Michel Piccoli, un départ dans la Nuit.
Parti à 94 ans rejoindre la grande table des étoiles du cinéma français disparues, en nous quittant dans la nuit du 12 mai dernier, l’acteur et comédien de cinéma et théâtre Michel Piccoli laisse derrière lui un parcours unique, fait de 150 films et presque 70 pieces de théâtre, dont les plus grands classiques du répertoire. Petit retour sur une immense carrière.
Si entre sa première apparition en 1940 dans « Sortilèges ou les cavaliers de Riouclare », et son premier vrai rôle dans « le Doulos »(1962) de Jean-Pierre Melville, aux côtés de Jean-Paul Belmondo, il n’enchaina que de petits rôles, les années 60 vont marquer le vrai début de sa carrière au cinéma.
En 1963, c’est le réalisateur Luis Bunuel qui le fera tourner dans « Journal d’une femme de chambre » aux côtés de la remarquable Jeanne Moreau. La même année, il tournera « le Mépris » de Jean-Luc Godard, dans lequel Brigitte Bardot lui donne la réplique. Quatre ans plus tard, en 1967, il sera à l’affiche de « Belle de jour » de Bunuel, et de la comédie musicale « Les demoiselles de Rochefort » de Jacques Demy, avec Jacques Perrin, Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Gene Kelly.
Au tournant des années 70’s, Michel Piccoli va se diriger vers des comédies sociales, type « La grande bouffe » de Marco Ferreri en 1973, des films d’études de couples, ou les films de bande chers à Claude Sautet. Avec ce dernier, il va tourner « Les choses de la vie » en compagnie de Romy Schneider en 1970, puis « Vincent François Paul et les autres.. »( Yves Montand, Serge Reggiani, Gérard Depardieu, Ludmila Mickaël…). Ce film, tendre, rempli d’amitié masculine de quinquas installés m’a beaucoup marqué. Un autre dont je me souviens très bien est « le Prix du Danger »(1983), d’Yves Boisset, avec Gérard Lanvin. L’histoire de la téléréalité avant l’heure, à travers une chasse à l’homme. Il y incarne un présentateur cynique, froid, soutenant à peine les candidats. Mais Lanvin va tout bouleverser.
Entre les deux, il avait endossé le rôle d’un médecin-chirurgien dans une ville de province (« 7 morts sur Ordonnance », 1975, de Jacques Rouffio), en compagnie de Jane Birkin, Gérard Depardieu, et de l’immense Charles Vanel dans le rôle du patriarche d’une clinique privée.
Il a aussi tourné dans des films policiers comme « Espion lève-toi », en 1982, avec Bruno Cremer et Lino Ventura. Un espion en sommeil, est réveillé » pour une ultime mission. Ventura est parfait et Piccoli, en agent manipulateur, machiavélique.
Au début des années 90, il avait tenu sous le regard de Jacques Rivette, le rôle d’un peintre, dans « La belle Noiseuse ». Emmanuelle Béart incarne la nouvelle Belle Noiseuse, peinte par le personnage de Piccoli.
Acteur, Michel Piccoli était aussi comédien de théâtre. Il a joué dans « Spartacus »(1952), »Phèdre », dirigé par Jean Vilar (1957), »La cerisaie » de Tcheckhov mise en scène par Peter Brook en 1981, « La fausse suivante » de Marivaux, dirigée par Patrice Chéreau en 1985 ou « La jalousie » de Sacha Guitry, mise en scène par Bernard Murat(2001).
En 70 années de carrière, Michel Piccoli aura tout fait, tout joué, véritable caméléon devant la caméra ou sur les planches du théâtre. Nous reste sa silhouette, sa voix profonde, et donc sa filmographie pour nous rappeler l’immense acteur qu’il fut.
Guillaume.
Publié le 22 mai 2020, dans Chroniques. Bookmarquez ce permalien. 2 Commentaires.
Bel hommage 😌
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