Archives Mensuelles: août 2018

Stradivarius, l’homme qui inventa LE violon.


Stradivarius. Ce nom aujourd’hui célèbre dans le monde entier, mais surtout dans le monde de la musique classique, désigne habituellement et surtout un instrument précis : Le violon. Car qui détient un stradivarius est en règle générale un(e) instrumentiste de haut vol, un(e) virtuose de l’instrument. Un Stradivarius, pour un violoniste, c’est une sorte de Graal.

Mais d’où vient donc ce nom vous demandez-vous certainement? Il est tout simplement celui de Antonio Giacomo Stradivari alias Stradivarius.  L’homme, qui a vécu à cheval sur le 17ème et le 18ème siècle, fut un luthier qui devint célèbre surtout pour la qualité des violons qu’il confectionna. Loin de se contenter du seul violon (on en compta jusqu’à 600 fabriqués), ce sont également des violoncelles (50), des altos (12) ainsi que des guitares (3) que le Maestro fit naître de ses mains virtuoses.

Sa renommée fait de lui un fournisseur des plus grandes cours d’Europe de l’époque. Elève d’un luthier nommé Antonio Amati, il aurait si bien retenu l’art de son maitre-mentor qu’il s’en inspira fortement dans la manière qu’il a eu de façonner ses instruments. Prolifique, le génial artisan italien a semble-t-il connu plusieurs grandes périodes dans sa carrière de Luthier. Les spécialistes en dénombrent 3 : La première, qui se situe entre 1680 et 1700, est celle où Stradivarius façonne des instruments proches dans leur finalité de ceux de Amati. Ensuite, de 1700 à 1710, la lutherie évoluant, et surtout les musiciens étant amenés à se produire dans des salles de plus en plus grandes, la nécessité d’avoir des instruments aux sonorités plus développées, plus puissantes, se fait jour afin de contenter le public ainsi que les musiciens-musiciennes.

La 3ème période, qui démarre dès 1709, couvrira les années 1725-1727, concidérées comme les plus prolifiques et qualitatives. L’âge d’or du Maitre (Maestro) luthier.

Les 7 dernières années de sa vie (1786-1793), Stradivarius dirigera son atelier soutenu par ses deux fils ainsi que Carlo Bergonsi, son dernier élève. Après son décès, à 93 ans, à Cremone, ville qui l’avait vu naître, ses deux fils continueront son œuvre mais sans le même succès car ils ne possédaient pas le même savoir-faire que leur aîné. De son œuvre, du millier de pièces fabriquées, conçues, ciselées, passées entre les mains du Maestro, il en resterait aujourd’hui environ 700. A ce jour, le plus anciennement daté qui soit connu remonte à 1666, et fut acquis en 1900 par le luthier Charles Paul Serdet.

Aujourd’hui, en ce début de 21ème siècle ultra moderne, connecté, si le métier de luthier existe encore, fort heureusement, la célébrité du nom Stradivarius n’est plus à faire : Yehudi Menuhin, Itzhak Perlman, Maxime Vengerov, Renaud Capuçon. La rareté de l’instrument, sa facture particulière, sa sonorité spécifique, bien que concurrencées aujourd’hui par des violons modernes, font du Stradivarius, à travers ses différents modèles conçus, un instrument très prisé et très cher (on parle ici de plus de 2 millions de $ ).

Je vous laisse en compagnie de quelques-uns des très grands violonistes qui ont eu le privilège rare de jouer sur un Stradivarius  au cours de leur carrière.

Guillaume.

 

Songhoy Blues – Résistance


Ce qu’il y a de bien dans les bibliothèques, c’est de se laisser entraîner par les hasard de leurs rangements, de fouiller dans le bac des retours pour faire des découvertes. C’est ainsi que je suis tombée sur un Cd d’un rouge profond, avec un très beau guépard encadré de quatre silhouettes qui vous regardent.

Et grand bien m’en a pris, c’est extra !

Après un coup d’oeil à la jaquette grâce auquel je comprend que c’est un groupe malien, je lance le CD. Et tout commence par une guitare bien rythmée, accompagnée d’électronique, puis arrive une batterie, et enfin une voix. On est tout de suite embarqué par la musique, par cet ensemble qui dégage énergie et fougue. Ce premier titre s’intitule “Voter”. Il n’est pas chanté dans une langue que je comprend mais le titre intrigue aussi.

C’est à ce moment-là qu’un petit texte de présentation du groupe en quatrième de couverture me donne une clé : Songhoy Blues est, d’après ses propres termes (traduit par mes soins), “un groupe qui a commencé pendant une guerre civile, pour protester contre l’interdiction de la musique, pour créer du positif dans l’adversité.” Effectivement, après consultation sur l’internet mondial (de Scully et Mulder, vous connaissez, non?!), j’apprends que Songhoy Blues est né de l’exil de quatre jeunes musiciens originaires du Nord Mali tombé en 2012, sous la coupe d’organisations djihadistes qui condamnent et interdisent la musique. Tombouctou doit devenir silencieux. Pour échapper à cet enfermement, ils s’exilent à Bamako où, de leur rencontre, naît Songhoy Blues pour dépasser la terreur et affirmer les confluents culturels et musicaux du Mali dans des paroles, dans la musique même et dans le projet de ce groupe.

Songhoy Blues nous parle donc de liberté, de choix, d’appel à la résistance. On y écoute les chaudes nuits de Bamako endiablées et chantantes, les espoirs et la volonté de rester positifs grâce à la musique. Et si on entend la tradition malienne dans leur musique, on y entend aussi qu’il ne peut y avoir de frontières en musique : de l’électro, du world blues ouvert à tous les courants, un peu de funk pour réjouir toutes les oreilles.

Découverts par Damon Albarn, leader de blur et Gorillaz, grâce à son projet Africa Express qui furette à la recherche de talents africains, ils accueillent sur ce deuxième disque des invités prestigieux et internationaux : Iggy Pop, Steeling Sheep ou encore le rappeur Elf Kid par exemple.

En bref, des musiques métisses, un rythme entrainant, une voix pour la liberté et de la chaleur composent un album à écouter absolument ! Pour le découvrir, rendez-vous à la médiathèque, sur leur chaîne Youtube ou sur leur site.

Bonne écoute !

Elodie

Jorja Smith, nouvelle pépite de la Soul Anglaise.


 

A mi-chemin entre une Sade 2.0 et une Amy Winehouse moins déjantée, devant nos yeux ébahis, voici la future reine de la Soul Anglaise, la jeune Jorja Smith. Avec son “Lost and found”, elle nous propose, ce qui est pour moi, le plus beau disque de l’été.

A seulement 20 ans, Jorja Smith démontre une maîtrise impressionnante de sa musique, de sa voix empreinte de mélancolie, mais de sensualité aussi. Ce premier album studio ressemble plus à une confirmation qu’à un début de carrière tant le disque est un sans faute. Il faut dire que la jeune Anglaise a pris son temps pour le sortir et que depuis le premier single “Blue lights” en 2016, qui la montrait comme une artiste engagée avec le sujet brûlant des violences policières, elle a, de session studio en collaboration, peaufinée son art et son disque pour nous proposer cette petite merveille.

Composé de douze titres, “Lost and found” ne nous fait pas ressentir de temps faibles, pas de raté, il fait parti de ces disques qu’on peut laisser tourner sans se poser de question, qui va ambiancer vos soirées autour d’un bon repas ou vous bercer sur le chemin de vos vacances.

Jorja Smith est déjà encensé par les plus grands artistes actuels de la musique urbaine noire, de Kendrick Lamar à Drake, tout le monde se l’arrache et ce disque devrait vraiment la révéler au yeux du grand public.

Je ne vais pas en écrire des tonnes parce que si vous n’avez pas déjà eu l’occasion de tomber sur une chronique du disque ou sur une interview de la belle Jorja, je pense que ça ne va pas tarder, je préfère donc mettre en avant les 3 morceaux que j’ai préféré, à savoir “Blue lights” bien sûr, son sample envoûtant et l’inspiration de la chanteuse ont suffit à lancer l’album 2 ans auparavant. “On your own” qui est mon morceau favori du disque, la simplicité de la mélodie ne fait que mettre en lumière la superbe voix de miss Smith et puis “Teenage fantasy”, qui malgré un thème déjà abordé avec Alicia Keys par exemple ou Stacy Latisaw, ne semble pas redondant, mais alors pas du tout.

Je vous laisse maintenant vous perdre et vous retrouver avec Jorja Smith, mon coup de coeur de l’été…

 

Laurent

Hugh Coltman, dandy de la scène.


Avant que nous achetions son album « Who’s happy« , j’avoue que j’ignorais totalement qui était Hugh Coltman.

J’ai donc découvert l’univers de ce chanteur, né en 1972 dans le sud de l’Angleterre, d’abord par le biais de son dernier album (pochette ci-contre), qui est un savoureux mélange de blues, d’ambiance swing rappelant furieusement les fanfares de la Nouvelle-Orléans, mais également la folk anglaise. Ce grand gaillard à l’allure d’éternel étudiant était sur la scène du Parc Floral de Vincennes, le 8 juillet dernier, dans le cadre de la programmation du Festival de Jazz, qui a lieu chaque année dans ce joli cadre.

Entouré d’une joyeuse bande talentueuse de 7 musiciens, avec une forte section cuivrée (saxophone, clarinette, trompette, soubassophone), Hugh Coltman, dont le minois ravira sans doute ces dames, est un chanteur dont le timbre se situe entre Harry Connick Jr. et Sting. Pendant une heure et demie, rappels compris, il a enchanté le nombreux public présent malgré la chaleur écrasante, par sa qualité vocale, un art consommé de la scène, et bien sûr par des morceaux qui sont chacun de purs joyaux, écoutez pour cela « Civvy Street » ou « It’s your Voodoo working », le très beau « resignation letter » qui évoque avec malice la lettre de démission qu’il apporta à son patron lorsqu’il travaillait comme veilleur de nuit dans un hôtel parisien en attendant de pouvoir vivre complètement de son art. L’album se termine par le très beau morceau « Little Big Man » (Rien à voir avec le sublime film d’Arthur Penn, avec Dustin Hoffman en vedette).

Ancien membre du groupe de rock anglais The Hoax, avec qui il enregistré 3 albums entre 1994 et 1999, il a pu côtoyer des figures légendaires du blues comme John Lee Hooker,Buddy Guy. Après une parenthèse durant laquelle chaque membre va mener ses propres projets, le groupe se reforme en 20006 et enregistre 3 nouveaux albums : « A blues Odyssey » (2010), « Big city blues »(2013), et « Recession blues, Tribute to B.B. King » (2014). Séparation définitive en 2015. Parallèlement à sa carrière avec The Hoax, Hugh Coltman écrit et sort en 2008 « Stories from the safe house ». En 2012, il accompagne le pianiste et joueur d’orgue Hammond Eric Legnini. Artiste singulier, Hugh Coltman, éprouve un amour sans fard pour la musique jazz, le blues, le swing. Parfois si l’on ferme les yeux, l’on se surprend à penser que le chanteur est noir… c’est dire si Coltman s’est totalement imprégné de cette culture musicale qu’est le blues, de ses racines.

Au final, « Who’s happy » rend l’auditeur joyeux, donne la pêche. Un bon moyen d’accompagner cette trêve estivale.

Guillaume.

 

Nos Samples Rendez-Vous #29 : Drake et Timmy Thomas


Attention blockbuster!!! L’un des titres les plus hot de ces dernières années, le “Hotline bling” de Drake. Alors c’est un petit défi pour moi car je suis pas un gros fan du Canadien, je sais que je vais probablement me faire canarder par les jeunes, mais malgré son talent, il en a, c’est évident, je le trouve un peu trop “facile” sur ces morceaux, trop mainstream! C’est pas un mal en soi, mais c’est juste moi, j’aime un peu plus d’épaisseur chez les rappeurs.

Bref, si vous avez passé ces quelques lignes sans m’insulter, revenons ensemble au morceau qui nous intéresse aujourd’hui, “Hotline bling” donc, le morceau club de 2015 de l’artiste, hyper sexy où Drake nous raconte son histoire avec son “Booty call” pour rester poli et respectueux.

Alors, le sujet est assez récurrent dans le rap actuel et ici, il nous explique que la jeune fille en question faisait sonner son téléphone pour un projet bien précis et que lui, gentleman qu’il est, se faisait une joie d’accomoder madame, bref…

Pour le track il a samplé Timmy Thomas et son morceau “Why can’t we live together?”, j’avoue que je ne connaissais pas cet auteur/compositeur avant ce morceau et même si sa carrière de chanteur n’a pas été des plus aboutis, ce titre a été un succès et je pense vraiment que je ne suis pas le seul à l’avoir découvert à travers le titre de Drake, alors rendons à César ce qui est à César…

Comme quoi, ça a du bon ces affaires de samples non?

 

Laurent

Sur la planète Tattooin.


Tattooin. Ce nom, pour les amateurs de science-fiction et de sagas intergalactiques, évoquera la planète rebelle dans Star Wars. Mais loin, à des années lumières (oui je sais c’était facile, mais franchement, je pouvais pas résister), de cela, je veux parler ici d’un lieu, La Jarry, situé au 104 de la rue du même nom, à la frontière de Vincennes et Fontenay-sous-Bois. Avec le temps comme dirait Léo Ferré, tout s’en va… laissé à l’abandon.

Studio Tattooin Beat, structure hébergée à cet endroit, autrefois (je vous parle ici des années 70 et 80) friche industrielle, puis parkings étalés sur 5 étages, est un studio d’enregistrement certes rudimentaire (je peux en témoigner l’ayant visité), mais bénéficiant de matériel de qualité, y a donc pris ses quartiers. Peu à peu, sur presque 2 ans, ce lieu particulier a été squatté par de jeunes artistes, peintres, sculpteurs, musiciens, jeunes producteurs en herbe tels que Enzo Petit, Emile Boudghene, Arthur Chique. Une année riche d’installation clandestine, mais qui a débouché sur des projets artistiques (expos de peintures, enregistrements de disques, collaborations avec Musique au Comptoir, avec le Studio « Art & Fact ».

Depuis quelques semaines, le lieu est désormais vide, silencieux, prêt à être transformé au gré d’une opération immobilière dans ce quartier calme de Vincennes. Avant de quitter les lieux et comme pour marquer leur passage, garder une trace, Enzo et ses acolytes ont enregistrés, mixés différents artistes, évoluant  pour la plupart dans la sphère rock-reggae-dub-rap. Le résultat s’appelle « Tattooin Tape, vol.1« . https://www.facebook.com/Studio.Tattooinbeat/photos/pb.389441234512455.-2207520000.1507875108./1384469535009615/?type=3

Alors qu’en est-il de ce disque?

En ouverture, une ambiance hispano, dansante, sur laquelle viens se poser la voix et le flow  de Lord Esperanza et Shaby… cuivres, piano, voix, ça sent l’été, la plage, c’est entrainant. S’ensuit Dji Oto, Milouch & Chetif qui nous proposent un rap à 3 voix, sans faille. Des flûtes en arrière plan sonore, sur un beat bien maitrisé. Propre. Milouch, cette fois en solo, nous offre une « dernière cigarette ».

La suite, de « Kiddo »proposé par Jackman, jusqu’au final « Mental » est une  jolie promenade sonore et rythmique, à base d’électro, de rap de plus ou moins bon goût ( écoutez la différence entre Awaks et Tina Mweni), la funk très « club » de Madmonk avec le morceau « Purple Clouds ». Pour clore cette promenade sur la planète Tattoin, 2 morceaux ambiancés électro, légèrement planants… très agréables.

Ce disque éclectique marqué du sceau du talent et ouvrant à des horizons sonores inattendus est un joli petit écrin dans lequel des artistes talentueux et peu encore connus du grand public viennent s’exprimer.

A découvrir.

 

Guillaume.

 

 

L’été musical de Kanye West.



Il l’avait promis et il l’a fait! Je vais pas perdre du temps sur ses déclarations scandaleuses ni ses prises de positions, ce blog n’a pas vocation à ça, mais je vais parler musique, là où Kanye West aurait dû rester, parce que c’est là qu’il est bon… parfois.
Quoi qu’il en soit, West avait dit qu’il allait produire cinq albums et les sortir au rythme de un par semaine, soit chaque vendredi entre fin Mai et fin Juin, perso, j’en doutais un peu, le type n’est pas hyper carré sur ses dates de sorties habituellement, mais cette fois-ci, il a géré un sans fautes et la prise de risque était maximum avec des artistes de haute volée dans les studios, au programme: Pusha T, Nas, Teyana Taylor, Kid Cudi et Kanye himself!!!
Voici une petite revue d’effectif rapide avec pour tous les disques, un format de sept titres, ce qui est honnêtement l’un des coups de maître de cette série, ça évite clairement les temps morts.

Pusha T avec “Daytona”
J’ai choisi de les prendre par ordre de sortie parce que sans ça, je l’aurais gardé pour la fin, car, clairement, c’est le meilleur opus des cinq! L’album était attendu depuis un long moment par la communauté hip hop et Push a su être à la hauteur de celle-ci, je ne peux rien enlever des ces sept titres. La prod de Kanye est au top avec des instrus comme ils savaient en produire à sa grande époque, plus orienté Soul qu’Electro et clairement, quand il revient à ce qu’il connaît le mieux, il est au sommet. Pusha T quant à lui détruit les beats un à un, que ce soit sur l’ouverture plutôt cool “If you know you know” ou sur le très dark “Santeria”, Push est égal à lui-même, son flow est passe partout et ici, c’est une vraie réussite! A noté le “Hard piano” avec Rick Ross en featuring, excellent aussi, bref, je valide à 200%.

Kanye West avec “Ye”
Voilà donc le disque qui sert plus ou moins de lettre ouverte pour expliquer les récents dérapages de West, d’abord la couv’ qui confirme sa bipolarité (qu’il considère selon ses dires comme un super pouvoir, mouais…), il parle aussi de ses problèmes d’addiction, ses brouilles avec Jay-Z, de sa famille, miss Kardashian comprise bien sûr, bref Kanye s’ouvre à son public après l’avoir tant choqué et perdu nombre de fans. Cela-dit, musicalement, c’est, selon moi le projet le plus abouti de l’enfant de Chicago depuis bien longtemps, pendant ces 25 minutes, il abandonne un peu ses expériences musicales et c’est tant mieux, on retrouve un peu de l’artiste qui faisait sensation avec son “College dropout”. Ici “No mistakes” avec le toujours génial Charlie Wilson et Kid Cudi et “Ghost town” ou Ye se permet des vocalises sont mes coups de coeur du disque.

Kanye et Kid Cudi avec “Kid see ghost”
Là, déjà je suis moins convaincu, même si le duo fonctionne plutôt bien et que j’ai eu une grosse période Kid Cudi avec ces “Man on the moon”, je trouve qu’il manque quelque chose à ce projet et c’est le cas aussi sur le disque dont je parlerais ensuite, je trouve le mix un peu léger, on a l’impression que le disque sort mais qu’il n’est pas finalisé. Alors qui suis-je, me direz-vous pour juger de la qualité de mixage d’un album comme celui-ci? Et bien je me permets de le faire car je trouve qu’un producteur aussi talentueux que Kanye ne devrait pas se la jouer aussi facile, parfois les voix semblent trop fortes, parfois c’est le beat, je sais pas, quelque chose cloche dans mon oreille! Malgré tout, le disque reste correct et nous offre quelque bons moments, notamment avec le morceau “Reborn” où Cudi semble le plus à son aise, mais aussi le featuring avec Yasiin Bey alias Mos Def sur “Kids see Ghosts”.

Nas avec “Nasir”
Pour cette quatrième sortie de la série, la pression était d’un tout autre niveau, puisqu’il s’agit de la légende du Queens, Nasty Nas himself!!! Six ans qu’on attendait un disque d’Esco, alors clairement, il ne fallait pas se rater sur ces sept titres! Et le sentiment est … mitigé!!! Comme pour Kids see Ghosts, je trouve qu’il y a parfois un sentiment de bâclé mais à contrario, ici, on retrouve aussi l’excellence de Nas, “Not for radio” et “Adam and Eve” sont tout simplement géniaux, “Everything” vraiment pas mal aussi, Nas nous expose sa vision du monde actuel et ce qu’il aimerait y changer, un brin utopiste, mais intéressant. Le tour de maître du disque, c’est sans doute “Cops shot the kid” où Kanye a concocté tout une instru autour d’un scratch de Slick Rick (idole de Nas), c’est hyper rythmé, le texte est tendu, on y parle des violences policières et West y va même de son couplet, c’est pas mon morceau favori mais c’est super bien bossé!!! Après, le reste de “Nasir” est très très en dessous, “Bonjour” semble être du remplissage et sur un sept titres, c’est juste pas possible! “White label” et “Simple things” pas vraiment plus passionnants, c’est correct, on va pas se mentir, mais on attend plus d’Esco, surtout sur un format aussi compact! Donc on alterne le très fort et le moyen, après six ans, je me permets d’être quand même un peu déçu.

Teyana Taylor avec “KTSE”
Dernier projet de la série et c’est un projet un peu à part, puisque c’est le seul disque R’N’B parmi les cinq, alors, ce n’est pas un problème parce que West est un producteur aux multiples talents et que les instrus qu’ils proposent ne se limitent pas au rap, loin de là. Teyana Taylor aussi, était attendu, tant son premier disque avait fait sensation et on peut dire qu’elle maîtrise son sujet cette fois encore, l’album est posé, la voix de Teyana envoûtante, des tracks sexys comme “Hurry” ou Kanye fait son apparition comme sur les cinq disques de la série où ceux plus Soul comme “Rose in Harlem” ou “Gonna love me”, la jeune New Yorkaise assure et je dirais qu’elle conclut cet été musical estampillé GOOD MUSIC de belle manière.
Laurent

Chez les Marsalis, le jazz est une affaire de famille.


La musique est parfois une affaire de famille : Pour les mélomanes de musique classique, je nommerai Léopold et Wolfgang Amadeus Mozart, Johann Sébastian Bach et ses deux fils Carl Philipp Emmanuel et Johann Christian, Richard Strauss, Johann Strauss (père et fils), qui en sont de célèbres exemples.

Dans l’histoire du rock là aussi les exemples ne manquent pas : John et Julian Lennon, Ike and Tina Turner, Les Jackson Five, Eddie et Alex Van Halen (Van Halen), Michael et Rudolph Schenker (Scorpions, MSG), Steve et Mike Porcaro (Toto), Janet Jackson, Whitney Houston (nièce de Dionne Warwick). En chanson française, la lignée Gainsbourg-Birkin avec Charlotte, sa sœur Lou (également actrice et réalisatrice). Serge et Nicolas Reggiani, Jacques Higelin, sa fille Zia et son fils Arthur H. Louis Chédid et ses 4 enfants de la balle, Mathieu, Joseph, Anna et Emilie. Véronique Sanson et Christopher Stills (fils de Stephen Stills, du groupe Crosby Stills Nash ans Young).

Le Jazz n’échappe pas à cette « règle ». Il y a en effet des familles qui ont marqué ce genre musical de leur empreinte : le bluesman Muddy Waters et son fils Bill Boy Morganfield, le violoniste Didier Lockwood et son frère pianiste Francis, Michel Petrucciani et son frère guitariste Tony, la chanteuse-pianiste Nina Simone et sa fille également chanteuse Lisa, Maceo Parker (saxophiniste) et son rappeur de fils Corey, Boulou et Elios Ferré, la chanteuse Dee Dee Bridgewater et sa fille China Moses, et je pourrais ajouter Johnny et Shemekia Copeland (blues), Luther et Bernard Allison (blues), Jimmie et Stevie Ray Vaughan (blues), Edgar et Johnny Winter(rock, blues-rock)…. Vous le constatez,  les exemples sont nombreux !

La famille, et non pas la Famille (avec un grand F, cela renvoie à Famiglia, terme désignant les mafias italiennes et italo-américaines), donc la famille que je vais évoquer aujourd’hui est celle des Marsalis : Ellis Jr., le patriarche (83 ans, pianiste), Branford (57 ans, saxophoniste), Wynton (56 ans, trompette, cornet), Delfayo (52 ans, trombone, producteur), Jason (41 ans, batteur, percussionniste). 2 disques témoignent de l’amour pour jazz profondément ancré au sein de cette lignée. Il s’agit de « A jazz celebration »(2003) sorti sur le label… Marsalis Music fondé en 2002 par Branford Marsalis (on n’est jamais si bien servi que par soi-même), et « Music Redeems » (2010), qui relate un enregistrement en public lors d’une soirée dédiée au Ellis Marsalis Center for Music. L’occasion nous est ici donnée de suivre ces musiciens dans un voyage musical qui mêle tradition, jazz classique, et standards. Un petit bonheur à savourer. L’auditeur a parfois le sentiment d’entendre, d’écouter, au delà de la musique, un dialogue intergénérationnel qui serait codé dont seuls le quintet Marsalis possède la clé. Une façon de prolonger ce lien fort qui les unis, réunis. L’Histoire d’un pays, d’une musique, leur histoire personnelle et collective sur ce sol qui les a vus naître et grandir, devenir des figures emblématiques de la communauté noire américaine dont ils sont issus.



 

 

 

Vous le voyez, que ce soit par le biais de la musique en menant des projets, par l’investissement personnel ou collectif dans des institutions liées à l’éducation musicale, au développement de l’être humain, à l’histoire et la mémoire d’une musique, ou dans le cadre de leurs activités et carrières personnelles respectives, les membres de la famille Marsalis se montrent mobilisés, présents. Aussi quand parfois le temps leur est donné de se réunir pour jouer ensemble, cela donne de jolis moments de partage. L’auditeur s’en trouve privilégié, le sentiment prédominant d’assister à un conseil de famille en musique assez jubilatoire. Au de là de l’évidente connivence qui les relie, c’est le plaisir simple du jeu qui se manifeste. Pour avoir eu l’occasion d’assister à des concerts de Wynton Marsalis dans différentes formules (direction d’orchestre, quartet, quintet) à Marciac à plusieurs reprises ainsi qu’à certains donnés par son frère Branford, en formule quartet, j’ai pu mesurer combien ces valeurs de transmission, de plaisir, d’amour de la musique sont encrées en eux. Malheureusement donc, pour moi, pour nous, le clan Marsalis au complet n’est jamais venu en Europe se produire. L’histoire de Police refermée non sans quelques fracas, Sting engagea Wynton et Branford pour l’enregistrement du sublime album « Englishman in New York » (1987), premier album solo du bassiste blond après la séparation policière. Je fus témoin de leur présence au sein du quintet qui accompagna Sting lors du concert donné à Bercy en 1988. Un régal de voir ces jazzmen aux côtés de Sting.

Alors si un jour prochain, sur Paris ou en province à l’occasion d’un festival de jazz, vous apercevez le nom de Marsalis sur l’affiche (en l’occurrence Branford et Wynton, qui tournent très régulièrement en Europe), n’attendez plus, foncez les voir, car vous aurez l’assurance de passer une très très belle soirée avec des musiciens de haut vol et généreux dans l’âme.

Guillaume.

 

 

Les Soulections #14 : India Arie


Voilà une artiste aux multiples talents, India Arie, virtuose de la guitare, elle joue également de la flûte, du piano et elle est aussi actrice à ses heures perdues, qui dit mieux? Tout ça enrobé d’une voix de miel, la chanteuse née à Denver a t-elle des défauts artistiques? Je ne crois pas… Alors oui, elle est un peu en décalage avec le reste de l’industrie musicale R’n’B, mais peut-on lui en vouloir?

Parfois plus proche de l’univers Jazz, elle a sans doute manqué quelques récompenses pour son travail, mais a quand même réussi à glaner 4 Grammys dont celui du meilleur album R’n’B pour “Voyage to India”.

Ce que j’aime chez elle, c’est la constance dans sa musique, la douceur de sa voix et ses mélodies envoûtantes, c’est typiquement le genre d’artiste que je peux écouter pendant des heures sans me lasser, j’adore mettre ses disques pour ambiancer un dîner, sa musique est très emprunt de soul mais c’est aussi très bien pour les ambiances plus lounge.

Moi je l’ai découvert avec “Video” qui partageait la même mélodie que le “Put it in your mouth” d’Akinyele, bien moins romantique, je vous l’accorde, mais les deux morceaux sont bons, chacun dans leur registre. Quoi qu’il en soit, en 2001, pleine explosion des Destiny’s child et du R’nB sexy, mon oreille a été chatouillée par cette artiste et sa chanson qui revendiquait toutes les valeurs contraires aux codes du R’n’B féminin de l’époque, elle nous dit qu’elle s’aime telle qu’elle est, pas attirée par l’appel du bistouri, une belle femme, naturelle et qui ne répond pas aux standards des clips, mais qui s’en moque, en somme, elle portait le message qu’une Alicia Keys reprend aujourd’hui (je vous en parlais dans la chronique de son dernier disque), simplement 15 ans avant…

Du coup, je me suis intéressé de plus près à cette “originale” et j’ai jamais décroché, tout au long de ces sept disques, elle a bercé mes soirées avec des titres comme “The truth” ou “Brown skin” jusqu’au formidable “Breathe” inspiré de l’histoire tragique d’Eric Garner, ce New Yorkais de 44 ans, décédé aux suites d’un étranglement lors d’un contrôle d’identité, ce morceau deviendra l’un des morceaux forts qui viennent automatiquement à l’esprit quand on parle du mouvement “Black lives matter”.

J’espère vraiment vous avoir donné envie de découvrir cette artiste encore trop méconnue en France et si ce n’est pas le cas, je suis sûr que la playlist  ci dessous fera le boulot.

 

Laurent

 

Wynton Marsalis, du jazz à la musique classique.


 A 57 ans, dont plus de 40 ans de carrière, Wynton Marsalis musicien multicartes issu d’une famille nombreuse dédiée à la musique jazz ( j’y reviendrai dans un prochain article), est avant tout connu dans le monde entier pour ses talents de trompettiste hors pair, de compositeur et chef d’orchestre de jazz.

En France, il est devenu une véritable référence, une icône, depuis son premier passage au Festival de Jazz de Marciac, dont il est devenu le parrain en 1991. S’y investissant depuis chaque année, il revient et travaille avec les écoles de jazz du coin, en plus des programmes qu’il présente avec un bonheur toujours égal au public qui vient le voir. Il a pour cela gagné le droit d’avoir une statue à son effigie au centre d’une cour d’école de Marciac. Tout un symbole! Homme très occupé, Il est par ailleurs directeur général et artistique de la grande institution américaine de musique qu’est le Jazz at Lincoln Center de New-York.

Mais c’est du compositeur de  musique classique que j’ai décidé de vous parler. Car c’est un aspect méconnu de sa carrière, comme c’est le cas pour le performer vocal Bobby Mac Ferrin. Les musiciens de jazz ont très souvent été influencé par la musique classique (tout comme la musique classique s’est parfois inspiré du jazz, mais nous en reparlerons), pour ensuite s’en inspiré dans la composition de leur œuvre. Les plus marquants sont Duke Ellington, Thelonious Monk, Oscar Peterson, Keith Jarrett, Miles Davis, Nina Simone, ou encore Leonard Bernstein et Chick Corea. Wynton Marsalis donc s’inscrit dans cette lignée.

Dès l’âge de 14 ans, il joue le concerto pour trompette de Haydn, accomagné par le New Orleans symphony orchestra. A 18 ans, bien lancé, le talenteux jeune homme rejoint Art Blakey et ses Jazz Messengers, au seuil des années 80. Il joue ensuite avec Sarah Vaughan, Dizzie Gillespie, Sonny Rollins. De jolis parrains et partenaires de musique. Mais Wynton Marsalis ne contente pas seulement d’être un musicien talentueux capable de s’adapter avec bonheur à différents styles musicaux comme, hormis le classique donc, la country-blues (voir album « Two men with the blues » avec Willie Nelson), le blues encore, avec Eric Clapton, sur le superbe « Wynton Marsalis and Eric Clapton plays the Blues ».

Passionné par les compositeurs de musique classique que sont Johann Sébastian Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, Joseph Haydn et quelques autres, il n’hésite alors pas à se lancer dans l’enregistrement d’œuvres classiques. L’alternance entre ses activités liées au jazz et à la musique classique est dès lors effective. En 1983, à 20 ans, il rentre en studio pour enregistrer les concertos pour trompette de Joseph Haydn, Johann Nepomuk Hummel, et Leopold Mozart. En 1997, signe ultime de la reconnaissance de son talent multiforme, Wynton Marsalis reçoit le prix Pullitzer de la musique pour son œuvre « Blood on the fields », un oratorio de jazz.

Si le musicien est très talentueux, Il accorde aussi une très grande importance à l’enseignement, la transmission, l’éducation de l’être humain par la musique. C’est pour cela qu’il mène de front plusieurs carrières, toutes liées à la musique, à l’Humain. : S’il a dirigé le Jazz Lincoln Center de New-York, il est également directeur en charge du Département Jazz de la Juillard School de New-York. Partout où il rend, Marsalis se fait passeur de savoir, transmetteur de mémoire, d’une histoire commune, celle de la musique, comme lien unique et universel entre les hommes. Un pèlerin qui ne baisse jamais les bras.

En tant que compositeur et / ou un interprète du répertoire classique, il a  établi un spectre très large, jugez plutôt : le fameux « Three Favorite concertos », avec le violoncelliste Yo-Yo Ma notamment, en 1984 ; le registre baroque et des compositeurs tels Henry Purcell, Georges Telemann, Johann Pachelbel, abordés lors d’enregistrements en 1984 et 1988 ou plus près de nous, en 2016 « The Abyssinian Mass » de Wolfgang Amadeus Mozart, enregistré avec la chorale Le Château. La musique de chambre et la musique symphonique ne sont pas en reste avec respectivement « Ghost Storry, ballet » qui date de 1998, ou « the Fiddler and dancin’ witch », pour orchestre à cordes, en 1999. Côté symphonique, il s’offre l’écriture d’une trilogie : « All rise, symphonie n01 », pour orchestre de jazz et chœur et orchestre symphonique ; « Blue Symphony, n°2 » et « Swing symphony, n°3 ».

Vous le constatez, Wynton Marsalis tisse avec patience et persévérance, une œuvre musicale immense, riche, variée, au sein de laquelle il se promène et donne à ses interlocuteurs comme à ses auditeurs un plaisir sans cesse renouvelé de le côtoyer comme de le voir évoluer, diriger ou juste se fondre dans un collectif pour mieux servir une musique.

Wynton Marsalis est pour moi l’un des grands noms du jazz des 40 dernières années et son œuvre n’est pas terminée… loin de là!

Guillaume.

 

 

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