Archives Mensuelles: novembre 2020

Il était une fois…


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L’année de mes 20 ans, de mes vingt piges, de mes vingt printemps terrestres. L’année de mon envol du cocon familial également, vers une indépendance attendue, recherchée. Mais 1987 c’est aussi une année pleine d’évènements très importants tels que la libération des prix en janvier, alors qu’ils étaient bloqués depuis 1945 (!), c’est le lancement du 3615 Minitel, également l’arrestation des membres du groupe Action Directe, le premier vol de l’Airbus A320, l’attribution des 5èmes et 6èmes chaines à des groupes privés, la naissance de M6, la privatisation de TF1 par Bouygues, l’ouverture en Juin du procès (filmé pour l’occasion, pour l’Histoire) de Klaus Barbie, ancien chef de la gestapo de Lyon. En En juillet, il sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. En novembre, l’Institut du Monde Arabe, situé sur les quais de Seine, est inauguré. En sports, Si le cycliste irlandais réalise cette année-là le triplé Tour de France-Giro d’Italie-Championnat du Monde, en formule 1, c’est le fougueux pilote brésilien Nelson Piquet qui devient champion du monde sur Brabham. En France, les Girondins de Bordeaux, emmenés par Alain Giresse, deviennent champions de France de foot, le RC Toulon fait de même en rugby face au Racing Club de France. A Roland-Garros, c’est le tchécoslovaque Ivan Lendl qui s’impose face au suédois Mats Wilander.
Au cinéma, le public pourra voir des films aussi différents que « L’arme fatale » de Richard Donner, avec Mel Gibson et Danny Glover », « Au revoir les enfants » de Louis Malle, « La couleur de L’argent » de Martin Scorsese, avec Paul Newman, la star montante Tom Cruise, et Elisabeth Mastrantonio, John Turturo, « Le Dernier Empereur » de Bernardo Bertolucci, grande fresque historique impressionniste sur la vie du dernier empereur chinois, mort en 1967. Autre film marquant, « La Mouche » de David Cronenberg, avec le duo Jeff Goldblum-Geena Davis. Enfin, comment ne pas évoquer  » Sous le soleil de Satan » de Maurice Pialat, avec Gérard Depardieu dans le rôle titre. Qui ne se souvient pas, lors de la remise de la palme d’or à Cannes cette année-là, du bras d’honneur adressé à la salle des festivaliers par Pialat. Côté décès marquants, il faut noter ceux du dramaturge Jean Anouilh, de l’éditeur Pierre Seghers, du cycliste 5 fois vainqueur du Tour de France Jacques Anquetil, de la romancière-académicienne Marguerite Yourcenar, également ceux de l’acteur Lino Ventura, du pilote de formule 1 Didier Pironi, et du danseur-comédien américain Fred Astaire.

Place à l’histoire inventée.

Un matin banal brumeux d’automne, Jean-Hughes se réveille seul à bord de son ketch, acheté quelques années auparavant alors qu’il était en piteux état. Lui-même n’allait pas très bien. Femme partie, enfants grandis et à l’autre bout du monde, boulot en berne à cause d’une récession économique, Jean-Hughes avait des raisons de noyer son chagrin dans le whisky, au fond de son bateau « Renaissance », ancré dans le joli port de Saint-Malo. Mais comme le chantait un artiste anglais, qu’il écouter au moins une fois par jour, il se disait  » Never gonna give up »…non jamais il ne baisserait les bras. Jamais.
Il avait un couple d’amis, Mel et Kim, des australiens bon tein, lui avocat,  elle artiste-peintre, qui résidaient à quelques encablures de son port d’attache, dans les terres. Parfois, il les emmenait en mer,  pour de longues promenades, dans des endroits que lui seul connaissait. Lors de ces balades en mer, Jean-Hughes confie à ses amis qu’il a le coeur en exil depuis le départ de sa femme. Que seulement « Là-bas », sur cet élément liquide remuant et imprévisible,  étrangement il se sent en adéquation,  il se sent libre, fort, en contrôle.

Mel et Kim restent perplexes devant les certitudes affichées par leur ami. Mais n’en disent mot de peur de le vexer ou de finir à la mer. Ç’est pas le moment,  se disent-ils, attendant le retour à terre. Un soir,  voyant l’état moral de Jean-Hughes se dégrader depuis quelques temps déjà, ils l’invitent à dîner chez eux, au milieu d’autres ami.e.s. Parmi les convives, une plantureuse brune aux cheveux longs ne tarda pas à attirer son attention. Prenommée Sabrina, elle avait une réputation de mangeuse croqueuse d’hommes. Mais Jean-Hughes s’ en moque, si elle peut lui permettre de remonter la pente moralement. Lui qui se sentait si Aline, revit aux côtés de Sabrina. Il revit. Les nuits sont toutes aussi torrides, les corps se mêlent d’ un amour sans limite. A sa nouvelle compagne, Jean-Hughes ne peut et ne veut dire aucuns mensonges. Sabrina est une  » machine à danser », ainsi entraine-t-elle son homme dans son sillage, dans son tourbillon noctambule, où elle écume les dancefloors. Sabrina, loin de son image de femme fatale, a connu l’aventure de faire un bébé toute seule, solitude totale. Elle appelera sa fille Hélène. Lors de sa rencontre avec Jean-Hughes, Hélène a déjà 8 ans. Le courant passe bien avec le chéri de sa maman.

Cet amour aussi inattendu qu’improbable, ce strange love du début, va se transformer en véritable histoire d’amour, forte, durable, profonde. « Angel-eyes », ainsi Jean-Hughes surnommait-il Sabrina, sa chérie, son trésor. Ils se firent la promesse de ne jamais se briser le cœur. A leurs amis communs Mel et Kim, grâce à qui les deux tourtereaux se sont rencontrés, ces derniers vont annoncer une grande nouvelle. Ils ont décidé de se marier, d’unir leurs destins. Mel et Kim vont sauter de joie à l’annonce de la nouvelle. Ils offriront le cadre de leur résidence de campagne pour accueillir la fête qui suivra la cérémonie officielle.

Désormais heureux, remis sur pieds, équilibré dans sa vie, Jean-Hughes va pouvoir se remettre à des projets professionnels, à des activités sportives et personnelles. Il a repris goût à la vie. L’avenir lui appartient. A lui et Sabrina.

Je vous laisse avec une sélection de titres de l’année 1987, qui ne manqueront pas de vous rappeler des souvenirs. Bonne écoute.

Guillaume.

Louis de Funès, génie du comique français.


Né en 1914, cet acteur, qui après avoir essayé la scolarité sans succès, puis des écoles pour apprendre à devenir fourreur, va finalement intégrer l’école technique de photographie et de cinéma où l’inscrivent ses parents, en 1932. Puis en 1942, il entre au cours Simon, en y présentant une scène des « Fourberies de Scapin » de Molière. Il est reçu. Lui qui a longtemps galéré à ses débuts, tout s’accélère. Il va rencontrer Daniel Gélin, qui le fera jouer dans une pièce de théâtre, puis après cela De Funès enchainera les « silhouettes » au cinéma jusqu’au jour où il va se retrouver sur le plateau d’un film avec Luis Mariano, chanteur d’opérette bien connu à l’époque, et de Jules Berry, star de cinéma de cette période. Après avoir joué sous la direction du grand Sacha Guitry en 1952, dans différentes pièces, il part rejoindre la troupe des Branquignols de Robert Dhéry la même année. L’année suivante, il enchaine les tournages marquants avec Jean Marais et Jeanne Moreau dans « Dortoir des Grandes », puis dans « Ah! les belles bacchantes! ». Henri Verneuil lui fera tourner « Le mouton à cinq pattes » aux cotés de Fernandel. Un succès. La carrière de De Funès est lancée. Avec sa petite taille et son visage si expressif, parfois grimaçant à l’extrême il impose de nouveaux codes comiques au cinéma. Il s’est imposé sur le tard, à 50 ans. Mais il a connu une carrière exceptionnelle, tourné avec les plus réalisateurs (Jean Girault, Gérard Oury, Gilles Grangier, Claude Autant-Lara…) et acteurs de sa génération (Bourvil, Jean Lefèvre, Yves Montand, Jean Gabin, Jean Marais, Pierre Mondy, Fernandel, Michel Galabru) et des actrices non moins renommées (Claude Gensac, Jacqueline Maillan, Annie Girardot…).
Son sens du comique, sa précision du jeu, et du rythme dans les scènes à jouer avec ses partenaires faisaient de lui un comédien exigeant, dur, mais terriblement efficace, pour finalement des résultats à l’écran qui, au vu des succès de ses films, ne se démentirent pas. Bien sûr, tout le monde a en tête des films comme « La Grande Vadrouille » avec Bourvil, « La folie des grandeurs » avec Yves Montand », « La traversée de Paris » avec Jean Gabin et Bourvil (la fameuse scène de la cave souvenez-vous!!), « Le Grand restaurant » avec Bernard Blier », la série des Fantômas avec Jean Marais, « L’Aile ou la Cuisse » avec Coluche, « La zizanie », avec Annie Girardot, sans oublier « Les aventures de Rabbi Jacob », « La soupe au choux » avec Jacques Villeret et beaucoup d’autres, notamment « Pouic Pouic », film de 1963, où il apparaît aux côtés de Mireille Darc, Guy Trejan, Philippe Nicaud et Jacqueline Maillan.

Mais au-delà du cinéma, Louis de Funès était également un homme de théâtre. il fait ses vrais début en 1944 dans « l’amant de paille » aux côtés de Jean-Pierre Aumont et Bernard Blier. En 1949, il jouera  » Le journal de Jules Renard », puis en 1952 « la puce à l’oreille de Georges Feydeau, « Ornifle ou le courant d’air » avec Pierre Brasseur, Jacqueline Maillan, en 1955, « Oscar » de 1971 à 1973 avec Mario David, Maria Pacôme. En 1980, il avait tourné une adaptation cinéma de « L’Avare » de Molière, sous la direction de Jean Girault. « La soupe aux choux » ( 1981), farce qui le met face à Jacques Villeret jouant un extraterrestre débarquant un soir dans son jardin avec sa soucoupe volante, si ce n’est pas un grand film,  met face à face 2 générations de comédiens. Ce sera son dernier rôle à l’écran.

Louis de Funès ne s’est jamais tourné vers des rôles purement dramatiques. A l’inverse de Coluche, qui connut la consécration césarisée avec son rôle de pompiste solitaire dans le Tchao Pantin de Claude Berry en 1983, où figuraient également les jeunes Richard Anconina et Agnès Soral. Sans doute est-ce par peur de l’échec.

Célèbre dans de nombreux pays en Europe de l’est notamment mais aussi en Chine, De Funès,  hors tournage, restait un homme discret,  se consacrant à sa famille, et sa passion, entretenir le jardin de sa propriété  près de Nantes.

Mais à cet immense comédien, la cinémathèque de Paris rend en ce moment un hommage amplement mérité à travers une exposition que je vous invite à aller voir dès que possible.

https://www.cinematheque.fr/cycle/louis-de-funes-560.html

Je vous laisse avec une sélection de répliques célèbres de Louis de Funès.

Guillaume.

Elvis a changé l’histoire du Rock.


Dans des chroniques précédentes, plus ou moins récentes, j’ai évoqué les « géniteurs » du Rock’n’roll, au premier rang desquels Little Richard, mais il y eut aussi Eddie Cochran, Chuck Berry et son célèbre duck-walk, Jerry Lee Lewis et son piano, Bill Haley et ses fameuses comètes pour ne citer que les principaux venus des Etats-Unis. Mais un gars, né en 1935 à Tupelo, au Texas, va venir au milieu des années 50, ringardiser et bousculer les codes jusques-là établis par ses prédécesseurs. Son nom? Elvis Aaron Presley. Il était bien logique que j’en vienne à l’évoquer, d’autant que cette année, il aurait fêté ses 85 ans!

Le label Laser Média à eu l’excellent idée de ressortir, sous forme de coffret 3 cd intitulé « Rock Box », 42 titres parmi lesquels beaucoup sont devenus des classiques du Rock :
« See See Rider », « Trying To get you », « Allez shook up », « Love me tender », « Hound Dog », « Polk salad Annie », « Suspicious Minds », « Heartbreak Hotel », « Can’t help falling in love ». C’est vraiment un bel objet pour se rappeler combien cet artiste a marqué de son empreinte l’industrie du disque, la musique,  la société,  pendant 20 ans, de 1956 à 1975.

La mine enjôleuse, le sourire ravageur auprès de la gent féminine, une voix grave et chaude à faire se pâmer les jeunes filles comme les mères de familles, capable de jouer de la guitare, le jeune Presley va être repéré lors d’un radio-crochet, par un manager nommé Parker qui se fait appeler « Colonel », plus par volonté d’impressionner l’interlocuteur, que par un réel passé militaire. En 1954, il est signé sur le label Sun Records de Sam Phillips. Il sera désormais accompagné du guitariste Scotty Moore, du bassiste Billy Black et du batteur DJ Fontana. Le manager, homme d’affaires très avisé, comprend très vite le potentiel de son « poulain » et s’arrange pour le faire tourner dans le pays, mais aussi le faire engager sur des films sans intérêts, où sa seule présence à l’écran générera des recettes, d’autant que Presley y jouera de piètres rôles débouchant la plupart du temps sur des chansons, source de revenus pour l’artiste, mais aussi et surtout pour le producteur. Le premier succès discographique de Presley sera le titre « Heartbreak hotel » numéro 1 des ventes aux Etats-Unis, en 1956.

Dès lors, la « machine » Presley » est en marche. Tournées partout dans le pays, diffusions massives de chacun de ses nouveaux titres à la radio, chaque apparition dans une émission de télé créée une émeute ou presque, et donc le cinéma lui tend les bras. L’avenir s’annonce radieux pour le jeune prodige de Tupelo. Son style moderne, sa présence scénique indéniable, son charisme, vont ringardiser très vite ses prédécesseurs. Chanteur blanc à la voix « noire », premier à user d’un déhanché très suggestif, qui rendra dingue, dès le début, ses fans  féminines.

Mais, tout ce succès va s’arrêter brusquement, lorsque, suite au décès de sa mère à l’âge de 46 ans, et après des classes effectuées aux Etats-Unis, Elvis va partir faire son service militaire en Allemagne en 1958. De retour au pays en 1960, il va très rapidement prendre la route… des studios d’Hollywood, où il va enchaîner rien moins que 27 films jusqu’en 1968. Durant cette période, il enregistre tout de même des chansons qui deviendront des classiques, « Can’t help fallin’ in love »(1961) « Return to sender »(1962).

Mais malgré tout, la décennie des 60’s se termine sur un déclin inexorable tant commercial que cinématographique d’Elvis Presley. L’idée vient alors de négocier un contrat avec NBC, en 1968, pour une émission spéciale en public. Le deal est fait, sur la base de 1, 25 million de dollars. Intitulé « Elvis One Night« , Presley y apparaît vétu de cuir noir sur une scène carrée, accompagné par Scotty Moore, DJ Fontana, Alan Fortas. Il y semble heureux, affûté comme jamais. Le show sera un véritable carton. Il y jouera ainsi une superbe version acoustique du classique blues « That’s all right Mama« , qui l’avait révélé au monde en 1956. Revigoré par ce succès télévisuel, le « King » et son mentor diabolique vont enchaîner enregistrements studios et tournées. Un rythme erreintant.

Mais tout cela aura un prix. Fort. Que le physique de Presley, surmené, va finir par payer. Cher. En 1973, le garçon déjà sous médicaments à forte dose pour diverses pathologies (angoisses, paranoïa, diabète…) va faire une surdose de barbituriques, puis voir ses problèmes de surpoids lui poser de plus en plus de problèmes sans parler compter ceux liés à la mémoire, qui se fait désastreuse lors de ses concerts au cours desquels il en vient à oublier des paroles de plus en plus souvent, obligeant ses musiciens à meubler. Sous contrat avec sa maison de disque, il doit enregistrer des albums régulièrement. et donner des concerts. Car le colonel Parker veille au grain, pardon à l’oseille. Et comme le public, tenu éloigné des problèmes de santé du King, continue de venir en masse, l’oseille afflue en masse. Enorme!. Le physique de Presley, usé et fatigué de tant d’années de voyages, de prises de médicaments, commence à se fissurer de partout. Le mental, fragile lui aussi, malgré son entourage proche bienveillant, rassurant, finit par vaciller. Les enregistrements studios, hier une joie, aujourd’hui sont peine pour ce génie devenu fantôme, un pantin que l’on trimballe comme une belle attraction en vitrine. Il vit désormais reclus dans sa résidence de Graceland, achetée dans les années 60. Ne supporte plus de se déplacer. Du coup, sa maison de disques lui enverra même un studio mobile pour enregistrer en 1976 des sessions, qui finalement ne donneront rien.

Le jour de son décès, d’une crise cardiaque, le 16 août 1977, le King est dans sa résidence de Graceland, à Memphis, capitale du Tennessee, terre du Blues. Il devait partir en tournée. Encore une. Elle n’aura jamais lieu. Elvis Presley est inhumé deux jours plus tard en sa propriété, devant une foule immense. Encore aujourd’hui, de part le monde, des sosies le font survivre, des spectacles musicaux racontent sa vie.

Le petit gars de Tupelo est devenu, pour l’éternité, une légende de la musique, une icône du 20 ème siècle.

Je vous laisse avec une sélection de quelques titres qui ont fait son succès.

Guillaume.

BlackWater Holylight, ou le Hard-rock au féminin.



Bon voilà, je me remets à chroniquer des albums nouvellement parus, si si ça existe encore, croyez-en le discothécaire que je suis, la production est toujours là. La question de la vente est toute autre et mériterait débat. Donc ici, j’ai choisi de pencher mes oreilles sur un groupe entièrement féminin, le quintet Blackwater Holylight, qui vient de publier « Veils of Winter« .

Ne connaissant pas ce groupe, j’étais sans à priori. Mais j’ai vite déchanté.
La raison ? Elle a des ramifications multiples. D’abord, un son sourd, lourd, sans aucune originalité en cette année 2020. Son effet direct si je puis dire est que la musique produite, un hard-rock poussiéreux, puisé dans les tréfonds du Black Sabbath de la plus mauvaise période (90’s).

Moi qui suit fan de hard-rock depuis mes 15 ans et la découverte de Iron Maiden, Def Leppard et consorts de la vague NWOBHM des 80’s, et qui continue d’en écouter, même des groupes tels que Nightwish, Within Temptation, groupes de métal ou des chanteuses s’y donnent à gorges déployées, là avec Blackwater Holylight, je reste plus que sur ma faim. Le chant est étouffé, sans magie, sans envolées, et du début à la fin de l’album, ça ne décolle hélas pas.
Moi j’attendais davantage d’énergie, d’imagination, de singularité dans la musique proposée et portée par ce groupe 100% féminin. Ca reste lourd, convenu, et l’auditeur que je suis n’a jamais été transporté par la musique composée par ce quintet. Je trouve cela singulièrement désolant, car rares sont les groupes entièrement féminins, qui essayent de creuser leur trou au milieu des méandres d’un monde rock dominé par les hommes.
Tout au long des 8 titres proposés, de « Seeping Secrets » à « Moonlit », j’ai toujours attendu l’instant, la prouesse, qui me ferait me ravir d’avoir à chroniquer ce disque de ce quintet féminin. J’en ressors déçu,  mais peut-être que la fameuse « vérité » de ce groupe est à découvrir sur scène. Ce qui, avec les temps que nous vivons tous à travers le monde,  en ce moment, risque de prendre un certain temps. 

Si cet album, »Veils of Winter » m’a donc déçu, déplu, j’ose croire que le prochain sera bien meilleur. Je vous laisse néanmoins découvrir 2 titres pour vous faire une idée par vous-même.

Guillaume.

Gene Vincent, rocker torturé par la vie.


Né en 1935, la même année que Elvis Presley, à Norflok en Virginie, Vincent Eugene Craddock dit Gene Vincent est le fils d’un père militaire dans la marine américaine et d’une mère commerçante. Rapidement, les parents vont s’installer en Virginie, à Munden Point, tôt le gamin va, écoutant la radio, découvrir la musique, et surtout la la country, le bluegrass. Mais, habitant dan un quartier pauvre où la communauté noire est très présente, il va être sensibilisé au blues, au gospel.

En février 1956, Gene Vincent participe à un concours de chant. Repéré par un membre du jury, Sheriff « Tex » Davis, qui par ailleurs anime une émission de radio de Norfolk, le jeune rockeur y passera désormais régulièrement, accompagné de musiciens locaux. C’est là qu’est joué pour la première fois sa chanson Be-Bop-A-Lula, écrite lors son séjour à l’hôpital suite à un accident avec une voiture, ce qui faillit lui couter une jambe.

Quelques mois plus tard, la tornade Presley, et son « Heartbreak hotel » ravagent tout sur leur passage, obligeant les maisons de disques à vouloir se dénicher chacune « son Elvis ». Sheriff « Tex » Davis flaire le bon coup avec Gene Vincent et décide de devenir don manager. Et il l’entoure de quatre musiciens :  Cliff Gallup (guitare solo), Willie Williams (guitare rythmique), Jack Neal (contrebasse), Dickie Harrell (batterie). Le quatuor se nommera les Blue Caps, en hommage à la marine américaine. En cette année 1956, Vincent part effectuer une tournée au Canada avec son groupe. Un succès. L’année suivante, en 1957, le groupe est modifié, puis s’envole pour une tournée. Une guitare rythmique remplace l’acoustique, la contrebasse est remplacée par une basse électrique, des choristes-danseurs viennent s’ajouter. Gene Vincent et son groupe enchainent alors concerts avec public en délire, émissions de télé célèbres comme le Ed Sullivan Show, très couru à l’époque. Tout roule pour le garçon et sa bande. 1958 s’annonce sous les mêmes auspices, avec un troisième album, « Gene Vincent Rocks and the Blue Caps Rolls », qui connaitra un vrai succès, un public qui le suit toujours, voyant en lui un représentant de ses aspirations rebelles, torturé par la vie avec sa jambe abîmée par la faute d’un accident de moto. En octobre, Eddie Cochran (à gauche sur la photo ci-dessous), le rejoint en studio pour des sessions vocales et à la basse, mais de manière totalement anonyme. Le groupe ensuite se sépare. Chacun sa route, chacun son chemin, comme le dira plus tard un poète rasta.

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Mais la fin des années 50, c’est aussi un virage, car, les radios commencent à bouder ce rock revendicatif, « voyou », rappelons que nous sommes encore dans une Amérique puritaine, raciste, catholique, qui ne supporte pas la violence et le fait de transiger avec les codes de bonne conduite en société. Gene Vincent et ses confrères rockeurs rentrent dans le rang. Leur salut passera par l’étranger. Pour lui, ce sera l’Angleterre. Invité à participé à l’émission « Boys meets Girls », il détonne par rapport à sa réputation qui l’a précédé. On l’attendait fracassant, mal élevé, dur, il arrive poli, souriant, respectueux. Le Producteur, Jack Good, lui suggère d’opter pour un costume de scène. Vincent s’exécute et s’inspire du costume de Vince Taylor, tout de cuir noir, inspiré lui-même de celui de Marlon Brando dans « L’équipée Sauvage ». Presley s’en inspirera à son tour en 1968, pour son retour à la télévision, où il apparaitra dans un costume tout de cuir noir moulant. Fin 1959, Gene Vincent se produira pour la première fois à l’Olympia à Paris.

Rejoint le 11 janvier 1960 par Eddie Cochran pour une tournée anglaise, celui-ci décèdera dans un accident de voiture le 17 avril 1960. Présent dans le véhicule, Gene Vincent en réchappera, partiellement blessé physiquement, mais moralement très marqué par la perte de son ami. En son hommage, il portera désormais toujours un gant noir à main gauche. Bientôt oublié du public américain, il reste populaire en Angleterre et en France, grâce à des artistes comme les Chaussettes Noires (Eddy Mitchell, qui seul ou avec son groupe de l’époque a repris 26 chansons de Gene Vincent) et les Chats Sauvages (Dick Rivers) adaptent ses chansons en français. Les années 60, même si elles vont d’abord lui valoir un succès outre-manche, vont voir son destin s’assombrir. Les tournées se raréfient, les ventes de disques diminuent, des problèmes fiscaux surviennent, et surtout l’arrivée du nouveau courant musical symbolisé par les Beatles, vont petit à petit le pousser sur la touche. Il quitte l’Angleterre, rejoint des pays comme les Pays-Bas, l’Allemagne, où il a encore des admirateurs, pour des tournées et gagner quelque argent, mais au fond de lui, le coeur n’y est déjà plus. La déprime, la forte consommation d’alcool, les amours qui vont et viennent, l’homme est usé, fatigué. Malgré une tournée en 1964 en Afrique du Sud, qui lui verront faire une rencontre débouchant sur un mariage deux ans plus tard, il revient en Europe en 1967. Sa dernière tournée française sera une vraie catastrophe. Démoralisé, miné par sa situation, endetté, plombé par ses problèmes d’alcool dont il ne se défait pas, il meurt à 36 ans seulement, suite à une hémorragie.

Ce musicien, dont la vie et la carrière furent bien trop courtes, laisse une floraison de classiques repris ou adaptés par les plus grands noms du rock de ces 50 dernières années : Les Chats Sauvages (photo ci-dessous), les Everly Brothers (photo ci-dessous) mais aussi Christophe, Les Chaussettes Noires, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, Queen, Paul Mac Cartney, Stray Cats, Queen, Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, ou encore Jeff Beck qui lui consacra un album entier intitulé « Crazy Legs » en 1993.

Je vous laisse avec un petit florilège de ses chansons et de reprises.

Guillaume.

Deep Purple, le grand retour!


3 ans après « Infinite« , le Pourpre Profond, alias Deep Purple sort de sa retraite anglaise pour venir nous livrer sa dernière galette musicale, « Whoosh!« , sorti avec quelques mois de retard, because Covid-19. Produit, comme les deux précédents disques, par l’expérimenté Bob Ezrin, à qui on doit entre autres  » Get your wings » d’Aerosmith, « School’out » et « Welcome to my nightmare » d’Alice Cooper, « Dure Limite » de Téléphone, « The Wall » de Pink Floyd, « Smile » des Jayhawks, « Peasants, Pigs and Astronauts » de Kula Shaker, et donc les 3 derniers opus du Pourpre Profond. Un CV qui en dit long sur la carrière, l’éclectisme, le sérieux du bonhomme. Il a également produit Kiss, Rod Stewart, U2…Bref à 71 ans, Bob Ezrin n’a plus rien a prouver. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis le début de la collaboration avec le Pourpre Profond, celui-ci a réussi a redonner un vrai souffle au groupe. « Whoosh!« , le dernier opus, en est la parfaite illustration.

Dès l’introductif « Throw my bones », je constate avec plaisir que le groupe est en forme, surtout la voix de son chanteur charismatique Ian Gillan (tiens, à l’occasion, faudra que je me penche sur le garçon, car il a sacré parcours…), que se dégage une énergie musicale, un son qui ne sont pas sans me rappeller au plus loin « Perfect Strangers » paru en 1984 (album de reformation du groupe à l’époque, suivi d’une tournée avec un concert fantastique à Bercy, et un duo Gillan-Blackmore en forme étincellante ce soir-là), mais aussi le très beau « House of blue Light » (1987) et plus près de nous, « Rapture of the Deep » (2005) et « Now What? » (2013). Cohésion, plaisir du jeu, compositions énergiques, allant même parfois jusque dans des registres qu’on leur avait peu entendu utiliser depuis longtemps, un bon vieux boogie-rock sur « What the What ».

Plus haut je parlais de la voix de la voix de Ian Gillan. Celle-ci, bien sûr, ne peut plus faire d’envolées dans les notes hautes, comme au temps de « Child In Time » par exemple (paru sur l’album « In rock » et sa pochette façon Mont Rushmore, en 1970, dont la plus belle version reste celle enregistrée en au Japon en 1972, écoutez « Made In Japan » paru cette année-là). Mais sa voix toujours précise, puissante, nous offre un chanteur qui se régale sur les compositions de l’album. Morceaux lents ou rapides, l’animal s’en moque. Avec l’expérience folle de ses 50 ans de carrière, Ian Gillan sait tout faire derrière un micro. La paire rythmique légendaire du groupe, Ian Paice (baguettes)-Roger Glover (basse) se connait sur le bout des doigts, et ça s’entend. C’est puissant, précis, fluide, métronomique. Une base sereine sur laquelle Steve Morse (guitare), qui succéda à l’ombrageux Ritchie Blackmore en 1994, et Don Airey (claviers) qui prit la suite du tutélaire Jon Lord, parti en 2002, et qui se montre quand même parfois moins inventif, créatif que son illustre prédécesseur, s’appuient pour donner une cohérence musicale à l’ensemble.

Car comme le déclarait Ian Gillan dans une interview à une chaîne de télé anglaise en 2017, alors interrogé sur ses rapports avec Ritchie Blackmore depuis que celui-ci avait quitté le groupe et sur l’éventualité d’une nouvelle réunion originale, le chanteur indique alors que mieux vaut vivre sur la nostalgie que de recoller des morceaux cassés. Mais il reconnaît au passage le privilège qu’il a eu de côtoyer cet immense guitariste, talentueux, inventif, comme il se sent honoré d’avoir vécu toutes ces années aux côtés de musiciens comme Ian Paice, Roger Glover et Jon Lord. Il définit d’ailleurs Deep Purple comme un groupe musical, où la composition, l’écriture tiennent une part très importante. Et ça s’entend encore sur le nouvel album du Pourpre Profond.

Mais « Whoosh! » donc est au dessus de ça. L’album est compact, dense, les titres s’enchaînent sans fioritures, ce qui laisse présager de belles choses sur scène, lorsque le climat sanitaire nous laissera enfin le bonheur retrouvé d’aller s’enfermer dans les salles de concerts afin d’apprécier nos artistes préférés. Le quintet se régale à jouer et ça s’entend furieusement, vraiment. Aucun titre n’a à mes yeux ou plutôt ici mes oreilles de mélomane, autant que de fan du groupe, de faiblesses. Tout se déroule comme un plan sans accroc (dédicace à mon pote « Nantais » Laurent, il saura d’où vient cette référence).

13 palettes du Pourpre qui prouve que la cuvée 2020 est très bonne, que les gaillards loin de vouloir rester au chaud de leur respectifs cocons, s’en donnent toujours à coeur joie d’être ensemble, de créer, jouer, et ce pour notre plus grand plaisir.

Alors, que vous soyez fan(s) de longue date du groupe ou que vous ayez envie de le découvrir, n’hésitez pas, écoutez cet album. Le groupe sera sur la scène de la Seine Musicale le 29 juin 2021. Avis aux amateurs.

Guillaume.

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