Archives Mensuelles: novembre 2019

Diabolique est cette Epée…!


Un nouveau groupe de rock fait surface sur la scène musicale française. Il s’agit de L’Epée. Quatuor composé de la comédienne et chanteuse Emmanuelle Seigner, d’Anton Newcombe (ex Bryan Jonestown Massacre) et du duo perpignais The Limanas, ce groupe nous propose son deuxième bébé musical, après « Shadow People » du groupe The Limanas qui réunissait déjà ce quatuor. « Diabolique« , le nouvel opus enregistré en partie à Berlin, nous montre que le groupe ne lésine pas. Il sait où il va. Proposant à son auditeur.trice une musique très bien ficelée, le tout emmenée par la voix et le charisme d’Emmanuelle Seigner, qui n’en est pas à son coup d’essai musical puisqu’elle a par le passé déjà enregistré 2 albums solos (« Dingue » en 2010 ; « Distant Lover » en 2014).

Au cours des 10 titres figurant sur « Diabolique« , il nous est proposé de rêver à des lunes étranges, en tentant d’échapper à la brigade des maléfices, de danser avec la Grande dans un rituel inhabituel, sur fond de Springfield 61 au moment du Last picture show. Se promenant sans cesse dans les méandres du rock psychédélique et progressif aux accents 70’s très évidents. Bertrand Belin, chanteur français injustement méconnu, participe à ce disque. Anton Newcombe en assure la production. La réverb utilisée parfois sur la voix d’Emmanuelle Seigner ne dénature pas son chant ni ne nuit à la mélodie des morceaux. Cela lui donne même un aspect très aéré, très planant, intéressant. Car nous en avons vus des comédiennes s’essayer au chant et n’être pas toujours hélas à la hauteur, surtout quand il s’agit de chanter dans la langue de Shakespeare. Volontairement je ne citerai pas de noms, mais je vous laisse remonter dans les 30-40 dernières années. Cela suffit largement pour se faire une idée.

Bien que composé d’éléments venants d’horizons divers, L’Epée s’avère être un vrai groupe, dont se dégage une véritable osmose musicale. Ce qui n’est pas nécessairement le cas de tout groupe de rock, même les plus expérimentés.

Même si j’avoue que j’étais dubitatif à l’idée d’écouter ce disque avec Emmanuelle Seigner au chant, je dois reconnaître qu’au final la surprise est plutôt bonne. Il n’y a plus qu’à voir ce groupe sur scène pour définitivement se faire une idée de la qualité réelle de L’Epée.

Je vous laisse en leur compagnie, pour que vous vous fassiez votre propre idée.

Guillaume.

Fellini-Rota, au nom du cinéma Italien.


Dans les années 60-70, le cinéma italien était l’un des plus productifs et importants au monde. Outre Sergio Leone, déjà évoqué ici, et Federico Fellini, objet de mon article du jour, il y avait de grands réalisateurs tels que Ettore Scola, Luchino Visconti, Franco Zeffirelli, Michelangelo Antonioni.
Côté acteurs-actrices, on peut citer Vittorio Gasman, Marcelo Mastroianni, Nino Manfredi, Ugo Tognazzi, Giuletta Massina, Sophia Loren, Gina Lolobrigida, ou encore Monica Vitti, Silvana Mangano. Les  studios Cinecitta fonctionnaient à plein régime.

Mais revenons à Federico Fellini, génie consacré du cinéma italien et mondial. Né à Rimini en 1920, avant d’être réalisateur,  Fellini s’était penché sur la bande dessinée, la satire, puis sur l’écriture de scénario. Considéré à juste titre comme l’un des plus importants cinéastes du 20ème siècle, à l’égal de Charlie Chaplin, Ordon Celles, Jean Renoir ou John Ford, il fut de nombreuses fois honoré,  notamment en 1960 pour la « Dolce Vita »(palme d’or à Cannes), puis 4 fois oscarisé à Hollywood pour ses films « La strada », « Les nuits de Cabiria », « Huit et demi  » et « Amarcord ».  Il est l’auteur d’une oeuvre aussi immense que singulière, qui, au tournant des années 70 va s’imprégner de modernité et dessiner des films emprunts de grande qualité comparables parfois à des tableaux de peintres. En cela il rejoindra des cinéastes comme Ingmar Bergman ou Alain Resnais.
Mais toute oeuvre cinématographique ne peut exister sans musique pour la porter, l’illustrer. Pour cela, très tôt, Fellini va s’attacher les services du talentueux Nino Rota.

Nino Rota, de son vrai nom Giovanni Rota, est né à Milan en 1911. Après des études de musique, il va se tourner vers l’écriture de musiques de films sans pour autant délaisser la musique classique puisqu’il composera notamment un oratorio dès l’age de 12 ans (!), « L’infanzia di San Giovanni Battista », oeuvre qui sera présentée et  jouée respectivement à Milan et Paris. A 18 ans, il entre au Conservatoire Sainte-Cécile, et apprend la direction d’orchestre auprès d’Alfredo Casella. En 1937, après un passage après des études de littérature, il s’oriente vers l’enseignement musical, parallèlement à sa carrière de compositeur. Ensuite de 1950 à 1979, année de son décès, il dirigera le conservatoire de Bari. Il écrira plus tard des concertos pour piano, violoncelle ainsi que 4 symphonies, et 11 opéras

Avant sa rencontre avec le maître Fellini, dont il deviendra le « peintre musical », Rota entamera sa carrière de compositeur de musiques de films en 1933 avec le film de Raffaelo Matarazzo, « Il treno popolare ». Sa rencontre avec Fellini se fait à l’occasion du premier film du maestro « Le cheikh Blanc », en 1952. Il deviendra alors celui qui mettra en musique nombreux des plus grands films de Fellini, des « Vitteloni » à « Amarcord » en passant par « La dolce vita », « Satyricon » ou bien sûr « Huit et demi ». La connivence, qui débouchera sur une profonde amitié entre les deux hommes, permettra que les films et les musiques, indépendamment, connaissent un énorme succès populaire, critique, et professionnel. 

A côté de son travail avec Fellini, Nino Rota a bien entendu composé des musiques pour d’autres réalisateurs tels que « Le Parrain » et « Le Parrain II », réalisés par Francis Ford Coppola, « Roméo et Juliette » de Franco Zefirreli, « Le Guépard » et « Rocco et ses frères » de Luchino Visconti. Il a aussi écrit des partitions pour des réalisateurs comme Luigi Comencini, (« La belle de Rome »), Henri Verneuil (« le Serpent »). Au total, celui qui déclarait ne pas s’intéresser au cinéma en dehors des films sur lesquels il travaillait, aura écrit, composé, pas moins de 170 musiques de films !. Une oeuvre considérable, qui fait encore aujourd’hui de ce musicien l’un des plus importants du 20ème siècle.

Vous le voyez, Federico Fellini et Nino Rota, sont rentrés ensemble et séparemment au panthéon du 7ème Art.

Je vous laisse en compagnie des ses plus célèbres musiques en dehors de celles réalisées pour Fellini. L’ occasion de replonger dans les univers cinématographiques des différents cinéastes avec lesquels il a collaboré.

Guillaume.

Besson-Serra, à l’unisson.


En 1983, le cinéma français va voir débarquer un jeune réalisateur dont il faudra désormais retenir le nom: Luc Besson. Réalisateur de son premier film, »le dernier combat » tourné en noir et blanc, Besson va révéler in acteur, une nature physique, du nom de Jean Reno.

Luc Besson fera donc tourner le colossal Jean Reno dans plusieurs de ses films, « le Grand Bleu », (film hommage à Jacques Mayol, avec Jean-Marc Barr, Rosanna Arquette), « Leon », tourné avec la jeune Nathalie Portman, puis bien plus tard « Immortal ». Mais aussi un musicien, qui va composer pratiquement toutes ses musiques de films par la suite. Son nom, Eric Serra. Bassiste, mais également batteur, il a notamment accompagné Jacques Higelin lors des concerts donnés à Bercy, alors qu’il n’avait que 20 ans et fut nommé directeur musical à l’époque par Maître Jacques.

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Suite au succès de son premier film, Besson va s’attaquer à ce qui sera son plus grand succès populaire, « le grand bleu », qui raconte la relation d’amitié sur fond de concurrence, ayant lié le plongeur-apnéiste français Jacques Mayol et l’italien Enzo Pelizzari.

Ce film, invité de dernière minute au prestigieux festival de Cannes, sous la pression du succès public, va concrétiser le succès du duo Besson-Serra.

 

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Dès lors, Besson va enchaîner les films à succès aidés du talent musical de Eric Serra. Suivront donc « Subway » avec une distribution de haut vol (Isabelle Adjani, Jean-Hugues Anglade, Christophe Lambert), « Léon », avec Jean Reno, la jeune révélation Nathalie Portman, et le comédien Gary Oldman. A chaque fois, Serra compose des musiques qui collent à l’identité des films, avec un talent évident et une « patte » sonore très reconnaissable.

Plus tard, le réalisateur nous offrira un « Cinquième élément » futuriste, aux allures de bd sur grand écran. La musique de Serra là encore est de toute beauté. Par la suite « Nikita », avec dans le rôle-titre Anne Parillaud, ou le superbe et épique « Jeanne D’Arc » avec Mila Jovovic, seront des films là aussi totalement opposés d’un point de vue du style, et le travail musical d’Éric Serra une bénédiction.
Le duo Besson-Serra travaille en parfaite symbiose. Cela se voit à l’écran.

Chaque nouveau film est un pari pour les deux compères. Qu’il s’agisse du milieu aquatique, de nettoyeur, de polar dans le métro, de film futuriste, de fresque historique, Besson et Serra s’entendent si bien que le premier fait une confiance aveugle au second pour écrire la musique.

Depuis plus d 35 ans après leur première collaboration artistique, ce binôme fonctionne encore, la dernière preuve en est « Anna » sorti cette année. Cette longévité est extrêmement rare dans le milieu du cinéma. A l’étranger, seul le « couple » hollywoodien Spielberg-Williams les devance;avec un travail commun entamé en 1975, sur le film « Duel », et qui se poursuit encore aujourd’hui. Sans oublier évidemment les deux duos mythiques du cinéma italien, Rota-Fellini (que j’évoquerai prochainement ) et Morricone-Leone (précédemment évoqué sur ce blog) les devance.

Je vous laisse (re)découvrir les musiques de film composées par Éric Serra. Cela vous rappellera sans doute des souvenirs.

Guillaume.

Elias Dris, jeune aventurier, a pris son envol.


A quelques semaines du début de la quinzième édition des Aventuriers  (11 -20 décembre 2019) à Fontenay- sous-Bois, j’avais envie de revenir sur un artiste qie j’ai découvert, comme beaucoup de ceux et celles venu.e.s. en décembre 2018 au festival des Aventuriers de Fontenay-sous-Bois.

Il est arrivé sur scène, discrètement. Tel un oiseau frêle qui vient se poser sur une branche. Son allure fine, ses cheveux longs, laissaient penser que le garçon était timide. Elias Dris, c’est son nom, venait là présenter son premier album, « Gold in the ashes », sorti en 2017, avant la parution dès mars 2019, de « Beatnik or not to be ».

Très à l’aise au chant avec une voix douce très caractéristique, il s’avère être un excellent mélodiste, instrumentiste, aussi à l’aise à la guitare semi-acoustique que devant un clavier. Il nous avait ce soir là régaler pendant une heure, alternant le chant en anglais ou en français.

Il est aussi multi-instrumentiste, puisqu’il pratique la basse, le banjo, le piano, en plus de la guitare. Cette palette instrumentale lui ouvre un champ très large pour composer, écrire.

Depuis ce festival, lors duquel il était à l’affiche aux côtes d’artistes comme le trio Delgres, du groupe pop l’Impératrice, de General Electriks, ou des toulousains Agathe da Rama (venus se produire à la médiathèque le 14 décembre 2018, devant une belle assistance conquise), le jeune artiste poursuit son chemin, qui l’a déjà mené à côtoyer, lors de premières parties, des noms de la musique comme Lou Doillon, Shannon Wright, ou encore Selah Sue. De quoi nouer de jolies rencontres, et se forger une belle expérience, à seulement 25 ans. 

Si vous êtes amateur de pop-folk ciselée, de jolis textes délivrés tout en subtilité, alors je vous conseille d’aller voir et écouter-découvrir ce jeune artiste, s’il passe pres de chez vous.

Elias Dris est donc un musicien, auteur-compositeur-interprète des plus intéressants, qu’il faut suivre de près. J’attends avec impatience de le revoir sur scène et surtout d’écouter son prochain album. En attendant cela, je vous propose une plongée dans son univers musical.

Guillaume.

Il était une fois… 1983!


 Nous voici donc en 1983. Une année fertile en événements en tous genres. En France, sur le plan politique, c’est la dissolution annoncée par le gouvernement du FLNC (Front de Libération Nationaliste Corse). A l’étranger, En Bolivie, l’arrestation de Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo de Lyon, qui fut responsable de la capture de Jean Moulin, a soulevé une vague d’émotions en France. Son procès en 1987, sera télévisé. Une première depuis le procès de Adolf Eichmann en Israël le 11 avril 1961, qui sera exécuté en mai 1962. Aux Etats-Unis, le président Ronald Reagan met en route un projet de « Guerre des Etoiles ». Toujours aux USA, une grande première à lieu dans le domaine spatial. Une navette habitée, dénommée « Challenger » va décoller vers l’espace. Un retour aux affaires qui est un succès. Dans le domaine des sciences humaines, la revue « Science » publie un article sur la découverte par des chercheurs français, du virus HIV. En sport, Yannick Noah crée l’événement en remportant Roland-Garros, face au suédois Mats Wilander. La dernière victoire française datait de… 1937 avec Jean Borotra, à l’époque des fameux « mousquetaires » dont étaient membres également Jacques Brugnon, Henri Cochet, René Lacoste. Une éternité!!

Au cinéma, plusieurs films connaîtront un gros succès : « L’été meurtrier » de Jacques Becker avec Alain Souchon et Isabelle Adjani. « Le Marginal » avec Jean-Paul Belmondo. « Les compères », de Francis Véber avec Pierre Richard et Gérard Depardieu. « A nos amours » de Maurice Pialat avec la jeune débutante Sandrine Bonnaire. « Scaface » de Brian de Palma, avec le talentueux Al Pacino, sans parler du fameux « Tchao Pantin » de Claude Berri avec Coluche dans un registre dramatique et les jeunes Richard Anconina et Agnès Soral à ses côtés. Parmi les disparitions notoires il faut signaler Georges Ballanchine, Georges Auric, René Fallet, Luis Bunuel, David Niven, Marcel Dalio, Robert Aldrich, Joa Miro, Jean-Marc Reiser, Raymond Aron, Georges Cukor, Tenessee Williams, Hergé.

Place à l’histoire inventée.

C’est l’été. Sud de la France. Il fait chaud, presque brûlant. Sur les hauteurs d’une colline, abritée des regards, une fastueuse demeure, sur 3 étages, avec une piscine. Les propriétaires, Floyd, italo-russe porte ce prénom car son père, dénommé Vladimir Illitch Dassaev, passionné de boxe, adorait le champion Floyd Patterson, et Layla, d’origine chinoise, issue d’une famille bourgeoise de Pékin, qui a fui le régime en place, forment un couple jeune et beau, à l’amour fusionnel. Aux yeux de Floyd, Layla est se petite « China girl ». Floyd, porte une balafre au visage façon « Scarface », souvenir d’une rixe qui a mal tournée. Ancien déserteur de l’armée, il a réussi dans les affaires, pas toujours légales. . Floyd, caché derrière ses lunettes de soleil, est un personnage cynique, parfois brutal, mais éperdument amoureux de Layla, qu’il nomme aussi parfois « Baby Jane », en raison de sa passion pour Rod Stewart.

Layla, ancien mannequin, silhouette élancée, a un corps de liane, les yeux couleurs menthe à l’eau (hé oui Mister Low Low je l’ai placé 🙂 ). Elle avait vaguement fait des essais pour les studios de la Paramount. Elle envisageait de faire carrière au cinéma. Ses espoirs furent hélas déçus. Leur demeure, baptisée « Sweet Dreams », est leur havre de paix. Layla passe son temps à se dorer la peau au soleil brûlant, le long de la piscine. Pourtant, aujourd’hui c’est une jeune femme, récente veuve, qui malgré les souffrances familiales, est toujours debout. Quand elle a rencontré Floyd, elle en est tombé « morgane » au premier regard. Too shy pour l’aborder, elle a eu pour lui un vrai coup de foudre. La générosité autant que le caractère charmeur de Floyd l’ont séduit. Un italiano vero. Grande gueule, flambeur, caractériel, mais très attentionné a son égard. Floyd est un personnage capable de verser dans le sombre, d’avoir des idées noires, de se fermer aux autres, y compris Layla. Entre les deux, C’est parfois l’amour violent, très violent. Mais Layla ne dit rien, subit. Pour ne pas perdre Floyd, elle « accepte » cet enfer et continue de vivre dans ce paradis sur Terre, loin du bruit et de la fureur de la ville. Quand l’orage des coups se calme, elle enfile un pull bleu marine et descend rejoindre la piscine, pour s’y plonger. L’élément liquide est son refuge, sa bulle de protection. Quand elle refait surface, elle s’allonge longuement au bord, casque sur les oreilles, aux sons de Elton John, Al Jarreau, Chaka Khan ou encore Yes. Des quoi se détendre, s’évader, ne penser à rien d’autre. Oublier la dureté de l’ homme qu’elle aime surtout. Avant tout.

Les années passent. Les été se suivent. Toujours avec le même rituel, mélange de lascivité, de sensualité, de coups.Un mélange de bonheur et d’horreur. Lassée de ce qu’elle vit avec Floyd, Layla décide de prendre les choses en main. Quitter Floyd, fuir, loin. changer de vie. Redevenir une « still standing woman ». Elle veut retrouver force et dignité, joie et plaisir de vivre, tellement Floyd l’avait privé de tout ceci à force de coups et de propos dégradants, humiliants. Quitter l’homme qu’elle a chérit pendant si longtemps et si intensément n’est pas chose aisée. Pourtant le salut passe par là. Evident. Alors elle saute le pas. Mais où aller ? Elle ne sait. Septembre venu, elle décide de partir pour San Diego. Là-bas, son seul objectif, refaire sa vie, chasser les idées noires, et pourquoi pas retenter sa chance auprès de studios de cinéma ou à la télévision, jouer dans des séries. « Everything counts » se dit-elle. Donc toutes les opportunités seront bonnes.

Bientôt, après de multiples refus, comme serveuse dans les restaurants ou bars, ou donc dans les studios locaux, la chance va lui sourire. Un soir qu’elle prenait un verre dans un bar du centre ville, un homme l’aborde. Il se nomme John Sembello, la soixantaine, le teint bronzé, le cigare vissé aux lèvres. C’est un producteur de séries pour la télévision. Méfiante tout d’abord, elle le laisse pourtant engager la conversation. Il recherche des nouvelles têtes pour tourner le pilote d’une série policière, « Boogie down ». Il pense que Layla, vu son allure, sa prestance, pourrait incarner un des rôles importants. Ayant peu d’expérience, Layla hésite devant cette proposition, pourtant très alléchante, et qui lui sauverait la mise. Elle demande au producteur si elle peut y réfléchir l’espace de 24h. L’homme acquiesce positivement. Il glisse sa carte de visite. Ils conviennent de se téléphoner le lendemain à midi.

Après une nuit de réflexion, elle le rappelle comme convenu. La voix tremblante, mais très désireuse de ne pas rater cette chance que la vie lui offre, elle appelle le producteur et lui signifie qu’elle tient absolument à ce rôle, qu’elle est même prête à prendre quelques cours de comédie pour cela. Devant tant de volontarisme, John Sembello donna son accord. Layla, radieuse, voyait définitivement son avenir se dégager. Elle appela ses parents pour leur annoncer la bonne nouvelle et décida de sortir fêter cela en chantant à tue-tête « I’m a lucky star ».

Guillaume.

Jamiroquai, retour mitigé !


Depuis « Rock Dust Light Star », paru en 2010, Jamiroquai et son chanteur charismatique Jay Kay n’avaient pas produit d’album, ce qui ne les empêchaient pas de tourner à travers le monde.
Aussi la sortie d’ « Automaton », le 31 mars 2017, marquait à l’époque le retour de ce groupe légendaire. C’est seulement le huitième opus des anglais depuis « Emergency on planet Earth », en 1993! La sorti de l’album sera suivi d’une triste nouvelle puisque l’ancien claviériste (période 1992-2002), Toby Smith, décède des suites d’un cancer en avril 2017.

Moi qui n’écoute pas régulièrement ce groupe ni même ne l’ai vu en concert, malgré une réputation plus que méritée de groupe de scène, aux prestations toujours aussi inattendues qu’éblouissantes selon les « followers » depuis ses débuts, et bien qu’ayant déjà entendu des albums précédents, qui révèlent un groupe et un chanteur très talentueux et maîtres de leur sujet, j’avais envie de jeter une oreille curieuse sur cet album sorti voilà 2 ans.

J’ avoue qu’ « Automaton » est un album qui m’a moyennement convaincu. Je m’attendais à une boule d’énergie, avec ce mélange savamment dosé de funk, soul et électro, très dansant, mélodieux. Dans la droite ligne des productions antérieurs. Le résultat est ici inégal, parfois décevant. Alors si « Shake it on » d’entrée nous met dans le mood…. ambiance dancefloor… boule périscopique…. et « lâchez-vous »! « Automaton » qui donne son nom à ce nouvel opus possède un son plus clinique, un univers davantage futuriste…un côté spatial… tout en restant dansant. « Cloud 9 », « Superfresh » et « Hot Property » avec ce début de morceau au son étouffé, sont dans ce droit fil, intemporels, mais follement modernes! « Something about you » nous fait revenir à du classique, dansant, bien produit, où la voix de Jay Kay, qui ne perd pas en qualité depuis toutes ces années, se balade avec aisance et tranquillité. » « Summer Girl » est un titre qui sonne comme les classiques de la soul music des 70’s. Et ca s’arrête là! Enfin pour moi! Car ce n’est pas la suite, avec « Nights out in the Jungle », « Dr. Buzz », « We can do it », Vitamin » qui s’enchaînent, qui me convaincra, et surtout me donneront l’image d’un album abouti. Ces derniers morceaux relèvent d’une production trop « propre »…. trop aseptisée! Pour finir, « Carla »un titre un brin évanescent où se mêle sans génie des boucles électroniques sans magie, des nappes de synthés, sur lesquelles Jay Kay pose sa voix sans grande conviction.

Au final, un album mi figue- mi raisin. Les puristes et les adorateurs / trices me trouveront sans doute sévère, mais pour avoir pu écouter « The return of the space cowboy » ou « Funky Odyssey« , deux albums superbes qui datent un peu dans le temps, « Automaton » tient difficilement la comparaison. J’ose espérer que son prochain album sera bien meilleur.

A vous de juger.

Guillaume.

1969, « Abbey Road », ultime album des Scarabées.


Si pour l’homme à la tête de chou, l’année 1969 est avant tout une année érotique, de l’autre côté de la manche, les cousins anglais ne pensaient vraiment pas (quelle idée!) qu’un jour ils demanderaient le Brexit, pour quitter cette Europe qu’ils ont contribué à bâtir au lendemain de la seconde guerre mondiale. C’est l’époque du boom de la pop music, emmené par les deux grosses locomotives que sont alors les Beatles (« Scarabées ») et les Rolling Stones (« Pierres qui roulent »). Deux groupes que tout oppose, du style musical aux tenues vestimentaires, mais qui, au contraire de ce que mettent en scène les journaux de l’époque, sont très amis, complices. Je vais ici m’attarder sur la fabrication de l’un meilleurs albums des Beatles, à savoir « Abbey Road ».

Le 20 juillet 1969, veille d’un autre événement planétaire (première alunissage de l’homme, avec la fameuse phrase prononcée par Neil Armstrong (« C’est un petit pas pour l’Homme, Un bon de géant pour l’Humanité »), le groupe de Liverpool, quitte le studio Abbey Road, où sous la direction de leur historique producteur-mentor, ils ont enregistré pour la dernière fois ensemble. Une sorte de testament musical, avant dispersion générale, en 1970, pour des aventures en solo.. John Lennon, auteur du célèbre « Imagine », se consacrera à des projets artistiques et humanitaires avec sa compagne Yoko Ono, enregistrera 12 albums jusqu’à son assassinat, un soir de décembre 1980, alors qu’il sortait de son immeuble, Paul Mac Cartney, après une courte pause, fondera un groupe, les « Wings », tandis que Ringo Starr fera des sessions pour nombre de musiciens, et George Harrison entamera également une carrière solo.

Séparément, les 4 scarabés vont connaître des fortunes diverses. Le premier d’entre eux, Lennon, va s’enfermer dans un monde fait méditation, de manifestations pour la paix dans le monde, de projets en duo avec Yoko Ono. Il va aussi se mettre à peindre, à faire de la photo, à l’instar de sa compagne. Paul Mac Cartney, lui, véritable machine à composer de la musique, tous genres confondus (40 ans plus tard, il écrira une oeuvre … classique, »Ecce Cor Meum », un oratorio, en 2006). En 1971 avec sa femme Linda et Denny Laine, l’ancien chanteur-guitariste de Moody Blues, il fonde le groupe « Wings ». Ce sera un beau succès, puisque de 1971 à 1979, le groupe va publier pas moins de 7 albums. Il continuera par la suite, entremêlant sa carrière solo de collaborations prestigieuses (avec Stevie Wonder, sur le titre « Ebony and Ivory »), Michael Jackson (« Thriller », « Say say say »), Johnny Cash (Water from the Wells of home), George Benson et Al Jarreau (« Givin it up), Kanye West (« Fourfive seconds). Il est aussi un producteur très éclectique puisqu’il a travaillé avec des gens comme les Beach Boys, Elvis Costello, George Harrison, Ringo Starr, Steve Miller Band, ou James Taylor. Depuis plus de 20 ans, il tourne avec son groupe, remanié parfois, et connait un succès jamais démenti. Les salles toujours pleines. Ce musicien d’aujour’hui 76 ans, multi-instrumentiste, à la voix toujours intacte, affiche une santé de fer, un enthousiasme adolescent. Des deux autres, Ringo Starr, est celui qui a sans doute moins bien réussi sa carrière post-Beatles. Batteur talentueux mais fantasque, toujours prêt pour une bonne blague, va connaitre des lendemains moins heureux mais restera un musicien demandé, dont le talent reconnu autant que sa personnalité son appréciés par les rock stars des 70’s-80’s. Sa carrière discographique n’atteint pas l’égal de Paul Mac Cartney. La qualité de ses albums reste très inégale. Au bon vouloir du musicien, qui semble prendre la musique à la légère, vivre sur ses rentes. Un choix de vie. George Harrsion, lui, le plus porté sur les cultures du monde, fera de nombreux voyages en Inde, organisera un concert pour le Bengladesh, après la catastrophe causée par des inondations terribles en 1970.

Mais avant tout cela, les 4 compères, à l’apogée de leur carrière en groupe, minés par des tensions internes et déjà des envie de projets solos, entrent donc aux fameux studios d’enregistrements qui’ils fréquentent depuis 1962, situés sur Abbey Road. C’est là, sous la conduite de Georges Martin, leur illustre producteur de toujours, qu’ils vont écrire et enregistrer l’un des plus grands albums de rock des 60 dernières années. Il sortira le 26 septembre 1969. C’est ce moment que choisit John Lennon pour annoncer à ses amis qu’il a décidé de quitter le groupe. Officiellement, cette décision ne sera révélée qu’en avril 1970.

Sur ce disque devenu mythique, qui fit un carton au moment de sa sortie puis dans les décennies suivantes, tant par sa qualité, que par sa pochette, on trouve des titres extrêmement forts comme « Come Together », « Maxwell’s Silver Hammer, morceau composé par Mac Cartney et proposé pour être le titre de l’album, mais l’idée sera refusée par John Lennon, amis également, »Here comes the sun », « She came into the bathroom windows », magistralement reprise et interprétée par le regretté Joe Cocker, « Carry the Weight ». Des titres qui aujourd’hui encore sont des tubes.

Pour les nostalgiques de ce groupe, de cette période musicale, ce disque figure en bonne place sur les étagères, pour la nouvelles générations, c’est un disque qu’il faut absolument écouter, découvrir !! Je vous laisse en compagnie de ces génies etde quelques-un.e.s de leurs interprètes. Cet album annonçait un vrai virage musical, plus pop que jamais, avec des orchestrations magnifiques, ciselées, très élaborées. Hélas, le groupe se séparera donc, laissant derrière lui une discographie unique de par sa qualité.

Guillaume.

Steve Vaï, sombre héro de la guitare.


Né à New-York en 1959, à 20 ans, Steve Vaî a officié aux côtés du génial Franck Zappa. De quoi se forger une solide expérience musicale et scénique auprès du grand musicien américain.

Steve Vaï fut aussi l’élève du professeur…Joe Satriani!
Comme j’adore le divin chauve guitariste, dont j’ai déjà parlé sur ce blog,  il me semblait donc évident d’évoquer son élève. Les deux hommes se retrouveront plusieurs années plus tard au sein du supergroupe G3 ( voir plus bas).

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Ayant « grandi »avec Franck Zappa, Steve Vaï à très vite pris goût au mélange des genres, en l’occurrence le jazz et le rock. Il a ainsi développé un style particulier, qui allie virtuosité technique, sens de la mélodie.

Le garçon est donc si doué que sorti des arcanes de Zappa en 1978, il décide de mener une carrière solo. Bien lui en prend. Il enregistre ainsi « Flex-able » en 1984.
Dans la foulée il part vers d’autres horizons en ralliant le groupe de hard-rock Alcatrazz, mené par le chanteur Graham Bonnett (MSG) où il prend le relais du virtuose suédois Yngwie Malmsteen, pour le temps d’un album, « Disturbing the peace » (1985), et d’une tournée.

 

Après quoi, pendant 4 ans, il va côtoyer le virevoltant David Lee Roth et enregistrer 2 disques à ses côtés : « Eat ‘Em and Smile »en 1986 puis « Skycraper » en 1988.
Revenant à ses projets solos, il  décide de réaliser le disque « Passion & Warfare »(1990). L’album connaît un gros succès et asseoit la réputation du guitariste auprès du grand public. Sa carrière solo véritablement lancée.

Pourtant, il va rejoindre le groupe anglais Whitesnake (Le Serpent Blanc ), mené par le charismatique chanteur David Coverdale. Il enregistre « Slip of the tongue »(pas le meilleur, et de loin, pour moi qui suis fan de ce groupe, de la discographie du Serpent Blanc), suivi d’une tournée.
Après cette expérience, Vaī enchaine alors les albums, comme « Sex and Religion »(1993), « Alien love secrets » (1995), « Fire garden »(1996).

En 1997, il s’offre une parenthèse dans sa carrière solo en rejoignant le génial Eric Johnson, et son ancien professeur Joe Satriani, pour une tournée avec le supergroupe G3. Un succès.

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Il reprend ses travaux personnels et sort « Ultra zone »(1999), puis retrouve Joe Satriani et Yngwie Malmsteen pour un live « Rockin’in à free world », en 2004. Une troisième fois, l’année suivante, il rejoint le G3, aux côtés de Satriani et du virtuose John Petrucci.

Après ces récréations musicales scéniques, Steve Vaï reprend le cours de ses oeuvres personnelles, avec « Real illusions reflections »(2005), suivi quelques années plus tard de « The story of light »(2012), « Modern primitive »(2016). A chaque fois Vaï innove, à la manière de ses mentors Zappa et Satriani. Ce qui le rend parfois déroutant à suivre, mais c’est aussi ce qui fait son intérêt. Et celui des auditeurs, dont je suis.

Steve Vaï n’est pas qu’un soliste, ou un excellent membre de groupe. Il est également un interprète de haut vol, à l’image de sa participation au morceau « Highway Star » sur l’album « re-machined: a tribute to Deep Purple’s Machine Head ».  Il joue aux côtés du mythique Glenn Hugues ( Trapeze, Deep Purple, Black Sabbath) et du batteur Chad Smith, membre des Red Hot Chili Peppers, et du supergroupe Chickenfoot, qui rassemble Joe Satriani, Sammy Hagar (Montrose,Van Halen), Michael Anthony (Van Halen).

Steve Vaï, depuis ses débuts avec le maître Zappa, a connu des collaborations avec les plus grands. Preuve que c’est un musicien reconnu et recherché pour l’originalité de son jeu, sa technique, son adaptabilité aux différents styles.

A 60 ans, ce superbe guitariste est à mes yeux l’un des plus intéressants à écouter.

Je vous laisse avec une sélection de morceaux composés, joués par Steve Vaï.
Bonn écoute.

Guillaume.

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