Archives Mensuelles: avril 2018
Elijah Blake, free at last…
Aussi talentueux comme auteur qu’en tant que chanteur lui-même, Elijah Blake nous revient après avoir quitter Def Jam, en indépendant sur le label Steel Wool et mon dieu que c’était une bonne idée!!! Pas que ses productions antérieures n’étaient pas de qualité, non, simplement, avec “Audiology”, on redécouvre un artiste libéré, qui drive son propre navire et avec le talent qui est le sien, c’est du lourd!!!
Le jeune Dominicain nous revient donc avec un deuxième album studio, deux ans après le très bon “Shadows and diamonds”, composé de quatorze titres, pour près d’une heure de bonheur musical, le ton me fait un peu pensé à un mix entre du Bruno Mars et Khalid, dont je vous avais parlé plus tôt cette année, cinq fois nominé aux Grammy depuis.
Le disque a des vibes 80’s et c’était le souhait de Blake, lui qui considère que cette décennie était la plus fournie en talent R’n’B/Pop avec évidemment Michael Jackson, mais aussi les plus beaux moments de Prince, l’une de ses idoles. Le single “Technicolor” illustre parfaitement cette tendance, j’ai eu l’impression de replonger dans le temps et de renfiler mon jean large et mon bomber’s pour aller aux après-midi du SMJ!!!
Assez de nostalgie, parlons actualité avec ce super disque où Elijah Blake dit avoir eu besoin de se sentir écouté par sa maison de disque et les producteurs et qu’être noyé dans la masse d’artistes chez Def Jam ne lui convenait plus, il a donc pris son envol et ce disque s’en ressent, il ne cherche pas le hit radio, il veut faire SA musique, du coup, on a des choses très variées, de l’up-tempo avec “Occupied”, par exemple, qui reprend la mélodie de “Around the way girl” de LL Cool J ou “Dopeamine” aussi. De la ballade bien sûr, avec notamment le superbe “Black and blue” et “Momma knows” qui est proche du Gospel.
Que ce soit sur du rapide ou du plus lent, Elijah se régale et nous aussi, mais le morceau dont je tenais vraiment à vous parler, c’est le bonus, “Hanging tree”, où l’artiste s’engage profondément dans les problèmes de société actuels aux Etats Unis, le retour des “White supremacists” avec la présidence de Trump. Il dit qu’il ne veut pas des chaînes de ses ancêtres, qu’il ne veut pas être une autre victime et finir sur les arbres de pendaisons.
La chanson est le premier single d’un album produit pour et par l’association Sankofa, créée par Harry Bellafonte, en collaboration avec de nombreux artistes, musicaux, cinéma et autres, pour donner une voix à ceux qu’on oublie et en faveur d’une justice égale pour tous.
L’album en question, “Broken window” bénéficiera d’un casting exceptionnel, avec des artistes tels que Nas, Sting, John Legend, Black Thought ou encore Joss Stone, à suivre dans une prochaine chronique, évidemment.
En attendant, je vous laisse découvrir l’immense talent d’Elijah Blake à travers ces quelques morceaux de son dernier opus.
Laurent
Il était une fois… 1968 ! sous les pavés… la musique!
1968, pour beaucoup, est une année particulière, charnière, dans l’histoire du 20ème siècle. Pêle-mêle, elle signifie la libérations des mœurs, l’apparition de la pilule pour les femmes, l’arrivée des drogues dures comme le LSD ou plus douces comme la marijuana aux Etats-Unis, le mouvement Yé-Yé en France, des mouvements sociaux inédits (Mai 68 en France, occupations de facs, d’universités, barricades, usines occupées…), le retour au pouvoir de Mao en Chine, suscitant un véritable culte, des philosophes français célèbres qui se positionnent, tels que Jean-Paul Sartre . C’est aussi une année violente avec le double assassinat, aux Etats-Unis, de deux figures que tout oppose, Martin Luther King, qui prône la non violence et l’égalité des droits entre blancs et noirs, de l’autre Kennedy, Robert, ministre de la Justice, candidat à l’élection américaine. Au Mexique, au cours des JO, deux athlètes noirs américains, Tommie Smith et John Carlos vont se signaler par un geste aussi symbolique que fort, pendant l’hymne de leur pays, à l’issue du podium de leur course : Lever leur poings recouverts de gants noirs, en signe de solidarité avec la cause de Martin Luther King. Après ce préambule, certes un peu long je vous l’accorde, je vais donc vous emmener sur les chemins de mon second rébus musical (petit rappel de principe : Trouver les titres de chansons cachés dans l’histoire ci-dessous), qui concerne donc l’année 1968.
Moi de de Mai. Il est 5H du matin. Paris s’éveille. Attablées en terrasse d’un café situé non loin du Panthéon, 2 jolies filles savourent leurs petits crèmes et croissants, tout en observant le manège qui s’offre à leurs yeux curieux. Celui d’une ville qui sort de son silence. Les 2 jeunes filles, en mode touristes, se nomment Lady Madonna, surnommée Jude, en mémoire d’une chanson qu’elle a aimé, originaire de Londres, et Maritza, habitante de Moscou. Elles partagent irrésistiblement l’envie de changer le monde, de faire partie de cette révolution, qui, aux quatre coins de la planète, touche leur génération. Elles à qui leurs parents disaient sans cesse « Fais pas ci, fais pas ça », savent que désormais rien ne sera plus comme avant. Aux garçons, elles pourront dire librement « c’est toi que je veux », elles ont désormais le droit de penser pour et par elles-mêmes! « What? we can think for ourselves!!?? » s’étonnent-elles tout haut en discutant!
Oui ce monde change, accélère, à vitesse grand V! leur génération l’a compris, qui partout où elle le peut, se lève! finie l’époque des femmes à la maison, des jeunes filles coinçées dans des éducations et tenues étriquées.. place à la liberté de penser, d’agir, de dire, de revendiquer, de se vêtir, d’aimer.
La politique entre comme par effraction dans la préoccupation de la jeunesse. Lady Madonna-Jude et Maritza n’y échappent pas, emportées par ce tourbillon qu’elles découvrent. Une jeunesse étudiante prête à tout casser pour se faire entendre, reconnaître enfin, par un pouvoir qui traitera cela de « Chienlit »… cette jeunesse, qui donc s’est ouvert aux produits interdits, écoute Mrs Robinson qui chante « Rain and Tears », ou veut s’envoler vers l’eldorado américain, où le credo « Born to wild » fait des émules. A Paris, les murs sont désormais des terrains d’expression écrite ou même d’affichage sauvage.
Le mouvement est général : la société, sa jeunesse étudiante, ses ouvriers, certains de ses artistes (voir Cannes 68) se rejoignent dans le grand mouvement de ce chambardement général générationnel. Loin de ces préoccupations franco-françaises, Lady Madonna-Jude et Maritza n’en perdent pas de vue que Paris est aussi LA ville de l’Amour. Parfois, au gré de leur déambulation parisienne, elles observent une fille qui aime un garçon. Banale situation, penserez-vous, sauf qu’en 68, cela n’était pas nécessairement évident de l’étaler au grand jour ! Les jours passent, la tension grandit à Paris et en province. La colère s’est répandue.
Les 2 amies, dont le séjour parisien fut plein d’inattendues surprises, de découvertes, décident de s’offrir une dernière virée dans un endroit fameux de Paris, « Au bal des Lazes », cabaret dansant qui n’existe plus de nos jours. Une dernière danse pour se dire adieu. Au rayon des regrets, elles ont un en commun : Ne pas avoir rencontré « de street fightin’ man » à la française. Un mélange de révolutionnaire et de romantisme, en version française. Elles se séparent, un brin mélancoliques. Si Lady Madonna-Jude rentre à Londres, Maritza, s’envole.. back to USSR. Elles se sont promises de se retrouver l’année prochaine, qu’un chanteur-pianiste-compositeur, appelé « l’homme à tête de choux », surnommera plus tard du qualificatif « érotique ».
Vivement 1969 donc!
Guillaume.
Les Soulections # 12 : Teddy Pendergrass
Alerte musique pour faire des enfants!!! Teddy Pendergrass est dans la place! On a affaire ici à un poids lourd de la soul suave et sensuelle. Ce type a une voix à faire fondre un igloo, mesdames, vous n’êtes pas prêtes…
La carrière de “Teddy Bear” a subi de nombreux rebondissements, nous y reviendrons plus tard, pour le moment, on va se concentrer sur l’immense talent de celui qui était considéré pour beaucoup comme le Marvin Gaye du label Philadelphia.
Comme nombreux chanteurs Soul, Teddy a commencé par le Gospel dès son plus jeune âge et plus tard, s’est tourné également vers la batterie, pour laquelle il avait également un talent certain, c’est d’ailleurs par là que sa carrière va véritablement se construire.
Il intègre “The cadillacs” comme batteur et tourne avec eux pendant un certain temps avant que le groupe ne fusionne avec une autre formation: Harold Melvin and the Blue Notes.
La fusion est un véritable succès et le groupe explose aux yeux du grand public avec des titres comme “Wake up everybody”, un morceau fait pour éveiller les consciences et repris par un sacré paquets d’artistes, mais surtout les deux tubes interplanétaires: “Don’t leave me this way” et “If you don’t know me by now” . Ces deux chansons, vous les connaissez forcément, le premier va devenir un standard du disco et sa reprise par Thelma Houston sera encore plus spectaculaire! Quant au deuxième, c’est l’un des slows les plus romantiques jamais écrit.
Pendant quelques années, tout marche comme sur des roulettes, sauf que, Teddy Pendergrass commence à faire sérieusement de l’ombre à Harold Melvin, le fondateur du groupe, qui supporte mal que la plupart des titres soient chantés par Teddy et que le groupe devienne au fur et à mesure, le sien. La séparation est inévitable et si Pendergrass va continuer sa carrière solo avec le succès qu’on lui connait, les Blue notes vont disparaitres des charts.
En 1977, Teddy sort donc son premier album éponyme et quel album!!! Avec “The whole town’s laughing at me” et “You can’t hide from yourself”, le crooner tient ses singles et le public est conquis!!!
Jusqu’en 1982, au rythme d’un disque par an et avec des titres inoubliables tels que “Love TKO” ou “Close the door” Teddy Pendergrass devient la nouvelle icône sexy, image de la virilité avec ses concerts réservés aux femmes (pleins à craquer), sa voix puissante et suave fait tourner les têtes jusqu’à ce jour de Mars 1982 où il est victime d’un terrible accident qui va le laisser paralysé des deux jambes.
L’accident fait en plus des dégats physique, une grosse polémique car la déclaration officielle est que la Rolls du chanteur n’avait plus de freins, sauf que, Teddy n’était pas seul dans la voiture, il était en compagnie d’un danseur transexuel ayant déjà été arrêté pour des faits de prostitutions, ce qui, à l’époque est un petit scandale, surtout pour un séducteur comme Teddy. Du fait que le chanteur ait dédommagé fortement le danseur et sa famille, certains ont supposé que ceux-ci étaient en train d’avoir des relations au moment de l’accident et que Pendergrass aurait perdu le contrôle du véhicule, rumeur ou faits, on ne saura jamais…
Cependant, la carrière de celui-ci est mise en suspens le temps de la rééducation et si, il continuera d’avoir du succès sur ses albums studios, il refusera de monter sur scène en fauteuil roulant jusqu’en 1985 où il fera son retour acclamé par la foule, lors du concert “Live Aid” à Philadelphie.
Après ça, il a continué à sortir des disques jusqu’à la fin des années 90 avec plus ou de moins succès à la fin, il a ensuite fait le choix de se retirer du monde de la musique et de se concentrer sur des oeuvres caritatives.
En 2009, Teddy Pendergrass est hospitalisé pour une opération suite à son cancer du colon, tout se passe bien en apparence et l’artiste peut rentrer chez lui pour reprendre des forces auprès des siens. Seulement quelques semaines plus tard, il doit être de nouveau hospitalisé pour des problèmes respiratoires et cette fois, il va rester au Bryn Mawr Hospital, chez lui en Pennsylvanie jusqu’à son dernier souffle sept mois plus tard, le 13 Janvier 2010.
Laurent
EIREM, la touche finale !
Tout a une fin. Après 11 albums en presque 20 ans (le premier date de 1998 « Solstice d’hiver »), EIREM, musicien fontenaysien, a donc décidé voilà quelques mois déjà de ne plus composer de musiques, de ne plus nous offrir son univers qui, subtilement le plus souvent, parfois moins, mélangeait les genres musicaux. Du rock planant, hard, à l’univers classique, en passant par les sonorités acoustiques ou électriques, les ambiances planantes (parfois un peu trop), voire spatiale. EIREM ne s’est rien refusé. Aussi, pour vraiment refermer son aventure musicale, il nous sert ce deuxième et ultime volet de « Voyages, best-of 2009-2017« , composé de 21 titres, qui fait la synthèse des 6 derniers albums, dont les titres suivent : « Nature Intemporelle » (2009) ; « Rencontres entre 2 mondes : Ciel et Terre » (2010) ; « Bonzai Zen » (2011) ; « Ange », inspiré de musiques de films (2015) » ; « Démon », d’après l’Enfer de Dante »(2015) ; « Blanche Neige » (Ode aux grands espaces enneigés, 2016).
Vrai alchimiste d’ambiances, de sons, il nous embarque dans une farandole musicale, un peu folle, certes, mais qui résonne joyeusement. Il sait aussi ne pas renier ses influences, comme l’illustre clairement le morceau « Bienvenu au Royaume de Mr. Nuage », où la référence à Jean-Michel Jarre est évidente. Son éclectisme, il nous l’offre en nous embarquant sur des ambiances asiatiques, latines, sans oublier les boucles technos, électroniques, sur fonds de synthés et bruitages de cinéma, ou encore des envolées symphoniques alliées au hard rock., le jazz, bref notre homme explore toutes sortes d’horizons, de pistes… ce qui fait sa force, mais constitue aussi une (petite) faiblesse, dans la mesure où de fait, le disque manque d’une certaine unité (je sais, un best-of, par définition montre une palette large, mais là pour moi, c’est un peu trop).
La seule chose que je mettrai en bémol, c’est donc le nombre de morceaux (21) qui figurent sur ce 2ème volet de ces « Voyages » musicaux. Cela me semble, mais ce n’est que mon avis, trop! une douzaine voire une quinzaine aurait largement suffit à faire de ce disque un best-of un parfait reflet de ce que EIREM aime à créer musicalement, par ses assemblages.
Néanmoins, comme le démontre ses 11 albums, ce best-of est agréable à écouter, par longues séquences, et peut donner l’envie de se replonger dans les albums précités.
Alors si vous aimez les kaléidoscopes musicaux, cet opus ne peut que vous plaire.
Guillaume.
# La playlist d’avril 18 : j’irai où tu iras…
Voyager, découvrir de nouveaux horizons, avril nous donne des envies d’ailleurs.
La playlist du mois vous accompagnera dans cette balade. A l’instar d’un Tour Operator, elle vous fera découvrir de multiples destinations : Londres, New-York, Venise, Bruxelles, Amsterdam, mais aussi le Finistère, Marseille, Paris, la Normandie…
Des paysages variés qui inspirent les artistes : leurs racines, leurs coins de paradis. Laissez-vous emporter dans ces pays connus ou inconnus. Évadez-vous !!
Bonne écoute !
Carine
The Roots, quand le hip hop prend vie sur scène.
Ladies and gentlemens, i give you … THE LEGENDARY ROOTS CREEEEEEWWWWW!!!
Je fais un peu le malin à commencer mon post en vous faisant une intro à la Jimmy Fallon, mais en réalité, je suis un peu frileux à l’idée de m’attaquer à un gros morceau comme le collectif de Philadelphie. Leur répertoire est tellement immense que c’est difficile d’en parler en quelques lignes sans faire du déjà vu, mais disons que pour les 30 ans de carrière (31 en réalité), je pouvais difficilement passer à côté, alors, je vais pas vous faire un historique, mais simplement mon ressenti sur la musique de ce groupe de génie.
J’ai entendu The Roots pour la première fois dans la nuit rap sur M6 (ça remonte, mine de rien…) avec le titre “Proceed” et je dois reconnaître qu’au départ, je trouvais ça sympa, mais décalé en comparaison de mes goûts de l’époque en matière de rap, on était quand même assez loin de ce que proposait le Wu-Tang, Redman, où du Gangsta rap Californien. Je me disais des instruments en live dans le rap?!? Bizarre… mais cool! En fait, mes jeunes oreilles musicales n’étaient pas encore prêtes à ce mélange étonnant et pourtant si logique.
Si pour moi, ça a commencé à la moitié des années 90, le point de départ, c’est la rencontre entre Tarik Trotter et Amir Thompson, alias Black Thought (le MC) et ?uestlove (le batteur), les 2 seuls membres présents depuis le début dans le line up, en 1987 et c’est une anecdote assez rigolote qui les a rapprochés, ils étaient au lycée et Black Thought avait été convoqué dans le bureau du proviseur pour avoir séché les cours, préférant fricoter avec sa copine de l’époque dans les couloirs du lycée, pendant qu’il se faisait réprimander, entre un autre élève, qui lui vient plutôt se faire bien voir, en apportant l’encas du proviseur. Les 2 protagonistes, déjà amoureux de musique connectent très vite, Questlove reproduisant les beats préférés de Thought, pour qu’il rappe dessus et c’est ainsi que l’histoire des Roots a commencé, mais j’ai promis de pas faire l’historique, je m’arrête donc là…
Pour en revenir à mon rapport avec leur musique, je dirais que c’est l’un des groupes qui m’a fait grandir musicalement parlant, qui m’a ouvert d’autres horizons, je me suis autorisé à écouter des morceaux de jazz, de rock etc… et sans The Roots et leurs lives légendaires, je n’y serais peut-être pas venu, pas si vite en tout cas et comme le nom du collectif le suggère, ils m’ont permis de découvrir les origines du hip hop, le jazz, le blues, la soul et j’en passe.
Si j’ai évolué au fil des années, eux aussi, aussi bien musicalement qu’au niveau du line-up, comme je le disais au début, hormis Quest et Black Thought, le collectif a été modifié très souvent, au gré des disponibilités et des changements d’orientations musicales des disques et même si depuis quelques années, le noyau reste inchangé avec Kamal Gray, James Poyser, “Tuba” Gooding Jr et “Captain Kirk Douglas notamment, d’autres figures importantes du hip hop sont passés par le Roots crew, Malik B. qui était le second rappeur au début du groupe, mais aussi Scott Storch (Eh oui!!!), le hitmakers peut-être le plus prolifique des années 2000, vous savez “Still Dre”, “Baby boy” ou “Poppin’ them thangs” c’était lui et j’en passe… Enfin, comment ne pas mentionner Rahzel? The human beat box himself était un membre important des Roots pendant six ans, ses performances vocales restent inoubliables et même si sa carrière solo n’a pas décollée comme elle l’aurait pu, le gars est un incontournable dans son art.
The Roots, pour moi, comme pour nombreux amateurs de rap Français entre 90 et 2000, c’est aussi leurs instrumentaux uniques, repris pour les freestyles de nos mc’s hexagonaux quand Generations ne ressemblait pas encore autant à Skyrock, les émissions de DJ Mars, Logilo, Pone et les autres regorgeaient des instrus de “Clones”, “Episodes” ou encore “The next movement”, y’en a qui se sont régalés, je crois même de mémoire, que le jingle de Générations à l’époque c’était sur l’instru de “Clones”.
Autre chose, je vous ai souvent parlé des Soulquarians dans mes chroniques précédentes, bah, sans Questlove, pas de Soulquarians, c’est lui et D’Angelo qui ont lancé ce concept, plus tard sont venus se greffer James Poyser et J.Dilla pour former le quatuor de base qui nous a offert des morceaux mythiques, mais sans le batteur à l’afro légendaire, pas de Soulquarians, on serait quand même passé à côté de quelquechose non? Je vous mets un p’tit doc qui va rapidement vous retracer l’histoire de ce collectif.
Alors, vous saviez que ces 4 là étaient à l’origine de tous ces classiques? Etonnant non? Bref, tout ça pour dire qu’autour de The Roots, ont gravités pas mal d’artistes de légendes et que sans ces collaborations, leurs carrières n’auraient peut-être pas été ce qu’elles sont aujourd’hui. The Roots, c’est un état d’esprit aussi et des artistes tels que Common, Talib Kweli, Erykah Badu ou Jill Scott, s’inscrivent parfaitement dans cette dynamique.
Bon j’ai quand même déjà bien blablaté (et je le savais en commençant à écrire, tant ce groupe me passionne), mais je vous ai pas trop parlé de leur discographie et pourtant, avec onze albums studio, des lives, des albums en collaboration avec John Legend ou Elvis Costello, y’a de quoi faire… J’ai promis de pas refaire l’historique des disques, je vais juste vous sortir mes 5 morceaux préférés des Roots (C’EST PAS FACILE!!!) et laisser la playlist parler d’elle-même après ça, petite précision, ils ne sont pas par ordre de préférence, la ça aurait été mission impossible!
1.You got me sur “Things fall apart”
En featuring avec Erykah Badu et Eve, Black Thought nous raconte son histoire d’amour à distance, avec une fille, interprétée par Eve, il traite de la confiance dans un couple, des problèmes avec l’entourage, bref, d’amour complexe. Le morceau, crée par Scott Storch, était, à la base pour Jill Scott, mais Questlove, n’a pas pu s’empêcher de le piquer à sa copine pour son album.
2. What they do? sur « Illadelph Halflife »
L’un des tout premiers morceaux qui m’a fait accroché The Roots, qui nous raconte leur vision du hip hop et tout le mal que l’industrie musicale a pu lui faire, le clip en est l’illustration absolument géniale, où tous les clichés bling bling sont démontés en 5 minutes.
3. How i got over sur « How I got over »
Un véritable manuel sur ce que c’est de grandir dans les rues froides de Philly et comment s’en sortir et faire les bons choix. Dans ce morceau Thought, alterne rap et chant avec brio, trop de talent ce gars et pas d’autotune!!!
4. Now or never sur « How I got over »
Black Thought partage le mic avec Dice Raw et Phonte pour avoir une réflexion sur les changements de vie passé la quarantaine, sur le fait qu’il faille prendre le taureau par les cornes, maintenant ou jamais. Ici les percus de Quest me donnent une pêche incroyable!
5. Guns are drawn sur « Tipping point »
L’une des chansons les plus révoltées des Roots, aussi bien au niveau rythmique que textuel, la batterie frappe fort, les rimes de Black Thought sont aiguisées comme jamais et le refrain de Son Little aurait eu toute sa place dans un classique de Reggae.
Il va bien falloir que je m’arrête d’écrire à un moment quand même, mais voilà, vous l’aurez compris, c’est un de ces groupes qui me tiennent à coeur alors je m’emballe un peu, sur ce, j’espère avoir pu vous faire partager ma passion pour The Roots, en espérant un prochain album… “End game”, le douzième opus qui est prévu normalement pour cette année. Vous pouvez retrouver les Roots avec Jimmy Fallon dans le Tonight show, où ils sont le groupe qui accompagne l’émission et en plus d’être l’ambiance musicale, ils participent souvent au côté comique du show et ça marche vraiment pas mal, la preuve ici et là et sinon vous pouvez toujours retrouver Black Thought dans le rôle de Reggie Love, dans la série The Deuce, dont je vous avais parlé il y a peu.
Pour finir donc, je vous ai concocté une petite playlist (surtout ne pas rater le freestyle de Tarik à la fin et le Tiny Desk pour « It ain’t fair ») et deux lives, dont un du fameux picnic organisé par The Roots, chaque année à Philadelphie, celui-ci, date de 2015 et vous réserve quelques gros guests surprise…
Laurent
Higelin s’est envolé….
Fin de semaine ensoleillée sur Paris. Le printemps est presque là… mais un homme ne le verra pas arriver.
La nouvelle est arrivée, si abrupte. Jacques Higelin, éternel gamin de 77 ans, qui se faisait discret depuis quelques mois (peu de concerts, pas d’apparition télés ou presque) s’est éteint. Sa longue silhouette surmontée de ses cheveux gris en bataille, son visage éclairé de son rire éternellement juvénile et malicieux, son propos aussi rare que précieux, provoquant, nous ne les verrons plus. Higelin, chanteur-musicien-compositeur engagé, mais aussi acteur-poète, se frottait à tous les genres et chapelles, depuis sa période avec Areski Belkacem et Brigitte Fontaine, jusqu’à ses travaux avec Rodolphe Burger sur l’un de ses derniers albums, était aussi et avant tout un homme qui aimait les mots. Vian, Trenet, Duras, Brassens. Il était éclectique par goût et par envie.
Il était un personnage à part dans l’univers de la chanson française. Humour grinçant, un brin cynique, timide, sur scène il se transformait véritablement et occupait tout l’espace. Pour l’avoir vu 2 fois, au Printemps de Bourges (festival qu’il a inauguré avec Charles Trenet en 1977), puis à Bercy, il avait ce charisme, cette chaleur humaine communicative, cette simplicité que l’on peut retrouver chez Jean-Louis Aubert, M, Alain Souchon entre autres.
Fasciné par Charles Trenet, et déjà musicien, il auditionne en 1954 au cabaret « Les 3 baudets » dirigé par Jacques Canetti. Ce dernier, le trouvant trop jeune, lui donne rendez-vous « dans 10 ans ». Il rencontre également le clarinettiste Sydney Bechet sur la comédie musicale « La Nouvelle-Orléans ». Il fera par la suite la connaissance de Henri Crolla, proche collaborateur de Yves Montand. 1964, grâce à Brigitte Fontaine, marque ses retrouvailles avec Jacques Canetti,qui lui fera enregistrer un texte de Boris Vian, « Je rêve ». Ce titre figurera sur une compilation « Boris Vian, 100 chansons », aux côtés d’interprètes comme Pierre Brasseur, Serge Reggiani, Catherine Sauvage entre autres. En 1965, Pierre Barrouh, fondateur du label Saravah, qui va lui permettre de faire ses premiers disques.
Dans les années 70, Higelin, amateur de textes, se tourne vers le rock, et enregistre « BBH75 » avec la participation de Louis Bertignac, qui ira ensuite chez Téléphone. Il livrera des albums par la suite des albums qui marqueront le public, « Champagne pour les uns » et « Caviar pour les autres », « Irradié », « Alertez les bébés ».. sans parler donc des albums live tels que « Higelin à Mogador », « Casino de Paris »(endroit où il fit notamment un rappel seul au piano qui dura… 2H!!), « Higelin à Bercy »… qui retracent des moments de communion avec son public, lors de prestations parfois très longues, tant il était généreux. Cette générosité, les fontenaysiens et fontenaysiennes avaient pu la mesurer quand en 1977, le grand Jacques s’était produit au Gymnase Léo Lagrange, et qu’il ne voulait plus quitter la scène! Il avait marqué les esprits ce soir-là!
En 1988, il publie le très beau » Tombé du Ciel », dont la chanson titre sera un succès, sur lequel figure une chanson en l’honneur de la naissance de fille, Izia, petite sœur d’un certain Arthur H. S’en suivront « Illicite », « Aux héros de la voltige », « Paradis païen », « Amor Doloroso », et le dernier « Higelin 75 », paru en 2016.
En 2015, il avait écrit un livre « à 2 voix » avec la journaliste Valérie Lehoux, intitulé « Je vis pas ma vie, je la rêve ».
Cet artiste aura écrit parmi les plus belles pages de la chanson française de ces 40 dernières années. Le baladin-rêveur s’en est allé, discrètement.
Il va nous manquer.
Guillaume.
Don’t fuck with the Peaky Blinders!!!
Après les vendettas Napolitaine de Gomorra, continuons notre voyage en séries à travers l’Europe vers les rues crasseuses du Birmingham des années 20 en compagnie des Peaky Blinders. La série Anglaise de Steven Knight est librement inspiré d’un gang du quartier de Small Heath à Birmingham, les Peaky Blinders, qui selon ce qui est su de ce groupe, tiraient leur surnom de leur fameux béret, dans lequel une lame de rasoir était cachée sous la visière, avec laquelle ils frappaient leurs opposants au visage et les aveuglait.
Evidemment, la série romance pas mal l’histoire et nous rend les protagonistes un peu plus chevaleresques qu’ils n’étaient en réalité. Cela dit, la qualité de l’écriture est bien au rendez-vous, sans parler du casting 4 étoiles que vous allez découvrir, Cilian Murphy, dans le rôle de Thomas Shelby, le leader familial, on retrouve également Sam Neill, Tom Hardy, Helen McRory ou encore Adrien Brody et c’est juste un aperçu… Bref, vous allez suivre la vie de cette famille pas comme les autres et un petit moment d’histoire Anglaise d’entre deux guerres. Préparez-vous, violence, trahisons et tout ce qui va avec sont au programme.
Musicalement parlant, c’est la surprise, car pour une histoire qui se déroule dans les années 20, on ne s’attend pas à entendre du rock moderne et de l’électro, d’ailleurs je n’aurais jamais cru que ça fonctionnerait et pourtant… c’est tout simplement génial!!!
Déjà, le générique pose les bases avec Nick Cave and the bad seeds et leur “Red right hand” qui nous mettent de suite dans le bain, ca sent la transpi et la crasse comme les rues de Birmingham. C’est eux que l’on retrouvera le plus souvent dans la bande originale, mais aussi les White Stripes, PJ Harvey ou encore les Arctic Monkeys et même Tom Waits.
Je vais pas faire semblant d’être un connaisseur en Rock, je laisse ça à Guillaume, tout ce que je peux dire, c’est que le choix anachronique est un vrai coup de maître, la bande son se marie parfaitement à l’action et je crois bien que c’est la première fois que ça marche aussi bien pour moi, je ne suis pas fan de ce choix habituellement, mais là, je me dis que si Knight avait choisi de la musique d’époque, ça aurait peut être été un peu trop et là, c’est tout simplement parfait! Donc, je vais en rester la sur la musique et laisser la playlist parler d’elle-même.
Je conclurais sur la performance des acteurs et particulièrement de Cilian Murphy, que j’ai toujours trouvé talentueux, mais qui là, sublime le personnage de Tommy Shelby, son regard, son sang froid et ses accès de folie en font un perso à part, inoubliable…
Ah oui, une dernière chose… DON’T FUCK WITH THE PEAKY BLINDERS!!!
Laurent
Il était une fois… 1967!
… Contrairement à mon ami et collègue Laurent, qui se concentre à vous faire découvrir, via une nouvelle série dont il a le secret, les musiques des années 80 (à partir de 1981), année par année, moi j’ai décidé de me concentrer sur la période de la fin des 60’s, soit à partir de… 1967 jusqu’en 1980…. Question de génération 🙂 ! Mais plutôt que de vous égrainer une série de titres ayant marqués cette fameuse année 1967, je vous propose un petit jeu en forme de rébus musical : A travers une petite histoire inventée de toutes pièces, ce sera à vous de retrouver les titres cachés et donc leurs interprètes, même si certains, j’en suis sûr, vous sembleront évidents. A vous de jouer donc! Et je procèderai ainsi pour les années qui suivront, jusqu’en 1980.
1967. Alors que j’étais en vacances à San Francisco, ville dont un ami m’avait dit un jour « si tu dois aller quelque part en vacances, alors… « Let’s go to San Francisco »! Cette ville, connue pour ses brumes et son pont rouge mythique (bizarrement nommé Golden Gate Bridge), entourée de collines, où furent tournés films et séries télévisées (« Bullit », « Street of San Francisco »…), allant même jusqu’à devenir le repaire des hippies, qui se donnaient tous rendez-vous en haut de la colline, devant une maison bleue, oui cette ville venteuse, m’avait-il dit, est magique! Là bas, quand le matin se lève, la lumière est belle, somptueuse, donnant aux maisons en couleurs tout leur éclat!
Un matin donc, au lever du soleil, en me promenant sur Penny Lane Avenue, je rencontrai une fille, prénommée Alice, qui marchait comme un garçon. Après avoir fait sa connaissance, au cours de longues discussions, nous avons vécu un bel amour d’été, fréquentant notamment le Strawberry Field Café, devenu notre quartier général. Un endroit superbe, cosy avant l’heure, avec aux murs des portraits des Beatles, de Jimi Hendrix, des Doors…. mais aussi d’artistes français comme Françoise Hardy, Eddy Mitchell ou Johnny Hallyday. Une brown-eyed girl comme disent les américains! Elle me répétait à tue-tête : « I’m waiting for my man »… Et moi, secrètement, d’espèrer que ce soit moi! Car oui… belle Alice… all you need is love, me disais-je ! Pour cela j’étais prêt à lui faire des déclarations, à lui écrire jour après jour des letters enflammées, pour lui prouver combien je l’aimais.
Mais Alice, fille appréciant plus que les paradis perdus, ne se détachait jamais de Lucy in the Sky with Diamonds… triste quotidien pour une aussi jolie fille constatai-je, écoeuré !!! c’était son côté obscur, son dark side comme on dit là-bas. L’été filait doucement à San Francisco. Bien qu’il me parut léger au début avec elle à mes côtés, je le voyais s’assombrir, davantage chaque jour devenir un enfer. Au point qu’un soir, elle se montra très sérieuse face à moi et sans se départir m’annonça : « Tu sais, ce soir est notre dernière valse… Je suis venue te dire « Bye Bye Prêcheur »…. Ne m’attendant certes pas à cette annonce, me retrouvant dans la position du boxeur sonné, acculé dans les cordes, je ne suis pas resté avec elle jusqu’au bout de la nuit. J’aurai dû. Le lendemain matin, elle fut retrouvée inanimée, sur le sol de sa chambre, le corps aussi dur que du bois. Triste, me sentant impuissant, je terminai cet été de la pire des façons. Un vol San-Francisco-Paris, et l’envie d’oublier ce rêve qui a viré au cauchemar. Le besoin de me reconstruire, with a little help from my friends. Je me suis dit : « Vivement 1968 ».
Guillaume.
Nos Samples Rendez-Vous #26 : Ja Rule et Ashanti/ Patrice Rushen
Always there when you call, always on time… allez, si vous avez écouté un peu de hip hop dans les années de 2000, vous avez forcément entendu ce refrain et la grosse voix de Ja Rule qui rappe les couplets, ça y est? Ca vous revient? C’était la belle Ashanti, compère historique du rappeur qui était en charge du refrain.
C’était la grosse période ou Ja Rule régnait sur le rap mainstream New Yorkais, il était une sorte de DMX édulcoré et ses nombreux duos avec les chanteuses R’n’B de l’époque lui ont garantit un succès pendant une petite dizaine d’années.
Le morceau dont il est question aujourd’hui, c’est, vous l’aurez compris, “Always on time”, ou le New Yorkais reprend le standard de la chanteuse funky Patrice Rushen.
Si vous ne la connaissez pas forcément, vous avez malgré tout sans doute déjà entendu ses tubes, “Always on time” donc ou le plus connu de tous, “Forget me nots”, repris par un certain Will Smith pour la B.O de Men in black.
La chanteuse tressée à a son actif une bonne douzaine d’albums entre 1974 et 1997 et a connu un beau succès pendant l’ère du disco et de la funk. Cependant, vous ne retrouverez pas ce morceau sur l’un des albums de Patrice, il a en fait été enregistré pour la collection “Unwrapped” du label Hidden beach, sur le volume 2.
Ces disques qui étaient, à l’origine, fait pour rester uniquement, à disposition du label, sont tombés dans l’oreille des DJ locaux, qui ont complètement halluciné du niveau de ces disques et du coup, ont poussé pour sortir ceux-ci, et heureusement pour nous, on serait passé à côté de sacrées pépites!!!
Quoi qu’il en soit, Rule, lui en a bien profité et ne s’est pas trop cassé la tête, le refrain est identique, la mélodie aussi, ils ont juste ajouté des grosses basses et le tour était joué, pour le plaisir de nos oreilles.
Laurent