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« Just warming up »: Comme un testament musical de Lucky Peterson.


Cet album, paru en 2019, Lucky Peterson aurait dû venir le présenter en Europe cet été sur les scènes de Festivals si la parenthèse désenchantée et mortelle du Covid-19 n’avait pas frappé aussi durement en Europe, notamment en France, Italie, Espagne, Grande-Bretagne, Allemagne. Mais, hélas, Lucky Peterson, rattrapé par la maladie dû à ses nombreux excès de bon vivant, n’aura jamais eu le temps de le faire, puisqu’ il est décédé voilà quelques semaines seulement. Lucky Peterson était un multi-instrumentiste de génie (chant, guitare, harmonica, orgue hammond, batterie) et un showman accompli depuis sa jeunesse.

Mais donc ici je vais m’attarder sur ce qui restera son ultime album : 50, »Just warming up »(50 ans, »je démarre l’échauffement »). Titre étonnant et plein d’humour qui nous dit en forme de clin d’oeil que les 50 premières années de sa carrière étaient un échauffement musical, rien que ça! Quand on connait le talent qu’avait Peterson pour improviser à partir d’une vocalise, d’une note, pour démarrer un solo, on se dit qu’effectivement le décès précoce de ce musicien laisse un trou béant dans l’histoire du blues. Parmi les 15 titres qui le composent, 10 ont été écrits ou composé par Lucky Peterson.

L’album commence par « 50 years » en référence aux années de sa carrière (il a commencé à chanter à 5 ans).
Sur Youtube la vidéo qui accompagne la présentation de l’album nous montre le chef de bande en interview nous expliquer qu’après 50 ans de carrière (qui pour lui n’étaient qu’un début) il avait encore beaucoup de choses à faire et à dire musicalement, puis en train de répéter-enregistrer entouré de ses musiciens, la séquence se terminant par un gros sourire face caméra.
L’album est comme toujours une ode à cette musique sacrée pour lui, avec laquelle il a grandi,  dans laquelle il a baigné avant d’en faire sa mère nourricière et son inspiration quotidienne pendant 50 ans. Si sa voix s’en trouvé moins puissante que par le passé pas si lointain, sa technique instrumentale reste intacte quel que soit celui joué. A chaque note on sent le plaisir profond du jeu, du respect pour cette musique, et son devoir de transmettre. De perpétuer le lien, l’histoire de cette musique,  de ses origines, pour ne pas en perdre traces.
Oui un disque de Lucky Peterson,  comme de Buddy Guy ou du patriarche B.B.King,  c’est tout cela rassemblé.
Et « Just warming up »n’échappé pas à la règle. Il offre à l’auditeur un plaisir d’écoute, des moments de purs beautés comme ces duos avec sa femme Tamara (« Dont want nobody but you », un blues-soul avec cuivres, déclaration à sa femme ; « I Will die 4 U », morceau en mode acoustique, voix-percussion-guitare) ou encore comme toujours ces morceaux gorges de groove tel « Repossess your love ». Peterson, comme ses devanciers, est un conteur, un de ces bluesman qui vous tiennent avec cette façon de raconter ses histoires. Il a tellement écouté de musiques, rencontré de pointures de la scène musicale afro-américaine des années 70 et 80 (je pense ici à Prince, James Brown, Maceo Parker entre énormément d’autres), que sa musique ici s’ en ressent, en écoutant « Clickety Click ».
Le blues l’a toujours guidé, il le prouve joliment sur « The blues is driving me », sur une rythmique reggae. « Going where my roots come from » est un blues bien comme je les aime, lourd, posé, solide. Peterson y raconte son retour aux sources, sa « rencontre » avec la musique, le blues. Sa voie était tracée. Puis s’en vient « Let the Good time party begin » avec la chanteuse Daniella Cotton et l’harmoniciste Sugar Blue (Rolling Stones, Prince, Bob Dylan, Stan Getz…). Ça groove, ca roule, c’est bon.
Enfin pour terminer l’album, il nous gratifie de ces gospels, Amazing Grace / Precious Lord, en hommage à ceux qu’il chantait le dimanche à l’église, petit, avec ses parents, puis un peu plus tard en chorale.

Je vous laisse avec 4 extraits de son album qui sonne comme son testament à cette musique qu’il a chéri toute sa vie et a fait de lui une des plus grandes figures du style blues-rythm’n’blues de ces 40 dernières années.

Sûr que Là-Haut, avec Ray Charles, Dr.John, Prince ou encore James Brown les bœufs musicaux doivent déjà voler haut!

Guillaume.

Buddy Guy, le dernier des Géants.


Borntoplayguitar_pochetteA 79 printemps, Buddy Guy, après la récente disparition de BB King, est le dernier des représentants et gardien de la tradition, transmetteur de l’histoire du Blues, de ses douleurs, vicissitudes.

Beaucoup pourraient croire qu’à cet âge avancé, Buddy Guy pourrait se la couler douce, rester chez lui à savourer les jours qui passent… C’est mal connaître le bonhomme! Il est infatigable! Tel un véritable pèlerin du Blues, il parcourt encore et toujours le monde pour transmettre, faire connaitre l’histoire de cette musique. Son dernier album, « Born to play guitar« , dit tout! Dès le premier morceau, qui explique comment il a démarré la guitare, le ton est donné. L’homme est en forme et le musicien s’en donne à cœur joie. La voix posée et alerte, juste soutenue par un piano et un duo basse-batterie, il nous conte ses débuts, très précoces! Dès le second morceau « Wear you out« , en duo avec le barbu Billy Gibbons (ZZ Top), il offre du blues énergique, sans fioritures. La voix grave de Gibbons, le son gras des guitares, nous emmène directement dans ces contrées du sud des Etats-Unis, entre Louisiane, Mississippi, Texas, où les plus grands du Blues sont nés, ont vécus, se sont révélés (BB King, John Lee Hooker, Robert Johnson….).

Le plaisir est intact chez cet intarissable musicien. L’auditeur en profite pleinement à l’écoute de ce superbe disque gorgé de feeling, de peines éprouvées, de vécu, le tout porté par la  joie de jouer. Les titres défilent, nous embarquant sur les chemins de cette Histoire. Après le très beau « Back up Mama » très intimiste, il offre deux boogie-blues haletants, accompagné par le chanteur-harmoniciste Kim Wilson, « Too Late »  et « Kiss me quick!« .  Superbes ! Le reste de l’album est à l’avenant, savoureux, joyeux, enlevé, le plaisir est omniprésent et transpire à travers chaque morceau que je découvre.

Outre son jeu de guitare intacte, Buddy Guy est aussi un grand chanteur, avec ce grain de voix si particulier, qu’il met avec bonheur au service de ballades plaintives (écoutez donc « Crying out of one eye« ), ou plus enlevées comme sur « You’ve got what it takes« , chantée avec la talentueuse Joss Stone. Leur complicité vocale est totale. Les morceaux suivant ne dérogent pas, offrent de jolis moments à l’auditeur. Les 3 derniers titres « Thick like Mississippi Bud« , l’émouvant »Flesh and Bone » (duo avec Van Morrison) en hommage à BB King, « Come back Muddy« , en référence au génial Muddy Waters, referment cet écrin musical de haute tenue.

Vous l’aurez compris, « Born to play guitar » est un joyau à savourer sans modération, une pépite joliment ciselée par une légende du Blues!

Guillaume.

 

Quand les guitaristes croisent le manche


DVD : Crossroads Guitar Festival (2004).

Initié, par Eric Clapton soi-même, ce festival de guitares, unique en son genre, permet ici d’apprécier ou découvrir, des musiciens, des styles, au fil des morceaux joués sur la  scène du Cotton Bowl de Dallas.

On y retrouve avec plaisir nombre de figures légendaires de la six-cordes : Eric Clapton, Robert Cray, Buddy Guy, B.B. King, John  Mac Laughlin, Carlos Santana, Steve Vaï, et même les barbus de ZZ Top !!!

Le plaisir des musiciens, tous horizons musicaux confondus, à être ensemble, est palpable, visible. Le résultat de ce mélange stylistique : 4 heures de plaisir musical. Ce double DVD est à déguster sans modération.

Guillaume.

 

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