Didier Lockwood laisse son violon muet, orphelin.
Il venait tout juste de fêter ses 62 printemps le 11 février dernier. Une semaine plus tard, sortant de scène après un concert, Didier Lockwood a succombé à une crise cardiaque. Musicien précocement talentueux, entouré d’une famille de musiciens (père violoniste, son frère Francis est un pianiste au talent reconnu), il entre à 13 ans au sein de l’orchestre lyrique du conservatoire de Calais. Bien qu’il fut d’abord attiré par le répertoire classique, c’est finalement vers le jazz, par l’influence de son frère Francis, qu’il se tournera. Repéré ensuite par le violoniste Stéphane Grappelli qui lui propose de l’accompagner en tournée, il va très vite se faire un nom, une réputation, ce qui lui vaudra des collaborations prestigieuses avec de très grands noms du jazz : Dave Brubeck, Gordon Beck, Michel Petrucciani, Miles Davis, Herbie Hancock, Marcus Miller, Elvin Jones, Martial Solal, Aldo Romano, André Ceccarelli ou encore la fratrie Marsalis…. que du beau linge, du talent au kilomètre…. et j’en passe.
En 1974, il intègre le groupe Magma (voir photo ci dessous), qui distille un jazz-rock puissant, plutôt que d’entrer au conservatoire national supérieur de musique et danse de Paris! C’est dire s’il a choisi son chemin!. Par la suite il va fonder un groupe de jazz-rock, DLG… (écoutez le disque DLG, paru en1993, avec Laurent Vernerey, Loic Ponthieux, Jean-Marie Ecay), puis rejoindre les membres de UZEB, groupe canadien formé de Alain Caron, Michel Cusson et Paul Brochu, qui évolue aussi dans la sphère jazz-rock. Il a également accompagné de nombreux artistes français : Claude Nougaro, Barbara, Richard Bohringer, Jacques Higelin ou Mama Béa entre autres.
En France, il va bénéficier de l’aide du label JMS (fondé par Jean-Marie Salhani), et pendant 15 ans, de 1980 à 1995, enregistrer et éditer 14 disques.
Outre qu’il soit un excellent musicien, capable de jouer tous les registres, il est aussi très attentif à la transmission, à la pédagogie de la musique. A cet effet il met en place en 2001, le Centre des musiques improvisées, à Dammarie-Les-Lys. Initiateur d’un festival « Violons croisés » en 2011, toujours dans la même ville, il sera la même année, le parrain d’un festival « Violons et chants du monde » à Calais.
Pour l’avoir vu sur scène en 2006 à Fontenay-sous-Bois, dans le cadre d’un spectacle en duo, intitulé « Le Jazz et la Diva » avec la soprano Caroline Casadesus, j’ai eu l’occasion d’apprécier son talent, son humour, et sa générosité sur scène. Pédagogue autant qu’homme de scène, il avait récemment arpenté la scène du festival de Marciac où il avait fêté ses 40 ans de carrière en 2014, avant d’y revenir l’année dernière.
Reste sa discographie, nombreuse et variée (41 albums publiés entre 1978 et 2017!!), qui permet de rendre compte du talent de Lockwood, et de son insatiable curiosité à se frotter à des univers toujours différents.
Je vous laisse découvrir une petite sélection des univers musicaux « fréquentés » par Didier Lockwood.
Guillaume.
Publié le 8 mars 2018, dans Chroniques, et tagué Didier Lockwood, jazz, jazz manouche, jazz rock, violon. Bookmarquez ce permalien. 4 Commentaires.
Merci pour cet hommage. Je note cependant une légère coquille :
Dave Brubeck et pas Dave Brucbeck (ah, sacré clavier ! ;-)) et Magma en jazz rock seulement gagnerait peut-être à voir le terme “progressif” accolé, non ? mais je chipote. C’est un groupe tellement à part…
Bien cordialement,
Bonjour Franck.
Oui les claviers sont de faux amis ! Je vais corriger les erreurs.
Cordialement.
Guillaume.
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