Archives de Catégorie: L’histoire d’une chanson

Du Boléro de Ravel à What now my love.


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Quand Maurice Ravel, grand compositeur de musique classique, a écrit son fameux « Boléro », il était évidemment très loin de se douter que plusieurs décennies après, sa musique servirait de base à Gilbert Bécaud pour écrire sa fameuse chanson « Et maintenant », qui sera elle même transformé pour le crooner américain Franck Sinatra (l’un des très nombreux interprète de ce tube mondial, vous verrez les autres dans la playlist en fin d’article), sous le titre « What now my love ».

Tout commence donc à l’automne 1928, lorsque Maurice Ravel, compositeur français de musique classique, se décide à écrire un boléro, qui est à l’origine une musique de ballet pour orchestre en Ut majeur. Cette musique possède un thème principal répétitif, entêtant, par celles et ceux qui l’écoutent, encore aujourd’hui. C’est aussi devenu un morceau de musique travaillé au collège pour les élève de 6ème et 5ème, j’en parle par expérience personnelle). Cette oeuvre sera créée le 22 novembre 1928 à l’Opéra Garnier, avec la danseuse russe, Ida Rubinstein. Ce morceau de musique deviendra par la suite un « classique », l’oeuvre étant jouée partout dans le monde, sous plein de formes différentes.

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En 1961, Gilbet Bécaud, suite au hasard d’une double rencontre dans un avion avec une jeune femme, Elga Andersen, partie se marier, et retrouvée le lendemain, effondrée de tristesse, qui lui confiera « Et maintenant qu’est-ce que je vais faire? », composera les premières mesures de ce qui deviendra la chanson « Et maintenant », sur la quelle une caisse claire sera jouée au rythme d’un boléro qui évoque fortement celui de Ravel. Le parolier Pierre Delanoë (auteur de plus de 5000 chansons pour des artistes tels que Michel Sardou, Edith Piaf, Juliette Gréco, Michel Fugain, Michel Polnareff, Gérard Lenorman, Joe Dassin, Hugues Aufray, et beaucoup d’autres…), se chargera de trouver les paroles de la chanson. Dès sa sortie, la chanson devient un tube en France. Des chanteurs français tels que Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Charles Aznavour en donneront des versions assez remarquables grâce à leurs qualités d’interprétations.

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A l’étranger, ce titre, dans un premier temps, va connaitre un triomphe aux Etats-Unis, par le biais d’une adaptation en anglais dont les paroles sont signées Carl Sigman, sous le titre « What now my love? ». Dès lors, des artistes aussi célèbres et chantant dans des registres aussi divers allant du rock à la soul-music, du jazz, mais aussi issus de la country-music (Elvis Presley, Ben E. King, Franck Sinatra, Sarah Vaughan, Willie Nelson… parmi beaucoup d’autres) vont donner un retentissement nouveau au titre issu de la collaboration Delanoë-Bécaud.

Aimant beaucoup le jazz, et surtout Franck Sinatra, j’ai un gros faible pour sa version magnifique de ce titre. La magie de ce chanteur était qu’il avait, outre un sens du rythme absolument impeccable, un timbre vocal qui lui permettait de s’aventurer dans tous les genres. Un acrobate vocal. Un chanteur inégalé. Mais d’autres, telles Sarah Vaugahn, Aretha Franklin, Dakota Stanton, Judy Garland, y appportent cet indéfinissable touche personnelle, ce style vocal personnel qui donne à leur version un charme sans pareil. Chez les hommes, que dire de Ben E. King, de l’inattendue version de Roy Orbison (l’auteur de « Pretty woman« , plus tard repris par le groupe Van Halen), sans parler évidemment de la superbe interprétation du King Elvis Presley, pourtant très malade au moment où il chante cette chanson.

Comme vous le constaterez en parcourant la playlist ci-dessous, le boléro de Ravel, a traversé le temps, les modes musicaux, et trouvé des interprètes aussi inattendus que majeurs pour perpétuer cette musique, qui dans un premier temps avait été adopté par Gilbert Bécaud, et devenir malgré lui un titre qui traverse le temps. L’expression « La musique est un art intemporel, universel », n’a jamais aussi trouvé sa justification.

Je vous laisse découvrir la playslist. Le bonheur est au bout de l’écoute.

Guillaume.

L’histoire d’une chanson: Eleanor Rigby


Voilà une chanson dont j’aurais pu parler dans “Nos samples rendez-vous”, mais il me semblait plus intéressant d’en faire un nouveau volet de “L’histoire d’une chanson” car c’est vraiment l’un des mythes de l’immense discographie des Beatles et elle a été reprise par un nombre d’artistes incalculable.

Qui est en réalité cette Eleanor Rigby? Ca a torturé les fans des Beatles pendant un moment et du coup, plusieurs théories ont émergées, a t-elle été réelle? Est-elle sortie tout droit de l’imagination de Paul McCartney? C’est cette dernière qui a été validée par l’intéressé après plusieurs années de débats entre les Beatlemaniacs.

C’est en 1966 que la chanson sort sur le septième album de nos quatres garçons dans le vent, mais en réalité, ça faisait un moment déjà que cette mélodie trainait dans la tête de McCartney, le premier vers aussi, cette femme qui ramasse le riz dans les églises après les mariages, cette femme, ce n’est pas encore Eleanor, au départ, Paul McCartney l’appelle Daisy Hawkins. Il insiste pendant un temps, mais ça ne lui convient pas, ça ne semble pas crédible et cette Daisy lui paraît trop jeune pour ce genre de vécu, il décide donc de la vieillir et de lui donner un autre prénom et opte pour Eleanor, l’actrice Eleanor Bron avec qui il partage l’affiche de “Help” qui lui aurait donné l’idée. Reste le nom de famille… L’histoire dit que le nom Rigby lui serait venu d’un négociant de vin de Bristol, “Rigby & Evens Ltd, Wine & Spirit Shippers”, nom et prénom avait une bonne sonorité et lui paraissait mieux adapté pour cette femme isolée, d’un certain âge et qui évoque cette solitude mélancolique, forcément Daisy, c’était un peu trop sexy pour cette situation.

A ce stade, le texte avance bien avec l’aide de Pete Shotton et John Lennon, nous est introduit un nouveau personnage, le père McKenzie, qui était au départ le père McCartney, le chanteur ne voulait pas qu’on confonde avec son véritable père, il a donc décidé de modifier le nom, mais garda la même consonance. C’est ce révérend qui officie dans l’église ou Eleanor et qui, lui aussi est affecté par la solitude, il écrit des sermons que personne n’écoute et passe ses soirées à repriser ses chaussettes. La rencontre entre ces deux personnages se fera lors du dernier couplet ou Eleanor décède et c’est le père McKenzie qui l’enterrera, oui c’est pas très gai tout ça et c’est un vrai tournant dans la carrière des Beatles, qui étaient à la base bien plus pop et plus fun que ça.

Pour coller à ce texte, ils leur fallait une mélodie qui prenne un peu aux tripes et la guitare acoustique de McCartney n’aurait pas suffi et c’est la qu’interviendra George Martin, producteur historique des Beatles, qui va y ajouter des violons et des violoncelles, en s’inspirant des musiques de films d’Alfred Hitchcock.

Le résultat est tout simplement géniale et elle inspirera de nombreux artistes, très variés, de Ray Charles à Alice Cooper, en passant par Tété ou Talib Kweli, tous les styles sont touchés et la playlist à suivre n’en est qu’une petite illustration.

 

Laurent

L’histoire d’une chanson: A gajota de Ipanema


Chose promise, chose due ma chère Michèle, j’ai trainé mais je vais m’essayer à ce petit exercice qu’est l’histoire d’une chanson et loin de mon univers musical habituel, je vais plutôt pencher pour la Bossa Nova avec la fameuse fille d’Ipanema.

J’ai entendu l’histoire de ce classique lors de mon voyage à Rio il y a quelques années de ça et j’ai été saisi par le fait qu’une anecdote aussi banale ait pu donner naissance à un tel mythe de la musique.

Août 1962, Tom Jobim et Vincius Da Moraes ont leurs habitudes au “Veloso”, un bar restaurant en face de la plage d’Ipanema à Rio De Janeiro, plusieurs jours durant, ils contempleront la beauté d’une jeune carioca qui emprunte cette route pour aller de chez elle à l’école. Subjugués et inspirés par leur nouvelle muse, ils décident d’en faire une chanson.

Les paroles de Da Moraes et la musique de Jobim sera jouée pour la première fois dans un club branché de Copacabana, “Au bon gourmet”, ils seront accompagnés par Joao Gilberto et les Os Cariocas.

C’est les débuts de la Bossa Nova et le morceau est connu un peu partout dans les endroits branchés de Rio, mais ne connaît pas de version studio avant 1964 et sa traduction en Anglais par Norman Gimbel pour l’album Getz/Gilberto, avec la voix d’Astrud Gilberto, la femme de Joao. Le titre et l’album sont un succès immédiat et reçoivent un Grammy l’année suivante.

Les auteurs de la chanson révèleront le secret de celle qui les a inspirés : Heloísa Eneida Menezes Paes Pinto et lanceront du même coup sa carrière, elle deviendra mannequin, puis styliste, mais restera à jamais la fille d’Ipanema.

Depuis, le bar “Veloso” a été renommé “A gajota de Ipanema” et c’est une adresse que je vous recommande vivement si vous avez l’occasion de passer par là. Vincius Da Moraes a donné son nom à l’ancienne rue Montenegro, où vivait “Helo Pinheiro”, la fille d’Ipanema. La chanson elle, sera reprise de nombreuses fois comme en témoigne la playlist ci-dessous.

Laurent

L’histoire d’une chanson : L’été Indien


Tous les ingrédients pour faire un slow d’enfer sont là : la nostalgie d’un amour, la langueur de la mélodie, un refrain lancinant, un chorus de trompette et la voix suave et virile de Joe Dassin.

Tout commence en 1974 avec un tube italien Africa du groupe Albatros composé de Salvatore « Toto » Cutugno et de son complice  Vito Pallavicini.  Cette chanson racontait l’histoire d’un homme qui encourage ses frères à le suivre pour retrouver leurs racines africaines. C’est Toto Cutugno qui eut l’idée de le proposer à Claude François. Mais à la suite de rendez-vous manqués, l’affaire se conclut chez CBS avec Jacques Plait, le directeur artistique de Joe Dassin.

Ce sont Pierre Delanoë et Claude Lemesle à Deauville qui écrivirent les paroles, inspirés par l’expression américaine Indian Summer. La musique fut enregistrée à Londres, Bernard Estardy prit en charge l’enregistrement des voix au studio CBE.  Joe Dassin eut énormément de mal à interpréter, tel un acteur, les couplets sur le mode parlé. Il aura fallu de nombreuses heures d’enregistrement pour mettre en boîte les deux monologues. Le titre sort le 6 juin 1975 et carracole en tête des ventes : 950 000 exemplaires vendus en France, 2 millions dans 25 pays.

Le succès fut tel que Joe Dassin l’enregistra aussi en anglais, en allemand, en espagnol et en italien.

On notera, au passage, la valeur éducative de cette chanson qui fait référence à la portraitiste Marie Laurencin (1883-1956), égérie d’Apollinaire et disciple de Derain, Picasso et Braque.

Guy Bedos cette même année fit une parodie de cette chanson, au texte hilarant et pessimiste, intitulée le Tube de l’hiver. Pour l’anecdote aussi, Guy Marchand a crée le tube Destinée pour le film Les Sous-doués en vacances, qui rappelle étrangement l’été indien. La musique  a été composée en reprenant les notes de l’originale à l’envers. Si le résultat souhaité était une caricature décalée des slows de l’époque, la chanson est en fait devenue elle-même un tube.

Allez laissons-nous bercer par ce slow torride éternel et indémodable.

Michèle

Voici quelques versions de l’Eté indien :

 

 

L’histoire d’une chanson : Les feuilles mortes


Tout commence au cinéma en 1946 dans le film de Marcel Carné Les Portes de la nuit, où l’on entend un air d’harmonica et Yvo Livi (Yves Montand) fredonner quelques bribes de paroles. Le film fut un échec commercial, mais cette chanson, elle, restera. Composée par Joseph Kosma, chef d’orchestre de Budapest réfugié en France pour fuir le nazisme. A l’origine, J. Kosma s’est inspiré du Poème d’octobre de Jules Massenet composé en 1874 pour écrire une musique de ballet Le Rendez-vous, et c’est sur cette composition que le poète Jacques Prévert  écrit ces paroles que tout le monde aujourd’hui connaît.

Le première version enregistrée de cette chanson fut celle de Cora Vaucaire en 78 T, presque en même temps une version allemande est interprétée par Marianne Oswald, puis c »est au tour d’Yves Montand le 9 mai 1949 sur un 78 T également. Cette chanson, assez simple en réalité, parlant de la nostalgie d’un amour perdu, va connaître un succès indémodable à travers les années, et à travers les pays. De très nombreux artistes ont voulu se l’accaparer, c’est le compositeur interprète de jazz  Johnny Mercer qui l’adapte en anglais : elle devient Autumn leaves, grand standard de jazz aujourd’hui encore incontournable.

Il existe environ 600 versions et reprises des Feuilles mortes : parmi les plus connues : Richard Anthony pour la période yé-yé, Edith Piaf, Bernard Lavilliers, Françoise Hardy, Juliette Gréco… et pour la version anglaise : Frank Sinatra, Duke Ellington avec Ozzie Bailey et Ray Nance, Nat King Cole, Barbra Streisand,Eric Clapton et même Bob Dylan

En 1960 Serge Gainsbourg composera en hommage à cette oeuvre,  sa fameuse Chanson de Prévert, encouragé d’ailleurs par l’auteur lui-même. Celle-ci aussi connaîtra son heure de gloire et ses nombreuses interprétations.

Michèle

Voisi quelques versions de Les feuilles mortes :

L’histoire d’une chanson : Suzanne


Qui est la fameuse Suzanne de la chanson ? Leonard Cohen a rencontré Suzanne Verdal à Montréal, ils gravitaient dans les mêmes cercles artistiques des années 60. Elle était à l’époque la conjointe du sculpteur Armand Vaillancourt, et même après leur séparation, Leonard et elle ont continué de se fréquenter, ont poursuivi leurs tête à tête courtois, leur relation platonique, en buvant du thé et dégustant des oranges. Suzanne a donc inspiré  un poème Suzanne takes you down, qui devait intégrer son futur recueil Paristes of Heaven.

Parti à New-york, Leonard Cohen présente, entre autres chansons, Suzanne, sur laquelle il a apposé quelques notes. C’est Judy Collins qui tombe sous le charme de cette chanson, et va l’intégrer dans l’album In my life fin 1966. Leonard est officiellement songwritter.

Malgré une première mauvaise performance sur scène en tant que chanteur, le producteur John Hammond Jr, veut lui laisser l’occasion de réaliser son 1er album. La mort de ce dernier mettra en péril l’achèvement du disque, mais John Simon reprendra le flambeau. Une guitare acoustique, une basse, une voix, quelques rythmiques légères et quelques voix féminines. Songs of Leonard Cohen sort le 27 décembre 1967. Leonard s’en est à peine réemparé que Suzanne va lui échapper à nouveau. Le chanteur américain Noël Harrison en fait un tube et Graeme Allwright en a demandé un version française.

Nina Simone, Joan Baez et Neil Diamond reprendront ce tube planétaire, Frida la chanteuse de Abba l’interprétera en suédois, tandis qu’en 2008 Alain Bashung la rendra éternelle en français sur son album Bleu Pétrole.

Quant à Suzanne Verdal,  elle vit aux Etats-Unis, elle fut d’abord  très flattée par cet hommage. Mais la muse de Leonard, victime d’un grave accident, a dû arrêter la danse, elle s’est repliée et survit dans une caravane en Californie, parfois sollicitée par des journalistes qui cherchent encore son témoignage.

Michèle

Voici quelques versions de Suzanne :

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