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Voilà c’est fini… !

Avant de vous souhaiter légitimement une belle, douce et heureuse année, remplie de joies musicales et plus largement culturelles, nous tenions à vous dire un mot au sujet de ce blog que nous avons construit, créé, en 2011, et que depuis, où que vous soyez, en France ou dans le monde, vous avez consulté, regardé, lu, avec une attention dont nous ne doutons pas. Oui c’est fini! Mais vous le savez, même les plus belles histoires ont une fin. Celle de ce blog n’y échappe donc pas. Pour paraphraser Jean-Louis Aubert, ancien chanteur-guitariste du groupe de rock français Téléphone, qui publia en 1989 une chanson intitulé « Voilà c’est fini« , figurant sur son album solo « Bleu Blanc Vert », annonçant ainsi la fin du groupe, nous vous annonçons qu’après 10 ans d’existence, puisque créé en septembre 2011 par l’équipe de l’espace musique (Michèle James, Martine Avel, Françoise Manenti, Martine Tassara, Guillaume Salvaing, voire photo avec les émoticônes ci-dessous) de la médiathèque Louis Aragon de Fontenay-sous-Bois, sous la direction de Marie-Odile Dufaure, le blog semelazic.wordpress.com va cesser d’être alimenté en articles à compter du 1er janvier 2022. Ce travail fut ensuite soutenu et encouragé ces dernières années par l’actuelle directrice de la médiathèque, Helena Bricheteau.

Néanmoins, la somme d’articles, de vidéos, de playlists, de biographies, ainsi que toutes les rubriques qui le composent resteront consultables car le lien restera actif. Ainsi, où que vous soyez en France ou dans le monde entier, vous pourrez continuer de venir poser vos yeux et oreilles sur ce blog.
Tout au long des 10 années, l’équipe de l’espace musique, devenue au fil du fil du temps espace musique-cinéma, qui a créé ce blog, s’est évertuée à vous transmettre sa passion, ses coups de coeur, coups de gueule parfois, à partager des événements (concerts, rencontres, expositions), bref à donner envie de découvrir de nouveaux horizons culturels. Merci donc à Michèle, Françoise, Martine, Martine T, puis plus tard à Laurent qui a alimenté avec talent grâce à ses deux rubriques régulières « Soulsections » et Nos Samples Rendez-vous », à Elsa, Carine, Julien, et plus globalement à toute l’équipe de la médiathèque pour leur apport passionné, qualitatif à ce blog, tant au travers d’articles que lors des fameuses playlists thématiques, tout au long de ces années.
Ce blog, créé pour mettre en avant le fonds musical, puis cinématographique, ainsi que les actions culturelles de la médiathèques parfois en lien avec des partenaires institutionnels locaux (Conservatoire, Service Culturel, Associations…) aura donc, outre le fait d’avoir bénéficié d’une visibilité nationale, été exposé à la vue du monde entier, sur les 4 continents (Etats-Unis, Australie, Japon, Thaîlande, Belgique, Suisse pour ne citer quelques exemples…), par la magie d’Internet. Pour cette dernière année d’existence, ce sont près de 7000 personnes ayant générées plus de 13000 vues qui auront eu la curiosité de visiter notre blog. Qu’ils et elles en soient remercié.e.s. Car depuis sa création, la fréquentation a été quasiment exponentielle d’année en année. Merci donc pour cette longue fidélité.
La suite s’écrira désormais sous une une autre forme, à travers le blog de la médiathèque de Fontenay-sous-Bois. Coups de coeur, mise ou retours sur événements ayant eu lieu à la médiathèque, mise en avant de nouveautés…vous retrouverez tout cela.

En attendant, nous vous souhaitons de passer d’excellentes fêtes de fin d’année, dans la joie, la bonne humeur et vous souhaitons une très belle et heureuse année 2022.
L’équipe de la Médiathèque.
Avec « Senjutsu », Iron Maiden remonte au front.

Voilà des mois que les fans, dont j’avoue humblement faire partie depuis que je les ai vu en 1982 à Baltard avec l’intronisation de Bruce Dickinson (ex-chanteur du groupe Samson) comme lead-singer en lieu et place de Paul Di Anno, oui ça fait des mois que j’attendais enfin la sortie, repoussée pour cause de pandémie, du nouvel album de Iron Maiden, groupe issu de la fameuse vague NWBHM dans les années 80, avec Def Leppard, Saxon, Judas Priest). Chose faite enfin le 3 septembre dernier, restait donc à trouver le temps pour écouter, disséquer, analyser cette nouvelle production de la bande à Steve Harris. Je ne m’attarderai pas sur la pochette qui nous offre leur mascotte historique Eddie en version samouraï, dans des tons sombres. Mais comme toujours, le graphisme est très réussi.
Place à la musique donc. Enregistré, comme son prédécesseur « Book of Souls« , à Paris, aux Studios Davout, « Senjutsu » a été mis en boîte en huit semaines pleines, entre deux tournées du « Legacy of the Beast Tour« , qui passera d’ailleurs par Paris l’année prochaine. 2 mois passés enfermés à écrire, composer, enregistrer. Car les membres du groupe voulaient concocter un album plein d’énergie. Volonté qui peut sembler paradoxale lorsqu’on connaît la durée moyenne des morceaux de l’album, 10 minutes environ. Mais cela n’effraie pas la troupe d’Iron Maiden, qui compose dix titres, la plupart estampillés du bassiste Steve Harris, le reste du duo Adrian Smith (guitare)-Bruce Dickinson (chant). Dave Murray, habituellement sollicité pour l’écriture est ici laissé de côté.
Bon ok, vous dites-vous à ce stade…mais donc il donne quoi le Maiden 2021?. Tout d’abord, il faut signaler qu’il est produit par le même bonhomme que « Book of Souls ». Mais là, d’entrée, moi qui voue un culte absolu à Bruce Dickinson (photo ci-dessus), arrivé en 1982 au sein du groupe (je garde d’ailleurs un souvenir mémorable du concert qu’ils avaient donné à Baltard, le 17 mars de cette année-là) en remplacement de Paul Di Anno, je suis tombé des nues. Sur le morceau-titre de l’album, « Senjutsu », sa voix est très mal mixée, comme si il chantait à la cave, pendant que ses compères jouent au salon. C’est évidemment une déception tant sa voix habituellement si puissante, profonde, surfe sur les mélodies. Là, c’est moins flagrant, moins régulier. Reste que musicalement, ce morceau vous met de suite dans le ton. Iron Maiden est bien de retour.
Après ce premier long morceau, le sextet anglais mené de main de maître par son bassiste-fondateur Steve Harris nous emmène sur « Stratego » (je vous recommande le clip). D’entrée un gros son, une batterie martelée à souhait par Nicko Mac Brain, puis Dickinson entre en piste, mais clairement, ce qui frappe, c’est sa perte de puissance vocale (à moins que ce ne soit le mixage qui donne cet effet), car pour le reste on reste sur du cousu main, de la belle facture mélodique. Si la triplette de guitaristes (Gers, Smith, Murray) se régale, et même si effectivement j’éprouve du plaisir à écouter cet album, il ne comporte rien de franchement innovant, surprenant, ce qui faisait la force du groupe jusqu’alors. « Writing on the Wall » écrit par le duo Smith / Dickinson, qui suit (là aussi, voyez le clip), après une intro acoustique, passe en mode électrique. Encore une fois, Dickinson semble chanter de très loin, ne jamais dominer les instruments. C’est dommage. Sur ce morceau, les soli qui sont joués, sont ramassés, mélodieux. Aspect agréable qui a toujours été le sceau du groupe et de ses guitaristes. Puisque la recette intro acoustique puis passage à l’électrique semble leur convenir, les Vierge de Fer semblent enclin à en abuser. Troisième exemple avec « Lost in Lost World ». D’abord la guitare acoustique suivie de la voix de Bruce Dickinson, qui par magie, semble retrouver sa clarté. Deux minutes comme cela avant l’avalanche électrique. Mais là, Dickinson (où la prise de conscience qu’il fallait rééquilibrer les mixages?) semble retrouver son panache éternel, sa force vocale, ses modulations de tonalités dont il régale l’auditeur. Le morceau lance enfin l’album… enfin selon moi. Il dure neuf minutes trente. Une éternité, vous direz-vous, mais depuis quelques années, Iron Maiden a pris l’habitude de composer des morceaux longs (cf. « Book of Soul » ; et bien avant « Hallowed be thy Name ».. « Seventh son of the seventh son »….).
La suite, de « Days of Future Past » au terminal « Hell on Earth », nous propose une panoplie de titres toujours assez longs, mélodieux, avec miraculeusement la voix de Dickinson de retour, ce qui me ravit au plus haut point, même si par moment il va moins haut qu’auparavant (son cancer est passé par là), mais la technique, irréprochable l’aide à compenser et donc il régale toujours. Les morceaux sont de vraies fresques musicales, j’imagine déjà les mises en scène et les illustrations en images, ça va être spectaculaire. Les titres contiennent toujours ces fameux moments de break où l’on passe d’une mélodie à une autre, permettant aux guitaristes de s’exprimer joyeusement. « Darkest Hour » ou « Death of the Cellts » en sont de beaux exemples. L’album s’écoute tranquillement, sans lassitude. Le clou du disque vient, pour moi, avec « The Parchment » et « Hell on Earth », deux sublimes titres, qui symbolisent bien ce qu’est Iron Maiden. Un régal d’écoute.
Au final, « Senjutsu », nouvel opus de la Vierge de Fer est un bon album, qui contient de belles perles, mais n’est pas le grand disque attendu. L’énergie espérée grâce aux huit semaines d’enregistrements est bien présente. Nul doute que sur scène, celle-ci sera bien rendue. J’attend cela impatiemment.
En tous cas ce disque peut faire passer de beaux moments pendant les fêtes de fin d’année.
Guillaume.
11 Décembre, Festival Sonore à la médiathèque.

Le 11 décembre prochain, la médiathèque Louis Aragon de Fontenay accueille deux manifestations en lien avec le Festival des Aventuriers, organisé par le service culturel de la Ville. En effet, l’association Sonorium et l’artiste Mélie Fraisse viendront se produire et alimenter en sons divers les murs et salles de la médiathèque.
Tout commencera avec Sonorium, qui donc investira l’espace Musique-Cinéma entre 14h30 et 16h pour une séance de présentation et d’écoute de l’album « Dummy« du groupe de rock britannique Portishead, sorti en 1994. C’est d’ailleurs le tout premier album de ce groupe, sur lequel il est possible d’entendre la voix de la chanteuse Beth Ditto, qui sera plus tard leader-chanteuse du groupe Gossip jusqu’à sa dissolution en 2016. A la fin de l’écoute qui durera une cinquantaine de minutes, le public présent pourra dialoguer avec Julien Bitoun, guitariste, professeur d’histoire du rock à Sciences Po Paris, qui interviendra pour parler du groupe Portishead et de l’album écouté.
A 16h30, c’est donc Mélie Fraisse (photo ci-dessus), finaliste des Jeunes Aventuriers en 2017, qui revient donc à Fontenay et se produira à la médiathèque. Originaire de la ville de Sète, ville chère à Georges Brassens, où elle a fait ses armes, cette chanteuse mélange univers pop et paroles, prendra le relais en salle des Arts, pour un concert d’une heure. Elle présentera son album, son univers sonore et musical. C’est la troisième fois en quatre ans (l’an dernier, pour cause de Covid, le concert prévu avec Troy Von Balthazar avait dû être annulé), que nous recevons un/e artiste programmé/e au Festival des Aventuriers. Auparavant nous avions eu le plaisir de recevoir Estelle Meyer (2019), venue se produire accompagnée d’un pianiste et Agathe Da Rama (2018), chanteuse et harpiste qui était venue avec son quatuor. Les deux artistes s’étaient produites chaque fois devant une salle pleine. De très beaux moments partagés, avec des artistes de talents, dans des univers musicaux très différents.
Par ailleurs, du 3 au 29 décembre, le public pourra admirer une exposition, « D’Aventures en Aventuriers », des photos prises par Quentin Balouzet dans le cadre d’éditions précédentes du festival et sur d’autres scènes hexagonales, ainsi que les dessins réalisés par le carnettiste Gilles Rebechi (membre du collectif Les Carnettistes Tribulants) pour le journal le Petit Aventurier, créé par Rodolphe Graindorge.
L’accès à la prestation de Sonorium comme au concert de Mélie Fraisse, se fait sur réservations obligatoires, les jauges étant limitées. Alors n’hésitez pas, quelques jours avant Noël, offrez-vous une après-midi d’escapade sonore et visuelle.
Pour réserver : 01.49.74.79.60. ou auprès de la billetterie de Fontenay en Scène : 01.71.33.53.35.
La Médiathèque.
Muddy Gurdy, le blues venu d’Auvergne.

La pochette d’abord. Photo prise au sommet d’une montagne, montrant une herbe rase, le tout surplombant sans doute un grand vide. En arrière- plan, un vaste horizon. La musique ensuite. Le groupe Muddy Gurdy (« Vielle Boueuse »), vu le nom, la pochette, pourrait être originaire du sud des Etats-Unis. Détrompez-vous! Ce trio est français, originaire de l’Auvergne. Une chanteuse-guitariste de blues en la personne de Tia Gouttebel, un percussionniste spécialiste des rythmes latinos du nom de Marc Glomeau, enfin un joueur de vielle à roue qui n’ignore rien des musiques traditionnelles du centre de la France nommé Gilles Chabenat, avouez que l’attelage est pour le moins étonnant. Pour enregistrer « Homecoming », le trio a pris ses quartiers sur les terres du massif du Sancy, dans le Puy-de-Dôme. Grands espaces, air pur, tranquillité, tout pour travailler sereinement et enregistrer de façon détendue mais sérieuse cet album.
Attardons-nous donc dessus.
L’album démarre par « Lord Help », qui vous prend aux tripes d’entrée et vous fait rentrer dans l’univers de ce groupe aux contours particuliers. Un chant incantatoire, une vielle et une rythmique qui ne sont pas sans évoquer les chants indiens et les ambiances shamaniques. Le ton est clairement donné. Puis surgit « Chain gang », morceau écrit par le grand Sam Cooke, superbe blues tout en subtilité. Bientôt s’en suit le très beau « Down in Mississippi » de JB. Lenoir, qui nous plonge directement dans ces contrées gorgées de blues, de soleil, de poussières, de misères aussi, où il n’était pas rare de voir, au début du 20ème siècle, des bluesmen jouer, assis sur des long-chairs postées sur le perron des maisons en bois dans les états du sud américain. Le jeu de guitare subtil, fin, de Tia Gouttebel, sa voix parfaitement timbrée et légèrement trainante, nous emmènent dans ce blues concocté à la sauce auvergnate. Le tout continue avec « MC’s Boogie » d’excellente facture, un boogie-blues qui roule, avance, vous entraîne, vous choppe, vous donne envie de danser, puis se transforme en mode musical auvergnat. Jusqu’ici, moi qui ne connaissais pas ce groupe français, je suis positivement surpris. « Land’s Song », qui suit, est toujours sur le mode blues, un rien implorant, plaintif, mais toujours de très bonne tenue. « Another Man Done Gone », morceau chanté en anglais puis en français. « Afro briolage » démarre dans un climat vocal qui n’est pas sans évoquer notre Hubert-Félix Thiéfaine national (voix grave, chant dynamique). ce climat électrique, emballé, un peu loufoque, se poursuit jusqu’au bout. « Strange fruit », immortalisée par l’immense Billie Holiday, devenue un standard du jazz repris par Ella Fitzgerald, Nina Simone, Carmen Mc Rae, Sting, Jeff Buckley, Annie Lennox, Betty Lavette, qui évoque ces « étranges fruits » (en parlant des corps pendus qui se balancent pendus aux arbres du sud des Etats-Unis du temps du racisme institutionnel et surtout des actes odieux commis par le KKK). Avec « You gotta move », c’est le blues pur jus qui reprend ses droits, ça sent le bar enfumé, la poussière, l’estrade qui domine le bordel ambiant, où s’ébroue un groupe de blues pour chanter, distraire l’assistance plongées entre bières, engueulades et parties de cartes. Le morceau signé du bluesman Fred McDowell n’a pas pris une ride, et il est ici très bien servi. « Black Madonna », avant-dernier morceau de cet album, démarre en douceur, avant de nous embarquer dans une farandole, de nous faire lever, danser. Temps forts et lents sont alternés. Enfin pour conclure, le trio auvergnat nous déclame un « Tell me you love me » par la voix de sa chanteuse. C’est enjoué, léger, ça résonne comme un air de chanson irlandaise, mais nous sommes bel et bien en Auvergne, territoire de France, et Muddy Gurdy, livre sans faillir un morceau superbe tout comme son album.
Vraiment une belle découverte pour moi. Je vous invite à faire de même.
Guillaume.
Noa, retour en mode intimiste.

La chanteuse israélo-américaine Noa, apparue sur la scène internationale au début des années 90’s, s’est rendue célèbre avec sa chanson « I don’t know« , parue en 1994. Elle se fera connaître en France par le biais de l’émission « Taratata » animée par Nagui, en septembre 1995. Son timbre de voix haut perché, sa musique qui mélange savamment orient et influences pop occidentale vont faire mouche à l’époque.
Depuis elle a mené une belle carrière, enregistrant notamment en 1997, la version originale de la comédie musicale « Notre Dame de Paris « , en reprenant le rôle d’Esmeralda. En 1999, avec Eric Serra, elle écrit la chanson « My heart calling », pour la bande originale du film de Luc Besson, Jeanne D’Arc. Bref, elle ne chôme pas, croule sous les belles propositions.
Jusqu’à ce nouvel album, « Afterallogy », sorti cette année, où accompagnée du seul guitariste Gil Dor, elle revisite des classiques du répertoire jazz. Tout démarre par un « My funny Valentine » aérien, portée par la voix cristalline de Noa, soutenue par le phrasé léger de Gil Dor. Après cette entrée en matière, c’est le très beau « This Masquerade », servi de façon élégante par la voix de Noa qui déboule. Après ça, vient pour moi le premier morceau de bravoure du disque avec « Anything goes », morceau composé par Cole Porter, interprétée autrefois par Ella Fitzgerald, puis Stan Getz et Gerry Mulligan en version instrumentale en 1957, avant que Tony Bennett, avec le Count Basie Orchestra en 1959 n’en donne sa version chantée. Il renouvellera l’expérience en 1994, avec Lady Gaga, ce qui sera le premier duo de leur album « Cheek to Cheek ». Donc vous le voyez ce morceau a connu de belles interprétations avant celle de Noa ici. Après quoi la belle chanteuse nous entonne « Oh Lord », complainte en langue hébreu. Ici, la sobriété du jeu de Gil Dor s’accommode très bien de ce titre, de ce langage.
Jusqu’ici nous sommes comme dans une conversation intime avec cette artiste, au coin du feu, ou dans un bar, à la lumière tamisée des lampes restantes, offrant intimité, proximité. Le dialogue initié entre la guitare et la voix renforce cet effet évidemment. Cette sensation continue de s’exprimer avec « But beautiful », également enregistrée par Billie Holiday, Joe Pass, Tonny Bennett et Lady Gaga. Arrive alors le bien nommé « Something’s coming », initialement écrit pour le film-comédie musicale « West Side Story » aux 10 Oscars en 1961, avec George Chakiris (Nardo), Natalie Wood (Maria), Richard Beynner (Tony, amoureux de Maria) entre autres…). Le disque se déroule tranquillement, ici nous appelant à rentrer à la maison avec « Calling home » puis la belle brune nous chante « Darn that Dream », autrefois joué par le saxophoniste Dexter Gordon, le pianiste Ahmad Jamal ou encore Benny Goodman and his Orchestra. Bref de glorieux prédécesseurs. « Lush Life » nous arrive alors en pleine face, un écrin de pureté, un joyau, une moment de grâce vocale. Noa semble se régaler à interpréter ce registre jazz en mode guitare-voix. Ce dialogue intime, épuré, lui plaît. Ce titre lui aussi a fait l’objet de nombreuses versions. Les plus marquantes étant celles de John Coltrane, Nancy Wilson, Bud Powell, Rickie Lee Jones, Natalie Cole, Queen Latifah, Kurt Elling ou bien encore le duo Bennett-Gaga. Pour ce disque tout en subtilité, Gil Dor a composé « Waltz for Neta ». Magnifique. Et pour clore ce dialogue, Noa et Dor nous jouent un « Every time we say goodbye », autre morceau de Cole Porter, en toute simplicité, légèreté, retenue. De la haute couture. Très beau.
Je vous conseille donc de ne pas attendre pour écouter ce disque.
Guillaume.
Malmsteen, l’imagination évaporée.

Par le passé, j’ai déjà chroniqué ici ce guitariste. Le virtuose suédois Yngwie Malmsteen, après des productions précédentes, « Blue Lightning » (2019) et « World on fire » (2016) d’inégales qualités, revient avec un nouvel album, sobrement intitulé « (Si vis Pacem) Parabellum« , au dessin de pochette totalement raté. Il nous livre ici une oeuvre qui, si elle contient comme d’habitude des morceaux de musique classique, cette fois écrits par lui-même, ne m’est pas apparu comme un grand disque du génie nordique. Je m’explique.
Depuis 1984 et la sortie de son premier disque « Yngwie.J Malmsteen », avec une pochette représentant une guitare prise dans un feu, je l’ai découvert et apprécié dans les albums suivants comme « Rising Force », puis « Trilogy », « Odyssey », qui révélaient un instrumentiste surdoué, rapide, capable de jouer des oeuvres de compositeurs classiques à la guitare électrique (notamment Bach, Paganini, Vivaldi), j’avais vu évoluer ce musicien génial au fil des albums. Son caractère ombrageux, mégalo, parfois tyrannique avec ses musiciens, sur scène comme en studio, ont très vite fait de le cataloguer comme un personnage compliqué, difficile à gérer. Mais n’est-ce pas une firme de destin des génies, dans le cas qui nous occupe, dans le hard-rock ? Ritchie Blackmore (Deep Purple, Rainbow), ou encore Tony Iommi (Black Sabbath), voire Michael Schenker (MSG), ont eu le même genre de réputation.
Pour en revenir au suédois qui nous occupe ici, ses derniers disques étant inégaux en qualité, chaque nouvel album reste néanmoins un événement dans la sphère du Hard-rock. Je ne savais pas à quoi m’attendre avec sa dernière production musicale, « Parabellum« .
Force est de constater que ce disque qu’il produit et dont il a écrit tous les morceaux, contient quelques pépites mais beaucoup de choses restent sans trop de saveur, la faute sans doute à deux éléments que sont le manque de réelles inspirations, l’autre que si effectivement, il sait depuis toujours adapter de fort belle manière les morceaux de musique classique, là aussi cela devient pour l’auditeur une non surprise, car sa dextérité est souvent accompagnée voire couverte par un son énorme de basse-batterie. Ça gâche le propos.
Dès le départ, c’est un tonitruant « Wolves at the door », qui nous cueille. D’abord lourd et insipide, le morceau devient intéressant dès que Malmsteen passe en mode classique, pendant que la batterie agit comme un rouleau compresseur. « Presto Vivace in C minor » qu’il a lui-même écrit, semble une pale copie d’un morceau de Vivaldi. Le titre suivant, « Relentless fury », nous fait retrouver cette rythmique lourde, une voix intéressante, et un clavier inaudible (ah bon il y en a un ???). Le reste, c’est le prodige suédois qui s’en occupe. Sans forcer son talent, il assure, mais ça ne surprend jamais l’auditeur. Nous voilà rendus au titre éponyme de l’album « (Si vis pacem) Parabellum ». Un train lancé à toute allure nous déboule pleine face, le sentiment que la batterie va exploser, un clavier enfin audible et une guitare virevoltante. Malmsteen tient peut-être là son hit de l’album. « Eternal bliss », qui suit, démarre comme une balade, guitare en mode acoustique. Le chant est clairement mis en avant. Plaisant. Puis le maître reprend le dessus et délivre un solo, qu’on a le sentiment de lui avoir déjà entendu jouer. Ensuite, c’est une Toccata, écrite par lui-même, qu’il nous délivre. Le côté fast and furious de son jeu, comme de cette batterie omniprésente, rend le morceau vraiment décevant. « God Particle » semble un brin aérien, mélodieux, puis avec « Magic Bullet », Malmsteen endosse à nouveau le costume de mangeur de notes jouées ultra rapidement. Sans feeling, ni émotions. Pour terminer cet album, nous avons droit à « (Fight) The Good Fight » sans intérêt avant de découvrir « Sea of Tranquility », morceau loin d’avoir un caractère lunaire.
A l’inverse de ses confrères Steve Vaï ou Joe Satriani (photos ci-dessus), qui eux, album après album, cherchent à se renouveler, et y parviennent en expérimentant des sons, des mélodies nouvelles, avec un son résolument moderne, puissant certes mais parfaitement maîtrisé et au service d’une technique irréprochable, écouter Malmsteen devient avec le temps une gageure. Car oui, bien entendu, lui aussi maîtrise son instrument comme peu de ses confrères le pourraient, néanmoins, avec les années, on en vient à chercher le plaisir, le morceau qui sur chaque nouvel album fera date et deviendra un standard de son répertoire.
Au final, vous l’aurez compris, j’ai été fort déçu par cet album d’un guitariste qui ne semble plus savoir comment rester au top. Sa source musicale se tarit et c’est fort dommage tant le musicien est talentueux.
Je vous laisse avec des extraits de son nouvel album, ainsi qu’avec d’autres vidéos montrant le talent du guitariste suédois.
Guillaume.
Pour Naissam Jalal, un autre monde est là, Demain.

« Un Autre Monde« , dernier album (même un double pour l’occasion, avec une partie studio, une autre live, avec l’Orchestre National de Bretagne, conduit par Zahia Ziouani) publié par Naissam Jalal, flûtiste traversière mais aussi chanteuse franco-syrienne, puisque née à Paris de parents syriens, toujours accompagnée de son fidèle groupe « Rhythms of Resistance », est une ode à la liberté, à la communication entre les hommes et les femmes de tous les continents, de toutes les cultures, religions. Cette jeune artiste, que j’ai déjà eu l’occasion de voir jouer à Fontenay-sous-Bois, à Musiques au Comptoir, à la Halle Roublot, à plusieurs reprises, aux côtés de Hubert Dupont dans le cadre de ses projets musicaux « Al-Joulan » auxquels elle a collaboré, est vraiment très intéressante tant sa démarche musicale est empreinte de générosité, d’humanisme, d’ouverture au Monde, tout en gardant un oeil lucide sur l’état de celui-ci, qui n’est pas toujours reluisant.
Car Naissam Jalal se refuse d’être seulement et uniquement une musicienne, une artiste qui traverse les frontières, rencontre le monde. Non elle est avant tout une citoyenne, bénéficiant qui plus est de la double culture franco-syrienne, car née à Paris en 1984 de parents syriens, bien consciente des enjeux qui pèsent aujourd’hui, comme le changement climatique, l’écologie, la natalité dans certains pays, mais aussi les droits de l’Homme non respectés loin s’en faut dans d’autres… bref elle a une acuité forte sur ce qui se passe autour d’elle.
Après avoir exploré un répertoire très intime, personnel, dans les deux disques précédents, cette fois-ci donc Naissam Jalal voulait se diriger vers quelque chose de plus ouvert, de très différent. Elle a comme beaucoup, l’impression que cette période que nous avons traversé, marque une fin de cycle sur des aspects économiques, sociaux, sociétaux même. Elle veut imaginer un monde meilleur, différent, autre, pour les générations à venir, avec un rapport au vivant, à autrui, empreint de lumière. Vous me direz, et la musique dans tout ça? J’y viens. Car chez elle, tout est intimement lié. sa façon de jouer, d’être sur scène, de se donner au public, d’offrir sa voix comme un instrument qu’elle maîtrise superbement.
A l’instar des jazzmen, Naissam Jalal compose des morceaux longs, ce qui permet aux auditeurs-auditrices de s’installer dedans, de profiter, savourer, de partir en voyage dans le sillage de la flûtiste et de ses compères. Ecoutez donc les très beaux « Buleria Sarkhat Al Ard », Un sourire au coeur », « Samaaï al Andalus », ou la jolie « promenade au bord du rêve » . Dans chacun de ces titres, la flûte traversière de Naissam Jalal nous emmène, se fait tantôt frivole, tantôt triste, le tout sur fond de percussions et de saxophones. La musique est très riche, chatoyante, nous envoie directement soit dans les contrées d’Afrique du Nord ou évidemment au Moyen-Orient. Pour couronner ce disque, elle nous donne à écouter « D’ailleurs nous sommes ici », véritable manifeste contre la différence, contre l’intolérance, le racisme, la violence qui peut découler de ces états de faits.
Le deuxième disque, enregistré avec l’Orchestre National de Bretagne, dirigé par Zahia Ziouani, nous permet de prendre conscience de l’ampleur de la musique de Naissam Jalal. Cela commence avec le très lyrique et envoutant « Paysages de notre destin », au sein duquel on entend violons, guitare électrique, batterie, qui viennent gonfler les orchestrations soyeuses de Naissam Jalal. Sa voix limpide fait des apparitions remarquées. Ensuite vient « Un sourire au coeur », qui figure déjà sur la face « studio » du disque. Là, c’est la voix, superbe, claire, expressive, qui domine le morceau, en une forme d’imploration. Le tout sur fond de violons et percussions. Superbe. Arrive « Un monde neuf ». Incontestablement, la présence de violons renforce l’aspect nostalgique du titre, le tout nous emmenant dans son sillage, tellement la musicalité est poussée à sa plus belle expression.
Puis c’est « Samaaï al Andalus ». Etonnamment, ici nous sommes face à une structure qui opte pour le free, entre jazz pur avec soli de saxophone et l’orchestre de Bretagne derrière. Parfois déroutant, cela reste une belle pièce musicale. Pour terminer ce mini album live, « Almot Wala Almazala », s’apparente à une pièce quasi symphonique, avec des passages pour instrument solo. Ce n’est pas le plus emballant des morceaux du disque, mais il revêt un caractère presque pictural, tout en nuances et rebondissements là où on ne les attend pas nécessairement. Elle, qui, à 17 ans seulement, fit partie de la fanfare funk Tarace Boulba, en a gardé visiblement des traces dans sa manière de composer certains titres.
La musique de Naissam Jalal est remplie de plusieurs sources, moyennes-orientales, arabes, mais aussi française (écouter « D’Ailleurs nous sommes ici »), mélange savamment les rythmes, bien soutenue en cela par son groupe. C’est un vrai plaisir que d’écouter cette artiste.
Alors, faites comme moi, n’hésitez pas, plongez-vous dans ce bouillonnant bain musical et culturel proposé par Naissam Jalal.
Guillaume.
Derniers feux pour le festival Concordanse à la Médiathèque.


Evènement à la Médiathèque le 18 Mars dernier, avec la prestation attendue du duo composé de Amala Dianor, chorégraphe, et de l’écrivain Denis Lachaud, pour les derniers feux de ce superbe festival. Mais qu’est donc Concordanse? Le festival Concordanse, créé il y a une quinzaine d’années par Jean-François Munnier, actuel directeur du théâtre de l’Etoile du Nord (Scène conventionnée d’intérêt national art & création danse), en partenariat avec la Briqueterie, centre de développement chorégraphique de la danse contemporaine, basé à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, voit ses derniers feux s’éteindre cette année, dans un contexte marqué par la pandémie du Covid-19, ce qui a conduit l’équipe de programmation à réduire les dates de prestations des duos proposés dans le cadre du festival. Pour cette dernière édition, le festival a décidé de rappeler d’anciens duos programmés les années précédentes, afin d’offrir un plateau riche aux partenaires potentiels susceptibles de les accueillir.
Un mot sur la génèse de ces prestations. L’idée de base est donc de provoquer la rencontre entre un(e) chorégraphe et un(e) romancier(cière), pour en trois mois, écrire un spectacle de 30 à 40 minutes, avec la contrainte d’être sur scène tous (tes) les deux, et dans un espace scénique réduit de 6 mètres sur 6, afin de pouvoir transporter ce spectacle dans de nombreux endroits comme les médiathèques.

Donc c’est un évènement qui a eut lieu le jeudi 18 mars 2021 à la médiathèque. Après avoir accueilli la chorégraphe Joanne Leighton (photo ci-dessus) et l’écrivaine Camille Laurens (première photo de gauche ci-dessus) en 2018, puis le chorégraphe Frank Micheletti et l’auteur Charles Robinson l’année suivante, la médiathèque recevait cette année, devant un public de jeunes lycéens du lycée Pablo Picasso, le duo constitué d’Amala Dianor, danseur et chorégraphe, et de l’écrivain-comédien-karatéka Denis Lachaud, pour un spectacle intitulé « Xamuma fane lay dëm » (Je ne sais pas où je vais).

La prestation du duo, basée sur le thème des origines, de la différence, était remarquable. Le duo évolue tout en harmonie pendant 35 minutes, dans un silence voulu par les deux protagonistes, au moins dans la majeur partie du spectacle, à part un court morceau musical, et dès lors un échange de textes écrits par Denis Lachaud. Venant du karaté et étant également comédien, Denis Lachaud a proposé au départ de leur collaboration qu’Amala Dianor s’appuie sur des Kata de karaté réalisés par Denis pour monter la chorégraphie. Ainsi le tableau s’appuie sur 4 ou 5 Kata, et le reste du spectacle se déroule autour. C’est beau. Une belle danse des corps, un mélange des origines, africaines (Sénégal, Wolof), occidentales, asiatiques. Le public présent, une classe de terminale du Lycée Picasso, spécialisée en Arts a semblé apprécier le spectacle proposé. Une rencontre d’une trentaine de minutes s’en est suivie, permettant de mieux connaître la génèse de la rencontre entre Amala Dianor et Denis Lachaud.
Ce moment culturel partagé a fait du bien à tout le monde, par les temps difficiles que nous traversons. Cette prestation, ce moment d’échange émotionnel, inestimable pour les artistes, est aussi un bonheur pour nous qui les avons accueilli, accompagnés dans cette démarche par nos partenaires de Fontenay-en-Scènes et de la Briqueterie.
Hélas, c’était donc la dernière séance de ce festival. Jean-François Munnier, son créateur s’en allant sous d’autres cieux de responsabilités, à la direction du théâtre de l’Etoile du Nord.
Guillaume.