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Il était une fois… 1993!


L’année débute par l’affaire Jean-Claude Roman, faux médecin, qui, sur le point d’être découvert, assassinera sa famille. Plus réjouissant, la sortie du film « Les Visiteurs » avec Jean Reno, Christian Clavier et Valérie Lemercier, qui fera un carton. Sans rapport, un loi sur la moralisation de la vie politique et contre la corruption est votée. Le 31 janvier, création de la course à la voile Trophée Jules-Vernes, tour du monde en équipage sans escale. Février démarre par la révélation du prêt sans intérêt de 1million de francs à Pierre Bérégovoy, premier ministre, par l’industriel Roger-Patrice Pelat, proche de François Mitterrand. Dans l’affaire du sang contaminé, Fabius et sa ministre Georgina Dufoix ne seront pas condamnés. En mars, la France compte 3 millions de chômeurs. C’est aussi le début d’une seconde cohabitation avec Édouard Balladur premier ministre. Le club de basket de Limoges CSP devient le premier à décrocher une coupe d’Europe en battant les italiens de Trévise. Bruno Peyron remporte le trophée Jules-Vernes en 79 jours. Mai démarre par un coup de théâtre avec la mort par suicide de Pierre Bérégovoy, à Nevers. Le même mois, l’OM devient champion d’Europe face au grand Milan AC, grâce à Basile Boli (photo ci -dessus, brandissant la coupe d’Europe, aux côtés de Rudi Völler et Pascal Olmeta), deux ans après la finale perdue à Bari contre l’Etoile Rouge de Belgrade. En novembre, suite à la défaite et à l’élimination de la France face à la Bulgarie, Gérard Houiller démissionnera et sera remplacé par Aimé Jacquet. Par ailleurs, Alain Prost sera sacré champion du monde de formule 1, Miguel Indurain remporte son 3ème tour de France. 

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A la rubrique nécrologique, on trouve cette année-là les chanteurs Léo Ferré, Eddie Constantine, les réalisateurs Cyril Collard, récompensé aux Césars pour son film « Les Nuits fauves » avec la jeune Romane Bohringer, qui obtiendra le César de la meilleure espoir féminine (photo ci-dessus), et Federico Fellini (deuxième photo ci-dessus), à qui l’on doit tant de chefs d’oeuvres (« La Strada », « Les nuits de Cabiria », « 8 et demie », « Amarcord », « Ginger et Fred », « Intervista »…) l’écrivain William Golding, les acteurs Bill Bixby (série télévisée « Hulk »), Stewart Granger, Brandon Lee (fils de Bruce), River Phoenix (frère de Joachim), Don Ameche (aperçu notamment dans « Un fauteuil pour 2 », comédie avec Dan Aykroyd, Eddy Murphy et Jamie Lee Curtis, réalisée en 1984 par John Landis), enfin le musicien-guitariste-chanteur-producteur Frank Zappa (photo ci-dessous).

Place à l’histoire inventée. 

Quatre amis, deux garçons et deux filles, prénommés respectivement Jacques, Serge, Amanda et Ginger, féru.es de nature, de volcanologie en particulier, décident de partirent en Islande, terre de volcans endormis ou en activités. L’Islande offre des décors à couper le souffle, avec ses vallées escarpées, ses geysers, et donc ses montagnes cachant parfois des monstres endormis depuis des lustres ou bien ayant décidé de se réveiller et d’offrir un spectacle merveilleux aux yeux des néophytes comme des spécialistes.
C’est le cas du volcan Fagradalsfjall, situé dans la péninsule nord de l’île, endormi depuis huit siècles, s’est brutalement réveillé cet été là, pour déverser jours et semaines durant des torrents de lave en fusion. De quoi réjouir les amateurs, intéresser les scientifiques islandais comme mondiaux et inquiéter un peu les habitants des villes avoisinantes. Jacques, Serge, Amanda et Ginger, à l’annonce de cette nouvelle, se sont immédiatement rendus sur place pour constater par eux-mêmes le spectacle brutal et somptueux de la nature en mouvement, de la Terre qui gronde et fait rejaillir en surface ses trop pleins de lave enfouie à des kilomètres sous nos pieds.

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Arrivés sur les lieux, le spectacle qui s’offre à leurs yeux est ahurissant. Le volcan crache des kilomètres de lave sans discontinuer. Elle est liquide,  incandescente, qui file à vive allure sur les flancs environnants, pour se diriger vers une vallée heureusement inhabitée. Cela dure pendant des heures chaque jours. Nos quatre joyeux lurons, comme les scientifiques présents devant cette manifestation de la nature, en ont le souffle coupé. Aussitôt, Jacques Serge Amanda et Ginger décident de réaliser un reportage sur ce qu’ils découvrent au quotidien, grâce au réveil du monstre endormi  depuis 800 ans. Ils se répartissent en deux binômes. Jacques sera avec Ginger, Serge avec Amanda. Au programme, dessins, photos, et petits films. Ginger se chargera de réaliser le montage. Le tout pouvant servir à une future exposition pour des scolaires comme pour des adultes. Pour réaliser cette collecte d’informations et de témoignages, nos quatre apprentis volcanologues se donnent un mois.

Les premiers jours sont riches en enseignements, en collectes d’informations, ce qui rend heureux le quatuor, qui chaque soir, devant un bon plat local prend soin de débriefer, dans une ambiance chaleureuse, festive. Si la première semaine s’avère donc fructueuse, il n’en sera pas de même pour la suivante, car le ciel trop bas et un brouillard épais empêchent toutes sorties intéressantes. Le moral est en berne chez nos quatre jeunes fans de volcans. Ginger surtout est affectée. Car sans matière, pas de film à monter, et du coup un projet qui devient bancal, difficile à vendre plus tard.

Heureusement, localement, la météo tourne vite et s’annonce radieuse pour les 10 jours qui viennent. Pas de temps à perdre, Jacques, Serge, Amanda et Ginger repartent gaillardement sur les pentes du monstre réveillé, le moral gonflé à bloc. Les binômes se déforment et chacun repart en prospection d’échantillons de lave, de plantes, ou tout autre éléments pouvant servir leur projet. Chaque jour qui passe est une mine d’or. Le projet prend corps et bientôt nos quatre aventuriers croulent sous une masse informative. Il va falloir trier, inventorier, ranger tout cela. Jacques s’y collera. Amanda et Serge se chargeant de prendre des notes et commencer un story-telling pour le film que montera Ginger.

La troisième semaine, sera consacrée à ce premier inventaire des notes prises et des choses collectées sur le terrain. Un débroussaillage en somme. Ça commence le matin après le café de rigueur et se termine le soir, entre plaisanteries et verres de vin. Nos quatre larrons sont efficaces, concentrés. Tout avance comme prévu. L’étiquetage fait, les annotations précisées, le tri effectué méticuleusement, le rangement ordonné précieusement. A la fin de cette semaine-là, Jacques, Amanda, Serge et Ginger sont exténué.es mais satisfait.es. du travail mené ensemble. L’heure est au repos, à profiter de Reykjavik, car la dernière semaine sera chargée. Descendus dans un restaurant du centre ville, les quatre aventuriers se détendent en mangeant et buvant de bon aloi.

La quatrième et dernière semaine, annoncée dense, le sera. Entre derniers prélèvements effectués sur le terrain, rendez-vous à honorer avec des spécialistes pour étoffer le film documentaire, re-tri, re-étiquetage, et le dernier soir, les valises à faire, prendre l’avion et rentrer en France. Ce calendrier chargé n’effraie pas les 4 ami.es. Tout le monde s’y met. Passionnément. Intensément. Avec rigueur et efficacité. Les interviews réalisées s’avèrent très intéressantes. Du pain béni pour le projet. Ginger est heureuse, rayonne, son montage futur se fait jour dans sa tête. Les derniers jours défilent vite. Trop. Déjà vendredi soir arrive. Valises bouclées. Dernier repas en commun, derniers fous rires, verres de vin, échanges sur la vie, le monde.

Samedi matin, 10h, aéroport de Reykjavik. Vol pour Paris. L’émotion est palpable car tous savent qu’à Paris la vie va reprendre et leurs chemins momentanément les séparer. La buée est dans les regards, les accolades longues, fortes. Arrivé.es à Paris à 13h30, Jacques Serge Amanda et Ginger se dirigent pour récupérer leurs bagages. Sans un mot ou presque. Les yeux parlent. Bagages repris, de nouvelles étreintes fortes et longues sont partagées. De courts mots échangés. Ginger, la plus sensible des 4, s’effondre en larmes dans les bras d’Amanda. Jacques et Serge, hommes pudiques, ne se disent pas grand chose, mais les gestes parlent.
Comme disait le poète : « chacun sa route,  chacun son chemin ». Ayant partagé une formidable aventure humaine, écologique, scientifique, le quatuor se disperse. Jusqu’aux prochaines retrouvailles. Car le projet n’est pas terminé.

Guillaume.

Il était une fois… 1992 !



Cette année-là sera marquée par plusieurs grands évènements, D’ordre politique avec la signature du traité de Maastricht. Sportif, avec divers grands évènements dont deux olympiades, en hiver d’abord en février, à Albertville en France (où de nombreux athlètes français vont se révéler, briller et obtenir titres olympiques ou médailles) puis en été à Barcelone (Chez les hommes, l’anglais Lindford Christie est sacré sur 100 m, l’américain Mike Marsh sur 200m, son compatriote Quincy Watts sur 400m, l’espagnol Fermin Cacho sur 1500m et l’américain  Carl Lewis au saut en longueur ; chez les femmes, on assiste au sacre de Marie-José Perec sur 400 m (photo ci-dessous), aux titres des américaines Gail Divers et Gwen Torrence sur 100m et 200m, du sacre historique d’Hassiba Boulmerka, sur 1500m (première athlète arabe à remporter une course de demi-fond dans une grande compétition internationale), d’Heike Dreschler à la longueur, sans oublier bien sûr la formidable démonstration de basket de la Dream Team américaine emmenée par le formidable duo Michael Jordan-Magic Johnson, entre autres..), le championnat d’Europe de Football qui se déroule en Suède, au cours duquel, le Danemark invité de dernière minute en remplacement de la Yougoslavie, forfait car en plein déchirement à cause de la crise politique qui secoue le pays à ce moment-là, ira jusqu’au bout et remportera l’épreuve face à une belle équipe d’Allemagne qui faisait figure de favori. Toujours en football, le FC Barcelone de Johann Cruyff remporte la Ligue des Champions face à la Sampdoria de Gênes. En cyclisme Miguel Indurain gagne son 2ème tour de France. en Formule 1, c’est le fougueux et talentueux pilote anglais Nigel Mansell, qui sera couronné champion du monde.

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Une fois n’est pas coutume j’ai commencé par le sport, je vais donc aborder maintenant succinctement les autres évènements de l’année. En janvier, Laurent Fabius succède à Pierre Mauroy, et devient le plus jeune premier ministre de France. En février, le 8, a lieu la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques d’hiver à Albertville. Elle est menée par Philippe Découflé. En avril, la chaine de télévision La Cinq cesse d’émettre. Fin de l’aventure Berlusconi en France. Le parc d’attractions EuroDisneyLand-Paris est inauguré. En mai, le 5, un drame survient lors du Match de coupe de France entre Bastia et Marseille. Une tribune métallique s’effondre, faisant 18 morts et 2200 blessés. Juillet voit arriver deux révolutions, la création de la carte à puce bancaire et le début des téléphones portables. Septembre est marqué par la naissance du groupe médiatique France Télévisions, avec France 2 et France 3. A la fin du mois, la chaine Arte, cofinancée par des fonds franco-allemands, voit le jour. En novembre, entre en vigueur la loi Evin contre le tabagisme et la publicité sur l’alcool. Au rayon des morts célèbres, on trouve le dessinateur Peyo, le chanteur Michel Berger, les acteurs Jean Poiret, Chuck Connors, Anthony Perkins, les actrices Jacqueline Maillan, Arletty, Marlène Dietrich (photo ci-dessous, aux côtés de Jean Gabin), Ginette Leclerc, le compositeur de musiques de films Georges Delerue, le peintre Francis Bacon, le musicien Astor Piazzolla (deuxième photo ci-dessous), le juge Giovanni Falcone, l’humoriste Benny Hill, les hommes politiques Willy Brandt et Menahem Begin.

Place à l’histoire inventée.

Il n’y avait que de l’eau. Partout. Tout autour de lui. d’eux. A perte d’yeux. Une dévastation. La nuit, Dame Nature avait frappée fort et ouvert les vannes plus grandes qu’à l’habitude. Résultat, là où hier figurait un village et des champs, ce n’était plus que mer d’eau, transports de survivants et rescapées en barques ou bateaux à moteur. Je ne vais pas vous mentir, c’était une vraie vision apocalyptique, pour tout le monde, quand la population, située sur la partie haute du village de Tostaky, s’est réveillée au son du bruit de l’eau et des cris d’émois des gens confrontés à la catastrophe, s’est aperçue à son tour de l’ampleur du drame. Trois étudiants européens en vacances dans le village cet été-là, Lindford, Johann et Miguel, âgés respectivement de 19, 22 et 25 ans, qui ne se connaissent pas, vont se retrouver au centre d’aide organisé par les autorités locales. Leur débrouillardise, leur esprit d’initiative face aux gens et aux situations compliquées qu’ils côtoient, vont les souder, faire naitre entre eux une complicité qui va vite devenir une amitié indéfectible.

Tous les habitants de Tostaky, pour la plupart résidants de longue date, se donnent la main pour affronter cet évènement provoqué par Dame Nature. Certains font la file indienne jusque devant les maisons les plus touchées, pour nettoyer et surtout évacuer les personnes qui se trouveraient encore dans les maisons ou appartements submergés., d’autres construisent des digues pour repousser l’eau, ou créent des brèches pour l’évacuer à plusieurs endroits stratégiques du village. Bref personne ne chôme. Mais face à l’ampleur du sinistre, des voix s’élèvent pour dire qu’il va falloir changer tout ça, prendre des décisions drastiques, en terme de permis de construire en zone inondable, de renforcement des berges de la rivière qui borde le village. Tout cela prendra du temps, et coûtera de l’argent. Bien sûr, la nature a horreur du vide et n’attends pas. Alors l’humain devra faire vite, se montrer ingénieux, intelligent, créatif pour parer à la prochaine menace.

Au coeur du village de Tostaky, vit un couple emblématique, Louis et Mauricette, 95 et 90 ans. Ils sont nés là et y habitent depuis toujours. Ils connaissent tout de son histoire, son évolution géographique, ses histoires d’alcôves, la vie des commerces, les maires successifs, les prêtres qui ont dirigé l’église du village, bref, ils sont une vraie bible, la mémoire vivante, les référents auxquels on s’adresse si on désire savoir une chose sur le village.

Parmi la troupe des nombreux bénévoles qui oeuvrent à la remise en état de Tostaky, figure Marlène, une jolie quadragénaire aux yeux bleus, infirmière de son état, qui dirige l’antenne médicale et psychologique qui accueille les personnes en détresse, suite aux inondations. Cette femme énergique, à la voix un peu rauque, ordonne à sa troupe d’infirmiers, brancardiers, aides-soignants d’un trentaine de membres, de se répartir en secteurs précis pour ratisser méticuleusement les rues du village, à la recherche de personnes en détresse. Un soir, après une énième journée harassante, elle s’en va à la ville voisine pour se détendre et prendre un verre. Le hasard lui fait rencontrer Miguel, Johann et Lindford, eux-mêmes attablés en terrasse d’une brasserie, en train de rire à gorges déployées, sans doute eux aussi pour se soulager de journées stressantes, éprouvantes. Fort heureux de ce hasard, les trois garçons invitent la jolie Marlène à se joindre à eux, ce qu’elle accepte volontiers. Dès lors c’est un feu nourri de questions qui assaille Marlène. Elle y répond posément, avec parfois détachement, humour ou carrément en y mettant sa bonne humeur, le tout sur fond de sa voix rauque. Les trois garçons sont ravis, bien qu’un peu impressionnés par cette jolie femme infirmière, de passer ce moment avec elle. Miguel, bien qu’un peu en retrait de Lindford et Johann, observe attentivement Marlène. Il est sous le charme.

Marlène l’a remarqué. Trop seule depuis longtemps dans sa vie, sans enfants à charge, elle mène une existence bohème, vivant parfois des aventures sans lendemains, parfois longues. Elle choisit. Là visiblement, le caractère latin, un peu réservé de Miguel, n’est pas pour lui déplaire, malgré qu’il n’est que 25 ans. Voyant un petit manège s’installer entre Marlène et Miguel, Johann et Lindford décident de quitter la table, et d’aller faire un tour en ville, afin de laisser les deux autres tranquilles. Une discussion s’engage, comme s’ils se connaissaient de longue date, ce qui surprend Marlène. Le temps passe, ils décident de poursuivre autour d’une assiette, mais changent d’endroit. Marlène, qui connaît la ville, propose à Miguel de l’emmener dans un petit restaurant tranquille. Entre-temps Johann et Lindford, revenus de leur promenade, sont rentrés à Tostaky. Ils feront le point avec Miguel demain se disent-ils. La soirée de Marlène et Miguel s’avère douce, faite d’échanges sérieux, et à ce titre, malgré son jeune âge, Marlène se rend compte que Miguel est très mûr, la tête bien faite. Ca pousse sa curiosité. Du coup, la soirée s’étend, le dialogue entre eux deux fonctionne parfaitement, les sujets ne manquent pas, les rires fusent parfois. Puis vient le moment de quitter le restaurant. Miguel propose alors à Marlène de la ramener chez elle. Ce geste galant, inattendu, lui plaît beaucoup. Elle accepte. En chemin, la discussion continue, de plus belle, et les gestes tendres se manifestent. Arrivés devant la maison de Marlène, celle-ci invite alors Miguel à y entrer. Pour un dernier verre. Qu’elle envisage évidemment de prolonger loin dans la nuit. Surpris mais néanmoins heureux de cette offre, Miguel accepte. Les voilà seuls au monde, réunis, prêts à passer la fin de soirée et la nuit ensemble. Un bonheur simple comme les aime Marlène. Une situation tout à fait inimaginable pour Miguel quelques heures en arrière. Les deux amants vont s’aimer follement jusqu’au bout de la nuit, jusqu’aux premières lueurs du soleil levant. L’expérience mêlée à la fougue de la jeunesse. Les mains courent sur les corps, les baisers se font langoureux.

Au petit matin donc, le soleil perçant des premiers rayons chauds la fenêtre de la chambrée, Marlène se lève, heureuse de cette nuit folle partagée avec son amant. Mais ne se voit pas aller plus loin avec lui. Elle va devoir lui annoncer. Alors qu’elle s’est installée à prendre son café dans son salon, arrive son jeune amant, sorte de lionceau ayant grandi en une nuit, le cheveu en bataille, le torse nu fièrement affiché. La voix de Marlène résonne. Le visage de Miguel se fige. Cet épisode d’une nuit prend fin. Chacun reprend son chemin. Miguel rejoint alors ses 2 camarades Lindford et Johann à leur camp de base, débriefe avec eux puis très vite passe à autre chose, et les 3 amis reprenant la route de leurs aventures, après être venus en aide aux sinistrés de Tostaky.

Guillaume.

Il était une fois… 1991 !




L’année est marquée par différents évènements dans différents domaines que ce soit politique, social, sportif : En janvier, le FLNC revendique une nuit bleue d’attentats, Claude Evin, ministre de la santé fait passer une loi sur l’interdiction de fumer dans tous les lieux publics et entreprises et sur la limitation de consommation d’alcools. Elle s’étend également à l’interdiction de de sponsoriser des évènements pour toutes marques d’alcools ou de tabac. La France s’engage, aux coté de ses alliés américains et britanniques dans la première guerre du Golfe en Irak. Le 2 mars, c’est la mort de Serge Gainsbourg qui frappe les esprits. En Avril, une loi est adoptée sur la réforme définitive du statut de la Corse, qui disposera de pouvoirs élargis. En juillet, Une loi sur une réforme hospitalière est adoptée. En septembre, Edith Cresson est la première femme à être nommée premier ministre. Klaus Barbie, ancien criminel de guerre nazi, condamné à perpétuité lors de son procès à Lyon en 1987, meurt en prison. Près de nous, en Algérie, de grosses manifestations islamistes ont lieu, c’est l’état de siège. En juin, après une révolution rondement menée, Boris Eltsine est élue président de la Russie. Berlin redevient la capitale de l’Allemagne. Le 25 juin, la Slovénie et la Croatie se séparent de la Yougoslavie. En Afrique du Sud, après 43 ans d’application, l’Apartheid est aboli. En décembre, les douze pays de l’union européenne concluent le traité de Maastricht, qui débouchera sur la création de la monnaie unique, l’Euro, en 2000.

En sports, à Roland-Garros, la jeune Monica Seles s’impose, chez les hommes c’est l’américain Jim Courier qui l’emporte. Le Tour de France est remporté par l’espagnol Miguel Indurain. Sa première victoire. Il en gagnera cinq d’affilée. En F1, c’est le brésilien Ayrton Senna (photo du dessus) qui est sacré champion du monde (il décèdera 3 ans plus tard, sur le circuit d Immola,. En rugby, le club du CA Bègles-Bordeaux devient champion de France.
Au rayon des morts célèbres de l’année, outre Gainsbourg cité plus haut, il faut se souvenir de la danseuse Martha Graham, de l’écrivain Graham Greene, des réalisateurs David Lean, Don Siegel (« The Verdict », « L’ évadé d’Alcatraz », « L’inspecteur Harry »), Franck Capra (« L’extravagant Mr. Deeds », « Mr Smith au Sénat »…), des trompettistes de jazz Stan Getz et Miles Davis, des acteurs Michael Landon (série télé « La petite maison dans la prairie »), Brad Davis (vu dans « Midnight Express », « Les Chariots de feu », « The Player ») Klaus Kinski, (« Et pour quelques dollars de plus », « Docteur Jivago »….) Yves Montand (« Z », « L’aveu », « César et Rosalie », « Le sauvage », « Vincent François Paul et les autres », « Le choix des armes », « Manon des sources », « Jean de Florette »…), de l’actrice Lee Remick (« Un homme dans la foule », « Le deuxième homme », « La grande menace »…), des rockeurs anglais Freddie Mercury, chanteur du groupe de rock anglais Queen, et Vince Taylor, enfin de l’industriel japonais Soishiro Honda.

Place à l’histoire inventée.

San Juan de Puerto Rico. Quartier de la vieille ville. Ses rues pavées, ses maisons de couleurs différentes. Depuis la disparition de Fabianna, deux ans plus tôt, du côté de Manille (lire « Il était une fois… 1989!« ), Gabriel et Jessica ne se remettent pas de la perte de leur soeur ainée. Gabriel était surnommé « The Fly », du fait de sa petite taille, de sa silhouette fine. Jessica quant à elle, sa silhouette était proche de sa défunte soeur. Elancée, brune, sportive. Tous les deux trainent depuis le décès de Fabianna une grande mélancolie. Gabriel, pour laisse son esprit vagabonder, s’évader, écoute de la musique. Il pense aussi souvent à son ami de jeunesse, Diego, emprisonné pour cinq ans, suite à des vols à répétitions, qui, derrière les barreaux, essaye de rester libre dans sa tête pour ne pas devenir fou. Lui aussi écoute de la musique, lit beaucoup, pense sans arrêt à celle qu’il appelle tendrement sa « gypsy woman », Renata, qui vient le voir une fois tous les quinze jours au parloir de la prison. Celle-ci ne cesse de lui répéter, pour le rassurer : « tout ce que je fais, je le fais pour toi uniquement ». Elle élève seule du coup leurs deux enfants, Paulo et Julia, 7 et 5 ans. A la fin de chaque séquence de parloir, Renata et Diego se quittent sur un baiser volé, une trace d’amour furtive jusqu’à la prochaine, dans quinze jours. Terrible attente. Jamais, depuis que Diego est enfermé, Renata n’a eu envie de partir ailleurs, de s’ouvrir à un autre homme.

Jessica de son côté, va souvent rendre visite à une amie, nommée Brenda, qui vient d’avoir un bébé, avec son chéri, Elvis, prénom obtenu en hommage à la vedette américaine. Brenda et Elvis sont très croyants et ne veulent pas perdre ce fil religieux, aussi décident-ils de faire baptiser leur fille, Anastasia, dès que ce sera possible. Brenda ne cesse de s’émerveiller de sa fille, et répète à l’envi à Jessica « C’est ça qui est bon… l’amour, le bébé, la vie. » Jessica est émue, des larmes perlent sur ses joues. La raison, elle qui vit secrètement depuis longtemps une histoire d’amour avec la jolie Joy, une belle américaine installée à San Juan depuis 10 ans, sait qu’elle ne pourra jamais avoir d’enfants. Joy et Jessica se sont rencontrées il y a cinq ans déjà, à une époque ou Joy était « so sad », sans but dans la vie, sans soleil dans la tête. sans personne pour la rendre heureuse. Puis un soir, se promenant sur la place Centrale de San Juan, Joy aperçu Jessica assise sur un banc. Sans aucune hésitation elle se dirigea vers elle. S’engagea alors une discussion, passionnée, des regards qui en disent long. Ce fut un coup e foudre.

Très vite, Joy, qui vit dans un quartier protégé de San Juan, dans un bel appartement, spacieux, au sein d’un vieil immeuble, accueille Jessica chez elle. Les deux nouvelles amoureuses vivent une passion sans limites, faite de rires, d’étreintes et de discussions riches sur leurs vies respectives. Joy, depuis son arrivée il y a dix ans à San Juan, s’est fondu dans la vie locale, au point de prendre la nationalité et de pouvoir ainsi intégrer la vie publique locale. D’abord dans des associations de quartiers, pour aider à la scolarisation, puis au niveau municipal, en tant que conseillère à l’éducation. Jessica, créatrice de bijoux artisanaux vendus sur les marchés, profite à fond de chaque instant avec Joy, car elle sait que si leur histoire est découverte, tout peut s’arrêter du jour au lendemain. L’amour du risque pour un amour total.

Un midi, dans un bar de San Juan, Joy et Jessica, plus heureuses que jamais, prennent du bon temps, déjeunent en paix tout en sirotant un cocktail local au son de la musique portoricaine. Quand un homme, un soldat en permission, qui a déjà pas mal abusé de la boisson, s’approche d’elles et commence à les insulter, gratuitement, à faire des remarques désobligeantes sur leur couple. « Bouge de là » vocifère-t-il sans ménagement en pointant du regard Joy. Celle-ci ne bronche pas, toute à sa surprise. Ne tenant pas à laisser sa compagne se faire humilier en public, Jessica se lève, et sans prévenir, assène une grande claque bien appuyée à l’intrus désagréable, étonné de cette réaction qu’il n’a pas vu venir. Le militaire, désarçonné, recule devant ce coup inattendu, puis revient à la charge, sur de sa force masculine. Erreur. Jessica a fait dix ans de karaté. Elle esquive l’arrivée de son agresseur et d’une clé de bras l’immobilise net. Joy est stupéfaite, tout comme l’assistance présente ce midi-là. S’avouant vaincu, surtout ne voulant pas subir davantage la foudre de Jessica, l’homme s’enfuit sans demander son reste. Jessica se rassoie, Joy l’embrasse tendrement, comme pour la remercier de tant de promptitude à réagir et à défendre leur honneur. Jessica sourie et murmure à l’oreille de Joy : » nothing can’t stop this thing we started ». Joy alors Jessica très fort dans ses bras. Le repas reprend.

Sous le soleil de San Juan, pour Jessica et Joy, Gabriel, Diego, Renata et Elvis, Il n’est pas simple d’être heureux. Mais la vie prend le dessus. Inexorablement.

Guillaume.

Il était une fois… 1989 !


Cette année-là marque le bicentenaire de la révolution française de 1789, marquant la fin de la monarchie incarnée par Louis XVI et Marie-Antoinette, qui finiront sur l’échafaud. De grandes festivités auront lieu, organisées par le ministère de la culture et dirigées par Jean-Paul Goude, à l’origine d’un défilé monumental sur les Champs-Elysées, baptisé « La Marseillaise ». La cantatrice soprano américaine Jessye Norman chantera sous l’Arc de Triomphe (photo du dessus). Mais autrement, il y a quand même eu quelques évènements marquants cette année-là : la condamnation des membres d’Action Directe à la prison à perpétuité, pour l’assassinat du PDG de Renault Georges Besse. L’inauguration le 29 mars du Grand Louvre, puis le lendemain, nouvelle inauguration de la Pyramide de Pei, enfin le 1er avril ouverture au grand public. Dans la foulée le conseil des ministre lance le projet « BNF » qui sera construite entre les ponts de Bercy et Tolbiac. Le 4 mai, le leader du FLNKS, parti indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, Jean-Marie Tjibaou, est assassiné. En juin, Roger Bambuck, ancien sportif de haut niveau (spécialiste des courses de vitesses du 100 au 400 m, médaillé aux JO de Mexico, plusieurs fois champion de France des 100 et 200m entre 1965 et 1968), devenu ministre des sports en 1988, fait passer une loi contre le dopage sportif. Juillet arrive avec son cortège de festivités fastueuses dans le cadre du bicentenaire de 1789. Outre le défilé Goude cité plus haut, il faut noter les inaugurations de l’Opéra Bastille (photo ci-dessous) le 13 juillet puis de la grande Arche de la Défense le 14. En octobre, un arrêt du Conseil d’Etat, dit arrêt « Nicolo », fait prévaloir la supériorité du droit international sur le droit national.

Au rayon des sports, plusieurs choses à retenir. Le titre de champion du monde de Formule 1 d’Alain Prost, face à son coéquipier et rival brésilien Ayrton Senna. En moto, dans les catégories 500, 250 et 125 ce sont respectivement Eddie Lawson, Sito Pons et Alex Crivillé qui l’emportent. La victoire, pour 8 petites secondes, lors de la dernière étape sur les Champs-Elysées, de Greg Lemond face à Laurent Fignon dans le Tour de France (photo ci-dessous). En rugby, la France remporte, pour la quatrième fois consécutive, le tournoi des 5 Nations.

A la rubrique des disparus célèbres, la grande faucheuse a fait une hécatombe. Jugez plutôt : Bernard Blier (« Les grandes familles » (avec Jean Gabin, Pierre Brasseur, Jean Dessailly…), « Les Misérables » (avec Jean Gabin), « Les Tontons Flingueurs » (avec Lino Ventura, Francis Blanche, Jean Lefèvre), Jean Bouise (« Coup de tête » de Jean-Jacques Annaud, avec Patrick Dewaere), Charles Vanel (« le salaire de la peur »), le réalisateur de westerns Sergio Leone ( « Il était une fois dans l’Ouest », « Le bon la brute et le truand », « Les derniers jours de Pompeï », « Le colosse de Rhodes »…), les acteurs américains Lee Van Cleef (qui joua dans les westerns de Leone avec Clint Eastwood et Eli Wallach, photo ci-dessus) et Guy Williams (Zorro), le comédien de théâtre et cinéma anglais Laurence Olivier, l’actrice américaine Bette Davis, le chef d’orchestre autrichien Herbert Von Karajan, le pianiste polonais Vladimir Horowitz, l’écrivain Georges Simenon, le dramaturge irlandais Samuel Beckett, le dirigeant politique Ferdinand Marcos, l’ex couple de dictateurs roumains Nicolas et Elena Ceaucescu, le scientifique russe Andreï Sakharov, père du programme nucléaire russe.

Place à l’histoire inventée.

Un soir de blues, sur une plage de Manille, à quelques encablures de la ville, Fabianna, 28 ans, est assise sur le sable, face à l’océan. Sa longue silhouette sportive, surmontée d’une longue chevelure brune et d’yeux en amandes ne laissent pas les passants indifférents. Mais savent-ils seulement le le mal profond qui la ronge? Non bien sûr. Un mal lointain. Lié à son déracinement. Alors qu’elle est là, plongée dans ses pensées, le regard absent, perdu dans la nuit noire vers cette mer dont elle n’entend que le ressac des vagues s’échouant sur la plage et un peu plus loin sur les rochers alentours, un couple anglais d’une quarantaine d’années, allure élégante,  résidants habituellement près de la City à Londres, vient à sa rencontre. Ils se nomment Ray et Janet. Lui est cadre dans une société côté en bourse. Elle est juriste d’affaires. Grands tous les deux, un mètre quatre-vingt-cinq et un un mètre quatre-vingt. Lui est brun, aux yeux verts, elle blonde aux yeux bleus.

Mais Fabianna, qui s’accordait un moment de repos, de quiétude dans ce paradis, ne s’attendait pas du tout à être dérangée. Ray et Janet, s’arrêtèrent donc à sa hauteur, lui demandant s’ils pouvaient s’asseoir à ses côtés pour discuter. Devant cet intérêt aussi soudain qu’intrusif, elle finit par accepter. Très vite, elle est est la cible de questions sur sa vie privée. Fabianna, bien que pudique, révèle tout de même qu’elle ne cherche pas à rencontrer un homme, qu’elle ne souhaite pas être amoureuse pour le moment, bien que ne refusant pas tout de même une présence masculine quand l’occasion se présente. Le dernier qui eut cet honneur était un banquier originaire de Santa Maria de Guadalupe.  

Pour changer les idées à cette belle inconnue qu’ils découvraient, Ray et Janet eurent l’idée de lui proposer de partir avec eux. Là encore, Fabianna, d’abord étonnée par tant d’empressement, finit par accepter la proposition. Heureux, le couple emmena donc leur nouvelle rencontre vers le rutilant véhicule garé sur le parking jouxtant la plage. Une Cadillac décapotable de couleur bleu ciel. Direction la villa du couple, située sur les hauteurs de Manille. Après une demi-heure sur des routes escarpées, le trio arrive devant une grille monumentale en fer forgé. Ray descend, ouvre la grille, puis remonte au volant de son bolide décapotable. Encore deux kilomètres à parcourir, sur un chemin bordé d’arbres locaux, eux-mêmes plantés au bord de pelouses superbement entretenues. Arrivés devant la maison fastueuse, une bâtisse de style colonial, avec escalier à double révolution en marbre à l’extérieur, et une une grande baie vitrée donnant accès à un salon garni de canapés et fauteuils en cuirs anglais. Un lustre volumineux est fixé au centre de la pièce. Ray, Janet, et Fabianna, affaires en main, pénètrent dans la maison, par ce salon. Cette dernière reste sans voix devant cet étalage de luxe, elle qui n’a jamais rien vu de semblable. Elle observe tout, avec un appétit identique. Passe au scanner chaque pièce, chaque objet qui s’y trouve. Ray et Janet, voyant les réactions de Fabianna, sont ravis, voire fiers. Janet, en excellente maitresse de maison, emmène la belle dans ses appartements. Celle-ci découvre sa chambre, avec salle de bain privative, balcon donnant sur un jardin luxuriant ou se côtoient arbustes de toutes tailles, fleurs de toutes couleurs, parfums. Un régal pour les yeux. Fabianna se croie au Paradis. 

Les premiers jours  de cette nouvelle cohabitation se passent bien, le couple appréciant cette nouvelle compagnie qui vient agrémenter leur oisiveté. Fabianna, timide au début, prend peu à peu de l’assurance. Du coup sa relation avec le couple anglais s’en ressent et se renforce, devenant un peu plus complice chaque jour qui passe. Mais elle observe aussi les yeux doux que ne manquent pas de lui faire successivement Ray et Janet, ce qui la trouble, l’intrigue. Pourquoi ce jeu ? à quelles fins ? Ray, en bon anglais qui se respecte, boit régulièrement du Whisky. Il a l’alcool mauvais et Janet le sait, c’est pourquoi elle surveille sa consommation. Parfois, lorsqu’il abuse, Ray s’emporte sans raison contre sa tendre épouse, ou même contre Fabianna, qui ne comprend pas les raisons de ces soudaines colères. 

Un soir, Ray va trop loin. Il va  même jusqu’à menacer sa femme de la supprimer, dans un délire de jurons et de paroles insensées comme seule la surconsommation d’alcool peut en générer. Janet, prenant peur, se réfugie dans la chambre conjugale, Fabianna dans sa chambre. Fou de rage, il saccage tout ce qui se trouve à portée de mains. Jusqu’à ce que colère passe. Fatigué, il finit par s’écrouler sur le canapé du salon jusqu’au petit matin. Le réveil sera brutal. Pendant quelques jours Janet et Fabianna éviteront soigneusement de le croiser, s’octroyant du bon temps ensemble, se découvrant, riant, se baignant seules loin de cet homme soudain apparu violent à leurs yeux. Ray, lui doit absolument trouver moyen de reconquérir sa femme et sa nouvelle connaissance, qu’il ne s’interdit pas de vouloir conquérir. Aussi il met sur pied un stratagème. Il veut en mettre plein la vue à sa femme, qu’il chérit, et à Fabianna, qu’il apprécie de plus en plus et convoite secrètement. L’orage passé, Janet et Fabianna revenues à de meilleurs sentiments à son égard. Aussi, après une soirée de réconciliation faite de rires, de souvenirs partagés, et bons plats cuisinés par le cuisinier personnel de la maison, tout semble revenu au beau fixe. La complicité, les gestes tendres entre Ray et Janet, mais aussi, les regards attendris de Janet envers Fabianna, qui semble les accepter, sont de mise. Devant ce bonheur reconquis, Ray jubile. Il peut passer à la phase active de son plan. il veut quand même marquer le coup. Organiser une soirée extraordinaire dans le meilleur restaurant-club de la ville, le « Belfast Child », tenu par une certaine Helen, débarquée là voilà 30 ans. Il réserve donc un table pour 3 personnes pour le vendredi suivant. A l’annonce de cette soirée à venir, Fabianna et Janet s’avouent ravies.

Le vendredi arrivé, Ray, Janet et Fabianna se préparent. Ray, costume blanc, chaussure noires en croco, Janet en robe couleur émeraude et parure de bijoux assortie, escarpins aux pieds, Fabianna, superbe robe noire ouverte sur son dos, sandales romaines aux pieds et sa longue chevelure lâchée tombant sur ses épaules. L’arrivée et l’entrée au « Belfast Child » du trio, ne passe pas inaperçue. Si l’ambiance musicale du lieu est favorablement irlandaise, Helen ne s’interdit pas de programmer aussi quelques jolies valses de Vienne, chères à Strauss. Le début de soirée est plutôt détendu entre les 3 convives, dans la connivence et les rires, agrémentés de bons plats et d’excellents vins, Ray ne tarde pas cependant à envenimer l’ambiance, s’en prenant à Janet, à qui il reproche son attirance pour Fabianna. Décontenancées, celles-ci n’en reviennent pas. Mais Ray ne s’arrête pas. Il grimpe dans une colère froide mais très forte. Janet tente de le stopper, elle qui s’ est toujours montrée très effacée à ses côtés. Elle profite d’une valse, pour essayer de détendre l’atmosphère, et incite son mari à l’inviter à danser. Mais celui-ci n’en a cure et reste sur sa colère. Janet s’en trouve vexée, désarmée, face à tant de goujaterie, de désinvolture de son époux, qui ne veut plus rien entendre, et fond en larmes. Fabianna reste en retrait de cette joute conjugale dont elle est pourtant le sujet. Devant cette colère qui ne redescend pas, ne pouvant en supporter davantage, Janet décide de quitter la table ! car elle ne veut plus être une femme enchainée à cet homme dont elle découvre la face sombre, la violence verbale au moins, qui sait ce sur quoi cela peut déboucher. Laissant face à face Ray et Fabianna, qui se dit que décidément elle n’aurait jamais dû les laisser l’approcher sur la plage. A peine sortie du club et se dirigeant vers un taxi pour la ramener chez elle, Janet s’effondre, atteinte d’une balle dans le dos. C’est Ray, accouru en furie, ne supportant pas l’affront que lui a fait sa femme au club, a perdu toute raison et décidé d’ en finir avec elle, se retrouvant ainsi seul avec Fabianna. Ce que Ray avait caché depuis longtemps, était ses sentiments pour la belle inconnue devenue une intime de son couple.

Fabianna, restée jusque-là en retrait de Janet et Ray, bien que très complice par ailleurs, malgré les avances de Ray, est restée sur sa ligne de conduite exprimée lors de leur première rencontre sur la plage. A savoir, pas d’histoire d’amour pour le moment. Ray, qui a déjà perdu sa femme sur un coup de sang, ne peut se résoudre à ce que Fabianna dont il est épris, lui « échappe ». Il le fait savoir à la belle, mais devant son refus encore répété, Ray craque de nouveau. Il sort de nouveau son arme et la tue de sang-froid d’une balle en plein cœur.

En l’espace d’une soirée qui s’annonçait pourtant très paisible et plutôt sympathique, tout aura tourné au drame par la seule faute de la jalousie maladive de Ray et d’un excès d’orgueil et de fierté masculine mal placée. Son Paradis s’est transformé en route vers l’Enfer.

Guillaume.

Il était une fois … 1988 !



Cette année-là, en France est marquée par les candidatures successives en janvier et février, de Jacques Chirac, Raymond Barre à l’élection présidentielle, qui verra finalement la réélection en mai de François Mitterrand avec 54% des voix face à Jacques Chirac. C’est aussi une année où le Louvre fait peau neuve avec la pose de la désormais fameuse pyramide, signée de l’architecte japonais Peï. En mars, une première loi sur le financement des activités politiques verra le jour. Ce même mois, la représentante de l’ANC en France, Dulcie September est assassinée à Paris. En avril, les évènements se déplacent en Nouvelle-Calédonie où une prise d’otages à lieu à Ouvéa. Cela débouchera sur une vraie crise, l’intervention de l’armée et la morts de plusieurs indépendantistes et militaires. En mai, 3 journalises français otages au Liban de très longue durée sont libérés entre les deux tours de la présidentielle. Chirac revendiquera ce fait Plus tard dans l’année, en octobre, la culture est frappée de plein fouet avec l’attaque du cinéma Saint-Michel par des catholiques intégristes, lors de la projection du film « La dernière Tentation du Christ » de Martin Scorsese avec l’immense acteur Willem Dafoe (image ci-dessous), mais aussi Harvey Keitel et Barbara Hershey. L’affaire fera grand bruit. En décembre, le gouvernement créé le RMI (revenu minimum d’insertion), et le parlement adopte la loi sur la création d’un CSA (Conseil supérieur de l’Audiovisuel). A la rubrique nécrologique, la Grande Faucheuse a fait « bonne récolte », jugez plutôt : le syndicaliste brésilien Chico Mendès (assassiné sur ordre), l’acteur américain John Carradine, l’anglais Trevor Howard et l’allemand Gert Fröbe, la psychanaliste française Françoise Dolto (mère du chanteur Carlos), le constructeur automobile italien Enzo Ferrari, le chanteur anglais Andy Gibb (Bee Gees), la chanteuse allemande Nico, le chanteur québécois Félix Leclerc, l’artiste français Jean-Michel Basquiat, l’humoriste Pierre Desproges, les acteurs français Jean Le Poulain, Marcel Bozzuffi, Michel Auclair, Paul Mercey, et la comédienne Pauline Lafont, fille de Bernadette Lafont. Bref, une belle charrette !!!

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Place à l’histoire inventée.

Ce soir-là, la nuit est pluvieuse sur Paris. Les gouttes d’eau passent devant les lampadaires de la rue de Rivoli comme des moucherons. En grappe, mais furtivement, immédiatement chassées par les suivantes. 

Deux hommes, la soixantaine, vies bien remplies, se tiennent appuyés sous les arcades, attendant que la pluie cesse son office nocturne. Le premier s’appelle Enzo, en hommage à Ferrari. Son père, fan du cheval cabré, s’était juré que s’il avait un fils, il le prénommerait ainsi. Le second s’appelle Gert. Là aussi une histoire de transmission. Il tenait ce prénom en hommage au comédien allemand Gert Fröbe. Deux « hérédités » lourdes à porter, pour des raisons diamétralement opposées.
Les deux hommes ne se ressemblent pas, tant physiquement que dans l’allure vestimentaire. Enzo est un grand gaillard d’un mètre quatre- vingt-dix, de famille bourgeoise, à l’ossature épaisse d’un troisième ligne de rugby, au visage marqué de cicatrices et aux mains larges et fortes. Côté vêtement, il cultive le soigné italien, de la chaussure à la cravate. Gert est homme de taille moyenne, un mètre soixante-quinze, de corpulence moyenne. Seul atout, des yeux bleus à faire se pâmer ces dames. Côté sape, le gars la joue carrément francophile, honneur aux couturiers, gantiers, chapeliers dont il connaît les adresses parisiennes par coeur pour bien se fournir. Idem pour la chaussure. Sans se connaître, nos deux gaillards ont un point commun : le goût du beau, de la belle sape, de la belle chausse.
Alors que la pluie fait des claquettes sur la chaussée et les trottoirs, nos deux hommes, à l’abris, entament une discussion, à bâtons rompus. Très vite ils se racontent leur vies, échangent sur la société.  Enzo raconte sa rencontre avec sa femme Johanna, avocate trentenaire, qui lui a redonné l’espoir, la foi en la vie, en l’amour. De cette union avec celle qu’il surnomme affectueusement « ma sauveuse », il a eu deux enfants, Marylin et John, 11 et 7 ans. Deux enfants tombés du ciel pour Enzo, qui ont renforcé son amour pour sa femme, pour la vie et lui ont redonné confiance. Mais Johanna, très protectrice, ne cesse de lui répéter « Don’t worry, be happy », dès qu’elle perçoit un moment de doute chez son mari. Johanna dit souvent que « mon mec à moi, il est tout pour moi », une véritable déclaration d’amour envers Enzo qui est très heureux aujourd’hui, ses enfants grandissent bien, son couple fonctionne, et côté boulot, après de longues années passées dans l’édition, il s’apprête à passer la main en douceur. Sans regrets.

Gert, à l’écoute de ce récit plein d’enthousiasme d’Enzo, se montre admiratif sinon un brin jaloux. Car pour lui, rien ne va. Publiciste, marié depuis vingt-cinq ans à Tracy, une anglaise bon teint, à l’accent londonien et au caractère bien trempé, il est père d’une fille de vingt ans, Annabelle, partie faire ses études en Australie (autant dire qu’il ne la voit quasiment plus, sinon par skype…ou quand elle revient sur Paris voir.. ses ami.e.s). Mais son couple bat de l’aile depuis longtemps déjà, la communication ne passe plus trop, les silences sont de plus présents, lourds. Gert et Tracy font chambre à part depuis longtemps. « Desire » est un mot absent du vocabulaire du couple. Trop selon Gert, qui ne supporte pas ça et déclare autant qu’il le peut à Tracy « I don’t wanna go without you »…. comme une supplique à une non séparation qu’il sent poindre dans l’esprit de sa femme. Car de son côté, Tracy envisage de plus en plus son mari comme « just a friend of mind », sans lui avouer bien entendu, ce qui serait très dur à entendre pour Gert. Puis un jour, fatalement, Tracy en vient à annoncer la nouvelle à Gert. Sa décision, ultime, définitive, irrévocable. « Je pars Gert ». « Pour où ? répond-il interloqué… »..Devant tant d’incrédulité feinte ou réelle de celui qu’elle n’aime déjà plus depuis longtemps, elle garde un silence froid, regarde une dernière fois sa maison, ouvre la porte, prend sa valise et s’en va. Sans un mot. Gert est choqué. Estomaqué. Mais c’est la fin brutale d’une histoire de vingt-cinq avec Tracy.

Face à ce récit pour le moins sombre de son compagnon d’infortune nocturne, Enzo se dit qu’il ne peut pas le laisser repartir, une fois la pluie cessée, sans lui donner quelque avis ou conseil. Aussi, sans le prendre de haut, ni sombrer dans le patos, Enzo conseille à Gert de se montrer plus prévenant, de surprendre sa femme, de lui proposer des sorties inattendues ou des week-end romantiques, histoire de ressouder le couple, et surtout d’échanger, de dialoguer, pour essayer de comprendre ce qui ne va pas, ce qui ne va plus.

Voilà maintenant deux heures que les deux homme échangent, se confient l’un à l’autre. Une relation amicale est-elle née ce soir de pluie parisienne ? En tous cas, au moment où la pluie enfin cesse, les voilà plus complices que jamais, maintenant riant aux éclats de blagues échangées et de la circonstance qui les a réunis sur un bout de trottoir, un soir humide à Paris, rue de Rivoli. Malgré l’heure avancée de la nuit, Enzo et Gert décident de poursuivre la discussion, mais au chaud cette fois. Enzo n’habitant pas très loin, près de la Madeleine, propose à Gert de finir la soirée chez lui, devant un bon scotch, à refaire le monde. Gert accepte. Un roman d’amitié est né.

Guillaume.

Il était une fois…


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L’année de mes 20 ans, de mes vingt piges, de mes vingt printemps terrestres. L’année de mon envol du cocon familial également, vers une indépendance attendue, recherchée. Mais 1987 c’est aussi une année pleine d’évènements très importants tels que la libération des prix en janvier, alors qu’ils étaient bloqués depuis 1945 (!), c’est le lancement du 3615 Minitel, également l’arrestation des membres du groupe Action Directe, le premier vol de l’Airbus A320, l’attribution des 5èmes et 6èmes chaines à des groupes privés, la naissance de M6, la privatisation de TF1 par Bouygues, l’ouverture en Juin du procès (filmé pour l’occasion, pour l’Histoire) de Klaus Barbie, ancien chef de la gestapo de Lyon. En En juillet, il sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. En novembre, l’Institut du Monde Arabe, situé sur les quais de Seine, est inauguré. En sports, Si le cycliste irlandais réalise cette année-là le triplé Tour de France-Giro d’Italie-Championnat du Monde, en formule 1, c’est le fougueux pilote brésilien Nelson Piquet qui devient champion du monde sur Brabham. En France, les Girondins de Bordeaux, emmenés par Alain Giresse, deviennent champions de France de foot, le RC Toulon fait de même en rugby face au Racing Club de France. A Roland-Garros, c’est le tchécoslovaque Ivan Lendl qui s’impose face au suédois Mats Wilander.
Au cinéma, le public pourra voir des films aussi différents que « L’arme fatale » de Richard Donner, avec Mel Gibson et Danny Glover », « Au revoir les enfants » de Louis Malle, « La couleur de L’argent » de Martin Scorsese, avec Paul Newman, la star montante Tom Cruise, et Elisabeth Mastrantonio, John Turturo, « Le Dernier Empereur » de Bernardo Bertolucci, grande fresque historique impressionniste sur la vie du dernier empereur chinois, mort en 1967. Autre film marquant, « La Mouche » de David Cronenberg, avec le duo Jeff Goldblum-Geena Davis. Enfin, comment ne pas évoquer  » Sous le soleil de Satan » de Maurice Pialat, avec Gérard Depardieu dans le rôle titre. Qui ne se souvient pas, lors de la remise de la palme d’or à Cannes cette année-là, du bras d’honneur adressé à la salle des festivaliers par Pialat. Côté décès marquants, il faut noter ceux du dramaturge Jean Anouilh, de l’éditeur Pierre Seghers, du cycliste 5 fois vainqueur du Tour de France Jacques Anquetil, de la romancière-académicienne Marguerite Yourcenar, également ceux de l’acteur Lino Ventura, du pilote de formule 1 Didier Pironi, et du danseur-comédien américain Fred Astaire.

Place à l’histoire inventée.

Un matin banal brumeux d’automne, Jean-Hughes se réveille seul à bord de son ketch, acheté quelques années auparavant alors qu’il était en piteux état. Lui-même n’allait pas très bien. Femme partie, enfants grandis et à l’autre bout du monde, boulot en berne à cause d’une récession économique, Jean-Hughes avait des raisons de noyer son chagrin dans le whisky, au fond de son bateau « Renaissance », ancré dans le joli port de Saint-Malo. Mais comme le chantait un artiste anglais, qu’il écouter au moins une fois par jour, il se disait  » Never gonna give up »…non jamais il ne baisserait les bras. Jamais.
Il avait un couple d’amis, Mel et Kim, des australiens bon tein, lui avocat,  elle artiste-peintre, qui résidaient à quelques encablures de son port d’attache, dans les terres. Parfois, il les emmenait en mer,  pour de longues promenades, dans des endroits que lui seul connaissait. Lors de ces balades en mer, Jean-Hughes confie à ses amis qu’il a le coeur en exil depuis le départ de sa femme. Que seulement « Là-bas », sur cet élément liquide remuant et imprévisible,  étrangement il se sent en adéquation,  il se sent libre, fort, en contrôle.

Mel et Kim restent perplexes devant les certitudes affichées par leur ami. Mais n’en disent mot de peur de le vexer ou de finir à la mer. Ç’est pas le moment,  se disent-ils, attendant le retour à terre. Un soir,  voyant l’état moral de Jean-Hughes se dégrader depuis quelques temps déjà, ils l’invitent à dîner chez eux, au milieu d’autres ami.e.s. Parmi les convives, une plantureuse brune aux cheveux longs ne tarda pas à attirer son attention. Prenommée Sabrina, elle avait une réputation de mangeuse croqueuse d’hommes. Mais Jean-Hughes s’ en moque, si elle peut lui permettre de remonter la pente moralement. Lui qui se sentait si Aline, revit aux côtés de Sabrina. Il revit. Les nuits sont toutes aussi torrides, les corps se mêlent d’ un amour sans limite. A sa nouvelle compagne, Jean-Hughes ne peut et ne veut dire aucuns mensonges. Sabrina est une  » machine à danser », ainsi entraine-t-elle son homme dans son sillage, dans son tourbillon noctambule, où elle écume les dancefloors. Sabrina, loin de son image de femme fatale, a connu l’aventure de faire un bébé toute seule, solitude totale. Elle appelera sa fille Hélène. Lors de sa rencontre avec Jean-Hughes, Hélène a déjà 8 ans. Le courant passe bien avec le chéri de sa maman.

Cet amour aussi inattendu qu’improbable, ce strange love du début, va se transformer en véritable histoire d’amour, forte, durable, profonde. « Angel-eyes », ainsi Jean-Hughes surnommait-il Sabrina, sa chérie, son trésor. Ils se firent la promesse de ne jamais se briser le cœur. A leurs amis communs Mel et Kim, grâce à qui les deux tourtereaux se sont rencontrés, ces derniers vont annoncer une grande nouvelle. Ils ont décidé de se marier, d’unir leurs destins. Mel et Kim vont sauter de joie à l’annonce de la nouvelle. Ils offriront le cadre de leur résidence de campagne pour accueillir la fête qui suivra la cérémonie officielle.

Désormais heureux, remis sur pieds, équilibré dans sa vie, Jean-Hughes va pouvoir se remettre à des projets professionnels, à des activités sportives et personnelles. Il a repris goût à la vie. L’avenir lui appartient. A lui et Sabrina.

Je vous laisse avec une sélection de titres de l’année 1987, qui ne manqueront pas de vous rappeler des souvenirs. Bonne écoute.

Guillaume.

Il était une fois…


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Cette année-là, en France, en janvier le gouvernement met en application la loi sur le Littoral, puis survient le drame du Paris-Dakar avec l’accident d’hélicoptère qui va coûter la vie à l’organisateur Thierry Sabine, au chanteur Daniel Balavoine. Les partis politiques UDF et RPR se mettent d’accord sur une plateforme de gouvernement. En février, Margaret Thatcher et François Mitterrand signent le projet de tunnel sous la Manche, la chaîne de télévision La 5 (sous capitaux Berlusconi) arrive en France. Au mois de mars, une équipe de télévision d’Antenne 2 est enlevée au Liban. Ils resteront prisonniers près de 2 ans, jusqu’ au milieu du printemps 1988. En avril, le nuage radioactif de Tchernobyl traverse la frontière française. Les autorités cacheront la vérité au public. Le mois de juin sera marqué par la mort accidentelle à moto de l’humoriste et acteur Coluche. Quelques mois plus tard, en novembre, c’est au tour du talentueux Thierry Le Luron de décéder précocement a 34 ans seulement. Le mois de décembre sera le théâtre de manifestations anti loi Devaquet (ministre de l’éducation de l’époque). Un jeune étudiant, Malik Oussekine, y laissera la vie et deviendra le symbole de de la jeunesse en révolte. Le musée d’Orsay, installé dans la gare du même nom, sera inauguré par François Mitterrand et Jacques Chirac. En sports, c’est une année de coupe du monde de football, au Mexique. La France, après avoir battu l’Italie 2-0, puis le Brésil au tiers au buts au bout d’un très grand match, échouera sur l’Allemagne en demi-finale. L’Argentine emmenée par le génial et malicieux Diego Maradona remporte le titre de champion du monde face aux Allemands, après avoir notamment sorti l’Angleterre grâce à deux buts (celui qualifié de « main de Dieu » par son auteur »- voir photo plus haut-, suivi du sublime slalom sur 60 mètres entre les joueurs de l’équipe anglaise, pour finir face à Peter Shilton), de son génial capitaine-leader. En tennis, à Roland-Garros, Chris Evert et Ivan Lendl s’imposent. Le pilote Alain Prost devient champion du monde de formule 1. En rugby, le stade toulousain remporte le bouclier de Brennus face à Agen. Quelques figures célèbres nous quittent : Andreï Tarkovski, réalisateur russe, les écrivains français Simone de Beauvoir (photo ci-dessous) et Jean Genet, le compositeur Maurice Duruflé, les acteurs américains Cary Grant (photo ci-dessous) et James Cagney, le réalisateur américain Otto Preminger, l’industriel français Marcel Dassault, le comédien Jacques Rispal.

Place à l’histoire inventée.

Je me souviens. C’était au début des années 80. Elle se prénommait Carrie. Native de Berlin, ville d’Europe, on la surnommait la « Lady in Red », car elle avait pour habitude de s’habiller uniquement en rouge, de la tête aux pieds. Grande aux cheveux longs, yeux bruns, des jambes sculptées par le sport. Elle avait en effet pratiqué la danse de manière intensive dans sa jeunesse, on lui avait d’ailleurs reconnu des qualités évidentes, qui auraient pu lui valoir carrière. Une véritable ballerina girl de la danse selon les personnes, professeurs et élèves, qui la côtoyèrent. Elle choisit un autre destin. Elle s’est aussi testé au volley-ball, pendant plusieurs années, en équipes de clubs. A un niveau très honorable. Une femme moderne, au caractère bien affirmé, qui ne laissait pas approcher facilement par les hommes. Qui malgré tout garde par devers elle un secret enfoui.

Ce secret bien gardé, c’est un enfant. La trace d’un amour passé, enfui, perdu. Ce « miracle d’amour » comme elle dit s’appelle Evan, qui possède les mêmes atours physiques que sa mère. Mais hélas, il vit dans la ville de lumières avec son père, Peter. De son côté, Carrie, se rend parfois à Belle-Ile-En-Mer, où elle a passé une partie de sa jeunesse, ses parents y possédant une maison. Carrie et Peter ont vécu une belle histoire, mais la séparation fut plus douloureuse pour Carrie. Un déchirement. A plusieurs reprises, la tentation de retenir Peter a surgi du fonds de ses entrailles torturées et envahies de la tristesse de voir son couple, son histoire se déliter. « Don’t leave me this way », une fois deux fois trois fois, lui a-t-elle supplié dans une complainte dont elle avait le secret. Mais rien n’y fit. Peter resta insensible. sûr de lui, de sa décision, de son nouveau cap. Il mettrait un terme à cette histoire. Pour Carrie, ce fut comme la sensation d’un pas dans le vide. De se perdre à nouveau, d’avoir à tout recommencer. Un vertige inattendu, une plaie béante qu’il va donc falloir guérir. Seul le temps, elle sait, y pourvoira.

Après dix ans de galères, de doutes, de difficultés en tous genres, aujourd’hui, la quarantaine fringante, un métier qui la passionne entre les mains, Carrie respire enfin. « Take my breath away » se dit-elle parfois. Oui, faire de sa vie une grande respiration, une inspiration même. Une part de magie comme le chante un célèbre groupe anglais qu’elle adore. Carrie a un frère, Louie, qu’elle nomme affectueusement « Brother Louie », un solide gaillard, taillé à la force de la fonte et du travail en forêt. Louie a toujours été là pour sa soeur, une épaule réconfortante, une personne sans jugement qui sait écouter, attentivement, conseiller de juste manière. Mais Carrie transporte au fonds d’elle un autre secret, bien plus lourd, bien que celui-ci ne lui appartienne pas directement. En effet, des années plus tôt, Evan lui avait confié se sentir mal dans sa peau, mal dans son corps de jeune homme. Carrie, pourtant mère attentive, n’avait pas relevé ce qui en réalité était un appel de détresse. Car Evan, bien que né garçon, se sentait fille au fond de lui. se vivait comme tel. S’envisageait uniquement comme ça. Dès lors, si son père, hermétique à cet appel, va lui fermer les portes et se montrer très dur avec lui, Carrie va au contraire redoubler d’attentions, d’écoute, accompagnant son fils vers ce voyage de transition très difficile et éprouvant psychologiquement, physiquement. Peter n’arrêtait pas de dire à Bonnie : « If you were a woman.. I won’t recognize you ».. « Si tu devenais une femme, je te reconnaitrais plus. »… Violent, définitif. De quoi faire vaciller une décision. Mais Evan, lui, a décidé, de tenir bon. Dès lors son père lui dit qu’il ne veut plus savoir ce que son fils devient, décide sa vie, quoi qu’il lui arrive dans le futur.

Evan, garçon déterminé à poursuivre sa démarche, mène sa barque, va de médecins en consultations spécialisées, de rendez-vous d’analyses à ceux avec des psychologues. Un vrai parcours du combattant auquel il ne s’attendait sûrement pas. Mais qui lui est nécessaire. Pour la suite. Dans cette quête vers son futur soi, Evan, chaque jour, se répète « don’t give up », « ne baisse pas les bras, n’abandonne pas ». Bientôt arrive le temps de l’opération, dernière étape décisive vers son futur état civil. Après des mois de doutes, d’incertitudes, voilà Evan au pied de sa dernière marche avant sa libération intérieure. L’opération se déroule sans soucis, Evan se réveille avec deux prothèses mammaires, conformes à celles qu’il avait choisi. Sa nouvelle vie démarre à cet instant. Reste à se trouver un nouveau prénom, féminin. Après quelques jours de réflexion, il optera pour Bonnie, en hommage à Bonnie Parker, compagne de Clyde Barrow, célèbre duo de gangsters des années 1930’s.

Adieu Evan. Bonjour Bonnie. Reste à savoir si Carrie va accepter le changement visuel et d’appeler son fils devenue Trans par un autre prénom. Seul son amour profond pourra y accéder.

Après quelques temps, Carrie a fini par accepter le changement d’identité et d’orientation sexuelle d’Evan devenue Bonnie. Une leçon de tolérance, d’amour, de compréhension, d’une mère pour son fils, d’un être humain à un autre, qui à l’époque des faits, n’était pas du tout gagné. Désormais, forts d’avoir traversés cette épreuve ensemble, ils sont encore davantage proches l’un de l’autre, pour vivre et affronter le futur ensemble.

1987 leur tend bras avec tout l’amour du monde entre leurs mains.

Je vous laisse avec une sélection de titres qui vous rappelleront sans aucun doute des souvenirs à foison, que vous avez vécu, partagé cette année-là où et avec qui que vous étiez. Peut-être avez-vous rencontré l’amour de votre vie sur l’un de ces morceaux.

Il était une fois… 1984!


Cette année-là, je fête joyeusement mes 17 printemps. C’est aussi pour moi la période où je fréquente beaucoup deux amis prénommés Franck, ainsi qu’un autre prénommé Frédéric, qui vit du côté de Châtillon. A côté de cette anecdote, l’année 1984 (titre du fameux roman futuriste de George Orwell) est remplie de faits marquants en tous genres : Une fois n’est pas coutume, je commencerai par la victoire de l’Equipe de France, menée par le duo Hidalgo-Platini, lors de l’Euro de Football, première grande compétition sportive organisée en France depuis très longtemps. Les autres temps forts en France, seront notamment l’adoption de la loi Savary visant à réformer et fusionner l’école publique et privée, ce qui donne lieux à de grandes manifestations et une opposition musclée de la part des catholiques. Le président Mitterrand demandera le retrait de la loi, s’en suivra la démission de Savary, puis un changement de gouvernement et de premier ministre. Laurent Fabius succèdera à Pierre Mauroy. Une loi est voté permettant aux étrangers d’avoir une carte de séjour pour 10 ans.
Dans les médias, naissance, avec l’aval du président, de la première chaîne privée payante, Canal +, dirigée par l’un des ses anciens conseillers, André Rousselet. Dans le secteur économique, la barre des 2,5 millions de chômeurs est atteinte!. C’est aussi l’année de la tuerie de la grotte d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie. 10 militants Kanaks seront tués. Au cinéma, 3 films retiennent l’attention lors de leur sortie : « Il était une fois en Amérique » de Sergio Leone, « Scarface » de Brian de Palma, « Et vogue le navire » signé Federico Fellini. Côté cinéma français, c’est le film « Rive droite rive gauche » avec le duo Gérard Depardieu-Carole Bouquet, qui connait un gros succès. Au rayon des disparu.e.s célèbres de l’année, on peut citer le réalisateur François Truffaut, l’actrice Pascale Ogier, le philosophe Michel Foucault.

Place à l’histoire inventée.

L’homme, est assit à une terrasse, en plein soleil, dans Smalltown City, un bled paumé du nord de l’Europe. La silhouette massive, le regard perçant, tel est cet homme, prénommé Kirk. Dehors, l’agitation bat son plein. Des caravanes de touristes se préparent pour des expéditions vers le grand  froid, celui de l’Arctique et ses températures polaires.

Kirk traine sa carcasse lourde comme fatiguée d’une vie harassante de bûcheron et marquée d’expériences amoureuses plus ou moins longues, l’une d’entre elle, avec une femme nommée Pietra, brune italienne, qui l’a fortement marqué.

Kirk, devant ce vacarme de la rue, décide de repartir chez lui, loin de la ville, dans une maison située en bord de la nature sauvage. Une maison de bois à la décoration minimaliste.

Chaque matin, il s’exclame « Dieu que c’est beau »! Ce rituel quotidien lui permet de savourer son extraction volontaire  de la folie des hommes, du bruit, de la violence de la circulation routière. Anciennement résident à Hong-Kong pendant 20 ans, où il menait carrière dans cet antre de bruit permanent, il avait décidé de rompre avec cette vie.

Dans ce décor où le vent vient siffler le long des fenêtres très souvent, et où la pluie est presque omniprésente,  Kirk se sent comme un poisson dans l’eau. D’ailleurs,  propriétaire d’un petit bateau de pêche,  il ne perd jamais une occasion de sortir en mer taquiner les poissons,  poser des filets.
Dans le clin, depuis le temps, sa réputation le précède. Au point que des pêcheurs du coin demandent à pouvoir l’accompagner. Le bougre accepte,  ça lui changera sa routine.

Mais, outre la pêche, la nature, Kirk vous une véritable passion pour le foot. Jeune, il a manqué une carrière à cause d’un accident de santé. Mais la passion est restée. Intacte.

Malheureusement,  faute d’argent suffisamment gagné,  il n’a pu se rendre en France pour assister a des matches de l’Euro 84, dans lequel, la bande à Platini, sous la houlette de son sélectionneur Michel Hidalgo, forts d’un remarquable parcours,  battra en finale l’Espagne des Sanchis,  Michel, Butragueno, Arconada, sur le score de 2-0. Une symphonie fantastique en apothéose d’un tournoi parfait.

Oui Kirk à loupé tout cela.
Il s’est fait une promesse, ne pas rater le prochain,  qui aura lieu dans 4 ans en Belgique et aux Pays-Bas.

Je vous laisse avec la playlist de l’année 1984, qui vous rappellera sans doute de nombreux souvenirs.

Guillaume.
PS: j’ai volontairement changé la fin de l’histoire,  pour rendre saluer Michel Hidalgo, qui fut donc sélectionneur de l’équipe de France pendant 9 ans, et à qui je dois mes premières émotions de  jeune supporter de football.

Il était une fois… 1983!


 Nous voici donc en 1983. Une année fertile en événements en tous genres. En France, sur le plan politique, c’est la dissolution annoncée par le gouvernement du FLNC (Front de Libération Nationaliste Corse). A l’étranger, En Bolivie, l’arrestation de Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo de Lyon, qui fut responsable de la capture de Jean Moulin, a soulevé une vague d’émotions en France. Son procès en 1987, sera télévisé. Une première depuis le procès de Adolf Eichmann en Israël le 11 avril 1961, qui sera exécuté en mai 1962. Aux Etats-Unis, le président Ronald Reagan met en route un projet de « Guerre des Etoiles ». Toujours aux USA, une grande première à lieu dans le domaine spatial. Une navette habitée, dénommée « Challenger » va décoller vers l’espace. Un retour aux affaires qui est un succès. Dans le domaine des sciences humaines, la revue « Science » publie un article sur la découverte par des chercheurs français, du virus HIV. En sport, Yannick Noah crée l’événement en remportant Roland-Garros, face au suédois Mats Wilander. La dernière victoire française datait de… 1937 avec Jean Borotra, à l’époque des fameux « mousquetaires » dont étaient membres également Jacques Brugnon, Henri Cochet, René Lacoste. Une éternité!!

Au cinéma, plusieurs films connaîtront un gros succès : « L’été meurtrier » de Jacques Becker avec Alain Souchon et Isabelle Adjani. « Le Marginal » avec Jean-Paul Belmondo. « Les compères », de Francis Véber avec Pierre Richard et Gérard Depardieu. « A nos amours » de Maurice Pialat avec la jeune débutante Sandrine Bonnaire. « Scaface » de Brian de Palma, avec le talentueux Al Pacino, sans parler du fameux « Tchao Pantin » de Claude Berri avec Coluche dans un registre dramatique et les jeunes Richard Anconina et Agnès Soral à ses côtés. Parmi les disparitions notoires il faut signaler Georges Ballanchine, Georges Auric, René Fallet, Luis Bunuel, David Niven, Marcel Dalio, Robert Aldrich, Joa Miro, Jean-Marc Reiser, Raymond Aron, Georges Cukor, Tenessee Williams, Hergé.

Place à l’histoire inventée.

C’est l’été. Sud de la France. Il fait chaud, presque brûlant. Sur les hauteurs d’une colline, abritée des regards, une fastueuse demeure, sur 3 étages, avec une piscine. Les propriétaires, Floyd, italo-russe porte ce prénom car son père, dénommé Vladimir Illitch Dassaev, passionné de boxe, adorait le champion Floyd Patterson, et Layla, d’origine chinoise, issue d’une famille bourgeoise de Pékin, qui a fui le régime en place, forment un couple jeune et beau, à l’amour fusionnel. Aux yeux de Floyd, Layla est se petite « China girl ». Floyd, porte une balafre au visage façon « Scarface », souvenir d’une rixe qui a mal tournée. Ancien déserteur de l’armée, il a réussi dans les affaires, pas toujours légales. . Floyd, caché derrière ses lunettes de soleil, est un personnage cynique, parfois brutal, mais éperdument amoureux de Layla, qu’il nomme aussi parfois « Baby Jane », en raison de sa passion pour Rod Stewart.

Layla, ancien mannequin, silhouette élancée, a un corps de liane, les yeux couleurs menthe à l’eau (hé oui Mister Low Low je l’ai placé 🙂 ). Elle avait vaguement fait des essais pour les studios de la Paramount. Elle envisageait de faire carrière au cinéma. Ses espoirs furent hélas déçus. Leur demeure, baptisée « Sweet Dreams », est leur havre de paix. Layla passe son temps à se dorer la peau au soleil brûlant, le long de la piscine. Pourtant, aujourd’hui c’est une jeune femme, récente veuve, qui malgré les souffrances familiales, est toujours debout. Quand elle a rencontré Floyd, elle en est tombé « morgane » au premier regard. Too shy pour l’aborder, elle a eu pour lui un vrai coup de foudre. La générosité autant que le caractère charmeur de Floyd l’ont séduit. Un italiano vero. Grande gueule, flambeur, caractériel, mais très attentionné a son égard. Floyd est un personnage capable de verser dans le sombre, d’avoir des idées noires, de se fermer aux autres, y compris Layla. Entre les deux, C’est parfois l’amour violent, très violent. Mais Layla ne dit rien, subit. Pour ne pas perdre Floyd, elle « accepte » cet enfer et continue de vivre dans ce paradis sur Terre, loin du bruit et de la fureur de la ville. Quand l’orage des coups se calme, elle enfile un pull bleu marine et descend rejoindre la piscine, pour s’y plonger. L’élément liquide est son refuge, sa bulle de protection. Quand elle refait surface, elle s’allonge longuement au bord, casque sur les oreilles, aux sons de Elton John, Al Jarreau, Chaka Khan ou encore Yes. Des quoi se détendre, s’évader, ne penser à rien d’autre. Oublier la dureté de l’ homme qu’elle aime surtout. Avant tout.

Les années passent. Les été se suivent. Toujours avec le même rituel, mélange de lascivité, de sensualité, de coups.Un mélange de bonheur et d’horreur. Lassée de ce qu’elle vit avec Floyd, Layla décide de prendre les choses en main. Quitter Floyd, fuir, loin. changer de vie. Redevenir une « still standing woman ». Elle veut retrouver force et dignité, joie et plaisir de vivre, tellement Floyd l’avait privé de tout ceci à force de coups et de propos dégradants, humiliants. Quitter l’homme qu’elle a chérit pendant si longtemps et si intensément n’est pas chose aisée. Pourtant le salut passe par là. Evident. Alors elle saute le pas. Mais où aller ? Elle ne sait. Septembre venu, elle décide de partir pour San Diego. Là-bas, son seul objectif, refaire sa vie, chasser les idées noires, et pourquoi pas retenter sa chance auprès de studios de cinéma ou à la télévision, jouer dans des séries. « Everything counts » se dit-elle. Donc toutes les opportunités seront bonnes.

Bientôt, après de multiples refus, comme serveuse dans les restaurants ou bars, ou donc dans les studios locaux, la chance va lui sourire. Un soir qu’elle prenait un verre dans un bar du centre ville, un homme l’aborde. Il se nomme John Sembello, la soixantaine, le teint bronzé, le cigare vissé aux lèvres. C’est un producteur de séries pour la télévision. Méfiante tout d’abord, elle le laisse pourtant engager la conversation. Il recherche des nouvelles têtes pour tourner le pilote d’une série policière, « Boogie down ». Il pense que Layla, vu son allure, sa prestance, pourrait incarner un des rôles importants. Ayant peu d’expérience, Layla hésite devant cette proposition, pourtant très alléchante, et qui lui sauverait la mise. Elle demande au producteur si elle peut y réfléchir l’espace de 24h. L’homme acquiesce positivement. Il glisse sa carte de visite. Ils conviennent de se téléphoner le lendemain à midi.

Après une nuit de réflexion, elle le rappelle comme convenu. La voix tremblante, mais très désireuse de ne pas rater cette chance que la vie lui offre, elle appelle le producteur et lui signifie qu’elle tient absolument à ce rôle, qu’elle est même prête à prendre quelques cours de comédie pour cela. Devant tant de volontarisme, John Sembello donna son accord. Layla, radieuse, voyait définitivement son avenir se dégager. Elle appela ses parents pour leur annoncer la bonne nouvelle et décida de sortir fêter cela en chantant à tue-tête « I’m a lucky star ».

Guillaume.

Il était une fois… 1982!


L’année de mes 15 ans! il s’en est passé des choses marquantes! A titre personnel, j’ai vécu mon premier concert de hard-rock au Pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne, après une attente sous un soleil de plomb. A l’affiche, un groupe de la NWOBHM (nouvelle vague du Hard-rock britannique, j’y reviendrai dans une prochaine série d’articles, patience!), à savoir Iron Maiden (« La Vierge de Fer »), à l’occasion de la sortie de l’album « Number of the Beast« , avec leur nouveau chanteur Bruce Dickinson, et en première partie, le groupe américain Blackfoot, mélange de rock et de blues sudiste, mené par le chanteur-guitariste Rickie Medlock. Année de coupe du monde de football qui se déroulait en Espagne, j’ai assisté dans un bar près de Millau, à la sublime autant que dramatique demie-finale entre la France et la RFA.

Après ce petit préambule personnel, 1982 fut aussi le théâtre d’évenements très importants tant en France qu’ailleurs dans le monde. En France tout d’abord, l’ISF est créé (impôt sur la fortune, qui sera transformé en impôt de solidarité sur la fortune en 1989, par Michel Rocard). Puis la 5ème semaine de congés payés, la loi sur la décentralisation, le vote d’un nouveau statut pour la Corse, le vote d’une ordonnance pour la retraite à 60 ans et le travail à temps partiel. Ensuite, dans le domaine de la société, les lois anti-homosexuels sont abrogées, et la majorité sexuelle est portée à 15 ans pour tous. Dans le domaine audio-visuel et culturel, l’émission « les enfants du rock » de Philippe Manoeuvre (Rock&Folk) et Antoine de Caunes, verra le jour, de même que « la dernière séance » animée et présentée par Eddy Mitchell (oui Laurent j’ai réussi à le placer !!).

La première édition de la fête de la musique aura lieu le 21 juin.
Ailleurs dans le monde, entre le 2 avril et le 14 juin, aura lieu guerre dite des « Malouines » entre l’Argentine et l’Angleterre.

En sport, le pilote suédois Keke Rosberg devient champion du monde de Formule 1, Bernard Hinault réalise le doublé Giro-Tour de France, Jimmy Connors, tennisman gaucher américain (que j’adorais voir jouer), remporte le tournoi de Wimbledon.
L’équipe de France perd en finale de la coupe Davis face aux Etats-Unis d’Amérique.
En musique, l’album « Thriller » de Michael Jackson sort au mois de décembre et va connaitre un succès sans précédent, devant le disque plus vendu au monde (25 millions d’exemplaires).
Côté cinéma, l’année 1982 a été riche en bons films, tant français qu’étrangers : « les fantômes du chapelier » de Claude Chabrol, « Garde à vue « de Claude Miller, avec Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider , mais aussi la « La balance » de Bob Swaim, avec Richard Berry et Nathalie Baye, « Tootsie » de Sydney Pollack, avec Dustin Hoffman, Jessica Lange, « E.T » de Steven Spielberg », mais aussi « Missing » de Costa-Gavras, ou « Yul » de Yilmaz Guney.
 Parmi les personnalités qui disparaissent cette année-là, on peut noter Romy Schneider, Patrick Dewaere, Curd   Jurgens, Ingrid Bergman, Grace Kelly, Jacques Tati, Maurice Biraud (cinéma), Louis Aragon, Philip K.Dick (littérature), Pierre Mendès-France (homme politique), Sonny Stitt (musicien de jazz).

Place à l’histoire inventée.

  Le nord de la France. Lille. Les années 80. Francis et Gérald, père et fils. Le père, écrivain public, le fils, en fin d’adolescence, dans un service culturel, entre musique et littérature. Francis écoutait Nougaro, Ferré, Brel, Ataualpa Yupanqui et j’en oublie. Gérald, lui, est plutôt branché chanson française option Eddy Mitchell, Véronique Sanson, mais aussi découvre le rock et le hard-rock, aux sons de Led Zeppelin, Deep Purple, Iron Maiden, Van Halen. L’amour du jazz viendra plus tard.

Dans cet univers de corons, entre maison de briquettes rouges écartées par des ruelles étroites, Gérald se fait des amis. Une grande bande se forme alors, révélant des caractères et personnalités diverses. Certains ont une âme d’aventuriers, l’un d’eux, fan de la blonde chanteuse Kim Wilde clamant sans cesse son rêve d’aller un jour voir le Cambodge. D’autres, amateurs de poésie, les mots permettant d’échapper à la grisaille du quotidien. D’autres encore, amateurs de boxe, ne rêvent que de gros combats et d’histoire à la « Rocky », en écoutant « Eye of the Tiger ». Une manière de vivre ou survivre pour tous.

De cette grande bande adolescente rêveuse à des lendemains meilleurs, à des futurs dorés, les filles ne sont pas en reste. Rosanna, Mathilde et Sarah, 3 amies, issues de la même école de quartier, ont davantage que juste une illusion pour leurs futurs respectifs. des certitudes. Rosanna se voit musicienne plus tard. Mathilde rêve de fouler les planches au théâtre, Sarah s’imagine à la tête d’un restaurant. 3 destinées diverses. Au fil des années qui passent, leur amitié se renforce jusqu’à devenir indéfectible. Aucune d’entre elle ne gardera le contact avec Gérald.

Francis et Gérald, se retrouvent pour partager des moments de sports télévisés tels le Tour de France, le tennis ou l’athlétisme. Francis, malgré la distance kilométrique, amènera d’ailleurs son fils alors tout jeune, voir chanter Paco Ibanez à Paris, dans les anciens abattoirs de la Villette. Plus tard, en 1984 ou 1985, père et fils iront au fameux meeting de Saint-Denis, où un jeune perchiste soviétique, Sergueï Bubka, va faire sensation, en titillant déjà les perchistes français, sur le toit du monde à cette époque, à savoir Thierry Vigneron, Philippe Houvion. Un moment magique pour Gérald. Un beau moment de connivence partagé entre père et fils.

En grandissant, Gérald n’a qu’une seule obsession. Sortir de ce décor quotidien tristounet. Il le sait, le sent, son avenir est ailleurs, loin. Avec ou sans ses ami.e.s du nord. Chacun sa route, chacun son chemin.
Son travail dans une structure culturelle locale, qui lui plaît totalement, il l’envisage davantage à Paris, ville de lumière (s), foisonnante culturellement. Passionné de musiques (jazz, rock, chanson française), Gérald a aussi développé une passion pour le cinéma grâce à des films vus très tôt comme « il était une fois dans l’Ouest », « Duel », l’univers de Chaplin ou les comédies italiennes avec Marcelo Mastroianni, Vittorio Gassman. Il est sûr que c’est à Paris qu’il pourra assouvir ses deux passions et un travail qui les relie.

Face à cette décision, Francis, se rappelle alors celle qu’il avait pris, au même âge, pour quitter ses études et se lancer notamment dans le théâtre, au désespoir de son paternel. Il lui lance simplement « comme toi », pour valider sa décision. L’adolescent va quitter le nid.

Un peu aventurier dans l’âme, Gérald, part donc à Paris, ville où, plus qu’ailleurs, chacun fait, fait, fait ce qui lui plait, par le premier train venu. Quelques sous en poche, un sac à dos rempli du strict nécessaire, pour commencer. Le grand voyage vers l’inconnu peut démarrer. Très vite Gérald, par l’entremise d’un ami d’enfance, retrouvé par hasard dans un café place de la contrescarpe, il déniche une chambre de bonne, en attendant mieux, pour se loger. Rassuré d’avoir un toit, il se lance dans la recherche d’un boulot.

Les annonces ne sont pas légion. Celles qui lui conviendraient encore moins. Après quelques semaines, il finit par dégoter un poste dans une bibliothèque (on ne disait pas encore médiathèque à cette époque pourtant pas si ancestrale 🙂 ). Ce sera documentaliste, à la bibliothèque André Malraux (« entre ici Jean Moulin.. « ). Il faut un début à tout. L’équipe qui l’accueille est très sympa. Loin des clichés liés au métier. Dynamique, rieuse, avec des projets en tous genres menés grâce aux moyens de l’époque.

Gérald se sait chanceux. Un jour, une lectrice franchit les portes de la structure. Regards croisés, coup de foudre immédiat. Elle se prénomme Julie. Brune d’allure élégante, yeux d’un bleu électrique, accent anglais, londonien. Famille d’intellectuels. Les sujets de conversations ne manquent pas, dans un franglais parfait qui amuse les deux tourtereaux.
Dès lors, après ses journées de travail, Julie et Gérald sillonnent Paris, Paname pour les amateurs d’argot, des rues du 6ème au Sacré Coeur qui domine Paris, de la Madeleine au jardin des plantes, du parc de Luxembourg à Châtelet, ils enchaînent les promenades, voyant parfois des Corvette Rouge passer. Gérald, éperdument amoureux, dit régulièrement à Julie « I can’t take my eyes of you ». Il lui fredonne aussi « Femmes je vous aime ». Elle est sous le charme. Julie, amatrice de rock, aime à entendre « Rock the Casbah », « The number of the beast », ou encore « Thriller ». Eclectique est son univers. Gérald se dit que Julie est la femme de sa vie. Un soir, alors que la journée a été pluvieuse, suivie d’une belle éclaircie, les deux amants se promènent sur les quais de Seine, à hauteur de la Conciergerie. L’endroit est beau, le jour décline joliment, le ciel enveloppe les derniers rayons de soleil. Attablés en terrasse, dégustant une belle salade, accompagnée d’une bière, ils sont surpris par un orage violent. Julie, loin de se démonter, entonne « It’s raining again ». Une façon comme une autre de passer ce moment délicat, Gérald est tout heureux d’entendre « sa » Julie chanter.

Un jour, Julie annonce à Gérald qu’elle doit retourner en Angleterre. Sans donner aucune explication. Depuis quelques temps déjà, elle se montrait un peu distante face à Gérald. Moins câline, plus sèche dans sa manière de s’exprimer. Gérald ne comprend pas ce brutal changement d’attitude de sa bien-aimée. Désemparé devant cette ultimatum aussi soudain qu’inattendu, il crie « Don’t go, please don’t go », « Do you really wnat to hurt me? »… « Do you really want to make to make me cry? »… Bien que voyant la tristesse de Gérald, Julie ne revient pas sur sa décision, irrévocable. Gérald n’a plus que ses yeux pour pleurer cet amour qui s’en va, cette histoire qui se termine. Décidé à ne pas se laisser abattre pas ce coup du sort, il se replonge dans le boulot. La mise en place d’actions culturelles de qualités lui fait du bien au moral. L’enthousiasme de l’équipe finit de le remotiver.

Il n’entendra plus jamais parler de « sa » Julie.

Gérald, qui reste optimiste face à la vie, se dit alors :  » Vivement 1983! ».

Guillaume.

Il était une fois … 1981!


1981 est une année charnière. En France d’abord, puisqu’au mois de mai, François Mitterrand sera élu président de la république. Son élection aura des conséquences importantes sur la vie des français en matière sociale, culturelle, économique. De la mise en place, l’année d’après, des 39 h, de la cinquième semaine de congés, en passant la loi de décentralisation, la mise en place de l’ISF, à l’abolition de la peine de mort, et au remboursement de l’IVG, sans oublier, la loi « Lang » sur le prix unique du livre, l’autorisation des radios locales privées, 1981 est un tournant. Ailleurs dans le monde, il faut retenir : en janvier, l’élection de Ronald Reagan qui succède à Jimmy Carter, comme président des Etats-Unis d’Amérique, ainsi que la libération des 52 otages américains retenus dans l’ambassade américaines à Téhéran. En février l’échec d’un coup d’état en Espagne. L’élection en mars du général Pinochet comme président du Chili, en avril le vol de la première navette spatiale américaine « Columbia » et en mai le décès après une longue grève de la faim de Bobby Sands, jeune opposant politique irlandais. L’assissinat du président égyptien Anour-el-Sadate, lors d’un défilé militaire, en octobre. La déclaration de l’état de siège en Pologne, par le général Jaruzelski, alors à la tête du pays.

Cette année-là, plusieurs personnalités disparaissent : Jean Nohain, animateur de radio et parolier, le chanteur-guitariste de rock américain Bill Haley, le boxeur Joe Louis ( qui avait combattu contre Marcel Cerdan), le chanteur jamaïquain Bob Marley, le réalisateur américain William Wyler ou encore le chef d’orchestre autrichien Karl Böhm, les réalisateurs français François Truffaut, René Clair, Abel Gance et Jean Eustache, le chanteur Georges Brassens.

Place à l’histoire inventée :

Printemps parisien. Je sors du cinéma, avec ma copine du moment, une brune au prénom de Bambou. Avec ses yeux étirés, je la surnomme parfois « Mademoiselle Chang ». Ce cinéma, situé sur les grands boulevards est un endroit magique, une salle énorme. Qui sert aussi pour des concerts, des comédies musicales. Mais là, c’est pour un film, que nous y étions. « Les Aventuriers de L’Arche Perdue », réalisé par Steven Spielberg, avec Harrison Ford (La Guerre des Etoiles….) en vedette. Le film  nous a beaucoup plu.
Décidant de nous promener vers Opéra, Bambou et moi sommes en mode confidences pour confidences. Complices. Un vertige de l’amour nous a envahi lorsque nous nous sommes rencontrés. Depuis, c’est une osmose aussi inexplicable que profonde qui nous lie. Lentement mais sûrement, nous déambulons vers la place de l’Opéra, puis nous orientons vers les quais, au niveau de la Concorde, en passant par la Madeleine.
La nuit tombante suit nos pas, comme un manteau doux sur nos épaules amoureuses. Dans l’air ce soir, flotte un parfum léger. Bambou ne se sépare jamais de son walkman (ça vous rappelle des souvenirs?) et de son petit casque. Arrivés en bas des Champs -Elysées, nous nous asseyons sur un banc. Ma chérie me dit alors : « Diego, te souviens-tu de ces chansons? « Start me up », « Every little thing she does is magic », « Waiting for a girl like you »?. Je souris en guise de réponse. Sans un mot, juste les yeux dans les yeux. Après ce doux moment musical, nous reprenons notre marche dans Paris et nos échanges.

C’est alors que Bambou me demande si je connais l’Irlande, le Connemara. Je lui réponds que non. Bambou évoque alors ce pays qu’elle adore.
Je lui connais une passion pour Rory Gallagher, U2, Oscar Wilde, George Bernard Shaw ou les comédiens Colin Farrell, Daniel Day-Lewis. A ses mots, je comprend alors que cela la décevrait profondément si je refusais de l’y accompagner. Face à sa détermination, et parce que je l’aime, je craque. Un sourire illumine son visage. Elle me dit alors que deux de ses amies, Kim et Barbara, qui sont allées là-bas en 1980, ont adorées. Leur compte-rendu de voyage l’a convaincu d’y aller dans un futur plus ou moins proche. A deux de préférence. Avec moi évidemment, même si pour le moment je résiste à cette idée.
La soirée avance, et nos corps marcheurs nous signalent que l’heure du ravitaillement est enfin venue. Nous trouvons une brasserie, nous y installons. Une serveuse aux yeux de Bettie Davies prend notre commande. Bambou et moi savourons ces instants, dans ce cadre chic, parfait pour roucouler ou accueillir des touristes du monde entier. Nous sommes heureux.

Décision est prise de s’en occuper dès demain, pour une possible virée dès l’été. A mon tour, je lui exprime des envies d’ailleurs, d’espaces. Elle le sait, je rêve des Etats-Unis, de m’y installer. Death Valley, Monument Valley, Grand Canyon, ces grands espaces me font rêver. C’est sans lié aussi aux westerns avec John Wayne, Gary Cooper ou James Stewart, que j’ai vu dans mon adolescence. Moi qui adore la nature à l’état pur, le silence. Comme le dit un chanteur français, je rêve d’être un homme libre. Un monde sans héros, sans chasseur d’or dans le coin. Juste le calme, les animaux sauvages, la sérénité.
Dans ce pays, grande ville ou bled paumé, la musique, omniprésente, est bonne. Jazz, blues, country, soul music, funk, rock, hard-rock sans omettre le rap bien sûr. De Louis Armstrong à Prince en passant par Robert Johnson, B.B. King, Johnny Cash, Gene Kelly, les comédies musicales, Aretha Franklin, Billie Holiday, Stevie Wonder, Harry Connick Jr. , Andserson Paak, Kendrick Lamar, Grover Washington, Van Halen, Aerosmith.
Pays de cinéma aussi, Hollywood, Orson Welles, Charlie Chaplin, Humphrey Bogart, Lauren Bacall, Clint Eastwood, Martin Scorsese, Robert De Niro. Bref j’en rêve.
Un pays où vivre son amour dans un endroit perdu au milieu des grands espaces doit être un plaisir total. Loin de tout. Ravitaillé par les corbeaux, comme on dirait en France. Voilà mon idéal de vie. Pour convaincre Bambou, la tâche sera rude, car elle a une âme de citadine.

Bambou et moi, outre donc l’Irlande, décidons de planifier un voyage américain pour 1982. Un pays où les gens sont sans filtres, disent tout haut ce qu’ils pensent, ressentent. Je murmure alors à son oreille : « So, dear, do you feel my love? »… Elle rougit, mais acquiesce. Les jours, les semaines, les mois qui suivent, au-delà de nos occupations professionnelles respectives, elle dans le marketing, moi dans la photo pour un magazine rock, nous réfléchissons à nous faire un avenir ailleurs, dans un autre bain culturel.

En murissant notre réflexion, la décision, commune, est précise, d’aller au pays de l’Oncle Sam, mais dans une contrée loin des grandes villes, grands centres touristiques que sont New-York, Los Angeles, Las Vegas, Chicago, San Francisco. Le sud, les bayous, les alentours de la Nouvelle-Orléans, nous attirent. Mais, après avoir encore retardé, approfondi notre décision, nous finissons par tomber d’accord pour le Colorado, ses grands espaces. Cheyenne Wells sera notre point de chute, notre lieu de vie, pas loin des déserts, pas très loin des montagnes non plus. En somme tout ce qu’il me faut, Bambou se rallie à mon envie profonde. Notre avenir se construira là.

Un basculement, que nous devrons annoncer à nos employeurs, familles, ami(e(s), chose qui s’avèrera parfois, faisant à l’étonnement, l’incompréhension, la colère parfois. Laisser une tranche de vie derrière nous. Ouvrir un nouveau chapitre de notre histoire à deux.

Pas simple mais nécessaire voire vital pour nous deux, tant la vie parisienne a fini par nous éreinter totalement, à nous « manger ». Encore 1 an à Paris, et nous traverserons l’Atlantique. Nous appellerons notre maison « Jessie » en hommage à une amie qui a disparue trop tôt.

« Vivement 1982! » se dirent-ils.

Guillaume.

Il était une fois… 1980!


Cette année-là, j’ai 13 ans… En pleines « années collège » avec les cours multiples, le goût déclaré pour les langues étrangères (anglais, espagnol), le plaisir des sports collectifs, la camaraderie, les soirées-boums, les premiers flirts (peu car j’étais très timide), le film « Blues Brothers » avec le duo magique James Belushi-Dan Aykroyd, réalisé par John Landis. Mais aussi le hard-rock, les sacs US, les badges en tous genres. Le monde, la société, tant en France qu’ailleurs, subissaient des mouvements, des changements parfois importants. Il y eu aussi quelques événements sportifs notables.

En février, l’ancien ministre de l’éducation nationale, Joseph Fontanet, est assassiné. l’Institut du Monde Arabe est créé. En mars, la romancière Marguerite Yourcenar, écrivain, est la première femme à rentrer à l’Académie Française. Bernard Kouchner créé Médecins du Monde. Avril est marqué par la foule conséquente (50.000 personnes) qui accompagne Jean-Paul Sartre lors de ses obsèques. L’été est marqué par 2 événements : Le concert de Bob Marley au Bourget devant 50.000 personnes et le décès de Joe Dassin (fils de Jules Dassin, cinéaste). A la rentrée, en septembre, l’émission « Le tribunal des flagrants délires » démarre sur France Inter. A sa tête, Claude Villers, et une bande de joyeux drilles parmi lesquels l’humoriste Pierre Desproges et le comédien Luis Rego. En octobre, l’horreur frappe à Paris, la synagogue de la rue Copernic subit un attentat qui fera plusieurs victimes. En décembre l’humoriste Michel Colucci, alias Coluche, présente sa candidature à l’élection présidentielle de mai 1981. Il est très vite crédité de 12,5% d’intentions de vote. Il se retirera à 1 mois de l’échéance électorale. Au plan sportif, c’est la 22ème Olympiade d’été qui est le fait marquant. Se déroulant à Moscou, en pleine guerre froide entre l’Union Soviétique et les Etats-Unis, l’édition est marquée par le boycott de plusieurs nations, sur fond d’invasion de l’Afghanistan par l’armée rouge, rendant cette olympiade peu intéressante. L’Allemagne de l’Ouest, la Norvège, la Corée du Sud, le Japon, le Canada, pays alliés des Etats-Unis, sont absents. De l’autre côté, ce sont 29 pays alliés de l’Union Soviétique, en majorité de cultures musulmanes, qui sont absents. Bernard Hinault devient champion du monde de cyclisme, sur un circuit autour de Sallanches, en Haute-Savoie.

Au rayon des morts célèbres cette année-là, on trouve Gaston Nencini (cycliste italien), Bon Scott (chanteur ACDC), Roland Barthes (écrivain, critique français), Jesse Owens (athlète noir américain, qui fut le premier à gagner 4 médailles d’or lors des JO de 1936, à Berlin, devant le régime hitlérien, mettant à bas son précept de supériorité de la race blanche). Romain Gary (écrivain), Jean-Paul Sartre (écrivain, philosophe), Pascal Jardin (écrivain), Alfred Hitchcock (cinéaste), Henri Miller (écrivain américain, mari de Marylin Monroe), Peter Sellers (acteur anglais), Patrick Depailler (F1), mais aussi Tex Avery (créateur de personnages tels que Daffy Duck, Bugs Bunny, Droopy), Bill Evans (pianiste de jazz), John Bonham (batteur du groupe Led Zeppelin), Steve Mac Queen (acteur américain), Raoul Walsh (cinéaste américain, réalisateur de westerns).

Place à l’histoire inventée.

Le Connemara, en été. Ses lacs, ses rivières, ses forêts. Sa ville principale, Galway. Une bande potes, Michael, Barbara, Stevie, Eddy, David, Kim et Cindy décident de partir à l’aventure, pendant 15 jours, en camping-cars loués, découvrir la beauté sauvage de cette région, mais également pour se régénérer. Ils ne vont pas être déçus. Entre les pubs, les troupeaux de moutons, les routes étroites, et les tourbières qui se dressent parfois dans les champs, ils vont avoir de quoi satisfaire leur curiosité. Tout comme d’apprécier l’hospitalité et la chaleur des irlandais(e(s). Ce club des 7, c’est pas le genre à faire la bronzette pendant des heures. Cela tombe bien, car la région ne s’y prête pas. Eux, qui aiment à se contenter de peu, vivre quasiment en autarcie, apprécient de s’isoler, au sein de la mère Nature. L’idée? Se recentrer. Se retrouver. Se tester aussi à l’état presque primitif. Ecrire une autre histoire, un nouveau chapitre de leurs vies personnelles, au coeur de ce partage collectif.

Oubliées les nuits de folies, les vertiges de l’amour, l’heure ici est aux doux rêves , aux nuits magiques dans ce décor paradisiaque. Au sein du groupe, deux personnalités se détachent : Eddy et Kim. Lui, pour son autorité, son sens de la cohésion de groupe. Il écrit souvent à sa belle en lui rappelant aussi souvent que possible qu’il est totalement « morgane d’elle ». Elle, pour sa ténacité, son sens de l’organisation. Son univers musical se résumait à Bruce Springsteen, « The Boss from New-Jersey ». Une troisième personne est importante dans ce groupe : Cindy, l’infirmière. A ses heures perdues véritable groupie d’un célèbre pianiste de jazz qui avait la particularité de jouer debout. Les quatre autres, Michael, amateur de musique soul, surnommé « Master Blaster », ne se sépare jamais de sa guitare et de son harmonica. Barbara, amatrice de comédies musicales américaines et femme amoureuse, aux yeux couleur menthe à l’eau, a laissé son conjoint à New-York. David, dandy anglais aux cheveux blonds, porté sur le cinéma et la pop anglaise, avaient toute leur place dans ce groupe. Stevie, fan d’ACDC, amateur de banana split et lecteur assidu de Tennessee Williams, lui, était l’amuseur et le cuisinier de la bande. Son rituel était d’ailleurs d’écouter au casque la chanson Hell’s Bells, quand il était aux « fourneaux ».

Pour mener à bien leur projet de voyage au plus près de cette nature irlandaise qu’ils découvraient, les joyeux drilles avaient donc loué 2 camping-cars aménagés. Mais ils s’en servaient uniquement pour la route. Le soir, ils établissent un camp de base, en pleins champs, dès que l’endroit où ils arrivent leur semble agréable, plantant leurs tentes et allumant un foyer pour la cuisine et la veillée où se mêlaient chansons, discussions en tous genres sur des sujets aussi variés que « qu’est ce que le besoin pour un être humain », « Tout le monde a besoin d’apprendre ».

Un soir, pour se changer les idées, la petite troupe décide de se rendre à Galway, ville importante non loin de leur camp de base. Ils atterrissent au « Dancer in the Dark’ s Bar ». Un grand bar-restaurant, avec une scène ouverte au musiciens amateurs qui souhaitent faire le boeuf. Le bar s’appelle ainsi car le patron, William O’Leary, solide gaillard au physique de 2ème ligne de rugby, adore Bruce Springsteen, qui a des origines irlandaises. Une aubaine pour Kim et Michael. Avec Stevie, Eddy, Barbara, David et Cindy, ils prennent place à une grande table. Autour d’eux l’ambiance est bon enfant, joyeuse, bien aidée par la consommation de quelques pintes de bières locales. Les chants se font de plus en plus présents. Surtout le fameux « Dirty Old Town« , mais également « Pay me my money down » ou encore « Old Dan Tucker« . Sur scène, quelques musiciens du coin, ou habitués à chauffer l’ambiance, prennent place. La salle se fait moins bruyante, d’un coup. Place à la musique, qui fait très vite remonter l’ambiance. Nos joyeux voyageurs sont ravis de partager ce moment festif. La prestation dure 45 minutes, à la fin desquelles, Kim et Michael s’approchent du bar, demandant à voir le patron, William O’ Leary. D’une voix timide et dans un anglais approximatif, Kim demande si Michael et elle peuvent monter sur scène pour chanter-jouer quelques chansons. Curieux de voir ce que ça va donner, le patron les laisse s’installer.

Timidement, micros réglés, ils entament une chanson française où il est question de « voyage », puis devant l’intérêt que semble manifester l’assistance, ils continuent en piochant dans le répertoire d’un groupe suédois bien connu, avec « Gimme gimme gimme », puis « the winner takes it all ». Rassurés par l’attention que leur porte le public présent, Kim et Michael, avec l’assentiment du patron, enchaînent leurs reprises, avec surtout « Video killed the radio stars » du groupe « Buggles« . Pour terminer leur petite tour de chant, les deux amis choisissent un morceau dansant, entraînant, dont le titre invite à se lever avant de partir. Le groupe auteur de ce morceau, un duo anglais, permettra à l’un de ses membres par la suite de se lancer dans une carrière internationale à succès pendant près de 30 ans, jusqu’à son décès le 25 décembre 2016 (vous avez trouvé?).

Après ce petit tour de chant et ce succès d’estime devant un public davantage habitué au gigs irlandais, Kim et Michael vont remercier le patron, William O’Leary, rejoignent leurs ami(e(s) attablé(e(s), et la petite troupe décide, une dernière bière avalée prestement, de rentrer au camp de base, en pleine nature.

Deux jours après cette soirée à la tournure inattendue, Michael reçoit un appel de William O’Leary. Celui-ci, charmé par le talent du duo, leur propose de revenir 2 soirs, avant qu’ils ne terminent leur périple irlandais. Etonnés mais heureux de la proposition qui leur est faite, Kim et Michael acceptent avec joie. D’autant que William O’Leary leur promet quelques subsides en contrepartie. « Ca serait possible mercredi et vendredi ? » demande William. « Parfait. Merci beaucoup! thank you so much! » répondent Kim et Michael en choeur . La nouvelle, annoncée au reste de la bande, rend l’atmosphère et la tournure du voyage des plus légères.

En attendant de profiter joyeusement de la scène les deux soirs convenus, Kim Michael et le reste de la bande, s’en vont se balader entre lacs et montagnes, roulant sur des routes sinueuses parfois encombrées de troupeaux de moutons, s’arrentent aux pieds de cascades d’eau superbes,ou marchent à travers les champs, seulement délimités par les fameux petits murs en pierres. Un détour par le lac Mask s’impose. Grand, majestueux, offrant des recoins et vues superbes, il est aussi un lieu de pêche prisée. Stevie, Barbara et Cindy décident de se poser en un endroit qu’ils jugent propice à la pêche, improvisent des cannes à pêche, et passent plus de 2h à attendre que ça morde. San succès!Le reste du groupe est à l’écart sur la berge, en pleine discussion.

Le mercredi soir, retour au « Dancer in the Dark’s Bar ». le public est plus nombreux que la fois précédente. La prestation se passe bien pour Kim et Michael, qui entonne « Dancing in the Dark », puis continuent avec « Johnny and Mary », mais aussi « comme un avion sans aile » ou « Je te promets », tubes du répertoire français. Ils finissent enfin par le bien nommé « The final countdown », un tube du moment. Le public est ravi. Les tournées de bières s’enchaînent. O’Leay, comme promis par téléphone, leur verse une somme qu’ils jugent très correcte. Ils le remercient. « Rendez-vous vendredi » dit O’Leary au jeune duo. « Yes, sure », répondent-ils. Vendredi, dernier concert et dernier soir en terre irlandaise, tout se déroulera au mieux. Même répertoire devant un public désormais conquis et dans une ambiance des plus festive et chaleureuse. Un final en apothéose pour la troupe! Le lendemain, retour à Dublin pour rendre les camping-cars et prendre l’avion.

Ces 15 jours auront été un rêve pour tout le groupe. L’an prochain, cap au nord, vers la Finlande, se promettent-ils!

Vivement 1981 donc!

Guillaume.

Il était une fois … 1979!


En Janvier, en France, René Monory, ministre des Finances, annonce la libéralisation générale des prix. Une loi est sur l’attribution aux partenaires sociaux de la gestion de l’indemnisation du chômage. Le mois suivant, des historiens s’associent et se mobilisent contre le négationniste Robert Faurisson (décédé en 2018), qui niait farouchement l’existence des chambres à gaz pendant la guerre 1939-1945. En avril, le magasine « Gai Pied » voit le jour. Juin voit la France céder le paquebot « France« , fleuron de la technologie navale de luxe, à un armateur norvégien. Il deviendra le « Norway ». Michel Sardou en fera une chanson « Le France« . Le 14 juillet, Jean-Miche Jarre réunit 1 million de spectateurs à la Concorde. En septembre, Jacques Chirac, maire de Paris, inaugure le Forum des Hallles. Robert Boulin, ministre du Travail, est retrouvé mort dans la forêt de Rambouillet (circonstances exactes non élucidées encore à ce jour!). En novembre, « Actuel », magazine culturel fondé par Jean-François Bizot, présente une nouvelle formule. Jacques Mesrine, ennemi public n°1 est assassiné par la police.

Au plan sportif, 1979 est une année marque par une première historique en alpinisme : L’ascension du K2, à plus de 8000 mètres d’altitude, dans l’Himalaya, sans bouteille d’oxygène, par Reinhold Messner. En athlétisme, l’anglais Sebastian Coe, devient recordman du monde du 800 mètres. L’italien Pietro Mennea en fera de même sur le 200 mètres. C’est aussi l’année qui voit naître le rallye Paris-Dakar, inventé et dirigé par Thierry Sabine. Le motard Cyril Neveu sur Yamaha et les frères Marreau sur Renault 4 en seront les premiers vainqueurs. En juillet Bernard Hinault remporte son deuxième Tour de France. En football, pendant que le RC Strasbourg devient champion de France, le FC Nantes et son capitaine emblématique Henri Michel (décédé en 2018), remportent la coupe de France face à l’équipe d’Auxerre, entraînée par Guy Roux.

Au cinéma, des films comme « Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola avec Marlon Brando, « Manhattan« de Woddy Allen, mais aussi « Alien,le 8ème Passager« , avec Seagourney Weaver, « Série Noire » d’Alain Corneau, avec Patrick Dewaere, ou encore « Monthy Python, Life of Bryan », « Buffet Froid » de Bertrand Blier, avec Bernard Blier, Jean Carmet et Gérard Depardieu, « Les Bronzés », « Le Tambour », « Kramer contre Kramer », avec Dustin Hoffman et Merryl Streep, marqueront fortement cette année-là.

Cette année-là des personnalités s’en vont, telles que la comédienne Jean Seberg, le romancier-écrivain-journaliste et auteur du fameux « chant des partisans » Joseph Kessel, le réalisateur américain Nicholas Ray (« La fureur de Vivre », avec James Dean ; « Johnny Guitar »avec Joan Crawford), l’acteur américain John Wayne, le composisteur de musique de film italien Nino Rota, l’acteur Paul Meurisse, les musiciens Sid Vicious (Sex Pistols), Ray Ventura.(avec qui débuta un certain Henri Salvador). Place à l’histoire inventée.

John a 20 ans en 1979. A la maison, l’éducation qui lui est appliqué ne lui convient pas. Trop stricte. Trop rigide. Lui rêve de liberté, d’espaces, d’indépendance. Il a un ami, Shane, qui compte s’engager dans la Navy. S’entendant comme larrons en foire depuis le temps qu’ils se connaissent, et désireux de ne pas se quitter, John décide alors de tout plaquer, famille, ami-e-s, habitudes, pour s’engager avec son ami, et servir son pays.

Très vite, passées les visites médicales requises et reçus les paquetages destinés à chacun, les voilà à bords de l’un des nombreux porte-avions de la 7ème flotte américaine, le « Supertramp ». Ils partent pour une mission de très longue durée, plusieurs mois au minimum. Leurs sentiments, à cet instant : se sentir enfin vivants, leurs destins partagés entre leurs mains, liés désormais à ceux des 800 autres marins qui vivent sur ce porte-avions. Jeunes matelots, John et Shane sont affectés à des tâches peu reluisantes : corvée de cuisine, nettoyage des chambres, des toilettes, bref, un bizutage en bonne et dû forme. Du « Hot Stuff  » pour démarrer leurs vies de matelots américains. Très vite les deux compères se lient d’amitié avec leurs camarades d’unité et ainsi oublient ce sentiment commun à tous les marins, appelé le « longway home »… loin de chez soi, solitude…. mais c’est leur choix, leur volonté! John et Shane laissent derrière eux ces années passées à écouter « ring my bell », « boogie wonderland », « gimme gimme gimme » et bien d’autres morceaux dont ils partageaient la qualité. Eux qui rêvaient de parcourir le monde, les voilà qui traversent les océans, « sailin’ over the oceans » diraient nos cousins américains.

Passées quelques semaines, leur dévouement ayant été repéré par leurs supérieurs, John et Shane se voient proposer, pour le premier d’être affecté à l’appontage-décollage des avions, l’autre au garage et à l’atelier de maintenance des engins embarqués. Les compères, fiers, les yeux grands ouverts, découvrent enfin le vrai monde pour lequel ils ont toujours rêvé d’embarquer, avec l’impression de marcher sur la Lune, alors qu’ils naviguent sur les flots, direction le grand sud pacifique, les eaux chaudes. Ils découvraient que la Navy est une famille, ce que répétaient à l’envi leurs camarades d’aventures : « Qu’est-ce que vous croyiez…. »We are Family »… haut et fort, comme pour se convaincre un peu plus chaque jour passe. Avec ses codes, ses usages, sa « mécanique » particulière. Et un sens de la hiérarchie évidemment, auquel il est interdit de se dérober.

Au bout de quelques semaines à bord, Shane, ancien danseur professionnel, homme violent ayant séjourné dans un pénitencier fédéral, s’est embarqué sur un coup de tête. Il commença à ressentir l’absence, le manque de présence, de contact, avec sa douce Sherryll, une belle brune aux yeux verts, grande et sportive comme lui.

C’est par ce biais qu’ils s’étaient d’ailleurs rencontrés. Il lui écrivait des lettres quotidiennes, remplies d’un peu de son amour parti voguer les mers, afin de ne pas rompre ce cordon qui les relie. « I wanna be your lover » lui répétait-il sans cesse, écrivant tous les projets qu’il avait envie de mener avec elle. Ses « I was made for lovin’ you » lancés comme des bouteilles à la mer, avec l’espoir que le message, toujours, sera bien reçu, perçu, et que là où elle l’attend désormais, Sherryll lui conserve tout son amour pour son retour.
Au début, Sherryll, depuis la terre ferme, prenait soin de répondre à chaque lettre de son chéri. Comme pour lui dire qu’elle ne l’oublie pas, qu’il est bien présent dans ses pensées au quotidien. Puis au fil des semaines, elle espace ses réponses, leur contenu devenant moins enflammé. Elle se lasse tout simplement de cette routine épistolaire. Tout comme son amour pour Shane s’étiole. Elle décide de ne pas attendre le retour à terre de Shane pour lui signifier la fin de leur idylle. Elle lui fait parvenir une ultime missive pour l’en avertir. Pour le danseur qu’a été Shane, c’est comme si le sol se dérobait là sous ses pieds… l’avalant vers un trou noir dont il ne ressortirait pas vivant. Un cauchemar. Désormais seul, il va devoir repenser sa vie, se reconstruire, maintenant que Sherryll n’en fait plus partie.

Garçon au caractère moins tourmenté et moins agressif que Shane, John parti sans femme laissée à quai, cultive une forme d’insouciance juvénile, tout en apprenant et scrutant avec application les rouages de son nouveau métier. Ca le passionne. Il avait trouvé sa voie. Son avenir, désormais, sera de faire carrière dans la marine américaine, en y poursuivant des études afin de devenir officier pour être affecté de nouveau sur un porte-avions ou mieux, sur un sous-marin. Bien qu’écrivant de temps en temps à sa famille qu’il avait quitté fâché, il n’en reçoit que peu de réponses. Loin des yeux… loin du coeur dit le proverbe!…Mais il s’en moque éperdument. Sa nouvelle vie, qu’il s’est choisi, lui offre des perspectives réjouissantes. Cela suffit à son bonheur.

Shane et John, bien qu’amis, voyaient leurs futurs s’écrire différemment. Les mois suivant, passés sur les flots, vers le sud, allaient confirmer cela. La bête blessée, endormie au fond de Shane allait hélas se réveiller. Quant à John, la vie ne serait qu’un grand soleil… « Vivement 1980 ».

Guillaume.

Il était une fois… 1978!


L’un des faits marquant  de l’année , tant politiquement que sportivement, sera le déroulement de la coupe du monde de Football en Argentine, alors théâtre d’une dictature sanglante dirigée par le général Videla (également la première dont je regarde certains matches, même tard le soir). Au plan international,  les accords de paix signés à Camp David entre Egypte et Israël, avec les Etats-Unis comme témoin, via la présence du président Jimmy Carter, vaudront à Anouar El Sadate et Menahem Begin le prix Nobel de la Paix cette année-là. En Algérie, 5 entreprises pétrolières françaises sont nationalisées. Au Sénégal, Léopold Sedar Senghor est réélu président pour la 5ème fois. En afrique du Sud, le nouveau premier ministre, Pieter Willem Botha, provoque un évènement en signant la reconnaissance officielle des syndicats de travailleurs noirs. Au Mexique, à Mexico, des ruines de temples aztèques sont retrouvées. En Europe, c’est l’Italie qui retient l’attention. D’abord avec l’enlèvement puis l’assassinat par les Brigades Rouges du leader de la démocratie chrétienne Aldo Moro. En Août, le Pape Paul VI décède, il est remplacé par l’Evèque de Venise, devenu Jean-Paul 1er, qui décèdera 33 jours après. En Octobre, c’est alors l’archevèque de Cracovie, Karol Wojtila, qui lui succèdera, sous le nom de Jean-Paul II. Il règnera jusqu’en 2005, et sera canonisé en 2014. Outre les noms précités, d’autres personnalités, issues des arts et du sport disparaissent : Les chanteurs Claude François et Jacques Brel, le comédien Charles Boyer, le navigateur français Alain Colas, à bord de son immense bateau à 4 mats Manureva (son destin inspirera une chanson à Alain Chamfort : « Manureva« ), pris dans un cyclone lors de la première route du Rhum. En France, en janvier la loi « Informatique et liberté » est adopté par le parlement. En Février, le Parti UDF, est fondé par Jean Lecanuet. Le ministre Roubert Boulin, est retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet (le mystère demeure toujours 40 ans après sur les circonstances réelles de son décès).

Voilà pour le décor de l’année. Place à l’histoire inventée :

C’était en septembre. Un groupe de musique, nommé les Sultans du Swing, débarqua aux Etats-Unis, à Los Angeles. Bizarrement, malgré leur nom, ils étaient origines de Copacabana, quartier de Rio de Janeiro, célèbre pour sa plage. Le leader du groupe s’appelle Tommy Gun, en hommage à un groupe de rock anglais. Grand gaillard au visage taillé à la serpe, et chanteur à la voix rauque, Tommy avait convaincu ses camarades de le suivre dans ce grand pays, pour retrouver sa meilleure amie, une dénommée Eruption. Il n’avait qu’un vague souvenir de sa dernière adresse, en colocation avec une certaine Roxane, fille de policiers. Roxane et lui s’étaient laissé sur un quai de gare, 10 ans plus tôt. Si Tommy avait eu du mal à accepter cette rupture, Roxane, elle, était parvenue à l’oublier. Le vrai but de Tommy, à travers ses retrouvailles avec Eruption, est donc de renouer le lien avec Roxane. Los Angeles, est une ville multiple, où tout est possible.

Pour lui, les concerts donnés avec son groupe au « Hustler Casino », repère de la pègre locale et de tous les hommes d’affaires en mal de sensations fortes en tous genres, n’étaient qu’un moyen de se distraire, de faire rentrer la money pour alimenter le trajet qui le mènerait pensait-il, à Roxane. « I love America », c’est son leitmotiv. Il se persuade ainsi que cela l’aidera à retrouver la trace de sa bien-aimée, en s’adressant aux gens qu’ils croisent, route faisant. Un soir, après un concert, il s’installe seul au bar du « Hustler Casino », laissant ses acolytes à leurs occupations, certains aux machines à sous, d’autres aux tables de jeux. Lui préfère noyer sa solitude et ses tourments dans les vapeurs d’alcools qui ne manquent pas de se présenter à lui. Le mélange est de rigueur. Lui viennent alors en tête des chansons qu’il chantait avec Roxane, et sur lesquelles ils bougeaient leur corps : « Rivers of Babylon », « Rasputin », « YMCA », « You make me feel », ou encore « Hold the line » et « Da ya think I’m sexy »… parmi tant d’autres. Dans les hauts-parleurs situés juste au-dessus du bar, la voix de Robert Palmer, crooner anglais, résonne d’une chanson qui va bien avec l’ambiance feutrée du lieu.

Cette quête de Roxane, pour Tommy, c’est un peu comme une dernière danse, un combat contre ses démons, disputé désespérément contre sa solitude qui chaque jour qui passe le mène, bien encadré par la possibilité d’excès en tous genres et de consommations de produits maléfiques qui le détruisent, le consument intérieurement, vers une issue fatale. Une course avec le Diable. Dont chacun sait que personne ne la gagne jamais.

Au matin d’une journée qui s’annonce encore une fois très chaude dans cette ville de Californie, la chambre occupée par Tommy résonne d’un silence étrange. La fenêtre est entrouverte, le rideau dansant au gré du vent chaud qui s’engouffre dans la pièce. Soudain, le room-service frappe à la porte, amenant le petit-déjeuner que Tommy avait pris l’habitude de faire monter dans sa chambrée. Mais à l’annonce, aucune réponse.Une, deux fois. Rien, silence. Et pour cause. Tommy dormait, à même le sol, d’un sommeil définitif, provoqué sans doute par l’excès de tous les ingrédients dont il a chargé son corps depuis des années. Son corps a dit stop. Dans un dernier sursaut, puis il a lâché. La voix de Tommy ne résonnera plus sur la scène du « Hustler Casino », et Roxane ne saura jamais qu’il était parti à sa recherche.

Guillaume.

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