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Lucia D, musicienne de Fontenay.

Certains jours, la vie réserve des surprises. Venue nous déposer elle-même son premier album, Lucia Dorlet alias Lucia D est une musicienne fontenaysienne, guitariste-chanteuse en l’occurence. « Amiam« , titre de son premier opus musical, est enregistré en formation restreinte, puisque ne dépassant pas trois musiciens maximum. Elle y est en effet accompagnée de Léonce Langlois Favier au piano, et Julien Guerouet aux choeurs.

« Amiam » est donc composé de 7 titres, le premier étant « mes poèmes », le dernier « Sous mille feux ». Ce qui frappe d’entrée, outre la voix douce et légère de Lucia (photo ci-dessus), parfois même haut perchée, c’est la qualité d’écriture des textes pour décrire un ressenti, un amour perdu (« Amiam »). Dans « Fontenay-sous-Bois », elle évoque avec nostalgie ces souvenirs d’un temps passé dans notre ville, sur fond de piano. « Better days », seul titre chanté en anglais de l’album, soutenu de sa seule guitare acoustique, démarre doucement puis s’emballe un peu avec l’arrivée du piano et des choeurs. De quoi donner un peu d’épaisseur au morceau. « Ibrahim », raconte encore un amour, mais pour le cas, en plusieurs langues, français, espagnol, arabe, et avec un piano certes présent mais sans en faire trop. « Claire », une belle ode à sa soeur. Là encore l’écriture est très soignée, précise, presque littéraire. Pour finir ce premier mini album de 7 titres, Lucia D nous offre « Sous mille feux ». Une chanson sur un amour renaissant de ses cendres. Le piano se fait lyrique, superbe. L’ensemble de « Amiam » est agréable à l’écoute mais je ne peux m’empêcher de penser que la présence d’une basse ou contrebasse, voire parfois d’une guitare électrique, pourraient donner plus de densité à ce répertoire tout en gardant son aspect intimiste. Si cette jeune artiste se produit non loin de chez vous, poussez la curiosité, n’hésitez pas à la découvrir sur scène. Nul doute que vous passerez un joli moment.
Guillaume.
Sélène Saint-Aimé entre dans la danse.

« Mare Undarum » est le premier opus que concocte, pour notre plus grand plaisir d’auditeurs-trices mélomanes la contrebassiste-chanteuse française Sélène Sain-Aimé. Si à l’origine, Sélène se prédestinait davantage au chant qu’à la contrebasse, lorsqu’elle vit Avishai Cohen, elle a eu comme une révélation, au festival de jazz de Sannois, alors qu’elle y travaille en tant que bénévole. C’est l’occasion de la découverte du jazz. Donc, désormais la contrebasse qui aura ses faveurs. D’autant que selon elle, cet instrument pourtant massif, offre la possibilité de jouer très rapidement en groupe, que ce soit en duo, trio ou plus. détestant les étiquettes, elle refuse obstinément, et je trouve qu’elle a cent fois raison d’être comparée à la contrebassiste américaine Esperanza Spalding. Chacune possède une démarche, un univers bien distinct. Spalding navigue depuis près de dix ans dans le monde du jazz, Sélène Saint-Aimé y débarque discographiquement, bien qu’ayant déjà bénéficié de collaborations prestigieuses telles que celles de Ron Carter ou Steve Coleman, qu’elle avait rencontré à Montreuil, en région parisienne, lors d’une master class, avant de le suivre à New-York et de bénéficier de ses conseils avisés, de sa rigueur, de son approche musicale.

Cette musicienne curieuse de sonorités diverses, s’envolera pour Cuba, le Maroc ou la Martinique, terre de ses racines, sans oublier quelques incursions en terrain classique avec des adaptations de Villa-Lobos ou Moussorgsky. Et le « Mare Undarum » est le résultat de ces voyages, de ces nourritures sonores ingurgitées, digérées patiemment, tranquillement. Mais justement arrêtons-nous dessus.
C’est justement « Mare undarum, part.1 » qui ouvre l’album. Ce qui frappe d’entrée l’auditeur est l’aspect free, un brin éclaté du morceau, avec d’abord la voix puis la contrebasse et ensuite le reste des instruments qui s’insèrent, conférant une ambiance des plus étranges. « Feuillée et Beer » est sur cette même lancée, cependant ici Sélène Saint-Aimé nous convie à un dialogue entre la voix et la contrebasse. Avec « Paene Umbra : Chez Rosa B. », la contrebassiste laisse parler son imposant instrument. Très beau. Avant de s’exprimer de manière très courte, puis de laisser son instrument reprendre le lead. Elle lui laisse libre cour, le rendant très expressif. D’abord intimiste, le morceau se termine sur un aspect fanfare, qui laisse à penser qu’en live, ça peut vite aller plus loin. « Valsa Choro » est donc une valse, lente pour le coup sur laquelle vient se poser la voix de Sélène en un langage inventé. Après, c’est un « Rings of Neptune », morceau ou percussions et trompette sont en lead, entraînant, presque envoûtant. Sur « Partialis », elle nous offre sa voix en ouverture, d’abord en vocalises puis cela s’enchaîne avec le deuxième chapitre de « Mare Undarum », sur fond de contrebasse et percussions, elle se fait récitante, puis la voix se retire, un violon prend place, plaintif, blessé. Fidèle à sa démarche Sélène Saint-Aimé, nous emmène par sa voix, dans des sphères proches de la folie, tandis que les instruments agissent en contrepoint. Dans « Totalis », elle conserve cette dualité musique-voix chantée, ce caractère mystérieux. Comme sur le reste du disque, l’ambiance se veut très aérée, épurée même parfois. Enfin pour terminer son album, la contrebassiste nous propose un « Cum mortuis in lingua mortua », ce qui pour moi ressemble à une sorte de marche funèbre. Une fin étrange et bien sombre pour un album plutôt lumineux, aérien, prometteur, qui donne envie d’écouter la suite le plus vite possible. L’ensemble de cet album est très agréable à écouter, parfois déroutant, mais il nous amène vers des rivages sonores et rythmiques inattendus. Et c’est ce qui parfois fait le sel des découvertes, la belle surprise. Car ce disque révèle l’évidence : Sélène Saint-Aimé possède talent et personnalité.
Guillaume.
Quand le Jazz se chante et joue au féminin.

On le sait, vous le savez sans doute depuis longtemps, le label français Frémeaux & Associés, basé à Vincennes en région parisienne, n’a de cesse de rendre hommage au patrimoine du jazz, a mettre en exergue son histoire, ses héros ou héroïnes oublié.e.s en ressortant des pépites, toujours avec des enregistrements de qualité, et des livrets qui ne le sont pas moins. C’est encore le cas cette fois-ci avec le coffret intitulé « Jazz Ladies : The singing pianists (1926-1961) ». Dans ce nouveau superbe coffret qui contient 3 disques s’étalant chacun sur une période (CD1 : 1926-1961; CD2 : 1930-1961 ; CD3 : 1944-1961), uniquement dédié aux femmes chanteuses et pianistes de jazz, il est possible de retrouver des noms connus tels que Nina Simone, Shirley Horn, Blossom Dearie, Aretha Franklin, et d’autres qui ont disparu des radars comme Cleo Brown, Lil Armstrong, Una Mae Carlisle, Camille Howard, ou encore Rose Murphy. Ce n’est que justice de rendre hommage à celles qui ont également écrit parmi les plus belles pages de l’histoire du Jazz. Dans un précédent coffret, Frémeaux avait rendu hommage aux femmes instrumentistes dans le jazz tout en évoquant les nombreux obstacles auxquels elles se trouvaient confrontées. Il y était notamment indiqué que si, historiquement, dès la fin du XIXème siècle, lorsque le piano, ou plutôt de petits orgues, ont fait leur apparition dans certaines familles d’anciens esclaves, les chanteuses étaient admises du fait de leur présence dans les chorales de gospel, les rares chanteuses solo acceptées dans le monde du jazz étant les pianistes. Pour les autres instrumentistes, la tâche s’avérera plus ardue. Mais revenons à notre coffret du jour.
Dans le premier cd, qui couvre les années 1926 à 1961, il est donné à re- découvrir des artistes telles que Cleo Brown, virtuose du piano, qui propose un jazz swinguant, comme sur « The stuff is here and it’s mellow » ou sur « When Hollywood goes black and tan », qui évoque un Hollywood fréquenté par beaucoup d’artistes noirs, comme Louis Armstrong. Avec LR Armstrong, on arrive sur un jazz plus enlevé, avec des cuivres bien présents. Prémices d’un futur bebop. Écoutez donc « Harlem on saturday night ». Puis vient la voix plaintive de Una Mae Carlisle, sur « Love walked in ». On peut remarquer son phrasé précis, son timbre de voix équilibré, le tout sur des orchestrations qui là encore swinguent. Julia Lee est une pianiste davantage portée sur le boogie-blues. Écoutez « Dream Lucky blues » et son jeu précis, moderne. Cela se précise avec « Comme watcha you got », qui pourrait presque être un rock. Enfin elle est l’auteur d’une belle version de « Nobody knows when you’re down and out ». Paula Watson, elle, assume un style blues évident (« Pretty papa blues »). Plus loin sur le disque, on trouve aussi Ira Mae Littlejohn, qui veux voir Jésus en mode blues, Clara Ward qui pousse la voix comme à l’église le dimanche pour chanter le gospel, enfin Aretha Franklin, qui nous indique que le sang devient chaud dans les veines (« While the blood runs warm », et qu’elle résiste à la tentation (« Yeld not to temptation »). Ce premier chapitre ouvre des horizons intéressants, Aussi le second cd, qui va de 1930 à 1961, s’annonce bien.
Ca démarre avec Martha Davis, voix douce, suave, qui enchaîne « The be bop bounce », « I’m fer it » et « Cincinatti » avec un égal bonheur. Puis vient son « Kitchen blues », lent à souhait. Nellie Lutcher nous offre « Do you or don’t you love me? », sur un tempo très rapide, tenu aux balais à la batterie. Style enjoué, un brin clownesque, elle tient la rampe. J’arrive à Rose Murphy qui nous chante « I can’t give you anything but love » de sa voix fluette, quasi minaudante. Elle se risque également sur « Honeysuckle Rose » et « I wanna be loved by you » (reprise notamment par Marilyn Monroe). La voix gorgée de blues de Frantic Fay Thomas nous susurre « I lost my sign in Salt Lake City ». La Vergne Smith chante « un blues dans la nuit », avec une ton quasi descriptif, comme sur « One of the road ». « Double trouble blues », interprété par Kansas City Kitty est un blues piano-voix efficace, entraînant. Pour clore le disque, c’est la voix de Victoria Spivey qui surgit et nous chante « That man ». Un blues au piano.
Maintenant, voyons le dernier chapitre, période 1944-1961. Tout commence avec Blossom Dearie, dont le phrasé rappelle celui de Diana Krall, la voix en moins grave, qui après un « Thou swell » attrayant, nous gratifie d’une jolie version de « plus je t’embrasse », en français dans le texte, au ton très enjoleur. Elle joue tout en douceur, et sur ce rythme là, entonne « Someone to watch over me ». Vient derrière « Let’s fall in love » (repris par Diana Krall) qui nous est donné par Jeri Southern. Un swing au balais très agréable à écouter. Audrey Morris, voix légèrement grave, s’aventure sur « Good morning heartache ». « Day in day out », signé de la très grande Shirley Horn, fleure bon le swing d’un bebop, est exécuté à mon goût de manière un peu désordonnée. Arrive le célèbre « Makin whoopee », qui me réconcilie avec cette immense pianiste et chanteuse. A la suite, c’est la talentueuse Nina Simone qui se joue du « classique » de jazz « Mood indigo »dans une très belle interprétation. Son jeu de piano autant que sa voix sont un régal à entendre. S’en viennent ensuite « Love me or leave me », puis le très beau « Black is the color of my true love’s hair », un manifeste pour l’homme qu’elle aime. On peut aussi l’écouter jouer un Boogie-woogie, intitulé « Boogie-woogie roots ». De Boogie-woogie il est encore question avec Christine Chatman (« Bootin’the boogie »), Lilette Thomas, qui joue « Boogie-woogie time down south « , Madonna Martin avec « Madonna’s boogie », enfin Kate Webster qui déroule un « Baby comme on » et « Kate Lee », que n’aurait pas renié Jerry Lee Lewis.
En résumé, ce coffret regorge de trésors à decouvrir, tant au niveau des morceaux que des artistes. Ne passez pas à côté.
Guillaume.
Eddie Cochran, génie foudroyé.

Né en 1938 aux États-Unis, Edward Raymond Cochran alias Eddie Cochran a fini sa courte vie (21 ans!) de musicien et star montante du Rock’n’roll assis à l’arrière d’un taxi, qui s’est fracassé sur la chaussée mouillée au nord de Londres, entre Bristol et l’aéroport de la capitale anglaise, le 17 avril 1960. Un pneu éclate, le jeune conducteur (19 ans!)du taxi, perd le contrôle et le véhicule finira sa course dans un belvédère. A bord du taxi, outre Cochran, sa fiancée, et la star du rock Gene Vincent. Eux finiront blessés mais vivants. Comme le chauffeur. Seul Cochran succombera à ses blessures à l’hôpital de Bath.
Une carrière en expansion stoppée nette, dans la tôle froissée. Un destin funeste pour un musicien promis à une belle carrière. Eddy Mitchell évoque joliment cet triste épisode, ainsi que celui de Buddy Holly, décédé lui aussi tragiquement, dans « J’avais 2 amis ». Eddie Cochran, garçon au look de jeune homme propre sur lui, ses vestes de costumes, ses cheveux bien coiffés, avait des mains d’or et une voix qui, sans être extraordinaire, savait captiver son auditoire.
Alors, que vaut « Somethin’else », compilation en 2 cd des meilleurs titres du musicien, publié par le label Le Chant Du Monde? Hé bien, pour moi qui ne connaissais pas l’artiste, ou tout juste quelques-uns de ses tubes, j’avoue avoir été très agréablement surpris.
Outre qu’il est un excellent musicien, capable, grâce à une oreille très précise, de rejouer une mélodie à peine entendue, il possède une voix et un sens rythmique, qui à l’époque, ont permis de le voir sortir du lot.
Là, ça démarre fort avec la reprise du « Long tall Sally » de Little Richard, puis on enchaîne avec « Blue Suede shoes », composé par Carl Perkins. Sur « That’s my desire », sa voix se fait grave, suave, enjôleuse, à la manière d’un Presley. Puis ça enchaîne avec un rockabilly, « Twenty-flight rock ». Sa virtuosité à la guitare est évidente. Completly sweet », totalement rockabilly, « Dark lonely street », très sombre avec juste sa guitare pour soutenir la voix, le très rock « Ping Peck Stags ». Bref le garçon, doué, peut tout jouer, chanter avec une aisance déconcertante. Sans doute l’héritage de ses jeunes années passées à tourner au sein des « Cochran Brothers », duo qu’il forma avec Hank Cochran, juste et rien d’autre qu’un homonyme. Ou dans les bars, avec des formations improbables mais formatrices. Cochran fait partie de cette génération qui chantait parfois en onomatopées, histoire de pas se fatiguer la mémoire. Parfois les chansons de Cochran, mais il n’était pas le seul à agir ainsi, étaient de véritables bluettes, sans consistance, mais il fallait bien remplir les pistes du disques et justifier la location du studio d’enregistrement.
Sur le second chapitre de cette compilation, qui s’ouvre avec le suave « Don’t let me go »signée Dale Fitzsimmons, suivie de « I’ve waited so long » de Merle Travis, Cochran nous offre aussi des perles comme « Let’s get together « , dont la rythmique n’est pas sans rappeler « Com’on everybody », que l’on retrouve un peu plus loin. Moi j’ai découvert des bijoux comme « Teenage heaven », le punch « My way ». « Somethin’else » qui figure sur la compilation est une chanson reprise par Johnny Hallyday sous le titre « Elle est terrible » en 1963.
Le blues ne lui échappe pas, écoutez donc « Milk cow blues ». On dirait qu’il a fait ça toute sa vie. Et que dire de sa version de « Hallelujah I love Her so », si subtilement arrangée, alors qu’on a tous la version de Ray Charles en tête.
Oui vraiment ce « Somethin’else » est un joli recueil qui retrace, avec de jolis moments pour l’auditeur, la carrière bien trop courte d’Eddie Cochran. A noter la présence d’un livret en français intéressant. Pour les nostalgiques comme pour les curieux / curieuses de découvrir cette période musicale. Des artistes comme Elvis Presley, Aerosmith, Ray Charles, Stevie Wonder, ou encore Jerry Reed, ont repris certains titres de ce génie fracassé. Le meilleur moyen d’honorer sa mémoire, sa musique, jouée encore 60 ans après sa disparition.
Je vous laisse avec une sélection de titres qui l’ont rendu célèbres, plus quelques reprises par d’autres artistes.
Guillaume.
John Mayall, le pionnier anglais

Dans les années 60’s, alors que le blues est une musique avec un passé très riche aux Etats-Unis et des interprètes célèbres (Rober Johnson, le pionnier, mais aussi B.B. King, John Lee Hooker, Charley Patton….), l’Angleterre (déjà sous le charme absolu des Beatles et des Pierres Qui Roulent, que la presse se tient d’opposer alors que les garçons sont amis et se côtoient régulièrement, en studios ou au dehors) voit déferler le Bristish blues boom, mouvement initié par celui qui permis la véritable éclosion auprès du grand public d’Eric Clapton, de Jeff Beck, Jimmy Page . Après avoir donc évoqué les 3 guitaristes précités, je me devais de mettre en lumière celui qui leur a donné l’occasion de voir leur carrière décoller : John Mayall, guitariste-chanteur-harmoniciste-pianiste, entouré de ses Bluesbreakers, groupe qui a également compté dans ses rangs, Peter Green, (futur fondateur de Fleetwood Mac avec Mike Fleetwood), en 1967) ou Mick Taylor, futur membre des Rolling Stones.
Comme vous le voyez, « l’écurie » de John Mayall a permis l’éclosion, la révélation au grand public de nombreux très bons guitaristes, qui depuis les années 60, régalent nos oreilles, à travers de nombreux groupes et styles musicaux. C’est dire la contribution du bonhomme à l’histoire du rock, du blues, depuis les 55 dernières années. L’homme aux multiples talents, va dans les années 60, insufflé une nouvelle force à la musique anglo-saxonne, avec l’apport de ce blues dont il est grand fan. Mélangeant cette musique née des chants d’esclaves noirs dans les plantations des grands propriétaires blancs ou sur les chantiers de chemins de fer aux Etats-unis, où elle émergera sous la domination raciale alors en vigueur, puis donc arrivée en Europe après la seconde guerre mondiale, John Mayall va être la figure de proue de ce nouveau courant cité plus haut.
Nombre de musiciens passés par son groupe ont par la suite connu des carrières florissantes : Eric Clapton, Jeff Beck, Mick Taylor, Peter Green, ainsi que Walter Trout ou Coco Montoya. Belle brochette, de quoi satisfaire tous les amateurs de guitares des années 60’s, qui sans le savoir, découvrent à travers eux les grands noms du blues dont je parle plus haut. Cette mise en lumière d’une musique cachée, quand elle n’est pas interdite, aux Etats-Unis, aux début du 20 ème siècle, et de ses pionniers, va permettre au grand public de vraiment mettre le doigt sur un pan d’histoire musicale et sociale, jusqu’ici méconnue, si ce n’est inconnue.
Depuis sa période pionnière, John Mayall a poursuivi une carrière riche en albums, rencontres, lui permettant sans cesse de faire connaitre ou redécouvrir sa musique favorite aux générations qui ont suivi jusqu’à aujourd’hui. Prolifique, avec 65 albums (live compris!) depuis 1965 jusqu’à 2019, le bonhomme n’a pas chômé! De quoi laisser une empreinte indélébile au panthéon de la musique britannique du 20 ème siècle.
Si vous avez l’occasion de le voir sur scène, foncez, car l’âge aidant, John Mayall se fait de plus en plus rare. En attendant je vous laisse le découvrir à travers une petite sélection de vidéos. Profitez bien !
Guillaume.
Avec sa voix, Freddy nous rend Fa(a)da(s)!
Le public présent samedi 15 octobre, Salle Jacques Brel, à Fontenay Sous Bois, a passé une très belle soirée. Pourquoi ? Tout simplement parce que Faada Freddy, chanteur sénégalais, venait présenter, dans le cadre du Festi’Val de Marne, « Gospel Journey » sorti en 2015. Après un jeune duo piano-voix et guitare, puis après la très belle prestation de Awa Ly, accompagnée de 3 musiciens, offrant un répertoire coloré aux sons du reggae, de la musique africaine et du jazz, c’est donc Faada Freddy, qui prit possession de la scène, devant une salle comble, un public conquis. Dès son arrivée sur scène, entouré de 5 autres vocalistes (4 hommes, 1 femme), la chaleur est montré d’un cran. L’art consommé de la scène, et le talent vocal on fait le reste. Au menu vocal et musical, du gospel bien sûr, mais aussi du funk, du reggae, du rap, des reprises, bref un éventail large, attestant du talent du chanteur sénégalais et de ses acolytes.
Reconnu par des artistes aussi variés que Bernard Lavilliers, Imany ou Lenny Kravitz ! ça donne une idée de la qualité du bonhomme. Sa recette aussi originale que riche, est de composer des morceaux uniquement basés sur des rythmiques corporelles, et sur l’utilisation de la voix, qu’elle soit sienne ou celles de chœurs masculins ou féminins. Cette démarche n’est pas sans rappeler celle des géniaux Bobby Mac Ferrin, ou Al Jarreau, capables de tenir seuls en scène près de 2h entre improvisations vocales, utilisation du corps comme instrument, et imitations d’instruments par leurs seules voix. Certes Faada Freddy n’en est pas encore là, mais il est clair, à écouter chaque morceau de « Gospel Journey », qu’il a devant lui tous les chants du possible.
Ici gospel, reggae, soul, se succèdent avec une jubilation omniprésente… le travail des chœurs, en arrière plan de sa voix, est d’une précision sans faille, rendant la prestation de Faada Freddy, claire, limpide. La voix, instrument précis, se démultiplie, se diversifie, offrant à l’auditeur une parenthèse enchantée rafraîchissante. A l’heure ou la musique est affaire de samples (n’est-ce pas Laurent:-)!), de synthés utilisés à tort et à travers, le travail et la démarche menés par Faada Freddy fait un bien fou. Simplicité, originalité! La voix est l’outil de l’histoire individuelle, collective, outil de transmission de cultures, de traditions. L’album se termine par un titre « Borom Bi » chanté en dialecte sénégalais et en anglais.
Ne passez pas à côté de ce virtuose vocal, et courrez le voir sur scène!
Guillaume.
Mister Knopfler nous emmène en promenade…
Il nous aura fallu attendre, patienter 6 ans! Depuis 2009 et son précédent opus, Mark Knopfler s’était retiré du monde.
Sortant de son silence, de sa retraite campagnarde comme le suggère la pochette de son dernier album « Tracker« , Mark Knopfler, ex chanteur-guitariste-leader de Dire Straits, qui fut dans la décennie 80 une usine à tubes dont les célèbres « Telegraph road », « Money for nothing » , « Sultan of Swing »… entre autres, revient donc nous voir.
Cet amateur de folk music, de country (voir ses collaborations avec Tom Petty, Bob Dylan, Willie Nelson, ..), de blues avec Eric Clapton, de ballades finement ciselées, loin des standards en vigueur de nos jours, n’a pas pour ce retour, changé de recette : simplicité, minimalisme, dépouillement, efficacité!
« Tracker » est une invitation à la promenade menée par Mister K. Passé « laughs and joles and drinks and smokes », se présente les 2 premiers morceaux intéressants, que sont « Basil » et River towns ». Le talent du guitariste est toujours là, tout comme sa voix, légèrement grave. Intacte, précise! Certes Mark Knopfler n’a jamais revendiqué être un chanteur puissant, reste cependant cette faculté à conter des histoires, simplement, tranquillement. Suivent les beaux « Broken Bones », « Lights of Talormina », « Silver Eagle », à savourer.
La promenade avec le guide Knopfler se termine par un duo-« Wherever I go »- avec la chanteuse australienne Ruth Moody.
Tout au long de « Tracker », la musique, toujours sobre, dépouillée, emporte l’auditeur.
Du bel ouvrage, Mister Knopfler!
Guillaume.
Lady Krall revisite la Pop
3 ans après « Glad Rag Doll », la canadienne Diana Krall nous revient avec un album « WallFlower » aux couleurs de la nostalgie, puisqu’il contient des titres pop-rock ayant accompagné sa jeunesse, influencé son parcours musical. Avec tact et subtilité, elle retouche les originaux sans en perdre l’âme originale. La preuve, d’entrée, la canadienne nous offre une très belle version aux accents nostalgiques de « California dreamin’ » (Mama’s and Papa’s), avec un tempo volontairement lent, souligné par la présence d’une section de cordes. Viennent ensuite « Desperado » (Eagles), « Sorry seems to be the hardest word » (Elton John), ou « If I take you home tonight » écrit par Paul Mac Cartney.
Avec ce « Mur de Fleurs », Diana Krall nous embarque pour une remontée dans le temps, vers ces 70’s, nous présentant à sa façon, les artistes et chansons qui ont jalonné sa jeunesse, été à l’origine de son envie de composer, chanter, jouer du piano. Sa voix suave fait merveille sur ces morceaux revisités.
Pour clore cette promenade temporelle, Diana Krall nous offre sa version de « Don’t dream it’s over » chantée par le groupe Crowded House en 1986 ! Que le temps passe !
Ce nouvel album est un bonheur simple, tout en élégance, qui s’écoute très agréablement ! Idéal en ce début de printemps !
Si vous êtes nostalgiques des 70’s ou simplement désireux(ses) de découvrir cette période idyllique de la pop anglo-saxonne, ce disque là est une belle porte d’entrée.
Ne la loupez pas !
Guillaume.