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Piano Pianissimo


Le piano, cet instrument magique, où les doigts virevoltent sur cette multitude de touches noires et blanches, réalisent des prouesses dignes des plus grand.es gymnastes, ou par quelques notes subtiles vous envoûte… J’ai toujours été fascinée par la virtuosité des pianistes, par leur talent. Et pratiquant cet instrument depuis quelques temps maintenant, je me rends compte encore plus de la difficulté d’apprentissage, de la dextérité nécessaire, pour réussir ces envolées majestueuses ou cette caresse du clavier. Et ressentir ces émotions uniques que l’on peut avoir avec l’instrument. Quand l’instrument est un prolongement de votre être, une expression de tout ce qui se passe en vous.

Je suis toujours en admiration autant musicalement que techniquement quand je suis en concert, face à ce piano et celui ou celle qui l’accompagne. Comme avec tout instrument, une symbiose s’opère. L’instrument peut jouer le rôle principal, mais peut aussi accompagner la voix, se répondre aussi.

Alors avec cette playlist réalisée avec tous les médiathécaires, j’ai voulu rendre hommage à cet instrument, au talent de ces artistes. Que ce soit classique, jazz, pop, de nombreux styles musicaux lui font la part belle. Quelques souvenirs de pianistes reconnu.es, oublié.es…. Il y a de quoi faire profiter vos oreilles !

Bonne écoute

Carine

Higelin s’est envolé….


Fin de semaine ensoleillée sur Paris. Le printemps est presque là… mais un homme ne le verra pas arriver.

La nouvelle est arrivée, si abrupte. Jacques Higelin, éternel gamin de 77 ans, qui se faisait discret depuis quelques mois (peu de concerts, pas d’apparition télés ou presque) s’est éteint. Sa longue silhouette surmontée de ses cheveux gris en bataille, son visage éclairé de son rire éternellement juvénile et malicieux, son propos aussi rare que précieux, provoquant, nous ne les verrons plus. Higelin, chanteur-musicien-compositeur engagé, mais aussi acteur-poète,  se frottait à tous les genres et chapelles, depuis sa période avec Areski Belkacem et Brigitte Fontaine, jusqu’à ses travaux avec Rodolphe Burger sur l’un de ses derniers albums, était aussi et avant tout un homme qui aimait les mots. Vian, Trenet, Duras, Brassens. Il était éclectique par goût et par envie.

Il était un personnage à part dans l’univers de la chanson française. Humour grinçant, un brin cynique, timide, sur scène il se transformait véritablement et occupait tout l’espace. Pour l’avoir vu 2 fois, au Printemps de Bourges (festival qu’il a inauguré avec Charles Trenet en 1977), puis à Bercy, il avait ce charisme, cette chaleur humaine communicative, cette simplicité que l’on peut retrouver chez Jean-Louis Aubert, M, Alain Souchon entre autres.

Fasciné par Charles Trenet, et déjà musicien, il auditionne en 1954 au cabaret « Les 3 baudets » dirigé par Jacques Canetti. Ce dernier, le trouvant trop jeune, lui donne rendez-vous « dans 10 ans ». Il rencontre également le clarinettiste Sydney Bechet sur la comédie musicale « La Nouvelle-Orléans ». Il fera par la suite la connaissance de Henri Crolla, proche collaborateur de Yves Montand. 1964, grâce à Brigitte Fontaine, marque ses retrouvailles avec Jacques Canetti,qui lui fera enregistrer un texte de Boris Vian, « Je rêve ». Ce titre figurera sur une compilation « Boris Vian, 100 chansons », aux côtés d’interprètes comme Pierre Brasseur, Serge Reggiani, Catherine Sauvage entre autres. En 1965, Pierre Barrouh, fondateur du label Saravah, qui va lui permettre de faire ses premiers disques.

Dans les années 70, Higelin, amateur de textes, se tourne vers le rock, et enregistre « BBH75 » avec la participation de Louis Bertignac, qui ira ensuite chez Téléphone. Il livrera des albums par la suite des albums qui marqueront le public, « Champagne pour les uns » et « Caviar pour les autres », « Irradié », « Alertez les bébés ».. sans parler donc des albums live tels que « Higelin à Mogador », « Casino de Paris »(endroit où il fit notamment un rappel seul au piano qui dura… 2H!!), « Higelin à Bercy »… qui retracent des moments de communion avec son public, lors de prestations parfois très longues, tant il était généreux. Cette générosité, les fontenaysiens et fontenaysiennes avaient pu la mesurer quand en 1977, le grand Jacques s’était produit au Gymnase Léo Lagrange, et qu’il ne voulait plus quitter la scène! Il avait marqué les esprits ce soir-là!

En 1988, il publie le très beau  » Tombé du Ciel », dont la chanson titre sera un succès, sur lequel figure une chanson en l’honneur de la naissance de fille, Izia, petite sœur d’un certain Arthur H. S’en suivront « Illicite », « Aux héros de la voltige », « Paradis païen », « Amor Doloroso », et le dernier « Higelin 75 », paru en 2016.

En 2015, il avait écrit un livre « à 2 voix » avec la journaliste Valérie Lehoux, intitulé « Je vis pas ma vie, je la rêve ».

Cet artiste aura écrit parmi les plus belles pages de la chanson française de ces 40 dernières années. Le baladin-rêveur s’en est allé, discrètement.

Il va nous manquer.

Guillaume.

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