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Cory Seznec, profondément blues.

Comme je l’ai dit dans une précédente chronique, pour annoncer sa venue à Fontenay le 11 mai 2019, en première partie du vétéran du blues américain Otis Taylor, Cory Seznec est un musicien franco-américain dont l’univers est aux confluences du blues et des rythmes africains. Ce qui peut sembler très logique, au regard de l’Histoire, et de la naissance de cette musique, dans les champs de coton où les esclaves noirs travaillaient durement pour de grands propriétaires blancs, à la charnière entre le 19ème et le 20ème siècle, aux Etats-Unis, puis après dans les églises, avec l’arrivée du gospel et des spirituals (chants religieux).
Ses 2 premiers albums « Beauty in the dirt » (2014) et le récent « Backroad Carnival » (2017) témoignent de cet amour du musicien pour cette musique qui a par la suite donné naissance au rythm’n’ blues, à la soul music, à la funk. Sa voix grave, son style de jeu de guitare très subtil permettent à Cory Seznec d’installer très rapidement l’auditeur dans une relative connivence.
Avec « Picayune Baliverne », Seznec nous met tout de suite dans le jus. Une voix légèrement nasillarde, un blues gras, swinguant, suintant, qui nous transporte aisément dans l’ambiance enfumée des bars ou clubs du sud des Etats-Unis où le blues est né et où il est encore et toujours joué, de Chicago à La Nouvelle-Orléans, en passant par Bâton Rouge, des rivières des Bayous aux abords des fleuves sur lesquels naviguent les steamboats (bateaux à vapeur). Ainsi se succèdent « Sell you my soul » et Hawk on a Haystack ». Avec « Tattered Flag », changement d’ambiance. Là, Seznec nous emmène en afrique, entre basse frénétique, kora, et rythmique saccadée. « Pigeon man », « Let it all go », nous permettent d’entendre la guitare dobro (guitare au corps et aux cordes en métal), l’harmonica, 2 autres instruments qui donnent au blues sa couleur, et ce son si particulier.
Seznec est à l’aise dans ce registre et c’est un bonheur de l’écouter, tellement il se positionne dans la lignée des pionniers, tel un conteur, un témoin, ce que fait aussi aujourd’hui Eric Bibb, qui mélange également blues traditionnels et origines africaines. « Zanzibar », sorte de parenthèse instrumentale dans cet opus, est un morceau très léger. « Colette bar & restaurant », morceau toujours en mode zouk chaloupé, nous prouve que Seznec, voyageur sans frontières, n’hésite pas à nous surprendre. « God will change your situation barbershop », et « the Parting Glass », terminent en beauté ce « Backroad Carnival », dont Cory Seznec ne manquera de nous livrer de belles versions sur scène en mai 2019.
Alors si vous voulez poursuivre la découverte et passer un agréable moment, vous savez ce qu’il vous reste à faire : écouter l’album et réserver votre soirée, car avec Otis Taylor après, cela s’annonce comme un joli moment de cette saison culturelle.
Guillaume.
Cory Seznec en visite à la médiathèque.

Cory Seznec. Le nom sonne comme un appel à visiter la Bretagne, ses menhirs… pourtant ici il n’en est rien! Le bonhomme en question est un musicien aux origines partagées. Français d’un côté, américain de l’autre (pays de son adolescence). Il sera de passage à la médiathèque le 6 avril prochain, avant son concert le 11 mai en première partie d’Otis Taylor.
L’homme à la casquette et la barbe d’apparence toujours presque naissante accrochée à son visage est un curieux insatiable. Aussi nourrit-il cet appétit de découvertes en tous genres et venants de tous horizons. Que cela soit par le biais du banjo « clawhammer » (arrache- clou), ou par des rencontres avec des banjoïstes adeptes du mode « old-time », Cory Seznec possède en lui l’âme d’un explorateur, aussi n’hésite-t-il pas à parcourir le monde, notamment l’Afrique, pour s’y nourrir de nouvelles sonorités, de nouveaux rythmes, qui plus tard pourront servir de matière à son univers sonore et musical. C’est ainsi qu’il s’initie à la polyrythmie, au jeu très syncopé cher aux guitaristes africains (écouter donc Keziah Jones et vous comprendrez…).
Membre fondateur de 2 groupes, il créé, sur Paris, les Sawmill Sessions, qui est un collectif spécialisé dans la musique bluegrass. Mais Cory Seznec est homme à ne pas tenir en place ni à figer ses influences dans son jeu. Aussi décide-t-il alors de reprendre la route de l’exploration sonore et musicale qu’il chérit tant. Il se rend alors à Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie, où il décide de rester pendant 3 ans. Le temps de s’imprégner de la culture locale et de rencontrer et intégrer 2 groupes locaux, Misto-Misto et Damakaze pour mieux appréhender le mélange des genres et rythmes africains.
En 2016, il fait un voyage au Kenya, accompagné d’un réalisateur de documentaire pour aller à la rencontre des derniers guitaristes Luhya. Ses deux albums, que j’évoquerai dans une prochaine chronique, « Beauty in the dirt » (2014) et donc « Backroad Carnival » (2017), qui sert de support à sa tournée actuelle, ont reçu les éloges de la presse britannique et française. De quoi rassurer le musicien et le renforcer dans sa démarche créative.
Voyageur, conteur, musicien de talent, chanteur, Cory Seznec possède tous les talents.
Avant de le découvrir sur scène 11 mai 2019 en première partie de Otis Taylor, à Fontenay-sous-Bois, venez l’écouter, le rencontrer le samedi 6 avril à la médiathèque Louis Aragon. Un boeuf musical avec la classe de guitare du conservatoire de Fontenay-sous-bois, est également prévu ce jour-là. Autant de raisons de ne pas louper ce moment!
Guillaume.