Archives Mensuelles: mars 2018
Requin Chagrin et Marietta, aventuriers en pleine éclosion.
Celles et ceux qui étaient présents à l’Espace Gérard Philipe, lors de l’édition 2017 des Aventuriers, n’ont pu que remarquer les prestations données les 17 et 19 décembre derniers par Requin Chagrin et Marietta.
Derrière Requin Chagrin, se cache le projet solo de Marion Brunetto. Batteuse, auteur-compositrice, et menant parallèlement deux autres projets (avec les groupes Guillotines et Alphatra), elle est du genre fonceuse, ne comptant que sur elle pour avancer et mener à bien ses projets. Pour ce « First album », qui compte neuf morceaux, elle s’est entourée de Grégoire Cagnat à la basse, Yohann Dedy aux claviers, Romain Mercier-Balaz aux baguettes. Requin Chagrin nous laisse découvrir une artiste qui ne renie pas ses influences musicales, à savoir Indochine, la pop anglaise des années 90. Il n’est qu’à écouter les titres « RC », « Adelaïde », « Poisson Lune », qui sonnent à la manière de la cold-wave de nos cousins grands-bretons. Le son du disque est « étouffé », le chant le plus souvent en retrait, ce qui est dommage, car cela empêche de profiter des textes écrits par Marion Brunetto.
L’ensemble est globalement de qualité mais j’attends mieux lors du prochain album. Si je dois retenir des titres de cet album « First », ce serait : « Poisson Lune », « Bleu Nuit », « Le Chagrin ».
Marietta, de son prénom Guillaume, possède une voix placée dans les médiums, aux influences nettes de Daho, Chamfort, des textes qui narrent un quotidien souvent glauque sinon désespéré. L’homme, en dehors du chant, se laisse aller également à manier la basse, la guitare, le piano, le synthé… bref, il touche à tout! Pour ce projet solo « La passagère », enregistré en 2017 sur le Label Born Bad Records il oscille entre des textes intimistes, guitares acoustiques, ambiances électro-pop, des nappes de synthés parfois trop envahissantes, ainsi que quelques envolées aux accents psychédéliques, une dose de folk. Ce chanteur au look d’étudiant attardé, de « Tanguy » (voir la photo de couverture), nous livre un album en forme de catalogue des possibles, d’horizons multiples. A vrai dire, je m’y suis un peu perdu.
J’attends le prochain album pour me faire une meilleure idée. 3 titres ont retenus mon attention : « La carte » ; « La grande ville malade » ; « Maud la Nuit ».
Guillaume.
1 an en musique : 1981
Nouvelle rubrique avec cette “année en musique” et donc un peu de nostalgie… Je vais essayer de vous faire une petite chronologie musicale, avec pour chaque année, douze chansons à l’honneur et comme il fallait bien choisir un point de départ, mon année de naissance, 1981, me semblait une bonne idée, prêt pour un retour dans le passé?
Hormis la naissance de “Yours truly”, 1981, c’était l’année Mitterrand et la perte de deux grands de la musique, le roi du Reggae, Bob Marley et le non moins inoubliable guitariste moustachu George Brassens, mais bon, on est pas vraiment la pour ça, je voulais juste vous remettre un peu dans le contexte.
Musicalement, le disco est “mort” selon la presse et on s’apprête à voir arriver le “New wave”, mais dans ma petite playlist perso, c’est la funk qui règne en maître avec en tête de liste “Never too much” de Luther Vandross, je vous en ai déjà parlé, mais c’était le single phare de son premier album et au jour d’aujourd’hui, je ne m’en lasse toujours pas. Au rayon Funk toujours, des incontournables avec Earth Wind and Fire ou Prince et son “Do me baby” langoureux…
Les lecteurs de mes “Samples rendez-vous” essaieront de retrouver quels morceaux ont réutilisé la boucle de Tom Tom Club sur “Genius of love” ou celle de Rick James sur “Super freak”, c’est facile, allez un petit effort…
Il n’y a évidemment pas que de la Funk, j’ai quelques mythes Pop/Rock en stock aussi avec Police et son “Every little thing she does is magic”, Phil Collins et sa batterie pour “In the air tonight” et surtout l’immense “Rapture” de Blondie, premier morceau de l’histoire contenant du rap à se classer numéro 1 aux Etats Unis, il a d’ailleurs été écrit par Grandmaster Flash et Fab five Freddy.
Je vous glisserais aussi un “inavouable” et pour 1981, c’est pas n’importe lequel, c’est Richie e Poveri et son “Sara perché ti amo”, allez, dites la vérité, vous aussi vous avez chanté ça au moins une fois : “E vola vola si sa…”
Voilà, j’espère que l’idée vous plaît et que vous serez au rendez-vous pour les années à venir, alors ne soyez pas tristes et en attendant un prochain voyage dans le temps, retour en 2018…
Laurent
Les Soulections #11 : Jill Scott
Combien d’artistes incroyables la ville de l’amour fraternel, Philadelphie, a t-elle encore en réserve pour notre plaisir musical? C’est à se demander si ce n’est pas un vivier infini… Quoi qu’il en soit, c’est encore une artiste issu de cette ville à laquelle nous nous intéressons aujourd’hui, Miss Jill Scott.
Si je ne devais citer qu’une autre chanteuse en dehors d’ Erykah Badu quand on parle Nu-Soul, ce serait sans aucun doute Jill Scott, sa voix si douce et si juste, son talent d’écriture et les rythmes Jazzy dont sa musique est empreinte sont un vrai plaisir pour l’oreille, alors sans plus attendre je vous invite à en apprendre un peu plus sur cette perle qu’est Miss Scott.
Jill est né à Philadelphie en 1972 et est élevée par sa mère et sa grand mère, toutes deux assez portées vers les arts, la jeune fille va très vite être accrochée par la musique, mais surtout la poésie, pendant toute sa jeunesse, sa passion ne retombe pas et malgré ses désirs de devenir professeur d’Anglais, elle garde toujours dans un coin de la tête cette musicalité. Après avoir été assistante en université pendant 3 ans, elle change d’opinion et décide de quitter ce cursus et de se concentrer sur sa passion première.
Ce qui va véritablement changé le cours de sa vie, c’est la rencontre avec un certain Amir Thompson, alias Questlove, vous savez, le batteur avec la grosse afro de The Roots. Dès le moment où leurs chemins se sont croisé, ça a cliqué tout de suite entre eux, c’est l’étincelle musicale! S’en suit l’inoubliable “You got me”, qui même si il est finalement sorti avec Erykah Badu sur le refrain (plus connue à l’époque), était à la base co-écrit et interprété par Jill Scott, qui finira par le faire régulièrement sur scène avec The Roots et parfois Badu aussi (voir playlist).
Quoi qu’il en soit, le talent vocal et littéraire de Jill est indéniable et sa carrière est lancée. Son premier album solo “Who is Jill Scott? Words and sounds vol.1” sort en 2000 avec des titres comme “A long walk” ou encore “Try/Rain” avec Mos Def, le disque est un succès immédiat et est certifié deux fois disque de platine aux USA.
Jill Scott n’est pas femme à se laisser tourner la tête par le succès et prend son temps pour sortir chacun de ses disques suivants, prenant le soin de ne jamais se laisser oublier de son public, entre chaque albums, elle continue de sortir des lives, des compilations de ses collaborations, elle diversifie même son activité artistique en jouant dans des films et des séries, elle a notamment participé à plusieurs films de Tyler Perry (humoriste très connu aux US) et a décroché le premier rôle de The No. 1 Ladies’ Detective Agency , une série qui n’a malheureusement pas eu le succès mérité.
Voilà comment en ne sortant un disque que tout les trois ou quatre ans, elle a réussi à toujours rester dans les esprits de ses auditeurs, elle est clairement l’une des artistes les plus marquantes de cette vague Neo Soul, chanteuse engagée, elle est également très investie dans des causes humanitaires et notamment pour aider les étudiants des minorités Américaine à travers la Blue Babe Foundation (du nom de sa grand mère).
Alors comment ne pas rendre hommage à un tel talent?
Laurent
Les Insus ?… Du Bonheur en Live !!
Quelle aventure que celles des Insus (Ex-Téléphonistes pour celles et ceux qui l’ignoreraient encore)! Après avoir donc remis le contact, suite à un bœuf en l’honneur de leur ami et manager François Ravart, les 3 amis-complices que sont Aubert, Kolinka et Bertignac accompagnés, épaulés, par le bassiste Aleks Angelov, devenu un vrai quatrième membre du groupe, les Insus ont effectués une tournée de marathoniens, en France et dans les territoires et départements d’Outre-Mer. 80 dates! 1 million de spectateurs!
Points d’orgue de ce marathon illustrant leurs retrouvailles scéniques, les Insus se sont produits à Bercy à l’automne 2016, puis au Stade de France en septembre 2017, pour 2 derniers « Rappels ». Cela méritait bien un témoignage gravé non pas dans le marbre mais sur cd (une vidéo existe également) pour célébrer ce triomphal retour, presque un triomphe romain devant le raz-de-marée provoqué par l’annonce de leur reformation et retour en scène.
Le moins que je puisse dire est que le double cd et les 21 titres qui le composent restituent parfaitement l’énergie, la joie de jouer, de s’être retrouvés enfin ensemble sur scène! De « Crache ton venin » qui ouvre le premier cd à « Tu vas me manquer » qui clôt le deuxième cd, tout est bonheur à écouter, et l’on se prend à chanter (en tous cas moi oui), sur ces titres qui ont bercés notre adolescence, puis après. Car chaque titre a pu, pour chacun, chacune d’entre nous, être lié à un souvenir, une tranche de vie, une anecdote. Un livre musical de nos parcours de vie.
Alors, ce live, enregistré en grande partie à la Bercy Arena est un pur bonheur, une vraie bulle de bien-être.
A savourer pleinement, sans modération aucune!!!
Guillaume.
# La playlist de mars 18 : Un temps à rester sous la couette
Voilà, c’est mars.
C’est bien et c’est pas bien.
Mars, c’est enfin la fin de l’hiver qui s’annonce, le printemps qui fait signe qu’il arrive, doucement mais sûrement. C’est la fin de l’hibernation. Mais c’est aussi un mois souvent pluvieux, venteux, et finalement, on peut passer quelques heures à regarder la pluie tomber, alors que l’on vient de passer quelques semaines emmitouflés dans nos doudounes et que l’on rêve de s’alléger un peu de quelques couches de vêtements…
Alors ce temps maussade a inspiré cette petite playlist, faite de chansons sur la pluie, le froid, le vent, bref, le sale temps…
En attendant des jours meilleurs !
Bonne écoute
Carine
August Greene, la dream team hip hop jazzy.
Que les bases soient posées tout de suite, August Greene est, pour moi, l’album de ce début d’année 2018, tout simplement!!! Si vous avez l’habitude de lire mes chroniques, vous savez peut-être déjà que je suis un fan absolu de Common, en tant qu’artiste et en tant que personne aussi, j’aime le message qu’il porte et la bonne vibe qu’il apporte au hip hop. Alors, si je l’apprécie déjà à ce point quand il est seul derrière le mic, qu’en est-il quand il s’associe à deux des instrumentistes/producteurs les plus doués de leur génération, à savoir le virtuose du piano Robert Glasper et Karriem Riggins, sans doute ce qui se fait de mieux dans le hip hop avec Questlove au niveau des percussions? Et bien, ils nous offrent un disque composé de onze titres absolument génial!!!
Tout trois amis de longues dates et ayant collaboré plusieurs fois ensemble, Riggins a produit en majeure partie le dernier album de Common, “Black America Again”, qui a lui même kické sur “Black radio 2” de Robert Glasper pour le titre “I stand alone”. En réalité, le concept d’August Greene est depuis un moment dans la tête des trois amis, mais le vrai point de départ de ce projet, c’est le morceau “Letter to the free” pour la bande originale de “The 13th” le documentaire d’Ava Duvernay, réalisatrice de Queen Sugar, une série dont je vous avais parlé il y a quelques temps. La chanson, déjà présente sur l’album de Common est récompensée d’un emmy pour la meilleure chanson et si vous ne la connaissez pas encore, je vous la recommande vivement (je vous la mets en bonus ;D), le talent de nos 3 compères y est associé aux sublimes voix de Bilal et d’Andra Day, c’est dire si le talent était au rendez-vous…
Alors voilà, avec le succès de ce track et la complicité des 3 bonhommes, il devenait évident de réaliser un projet commun et c’est là que l’idée d’August Greene est née. Et quelle bonne idée ils ont eu ces trois-là!
Cinquantes minutes de pur bonheur, voilà ce qu’ils nous ont offert, les rimes de la légende de Chicago se marient à la perfection au rythme imprimé par la batterie de Riggins et à la mélodie de Robert Glasper, on se croirait vraiment à la grande époque des Soulquarians.
Ca ne sera probablement adapté au public le plus jeune, les sujets abordés sont plutôt sérieux, problèmes de sociétés, inégalités, réflexion sur la vie etc… c’est du Common dans le texte quoi! Musicalement, c’est pareil, la trap est au placard, on est vraiment sur un disque hyper jazzy, nos 2 musiciens sont quand même des pontes dans leur domaine et ça se sent, le dernier morceau du disque, “Swisha suite” est une jam session de douze minutes, où finalement le mc n’a que peu de place et les 2 virtuoses s’éclatent, on se sent presque avec eux dans le studio, Common n’intervient qu’au bout de 10 minutes, c’est dire…
En dehors de ça, “Black Kennedy” où Com’ revendique sa fierté d’être noir et d’autant plus noir aux Etats Unis par les temps qui courent, mais aussi l’excellente cover de “Optimistic”, à l’origine chantée par Sounds of Blackness et ici, les 3 sont portés par la voix de Brandy, vous vous rappelez? “The boy is mine”? Ouais, OK! Bah sa voix a bien mûrie, elle a toujours été excellente, mais là (Ca faisait un moment que je ne l’avais pas entendu, je reconnais) elle a quelque chose de différent, plus Soul, plus femme en fait, le morceau est juste génial et il donne une pêche de dingue!!!
Je vais m’arrêter là, parce que sinon j’en ferais des pages tant j’ai adoré le disque, je vais vous laisser le découvrir, mais je voulais juste conclure en mentionnant Samora Pinderhughes, que j’ai découvert à travers cet album et qui est clairement, un artiste à suivre, très engagé et très talentueux, qui chante ici sur deux morceaux “Let go” et “Practice”, ce jeune homme de 25 ans a composé et écrit ce qu’il a appelé une bande son pour un mouvement “The transformation suites” et qui en plus de ses écrits personnels reprend des poèmes de 2pac, mais aussi de Saul Williams et de Jeremie Harris, je vous invite à regarder le concert dans la vidéo plus bas, c’est tout simplement magnifique.
Voilà, je vous laisse en compagnie d’un petit concert privé d’August Greene dans le “Tiny desk” de Washington DC, régalez-vous…
Laurent
Didier Lockwood laisse son violon muet, orphelin.
Il venait tout juste de fêter ses 62 printemps le 11 février dernier. Une semaine plus tard, sortant de scène après un concert, Didier Lockwood a succombé à une crise cardiaque. Musicien précocement talentueux, entouré d’une famille de musiciens (père violoniste, son frère Francis est un pianiste au talent reconnu), il entre à 13 ans au sein de l’orchestre lyrique du conservatoire de Calais. Bien qu’il fut d’abord attiré par le répertoire classique, c’est finalement vers le jazz, par l’influence de son frère Francis, qu’il se tournera. Repéré ensuite par le violoniste Stéphane Grappelli qui lui propose de l’accompagner en tournée, il va très vite se faire un nom, une réputation, ce qui lui vaudra des collaborations prestigieuses avec de très grands noms du jazz : Dave Brubeck, Gordon Beck, Michel Petrucciani, Miles Davis, Herbie Hancock, Marcus Miller, Elvin Jones, Martial Solal, Aldo Romano, André Ceccarelli ou encore la fratrie Marsalis…. que du beau linge, du talent au kilomètre…. et j’en passe.
En 1974, il intègre le groupe Magma (voir photo ci dessous), qui distille un jazz-rock puissant, plutôt que d’entrer au conservatoire national supérieur de musique et danse de Paris! C’est dire s’il a choisi son chemin!. Par la suite il va fonder un groupe de jazz-rock, DLG… (écoutez le disque DLG, paru en1993, avec Laurent Vernerey, Loic Ponthieux, Jean-Marie Ecay), puis rejoindre les membres de UZEB, groupe canadien formé de Alain Caron, Michel Cusson et Paul Brochu, qui évolue aussi dans la sphère jazz-rock. Il a également accompagné de nombreux artistes français : Claude Nougaro, Barbara, Richard Bohringer, Jacques Higelin ou Mama Béa entre autres.
En France, il va bénéficier de l’aide du label JMS (fondé par Jean-Marie Salhani), et pendant 15 ans, de 1980 à 1995, enregistrer et éditer 14 disques.
Outre qu’il soit un excellent musicien, capable de jouer tous les registres, il est aussi très attentif à la transmission, à la pédagogie de la musique. A cet effet il met en place en 2001, le Centre des musiques improvisées, à Dammarie-Les-Lys. Initiateur d’un festival « Violons croisés » en 2011, toujours dans la même ville, il sera la même année, le parrain d’un festival « Violons et chants du monde » à Calais.
Pour l’avoir vu sur scène en 2006 à Fontenay-sous-Bois, dans le cadre d’un spectacle en duo, intitulé « Le Jazz et la Diva » avec la soprano Caroline Casadesus, j’ai eu l’occasion d’apprécier son talent, son humour, et sa générosité sur scène. Pédagogue autant qu’homme de scène, il avait récemment arpenté la scène du festival de Marciac où il avait fêté ses 40 ans de carrière en 2014, avant d’y revenir l’année dernière.
Reste sa discographie, nombreuse et variée (41 albums publiés entre 1978 et 2017!!), qui permet de rendre compte du talent de Lockwood, et de son insatiable curiosité à se frotter à des univers toujours différents.
Je vous laisse découvrir une petite sélection des univers musicaux « fréquentés » par Didier Lockwood.
Guillaume.
JonWayne, le Duke du hip hop
Et dire que ce disque aurait bien pu ne jamais voir le jour… “Rap album two”, c’est probablement le nom le plus balourd que l’artiste pouvait donner à son nouvel opus et pourtant, quelle tuerie!!!
L’artiste en question, c’est JonWayne et si vous ne le connaissez pas encore, c’est pas grave, le gars est plutôt du genre discret, malgré son physique de colosse, près de 2 mètres et un bon 120 kilos sur la balance. Ajoutez à ça le style de Hurley dans Lost, les bouclettes, la barbe fournie, JonWayne dénote dans le paysage hip hop et ça a bien failli lui coûter sa carrière.
Après avoir sorti plusieurs mixtapes et des albums studios assez discrets, le nom de JonWayne commence à résonner dans les oreilles des auditeurs de rap et le géant décroche la première partie d’un concert du Wu Tang en 2014, chez lui, en Californie; le rêve!!! Sauf que le public du collectif New Yorkais n’est pas prêt pour le son laid back et introverti de Wayne, pour son look non plus, on est loin de Method man, soyons clair!!! Pendant tout son set, le public le conspue, lui jette des bouteilles, on se croirait au concert d’Urban Peace au stade de France il y a quelques années… JonWayne finit par quitter la scène sans un mot et se replie sur lui-même pendant quelque temps.
Malgré tout, il continue de bosser sur ses sons, même si cette soirée continue de le hanter, il se concentre sur le beatmaking et commence à fréquenter les cercles des rappeurs expérimentaux Californiens, Earl sweatshirt, Tyler the creator etc… Ses beats sonnant plus East coast, ils sont peu demandés par les locaux, bien que son talent soit reconnus par ceux-ci. Il continue donc à rapper dessus et sort un “Rap album one” qui relance sa carrière sur les bons rails, puis nous tease avec la mixtape “JonWayne is retired”, complètement faux!!! En réalité, il bosse déjà sur ce “Rap album two”, sorti en Février 2017, qui lui, est une pure pépite! Un douze titres tout simplement génial, du pur hip hop classique, comme on les aime.
“Rap album two” est un album introspectif sur la vie du rappeur, sa dépression, sa bataille contre l’alcoolisme, bref, c’est pas avec ce disque que vous allez danser cet hiver, mais par contre quel plaisir musical, tout est léché, les rimes de JonWayne sont récitées à la perfection et la simplicité des instrus me rappelle un peu le dernier album de J.Cole “4 your eyez only”, elles sont, cela dit, excellentes!!! Peu de collaborations, hormis DJ Babu, de Dilated peoples ou Danny Watts, le jeune Texan et Zeroh, de la nouvelle scène Californienne.
Alors voilà, si vous osez passer la barrière de l’image de JonWayne, vous allez découvrir un artiste pas facile d’accès, mais bourré de talent et croyez moi, ce n’est surement pas la dernière fois que vous allez chevaucher le nouveau far west avec le cowboy du hip hop.
Laurent
Ulf Wakenius, Viking et wagabond musical.
Membre éminent de la tribu de musiciens nordiques qui ont fait « surface » sur la scène nordique du jazz dans les années 90, dans le sillage du regretté pianiste suédois Esbjörn Svensson, Ulf Wakenius guitariste-chanteur et oudiste, a publié en 2012 une véritable pépite musicale, « Vagabond« , publiée sur le label ACT. Ce guitariste a notamment accompagné Oscar Peterson au sein de son ultime quartet en 1997, de même qu’il fut membre du Ray Brown Trio. De 1985, année où il entama une carrière solo, à 2014, année de parution de son dernier bébé musical « Momento Magico », ce ne sont pas moins de 18 albums qui jalonnent la carrière de cet instrumentiste-compositeur talentueux.
A cet occasion, il s’est entouré de fines gâchettes, jugez plutôt : Vincent Peirani à l’accordéon, Lars Danielsson à la basse/ contrebasse, Michael Dahlvid à la maîtrise du darbouka et du cajon. En invités, rien moins que la chanteuse Youn Sun Nah qui nous offre une superbe reprise de « Message in a bottle » de Police, toute en douceur, en finesse, accompagné par le talentueux guitariste Nguyen Lê.
D’entrée de jeu, Wakenius, homme du grand nord, nous emmène faire un tour du Monde en musique, commençant par les contrées du sud, avec le titre éponyme « Vagabond », véritable joyau de sensibilité où son jeu de Oud fait merveille. Après le message dans la bouteille susurré par Youn Sun Nah, vient une évocation des terres bretonnes, laissant ici Vincent Peirani nous emmener en balade… Rien de plus agréable que de se laisser porter dans le sillage de ces mélopées celtes. « Psalmen » est un beau morceau, tout en douceur, une transition parfaite avant d’écouter « Breakfast in Baghdad », morceau sur lequel les sonorités mélangées des guitares, du oud, de l’accordéon, et de la voix, font merveille. S’en suit le très joli « Song for Japan ». « Bird & Bees », joli duo de cordes, voit cohabiter Eric Wakenius (fils de Ulf) et son père. « Praying », « Chorinho » (composé par Lyle Mays, musicien que l’on peut par ailleurs retrouver aux cotés du génial Pat Metheny, »Witchi-Tai-To », morceau de Jim Pepper, en hommage aux Indiens, premiers habitants des Etats-Unis d’Amérique, qui résonne démarre avec un tempo très sec, quasi obsessionnel, avant de laisser la place aux jeux de guitares, le tout dans une ambiance un peu lourde, et le final « Encore » signé du Keith Jarrett, repris à la guitare, ce qui lui confère une atmosphère très subtile, toute en finesse.
« Vagabond » est un très joli disque, tout en subtilité, servi par des musiciens talentueux, une magnifique promenade musicale au gré des terres ou continents évoqués. A écouter sans modération.
Guillaume.