Archives Mensuelles: décembre 2020
Claude Brasseur, le 4eme Éléphant au Paradis.

- Brasseur. Ce nom résonne et sonne comme théâtre, cinéma, série télé. En effet la famille Brasseur est impliquée dans le théâtre depuis .. 1820. L’arrière grand-père de Claude Brasseur, Albert Brasseur était un acteur et chanteur d’opérette et son frère Jules, acteur comique réputé à l’époque, deviendra directeur de troupe puis fondra le théâtre des Nouveautés. Le grand-père, Georges-Albert Lespinasse (1879-1906), épousera l’actrice Germaine Neilly Brasseur. Ensuite, viendra donc Pierre Brasseur, né Pierre-Albert Lespinasse, acteur illustre au temps de Guitry, Gabin, Jouvet, Blier père, a marqué de sa stature le monde des arts. Enfin, Claude (1936-2020), qui vient de décéder à 84 ans, à deux jours de Noël, laissera aussi une belle page dans l’histoire du cinéma et du théâtre français a transmis le flambeau à son fils Alexandre, né en 1971. La tradition familiale se perpétue.
De son père, Claude Brasseur a hérité le goût de la comédie, du jeu, et une voix grave, un brin cassée, reconnaissable les yeux fermés. De sa mère, Odette Joyeux (1914-2000), ce sens inné d’aller vers les autres, d’être disponible envers celles et ceux qui l’entourent, quelles que soient les circonstances.
Moi je l’ai découvert dans la série policière « Vidocq », où il incarnait un ex t reconverti en flic, au début du 19ème siècle. Par la suite j’ai eu l’occasion de mieux apprécier cet acteur dans la comédie générationnelle « La boum »(1980), dans lequel il incarne, aux côtés de Brigitte Fossey, un mari dentiste volage et surtout un père qui ne voit pas grandir sa fille adolescente, incarnée par la débutante à l’écran Sophie Marceau. Le film sera un carton. La suite également. Brasseur excelle dans la comédie, genre qu’il a souvent servi avec bonheur (« un éléphant ça trompe énormément », « Nous irons tous au Paradis « , « Le grand escogriffe », « La gitane », avec Valérie Kaprisky », « Descente aux enfers », où il retrouve Sophie Marceau, « Camping », « Camping 2 », « Camping 3 »).
Il a également tourné dans des films plus sérieux, comme « La Banquière », aux côté de Romy Schneider, des polars ou films policiers tels « la guerre des polices » (1979) qui lui vaudra un césar du meilleur acteur, « La crime », « Les loups entre eux », « L’union sacrée ». Il a côtoyé les plus grands noms du cinéma, de Claude Sautet à Jean-Luc Godard, d’Alexandre Arcady à Bertrand Blier, de Marcel Carné à Georges Franju, de Roger Vadim à Costa Gavras. et côté acteurs-actrices de Romy Schneider à Sophie Marceau en passant par Alain Delon, Jean Rochefort, Victor Lanoux, Marthe Villalonga, Claude Rich Mireille Darc, Roger Hanin, Jean-Louis Trintignant, Jean-Claude Brialy, Gabrielle Lazure, Martin Lamotte, Clémentine Célarié, Stéphane Audran. Bref du très lourd!
Mais Brasseur est un touche à tout. Il explore les rôles dans des films d’époque, comme « Guy de Maupassant » en 1982, puis « Dandin » sous la direction de Roger Planchon en 1988. Il y fait merveille. Ce dernier rôle, il le reprend au théâtre avec le même succès. Le théâtre justement, domaine où il excellé.
Il a en effet joué du Molière (« Tartuffe ou l’imposteur »; « Dandin ou le mari confondu »), du Giono (« La calèche »), du Pagnol (« Judas »), du Racine (« Britannicus »), en étant mis en scène par des noms tels que Roger Plancton, Jean-Pierre Miquel, Jean-Laurent Cochet, Jean-Claude Brisville ou encore Francis Veber dans son adaptation au théâtre du fameux « Dîner de cons », qui fit un carton au cinéma avec le trio Villeret-Huster – Lhermitte.
Claude Brasseur, dont la carrière débuta en 1955 au théâtre et l’année suivante au cinéma, aura marqué de son empreinte, pendant plus de 6o ans, nos vies en laissant derrière lui dès rôles inoubliables, une voix chaleureuse, rieuse, pleine de bonne humeur, mais aussi capable de sacrés coups de gueule. Il connaitra la reconnaissance de la profession à deux reprises, en 1977 d’abord, en obtenant le césar du meilleur second rôle pour sa prestation dans le film de Yves Robert « Un éléphant ça trompe énormément », puis en 1980, le césar du meilleur acteur pour son rôle dans « La guerre des polices » de Robin Davis.
Merci pour tout Monsieur Brasseur. Vos trois compères, Jean, Guy, Victor, vont vous accueillir Là-Haut avec le sourire. Et Dabadie et Yves Robert réécriront d’autres histoires pour vous. Ensemble, vous referez le monde… et nul doute que vous rirez beaucoup… démasqués.
Guillaume.
Joyeux Noël !
Oui je sais, souvenez-vous, c’était il y a longtemps, très longtemps, une éternité …. enfin, c’était en décembre 2019! L’an dernier quoi! Le cauchemar n’avait pas encore commencé. Comme le chanterait un célèbre artiste québécois, c’était l’hiver, nous étions alors en famille, joyeux, heureux de nous retrouver sans masques, ni protocoles à respecter, ni distanciation à observer vis-à-vis de nos proches. La vie normale, en somme. Nous avions réveillonné, bien mangé, bu modérément, échangé dans les rires cadeaux, bisous, on s’était pris dans les bras, et au 31 décembre évidemment, on s’était promis un monde meilleur, une bonne année, une bonne santé, bref la routine en ces moment-là quoi! Oui mais ça c’était AVANT!
Depuis, Patatras! un virus a tout fait basculer, fait le tour du monde, bouleversé nos vies, habitudes, et nous avons vu se développer sur nos visages des bandes de tissus ne laissant plus apparaitre que nos yeux. C’est dans ce contexte particulier, masques, tests (bientôt vaccins-déjà??) distanciation, que nous allons fêter Noël. Enfin fêter, nous retrouver, en petits comités familiaux, pour tenter d’oublier un instant, l’espace d’une soirée, ce que nous a infligé l’année 2020. Un changement radical de nos vies, habitudes, comportements quotidiens les plus banals. Alors ce réveillon va devenir un vrai casse-tête…. chinois. Pourquoi ne pas manger chacun(e(s) dans une pièce pendant qu’on y est, et nous communiquerions par whatsapp, sms ou que saiss-je… ou pour les plus chanceux, certains dans le salon, d’autres à table, enfin les derniers au jardin d’hiver sous la véranda.
Non franchement, sérieusement, ce Noël-là, qui s’avance, même si le père Noël va encore se taper un tour du monde (au fait il sera masqué cette année? 🙂 ), va être très très spécial pour chacun(e(s) d’entre nous, où que nous soyons sur cette planète. Les cadeaux, il les désinfectera avant de les balancer dans les cheminées ou de les déposer devant les sapins ? Bref, ce réveillon sous protocole s’annonce des plus particuliers. Aussi pour combattre cette morosité ambiante, et puisque l’heure est à la fête, au rire, à l’évasion, c’est bien légitime après une année aussi éprouvante pour tout le monde à bien des égards, nous vous laissions avec une farandole de musiques, et un quizz cinéma pour celles et ceux qui seront encore en forme en fin de soirée.
L’équipe de la Médiathèque et celle de Sème La Zic vous souhaitent de passer de belles fêtes de Noël et de fin d’année. Rendez-vous en 2021.
Troy Von Balthazar, un troubadour à l’âme folk

Le 12 décembre dernier, le troubadour américain aux accents folk Troy Von Balthazar, devait, dans le cadre du festival des Aventuriers 2020 , venir se produire à la médiathèque. Mais le Covid-19 en a décidé autrement. Toutes manifestations culturelles annulées jusqu’à fin décembre, nos collègues du service culturel, organisateurs du festival devenu un rendez-vous important de la ville et de la région parisienne chaque fin d’année, ont dû se résoudre à trouver une parade, offrir un festival en ligne. Et Troy Von Balthazar, qui après Agathe da Rama (2018) et Estelle Meyer (2019), devait donc venir présenter son travail, sa musique, son univers, au public, dans le cadre chaleureux de la salle des Arts à la médiathèque. Raté donc! Reste la possibilité de se rabattre sur son album « It ends like crazy », encensé par les « Inrocks« , revue culturelle intello de bon ton.
Alors que vaut donc le nouvel album de cet artiste américain poly-instrumentiste, qui en général, compose seul et dans une veine pop-folk mélancolique?. » It ends like crazy »est son sixième album depuis ses débuts en 2005 avec « Sweet receiver ». Hé bien c’est une belle réussite artistique, où se mêlent ambiances pop, folk des années 70, revigorées au son des années 2020, le tout balancé avec un brin de voix qui vous embarque dans les méandres de la mélancolie. Car TVB, en bon artisan, aime à ciseler ses chansons, sa musique. Il est très méticuleux. L’album se déroule sans aucune fatigue pour l’auditeur et réserve même d’agréable surprises, comme « Lullaby for Psycho », « Stoned dancers », « Impale » ou le terminal « Filthy days ». Cet album peut et doit s’écouter au calme, que vous soyez devant un feu de cheminée, ou dans un cadre qui se veut paisible.
Bien sûr je pourrai argumenter du fait qu’avant lui, Bob Dylan, Neil Young, Tony Joe White, Willie Nelson et quelques autres ont écrits les plus belles pages de ce folk-blues américain emprunt de nostalgie, d’écume de vie, de tristesse, mais aussi d’espoir renouvelé. Mais loin de vouloir bien sûr s’inscrire dans le sillage de ces prestigieux ainés du genre, Troy Von Balthazar cherche et réussit à se construire son propre univers folk-rock-blues, loin des standards, mais avec tout de même parfois de petits échos aux anciens, sans entrer toutefois dans le copier-coller, ce qui s’avèrerait sans intérêt aucun pour l’auditeur.
Mais non, loin de ce piège, TVB a donc tracé sa route, tracé son chemin (ca vous rappelle une chanson…??) et c’est une agréable découverte pour moi. J’attend le prochain album avec intérêt.
En tous cas, si vous ne le connaissez pas encore, Troy Von Balthazar est un artiste à découvrir.
Guillaume.
AC/DC, tel un phénix…

Le groupe australien, après une longue pause dû à de multiples soucis internes (décès du fondateur du groupe et guitariste Malcolm Young, remplacé par son neveu Stevie Young, à droite sur la photo ci-dessous, arrêt obligatoire pour soin auditif du chanteur Brian Johnson, remplacé sur la tournée précédente par l’ex chanteur de Gun’s’n’ Roses, Axl Rose, départ du batteur Chris Slade et retour aux manettes de l’historique Phil Rudd (deuxième en partant de la gauche sur la photo ci-dessous), sorti de ses problèmes d’alcool et de dépression), est de retour dans les bacs en cette année 2020 très très particulière, vous savez pourquoi.
Ils nous reviennent avec un album « PowerUp » qui regorge d’énergie, de vigueur. Le groupe, à mon sens, n’a pas été aussi bon depuis bien longtemps. Les épreuves traversées les ont ressoudés, clairement, et ça s’entend dès le premier morceau, « Realize ». Johnson à retrouvé sa voix puissante, et derrière, la machine se met en route instantanément. Tel un phénix, ce groupe que l’on pensait au bord de l’implosion au vu de leurs malheurs, revient plus fort, plus déterminé que jamais. Une détermination qu’aurait sans doute apprécié Malcolm Young. Phil Rudd fait un retour remarqué au sein du groupe, pendant que Johnson retrouve toute sa force de chant donc, et le père Angus s’il ne se montre pas très inventif, n’en reste pas moins très très efficace et précis. En live ça ca va déménager comme toujours.
Sur cet album, les morceaux s’enchaînent à vitesse grand V, car le groupe fonctionne toujours en mode rouleau compresseur. Impressionnant d’efficacité. De puissance. l’auditeur ne voit pas les morceaux s’écouler. 12 au total, qui vous prennent sans jamais vous relâcher. Les gaillards ont une vitalité à plein tube. « Power Up », plein gaz!!! Mes préférés sont « Realize », « Shot in the Dark », les roulant « Demon fire », « Wild reputation », et le terminal boogie lourd « Code Red ». « PowerUp » est un album survitaminé, qui est un bel hommage à Malcolm Young. Il aurait été fier de jouer ce disque en live avec ses compagnons de toujours. Mais la Grande Faucheuse du Rock l’a rappelé à ses côtés. Mon seul regret est de constater qu’Angus donc se contente du minimum même si il le fait évidemment très bien, mais j’aurais aimé davantage de folie sur cet album de la renaissance. Reste que c’est assurément une bête de scène.
A noter que cet album ultra attendu pour les raisons évoquées au début fait un carton au niveau des ventes. Preuve que le public suit toujours ce groupe, que l’engouement ne se dément pas malgré le temps qui passe. Une belle fidélité à ce groupe légendaire du hard-rock, et qui, « hard as a rock »( titre d’une chanson qui figure sur « Ballbreaker », 1995), tient toujours gaillardement le haut du pavé. Chapeau messieurs !
Je vous laisse avec ces dinosaures du rock, inoxydables, et furieusement en forme.
Guillaume.
Il y a 40 ans, John Lennon était assassiné.

Cette année, John Lennon aurait dû fêter ses 80 ans. Je dis bien aurait dû, car comme vous le savez sans doute, tout s’est arrêté brutalement pour lui, voilà 40 ans, le 8 décembre 1980. A la sortie de son immeuble new-yorkais, alors qu’il se rendait à son studio d’enregistrement, John Lennon n’aura pas le temps d’atteindre la voiture garée qui l’attend. Sur le trottoir, dans l’ombre de la nuit new-yorkaise, une homme, Mark Chapman, l’attend de pied ferme. Au moment où Lennon passe devant lui, il l’appelle, Lennon se tourne, Chapman tire à bout portant et l’ex-Beatle s’écroule mortellement touché. A 40 ans seulement, l’un des artistes les plus influents des vingt dernières années termine tragiquement sa vie et une histoire musicale débutée dans les années 60 à Liverpool, avec ses trois acolytes Ringo Starr, George Harrison et Paul Mac Cartney, d’abord dans les pubs anglais, puis dans les stades américains, créant des émeutes à chacune de leurs apparitions.. Le retour en Europe sera triomphal. La nouvelle de son décès, bien qu’Internet n’existe pas encore, fait le tour du monde et ébranle ses fans, et bien entendu tous les artistes qui l’ont connus, côtoyés, rencontrés, au premier rang desquels les 3 ex-Beatles. Dans les années 60’s, le succès sera fulgurant pour le groupe, amené à faire des tournées énormes, en Angleterre, en Europe, puis aux Etats-Unis. Au sein du groupe, John Lennon, en compagnie de Paul Mac Cartney, compose la plupart des titres. Parfois bien sûr Ringo et George apportent leurs contributions. Lennon, avec ses lunettes cerclés, son regard parfois sévère, mais ce sourire toujours pas loin, était considéré comme l’intello du groupe. De fait il cultivait un peu cette image de dandy, lisant énormément, dessinant, photographiant aussi. Il était curieux de tout.

Au tournant des années 70, lorsque les Beatles se sont séparés, après une décennie de succès, des tournées harassantes, des albums sublimes concoctés sous la houlette du « 5ème élément », le producteur George Martin, John Lennon se tourna davantage vers l’écriture, le dessin, un travail introspectif et une recherche de la paix profonde, aidée en cela par la rencontre avec sa compagne japonaise Yoko Ono, artiste avant-gardiste, qui n’hésite pas à prendre des positions très tranchées sur des sujets de société brulants. John s’y joint sans sourciller. A la fin des Beatles, il était déjà préoccupé par l’état du monde, la guerre au Vietnam menée par les Etas-Unis, la prolifération des armes nucléaires, la faim dans le monde, les dictatures en Amérique du Sud et en Europe, autant de sujets qui selon lui valent des mobilisations populaires et politiques massives. Si les premiers se mobilisent, les seconds ont parfois tendance à trainer les pieds, tant d’intérêts sont en jeu. Ces centres d’intérêt politiques et sociétaux vont se renforcer à la mesure de son histoire d’amour avec Yoko Ono.
Musicien, compositeur, chanteur, dessinateur, photographe et écrivain, Lennon touchait à tous les arts avec un égal bonheur. Sans doute le soutien, le regard aiguisé de sa compagne l’aidait dans sa démarche artistique. Il était donc aussi devenu une voix que l’on écoute, à l’instar d’un Mohamed Ali, d’un Jim Morrison, ou plus près de nous de Neil Young, Bruce Springsteen, Bob Dylan.
Il aurait donc eu 80 ans cette année. Que penserait-il de l’évolution musicale des plateformes, d’Internet, s’en serait-il servi? Que dirait-il de l’état de ce monde confiné ?. Une chose est sûre, depuis son décès voilà 40 ans, John Lennon à terriblement manqué à la pop-culture. Vous avez sans doute en tête quelques-unes de ses chansons, dont la plus célèbre « Imagine« . Mais il en a écrit quelques autres qui sont restées dans le patrimoine collectif telles que « Give peace a chance », « Instant karma », « Jealous guy »… et bien d’autres.
Je vous laisse avec une petite sélection de titres de John Lennon en solo et avec le groupe de Yoko Ono, car nul doute que vous connaissez déjà les morceaux qu’il a chanté, écrit et composé au sein des Beatles.
Guillaume.
Le Boss nous écrit sa lettre d’Amérique.

Quelques jours avant l’élection présidentielle américaine 2020 (qui a finalement vu la victoire de Joe Biden, malgré la contestation frontale du sortant Trump), le Boss est sorti de son long silence et nous revient avec une longue lettre, chronique de son Amérique sous l’ère Trump. « Letter to you », qui succède au magnifique « Western stars », dédié à la musique country-folk américaine. « Letter to you » reste fidèle à ce que fait Springsteen depuis 50 ans, une écriture à la plume est acérée, précise. Sans concession. Une description au scalpel de son Amérique, un état des lieux rigoureux, une cartographie à nue d’un pays qu’il aime profondément, passionnément. Pour ce disque, le Boss a rassemblé ses fidèles accompagnateurs, sa troupe qui le suit partout entre studios, stades et salles de concerts (oui je sais, ces mots semblent incongrus à écrire dans le contexte que nous vivons et allons sans doute vivre pour encore de long mois, je ferme ici la parenthèse), depuis presque 50 ans déjà!! Une paille, un bail, comme vous voudrez, mais cela prouve la qualité du bonhomme, sa fidélité en amitié. Le E-Street Band, même ayant perdu les talentueux Danny Federci, organiste mort en 2008 et Clarence Clemons (photos ci-dessous), saxophoniste décédé voilà 9 ans déjà. Ils étaient deux des pièces maitresses du groupe, façonneurs de sa marque sonore. Ce fut un coup de massue pour le Boss et les membres de la troupe restés soudés, performants, à travers les époques, avec constance. Sans phare, sans failles.

Alors donc « Letter to you », me direz-vous ? Hé bien le Boss et sa bande ont réussi la performance de l’enregistrer en 5 jours seulement, retirés dans une maison isolée, transformée pour l’occasion en studio d’enregistrement. A 71 ans printemps terrestres sonnés, Springsteen n’a plus rien à prouver, il ne fait de la musique que pour se faire plaisir, en tant que citoyen impliqué dans un pays tourmenté depuis plusieurs années, mais plus directement depuis 2016, que Trump est au pouvoir. Le pays s’est fracturé, divisé, les problèmes sociaux se sont renforcés, le chômage a explosé, le racisme avec notamment le drame récent de la mort de George Floyd, ayant entrainé les émeutes à travers le pays, et la montée du mouvement des « Black Live Matters« .
Sur ce disque figurent de très beaux morceaux comme « One minute you’re here », en voix et guitare acoustique, sur le temps qui passe, mais aussi « Janey needs a shooter », ballade aux accents springsteeniens marqués (tempo, harmonica, claviers).
La dernière élection présidentielle américaine donc s’est tenue dans un climat de tensions extrêmes entretenues, ou créées par le président en place, qui ne souhaitait pas quitter ce pouvoir si chèrement acquis en 2016 face à Barak Obama. Mais donc le pays a tranché. Pour le changement, l’apaisement. Le Boss, lui a depuis longtemps fait son choix. Dans l’une de ses chansons, il dit « ne plus vouloir d’un clown sur le trône ». Son voeu est exaucé. Mais revenons à l’aspect artistique. A peine quelques jours après avoir publié « Letter to you », il est le premier artiste à classer son album dans le Top5 des ventes sur 6 décennies de suite ! 1 record. Performance remarquable pour le Boss.
A 71 ans, Springsteen ne se démonte pas, fourmille de projets. Une tournée en attente, bien sûr, au vu des conditions sanitaires catastrophiques aux États-Unis (250.000 décès dus au Covid-19), une émission de radio bi-hebdomadaire sur une radio locale. Et sans doute des chansons, des musiques, déjà dans les tiroirs, pour cet infatigable conteur-témoin d’une Amérique qu’il a vu évoluer parfois dans le bon sens, parfois dans le très mauvais. A l’instar d’un Bob Dylan, d’un Neil Young, ou de Patti Smith, Springsteen fait partie de cette génération de musiciens devenus des classiques de leur vivant, des références absolues, des plumes et des voix qui comptent dans une société très remuée, abîmée, qui se confronte parfois très violemment entre communautés. Springsteen, comme pairs cités, est un phare indispensable à la compréhension de l’Amérique d’aujourd’hui.
Guillaume.