement initialement prévue par George Harrison, pour la chanson « Handle with care », il fit un temps partie d’un groupe, Traveling Wilburys, qui regroupait rien moins que Jeff Lynne, Roy Orbison, George Harrison et Tom Petty !!!…
Auteur-compositeur-interprète depuis 1962 (37 albums en 55 ans de carrière), parfois acteur (15 films, dont « Pat Garrett et Billy the Kid », au côté de Robert Redford ; « Eat the Document », 1973 ; « Renaldo et Clara », « The Last Waltz », 1978), ses chansons, son allure bohême, gardant un avis aiguisé sur la culture américaine, il n’est pour autant pas un écrivain, au sens premier du terme. Chanteur-auteur, il est considéré, à l’image d’un Jim Morrison (Doors), ou d’un Bruce Springsteen, comme un poète, pour la qualité de son écriture. « Blowin in the Wind », « Knockin’ on Heaven’s door », « Just like a woman », « Like a rollin’ stone » ou encore « desolation row » font partie des classiques de son répertoire.
Donc, côté livres, là, c’est morne plaine. Bien sûr, comme nombre de grandes figures contemporaines de la culture américaine, Bob Dylan a été l’objet de biographies, notamment celle de Robert Shelton « Bob Dylan, sa vie, sa musique » (Editions Albin Michel, 1987), ou d’un recueil de ses écrits sur la période 1968-2010, par Greil Marcus « Bob Dylan Writings » (Editions Faber & Faber, 2011). Mais jamais il n’a pris le temps d’écrire un livre, un roman, un essai. Alors, cette attribution, fruit d’un lobbying intense ? ou volonté affichée de saluer un artiste important de la seconde moitié du 20ème siècle ? Sans doute un peu des deux… mais que penseront alors les écrivains contemporains américains ou non, dont l’œuvre considérable aurait sans nul doute mérité une reconnaissance officielle après celle du public ?
A 75 ans, voilà Bob Dylan panthéonisé de son vivant par ce prix Nobel de Littérature. Voilà qui fera sans doute jaser, jetant un (petit) voile de discrédit sur le sérieux de cette institution.
Parmi les albums de référence, je citerai « Blonde on Blonde » (1966) ; « Desire » (1976) ; « Slow Train Coming » (1979) ; « Oh mercy » (1989) ; « Love and theft » (2001).
Guillaume.