Archives du 12 janvier 2021

Joachim Des Ormeaux, conteur-jazzman.


Souvenez-vous, j’avais déjà évoqué ce musicien dans une précédente chronique sur ce blog, à l’occasion de la publication d’un mini album. « Eta Carnaval » est le second disque, un 6 titres, le premier d’une trilogie intitulée « Wou Se Mwen Trilogy« , le temps n’aidant pas à enregistrer des albums longs, donc coûteux ( location de studios, matériel, défraiement des ingénieurs du son etc….. ). Et puis parfois, mieux vaut peu que quantité, et avec Joachim, musicien issu des terres du soleil, nous sommes servis. En ces temps d’incertitudes du lendemain, de moral parfois bas, sa musique chaleureuse, chaloupée, fait beaucoup de bien. En plus, écouter sa musique pendant les longues soirées d’hiver est une invitation à l’évasion, au voyage, grâce à la langue utilisée, le créole. Dès qu’on écoute JOacHIM et ses musiciens, nous sommes transportés vers des contrées que l’on imagine paisibles, verdoyantes, surprenantes. Ce 6 titres démarre par le très beau « Se moun la », avec son trio d’instruments piano-voix-contrebasse. La voix y est plaintive, comme en prière, en demande. Un aspect intimiste qui n’est pas pour me déplaire. « Gwo Siwo », qui suit, nous emmène dans une ambiance plus swing, où la voix de JOacHIM se mêle à un jazz plus électrique. « Bel Bonjou », est peut-être le morceau que j’aime le moins. Il me fait penser à ceux qu’on entend parfois dans des jazz-club, ou au bar d’hôtels chics, mais dont on ne retient pas le titre ou la mélodie. Heureusement derrière, arrive le cuivré et chaleureux « Wou Se Mwen », avec ses flûtes traversières et bien sûr tout le reste des instruments, de la section basse-batterie au piano. La voix de Joachim y est enjouée, chaleureuse, comme une invitation le rejoindre. Dans ce titre, il évoque la notion d’unité, le fait qu’un groupe de plusieurs personnalités ne forme qu’un. Dans « Negress Bionik », il mélange la langue créole martiniquaise et un jazz électrique au rythme bien soutenu.

Enfin pour clore cette promenade musicale, JOacHIM  nous invite à un carnaval avec « Eta Carnaval », une vraie farandole de notes qui invite à danser. En ces temps de fraîcheurs hivernales, au sortir de la période des fêtes, ce disque est un plaisir pour l’oreille. Il ne reste plus qu’à attendre de pouvoir à nouveau fréquenter les salles de concerts ou les festivals pour apprécier en live ce musicien et son univers qui je n’en doute pas, saura nous-vous faire danser et oublier, le temps suspendu d’un concert, les soucis du quotidien. JOacHIM sait se faire conteur en utilisant sa voix à bon escient, une voix profonde, ou plus intime. Mais cela ne surprendra pas vraiment tant l’oralité est un art important en Martinique, comme dans certaines régions de France métropolitaine ou d’autres contrées du monde. Lui ici fait le pont entre tradition et modernité, langue créole et jazz moderne. JOacHIM semble s’y promener avec grand bonheur. Pour le nôtre. Tant mieux.

La vidéo de « Se moun La » sera bientôt disponible. 

Guillaume.

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