Archives du 25 avril 2018
Il était une fois… 1968 ! sous les pavés… la musique!
1968, pour beaucoup, est une année particulière, charnière, dans l’histoire du 20ème siècle. Pêle-mêle, elle signifie la libérations des mœurs, l’apparition de la pilule pour les femmes, l’arrivée des drogues dures comme le LSD ou plus douces comme la marijuana aux Etats-Unis, le mouvement Yé-Yé en France, des mouvements sociaux inédits (Mai 68 en France, occupations de facs, d’universités, barricades, usines occupées…), le retour au pouvoir de Mao en Chine, suscitant un véritable culte, des philosophes français célèbres qui se positionnent, tels que Jean-Paul Sartre . C’est aussi une année violente avec le double assassinat, aux Etats-Unis, de deux figures que tout oppose, Martin Luther King, qui prône la non violence et l’égalité des droits entre blancs et noirs, de l’autre Kennedy, Robert, ministre de la Justice, candidat à l’élection américaine. Au Mexique, au cours des JO, deux athlètes noirs américains, Tommie Smith et John Carlos vont se signaler par un geste aussi symbolique que fort, pendant l’hymne de leur pays, à l’issue du podium de leur course : Lever leur poings recouverts de gants noirs, en signe de solidarité avec la cause de Martin Luther King. Après ce préambule, certes un peu long je vous l’accorde, je vais donc vous emmener sur les chemins de mon second rébus musical (petit rappel de principe : Trouver les titres de chansons cachés dans l’histoire ci-dessous), qui concerne donc l’année 1968.
Moi de de Mai. Il est 5H du matin. Paris s’éveille. Attablées en terrasse d’un café situé non loin du Panthéon, 2 jolies filles savourent leurs petits crèmes et croissants, tout en observant le manège qui s’offre à leurs yeux curieux. Celui d’une ville qui sort de son silence. Les 2 jeunes filles, en mode touristes, se nomment Lady Madonna, surnommée Jude, en mémoire d’une chanson qu’elle a aimé, originaire de Londres, et Maritza, habitante de Moscou. Elles partagent irrésistiblement l’envie de changer le monde, de faire partie de cette révolution, qui, aux quatre coins de la planète, touche leur génération. Elles à qui leurs parents disaient sans cesse « Fais pas ci, fais pas ça », savent que désormais rien ne sera plus comme avant. Aux garçons, elles pourront dire librement « c’est toi que je veux », elles ont désormais le droit de penser pour et par elles-mêmes! « What? we can think for ourselves!!?? » s’étonnent-elles tout haut en discutant!
Oui ce monde change, accélère, à vitesse grand V! leur génération l’a compris, qui partout où elle le peut, se lève! finie l’époque des femmes à la maison, des jeunes filles coinçées dans des éducations et tenues étriquées.. place à la liberté de penser, d’agir, de dire, de revendiquer, de se vêtir, d’aimer.
La politique entre comme par effraction dans la préoccupation de la jeunesse. Lady Madonna-Jude et Maritza n’y échappent pas, emportées par ce tourbillon qu’elles découvrent. Une jeunesse étudiante prête à tout casser pour se faire entendre, reconnaître enfin, par un pouvoir qui traitera cela de « Chienlit »… cette jeunesse, qui donc s’est ouvert aux produits interdits, écoute Mrs Robinson qui chante « Rain and Tears », ou veut s’envoler vers l’eldorado américain, où le credo « Born to wild » fait des émules. A Paris, les murs sont désormais des terrains d’expression écrite ou même d’affichage sauvage.
Le mouvement est général : la société, sa jeunesse étudiante, ses ouvriers, certains de ses artistes (voir Cannes 68) se rejoignent dans le grand mouvement de ce chambardement général générationnel. Loin de ces préoccupations franco-françaises, Lady Madonna-Jude et Maritza n’en perdent pas de vue que Paris est aussi LA ville de l’Amour. Parfois, au gré de leur déambulation parisienne, elles observent une fille qui aime un garçon. Banale situation, penserez-vous, sauf qu’en 68, cela n’était pas nécessairement évident de l’étaler au grand jour ! Les jours passent, la tension grandit à Paris et en province. La colère s’est répandue.
Les 2 amies, dont le séjour parisien fut plein d’inattendues surprises, de découvertes, décident de s’offrir une dernière virée dans un endroit fameux de Paris, « Au bal des Lazes », cabaret dansant qui n’existe plus de nos jours. Une dernière danse pour se dire adieu. Au rayon des regrets, elles ont un en commun : Ne pas avoir rencontré « de street fightin’ man » à la française. Un mélange de révolutionnaire et de romantisme, en version française. Elles se séparent, un brin mélancoliques. Si Lady Madonna-Jude rentre à Londres, Maritza, s’envole.. back to USSR. Elles se sont promises de se retrouver l’année prochaine, qu’un chanteur-pianiste-compositeur, appelé « l’homme à tête de choux », surnommera plus tard du qualificatif « érotique ».
Vivement 1969 donc!
Guillaume.