Il était une fois…

Cette année-là, en France, en janvier le gouvernement met en application la loi sur le Littoral, puis survient le drame du Paris-Dakar avec l’accident d’hélicoptère qui va coûter la vie à l’organisateur Thierry Sabine, au chanteur Daniel Balavoine. Les partis politiques UDF et RPR se mettent d’accord sur une plateforme de gouvernement. En février, Margaret Thatcher et François Mitterrand signent le projet de tunnel sous la Manche, la chaîne de télévision La 5 (sous capitaux Berlusconi) arrive en France. Au mois de mars, une équipe de télévision d’Antenne 2 est enlevée au Liban. Ils resteront prisonniers près de 2 ans, jusqu’ au milieu du printemps 1988. En avril, le nuage radioactif de Tchernobyl traverse la frontière française. Les autorités cacheront la vérité au public. Le mois de juin sera marqué par la mort accidentelle à moto de l’humoriste et acteur Coluche. Quelques mois plus tard, en novembre, c’est au tour du talentueux Thierry Le Luron de décéder précocement a 34 ans seulement. Le mois de décembre sera le théâtre de manifestations anti loi Devaquet (ministre de l’éducation de l’époque). Un jeune étudiant, Malik Oussekine, y laissera la vie et deviendra le symbole de de la jeunesse en révolte. Le musée d’Orsay, installé dans la gare du même nom, sera inauguré par François Mitterrand et Jacques Chirac. En sports, c’est une année de coupe du monde de football, au Mexique. La France, après avoir battu l’Italie 2-0, puis le Brésil au tiers au buts au bout d’un très grand match, échouera sur l’Allemagne en demi-finale. L’Argentine emmenée par le génial et malicieux Diego Maradona remporte le titre de champion du monde face aux Allemands, après avoir notamment sorti l’Angleterre grâce à deux buts (celui qualifié de « main de Dieu » par son auteur »- voir photo plus haut-, suivi du sublime slalom sur 60 mètres entre les joueurs de l’équipe anglaise, pour finir face à Peter Shilton), de son génial capitaine-leader. En tennis, à Roland-Garros, Chris Evert et Ivan Lendl s’imposent. Le pilote Alain Prost devient champion du monde de formule 1. En rugby, le stade toulousain remporte le bouclier de Brennus face à Agen. Quelques figures célèbres nous quittent : Andreï Tarkovski, réalisateur russe, les écrivains français Simone de Beauvoir (photo ci-dessous) et Jean Genet, le compositeur Maurice Duruflé, les acteurs américains Cary Grant (photo ci-dessous) et James Cagney, le réalisateur américain Otto Preminger, l’industriel français Marcel Dassault, le comédien Jacques Rispal.


Place à l’histoire inventée.
Je me souviens. C’était au début des années 80. Elle se prénommait Carrie. Native de Berlin, ville d’Europe, on la surnommait la « Lady in Red », car elle avait pour habitude de s’habiller uniquement en rouge, de la tête aux pieds. Grande aux cheveux longs, yeux bruns, des jambes sculptées par le sport. Elle avait en effet pratiqué la danse de manière intensive dans sa jeunesse, on lui avait d’ailleurs reconnu des qualités évidentes, qui auraient pu lui valoir carrière. Une véritable ballerina girl de la danse selon les personnes, professeurs et élèves, qui la côtoyèrent. Elle choisit un autre destin. Elle s’est aussi testé au volley-ball, pendant plusieurs années, en équipes de clubs. A un niveau très honorable. Une femme moderne, au caractère bien affirmé, qui ne laissait pas approcher facilement par les hommes. Qui malgré tout garde par devers elle un secret enfoui.
Ce secret bien gardé, c’est un enfant. La trace d’un amour passé, enfui, perdu. Ce « miracle d’amour » comme elle dit s’appelle Evan, qui possède les mêmes atours physiques que sa mère. Mais hélas, il vit dans la ville de lumières avec son père, Peter. De son côté, Carrie, se rend parfois à Belle-Ile-En-Mer, où elle a passé une partie de sa jeunesse, ses parents y possédant une maison. Carrie et Peter ont vécu une belle histoire, mais la séparation fut plus douloureuse pour Carrie. Un déchirement. A plusieurs reprises, la tentation de retenir Peter a surgi du fonds de ses entrailles torturées et envahies de la tristesse de voir son couple, son histoire se déliter. « Don’t leave me this way », une fois deux fois trois fois, lui a-t-elle supplié dans une complainte dont elle avait le secret. Mais rien n’y fit. Peter resta insensible. sûr de lui, de sa décision, de son nouveau cap. Il mettrait un terme à cette histoire. Pour Carrie, ce fut comme la sensation d’un pas dans le vide. De se perdre à nouveau, d’avoir à tout recommencer. Un vertige inattendu, une plaie béante qu’il va donc falloir guérir. Seul le temps, elle sait, y pourvoira.
Après dix ans de galères, de doutes, de difficultés en tous genres, aujourd’hui, la quarantaine fringante, un métier qui la passionne entre les mains, Carrie respire enfin. « Take my breath away » se dit-elle parfois. Oui, faire de sa vie une grande respiration, une inspiration même. Une part de magie comme le chante un célèbre groupe anglais qu’elle adore. Carrie a un frère, Louie, qu’elle nomme affectueusement « Brother Louie », un solide gaillard, taillé à la force de la fonte et du travail en forêt. Louie a toujours été là pour sa soeur, une épaule réconfortante, une personne sans jugement qui sait écouter, attentivement, conseiller de juste manière. Mais Carrie transporte au fonds d’elle un autre secret, bien plus lourd, bien que celui-ci ne lui appartienne pas directement. En effet, des années plus tôt, Evan lui avait confié se sentir mal dans sa peau, mal dans son corps de jeune homme. Carrie, pourtant mère attentive, n’avait pas relevé ce qui en réalité était un appel de détresse. Car Evan, bien que né garçon, se sentait fille au fond de lui. se vivait comme tel. S’envisageait uniquement comme ça. Dès lors, si son père, hermétique à cet appel, va lui fermer les portes et se montrer très dur avec lui, Carrie va au contraire redoubler d’attentions, d’écoute, accompagnant son fils vers ce voyage de transition très difficile et éprouvant psychologiquement, physiquement. Peter n’arrêtait pas de dire à Bonnie : « If you were a woman.. I won’t recognize you ».. « Si tu devenais une femme, je te reconnaitrais plus. »… Violent, définitif. De quoi faire vaciller une décision. Mais Evan, lui, a décidé, de tenir bon. Dès lors son père lui dit qu’il ne veut plus savoir ce que son fils devient, décide sa vie, quoi qu’il lui arrive dans le futur.
Evan, garçon déterminé à poursuivre sa démarche, mène sa barque, va de médecins en consultations spécialisées, de rendez-vous d’analyses à ceux avec des psychologues. Un vrai parcours du combattant auquel il ne s’attendait sûrement pas. Mais qui lui est nécessaire. Pour la suite. Dans cette quête vers son futur soi, Evan, chaque jour, se répète « don’t give up », « ne baisse pas les bras, n’abandonne pas ». Bientôt arrive le temps de l’opération, dernière étape décisive vers son futur état civil. Après des mois de doutes, d’incertitudes, voilà Evan au pied de sa dernière marche avant sa libération intérieure. L’opération se déroule sans soucis, Evan se réveille avec deux prothèses mammaires, conformes à celles qu’il avait choisi. Sa nouvelle vie démarre à cet instant. Reste à se trouver un nouveau prénom, féminin. Après quelques jours de réflexion, il optera pour Bonnie, en hommage à Bonnie Parker, compagne de Clyde Barrow, célèbre duo de gangsters des années 1930’s.
Adieu Evan. Bonjour Bonnie. Reste à savoir si Carrie va accepter le changement visuel et d’appeler son fils devenue Trans par un autre prénom. Seul son amour profond pourra y accéder.
Après quelques temps, Carrie a fini par accepter le changement d’identité et d’orientation sexuelle d’Evan devenue Bonnie. Une leçon de tolérance, d’amour, de compréhension, d’une mère pour son fils, d’un être humain à un autre, qui à l’époque des faits, n’était pas du tout gagné. Désormais, forts d’avoir traversés cette épreuve ensemble, ils sont encore davantage proches l’un de l’autre, pour vivre et affronter le futur ensemble.
1987 leur tend bras avec tout l’amour du monde entre leurs mains.
Je vous laisse avec une sélection de titres qui vous rappelleront sans aucun doute des souvenirs à foison, que vous avez vécu, partagé cette année-là où et avec qui que vous étiez. Peut-être avez-vous rencontré l’amour de votre vie sur l’un de ces morceaux.
Publié le 16 octobre 2020, dans Il était une fois, et tagué 1986, Cary Grant, Daniel Balavoine, Il était une fois. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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