Archives Mensuelles: février 2020
Föllakzoid – I

Avis aux amateurs de rock psychédélique, space rock, krautrock, techno, expérimentations sonores, boucles hypnotiques planantes s’étalant sur la face entière d’un disque vinyle… Föllakzoid débarque dans nos bacs !
Derrière ce nom de groupe improbable se cachent 3 amis d’enfance de Santiago du Chili : Domingo Garcia-Huibodro (guitare), Juan Pablo Rodriguez (basse) et Diego Lorca (batterie).
Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, I n’est pas leur 1er album mais leur 3ème chez Sacred Bones Records, label indépendant new-yorkais dont le goût pour les ambiances sombres, sophistiquées et expérimentales n’est plus à démontrer.
Si les trois musiciens aiment manifestement nous prendre à contre pied, il est difficile de leur coller une étiquette (si tant est qu’on est envie de le faire.)
Une évidence s’impose toutefois très vite à l’écoute de leur musique : l’influence des groupes de rock allemand avant-gardistes des années 1970. De part à la fois :
– leur usage de nombreux effets électroniques,
– la longueur de leurs compositions (entre 13 et 17 min. sur I), quasi exclusivement instrumentales et faisant fi des habituels couplets/refrain,
– et surtout leurs rythmiques « motoriques » héritées de groupes comme Neu!, Can ou La Düsseldorf.
Réécoutez les titres Hallogallo ou Hero de Neu ! pour vous en convaincre, où le batteur Klaus Dinger pourrait tout aussi bien être remplacé par une boite à rythme.
Bref, un album à écouter au calme les yeux fermés, oreilles concentrées… ou mieux encore en live où l’expérience potentiellement transcendantale (vous êtes prévenu-e-s !) prend tout son sens.
Si vous voulez la tenter, le trio chilien repasse d’ailleurs à Paris la nuit du 8 avril, dans la petite salle de l’Espace B.

Mais si la démarche « radicalisée » du dernier album (encore moins de passages mélodiques qu’avant, il faut bien l’admettre..) vous invite plus à la sieste qu’à l’extase, tournez-vous plutôt vers les opus précédents, où les expositions de riffs de guitare survitaminée aux effets de saturation ou d’échos savaient rompre à merveille avec ce qui pouvait finir par être (faussement ?) ennuyant.
Exemple avec le titre Electric de l’album III.
Ou l’album II, prochainement aussi disponible en CD à la médiathèque.
Une interview pour en savoir plus sur le groupe.
Et plus d’écoutes sur Soundcloud.
Petit clin d’oeil pour finir à Alber Jupiter, duo nanto-rennais qui a fait la 1ère partie de Follakzoid lors du concert au Petit Bain en octobre dernier, et dont le krautrock – tout aussi cosmique que son patronyme et sa pochette d’album le suggèrent, voir ci-dessous – méritera sans doute toute notre attention dans un prochain article.
En attendant, vous pouvez les découvrir sur Bandcamp.

Julien
1 an en musique : 1986

Il y a des années pour lesquelles c’est plus facile que d’autres de faire son choix. C’est le cas pour cette année 1986 qui me plonge dans deux univers qui me parle énormément: Le hip hop et le cinéma!!!

Avant de parler du grand écran, je vais commencer par vous parler des morceaux Rap que j’ai choisi de mettre en avant pour 1986 avec en premier, l’un des groupes qui a changé la face de la culture hip hop, le trio le plus célèbre du Queens, Run DMC et leurs Adidas. Rev Run, étant le frère de Russell Simmons, le grand manitou de Def Jam, les 3 compères de Hollis avaient toutes les cartes en mains pour placer leurs célèbres chaussures sur la carte du rap New Yorkais et ils ont su transformer l’essai. Pas les seuls dans le domaine, on a aussi le génial Biz Markie et son “Make the music with your mouth”, ce gros fou de Harlem s’éclate sur le sample du formidable “Ike’s mood” d’Isaac Hayes, du génie!!! Le premier groupe “blanc” hip hop est là aussi, les Beastie Boys fusionnent à merveille le rap et le rock sur “No sleep til Brooklyn”. Et pour finir, le premier morceau estampillé “Gangsta rap” de l’histoire, “6 in the morning” d’Ice-T, que les plus jeunes connaissent sans doute plus pour son rôle dans New York Unité spéciale qu’en tant que rappeur et bien le premier à raconter les histoires de gangster de Los Angeles, avant NWA ou Snoop, c’est lui et ce morceau est le pionnier de cette tendance.
Bon, vous allez me dire qu’il n’y a que du rap? Non, non, rassurez-vous, je vous ai dit qu’on allait parler cinoche aussi, alors si je vous dit Top gun, vous me dites? Tom Cruise et sa moto, oui je sais, mais quelle était la musique qui rendait la scène si hot? Berlin et son “Take my breath away” et à l’époque, ça aurait été le summum du sensuel, si il n’y avait pas eu l’un des strip tease les plus chauds de l’histoire du cinéma de la part de Kim Basinger dans 9 semaines et demi, encore aujourd’hui, quand on parle strip tease, c’est la chanson de Joe Cocker qui vient à l’esprit, Mickey Rourke ne s’en est toujours pas remis!
Toujours dans le registre cinéma, mais dans un style plus funky, le parrain de la soul, James Brown, introduit Apollo Creed dans Rocky, bon ça ne lui portera pas bonheur, mais le show vaut le détour, sortez vos shorts US!!!
Et puisqu’on est dans la funk, pourquoi un peu de Cameo avec “Word up”? Et puis plus méconnu, mais les auditeurs de Fabe reconnaîtront sans doute le “I cant’ wait” des Nu Shooz, que la plume du 18ème avait samplé pour son “Mal partis” avec K-Reen et Koma sur le Cut Killer Show.
Enfin, deux morceaux frenchies, dont mon inavouable, qui n’en est pas vraiment un, “La chanson des restos” par Les Enfoirés originaux, bien moins commerciaux que ceux qui viennent gratter un peu de promo ces dernières années et puis l’un des pianos les plus reconnaissables de la chanson Française, le “Mistral gagnant” de Renaud, à écouter le paquet de Kleenex à la main.
Voilà c’est à peu près tout pour cette année 1986…

Laurent
François Truffaut-Georges Delerue, 2 talents associés.

Pour la cinquième fois, je vais évoquer un duo associant un réalisateur et un compositeur de musiques de films. Après avoir parlé du duo Luc Besson-Eric Serra, je vais revenir dans les années 60-70 avec la paire François Truffaut-Georges Delerue.
Né à Paris en 1932, François Truffaut d’une fille mère issu de milieu catholique fervent, puis confié à une nourrice. En 1933, sa mère rencontre et épouse Roland Truffaut qui reconnaît l’enfant civilement. Le jeune Truffaut est ensuite, à l’êge de 3 ans, confié à ses grands-parents, qui habitent en bas de Montmartre, à deux pas de chez ses parents. A 7 ans, passionné par la lecture et le cinéma qu’il fréquente plus que souvent, y compris pendant le temps d’école, il dévore tout ce qui concerne Jean Renoir, René Clair, Jean Vigo, Claude Autant-Lara, Jean Cocteau ou Yves Allégret.
Quand sa grand-mère maternelle décède, en 1942, Truffaut réintègre le domicile parental qui se trouve non loin de celui d’un jeune chanteur qui fera une immense carrière : Charles Aznavour. Le hasard fera que 18 ans plus tard, ce dernier sera le personnage principal de « Tirez sur le pianiste ». A 12 ans seulement, il fait ses premiers « 400 coups » au Lycée Rollin. Apprenant la vérité sur sa naissance à la lecture d’un carnet de son père, il est bouleversé et devient fugueur. Il fréquente alors les salles obscures des cinémas de Pigalle.
Après une enfance et adolescence difficile, ballotté entre parents, nourrice et grands-parents, puis la révélation de la vérité sur sa naissance à la lecture d’un carnet de son père, Truffaut se réfugie dans les cinémas. Puis vient à fonder un cinéclub, sur les conseils d’André Bazin, qu’il retrouvera quelques mois plus tard, au sein de la revue Travail et culture ». En 1959, Truffaut démarre la saga des aventures du personnage d’Antoine Doinel avec le film « les 400 coups » avec le jeune comédien Jean-Pierre Léaud. Ce film obtiendra d’ailleurs le prix de la mise en scène au festival de Cannes la même année. La suite, ce sera « Antoine et Colette »(1962), « Baisers volés »(1968), « Domicile conjugal »(1970) et « l’amour en fuite » (1979).
Henri-Pierre Roché auteur de « Jules et Jim », « Deux anglaises et le continent » verra François Truffaut adapter ses deux romans. Il se basera, pour ces adaptations, sur les notes laissées à sa veuve. François Truffaut, tout au long de sa filmographie, a fait tourner et parfois débuter devant sa caméra, les plus grandes actrices françaises ou américaines. Jugez plutôt :
Claude Jade (« Baisers volés »(1968), « Domicile conjugal »(1970), « L’amour en fuite »(1979), Nathalie Baye (début dans « La nuit américaine »,1973, rôle titre dans « La chambre verte », Isabelle Adjani dans « L’histoire d’Adèle H »(1975), Jacqueline Bisset dans « La nuit américaine »(1975), avec la jeune débutante Nathalie Baye. Catherine Deneuve dans « La sirène du Mississippi »(1969), « Le dernier métro »(1980), Marie-France Pisier fit ses débuts à 17 ans dans « Antoine et Colette »(1962). Fanny Ardant, qui fut son dernier amour, joua dans « La femme d’à côté »(1981) et « Vivement dimanche »(1983).
Côté acteurs, il y eut bien sûr Jean-Pierre Léaud dans « Les 400 coups »(1959), « Antoine et Colette », « Baisers volés », « Domicile conjugal », Jean-Paul Belmondo (« La sirène du Mississippi »), Jean-François Stévenin, lui, fut son assistant et joua dans « l’Argent de poche » et « La nuit américaine », Gérard Depardieu dans « La femme d’à côté », « Le dernier métro « , Jean-Louis Trintignant dans « Vivement dimanche ». Vous le voyez, un éventail de comédien.n.e.s très large. Disparu en 1984, François Truffaut laisse une oeuvre très riche et des films devenus des classiques du cinéma.

Georges Delerue, naît à Roubaix en 1925, au sein d’une famille qui aime la musique. Son père, contremaître dans une usine et sa mère, qui parfois chante des airs de Gounod ou Bizet tout en jouant au piano, emmènent leur fils assez souvent au cinéma. Un déclic et la naissance d’une passion qui le conduira à en faire son métier.
En 1939, alors élève dans une école formant aux métiers de la métallurgie, sa mère décide de l’inscrire au Conservatoire. Il y apprend la clarinette, sans plaisir. A 14 ans, il stoppe tout et retourne à l’usine pour aider sa famille. Des études de solfège au Conservatoire, une admission en classe de piano lui permettront de découvrir des compositeurs comme Bach, Mozart, Chopin, Beethoven.
1945 est un tournant. Auréolé de 3 premiers prix de Conservatoire à Roubaix (clarinette, piano, harmonie), il rentre au Conservatoire de Paris. Quatre ans plus tard, il remporte le premier prix de composition.

En 1952, Georges Delerue obtient le poste de compositeur et chef d’orchestre à la Radiodiffusion française. Créateur du Conservatoire de Nancy en1957, deux ans plus tard, sur les conseils de Darius Milhaud, il se lance dans la composition pour le cinéma, avec « Hiroshima mon amour »d’alain Resnais (1959). Dans les années 60, en plein mouvement de la Nouvelle Vague, Delerue fera deux rencontres qui vont faire basculer son destin, celles de François Truffaut et Jean-Luc Godard. Il composera pour le premier la musique de « Jules et Jim », et pour le second celle du film « Le Mépris ». Ces deux films obtiendront un tel succès à l’étranger que Georges Delerue verra son statut de compositeur changer. Il est désormais un musicien qui compte, un compositeur que l’on s’arrache.

Georges Delerue verra son travail salué et récompensé à plusieurs reprises. En France, ce sont 3 Césars successifs en 1979, 1980 et 1981 pour respectivement les films « Préparez vos mouchoirs », « L’amour en fuite », et « Le dernier Métro ». Aux Etats-Unis, c’est pour le film « I love you, je t’aime » qu’il recevra un Oscar en 1981.
Outre son travail pour les musiques de film, Delerue a aussi composé des musiques au registre plus classique, comme des musiques de chambre, des musiques pour orchestres. Décédé à l’âge de 67 ans, Georges Delerue laisse derrière lui une œuvre musicale considérable, riche, variée.
Le début d’une prodigieuse carrière ornée de 300 musiques de films, dont outre « Jules et Jim « , « Le mépris », il signera « Le corniaud », « Le cerveau », « Platoon », »Le dernier métro », »Les rois maudits »… et j’en passe.
Outre Francois Truffaut et Jean-Luc Godard, Georges Delerue aura également prêté son talent à des réalisateurs tels que Gérard Oury, Oliver Stone, Claude Barma, Agnès Varda, René Clair, Georges Lautner, Philippe de Broca, Alain Corneau, Bertrand Blier.
Un casting de rêve pour ce compositeur qui côtoiera les plus grands comédiens : Yves Montand, Bourvil, Jean-Paul Belmondo, Michel Piccoli, Brigitte Bardot, Louis de Funès, Jacqueline Bisset, Kevin Bacon et bien d’autres encore…
En tous cas, le travail commun mené par le duo Truffaut-Delerue a laissé en héritage de très beaux films.
Je vous laisse avec un sélection des musiques de Georges Delerue.
Guillaume.
Kirk Douglas, Spartacus pour l’éternité !

Issur Danielovitch Nemsky s’en allé… Pardon… Kirk Douglas! Il s’était retiré des plateaux de cinéma depuis longtemps. Pourtant son nom, sa carrière, si elle inspira tout d’abord son fils aîné Michael, qui devint lui même producteur et acteur, oui la carrière de Kirk Douglas fut magnifique et maquée par de très grands rôles : Un esclave rebelle qui prend la tête d’un mouvement contre le pouvoir romain dans « Spartacus », film dont il fut le producteur et dont il confia les rennes à un jeune réalisateur qui fera carrière, Stanley Kubrick.
Homme de conviction, démocrate convaincu, il a évoqué plusieurs sujets qu’il dénonçait dans ses films. Le Mac cartysme tout d’abord. Accusé d’être communiste car de parents juifs ukrainiens, il avait subi ça. Mais souhaitant se battre contre cela, il avait demandé à un scénariste banni d’Hollywood, victime du mac cartysme, Dalton Trumbo, d’écrire le scénario. Celui-cile fit sous un pseudonyme mais finalement, Douglas décida d’afficher son vrai nom au générique. Un acte de rébellion. Puis il dénonça le racisme contre les indiens, la stupidité de la guerre, la cupidité de l’homme.
Les autres grands rôles de Kirk Douglas furent ceux tenus dans « La femme aux chimères », aux côté de Lauren Baccal (1950, Rick Martin), »Rendez-vous à O.K Corral »(1957, John Sturges), aux côtés de Burt Lancaster, dans lequel il incarne le rôle de Doc Holiday, dans « 20.000 lieues sous les mers » (1954, Richard Fleisher), adapté de l’oeuvre de Jules Vernes avec James Mason dans le rôle du capitaine Nemo, celui d’un marin, Ned Land, intrépide au caractère bien trempé , dans « Les sentiers de la Gloire », film dont il est producteur, et réalisé par Stanley Kubrick en 1957, celui d’un militaire, le capitaine Dax, qui va se rebeller contre l’ordre qui lui est donné par son supérieur, d’avancer ver les positions adverses. En 1952, il tourne devant la caméra de Howard Hawks pour « La captive aux yeux clairs ». En 1954, outre « Vingt Mille Lieues sous les Mers », il sera du casting pour le film « Le dernier train de Gun Hill » mis en scène par John Sturges. A cette époque du cinéma hollywoodien, Kirk Douglas est une immense star. Il est réclamé par les plus grands cinéastes : Brian de Palma, King Vidor, Elia Kazan, Joseph Mankiewicz, Otto Preminger, sans parler de ceux déjà cités plus haut.


Dans les années 60, la star qu’est désormais Kirk Douglas, va s’impliquer dans la production de certains films comme « Spartacus ». Il va continuer d’enchaîner les très bons films auprès de grands réalisateurs : Ainsi Vincente Minelli (le père de Liza), le dirigera dans « Quinze jours ailleurs » (1962). deux ans plus tard, c’est devant la caméra de John Frankenheimer qu’il joue dans « 7 jours en mai ». Puis en 1965, Anthony Mann le prendra pour le film « Les héros de Télémark », qui se situe pendant la seconde guerre mondiale. En 1966, il participe au film de Clément « Paris brûle-t-il? »(il y incarne le Général Patton). Ce film bénéficiera d’un casting hors norme. Côté français, on y trouve Yves Montand, Jean-Pierre Cassel, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Pierre dux, bruno Cremer, Michel Piccoli… (etc.. ), côté international, là aussi, c’est de très haut niveau : Charles Boyer, Georges Chakiris, Gert Froebe, Glenn Ford, Orson Welles, Anthony Perkins. En 1967, il tourne 2 westerns « La route de l’Ouest », puis « La caravane de feu » aux côtés du légendaire John Wayne.
Durant les années qui suivent à tourner dans des films qui vont moins marquer le public, ou à de rares exceptions, comme avec » Le reptile », tourné sous la houlette de Joseph Mankiewicz en 1970, « Furie » en compagnie de Brian de Palma en 1978. Durant les années 80 et les décennies qui suivent, Kirk Douglas semble se désintéresser du cinéma, prendre ses distances. En 1996, victime d’un accident vasculaire cérébral, il tournera définitivement le dos au 7ème Art, qu’il a talentueusement servi durant toute sa carrière.

Kirk Douglas laisse donc une immense carrière et des rôles à jamais marquants dans l’histoire du cinéma américain.
En 1988, il publie « le fils du chiffonnier », première partie d’une auto-biographie en 3 volets. Il y a raconte ses origines familiales. Les deux autres volets, publiés en 2000 (« Climbing the mountain ») et 2002 (« My stuck of life » ) seront consacrés à la decouverte de sa judéité et aux conséquences de son avc en 1996.
Son fils Michael, a depuis longtemps perpétué la tradition familiale, puisque dès le début des années 60, il a entamé une carrière de comédien, puis ensuite, sa carrière a décollé grâce au succès de la série policière « les Rues de San Francisco » (1972), aux côtés de Karl Malden, puis donc dans le cinéma. Mais je parlerai de Michael Douglas une autre fois.
Guillaume.
Années 60, berceau du psychédélisme.

Musicalement, les années 60 aux Etats-Unis sont un terreau de naissances de différents courants musicaux : le rock’n’roll (Elvis Presley, Little Richard, Chuck Berry…), les prémices de la pop-music importée d’Angleterre (Beatles, Rolling Stones), le free jazz (John Coltrane, Miles Davis, Thelonious Monk…), et donc à l’occasion du festival de Woodstock (1969), déjà évoqué sur ce blog, une forme de contre-culture sociale, musicale, artistique, qui, fortement « aidé » par la consommation de substances hallucinogènes, va donner naissance au courant appelé le psychédélisme.
Né outre-atlantique,en 1965 à San Francisco, ce phénomène socio-culturel va débarquer en Europe dans la foulée. Principalement présent dans le milieu artistique, le psychédélisme est le résultat de l’influence de psychotropes sur l’activité neurologique, qui dans un cadre de créativité « permet » à l’artiste de concevoir son oeuvre avec une vision très particulière, très décalée.


Psychédélique est un terme qui est apparu quelques années plus tôt, en 1956, lors d’un échange épistolaire entre un médecin, Humphry Osmond, qui fera des recherches sur les effets de produits psychédéliques en matière médicale et un écrivain-philosophe, Aldous Huxley. Allen Ginsberg, poète, écrivain, fondateur du courant « Beat generation » dans les années 50, pronnera la consommation de ces produits telles que les plus connues à l’époque : le LSD (Les Beatles ont chanté une chanson au titre très évocateur : « Lucy in the Sky with Diamonds« ), la mescaline, l’ecstasy. Ces substances, très puissantes, mettent leurs consommateurs-trices, principalement des hippies, dans un état second, avec des hallucinations, parfois dans un état de transe. Ces produits ont été très utilisés par de nombreux artistes ou groupes : Grateful Dead, Jefferson Airplane, Tame Impala, Love, Quicksilver Messenger, Iron Butterfly, Les Beatles, Les Doors, Les Rolling Stones, puis au début des années 70, par des groupes comme Pink Floyd, Led Zeppelin, Genesis, Yes, Barclay James Harvest. D’autres substances, comme la marijuana, étaient aussi très en vogue à l’époque, mettant leurs consommateurs-trices dans un état très spécial. Ils-elles planaient littéralement. Le résultat donnait le plus souvent des créations musicales très longues, prêtant à la rêverie, au laisser-aller.
En 1965, devant les ravages causés par sa consommation, c’est surtout le LSD qui est visé par des mesures d’interdiction, d’abord aux Etats-Unis puis en Angleterre en 1966.
D’après les historiens du rock, c’est en 1967, lors du Summer of Love que seraient nées les prémices du courant New Age, qui déboucheront plus tard sur des courants de pensées liés au Bouddhisme, au Taoïsme (qui permettra notamment la popularisation du symbole regroupant le ying et le yang), à l’Hindouisme.
En 1968, un film d’animation, « Yellow Submarine », avec les personnages des 4 Beatles, démontre parfaitement l’univers psychédélique, tout comme plus tard, le film « Easy Rider »(1969) et la comédie musicale « Hair » (1979), qui décrivent le mouvement hippie et la volonté de celui-ci de ne pas se soumettre aux injonctions de corps constitués comme l’armée ou d’être en opposition franche avec la partie réactionnaire de la population américaine.
Mais si la musique fut un vecteur essentiel du courant psychédélique ( vêtements, pochettes de disques, tenues de scène…), et de la sociologie hippie, les arts tels que la peinture, le dessin, le prêt à porter, et même la décoration intérieure furent influencés par ce mouvement, fait de couleurs, laissant place à une création sans limites, aux formes parfois extravagantes, n’y ont pas échappé.
Alors que l’on pensait ce courant installé pour un long moment, aux États-Unis comme en Europe, il a été vite bousculé par une vague issue du vieux continent, qui a vu la naissance du Hard-rock avec deux fers de lance venus d’Angleterre : Deep Purple et Led Zeppelin. Finie la musique planante, les tenues colorées, extravagantes, la cool attitude. Place au gros son, aux tenues à clous, aux guitares saturées et aux vocalises puissantes. Mais ceci est une autre histoire.

Si vous voulez bien comprendre ce phénomène, cette culture qui, l’espace de quelques années, à envahie les Etats-Unis et l’Europe, je vous conseille la lecture du livre de Philippe Thieyre , publié aux éditions Babelio .en 2007 (voir image ci dessous).

Pour retourner à cette belle époque de la musiue rock, je vous ai concocté uen playlist riche et variée, qui j’en suis sûr, saura contenter la curiosité de toutes et tous.
Guillaume.