Archives du 22 avril 2019

Cory Seznec, profondément blues.


Comme je l’ai dit dans une précédente chronique, pour annoncer sa  venue à Fontenay le 11 mai 2019, en première partie du vétéran du blues américain Otis Taylor, Cory Seznec est un musicien franco-américain dont l’univers est aux confluences du blues et des rythmes africains. Ce qui peut sembler très logique, au regard de l’Histoire, et de la naissance de cette musique, dans les champs de coton où les esclaves noirs travaillaient durement pour de grands propriétaires blancs, à la charnière entre le 19ème et le 20ème siècle, aux Etats-Unis, puis après dans les églises, avec l’arrivée du gospel et des spirituals (chants religieux).

Ses 2 premiers albums « Beauty in the dirt » (2014) et le récent « Backroad Carnival » (2017) témoignent de cet amour du musicien pour cette musique qui a par la suite donné naissance au rythm’n’ blues, à la soul music, à la funk. Sa voix grave, son style de jeu de guitare très subtil permettent à Cory Seznec d’installer très rapidement l’auditeur dans une relative connivence.

Avec « Picayune Baliverne », Seznec nous met tout de suite dans le jus. Une voix légèrement nasillarde, un blues gras, swinguant, suintant, qui nous transporte aisément dans l’ambiance enfumée des bars ou clubs du sud des Etats-Unis où le blues est né et où il est encore et toujours joué, de Chicago à La Nouvelle-Orléans, en passant par Bâton Rouge, des rivières des Bayous aux abords des fleuves sur lesquels naviguent les steamboats (bateaux à vapeur). Ainsi se succèdent « Sell you my soul » et Hawk on a Haystack ». Avec « Tattered Flag », changement d’ambiance. Là, Seznec nous emmène en afrique, entre basse frénétique, kora, et rythmique saccadée. « Pigeon man », « Let it all go », nous permettent d’entendre la guitare dobro (guitare au corps et aux cordes en métal), l’harmonica, 2 autres instruments qui donnent au blues sa couleur, et ce son si particulier.
Seznec est à l’aise dans ce registre et c’est un bonheur de l’écouter, tellement il se positionne dans la lignée des pionniers, tel un conteur, un témoin, ce que fait aussi aujourd’hui Eric Bibb, qui mélange également blues traditionnels et origines africaines. « Zanzibar », sorte de parenthèse instrumentale dans cet opus, est un morceau très léger. « Colette bar & restaurant », morceau toujours en mode zouk chaloupé, nous prouve que Seznec, voyageur sans frontières, n’hésite pas à nous surprendre. « God will change your situation barbershop », et « the Parting Glass », terminent en beauté ce « Backroad Carnival », dont Cory Seznec ne manquera de nous livrer de belles versions sur scène en mai 2019.

Alors si vous voulez poursuivre la découverte et passer un agréable moment, vous savez ce qu’il vous reste à faire : écouter l’album et réserver votre soirée, car avec Otis Taylor après, cela s’annonce comme un joli moment de cette saison culturelle.

Guillaume.

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