Archives Mensuelles: octobre 2019

Spielberg-Williams, une complicité en cinémascope.


Deuxième volet de notre nouvelle rubrique, qui met en lumière le couple « realisateur-compositeur de musiques de films ».
L’une des plus célèbres est celle reliant Steven Spielberg à John Williams. D’autres seront évoquées dans les semaines qui viennent.

Après avoir réalisé « Duel » en 1971, chef d’oeuvre de suspens entre une voiture conduite par un cadre qui rentre du boulot et un camion, dont on ne voit jamais le visage du conducteur, le jeune Spielberg se fera connaitre au monde le film d’épouvante « La Chose » en 1972, puis « Sugarland Express » (première collaboration entre les deux hommes) en 1974. L’année suivante, il réalise le fameux « Jaws » (« Les dents de la mer »). Ce film qui met en scène un grand requin blanc mangeur d’hommes (ce qui dans la réalité n’est pas la autant la vérité, fort heureusement, que celle montrée dans le film), fera un carton mondial.
Je me souviens avoir vu « Duel »( avec Dennis Weaver) avec mon père, puis  « Jaws » (avec Roy Scheider, Lorraine Gary, Richard Dreyfuss et Robert Shaw) dans un cinéma du quartier Latin. Les deux fois, j’en étais sorti remué.

Les deux histoires, très différentes évidemment,  formidablement mises en scène, étaient portés par des musiques très identifiables, fortes. Si celle de « Duel » est l’oeuvre de Bill Goldenberg, celle de « Jaws » est donc signée de Williams.

John Williams, pianiste mais  également compositeur de musique, va se faire connaître du grand public, après « Jaws », en signant la musique (certes fortement inspirée de Gustav Holst et de son « Lost Planet ») de la première trilogie intergalactique sortie de l’esprit de Georges Lucas, à savoir « Star Wars ».
Cette saga, débutée en 1977, avec le fameux épisodes IV « la guerre des étoiles : un nouvel espoir », puis V « l’Empire contre-attaque »,  enfin le VI « le retour du Jedi », fera de lui une véritable référence en la matière.
La trilogie fera une pause jusqu’en 1999, année où sortira l’épisode 1″la menace fantôme », bientôt suivi des épisodes 2 « l’attaque des clônes »(2002) et 3 « La revanche des Sith » (2005).

Partagé désormais entre ces deux monstres du cinéma, il composera aussi les musiques de la saga « Aventuriers de l’arche perdue », avec Harrison Ford dans le rôle titre. 2 autres films seront tournés, ‘Indiana Jones et le temple maudit », « Indiana Jones et La dernière croisade » (avec Sean Connery).

Il signera aussi les formidables musiques de « E.T », »La liste de Schindler », « il faut sauver le soldat Ryan », « Rencontres du Troisième type », le drôle « Arrête-moi si tu peux « , la fresque historique « Lincoln », sans oublier « Amistad », fresque sur la période esclavagiste aux États-Unis,  « A.I intelligence », sur l’intelligence artificielle, « 1941 », sur l’attaque de Pearl Harbour par le Japon, qui fera entrer les États-Unis dans la seconde guerre mondiale, et le superbe « Tintin ».
Il a également composé la musique de « Harry Potter », d’abord « l’école des sorciers » (2001), puis les deux suivants,  avant de passer le relais à d’autres musiciens.

Bref, vous le voyez, les deux hommes ont travaillé ensemble sur de très nombreux films, qui pour la plupart sont devenus des classiques du cinéma.

Revoir ces films de Spielberg, c’est aussi pouvoir réécouter la musique de John Williams. Ecouter John Williams nous replonge dans les films de Spielberg.
Pourquoi se priver de ce double plaisir ?
Je vous laisse donc ici en compagnie de John Williams.

Guillaume.

Leone-Morricone, initiateurs du nouveau western.



Nouvelle rubrique pour vous sur ce blog : la relation entre un réalisateur de films et un compositeur de musiques de films. Nous commençons par un duo mythique : Sergio Leone-Ennio Morricone.

Tout d’abord, je dois rendre à César,  c’est à dire en l’occurrence à mon père, d’avoir découvert, alors que j’étais jeune et fasciné par les westerns américains, incarnés par les acteurs comme John Wayne, James Stewart, ou encore Burt Lancaster, et des réalisateurs comme John Ford, John Sturges, oui d’avoir pu découvrir le nouveau western, à la sauce italienne, avec des films comme « Le bon, La brute, Le truand » (Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Élie Wallach), et les deux autres films de cette trilogie, « Pour une une poignée de dollars »(Clint Eastwood, Gian Maria Volonte), « Et pour quelques dollars de plus » (Clint Eastwood, Lee Van Cleef. Gian Maria Volonte, Klaus Kinski).

Cette trilogie, tournée principalement en Espagne, met en scène des personnages qui manient tour à tour cynisme, malice, humour. Dans un autre registre, qui marque la rencontre entre un jeune cowboy et une légende de l’Ouest, il y a « Mon nom est Personne » (Henry Fonda, Terence Hill). Cela m’a donc permis de découvrir un réalisateur, Sergio Leone, ainsi qu’un compositeur de musiques de films, Ennio Morricone. C’était au temps béni du magnétoscope et des cassettes VHS, sur lesquelles il était possible d’enregistrer des émissions,  concerts, ou donc des films. Une époque que les moins de 30 ne peuvent pas avoir connu.

Jusqu’à cette découverte, ces films, ces noms m’étaient totalement étrangers. Avoir un père cinéphile a eu du bon. Parmi les nombreux westerns « spaghetti » (ainsi nommé car ils seraient tourné aux studios de Cinecitta, mais également en Espagne, ou donc réalisé par des italiens). Il en est un qui a marqué mon esprit : « il était une fois dans l’Ouest ». Son rythme lent, ses gros plans appuyés sur les personnages (Henry Fonda, Claudia Cardinale, Jason Robbards, Charles Bronson), les silences volontaires, les gros plans sur les personnages, voire même les plans serrés sur leurs yeux, ses longs plans séquences, le tout magistralement mis en musique par Ennio Morricone, ont fait de ce film, à mes jeunes yeux, un film culte, que je prends toujours autant de plaisir à voir plus de 30 ans après.

Mais ce binôme italien, loin de se cantonner au seul genre du western qu’il à donc grandement révolutionné par le style de narration, le jeu des acteurs, l’aspect minimaliste parfois des dialogues, et surtout par la place accordée à la musique, un peu à l’image du travail de Léonard Bernstein en 1962 sur le mythique « West Side Story », histoire elle-même inspirée de Roméo et Juliette.

En effet, après avoir travaillé ensemble sur « Il était une fois dans l’Ouest » (1968), puis sur « Il était une fois la Révolution » (1971, avec James Coburn), ils boucleront cette autre trilogie par  « Il était une fois l’Amérique » (1984, avec Robert de Niro, James Woods, Elizabeth Mac Govern). 

Sergio Leone, avant de se lancer dans le western, s’était frotté au genre Péplum. Naîtront ainsi « Le colosse de Rhodes » (1961, avec Rory Calloun, Georges Marshall), « Romulus et Rémus », sur lequel il n’est que scénariste (1962, avec Steve Reeves), puis dans la foulée « Sodome et Gomorrhe », qu’il co-réalisera avec Robert Aldrich. L’acteur Stewart Granger sera la vedette du film.

Pendant plus de 30 ans, ces deux artistes, devenus par leur travail respectif des références dans leur domaine, ont régalé le public, par la qualité de leur collaboration.
Sergio Leone, mort en 1989, laisse derrière lui une oeuvre considérable, un nombre incroyable de films devenus cultes qui sont pour certains étudiés dans les écoles de cinéma du monde entier.

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Ennio Morricone, 90 ans, continue infatigablement de donner des récitals un peu partout également.
En 2007, il sera également honoré par un oscar d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre et sa contribution artistique, musicale, au monde du cinéma.

Neuf ans plus tard, il recevra un Oscar pour le film « Huit Salopards » (2016). Ennio Morricone a également composé les musiques de films comme « Le clan des Siciliens »(1969, avec Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura), « Sacco & Vanzetti »(1971), »Le Professionnel » (1982, avec Jean-Paul Belmondo, Robert Hossein, Michel Beaune)  « Mission » (1987, avec Jeremy Irons et Robert de Niro), « Les Incorruptibles » (1988, avec Sean Connery, Andy Garcia, Kevin Costner), « Cinema Paradiso » (1991, avec Philippe Noiret) et beaucoup d’autres, comme Pier Paolo Pasolini « les petits et les grands oiseaux »), Roman Polanski (« Frantic », avec Harrison Ford et Emmanuelle Seigner, 1987) Brian de Palma (« Mission », avec Robert de Niro et Jeremy Irons, 1987), Quentin Tarantino (« Django Unchanined », avec Christopher Waltz, Brad Pitt, 2013), Henri Verneuil (« Le clan des Siciliens », 1969; « I comme Icare », avec Yves Montand,1979). Vous le voyez, ce compositeur et chef d’orchestre a travaillé avec les plus grands cinéastes, depuis plus de 50 ans.

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Si vous n’avez vu aucun des films cités ci-dessus, de Sergio Leone ou donc les autres, alors foncez, vous vous régalerez, tant du point de vue des films que des musiques. 

Guillaume.

 

Michael Schenker, Prince de la Flying V.


Parfois, regarder des vidéos de ses guitaristes préférés sur Youtube peut avoir du bon. Je m’explique.
Voilà quelques temps, je tombe sur une interview de Michael Schenker expliquant les raisons de sa rancoeur profonde envers le groupe Scorpions, au sein duquel évolue son frère aîné Rudolph. Et le moins que l’on puisse dire est que l’homme à la célèbre Flying V noire et blanche ne mâche pas ses mots. Le tout entre colère froide et détachement blasé. Il y explique son rôle dans le succès du groupe aux États-Unis, à l’époque de leurs premiers albums , »Lonesome Crow » (1972), « Loverdrive » (1979), »The Best of Scorpions » (1979), les parties de guitare enregistrées en studios non créditées sur certains albums du groupe même après son départ. S’il garde rancoeur profonde et tenace, c’est pourtant grâce à son frère, enfin à la guitare de celui-ci, que Michael, alors gamin, se mit à jouer de l’instrument. D’abord de l’acoustique puis très vite de l’électrique. Après, ses qualités personnelles, ses aptitudes à composer ont fait le reste.

Mais pourquoi vous dis-je cela?
Sans doute parce que adolescent, comme mon ami Fred, si j’écoutais déjà Scorpions, je n’ai pas tardé à découvrir Michael Schenker avec son groupe …MSG. Le premier disque (33 tours, y avait pas encore Deezer ou Spotify à l’époque 😉) que j’ai acheté chez un disquaire (là aussi, ça va rien dire aux moins de 30 ans😉), fut le double « live at Budokan ». Ce qui m’a tout de suite plu, c’est le côté mélodieux, lyrique (écoutez donc « On and On », « Let Sleeping dog’s lie », « Courvoisier concerto », « Lost horizons », « Victim of Illusion ») du jeu pratiqué par Schenker. Virtuose mais sans en faire trop. Juste ce qu’il faut, efficacité d’abord. Une pure merveille. D’autres morceaux, plus hard, sont auusi très bons à écouter, tels « Attack of the mad Axman », « Armed and Ready ».  Au chant il y avait un certain Gary Barden. Pour moi, en fait, il fut le seul chanteur qui collait parfaitement au style, à la personnalité de Schenker. Une voix puissante, à l’aise dans les aigus, bon performer sur scène. C’était le binôme parfait. Le « Live à Budokan » le souligne d’ailleurs parfaitement.

Ce live s’ouvrait par un extrait de la tétralogie de Wagner ( qui servit également à illustrer un vol d’hélicoptères dans la fameuse scène du film « Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola,  avec un casting de stars, Marlon Brando, Martin Sheen, Harrison Ford, Laurence Fishburne, Robert Duvall, Dennis Hopper, Aurore Clément…), puis très vite le titre « Armed and Ready »démarre. Tout est là, déjà. Un sens mélodique évident, un son ultra reconnaissable, et des compositions qui vont marquer mon esprit tel « Into the Arena », « Lost horizons », « On and on », « Let sleeping dogs lie », »Never trust a stranger ». Schenker montre toute l’étendu de son talent, alternant les ambiances plus intimistes, les compositions plus planantes. Bref, pour l’amateur de guitare que je suis déjà à l’époque (mais je ne pousserai pas jusqu’à apprendre l’instrument), c’est un véritable plaisir d’écouter ce musicien.
Le groupe de l’époque était composé outre Barden et Schenker, de Paul Raymond à la guitare et aux claviers, de Chris Glen (Ian Gillan-Deep Purple, Ian Gillan Band) à la basse, et du cogneur Cozy Powell ( Jeff Beck Group, Whitesnake, Rainbow, Black Sabbath, Brian May, Yngwie Malmsteen), aux baguettes. Ce live a longtemps et souvent tourné sur ma platine. J’ai donc suivi le parcours de Schenker, acheté parfois en confiance aveugle ses disques, et parfois je me suis trompé, comme lorsqu’il a changé de chanteurs, engageant notamment Robin Mac Auley, le MSG devant alors le Mac Auley-Schenker Group.

Les trois albums isssus de cette association ne sont pas les meilleurs de la carrière de l’ange de la Flying V. Que ce soit « Perfect Timing » (1987), « Save Yourself » (1989) ou « MSG » (1992), je ne fut pas du tout convaincu, voir très déçu, car le style avait alors dérivé vers un rock commercial qui ne colle pas du tout au personnage de Schenker. Se rendant compte de ces échecs commerciaux, le guitariste mettra fin à cette association, pour retourner seul à son travail de compositeur-musicien. Schenker travaille loin des cannons, en véritable artisan.

Avant cela il n’avait pas eu plus de réussite hélas avec le pourtant très rock Graham Bonnett (ex chanteur de Rainbow, Alcatrazz), lorqu’il enregistre « Assault Attack » en 1982, puis « Built to Destroy » en 1983. L’énergie du chanteur, sa voix très puissante, ont certes permis à Schenker d’assurer des shows de très bonnes qualités (j’en fus témoin), mais sur disque, cette énergie se diluait hélas. C’est vraiment dommage.

Mais s’il a eu des déconvenues avec ses chanteurs, hormis Gardy Bartden, il a néanmoins travaillé avec de grands noms : Cozy Powell (il a joué au côtés de Gary Moore, Black Sabbath, Jeff Beck Group, Whitesnake, Robert Plant, Bryan May, Simon Phillips (batteur de Toto, mais aussi aux cotés de la pianiste jazz Hiromi), Neil Murray (basse, ex Whitesnake, Black Sabbath, Gary Moore), Paul Raymond (ex UFO, Waysted)… bref le garçon savait s’entouré de pointures au service de son projet.

Aujourd’hui, à 64 ans, celui qui est passé par UFO, Scorpions, avant de se lancer dans sa propre carrière, continue de tourner à travers le monde, d’offrir son talent intact au public qui se déplace pour le voir, l’écouter.

Je vous laisse en sa compagnie. Bonne découverte à vous.

Guillaume.

La playlist d’octobre : l’automne


Fin de l’été. Les derniers rayons de septembre. Nous voici dans le vif du sujet. Octobre, et l’automne qui a bien pris ses marques, et nous nos plaids et nos tisanes. Pour accompagner l’entrée dans cette nouvelle saison, quelques musiques – un brin de mélancolie, quelques touches de nostalgie. Des airs d’introspection, des mélodies pour accompagner nos réflexions.
On commence à hiberner, tout doucement…
Bonne écoute

Carine

Photo by Jeremy Thomas on Unsplash

Du Boléro de Ravel à What now my love.


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Quand Maurice Ravel, grand compositeur de musique classique, a écrit son fameux « Boléro », il était évidemment très loin de se douter que plusieurs décennies après, sa musique servirait de base à Gilbert Bécaud pour écrire sa fameuse chanson « Et maintenant », qui sera elle même transformé pour le crooner américain Franck Sinatra (l’un des très nombreux interprète de ce tube mondial, vous verrez les autres dans la playlist en fin d’article), sous le titre « What now my love ».

Tout commence donc à l’automne 1928, lorsque Maurice Ravel, compositeur français de musique classique, se décide à écrire un boléro, qui est à l’origine une musique de ballet pour orchestre en Ut majeur. Cette musique possède un thème principal répétitif, entêtant, par celles et ceux qui l’écoutent, encore aujourd’hui. C’est aussi devenu un morceau de musique travaillé au collège pour les élève de 6ème et 5ème, j’en parle par expérience personnelle). Cette oeuvre sera créée le 22 novembre 1928 à l’Opéra Garnier, avec la danseuse russe, Ida Rubinstein. Ce morceau de musique deviendra par la suite un « classique », l’oeuvre étant jouée partout dans le monde, sous plein de formes différentes.

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En 1961, Gilbet Bécaud, suite au hasard d’une double rencontre dans un avion avec une jeune femme, Elga Andersen, partie se marier, et retrouvée le lendemain, effondrée de tristesse, qui lui confiera « Et maintenant qu’est-ce que je vais faire? », composera les premières mesures de ce qui deviendra la chanson « Et maintenant », sur la quelle une caisse claire sera jouée au rythme d’un boléro qui évoque fortement celui de Ravel. Le parolier Pierre Delanoë (auteur de plus de 5000 chansons pour des artistes tels que Michel Sardou, Edith Piaf, Juliette Gréco, Michel Fugain, Michel Polnareff, Gérard Lenorman, Joe Dassin, Hugues Aufray, et beaucoup d’autres…), se chargera de trouver les paroles de la chanson. Dès sa sortie, la chanson devient un tube en France. Des chanteurs français tels que Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Charles Aznavour en donneront des versions assez remarquables grâce à leurs qualités d’interprétations.

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A l’étranger, ce titre, dans un premier temps, va connaitre un triomphe aux Etats-Unis, par le biais d’une adaptation en anglais dont les paroles sont signées Carl Sigman, sous le titre « What now my love? ». Dès lors, des artistes aussi célèbres et chantant dans des registres aussi divers allant du rock à la soul-music, du jazz, mais aussi issus de la country-music (Elvis Presley, Ben E. King, Franck Sinatra, Sarah Vaughan, Willie Nelson… parmi beaucoup d’autres) vont donner un retentissement nouveau au titre issu de la collaboration Delanoë-Bécaud.

Aimant beaucoup le jazz, et surtout Franck Sinatra, j’ai un gros faible pour sa version magnifique de ce titre. La magie de ce chanteur était qu’il avait, outre un sens du rythme absolument impeccable, un timbre vocal qui lui permettait de s’aventurer dans tous les genres. Un acrobate vocal. Un chanteur inégalé. Mais d’autres, telles Sarah Vaugahn, Aretha Franklin, Dakota Stanton, Judy Garland, y appportent cet indéfinissable touche personnelle, ce style vocal personnel qui donne à leur version un charme sans pareil. Chez les hommes, que dire de Ben E. King, de l’inattendue version de Roy Orbison (l’auteur de « Pretty woman« , plus tard repris par le groupe Van Halen), sans parler évidemment de la superbe interprétation du King Elvis Presley, pourtant très malade au moment où il chante cette chanson.

Comme vous le constaterez en parcourant la playlist ci-dessous, le boléro de Ravel, a traversé le temps, les modes musicaux, et trouvé des interprètes aussi inattendus que majeurs pour perpétuer cette musique, qui dans un premier temps avait été adopté par Gilbert Bécaud, et devenir malgré lui un titre qui traverse le temps. L’expression « La musique est un art intemporel, universel », n’a jamais aussi trouvé sa justification.

Je vous laisse découvrir la playslist. Le bonheur est au bout de l’écoute.

Guillaume.

Bauer / Personne, artistes singuliers.


Cette fois-ci, j’ai décidé, pour la première fois depuis très longtemps, d’évoquer deux artistes, chanteurs-guitaristes-auteurs-compositeurs, dans la même chronique. Deux artistes aux parcours un brin similaires, singuliers, en marge des grands noms de la chanson française, mais qui, petit à petit, patiemment, ont su se forger une place dans cet univers parfois sauvage et difficile. Je veux ici parler d’Axel Bauer et Paul Personne (à qui j’ai déjà consacré une chronique sur ce blog), à l’occasion de leurs respectifs nouveaux albums, « Peaux de serpent » et « Funambule (ou tentative de survie en milieu hostile »).

Par respect pour l’alphabet, je commencerai par évoquer « Peaux de serpent » d’Axel Bauer, sorti en 2013. Oui je sais cela va vous sembler étranger de ne le chroniquer que maintenant, mais voilà, je suis tombé dessus récemment (mieux vaut tard que jamais dit-on), et j’ai littéralement craqué! Ce qui me frappe d’entrée en écoutant ce nouvel album, c’est l’est la qualité d’écriture de Axel Bauer. Bien sûr je ne la découvre pas. Il n’est qu’à se souvenir de son premier album avec le tube « Cargo de Nuit », et ce superbe clip réalisé par le génial Jean-Baptiste Mondino, tout en ambiance noire et blanc. Puis bien entendu, ses albums « Nouveaux seigneurs » (1987), « Sentinelles » (1990), ou le très beau « Personne n’est parfait » (2000). En 2003, Zazie et lui avaient chanté en duo sur le joli titre « A ma place ». Un vrai succès, tant critique que public. »Bad Cowboy », qui est paru en 2006, m’avait par contre assez déçu. Je l’avais trouvé brouillon, avec des titres de qualités très inégales. Ce n’est donc pas le cas de « Peaux Sensibles ». D’entrée il nous saisit avec « Souviens-toi », magnifique et sur lequel il nous régale de sa voix timbrée tout en maîtrise. S’en suivent des tires qui sont comme des perles, je veux parler ici « Pense à nous » ou le très subtil « Elle est SM » (évocation de la relation sado-maso). Puis viennent « Les hommes à la mer » (la mer, les marins, ambiances balade bretonne) , sur lequel intervient Jean-Louis Aubert. « Aveugle », avec cette ambiance acoustique, ce rythme qui n’est pas sans rappeler certaines chansons de Bashung, Le reste de l’album, à savoir « Je fais de mon corps » (évocation du corps qui vieillit), « Lève-toi » (rythmique un brin hypnotique), « L’enfer » (l’amour mortel), « Orfèvre de l’inutile » (l’amour), sont de superbes compositions qui montrent que Axel Bauer est revenu en grande forme .Je vous le recommande. J’attends maintenant de voir cet album joué sur scène.

Pour ce qui concerne le nouvel opus de Paul Personne, « Funambule (ou tentative de survie en milieu hostile) », sorti en mai dernier, là aussi il s’agit d’un retour à signaler, car le bonhomme, toujours très discret sur ses projets collaboratifs ou personnels, a écrit un des meilleurs albums (à mon goût) qu’il ait produit depuis longtemps.

Si le talent guitaristique de Paul Personne n’est plus à démontrer, sa plume est toujours aussi acérée lorsqu’il s’agit de traiter de sujets tels que les médias (écoutez donc « Comédia« ) la solitude et le repli vers la nature avec « Chez moi« ), les dégâts faits par les décisions prises au niveau mondial (« Les dégâts »). Paul Personne se révèle ici être un citoyen très préoccupé (mais cela ne date pas d’hier en ce qui le concerne) par le devenir de notre planète. L’aspect très rock de ce disque renforce à mon sens le cri, la préoccupation de cet artiste, le regard qu’il jette sur la société qui l’entoure. Superbement entouré, Paul Personne nous régale de son talent, de ses soli dont il a le secret. La voix rauque de ce musicien colle toujours parfaitement aux mélodies qu’il concocte savamment, tel un orfèvre, loin de l’inutile (petit clin d’oeil à Axel Bauer). La tonalité générale n’est pas sans me rappeler « Rêve sidéral d’un naïf idéal » paru en 1994.

En somme, vous l’aurez compris, je recommande les 2 disques concoctés par ces artistes aussi discrets que talentueux. Je serai curieux de les voir réaliser un album ensemble, tant leurs univers, leurs voix, leurs talents de guitaristes et compositeurs pourraient si bien se marier. Paul Personne l’a déjà fait avec Hubert-Félic Thiéfaine, en 2007, avec le très beau »Amicalement blues ». En attendant, il sera possible de le voir sur la scène de l’Olympia en mars 2020. Moi j’y serai, et vous?

Guillaume.

Yngwie Malmsteen, l’archange du Hard néo-classique.


Parfois une discussion avec un ami sur des guitaristes que l’on a aimé dans notre adolescence nous rappelle à de bons souvenirs. C’est donc grâce à l’un de mes amis, Fred, à qui je dédicace cette chronique, que j’évoque aujourd’hui le prodige suédois Yngwie Malmsteen.

Né en 1970 dans une famille de musiciens, Lars Johan Yngve Lannerback, alias Yngwie Malmsteen, décide de devenir guitariste le jour du décès de Jimi Hendrix, le 18 septembre 1970. Il va découvrir la guitare à 7 ans, lorsque sa mère lui offre une guitare acoustique. 2 ans après, il s’offre une guitare électrique. Après avoir découvert Jimi Hendrix, il va aussi faire connaissance avec la musique du violoniste Nicolas Paganini. Un peu plus tard, il s’intéressera à Bach, Vivaldi. Il développe très vite une technique qui se veut proche du celle de Paganini. Dans les années 70, le guitariste Uli Jon Roth, qui fera partie un temps du groupe Scorpions (écoutez le live « Tokyo Tapes, de 1978, un bijou), avant de voler vers une carrière solo, sera sa référence absolu, tout comme Ritchie Blackmore, le sombre guitar-hero de Deep Purple.

Après avoir fondé différents groupes, dont le dernier, Rising Force, il est repéré au début des années 80 par le producteur Mike Varney (dans son « écurie » figurent des talents comme Jason Becker, Vinnie Moore ou Patrick Rondat, qui travaille pour le label Scharpnel Records . A sa demande, en 1984, Malmsteen s’envole pour les Etats-Unis. Sa carrière va alors décoller. la sortie de son premier album « Ingwie J. Malmsteen’s Rising Force » va constituer une vraie révolution dans la manière de jouer et la manière de combiner musique classique et hard-rock. Je l’avais d’ailleurs acheter, sur les conseils avisés d’un disquaire ( à une époque où ceux-ci existaient encore et où on pouvait trouver des 33 tours, mais là je m’adresse aux plus de 30 ans seulement 🙂 ). J’avais en effet pris une claque musicale et m’était pris de passion pour ce jeune prodige, dont j’allais acquérir les albums suivants. Malheureusement je ne l’ai jamais vu en concert.

Il a également joué les seconds, notamment au sein du groupe Alcatrazz, dont le chanteur n’était autre que Graham Bonnett (photo ci-dessus) qui officia au sein de Rainbow et MSG (Michael Schenker Group), dont la vedette était le virtuose Michael Schenker (frère de Rudolf, membre fondateur de Scorpions).

Mais loin de n’être qu’un monstre de technique, un virtuose de la six-cordes, Malmsteen va s’évertuer à jouer dans différents styles. Des morceaux néo-classiques bien sûr comme « Black star », mais aussi des ballades telles « Save our love », des morceaux très mélodiques comme « Heaven tonight », même du hard-blues avec « Bedroom eyes ».

Comme tous les génies, et à l’image de son idole Ritchie Blackmore, il change très souvent le casting des musiciens de son groupe, naturellement nommé « Yngwie Malmsteen ». Depuis ses débuts, le virtuose suédois a enregistré pas moins d’une vingtaine de disques, dont personnellement je ne retiendrais que la première période. Je l’ai un peu perdu de vue ces dernières années, car j’estime qu’il a une fâcheuse tendance à se répéter musicalement et parfois même à se parodier. D’où mon désintérêt, mais je reste évidemment convaincu qu’il est un, sinon le guitariste le plus doué de sa génération comme avant lui Eric Clapton, Jimmy Page, ou Edouard « Eddie » Van Halen, ou plus près de nous Joe Satriani, Steve Vaï.

A la fin des années 90’s, il décide de laisser de côté pour un temps ses amours pour le hard-rock et enregistre des compositions personnelles inspirées de Vivaldi avec l’orchestre philharmonique de Prague. Quelques années plus tard, en 2003, il rejoint le supergroupe constitué par Joe Satriani et Steve Vaï, G3, pour donner quelques concerts. En 2008, Suite au départ du chanteur Dougie White, remplacé par Tim Owens (ex Judas Priest). Leur collaboration débouchera entre autre sur l’album « Perpetual Flame », premier disque sorti sur le label… Rising Force, fondé par …. Yngwie Malmsteen évidemment ! Depuis, le guitariste se fait rare, outre des apparitions dans des shows télévisés (il a notamment participé en 2018 à la version américaine de « The Voice« , où il subjugue un jury en audition à l’aveugle).

Aux dernières nouvelles, Yngwie Malmsteen a sorti « Blue Lightning » en 2019, ce qui ravira les fans de la première heure, comme les plus récents. Alors, une prochaine tournée pour voir le génie en action? Probable… reste à surveiller les dates.

En attendant je vous laisse avec quelques morceaux de bravoures guitaristiques de ce seigneur de la six-cordes.

Guillaume.

Ronnie James Dio, chanteur diabolique.


Ronnie James Dio, de son vrai nom Ronald Padavona, est né en 1942, à Portsmouth, dans l’état du New-Hampshire, aux Etats-Unis. Il fut l’un des chanteurs majeurs du genre hard-rock dans les années 70’s-80’s, 90’s. Issu d’une famille où la tradition catholique est omniprésente. Poussé à des études de pharmacologie, il n’en délaissera pas pour autant sa passion pour la musique, le rock. Garçon curieux, il se tournera vers l’apprentissage de la trompette et du cor français. Mais son goût pour le rock va vite reprendre le dessus. Il fut successivement le leader vocal des groupes Elf, Rainbow (avec Ritchie Blackmore à la guitare), Black Sabbath et Dio. Sa qualité principale était sa voix puissante, qui lui permettait de tenir des notes assez longtemps comme de monter assez haut dans les notes. Sans oublier que c’était une bête de scène.

Sa carrière de musicien, il l’entame donc avec le groupe Elf, qui publiera un album éponyme en 1972. Repéré par le duo Roger Glover-Ian Paice, respectivement bassiste et batteur de Deep Purple, qui produiront l’album, Elf fera la première du groupe anglais lors de très nombreuses dates. L’occasion pour Ronnie James Dio de montrer tout son savoir-faire vocal. En 1973, le groupe sort un nouvel album, « Carolina County Ball ». Dans la foulée, il participe à l’album de Roger Glover « The Butterfly Ball and the Grasshopers Feast, sur lequel il chante le titre « Love is all« . Carton ! « Trying to burn the sun », sorti en 1975, sera le dernier album du groupe. Ritchie Blackmore, qui vient de laisser le Pourpre Profond continuer sa route, propose à Ronnie James Dio et ses musiciens de fonder un nouveau groupe. Ainsi est né Rainbow. Durant les trois années de la collaboration Dio-Blackmore, le groupe va connaitre un véritable succès, tant par les ventes d’albums que sur scène. Les disques « Ritchie Blackmore’ s Rainbow » (1975), « Rising » (1976), « Long live Rock’n’roll » (1978), que j’ai longuement fait tournés sur ma platine, époque adolescent blouson de cuir et cheveux longs (oui je sais Laurent et Carine, ça parait difficilement imaginable, mais pourtant c’était vrai!) témoignent de ce succès.

Le live double « On stage », sorti en 1977, restitue parfaitement l’univers musical du groupe et certains titres sont joués de façon magistrale : « Kill the King », « Catch the Rainbow », « Mistreated », « Sixteen Century Greensleeves », « Still I’m sad », sans oublier « Man on the silver mountain » ou « Starstruck ». Cet album a longtemps et très souvent tourné sur ma platine disque quand j’étais adolescent. Malheureusement, je n’ai pas vu ce groupe sur scène, à l’époque. Comme il est coutume de dire, c’est en raison de « divergences musicales » que Ronnie James Dio quitte Rainbox et Blackmore en 1978.

Viendra ensuite la période Black Sabbath, groupe au sein duquel, à la demande du guitariste Tommy Iommi, il succèdera au fantasque autant qu’excellent vocaliste Ozzy Osbourne. Suivront deux albums qui vont redonner de la vigueur à ce groupe alors en grande difficulté : « Heaven and Hell » (1980), « Mob Rules » (1981). Finalement, il claquera la porte du groupe en 1982. Prêt à se lancer dans une carrière solo. Les années 80’seront celles du succès pour lui. Il forme le groupe Dio, avec le batteur Vinie Appice, ex-Black Sabbath, le bassiste Jim Bain, et un jeune prodige de la guitare, Vivian Campbell, bientôt remplacé par Craig Goldy. Le groupe va enregistrer l’album « Holy Diver » en 1983. Gros succès international. Le groupe attire un public de plus en plus nombreux. S’en suivra « The Last in Line » en 1984. Je me souviens très bien de cette tournée car j’avais vu le groupe au Zénith de Paris. Salle comble, ambiance énorme. Concert exceptionnel et Dio au sommet de son art. Grand moment!

En 1987 parait « Dream Evil », que à titre personnel, je trouve moins abouti que ses prédécesseurs. Malgré l’énorme succès de ce dernier album, Dio se sépare de tous ses musiciens, et fait appel respectivement à Simon Wright (ex- ACDC) aux baguettes, Rowan Robertson à la guitare, Teddy Cook (basse) et Jens Johansson (claviers auprès du virtuose Yngwie Malsteem). Un sang neuf bienvenu.

Au tournant des années 90’s, alors que son groupe tourne bien, une rencontre fortuite avec Geezer Butler, bassiste du Sabbath Noir, va le faire changer de route. Il met donc entre parenthèses ses projets musicaux et rejoint la bande de Tommy Iommi, pour enregistrer un album assez moyen au final « dehumanizer », en 1992. La suite sera plus cahotique.

En 2002, il enregistre « Killing the Dragon », album qui connait pas un bon écho public, tout comme le suivant , sorti en 2004  » Master of the Moon ». Mais le chanteur a la bougeotte. En 2006, il retrouve à nouveau ses vieux complices de Black Sabbath. Enregistrement d’albums et tournées vont suivre, avec un succès jamais démenti. Rebaptisé « Heaven & Hell », le groupe publie des albums comme « Live from Radio City Hall » en 2007 et « Devil you know » en 2009. Malade, Ronnie James Dio doit cesser de chanter. Il décédera en mai 2010.

Ronnie James Dio, chanteur exceptionnel et personnalité forte, laisse une belle trace dans l’univers du hard-rock et du heavy metal des 30 dernières années. Je vous laisse découvrir ce chanteur à travers une sélection de chansons.

Guillaume.


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