Archives Mensuelles: novembre 2018
Nos Samples Rendez-Vous #31 : Daddy Lord C et Bill Withers.
Ah la la mais qu’est-ce que j’ai pu l’écouter ce morceau, le “Freaky flow” de Daddy Lord C, je l’ai fait tourner en boucle à l’époque, c’était la folie. Déjà, j’aimais beaucoup ce que faisait La Cliqua en général, mais là, ce solo de Daddy Lord C, dans un univers assez différent de ce que proposait le groupe, un petit storytelling amoureux tout simplement génial!
Le flow en question de notre MC est juste trop puissant, rapide et ses rimes percutent dans cette histoire de coup de coeur avec cette jeune femme qui lui donne “le freaky flow”.
Pour nous raconter ce “storytelling”, Daddy Lord C utilise une boucle d’un grand classique de la soul, par l’un de ces plus grands chanteurs, Bill Withers et le fameux “Just the two of us”.
Cette balade sortie en 1981 est issue de la collaboration entre Withers et un certain Grover Washington Jr l’illustre Jazzman New Yorkais, la chanson est un véritable hit et obtient 2 grammy awards, l’un pour la meilleure chanson R’n’B et l’autre, pour le meilleur album “Jazz Fusion” pour Grover Washington Jr. Cette balade sent la bonne humeur a plein nez et Daddy Lord C est loin d’être le seul à avoir repérer ce sample génial, Keri Hilson, Regina Belle et Urban Zakapa, star de la pop Sud Coréenne a repris ce morceau, mais la version la plus connue et qui a le mieux marchée, c’est celle de Will Smith, en 1997, dédiée à son fils, je vous la mets d’ailleurs en bonus, c’est cadeau!
Laurent
Judas Priest, retour aux fondamentaux.

Le groupe anglais Judas Priest, originaire de Birmingham, qui a émergé dans les années 80, dans le sillage des Iron Maiden, Def Leppard notamment, a depuis mené une carrière aussi longue que dense, voyant ce groupe devenir un incontournable de la scène du heavy métal britannique et mondial. Mené par le charismatique Rob Halford au chant, ce groupe nous revient en force cette année avec un nouvel opus, « Firepower », concocté par son producteur historique, Tom Allom. Et le résultat est pour le moins détonnant.
Ce groupe, fondé en 1969, par le duo KK Downing (guitare) et Ian Hill (basse), ne démarrera sa vraie carrière qu’en 1974, avec l’enregistrement de l’album « Rockarolla ». Ensuite, de 1977 à 1984, le groupe, stabilisé dans sa formation la plus célèbre (Halford, Tipton, Downing, Hill, Holland), va voir sa popularité grandir, en Angleterre, en Europe et bientôt aux Etats-Unis. Il enchaine en effet pas moins de 6 albums, « Sin after sin », « Stained class », « Killing Machine », »Bristish Steel », « Screaming for Vengeance », « Defender of the faith », qui vont asseoir la réputation du groupe évoluant dans un style heavy metal très agressif mais où l’aspect mélodique n’est jamais loin grâce à la doublette de guitaristes Downing-Tipton. La voix puissante et aïgue de Rob Halford faisant le reste.
Pour « Firepower« , le nouvel opus du groupe, ils ne sont plus que 3 à subsister de la formation historique du groupe : Rob Halford au chant, Ian Hill à la basse et Glenn Tipton à la guitare. A leurs côtés, la batteur Scott Travis arrivé en 1990, ainsi que le guitariste Richie Faulkner intégré en 2011, suite au départ de Downing, font plus que le job. Le groupe retrouve ici un son, une énergie brute, qui étaient sa marque de fabrique à ses débuts, notamment lors de sa période faste à la charnière des années 70-80.
Sur cet album, des titres comme « Firepower », « Evil never dies », « children of the sun », « Rising from ruins », ou encore « No surrender » et le final « Sea of Red », nous montrent qu’après quelques années à sortir des albums parfois discutables tels que « Turbo », « Ram it down », ou plus près de nous « Angel of Retribution », le groupe emmené par Rob Halford a enfin retrouvé toute sa verve et une envie décuplée. Cela s’entend et c’est très bon signe pour la suite.
Pour moi qui les avait délaissé tant scéniquement que sur albums, « Firepower » est une excellente surprise, qui me réconcilie avec Judas Priest. Il ravira sans doute les fans du groupe. Pour celles et ceux qui voudraient découvrir ce genre musical et ce groupe, « Firepower » est une excellente porte d’entrée.
Guillaume.
Anderson .Paak termine sa “Beach series” en beauté!!!

ALERTE À LA BOMBE!!!
Voilà le disque que j’attendais le plus en cette fin d’année (à part si The Roots nous lâche leur “End game” un jour…), le dernier opus d’Anderson .Paak, sous la direction de Dr. Dre s’il vous plaît, voici donc Oxnard!!!
Pour ceux qui ne le connaitrait pas encore, Paak, c’est le petit protégé du Docteur le plus célèbre de la musique Californienne et même si ça fait déjà un petit moment qu’il traîne son bonnet et sa voix cassé sur les scènes du monde entier, la véritable explosion de cet artiste ne se fait en réalité qu’avec sa collaboration sur “Compton” en 2015, dans un premier temps, mais surtout avec la sortie de “Malibu”, l’année suivante, le deuxième volet de sa “Beach series” où il met en lumière différentes ville de Californie en bord de mer, le premier étant en “Venice” en 2014. Alors, allons-y si vous le voulez bien…Direction Oxnard, la ville natale d’Anderson.
14 titres au programme avec des invités de prestige, l’un des producteur les plus talentueux du game et un Paak toujours aussi à l’aise entre Soul, Funk et Hip Hop, alors qu’est-ce qui pourrait aller de travers me direz-vous? Et bien pour ma part, pas grand chose, je ne me suis vraiment pas ennuyé pendant une heure, j’ai essayé, mais non, rien à faire, c’est vraiment trop bon!!!
Déjà, à la sortie du single “Tints” avec Kendrick Lamar, je me suis dit là, on tient quelque chose de LOURD!!! Ce titre est trop funky et les 2 pépites de Dre se complètent à merveille dessus, le clip aussi est assez dingue et complètement décalé du morceau, à voir absolument!
Alors, évidemment, c’est le 1er single, donc il a envoyé du bois et on aurait pu se demander si il lui en restait sous le pied, mais ce serait mal connaître l’enfant d’Oxnard. Je dirais qu’il y a encore mieux sur le disque, personnellement, j’ai un énorme coup de coeur pour “Cheers” avec le vétéran d’A Tribe Called Quest, monsieur Q-Tip himself!!! C’est comme si, malgré le choc des époques, ces deux-là étaient fait pour bosser ensemble, Tip n’a rien perdu de son flow légendaire et Paak n’a franchement rien a lui envier non plus. Quant à la prod, elle respire la bonne humeur comme pour le premier single, d’ailleurs je dirais que ce disque, si il était sorti l’été, aurait tout casser au niveau des ventes.
Je suis loin d’être au bout des feat de prestiges dont je vous parlais, vous pourrez retrouver le Doggfather aussi!!! Snoop Dogg abandonnant ses trips Gospel ou Reggae pour briller sur ce track, on retrouverait presque le Snoop des 90’s sur “Anywhere”. Pusha T est également là pour accompagner Paak sur un morceau avec un titre sorti tout droit de New Jack City “Brother’s keeper” (Suis-je le gardien de mon frère?)

Je vais pas faire toute la chronique sur les feat, mais ils m’ont tellement régalé que je suis obligé d’insister un peu, J.Cole fait parti de l’aventure aussi sur “Trippy”, BJ The Chicago Kid dont je vous avais parlé il y a quelque temps, Dre, lui même fait une apparition (pas la meilleure) et je finirais par les petites merveilles de la Soul moderne que sont Norelle, mais surtout Khadja Bonet qui ouvre le disque sur “The chase” qu’on croirait tout droit sorti de la B.O d’un film de la Blaxploitation, une petite bombe!!! Je pense qu’au même titre qu’une Jorja Smith, on a pas fini d’entendre parler de ces 2 nanas!
Si… j’oubliais presque, l’unique raté du disque selon moi, le dernier morceau où Anderson s’essaye à un style quelque part entre Soul et Reggae avec un accent jamaïcain un peu étrange et inutile à mon avis, mais bref, c’est un morceau sur quatorze, je vais pas en tenir compte…
Au niveau des thèmes traités, tout y passe plus ou moins, des morceaux sexys au plus intimistes, Paak s’attaque même à la politique et au Président en place avec un brin de cynisme. On a même le droit à un petit clin d’oeil à son pote récemment décédé Mac Miller. Niveau production, le disque est bien entendu supervisé par Dr Dre, mais l’artiste, pour une fois sans son groupe les Free Nationals, garde quand même bien la main sur l’ensemble et laisse même une petite place pour le génial 9th wonder, en soit, c’est du solide tout ça!
Alors voilà, faites vous votre avis, j’ai lu plusieurs retours ou les gens étaient presque déçus, ils attendaient un Paak plus original encore, personnellement, je trouve qu’il a gagné en maturité et que si il n’a pas forcément pris de gros risques, il a fait ce qu’il sait faire et à la perfection, au fond, c’est ça qu’on aime non?
Laurent
Le Bayou pleure Tony Joe White.

# La playlist de novembre 18 : ma chanson d’ado

A vous de jouer, à vous de vous souvenir !
Bonne écoute.
Carine
Les 90’s, âge d’or du R’n’B.
Gros challenge aujourd’hui pour moi : réaliser l’ultime playlist R’n’B des années 90, je suis large, je m’accorde 100 morceaux, mais malgré ça, je sais que j’ai du tri à faire et pas qu’un peu, souhaitez-moi bonne chance…
Les 90’s c’est le début de la fin pour le New Jack Swing de Teddy Riley et des New Edition et le début du règne d’Andre Harrell et son label Uptown ainsi que le retour en force de la Motown avec l’émergence des Boyz II Men, Erykah Badu et Brian McKnight. Pour la petite histoire, Andre Harrell deviendra d’ailleurs le CEO de la Motown au milieu de la décennie.
Alors voilà, cette période, c’est toute ma jeunesse, je n’écoutais quasiment que du R’n’B et du Rap à l’époque, un brin de Soul aussi, mais je ne m’y suis vraiment mis que vers la fin des 90’s. Que ce soit mes premières soirées, les boîtes de nuits (le Palacio, l’Acropole et j’en passe…), dans mon Walkman (je sais je suis vieux…), les premiers slows (on était la dernière génération du ¼ d’heure Américain), mes oreilles ont été inondées de ce style musical. Les bandes originales des films que je regardais aussi, les Poetic Justice, Boyz’n the hood, Menace II Society et bien sûr New jack city y ont été pour beaucoup, j’y ai découvert des tonnes d’artistes, sans Youtube, Spotify ou Deezer, fallait bien se débrouiller, alors, j’écoutais, j’attendais le générique pour les crédits et je filais à la médiathèque pour emprunter les CD. Même chose à la radio, c’était les débuts d’Ados FM (aujourd’hui Swigg), Skyrock n’était pas encore “Numéro 1 sur le rap”, nous on attendait le soir pour écouter Nova et Générations qui nous balançait toutes les dernières tendances R’n’B/ HipHop et on espérait que l’animateur balance le nom de l’artiste à la fin du morceau, heureusement Dieu a créé Shazam depuis…
Bref, assez de nostalgie, passons un peu au programme de la playlist à venir, j’ai essayé de mettre au maximum, 3 morceaux par artiste, sinon, pour certains j’étais fichu, j’aurais mis la disco complète de Mary J., même chose pour R.Kelly etc… donc, 3, ça semblait honnête. J’ai choisi volontairement de ne pas mettre des artistes comme Erykah Badu ou D’angelo, parce que je considère qu’ils entrent plus dans le registre Soul, que R’n’B et puis je vous en avais déjà parlé dans “Les Soulections”, donc place aux autres, sans quoi ils auraient fait le cut sans aucun doute.
Donc, vous retrouverez les slows phares de l’époque avec les Boyz II Men, Brian Mc Knight ou Joe pour ne citer qu’eux. La fraîcheur d’Aaliyah et Usher, ainsi que les premiers pas de Beyoncé, encore sous la coupe de Wyclef avant de devenir Madame Jay-Z et la superstar qu’elle est aujourd’hui. Des Boys band aussi comme Jodeci (mes préférés), 112 et Dru Hill, les filles aussi seront à l’honneur avec les TLC et leur “Creep” ou encore plus précurseurs, les SWV, premier groupe féminin à régner sur le R’n’B de la décennie.
Voilà, une petite mise en bouche de ce qui vous attend, je ne vous en dit pas plus et sur ce, je vous souhaite une bonne écoute et si vous souhaitez retrouver quelques unes de ces perles, sachez qu’il nous reste quelques trésors dans nos bacs, à bon entendeur…
Laurent
Prince, seul face à lui-même.

C’est l’histoire d’une séance dont seul Prince Roger Nelson avait le secret. Une nuit de 1983, il s’enferme au Studio Kiowa Trail, et décide de s’installer seul à son piano. Au début du disque, on l’entend s’adresser à un ingénieur pour régler le son et mettre une ambiance lumineuse plutôt soft. Il se met ainsi dans un climat serein, tranquille. Et nous permet, en tant qu’auditeur, de nous sentir, très privilégiés, tout proche de lui, comme si nous étions tapis dans l’ombre du studio, écoutant le maître en pleine séance de travail intime.
Vient la magie. L’artiste se met à son piano, et commence par une petite improvisation, en guise d’échauffement, avant de se lancer dans l’interprétation de « 17 days ». Tout en finesse. Superbe. Il enchaîne alors avec une version toute en retenue, modulant sa voix à l’envie, sur son titre fétiche, « Purple rain ». Vient ensuite « Case of you », chanson composée par Joni Mitchell, dont il s’approprie très joliment l’univers musical. Ensuite, Prince nous offre une farandole de morceaux de sa composition, de « Strange relationship » au final « Why the butterflies », dont les versions piano-voix sont un vrai régal, car il transforme l’architecture originale des morceaux, en y intégrant parfois des digressions, et toujours avec une justesse, un sens du rythme incroyable, sans oublier bien entendu cette voix unique, ce timbre inimitable et reconnaissable qu’il modifie, travaille, teste, au fil des morceaux. Une introspection artistique, une séance de travail autant qu’un moment de plaisir pour ce génial musicien-compositeur.
Cette séance, longtemps restée dans les tiroirs de la Warner, dont il fut un temps co-président, est un petit bijou, qu’il faut écouter attentivement, et découvrir avec appétit toute la subtilité, les nuances que Prince amène à ses propres morceaux comme à la chanson de Joni Mitchell. Le tout est une enfilade savoureuse de morceaux sublimes concoctés par le génie de Minneapolis.
Prince, homme de scène, capable de performances scéniques incroyables tant par la qualité, que par la durée (celles et ceux qui le virent au New Morning il y a quelques années s’en souviennent encore.. il avait démarré à 22H pour terminer à 6H du matin!!!), nous montre ici toute l’intelligence de sa musique, de son immense talent. Un joyau à déguster sans aucune modération. Cet enregistrement sorti des tiroirs n’est sûrement pas le dernier que Warner nous proposera tant Prince passait son temps à composer, écrire, enregistrer dans son antre de Paisley Park. Du coup, il est facile d’envisager que d’autres joyaux, dormant dans les armoires des studios, ou de la compagnie Warner, ressortiront un jour ou l’autre. Pour notre plus grand bonheur. Prince manque clairement à la musique aujourd’hui. Qui sait ce qu’il aurait encore composé, imaginé.
Alors, que vous soyez fan de l’artiste ou que vous souhaitiez simplement le découvrir, ce disque est tout indiqué.
Guillaume.
Alpha serait-il le number Wann?

“Une main lave l’autre”, c’est l’album tant attendu d’Alpha Wann, “l’autre” mc issu de 1995, le pote de Nekfeu a toujours été pour moi, le plus talentueux des 2 rappeurs, mais resté plus underground alors que son acolyte explosait aux yeux de tous.
Alors, je parle de number one dans le titre, je vais être plus précis: je dirais qu’Alpha est certainement l’un des rappeurs de cette génération les plus doués, surtout techniquement. Il a une maîtrise du flow que peu sont capable d’égaler à l’heure actuelle. Il me rappelle énormément Ill, des X-men. Je trouve que ce disque marque d’autant plus les similarités entre les 2 mc’s, dans leurs qualités, comme dans leurs défauts. La qualité première, c’est la maîtrise de l’art, Don Dada, comme son illustre aîné, peut rapper sur n’importe quel beat avec brio, lent, rapide, peu importe! Il sait où poser sa voix, où reprendre son souffle, où placer les punchlines, bref, il sait ce qu’il fait! Maintenant, pour l’aspect négatif (qui n’en est pas vraiment un), je trouve que là aussi, les deux ont un manque de morceaux à thèmes, enfin, en réalité je trouve qu’ils s’enferment un peu dans le freestyle et encore une fois, le boulot est très bien fait, mais sur 17 morceaux, j’aurais aimé qu’Alpha nous propose aussi, du rap à histoire, du rap avec un message, parce qu’avec un tel talent, il serait l’arme idéale pour donner une parole à une génération qui en manque cruellement.
Ceci étant dit, je ne vais pas cracher dans la soupe, “UMLA” est un disque de qualité, l’un des meilleurs au niveau rap Français cette année, à mon goût en tout cas.
Si je dois sortir quelques titres du lot et c’est pas facile, je miserais sur “Cascade remix”, qui est pour moi, carrément le meilleur du disque, c’est peut être le seul où Alpha s’ouvre le plus, il nous raconte des anecdotes et ça envoie ce track au dessus des autres à mon avis.
“Flamme olympique” aussi est une tuerie, c’est un festival de prouesses techniques derrière le mic, l’instru hyper simpliste est parfaite pour cet egotrip de haut niveau!
Enfin, j’ai beaucoup aimé “Langage crypté”, un morceau bien street avec une instru très dark de Diabi, c’est presque les prods du Queens Bridge dans les 90’s.
Après, c’est difficile de parler d’UMLA sans mentionner “Ca va ensemble”, 7 minutes divisées en 3 beats différents dédiés au savoir faire d’Alpha, que dire? C’est du champagne, alors régalez-vous avec le Don Dada, qui n’est pas loin d’avoir raison quand il dit qu’il est “le dernier rappeur qui rappe”.
Laurent
Dans l’Ohio, les Players la joue funky.

L’aventure commence en 1959, dans la ville de Dayton. Bientôt le groupe fondé par Robert Ward, Marshall Jones, Clarence Satchell, Cornelius Johnson et Ralph « Pee Wee » Middlebrooks. En 1963, Robert Ward quitte le navire pour s’engager vers une carrière solo. Deux nouveaux membres rejoignent alors la troupe : Gary Webster, Leroy Bonner.
La décennie 70’s voit leur renommée grandir et s’établir grâce notamment au titre « Funky Worm », qui figurera en tête des charts en mai 1973, mais également avec « Love Rollercoaster » en 1976. Fort de ce succès le groupe enchaîne albums et tournées. Au total, jusqu’en 1988, les Ohio Players, dont le funk sonne furieusement années 60, mélange savoureux d’ambiances chaloupées et de titres plus rentre-dedans, va enregistrer 16 albums studios et 3 albums live. De quoi laisser une belle trace de leur existence.
C’est exactement ce que le triple album « Definitive collection », sorti cette année, propose à nos oreilles. Un passage en revue de l’oeuvre musicale de ce groupe, enregistrée successivement sous les labels Capitol Records, Westbound Records, Mercury et Island Records, ici retracée en 3 périodes distinctes : les débuts (CD1), les années d’or (CD2), les dernières années et les projets solos (CD3). Sans être absolument génial, les Ohio Players ont composé de superbes morceaux.
Le registre musical des Ohio Players est assez large puisqu’on retrouve aussi bien de la pure funk tel le « Walt’s first trip », ou encore des ambiances plus feutrées et bluesy avec « Here today and gone tomorrow ». « Funky worm » figure bien sûr en bonne place sur le premier cd. Un funk matinée de sons de claviers, une voix de femme (agée) ajoutée, le tout donnant un ovni musical. Un rappeur pourrait très bien s’en inspirer et poser un flow dessus.
Du CD2 (années d’or), il est facile de retenir une production plus léchée, moins brouillonne qu’à leurs débuts.Le son aussi a évolué. Il suffit d’écouter « Fire » pour s’en rendre compte. Il faut se remémorer qu’a cette période Isaac Hayes a frappé les esprit avec le morceau illustrant le film « Shaft » sorti en 1971, que George Clinton et son Funkadelic sont en plein essor, et que James Brown (Godfather of Soul) tourne à plein régime, déplaçant des foules toujours plus nombreuses partout où il se produit. Cela n’empêche pas les Ohio Players de concocter une musique funk-soul de haute tenue, alternant les ambiances suaves (« Sweet stincky thing ») et le morceaux plus punchy « Grammy’s funky Rolls Royce ». Leur tube « Love rollercoaster » figure évidemment sur ce disque. D’autres titres tels « Far east Mississippi », le très entraînant « Feel the Beat (everybody disco) », « Merry Go round » très syncopé, sont à écouter particulièrement sur ce second volet de la rétrospective.
Le 3ème disque, à mon sens le moins intéressant, est celui où figure des titres de la dernière période du groupe ainsi que des morceaux issus des carrières solo de membres du groupe. « Magic Trick » révèle à lui seul ce virage pris par le groupe : une musique plus facile et commerciale. Décevant. Y figure également les célèbres titres d’Otis Redding « Sitting on the dock of the bay » et « Try a little tenderness ». En somme le choix assuré et assumé de succès facile commercialement grâce à la renommée initiale des morceaux choisis. D’où une démarche discutable. Alors oui, ce troisième cd est certes riche en morceaux proposés, il n’en reste pas moins que personnellement je n’ai pas été conquis, y compris par la reprise de « Try a little tenderness » évoquée un peu plus haut.
Reste que si vous aimez la funk, la soul music de cette période-là (1960’s-1970’s), alors cet album vous replongera avec bonheur parfois au coeur de cette époque où la musique noire américaine- à côté du jazz bien sûr- a pris une essor considérable avec des artistes tels que Ike et Tina Turner, Aretha Franklin, Steve Wonder, Diana Ross et j’en passe.
Guillaume.
Les Soulections #16: Bill Withers
Voilà un artiste qui a marqué l’histoire de la musique noire Américaine et qui pourtant, aurait pu faire encore beaucoup plus si il n’avait pas été embourbé dans des problèmes contractuelles avec ses différentes maisons de disques.
Quel gâchis quand on pense à des titres tels que “Grandma’s hand” ou “Ain’t no sunshine”, Bill Withers est un grand de la Soul, y’a aucun doutes la dessus, mais comme je le disais, a deux reprises, d’abord avec Sussex Records, puis avec Columbia, il est empêché de produire des disques pendant plusieurs années, malgré ça, au cours de sa carrière musicale qui durera une bonne quinzaine d’années, il aura l’occasion de sortir neuf albums, de se produire durant le fameux “Rumble in the jungle”, vous savez le combat le plus mythique de l’histoire de la boxe, Mohammed Ali contre George Foreman.
Au passage, Withers est également devenu l’un des artistes les plus samplés de la musique Soul, j’aurais presque pu faire ma rubrique “Nos samples rendez-vous” qu’avec sa discographie, des Jackson 5 à DMX sur “Ain’t no sunshine”, de Daddy Lord C à Will Smith sur “Just the two of us” et j’en passe… Encore aujourd’hui dans mes recherches de samples je continue de trouver des pépites qui proviennent des disques du grand Bill.
Pendant qu’il était bloqué par ses contrats, il nous a quand même offert quelques formidables collaborations, notamment avec Grover Washington Jr ou bien avec les Crusaders.
Alors, voilà, avec moi, tous en coeur, ne remercions pas les maisons de disques, qui nous ont privés de plus de bonheur musical…
Laurent.