Archives du 25 janvier 2021

Robert Hossein quitte la scène définitivement.


Bien que non issu de la bande du Conservatoire, promotion Jean-Paul Belmondo avec également  Guy Bedos, Pierre Vernier, Jean Rochefort, Michel Beaune, Françoise Fabian, Jean-Pierre Marielle, ou encore Claude Rich, Robert Hossein était de cette génération douée, qui souhaitait changer les codes, transformer la façon de  faire et jouer  au théâtre.  Il s’est envolé au Paradis des acteurs le 31 décembre 2020, à 93 ans. Cet acteur au regard sombre s’est fait connaître dans les années 60, dans la série « Angélique, Marquise des anges ». Il y jouait Joffrey de Peyrac aux côtés de Michèle Mercier (Angélique). Fils d’un compositeur azéri, André Hossein et d’une jeune comédienne, Anna Mincovschi, Robert Hossein va très très rapidement se tourner vers le théâtre, en intégrant le Cours Simon et en suivant les apprentissages de Tania Balachova. Il va connaître son premier succès dans la pièce « les voyous », à l’âge de 19 ans, en 1949.

Après quoi, il opte pour la mise en scène, d’abord au théâtre en adoptant des oeuvres de Frédéric Dard (« Docteur Jekyll et Mister Hyde »), de James Hadley Chase (« La chair de l’orchidée »), ou Francis Carco (« L’homme traqué »). Acteur, metteur en scène de théâtre, Robert Hossein sera aussi celui qui mettra en scène du théâtre à grand spectacle, avant d’insuffler la participation du public (une première en France). Il a ainsi monté « Le cuirassé Potemkine » en 1975 au Palais des Sports de Paris, lieu où il y donnera aussi « Notre-Dame de Paris » (1978). L’année suivante il met en scène son fameux « Danton et Robespierre « , écrit par Alain Decaux, au palais des Congrès de Paris. En 1980, c’est le fameux « Les Misérables » écrit par le grand Victor Hugo qui seront travaillés par cet infatigable homme de spectacle. Dans les années 80, il va continuer ses mises en scène gigantesques, en alternant spectacle de péplum (« Jules César », 1985), et ceux plus religieux, en lien avec sa croyance personnelle et des personnages importants tel que Jésus dans « Un homme nommé Jésus » (1983), et plus tard « Jésus était son nom » (1991). Il va également diriger des théâtres, à Reims d’abord, en 1970, où il inaugure une formule de mises en scènes très cinématographiques, grandioses, puis à Paris, de 2000 à 2008 où il prend la direction du célèbre Théâtre Marigny, scène sur laquelle Jean-Paul Belmondo avait fait son grand grand retour sur scène après 28 ans d’absence en 1987, dans « Keane », qui sera une véritable triomphe pour l’acteur.

A côté du théâtre auquel donc il a consacré beaucoup, Robert Hossein a été également un acteur à la carrière bien remplie. Il a débuté très tôt, en 1948, sous les ordres de deux grands noms de l’époque, Jean Delannoy (« les souvenirs ne sont à vendre ») et Sacha Guitry (« Le diable boiteux »). Puis c’est l’immense Jules Dassin (papa de Joe), qui l’enrôle dans « Du rififi chez les hommes » (1955). Le chemin est tracé. Dans les années 60, d’autres grands noms du cinéma se chargent d’aguerrir le comédien. En effet, Claude Autant-Lara (« Le meurtrier », 1963), Roger Vadim (« Le repos du guerrier, 1962 ; « Le vice et la vertu » avec Annie Girardot, 1963), Julien Duvivier (« Chair de poule », 1963), font tourner cet acteur qui semble voué à une carrière prometteuse.

Les 70’s, à peine marquées par son rôle dans « Le Casse » d’Henri Verneuil, avec Jean-Paul Belmondo et Omar Sharif, c’est les années 80 qui vont marquer son grand retour. En deux ans, de 1981 à 1982, il enchaine 3 films qui seront des succès publics : « Les Uns et les autres de Claude Lelouch », « Le professionnel » de Georges Lautner, où il retrouve ses amis Michel Beaune, Jean-Paul Belmondo, et « le Grand Pardon »(1982), d’Alexandre Arcady, avec Roger Hanin, Gérard Darmon, Richard Berry, Bernard Giraudeau, Jean-Louis Trintignant. Ajoutez à cela sa réalisation du film « Les Misérables » (1982), avec le trio d’acteurs Lino Ventura (Valjean)-Jean Carmet (Thénardier) et Michel Bouquet qui campe un commissaire Javert implacable et obstiné. Un grand film. En 1995, il retrouvera cette histoire, cette fois adaptée par Claude Lelouch. Entre temps il tournera dans des comédies plus ou moins réussies  comme « Lévy et Goliath »  de Gérard Oury en 1987, avec Richard Anconina, Michel Boujenah, Jean-Claude Brialy, ou « Liberté, Egalité, Choucroute » de Jean Yanne en 1984. En 1999, il joue dans le film quatre fois césarisé « Vénus Beauté (Institut) » de Toni Marshall, avec Nathalie Baye. Enfin plus près de nous, en 2009, il participe au film de Francis Huster « Un homme et son chien », premier film de Jean-Paul Belmondo après son AVC. La performance sera d’ailleurs saluée par la critique .

Robert Hossein a eu une carrière riche, en homme curieux qu’il était de toucher à tous les aspects de son métier. Nul doute que vous avez déjà vu cet acteur dans un film ou assisté à l’un de ses spectacles. 

A la médiathèque vous pourrez retrouver le film de son adaptation magistrale du roman de Victor Hugo « Les Misérables » avec une distribution royale que j’ai déjà évoqué plus haut, ainsi que la pièce théâtre « Crime et Châtiment » de Fédor Dostoïevski, qu’il avait adapté et mis en scène au théâtre Marigny, avec Francis Huster et Mélanie Thierry dans les rôles principaux.

Guillaume.

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