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Woodstock 1969 : Musique-Paix-Amour.

En 1969, alors qu’en France un artiste décrète par la voix de sa muse anglaise que ce sera une année érotique, aux Etats-Unis, c’est une révolution en douceur, qui va s’opérer, après des années de tumultes liées successivement à l’établissements des droits civiques pour les noirs à l’égal des blancs, aux assassinats de John Fitzgerald Kennedy à Dallas en 1963, puis de son frère Bobby en 1968, le soir de son investiture pour la future campagne présidentielle, et de Martin Luther King, pasteur qui lutta pendant des années pour la fin de la ségrégation des noirs dans son pays. Sans oublier la Guerre du Vietnam, qui divisa fortement le pays.
Le festival est né de l’idée de 2 garçons, Michael Lang, déjà organisateur d’un précédent festival « Miami Pop Festival », Artie Kornfeld, alors vice-président de Capitol Records. Leur volonté, réussir à réunir du monde pendant 3 jours, sous la bannière de la musique et de la paix, en plein air, de façon totalement gratuite, relevait du tour de force. Aidés de 2 jeunes entrepreneurs, ils mettent le projet en route. Devant se dérouler près de Woodstock, le festival est finalement délocalisé à 100 kms de là, mais garde son appellation originelle. Ce sera finalement sur un terrain immense de 243 hectares. Prévu pour accueillir 50.000 personnes, il en accueillera donc dix fois plus.

Mais le pari, fou, est très vite gagné. Arrivent des 4 coins du monde, jeunes, moins jeunes, de tous horizons sociaux, professionnels, étudiants, hippies, de toutes religions ou origines, dans le seul et unique but de communier autour de la musique et de la paix, dans le respect et la tolérance, pendant 3 jours. C’est près de 500.000 personnes qui déboulent sur la fameuse colline du Comté de Sullivan, dans l’Etat de New-York. Un peu dépassé par le nombre de spectateurs, les organisateurs doivent se résoudre à laisser le public s’installer sur place, camper, dormir à même le sol, malgré la météo déplorable (la pluie elle aussi participe de sa présence). Des files interminables de voitures garées sur des kilomètres, de gens marchant à pieds en file indienne vers le lieu du festival, vers la grand messe tant attendue. Rien, décidément rien, n’arrête le déroulement de ce rendez-vous qui va devenir mythique, marquer l’histoire, musicale et sociétale du 20 ème siècle.

Pour attirer tout ce monde, il faut que l’affiche musicale soit au niveau. Et elle l’est. Jugez plutôt : Joe Cocker, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Canned Heat, Mountain, Carlos Santana, Joan Baez, Jefferson Airplane, The Who, Richie Havens, Ten Years After, Sly and the Family Stone, Crosby Stills Nash & Young, Johnny Winter, The Band… Plateau exceptionnel donc!!! et très éclectique en terme de style musical, puisque l’on va du blues, au rock en passant par la soul, le rhythm’ and blues. Si hélas certaines têtes d’affiches n’ont pas connu une carrière longues, fauché.e.s en plein vol par le cocktail célébrité-tournée-consommation de médicaments et autres produits illicites, je pense notamment à Janis Joplin et Jimi Hendrix, morts tous les deux à l’âge de 27 ans (« complété » plus tard par Jim Morrison, Kurt Cobain, Jeff Buckley, Amy Winhouse), pratiquement tous les autres mèneront de grandes carrières solo ou en groupe.

Car oui, si ce festival connaîtra un succès absolument colossal au vu du public présent, c’est surtout par l’aspect lié à la libération des mœurs, au changement des mentalités, que ce festival sera associé, tout comme le sera celui de l’Ile de Wight. En effet, à la bascule des années 60-70, si le courant hippie est très présent, avec son cortège de signes de reconnaissance, allant de la coiffure (cheveux longs pour garçons et filles), vestimentaire (les jeans, chemises à fleurs, fleurs dans les cheveux, bijoux, colliers, bracelets), et la naissance de la vie en communauté (début de la volonté de refaire le monde, autosuffisance alimentaire, culture partagée), et bien entendu un discours politique porté vers la volonté de paix, venant d’une jeunesse qui vit de plein fouet la guerre du Vietnam et ses conséquences.
Vous le voyez, la devise du festival « 3 jours de musique et de paix » prend ici toute sa mesure. Le public présent sympathise, fraternise, échange dans plusieurs langues. Le début d’une nouvelle ère. Une cassure nette et définitive avec les années post seconde guerre mondiale, ou la rigueur, les carcans éducatifs, l’omniprésence des religions catholique, mormone, protestante, oui tout cela vole en éclat à l’occasion de cette grand messe champêtre le temps d’un week-end.
Dans la foulée de ce rendez-vous, la mode hippie, le flower power vont prendre leur essort, accompagnant le changement d’époque et obligeant la société américaine à accepter cette évolution, ce changement de moeurs. Liberté d’aimer, liberté de penser, liberté d’être.
La société américaine ne sera plus jamais comme avant.
Musicalement, un courant musical apparaît, sous la forme de groupes au style planant, avec des morceaux très longs, favorisant la rêverie, l’évasion vers des paradis artificiels. Au tournant des 70’s, Pink Floyd, Barclay James Harvest, Genesis, Yes, et enfin Marillion en seront les têtes d’affiche.
Au festival, à l’image du groupe The Who chantant « My generation », de Jimi Hendrix interprétant à sa façon l’hymne américain « Star Spangled Banner », en pleine période de guerre du Vietnam, ou de Janis Joplin interprétant une version bouleversante de « Summertime », initialement un titre de Billie Holiday, ou encore la présence du génial musicien indien de Sitar Ravi Shankar, « Woodstock, 3 days of peace and music » a généré de grands moments, de très beaux souvenirs pour le public et les musiciens. A signaler, chose rare pour l’époque, si bien sûr il y a des concerts en journée, le festival se poursuit de nuit, les groupes se succédant sur la scène. Ce qui donne parfois, selon les prestations, des ambiances très calmes, planantes.
Si vous souhaitez vous replonger dans l’ambiance de cet évènement, vous pouvez vous procurer le superbe documentaire réalisé par Michael Wadleigh, « Woodstock, 3 jours de musique et de paix ». 3h45 de pur bonheur!
A celles et ceux qui ont des souvenirs, à celles et ceux qui en ont entendu parler, à celles et ceux qui ne le connaissent pas, je vous laisse en compagnie d’un certain nombre des artistes qui se sont produit lors de ce festival devenu mythique à plus d’un titre.
1969, « Abbey Road », ultime album des Scarabées.
Si pour l’homme à la tête de chou, l’année 1969 est avant tout une année érotique, de l’autre côté de la manche, les cousins anglais ne pensaient vraiment pas (quelle idée!) qu’un jour ils demanderaient le Brexit, pour quitter cette Europe qu’ils ont contribué à bâtir au lendemain de la seconde guerre mondiale. C’est l’époque du boom de la pop music, emmené par les deux grosses locomotives que sont alors les Beatles (« Scarabées ») et les Rolling Stones (« Pierres qui roulent »). Deux groupes que tout oppose, du style musical aux tenues vestimentaires, mais qui, au contraire de ce que mettent en scène les journaux de l’époque, sont très amis, complices. Je vais ici m’attarder sur la fabrication de l’un meilleurs albums des Beatles, à savoir « Abbey Road ».
Le 20 juillet 1969, veille d’un autre événement planétaire (première alunissage de l’homme, avec la fameuse phrase prononcée par Neil Armstrong (« C’est un petit pas pour l’Homme, Un bon de géant pour l’Humanité »), le groupe de Liverpool, quitte le studio Abbey Road, où sous la direction de leur historique producteur-mentor, ils ont enregistré pour la dernière fois ensemble. Une sorte de testament musical, avant dispersion générale, en 1970, pour des aventures en solo.. John Lennon, auteur du célèbre « Imagine », se consacrera à des projets artistiques et humanitaires avec sa compagne Yoko Ono, enregistrera 12 albums jusqu’à son assassinat, un soir de décembre 1980, alors qu’il sortait de son immeuble, Paul Mac Cartney, après une courte pause, fondera un groupe, les « Wings », tandis que Ringo Starr fera des sessions pour nombre de musiciens, et George Harrison entamera également une carrière solo.
Séparément, les 4 scarabés vont connaître des fortunes diverses. Le premier d’entre eux, Lennon, va s’enfermer dans un monde fait méditation, de manifestations pour la paix dans le monde, de projets en duo avec Yoko Ono. Il va aussi se mettre à peindre, à faire de la photo, à l’instar de sa compagne. Paul Mac Cartney, lui, véritable machine à composer de la musique, tous genres confondus (40 ans plus tard, il écrira une oeuvre … classique, »Ecce Cor Meum », un oratorio, en 2006). En 1971 avec sa femme Linda et Denny Laine, l’ancien chanteur-guitariste de Moody Blues, il fonde le groupe « Wings ». Ce sera un beau succès, puisque de 1971 à 1979, le groupe va publier pas moins de 7 albums. Il continuera par la suite, entremêlant sa carrière solo de collaborations prestigieuses (avec Stevie Wonder, sur le titre « Ebony and Ivory »), Michael Jackson (« Thriller », « Say say say »), Johnny Cash (Water from the Wells of home), George Benson et Al Jarreau (« Givin it up), Kanye West (« Fourfive seconds). Il est aussi un producteur très éclectique puisqu’il a travaillé avec des gens comme les Beach Boys, Elvis Costello, George Harrison, Ringo Starr, Steve Miller Band, ou James Taylor. Depuis plus de 20 ans, il tourne avec son groupe, remanié parfois, et connait un succès jamais démenti. Les salles toujours pleines. Ce musicien d’aujour’hui 76 ans, multi-instrumentiste, à la voix toujours intacte, affiche une santé de fer, un enthousiasme adolescent. Des deux autres, Ringo Starr, est celui qui a sans doute moins bien réussi sa carrière post-Beatles. Batteur talentueux mais fantasque, toujours prêt pour une bonne blague, va connaitre des lendemains moins heureux mais restera un musicien demandé, dont le talent reconnu autant que sa personnalité son appréciés par les rock stars des 70’s-80’s. Sa carrière discographique n’atteint pas l’égal de Paul Mac Cartney. La qualité de ses albums reste très inégale. Au bon vouloir du musicien, qui semble prendre la musique à la légère, vivre sur ses rentes. Un choix de vie. George Harrsion, lui, le plus porté sur les cultures du monde, fera de nombreux voyages en Inde, organisera un concert pour le Bengladesh, après la catastrophe causée par des inondations terribles en 1970.
Mais avant tout cela, les 4 compères, à l’apogée de leur carrière en groupe, minés par des tensions internes et déjà des envie de projets solos, entrent donc aux fameux studios d’enregistrements qui’ils fréquentent depuis 1962, situés sur Abbey Road. C’est là, sous la conduite de Georges Martin, leur illustre producteur de toujours, qu’ils vont écrire et enregistrer l’un des plus grands albums de rock des 60 dernières années. Il sortira le 26 septembre 1969. C’est ce moment que choisit John Lennon pour annoncer à ses amis qu’il a décidé de quitter le groupe. Officiellement, cette décision ne sera révélée qu’en avril 1970.
Sur ce disque devenu mythique, qui fit un carton au moment de sa sortie puis dans les décennies suivantes, tant par sa qualité, que par sa pochette, on trouve des titres extrêmement forts comme « Come Together », « Maxwell’s Silver Hammer, morceau composé par Mac Cartney et proposé pour être le titre de l’album, mais l’idée sera refusée par John Lennon, amis également, »Here comes the sun », « She came into the bathroom windows », magistralement reprise et interprétée par le regretté Joe Cocker, « Carry the Weight ». Des titres qui aujourd’hui encore sont des tubes.
Pour les nostalgiques de ce groupe, de cette période musicale, ce disque figure en bonne place sur les étagères, pour la nouvelles générations, c’est un disque qu’il faut absolument écouter, découvrir !! Je vous laisse en compagnie de ces génies etde quelques-un.e.s de leurs interprètes. Cet album annonçait un vrai virage musical, plus pop que jamais, avec des orchestrations magnifiques, ciselées, très élaborées. Hélas, le groupe se séparera donc, laissant derrière lui une discographie unique de par sa qualité.
Guillaume.
1969, Roberta Flack débarque sur la planète Soul…
1969. Si en France, un certain Serge Gainsbourg, accompagné de Jane Birkin, chante l’érotisme, aux Etats Unis, 2 évènements surviennent : Le premier pas de l’Homme sur la Lune, et la première apparition discographique d’une chanteuse noire qui va marquer l’histroire de la Soul Music : Roberta Flack.
Après avoir appris toute jeune le piano, puis le chant classique, en passant pas le chant religieux (gospel et négros-spirituals), dans les églises, après avoir enseigné l’anglais et la musique, après s’être occupé d’ enfants pauvres à Washington, elle chante le blues au Trivoli Club de Washingon, puis passe une audition pour le label Atlantic. Son approche de la soul music, dans laquelle elle mêle influences classiques et folk, en font une chanteuse à part.
« First Take« , première empreinte discographique de Roberta Flack, est un écrin composé de 8 morceaux. Elle ouvre par le superbe et lancinant « Compared to what« , sa voix grave, son phrasé, posés sur la rythmique, font merveille. Un son moderne, un chant plaintif-revendicatif, à l’égal de ses consoeurs Tina Turner, Aretha Franklin. S’en suivent l’hispanisant « Angelitos negros« , introduit par un solo de contrebasse, qui installe l’ambiance. Superbe. Tout comme « Our ages or our hearts« , sur fonds d’instruments à cordes. « I told Jesus », au chant minimaliste, presque susurré, est magnifique de simplicité. Le morceau « The first time I saw your face« , connut un succès particulier, puisque Clint Eastwood l’utilisa pour son film « Un frisson dans la nuit« .
« Tryin times » et « Ballad of the sad young men », ferment superbement ce premier opus de la toute jeune Roberta Flack, qui, musicalement, se démarque de la soul music habituellement enregistrée dans les années 60. Avec « First Take », Roberta Flack marque son entrée dans l’univers de la soul de la plus belles des manières. Ne le manquez pas!
Guillaume.