Archives Mensuelles: septembre 2019
Gregory Alan Isakov, la country-folk new look.

Il n’avait rien enregistré depuis »The weatherman » paru en 2014. Qui ça donc, vous demandez-vous sûrement? Je veux évoquer le chanteur-guitariste-auteur-compositeur Gregory Alan Isakov. Parcours atypique que le sien, puisque né en Afrique du Sud à Johannesburg, puis émigré très jeune aux Etats-Unis, précisément à Philadelphie (ville sujet d’une chanson de Bruce Springsteen et lieu principal d’un film avec Tom Hanks, Denzel Washington et Jason Robards, »Philadephia », sorti en 1993).
Issu de ce mélange de cultures, de sons, de musiques, Gregory Alan Isakov, va se tourner vers la folk, la country. Auteur-compositeur de ses textes et musiques, il va, en plus de chanter, jouer alternativement de la guitare et du banjo. Musicien prolixe, depuis 2003 et son premier disque « Rust colored stone », il a publié déjà 5 albums. « Evening machines« , sortie en 2018, est donc son septième opus.

A l’égal d’Emilie Marsh, dont je vous ai parlé dans une précédente chronique pour son album « J’embrasse le premier soir », j’ignorais également jusqu’à l’existence de Gregory Alan Isakov. Il n’est jamais trop tard pour apprendre dit-on. Voilà donc cette omission réparée. Malgré son patronyme a consonance russe, je l’ai indiqué plus haut, Isakov vient d’Afrique du Sud.
Très loin des conventions que requiert la musique folk-country (usage de guitare dobro, harmonica, un peu de violon et une voix traînante sinon nasillarde), dont les maîtres furent successivement Woody Guthrie, Willie Nelson, Kris Kristofferson, Emmy Lou Harris, sans oublier évidemment Bob Dylan, Isakov concocte une folk-music aux orchestrations léchées, voire sophistiquées, sans pour autant que cela trahisse la nature de ses textes. d’ailleurs, étonnement, le premier morceau, entamé par un duo piano-voix sur lequel vient vite se greffer le reste de l’orchestre, avec notamment un violon, nous laisse à penser que nous écoutons de la pop. Loin s’en faut.Le morceau est emprunt de nostalgie, à l’image de la photo de couverture, en noir et blanc.Une jolie entrée en matière. Dès « San Luis », on bascule vraiment dans la folk comme il semble aimer la construire. légère, souple, avec des instruments bien présents, ici une batterie à balais, une contrebasse et des choeurs.
Puis l’album défile, déroule tranquillement et Isakov propose toujours à nos oreilles, enfin les miennes en l’occurence, une folk inventive, où le banjo vient parfois se glisser comme sur « Bullet hole ». Gregory Alan Isakov possède une façon de chanter, presque narrative, qui n’est pas sans rappeler Roger Waters dans « The Wall », Bono dans « One », « America », « Where the streets have no name », ou bien encore Bruce Springsteen dans « Streets of Philadelphia », entre autres exemple. C’est un vrai bonheur pour moi de découvrir ce musicien.
« Was I just another one », « Caves », « Chemicals » s’enchainent par la suite sans que l’attention de l’auditeur ne retombe, même si le dernier nommé, une petite perle démarrée guitare-voix, ambiance début de journée, devant un café, mal réveillé, est d’une grâce à ravir. « Dark, Dark, Dark » nous ramène à un schéma plus traditionnel, avec l’appui de violon, de tambourin et de percussions.Sur ce morceau, Isakov nous gratifie de son talent au banjo.Tranquillement. Si j’aime un peu moins les deux titres qui suivent, « too far away » et « Where you gonna go », j’adore par contre « Wings in all black » qui clôt l’album. Une chanson qui pourrait se chanter au coin d’une cheminée ou sur une plage, devant un feu de camp.
Globalement, ce « Evening machines » est pour moi une belle réussite, que je vous invite à écouter, découvrir. Gregory Alan Isakov, un musicien sur lequel il faut s’attarder.
Guillaume.
Emilie Marsh, talent à suivre.

Parmi les nouveautés musicales de cette année, je suis tombé sur le nouvel album de la chanteuse-musicienne Emilie Marsh. Un choc. Je ne connaissais rien de l’univers musical ni de l’écriture de cette artiste qui a déjà un joli back-ground a son actif. En effet, une B.O. du film « Vies formidables », avec notamment le titre « Haut le coeur », 3 albums (dont »La rime orpheline ») précédents, dont deux 6 titres, des collaborations ici et là en tant qu’arrangeuse avec Emmanuelle Seigner notamment.
Cette rochelaise de naissance, multi-instrumentiste, amatrice de poésie, ce qui lui vaudra un prix lors du concours « Poésie en liberté ». Elle y fera ainsi la connaissance d’Etienne Champollion, musicien, arrangeur. La connivence musical va s’établir et Champollion va permettre à Emilie Marsh d’élargir sa palette musicale, sonore, les couleurs de ses chansons, grâce à l’apport de nouveaux instruments. Depuis une dizaine d’années, Emilie Marsh a enchaîné les premières parties d’artistes comme Michel Jonasz, Jil Caplan, Philippe Lafontaine.

Mais venons-en à l’objet de cette chronique, son nouvel album « J’embrasse le premier soir« . Elle y traite de différents sujets comme le désir charnel (« J’embrasse le premier soir »), la nostalgie (« Haut le coeur »), le couple, le désamour et l’envie d’aller voir ailleurs (« Où vas-tu la nuit »). Moi qui ne connaissait pas du tout cette artiste, j’ai été séduit par la qualité de son écriture, la musicalité et la diversité de ses orchestrations, entre ambiances mélancoliques, rock, pop (« Où vas-tu la nuit ? » fait furieusement penser à Indochine.). L’autre qualité d’Emilie Marsh réside dans sa voix, très expressive, et qui se balade avec une aisance déconcertante du grave à l’aigu. Parfois son phrasé fait penser à celui de Bernard Lavilliers (je sais ça peut paraître étonnant mais sur « Goodbye comédie », c’est assez notable) Nicolas Sirkis donc, et même Mylène Farmer, quand elle monte dans les aigus (écoutez « vents violents »). A noter sur ce disque le très beau duo avec Dani sur la chanson « Sur les ondes ».
Sur cet album qu’elle a quasiment écrit et composé seule, mis à part « Sur les ondes » dû à l’écriture de Pierre Grillet et « Vents violent » à Céline Ollivier, Emilie Marsh nous prend et nous emmène dans des univers très variés. C’est un vrai plaisir à l’écouter. Je vous laisse découvrir cette artiste, qui mérite qu’on s’y attarde.
Guillaume.
De Paris à Amsterdam avec Rémy Gauche.

Après deux ans passés à faire des allers-retours entre Paris et Amsterdam, le guitariste Rémy Gauche a décidé de composer un album racontant ses sensations ressenties à ces occasions. »Panamsterdam« , sorti en 2007, est son premier album. Vous retrouverez également la chronique de son plus récent « Obscurity to light » sur le blog.

Pour « Panamsterdam » donc, Rémy Gauche s’est entouré d’une belle brochette de talents, jugez vous-même : Benni von Gutzeit (violon), Shankar Kir Palani et Stéphane Kéréki (contrebasse), Jens Ellerhold et Anne Pacéo (batterie), Alice Zulkarnain (chant), Thomas Savy (clarinette basse).
« Panamsterdam » est un album sur lequel figure des titres de longue durée (le plus court fait 4’40, le plus long 11’40), ce qui permet à ses joyeux compagnons d’exprimer leur talent au service des nuances voulues. Aucune surenchère instrumentale individuelle. Le collectif prime. La musique est ainsi très bien servie. Dès « Chelsea bridge », dont le nom résonne du quartier huppé de Londres, Rémy Gauche offre à l’auditeur une ambiance douce, posée, idéale pour une déambulation dans les rues d’Amsterdam (chère à Jacques Brel bien sûr), comme de Paris. Après ce début en douceur, changement d’ambiance avec « Des abîmes aux cîmes », morceau le plus long du disque (11’40). Il démarre par des notes de clarinette basse installant un climat inquiétant. Puis, lentement le morceau s’installe, disparaît la notion de durée, pour laisser la place à une remontée vers la surface, comme une remise en place progressive de la capacité thoracique. S’annonce alors une marche vers les cîmes d’une montagne que l’on s’imagine escalader. Son successeur « Rémy’s tune »me fait véritablement penser , par le jeu de guitare ici produit, le son du morceau, au grand guitariste Pat Metheny, tout en fluidité, finesse. Personnellement, c’est l’un de mes morceaux préférés. Rémy Gauche rend également hommage à une autre grande figure du jazz, français en l’occurence, le violoniste Didier Lockwood. Le jeu de Benni Von Gutzeit sonne comme un rappel à cet immense musicien. L’ambiance est colorée, virevoltante. « African Mood »s’en trouve être un morceau très agréable à écouter.
Si donc Rémy Gauche rend hommage à de grands jazzmen sur ce disque, il sait aussi surprendre l’auditeur et nous demande de respirer « Take a breath »… il a raison, car ce titre est très rapide, sans.. respiration. Une vraie chevauchée musicale. Annoncée dans le casting du groupe, je me languissais d’entendre le son de voix de Alice Zulkarain. Ce fut donc le cas sur « Despite all ». Un joli timbre, souple, efficace. Ensuite ce fut tout ou rien… non « All or nothing »… un morceau qui m’a laissé sur ma faim musicalement, ne réussissant jamais à rentrer dedans.
Enfin, pour clore ce premier album, Rémy Gauche et son talentueux groupe nous jouent « The straw that breaks the camel’s beck ». Belle composition tout en nuances, marquée par des soli dûs à Stéphane Kéréki, Rémy Gauche, Anne Pacéo et Thomas Savy. Un feu d’artifice terminal.
Au final, « Panamsterdam » est un bel album, une jolie promenade musicale dans laquelle chacun(e) pourra y trouver sa pépite personnelle.
Guillaume.
Bashung l’immortel.

2009-2019. Voilà donc déjà 10 ans que la voix de Alain Bashung s’est tû. L’occasion de revenir sur la carrière d’un musicien doué, d’un chanteur-interprète, mais également compositeur (notamment pour Dick Rivers, avec qui il travaillera sur 3 albums entre 1972 et 1974).
Bien que né à Paris, c’est en terre alsacienne au sortir de la seconde guerre mondiale, que le jeune Bashung va grandir. Il va très rapidement découvrir la musique classique, à travers Richard Strauss, Richard Wagner ou encore Kurt Weill, mais également le rock’n’roll, via les radios des bases américaines situées en Allemagne, qui diffusent régulièrement Buddy Holly, Gene Vincent, ou encore le King Elvis Presley.
Plus tard, le BTS de comptabilité en poche, il va se diriger vers la musique et fonder un groupe, les « Dunces » (les cancres), au répertoire oscillant entre rockabilly et musique folk. Puis viendra le temps de deux rencontres déterminantes, celles du réalisateur Andy Scott, et du parolier Boris Bergman, en 1977. l’album « roman-photos » qui en résulte s’avère un échec commercial en pleine vague punk. Mais la roue va vite tourner. 1979 est l’année de « Roulette russe », qui malgré un échec lors de sa sortie, va connaître un second souffle grâce à l’apport l’année suivante du titre « Gaby oh Gaby », sorti en 45 tours (je sais que ça ne parle pas du tout au moins de 30 ans, mais oui, cela a bel et bien existé). Ca y est, la voie est tracée. Bashung va enfin pouvoir laisser son empreinte durablement dans le monde de la française. Véritable orfèvre de la chanson ciselée, mélodiste éprouvée, voix au timbre ultra-reconnaissable, le chanteur va alors écrire des chansons qui vont laisser leur empreinte : « Vertige de l’amour » (album « Pizza, 1981), puis « J’écume », « les grands voyageurs », le fameux « Osez Joséphine » et la reprise tout en subtilité de « Night in white satin », tous ces titres au menu de l’album « Osez Joséphine ». Sur « Chatterton »(sur lequel on retrouve Stéphane Belmondo, Marc Ribot ou encore Sonny Landreth), qui date 1994, on peut se régaler à écouter « ma petite entreprise », « J’passe pour une caravane » « A Ostende ». Au répertoire de ce chanteur figurent aussi des morceaux tels « l’irréel », « Cantiques des cantiques (enregistré avec sa femme chanteuse Chloé Mons, que nous avions reçu en 2006 dans le cadre du festival des Aventuriers, accompagnée par le guitariste Yann Péchin).
Les dernières années sont notamment l’occasion pour lui de composer « La Ballade de Calamity Jane » avec sa femme Chloé Mons et Rodolphe Burger en 2006, enfin le sublime « Bleu Pétrole » (2008).
Parti bien trop tôt à 61 ans, Alain Bashung nous laisse une œuvre riche, variée. La subtilité de ses textes (qui mériteraient parfois d’être étudiés en classe) et musiques, sans parler de cette voix légèrement nasale, font de cet artiste un personnage majeur de la chanson française. Immortel. A jamais.
Je vous laisse avec un petit florilège de chansons, à savourer-écouter sans aucune modération.
Guillaume.
Who Else? Bjorn Berge of course!

Il est de retour après 5 ans d’absence discographique. Qui donc? Bjorn Berge, dont je vous avais précédemment parlé à l’occasion de son album « Mad fingers ball » qui date de 2013. Le guitariste-chanteur norvégien, toujours aussi déterminé dans sa démarche musicale, nous revient en grande forme avec « Who else? », sorti voilà quelques mois déjà. Au menu de ce nouvel opus, un savoureux mélange de blues, de blues rock, voire carrément de boogie-rock, le tout servi par Berge et sa bande, à savoir Odin Staveland (morceaux 3,4,5, 9), Kim Christer (morceaux 1,2,6,7) et Vidar Stoyva (morceau 8) qui se partagent les baguettes, le bassiste Kjetil Ulland, et la choriste Dagny Christensen. L’odeur de la sueur, de la poussière sont bien présentes. Berge nous régale avec sa voix grave, profonde, qui n’est pas sans rappeler celle de Tony Joe White, apôtre du swamp-rock, ce blues-rock venu des bayous, du fin fond de la Louisiane.
D’entrée de jeu, avec le puissant « Monkey ship », Berge nous prévient. Il n’est pas revenu pour plaisanter. Le morceau a la rythmique échevelée. Suivent 3 titres qui s’enfilent comme des perles, » Lost pearl », « Mr. Bones » et « It just ain’t so ».. du bon vieux blues, tout droit issu du sud des Etats-Unis. Plus les morceaux défilent et plus Berge me convainc de sa qualité de song-writer, de chanteur, sans omettre ses purs talents guitaristiques.
Vraiment, ce « Who else? » est un pur plaisir d’écoute, qui n’est pas sans rappeler parfois le trio texan ZZ TOP, période « La Grange », « Tres hombres », « Fandango », notamment, et même un peu « Eliminator ». Le morceau « Bitter sweet » est un régal, véritable petite ballade, genre de musique qu’on s’imagine aisément écouter en conduisant une vieille Buick décapotable sur la mythique route 66.. le pied, en somme!
Avec « Speed of light, finie la récréation, la pause tendresse. Les choses sérieuses reprennent. C’est un titre très rock. Suit « the Calling », petite perle bluesy comme je les aime auquel succède le « Ginger Brandy Wine », aux accents « ZZ TOP ». Ca déménage, c’est efficace, et le talent vocal de Bjorn Berge surfe avec aisance tout au long du morceau. Pour clore ce « Who Else? », Berge et son groupe finissent avec « The sun’s going down », un blues-rock de toute beauté.
Bref, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce nouvel album de Bjorn Berge.Je suis certain qu’il ravira les amateurs/ trices de blues, blues-rock. Pour les autres, la belle découverte est à portée d’oreille.
Guillaume.
Il était une fois… 1982!

L’année de mes 15 ans! il s’en est passé des choses marquantes! A titre personnel, j’ai vécu mon premier concert de hard-rock au Pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne, après une attente sous un soleil de plomb. A l’affiche, un groupe de la NWOBHM (nouvelle vague du Hard-rock britannique, j’y reviendrai dans une prochaine série d’articles, patience!), à savoir Iron Maiden (« La Vierge de Fer »), à l’occasion de la sortie de l’album « Number of the Beast« , avec leur nouveau chanteur Bruce Dickinson, et en première partie, le groupe américain Blackfoot, mélange de rock et de blues sudiste, mené par le chanteur-guitariste Rickie Medlock. Année de coupe du monde de football qui se déroulait en Espagne, j’ai assisté dans un bar près de Millau, à la sublime autant que dramatique demie-finale entre la France et la RFA.
Après ce petit préambule personnel, 1982 fut aussi le théâtre d’évenements très importants tant en France qu’ailleurs dans le monde. En France tout d’abord, l’ISF est créé (impôt sur la fortune, qui sera transformé en impôt de solidarité sur la fortune en 1989, par Michel Rocard). Puis la 5ème semaine de congés payés, la loi sur la décentralisation, le vote d’un nouveau statut pour la Corse, le vote d’une ordonnance pour la retraite à 60 ans et le travail à temps partiel. Ensuite, dans le domaine de la société, les lois anti-homosexuels sont abrogées, et la majorité sexuelle est portée à 15 ans pour tous. Dans le domaine audio-visuel et culturel, l’émission « les enfants du rock » de Philippe Manoeuvre (Rock&Folk) et Antoine de Caunes, verra le jour, de même que « la dernière séance » animée et présentée par Eddy Mitchell (oui Laurent j’ai réussi à le placer !!).
La première édition de la fête de la musique aura lieu le 21 juin.
Ailleurs dans le monde, entre le 2 avril et le 14 juin, aura lieu guerre dite des « Malouines » entre l’Argentine et l’Angleterre.
En sport, le pilote suédois Keke Rosberg devient champion du monde de Formule 1, Bernard Hinault réalise le doublé Giro-Tour de France, Jimmy Connors, tennisman gaucher américain (que j’adorais voir jouer), remporte le tournoi de Wimbledon.
L’équipe de France perd en finale de la coupe Davis face aux Etats-Unis d’Amérique.
En musique, l’album « Thriller » de Michael Jackson sort au mois de décembre et va connaitre un succès sans précédent, devant le disque plus vendu au monde (25 millions d’exemplaires).
Côté cinéma, l’année 1982 a été riche en bons films, tant français qu’étrangers : « les fantômes du chapelier » de Claude Chabrol, « Garde à vue « de Claude Miller, avec Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider , mais aussi la « La balance » de Bob Swaim, avec Richard Berry et Nathalie Baye, « Tootsie » de Sydney Pollack, avec Dustin Hoffman, Jessica Lange, « E.T » de Steven Spielberg », mais aussi « Missing » de Costa-Gavras, ou « Yul » de Yilmaz Guney.
Parmi les personnalités qui disparaissent cette année-là, on peut noter Romy Schneider, Patrick Dewaere, Curd Jurgens, Ingrid Bergman, Grace Kelly, Jacques Tati, Maurice Biraud (cinéma), Louis Aragon, Philip K.Dick (littérature), Pierre Mendès-France (homme politique), Sonny Stitt (musicien de jazz).

Place à l’histoire inventée.
Le nord de la France. Lille. Les années 80. Francis et Gérald, père et fils. Le père, écrivain public, le fils, en fin d’adolescence, dans un service culturel, entre musique et littérature. Francis écoutait Nougaro, Ferré, Brel, Ataualpa Yupanqui et j’en oublie. Gérald, lui, est plutôt branché chanson française option Eddy Mitchell, Véronique Sanson, mais aussi découvre le rock et le hard-rock, aux sons de Led Zeppelin, Deep Purple, Iron Maiden, Van Halen. L’amour du jazz viendra plus tard.
Dans cet univers de corons, entre maison de briquettes rouges écartées par des ruelles étroites, Gérald se fait des amis. Une grande bande se forme alors, révélant des caractères et personnalités diverses. Certains ont une âme d’aventuriers, l’un d’eux, fan de la blonde chanteuse Kim Wilde clamant sans cesse son rêve d’aller un jour voir le Cambodge. D’autres, amateurs de poésie, les mots permettant d’échapper à la grisaille du quotidien. D’autres encore, amateurs de boxe, ne rêvent que de gros combats et d’histoire à la « Rocky », en écoutant « Eye of the Tiger ». Une manière de vivre ou survivre pour tous.
De cette grande bande adolescente rêveuse à des lendemains meilleurs, à des futurs dorés, les filles ne sont pas en reste. Rosanna, Mathilde et Sarah, 3 amies, issues de la même école de quartier, ont davantage que juste une illusion pour leurs futurs respectifs. des certitudes. Rosanna se voit musicienne plus tard. Mathilde rêve de fouler les planches au théâtre, Sarah s’imagine à la tête d’un restaurant. 3 destinées diverses. Au fil des années qui passent, leur amitié se renforce jusqu’à devenir indéfectible. Aucune d’entre elle ne gardera le contact avec Gérald.
Francis et Gérald, se retrouvent pour partager des moments de sports télévisés tels le Tour de France, le tennis ou l’athlétisme. Francis, malgré la distance kilométrique, amènera d’ailleurs son fils alors tout jeune, voir chanter Paco Ibanez à Paris, dans les anciens abattoirs de la Villette. Plus tard, en 1984 ou 1985, père et fils iront au fameux meeting de Saint-Denis, où un jeune perchiste soviétique, Sergueï Bubka, va faire sensation, en titillant déjà les perchistes français, sur le toit du monde à cette époque, à savoir Thierry Vigneron, Philippe Houvion. Un moment magique pour Gérald. Un beau moment de connivence partagé entre père et fils.
En grandissant, Gérald n’a qu’une seule obsession. Sortir de ce décor quotidien tristounet. Il le sait, le sent, son avenir est ailleurs, loin. Avec ou sans ses ami.e.s du nord. Chacun sa route, chacun son chemin.
Son travail dans une structure culturelle locale, qui lui plaît totalement, il l’envisage davantage à Paris, ville de lumière (s), foisonnante culturellement. Passionné de musiques (jazz, rock, chanson française), Gérald a aussi développé une passion pour le cinéma grâce à des films vus très tôt comme « il était une fois dans l’Ouest », « Duel », l’univers de Chaplin ou les comédies italiennes avec Marcelo Mastroianni, Vittorio Gassman. Il est sûr que c’est à Paris qu’il pourra assouvir ses deux passions et un travail qui les relie.
Face à cette décision, Francis, se rappelle alors celle qu’il avait pris, au même âge, pour quitter ses études et se lancer notamment dans le théâtre, au désespoir de son paternel. Il lui lance simplement « comme toi », pour valider sa décision. L’adolescent va quitter le nid.
Un peu aventurier dans l’âme, Gérald, part donc à Paris, ville où, plus qu’ailleurs, chacun fait, fait, fait ce qui lui plait, par le premier train venu. Quelques sous en poche, un sac à dos rempli du strict nécessaire, pour commencer. Le grand voyage vers l’inconnu peut démarrer. Très vite Gérald, par l’entremise d’un ami d’enfance, retrouvé par hasard dans un café place de la contrescarpe, il déniche une chambre de bonne, en attendant mieux, pour se loger. Rassuré d’avoir un toit, il se lance dans la recherche d’un boulot.
Les annonces ne sont pas légion. Celles qui lui conviendraient encore moins. Après quelques semaines, il finit par dégoter un poste dans une bibliothèque (on ne disait pas encore médiathèque à cette époque pourtant pas si ancestrale 🙂 ). Ce sera documentaliste, à la bibliothèque André Malraux (« entre ici Jean Moulin.. « ). Il faut un début à tout. L’équipe qui l’accueille est très sympa. Loin des clichés liés au métier. Dynamique, rieuse, avec des projets en tous genres menés grâce aux moyens de l’époque.
Gérald se sait chanceux. Un jour, une lectrice franchit les portes de la structure. Regards croisés, coup de foudre immédiat. Elle se prénomme Julie. Brune d’allure élégante, yeux d’un bleu électrique, accent anglais, londonien. Famille d’intellectuels. Les sujets de conversations ne manquent pas, dans un franglais parfait qui amuse les deux tourtereaux.
Dès lors, après ses journées de travail, Julie et Gérald sillonnent Paris, Paname pour les amateurs d’argot, des rues du 6ème au Sacré Coeur qui domine Paris, de la Madeleine au jardin des plantes, du parc de Luxembourg à Châtelet, ils enchaînent les promenades, voyant parfois des Corvette Rouge passer. Gérald, éperdument amoureux, dit régulièrement à Julie « I can’t take my eyes of you ». Il lui fredonne aussi « Femmes je vous aime ». Elle est sous le charme. Julie, amatrice de rock, aime à entendre « Rock the Casbah », « The number of the beast », ou encore « Thriller ». Eclectique est son univers. Gérald se dit que Julie est la femme de sa vie. Un soir, alors que la journée a été pluvieuse, suivie d’une belle éclaircie, les deux amants se promènent sur les quais de Seine, à hauteur de la Conciergerie. L’endroit est beau, le jour décline joliment, le ciel enveloppe les derniers rayons de soleil. Attablés en terrasse, dégustant une belle salade, accompagnée d’une bière, ils sont surpris par un orage violent. Julie, loin de se démonter, entonne « It’s raining again ». Une façon comme une autre de passer ce moment délicat, Gérald est tout heureux d’entendre « sa » Julie chanter.
Un jour, Julie annonce à Gérald qu’elle doit retourner en Angleterre. Sans donner aucune explication. Depuis quelques temps déjà, elle se montrait un peu distante face à Gérald. Moins câline, plus sèche dans sa manière de s’exprimer. Gérald ne comprend pas ce brutal changement d’attitude de sa bien-aimée. Désemparé devant cette ultimatum aussi soudain qu’inattendu, il crie « Don’t go, please don’t go », « Do you really wnat to hurt me? »… « Do you really want to make to make me cry? »… Bien que voyant la tristesse de Gérald, Julie ne revient pas sur sa décision, irrévocable. Gérald n’a plus que ses yeux pour pleurer cet amour qui s’en va, cette histoire qui se termine. Décidé à ne pas se laisser abattre pas ce coup du sort, il se replonge dans le boulot. La mise en place d’actions culturelles de qualités lui fait du bien au moral. L’enthousiasme de l’équipe finit de le remotiver.
Il n’entendra plus jamais parler de « sa » Julie.
Gérald, qui reste optimiste face à la vie, se dit alors : » Vivement 1983! ».
Guillaume.
Havin Fun with Tower of Power? Yes we can !

Bon, ça y est! finis les bains de mer, les ballades en montagne, les tongues aux pieds et les maillots de bains qui sèchent sur la terrasse de la location, les apéros enterrasse ou bord de mer… Oui tout ça c’est bel et bien ter-mi-né!!! C’est l’heure de le rentrée, scolaire pour les uns, professionnelle pour les autres. Et épistolaire en ce qui me concerne ! Pour accompagner ce nouveau départ (désormais sans mon compère Laurent, dont vous pouvez néanmoins suivre les aventures sur radiolowlow.video.blog) je vous propose une chronique sur un groupe phare de la funk et de la soul-music des années 70-80, au même titre que Funkadelic, George Clinton, James Brown et quelques autres, à savoir Tower of Power.
Encore aujourd’hui il continue son bonhomme de chemin. Le label Soul Music Records a la très bonne idée de ressortir une anthologie de titres publiés chez Columbia et sur le label Epic, entre 1976 et 1997, sous le titre « You ought to be havin’ fun », cher au groupe qui sortit ce morceau en 1977.
Des années 70’s, période de formation du groupe, à 2009, Tower of Power a publié pas moins de 17 albums studios (notons le premier « East Bay Grease » (1970) puis dans la foulée « Bump city » (1972), « Tower of Power » (1973, disque d’or), « Back to Oakland » (1974) et « urban renewal » (1975) ainsi que 4 albums live (« Live and living color », 1976 ; « Direct », 1988 ; « Direct plus », 1997 ; « Soul vaccination live », 1999). Bref les gars n’ont pas lésiné.

Sur le double cd qui nous occupe, nous sommes veinards car les deux périodes (Columbia et Epic), sont très bien représentées. Le premier est donc consacré aux années « Columbia ». Et le moins que je puisse dire c’est que cette période recèle de nombreuses pépites musicales avec bien sûr « Ain’t nothin’ stoppin’ us now » dans lequel ils annoncent que rien ne les arrête (ils nous en apporte la preuve par la suite), qui ouvre le bal, mais aussi l’invitation au positivisme et à la fête avec « You ought to be havin’ fun », « Am I a fool », le très beau et sentimental « By your side », ou encore « Just make a move and be yourself ». Oui cette première face dirais-je si c’était un double-album vinyle (cette remarque vaut pour les plus de 30 ans…), est un régal musical, une enfilade de perles, de moments jouissifs au cours des lesquels autant la section cuivre que la partie rythmique s’en donnent à coeur joie. Cela me fait regretter de ne pas les avoir vu sur scène. Ce groupe de dix musiciens produit une musique festive, plaisante, ultra dansante, mais aussi parfois très expressive quant aux sentiments de tristesse ou nostalgie.
Sur la deuxième face de ce double-album, l’orgie musicale continue. Pour mon plus grand plaisir (et le vôtre quand vous écouterez ce double-album). Il s’agit donc ici des titres enregistrées lorsque le groupe était sous contrat avec le label Epic, en 1993, au moment de leur album T.O.P. A cette période, la section cuivre du groupe subissait bien des modifications mais cela n’altérait pas sa qualité. Pour preuve, elle était demandée par des artistes tels que Rufus et Chaka Khan ou Elton John.
Dès l’entame de cette seconde partie, T.O.P. nous met dans l’ambiance avec « Soul with a capital S ». Les gars ne plaisantent pas du tout. Pour eux, et ils ont raison, la soul est une musique majeur du 20ème siècle. Au vu de ses nombreuses et nombreux contributeurs/ trices, c’est devenu une évidence. Pour n’en citer que quelques-un.e.s. je vous donnerai : Ray Charles, James Brown, Tina Turner, Otis Redding, Marvin Gaye, Martha and the Vandellas, Prince, Teddy Pendergrass, Whitney Houston, Beyoncé, Aretha Franklin, Luther Vandros (tu vois Laurent je n’oublie personne 🙂 ) et je pourrai en citer encore beaucoup d’autres.
Oui donc, sur le second volet de cette compilation, il est possible de trouver des pépites comme « Please come back », « You », « Who do you think you are », le brownien (même la section cuivre joue « à la manière de » du duo Fred Wesley-Maceo Parker) « Diggin » with James Brown« .
Allez, bonne rentrée à toutes et tous, et que cette nouvelle année vous soit pleine de belles surprises musicales. Un petit salut amical à Laurent, parti vers d’autres aventures.
Guillaume.