Archives Mensuelles: mai 2020

Michel Piccoli, un départ dans la Nuit.


Parti à 94 ans rejoindre la grande table des étoiles du cinéma français disparues, en nous quittant dans la nuit du 12 mai dernier, l’acteur et comédien de cinéma et théâtre Michel Piccoli laisse derrière lui un parcours unique, fait de 150 films et presque 70 pieces de théâtre, dont les plus grands classiques du répertoire. Petit retour sur une immense carrière.

Si entre sa première apparition en 1940 dans « Sortilèges ou les cavaliers de Riouclare », et son premier vrai rôle dans « le Doulos »(1962) de Jean-Pierre Melville, aux côtés de Jean-Paul Belmondo, il n’enchaina que de petits rôles, les années 60 vont marquer le vrai début de sa carrière au cinéma.

En 1963, c’est le réalisateur Luis Bunuel qui le fera tourner dans « Journal d’une femme de chambre » aux côtés de la remarquable Jeanne Moreau. La même année, il tournera « le Mépris » de Jean-Luc Godard, dans lequel Brigitte Bardot lui donne la réplique. Quatre ans plus tard, en 1967, il sera à l’affiche de « Belle de jour » de Bunuel, et de la comédie musicale « Les demoiselles de Rochefort » de Jacques Demy, avec Jacques Perrin, Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Gene Kelly.

Au tournant des années 70’s, Michel Piccoli va se diriger vers des comédies sociales, type « La grande bouffe » de Marco Ferreri en 1973, des films d’études de couples, ou les films de bande chers à Claude Sautet. Avec ce dernier, il va tourner « Les choses de la vie » en compagnie de Romy Schneider en 1970, puis « Vincent François Paul et les autres.. »( Yves Montand, Serge Reggiani, Gérard Depardieu, Ludmila Mickaël…). Ce film, tendre, rempli d’amitié masculine de quinquas installés m’a beaucoup marqué. Un autre dont je me souviens très bien est « le Prix du Danger »(1983), d’Yves Boisset, avec Gérard Lanvin. L’histoire de la téléréalité avant l’heure, à travers une chasse à l’homme. Il y incarne un présentateur cynique, froid, soutenant à peine les candidats. Mais Lanvin va tout bouleverser.

Entre les deux, il avait endossé le rôle d’un médecin-chirurgien dans une ville de province (« 7 morts sur Ordonnance », 1975, de Jacques Rouffio), en compagnie de Jane Birkin, Gérard Depardieu, et de l’immense Charles Vanel dans le rôle du patriarche d’une clinique privée.

Il a aussi tourné dans des films policiers comme « Espion lève-toi », en 1982, avec Bruno Cremer et Lino Ventura. Un espion en sommeil, est réveillé » pour une ultime mission. Ventura est parfait et Piccoli, en agent manipulateur, machiavélique.

Au début des années 90, il avait tenu sous le regard de Jacques Rivette, le rôle d’un peintre, dans « La belle Noiseuse ». Emmanuelle Béart incarne la nouvelle Belle Noiseuse, peinte par le personnage de Piccoli.

Acteur, Michel Piccoli était aussi comédien de théâtre. Il a joué dans « Spartacus »(1952), »Phèdre », dirigé par Jean Vilar (1957), »La cerisaie » de Tcheckhov mise en scène par Peter Brook en 1981, « La fausse suivante » de Marivaux, dirigée par Patrice Chéreau en 1985 ou « La jalousie » de Sacha Guitry, mise en scène par Bernard Murat(2001).

En 70 années de carrière, Michel Piccoli aura tout fait, tout joué, véritable caméléon devant la caméra ou sur les planches du théâtre. Nous reste sa silhouette, sa voix profonde, et donc sa filmographie pour nous rappeler l’immense acteur qu’il fut.

Guillaume.

Lucky Peterson fait pleurer le Blues.


Début de semaine brutal et triste, malgré la présence réchauffant du soleil. Après le cinéma touché par la disparition du géant Michrl Piccoli, à l’âge de 94 ans, c’est le bluesman Lucky Peterson qui est décédé brutalement hier, victime d’un AVC à 55 ans seulement. Cela méritait bien un petit hommage.

Né à Buffalo en 1964, la musique, le jeune Lucky Peterson y est confronté très tôt puisque son père James Peterson est chanteur-guitariste de blues, et tient un bar, le Governor’s Inn, au sein duquel il va rencontrer des monstres sacrées tels que Muddy Waters, Koko Taylor, Junior Wells. Dans la foulée il apprend à jouer de l’orgue auprès de Jimmy Smith, il a seulement 5 ans! C’est alors qu’il est repéré par le grand Wiliie Dixon.

Mais s’il apprend donc l’orgue Hammond, Lucky Peterson va très rapidement se tourner vers la guitare électrique, qui deviendra son second instrument favori. Il était prêt pour voler vers sa future carrière solo, délivrer sa version du blues, de la soul et rythm’ and blues, avec sa voix un peu cassée, parfois lente, plaintive comme un chat écorché par la vie, et offrir sa fougue scénique au public.

La première fois que j’ai vu Lucky Peterson sur scène, c’était lors du festival de jazz Banlieues Bleues, sous un chapiteau, ce devait être en 1992.
Je le vis  debardquer sur scène, avec un petit chapeau, des lubettes cerclées, et une chemise ample cachant un embonpoint. La salle était bondée. Il était entouré de 5-6 musiciens, tous très bons. Deux heures et quart durant, il nous avait régalé, passant sans problèmes d’ un instrument à l’autre, puisque outre la guitare, il joua évidemment de l’orgue hammond, un solo de batterie, et de l’harmonica. Rien que ça! Puis au cours de son concert, le sieur Peterson, généreux à souhait, était descendu dans la salle, partager au milieu de la foule un solo de guitare incroyable de dix minutes. Grand moment.

La deuxième fois que je l’ai vu c’était au festival de jazz de Marciac en 2014. Là aussi sous chapiteau. Devant six mille personnes il avait livré une prestation fantastique, mettant le public dans sa poche par son talent d’ homme de musicien bien sûr mais aussi d’homme de scène. Là encore j’étais ressorti de la soirée enchanté par le spectacle offert par ce musicien. Pour celles et ceux qui souhaitent se faire une idée de cette soirée-là, il existe un enregistrement sonore qui restitue bien qui était Lucky Peterson sur scène.

Reconnu pour son talent, Lucky Peterson a joué avec les p,usa grands noms du blues et du rock des 50 dernières années, de Buddy Guy à Wynton Marsalis, en passant par B.B King, les Rolling Stones, Robert Cray, ou encore le fantasque Bootsy Collins.

Ce n’ est qu’ en 1989 qu’il publiera son tout premier album ‘Lucky strikes’ sur le fameux Labelle blues Alligator. En 996, il publie un album « spirituals & gospels », chants avec lesquels il a grandi en fréquentant les églises et les chorales e dimanche.En 2001, il publie un livre sublime  » Double dealin’ ‘. Huit ans plus tard, il enr6egistre un album ou il joue uniquement de l’orgue hammond et reprend des titres soul music. Ces dernières années il a enregistré 2 albums, le premier en hommage à son mentor Jimmy Smith ( « Tribute tous Jimmy Smith » 2017), puis un disque pour célébrer ses 50 a’s de musique, « 50 warming up », sorti l’an dernier. Depuis quelques années il se produisait sur scène avec sa femme, la chanteuse soûl Tamara Peterson.

Fantasque, imprévisible, parfois capricieux mais au fond très généreux, Lucky Peterson a connu une carrière chaotique mais jonchée quand même de très grands moments et donc de belles perles musicales. Je vous laisse avec une sélection de très beaux morceaux, en solo et en duos avec d’autres grands noms.

Tout au long de sa carrière Lucky Peterson n’ aura eu de cesse que de tranmettre son amour de la musique blues, des gospels et spirituals, du rythme rythm’ and blues qui l’ont tant nourri étant jeune. C’était un passeur, dans la lignée des ses aînés B.B.King, Buddy Guy, Muddy Waters, Jimmy Smith.

Guillaume.

Little Richard, fondateur du Rock, s’est envolé.


Né Richard Wayne Penniman en 1932 à Maçon en Géorgie, aux États-Unis, « Little Richard » est apparu en 1956 à la télévision avec deux titres joué live, « Long tall Sally », »Tutti Frutti », qui allaient tout bouleverser. Comme ses acolytes musiciens noirs de l’époque, le pianiste Fats Domino (« On blueberry hill »), les guitaristes Chuck Berry et Bo Diddley, Little Richard va poser les bases du rock. Le musicien Little Steven dira d’ailleurs plus tard que Little Richard « a écrit la Bible du rock. »
Issus de parents religieux, Little Richard va grandir en allant chanter des Gospels le dimanche à l’église. Cette formation religieuse et vocale vont le marquer pour le restant de sa carrière sinon de sa vie. Ce jeune garçon, donc lorsqu’il apparaît en costume blanc, flanqué d’un petit orchestre avec cuivres, à la télévision, provoque un choc. Plus rien ne sera comme avant. Il offre en moins de 3 minutes le schéma de ce que sera la musique de demain, rythmée,  débridée, chantée fort, en bougeant énormément sur scène même en jouant du piano. Ce qu’il fait, levant la jambe droite sur le clavier ! Énorme !

Tenues exubérantes,  coiffure haute de 15 cm (!), yeux maquillés, voix parfois haute, presque criarde,  Little Richard a écrit parmi les plus belles chansons du rock, qui 60 ans après,  sont devenues des tubes : »Long Tall Sally », « Lucille » et donc « Tutti Frutti », repris entre autres par Elvis Presley.

Ce musicien noir, ultra talentueux, va inspirer nombre d’artistes dans les décennies futures : James Brown, Les Beatles, Les Stones, David Bowie, Elton John, ou encore Bob Dylan qui déclare en apprenant le décès de Little Richard : « il a été ma lumière quand j’ai démarré « .
Très marqué par le gospel de sa jeunesse, Little Richard a connu une carrière chaotique, faite d’allers-retours entre les sunlights et les retraites vers sa communauté, à chanter des gospels. Il l’a fait à de nombreuses reprises, ce qui l’a empêché d’avoir la carrière internationale que son talent méritait. Du coup ses rares apparitions étaient toujours très attendues. Il était d’ailleurs venu au Festival des Vieilles Charrues il y a quelques années, partageant l’affiche et la scène avec Chuck Berry et Jerry Lee Lewis.

A 83 ans Little Richard, géant de la musique du 20ème siècle, 
a donc tiré discrètement sa révérence. Nous reste sa musique.  Éternelle.

Guillaume.

Retrouvez à la médiathèque :
22 greatest / Little Richard.
The girl can’t help it / Little Richard.
Mega Gospel /

Et le livre :
50 years around the rock / Annie Goetzinger.

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