Il était une fois… 1989 !


Cette année-là marque le bicentenaire de la révolution française de 1789, marquant la fin de la monarchie incarnée par Louis XVI et Marie-Antoinette, qui finiront sur l’échafaud. De grandes festivités auront lieu, organisées par le ministère de la culture et dirigées par Jean-Paul Goude, à l’origine d’un défilé monumental sur les Champs-Elysées, baptisé « La Marseillaise ». La cantatrice soprano américaine Jessye Norman chantera sous l’Arc de Triomphe (photo du dessus). Mais autrement, il y a quand même eu quelques évènements marquants cette année-là : la condamnation des membres d’Action Directe à la prison à perpétuité, pour l’assassinat du PDG de Renault Georges Besse. L’inauguration le 29 mars du Grand Louvre, puis le lendemain, nouvelle inauguration de la Pyramide de Pei, enfin le 1er avril ouverture au grand public. Dans la foulée le conseil des ministre lance le projet « BNF » qui sera construite entre les ponts de Bercy et Tolbiac. Le 4 mai, le leader du FLNKS, parti indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, Jean-Marie Tjibaou, est assassiné. En juin, Roger Bambuck, ancien sportif de haut niveau (spécialiste des courses de vitesses du 100 au 400 m, médaillé aux JO de Mexico, plusieurs fois champion de France des 100 et 200m entre 1965 et 1968), devenu ministre des sports en 1988, fait passer une loi contre le dopage sportif. Juillet arrive avec son cortège de festivités fastueuses dans le cadre du bicentenaire de 1789. Outre le défilé Goude cité plus haut, il faut noter les inaugurations de l’Opéra Bastille (photo ci-dessous) le 13 juillet puis de la grande Arche de la Défense le 14. En octobre, un arrêt du Conseil d’Etat, dit arrêt « Nicolo », fait prévaloir la supériorité du droit international sur le droit national.

Au rayon des sports, plusieurs choses à retenir. Le titre de champion du monde de Formule 1 d’Alain Prost, face à son coéquipier et rival brésilien Ayrton Senna. En moto, dans les catégories 500, 250 et 125 ce sont respectivement Eddie Lawson, Sito Pons et Alex Crivillé qui l’emportent. La victoire, pour 8 petites secondes, lors de la dernière étape sur les Champs-Elysées, de Greg Lemond face à Laurent Fignon dans le Tour de France (photo ci-dessous). En rugby, la France remporte, pour la quatrième fois consécutive, le tournoi des 5 Nations.

A la rubrique des disparus célèbres, la grande faucheuse a fait une hécatombe. Jugez plutôt : Bernard Blier (« Les grandes familles » (avec Jean Gabin, Pierre Brasseur, Jean Dessailly…), « Les Misérables » (avec Jean Gabin), « Les Tontons Flingueurs » (avec Lino Ventura, Francis Blanche, Jean Lefèvre), Jean Bouise (« Coup de tête » de Jean-Jacques Annaud, avec Patrick Dewaere), Charles Vanel (« le salaire de la peur »), le réalisateur de westerns Sergio Leone ( « Il était une fois dans l’Ouest », « Le bon la brute et le truand », « Les derniers jours de Pompeï », « Le colosse de Rhodes »…), les acteurs américains Lee Van Cleef (qui joua dans les westerns de Leone avec Clint Eastwood et Eli Wallach, photo ci-dessus) et Guy Williams (Zorro), le comédien de théâtre et cinéma anglais Laurence Olivier, l’actrice américaine Bette Davis, le chef d’orchestre autrichien Herbert Von Karajan, le pianiste polonais Vladimir Horowitz, l’écrivain Georges Simenon, le dramaturge irlandais Samuel Beckett, le dirigeant politique Ferdinand Marcos, l’ex couple de dictateurs roumains Nicolas et Elena Ceaucescu, le scientifique russe Andreï Sakharov, père du programme nucléaire russe.

Place à l’histoire inventée.

Un soir de blues, sur une plage de Manille, à quelques encablures de la ville, Fabianna, 28 ans, est assise sur le sable, face à l’océan. Sa longue silhouette sportive, surmontée d’une longue chevelure brune et d’yeux en amandes ne laissent pas les passants indifférents. Mais savent-ils seulement le le mal profond qui la ronge? Non bien sûr. Un mal lointain. Lié à son déracinement. Alors qu’elle est là, plongée dans ses pensées, le regard absent, perdu dans la nuit noire vers cette mer dont elle n’entend que le ressac des vagues s’échouant sur la plage et un peu plus loin sur les rochers alentours, un couple anglais d’une quarantaine d’années, allure élégante,  résidants habituellement près de la City à Londres, vient à sa rencontre. Ils se nomment Ray et Janet. Lui est cadre dans une société côté en bourse. Elle est juriste d’affaires. Grands tous les deux, un mètre quatre-vingt-cinq et un un mètre quatre-vingt. Lui est brun, aux yeux verts, elle blonde aux yeux bleus.

Mais Fabianna, qui s’accordait un moment de repos, de quiétude dans ce paradis, ne s’attendait pas du tout à être dérangée. Ray et Janet, s’arrêtèrent donc à sa hauteur, lui demandant s’ils pouvaient s’asseoir à ses côtés pour discuter. Devant cet intérêt aussi soudain qu’intrusif, elle finit par accepter. Très vite, elle est est la cible de questions sur sa vie privée. Fabianna, bien que pudique, révèle tout de même qu’elle ne cherche pas à rencontrer un homme, qu’elle ne souhaite pas être amoureuse pour le moment, bien que ne refusant pas tout de même une présence masculine quand l’occasion se présente. Le dernier qui eut cet honneur était un banquier originaire de Santa Maria de Guadalupe.  

Pour changer les idées à cette belle inconnue qu’ils découvraient, Ray et Janet eurent l’idée de lui proposer de partir avec eux. Là encore, Fabianna, d’abord étonnée par tant d’empressement, finit par accepter la proposition. Heureux, le couple emmena donc leur nouvelle rencontre vers le rutilant véhicule garé sur le parking jouxtant la plage. Une Cadillac décapotable de couleur bleu ciel. Direction la villa du couple, située sur les hauteurs de Manille. Après une demi-heure sur des routes escarpées, le trio arrive devant une grille monumentale en fer forgé. Ray descend, ouvre la grille, puis remonte au volant de son bolide décapotable. Encore deux kilomètres à parcourir, sur un chemin bordé d’arbres locaux, eux-mêmes plantés au bord de pelouses superbement entretenues. Arrivés devant la maison fastueuse, une bâtisse de style colonial, avec escalier à double révolution en marbre à l’extérieur, et une une grande baie vitrée donnant accès à un salon garni de canapés et fauteuils en cuirs anglais. Un lustre volumineux est fixé au centre de la pièce. Ray, Janet, et Fabianna, affaires en main, pénètrent dans la maison, par ce salon. Cette dernière reste sans voix devant cet étalage de luxe, elle qui n’a jamais rien vu de semblable. Elle observe tout, avec un appétit identique. Passe au scanner chaque pièce, chaque objet qui s’y trouve. Ray et Janet, voyant les réactions de Fabianna, sont ravis, voire fiers. Janet, en excellente maitresse de maison, emmène la belle dans ses appartements. Celle-ci découvre sa chambre, avec salle de bain privative, balcon donnant sur un jardin luxuriant ou se côtoient arbustes de toutes tailles, fleurs de toutes couleurs, parfums. Un régal pour les yeux. Fabianna se croie au Paradis. 

Les premiers jours  de cette nouvelle cohabitation se passent bien, le couple appréciant cette nouvelle compagnie qui vient agrémenter leur oisiveté. Fabianna, timide au début, prend peu à peu de l’assurance. Du coup sa relation avec le couple anglais s’en ressent et se renforce, devenant un peu plus complice chaque jour qui passe. Mais elle observe aussi les yeux doux que ne manquent pas de lui faire successivement Ray et Janet, ce qui la trouble, l’intrigue. Pourquoi ce jeu ? à quelles fins ? Ray, en bon anglais qui se respecte, boit régulièrement du Whisky. Il a l’alcool mauvais et Janet le sait, c’est pourquoi elle surveille sa consommation. Parfois, lorsqu’il abuse, Ray s’emporte sans raison contre sa tendre épouse, ou même contre Fabianna, qui ne comprend pas les raisons de ces soudaines colères. 

Un soir, Ray va trop loin. Il va  même jusqu’à menacer sa femme de la supprimer, dans un délire de jurons et de paroles insensées comme seule la surconsommation d’alcool peut en générer. Janet, prenant peur, se réfugie dans la chambre conjugale, Fabianna dans sa chambre. Fou de rage, il saccage tout ce qui se trouve à portée de mains. Jusqu’à ce que colère passe. Fatigué, il finit par s’écrouler sur le canapé du salon jusqu’au petit matin. Le réveil sera brutal. Pendant quelques jours Janet et Fabianna éviteront soigneusement de le croiser, s’octroyant du bon temps ensemble, se découvrant, riant, se baignant seules loin de cet homme soudain apparu violent à leurs yeux. Ray, lui doit absolument trouver moyen de reconquérir sa femme et sa nouvelle connaissance, qu’il ne s’interdit pas de vouloir conquérir. Aussi il met sur pied un stratagème. Il veut en mettre plein la vue à sa femme, qu’il chérit, et à Fabianna, qu’il apprécie de plus en plus et convoite secrètement. L’orage passé, Janet et Fabianna revenues à de meilleurs sentiments à son égard. Aussi, après une soirée de réconciliation faite de rires, de souvenirs partagés, et bons plats cuisinés par le cuisinier personnel de la maison, tout semble revenu au beau fixe. La complicité, les gestes tendres entre Ray et Janet, mais aussi, les regards attendris de Janet envers Fabianna, qui semble les accepter, sont de mise. Devant ce bonheur reconquis, Ray jubile. Il peut passer à la phase active de son plan. il veut quand même marquer le coup. Organiser une soirée extraordinaire dans le meilleur restaurant-club de la ville, le « Belfast Child », tenu par une certaine Helen, débarquée là voilà 30 ans. Il réserve donc un table pour 3 personnes pour le vendredi suivant. A l’annonce de cette soirée à venir, Fabianna et Janet s’avouent ravies.

Le vendredi arrivé, Ray, Janet et Fabianna se préparent. Ray, costume blanc, chaussure noires en croco, Janet en robe couleur émeraude et parure de bijoux assortie, escarpins aux pieds, Fabianna, superbe robe noire ouverte sur son dos, sandales romaines aux pieds et sa longue chevelure lâchée tombant sur ses épaules. L’arrivée et l’entrée au « Belfast Child » du trio, ne passe pas inaperçue. Si l’ambiance musicale du lieu est favorablement irlandaise, Helen ne s’interdit pas de programmer aussi quelques jolies valses de Vienne, chères à Strauss. Le début de soirée est plutôt détendu entre les 3 convives, dans la connivence et les rires, agrémentés de bons plats et d’excellents vins, Ray ne tarde pas cependant à envenimer l’ambiance, s’en prenant à Janet, à qui il reproche son attirance pour Fabianna. Décontenancées, celles-ci n’en reviennent pas. Mais Ray ne s’arrête pas. Il grimpe dans une colère froide mais très forte. Janet tente de le stopper, elle qui s’ est toujours montrée très effacée à ses côtés. Elle profite d’une valse, pour essayer de détendre l’atmosphère, et incite son mari à l’inviter à danser. Mais celui-ci n’en a cure et reste sur sa colère. Janet s’en trouve vexée, désarmée, face à tant de goujaterie, de désinvolture de son époux, qui ne veut plus rien entendre, et fond en larmes. Fabianna reste en retrait de cette joute conjugale dont elle est pourtant le sujet. Devant cette colère qui ne redescend pas, ne pouvant en supporter davantage, Janet décide de quitter la table ! car elle ne veut plus être une femme enchainée à cet homme dont elle découvre la face sombre, la violence verbale au moins, qui sait ce sur quoi cela peut déboucher. Laissant face à face Ray et Fabianna, qui se dit que décidément elle n’aurait jamais dû les laisser l’approcher sur la plage. A peine sortie du club et se dirigeant vers un taxi pour la ramener chez elle, Janet s’effondre, atteinte d’une balle dans le dos. C’est Ray, accouru en furie, ne supportant pas l’affront que lui a fait sa femme au club, a perdu toute raison et décidé d’ en finir avec elle, se retrouvant ainsi seul avec Fabianna. Ce que Ray avait caché depuis longtemps, était ses sentiments pour la belle inconnue devenue une intime de son couple.

Fabianna, restée jusque-là en retrait de Janet et Ray, bien que très complice par ailleurs, malgré les avances de Ray, est restée sur sa ligne de conduite exprimée lors de leur première rencontre sur la plage. A savoir, pas d’histoire d’amour pour le moment. Ray, qui a déjà perdu sa femme sur un coup de sang, ne peut se résoudre à ce que Fabianna dont il est épris, lui « échappe ». Il le fait savoir à la belle, mais devant son refus encore répété, Ray craque de nouveau. Il sort de nouveau son arme et la tue de sang-froid d’une balle en plein cœur.

En l’espace d’une soirée qui s’annonçait pourtant très paisible et plutôt sympathique, tout aura tourné au drame par la seule faute de la jalousie maladive de Ray et d’un excès d’orgueil et de fierté masculine mal placée. Son Paradis s’est transformé en route vers l’Enfer.

Guillaume.

Publié le 19 février 2021, dans Il était une fois, et tagué , , , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. 1 Commentaire.

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