Archives du blog
Noa, retour en mode intimiste.

La chanteuse israélo-américaine Noa, apparue sur la scène internationale au début des années 90’s, s’est rendue célèbre avec sa chanson « I don’t know« , parue en 1994. Elle se fera connaître en France par le biais de l’émission « Taratata » animée par Nagui, en septembre 1995. Son timbre de voix haut perché, sa musique qui mélange savamment orient et influences pop occidentale vont faire mouche à l’époque.
Depuis elle a mené une belle carrière, enregistrant notamment en 1997, la version originale de la comédie musicale « Notre Dame de Paris « , en reprenant le rôle d’Esmeralda. En 1999, avec Eric Serra, elle écrit la chanson « My heart calling », pour la bande originale du film de Luc Besson, Jeanne D’Arc. Bref, elle ne chôme pas, croule sous les belles propositions.
Jusqu’à ce nouvel album, « Afterallogy », sorti cette année, où accompagnée du seul guitariste Gil Dor, elle revisite des classiques du répertoire jazz. Tout démarre par un « My funny Valentine » aérien, portée par la voix cristalline de Noa, soutenue par le phrasé léger de Gil Dor. Après cette entrée en matière, c’est le très beau « This Masquerade », servi de façon élégante par la voix de Noa qui déboule. Après ça, vient pour moi le premier morceau de bravoure du disque avec « Anything goes », morceau composé par Cole Porter, interprétée autrefois par Ella Fitzgerald, puis Stan Getz et Gerry Mulligan en version instrumentale en 1957, avant que Tony Bennett, avec le Count Basie Orchestra en 1959 n’en donne sa version chantée. Il renouvellera l’expérience en 1994, avec Lady Gaga, ce qui sera le premier duo de leur album « Cheek to Cheek ». Donc vous le voyez ce morceau a connu de belles interprétations avant celle de Noa ici. Après quoi la belle chanteuse nous entonne « Oh Lord », complainte en langue hébreu. Ici, la sobriété du jeu de Gil Dor s’accommode très bien de ce titre, de ce langage.
Jusqu’ici nous sommes comme dans une conversation intime avec cette artiste, au coin du feu, ou dans un bar, à la lumière tamisée des lampes restantes, offrant intimité, proximité. Le dialogue initié entre la guitare et la voix renforce cet effet évidemment. Cette sensation continue de s’exprimer avec « But beautiful », également enregistrée par Billie Holiday, Joe Pass, Tonny Bennett et Lady Gaga. Arrive alors le bien nommé « Something’s coming », initialement écrit pour le film-comédie musicale « West Side Story » aux 10 Oscars en 1961, avec George Chakiris (Nardo), Natalie Wood (Maria), Richard Beynner (Tony, amoureux de Maria) entre autres…). Le disque se déroule tranquillement, ici nous appelant à rentrer à la maison avec « Calling home » puis la belle brune nous chante « Darn that Dream », autrefois joué par le saxophoniste Dexter Gordon, le pianiste Ahmad Jamal ou encore Benny Goodman and his Orchestra. Bref de glorieux prédécesseurs. « Lush Life » nous arrive alors en pleine face, un écrin de pureté, un joyau, une moment de grâce vocale. Noa semble se régaler à interpréter ce registre jazz en mode guitare-voix. Ce dialogue intime, épuré, lui plaît. Ce titre lui aussi a fait l’objet de nombreuses versions. Les plus marquantes étant celles de John Coltrane, Nancy Wilson, Bud Powell, Rickie Lee Jones, Natalie Cole, Queen Latifah, Kurt Elling ou bien encore le duo Bennett-Gaga. Pour ce disque tout en subtilité, Gil Dor a composé « Waltz for Neta ». Magnifique. Et pour clore ce dialogue, Noa et Dor nous jouent un « Every time we say goodbye », autre morceau de Cole Porter, en toute simplicité, légèreté, retenue. De la haute couture. Très beau.
Je vous conseille donc de ne pas attendre pour écouter ce disque.
Guillaume.
Billie Holiday, une vie de Blues pour cette Lady.

Le livre qui nous occupe ici, « Lady sing the Blues« (Editions Parenthèses, collection Eupalinos), dont le titre est une référence à l’un des titres phares du répertoire de la chanteuse, est différent de celui écrit par Philippe Broussard en 2015 aux éditions Stock, intitulé « Vivre cent jours en un« , car c’est une autobiographie, co-écrite avec l’aide de William Dufty, publiée en 1956. Ce qui change également, c’est que Billie Holiday, contemporaine d’Ella Fitzgerald, s’exprime ici à la première personne dans le livre, donc nous sommes, nous lecteurs, dès le début embarqués dans son sillage, dans ses aventures d’enfant ballotée, puis on la suit lors de son départ seule à New-York, dans le quartier de Harlem, dans un appartement de deux pièces, avec un piano droit, pensant échapper à la misère, aux sévices masculins, au racisme, bref à tout ce qu’elle a subi depuis le début de sa vie. Billie Holiday nous raconte également son arrière grand-mère, maîtresse d’un propriétaire terrien blanc, qui possédait des plantations et nombre d’esclaves. Elle nous parle des clubs interdits aux noirs, tels le fameux Cotton Club(photo ci-dessous), sauf aux musiciens et danseurs venus là pour distraire les blancs qui souhaitent s’encanailler et passer du bon temps en dépensant leur argent.

Personnage important du livre et de sa vie, sa mère, qui est tout pour elle, qui détestait la solitude et s’arrangeait toujours pour avoir la compagnie des hommes, et quand ceux-ci n’étaient pas là, dans celle de l’alcool. Cette mère à qui, bien qu’ayant très tôt quitté l’école, Billie va, par le biais de jeux scolaires, apprendre à lire et écrire. Son père disparu de la circulation très tôt dans sa vie, elle en aura des nouvelles de temps en temps par courrier, ce dernier évoquant alors sa fierté envers le devenir de sa fille. Puis un soir de 1937, tout bascule. Alors qu’elle s’apprête à rentrer en scène, un téléphone sonne et la demande. Un voix lointaine demande si elle se nomme bien Eleanore Billie Holiday, ce qu’elle confirme, et si son père s’appelle Clarence Holiday. Double confirmation. Cette voix lointaine lui annonce alors le décès de son père et demande si elle souhaite récupérer le corps. Bref, des moments très difficiles à vivre. Et puis au détour d’une anecdote, Billie Holiday évoque comment lui est venu le nom de « Lady Day ». « C’est Lester Young, mon saxophoniste, qui à côté de « Lady » a rajouté la syllabe day de mon nom, ce qui a donné « Lady Day » et c’est resté ».

Son entrée dans l’orchestre du grand Count Basie (surnommé la machine à swing de Kansas City, sa ville natale), pour gagner en expérience et se faire des sous. Mais sur ce côté là, déception, elle ne touchera que quatorze des trente-cinq dollars promis. Elle dit sans détours son aversion pour la routine des tournées, la monotonie qu’elles engendrent, et qu’elle a failli quitter le groupe avec Lester Young, lassée de cette vie et des accusations de mettre la pagaille dans la troupe en séduisant tous les musiciens, ce dont elle s’est fortement défendue. Nous révèle les vicissitudes vécues lors d’une tournée, à Detroit, en période de ségrégations raciales. Le propriétaire du théâtre où devait se produire Basie et son orchestre avec Lady Day, exigea d’elle, trop pâle à son goût, qu’elle se fonça le teint, sinon pas de concerts!!! Ulcérée, mais collégiale, Holiday finit par obtempérer. Ou la remarque d’un patron de club à Chicago, un certain Joe Glaser, qui lui demanda de maigrir si elle voulait un contrat ! Le sexisme dans toute sa splendeur!!!! Outre tous ces désagréments, Billie Holiday a retenue de son expérience avec Count Basie un bagage formidable, des rencontres humaines de qualité et surtout la somme de titres travaillés et qui désormais constituaient le répertoire du Count.
Au delà de ces faits, et de beaucoup d’autres narrés avec justesse, émotion, colère, drôlerie parfois, déception aussi, le lecteur découvre les multiples facettes de Billie Holiday. Ce récit nous retranscrit très bien tout cela, nous replonge au côté de cette grande dame du jazz, dans cette période sombre de l’Amérique, où la ségrégation régnait à plein, où les noirs, hommes ou femmes n’avaient que peu droit de cité, bref où la vie était un vrai enfer pour elles, pour eux. Le seul moyen d’en sortir, de se faire respecter des blancs, était de s’imposer dans le monde artistique, ici le jazz, verrouillé pourtant à l’époque par des hommes. La vie de cette diva qui n’aura vécu que 44 ans, tout en nous laissant des titres inoubliables comme bien sûr « Lady sing the Blues », » Strange fruit »(chanson créée en 1939, au Café Society à New-York, un des premiers clubs ne pratiquant pas de discrimination raciale), « I’m a fool to want you », « My man » et beaucoup d’autres, est ici contée sans détours, ni commisération, juste avec la bonne distance et le ton sincère d’une artiste qui se livre, en confiance.
Tout au long du livre, le lecteur se régale, car au delà des moments glaçants, il est rempli d’anecdotes drôles tendres, on la suit aussi dans sa carrière musicale, on est avec elle quand elle doute, quand elle retombe dans ses travers, quand elle chante. Bref c’est une belle évocation, très fidèle, qui prend parfois le lecteur aux tripes, car Billie Holiday s’avère être un personnage attachant, sensible, malgré ses fragilités, ses cicatrices de vie. Elle fait face, non sans mal, dans ce monde d’hommes qu’est le Jazz, le Business, aux musiciens, producteurs, agents, directeurs de clubs ou de casinos, bref à tous ceux qui pourraient avoir une position de pouvoir sur elle. Mais elle sait aussi reconnaître leur talent quand il est là, leur honnêteté, leur bienfaisance si elle est réelle. Reste que parfois, sa naïveté lui a joué de sacrés tours, tant sur le plan privé que professionnel. Cela l’emmenait alors vers des paradis artificiels que sont l’alcool et la drogue.
A celles, ceux qui ne connaitraient pas encore cet immense artiste, l’une des plus grandes voix du jazz du vingtième siècle, je conseille sans hésiter de lire ce livre, pour s’approcher au plus près de la légende, de la vie bien remplie loin d’avoir été un long fleuve tranquille (hé oui, Laurent et Carine, j’ai placé une belle référence cinématographique .. pour le plaisir..) de celle qui a tout subi, vécu, déboires, gloire, avant la déchéance et finir dans la misère, éloignée de tous, jusqu’à être enterrée dans un cimetière à l’écart de New-York, ville de ses triomphes. Comme si on voulait oublier l’immense artiste qu’elle a été. Comme un ultime affront. Heureusement nous reste ses disques, sa voix, en guise de patrimoine, de témoignage ultime.
Pour celles et ceux qui voudraient découvrir cet immense artiste, il existe plusieurs pistes :
CD :
-Solitude / Billie Holiday.
-Billie Holiday : Jazz blues collection / Editions Atlas.
-The centennial collection / Billie Holiday.
-Lady sing the Blues / Billie Holiday.
Livres :
-Lady in Satin : Billie Holiday, portrait d’une diva par ses intimes / Julia Blackburn (Editions Rivage Rouge, 2015).
-Vivre Cent jours en Un » / Philippe Broussard (Editions Stock, 2016).
-BD : Billie Holiday / Muñoz & Sampayo (Editions Casterman, 1991).
Bande dessinée Jazz :
-Billie Holiday / Claire Braud (Editions Nocturne). 2 cd + Bd de 16 pages.
-Lester Young & Billie Holiday / Jean-Charles Baty (Editions BD Music). 2cd + Bd de 24 pages.
-Count Basie / Michel Conversin (Editions Nocturne). 2 cd + Bd de 19 pages.
DVD :
-Billie Holiday, Lady Day / Philippe Koechlin.
-Le film « Lady sing the Blues », réalisé en 1972 par Sydney J.Furie, avec la chanteuse Diana Ross dans le rôle titre. Elle sera nommée aux Oscars cette année-là pour l’Oscar de la meilleure actrice.
-Le film « Billie Holiday, une affaire d’Etat » de Lee Daniels, (sorti juin 2021), avec l’actrice Andra Day dans le rôle titre (nomination aux Oscars pour la meilleure actrice).
-Un dvd documentaire intitulé « Billie » de James Erskine (2020).
Guillaume.
Quand Jimi se fait Jazzer…

Après avoir réalisé en 2019, un album autour des compositions du regretté Prince Roger Nelson, alias Prince, chroniqué ici-même, c’est au tour d’un autre géant de la musique du 20ème siècle, du rock en particulier, le guitariste Jimi Hendrix, de subir ce passage à la machine jazz. L’album s’intitule sobrement « Hendrix in Jazz », les morceaux ont été sélectionnés par Lionel Eskenazi.
Pour faire aboutir un tel projet, il faut un peu de folie, de la ténacité, et la réussite pour convaincre des jazzmen et jazzwomen de tous horizons de se ranger derrière la bannière Hendrix. Un morceau par artiste, parfois plusieurs comme pour Mina Agossi (passée à l’Espace Gérard Philipe en janvier 2011). Au total, ce sont 25 artistes ou groupes qui interviennent sur cet album, comme par exemple la chanteuse québécoise Terez Montcalm (photo ci-dessus), le guitariste-chanteur de blues Poppa Chubby, la chanteuse coréenne You Sun Nah (photo ci-dessus), Denis Colin Trio, ou encore le fantasque chanteur américain Willy Deville, et même la talentueuse pianiste américaine Geri Allen. Vous le voyez le plateau est riche et varié, pour faire honneur à la musique de Jimi Hendrix.
C’est donc la chanteuse canadienne Terez Montcalm qui ouvre l’album avec une superbe reprise de « Woodoo child », sur fond d’ambiance feutrée illustrée par les percussions et la guitare qui officient. Sa voix, légèrement rauque et cassée, fait parfois penser à Janis Joplin. C’est un régal. Ensuite, la chanteuse coréenne You Sun Nah prend le relais avec un titre intitulé « Drifting », lui aussi donné en version calme, tranquille. Elle nous gratifie de vocalises envoûtantes qui nous embarquent pendant que la guitare s’exprime sans tomber dans le piège du plagiat hendrixien très vite repérable. Puis vient « All along the watchover », restitué de très belle manière par le trio du pianiste Francis Lockwood, frère du regretté talentueux violoniste Didier Lockwood. Une ambiance de jazz-club se dégage de ce titre. Cosy. Douillet.
Puis on arrive à la version de « Hey Joe » enregistrée par le bluesman Lee Moses ( mort en 1997). Cette reprise ne date pas d’aujourd’hui car le bluesman l’a effectué en 1971. La voix presque plaintive et éraillée, le timbre assurément grave, dominre ce cover où la rythmique et la guitare sont en retrait, de manière minimale bien sûr. Superbe. Vient après « Little Wing » revu et corrigé par le subtil guitariste Nguyen Lé et son trio. Ça confine presque à du jazz fusion.
Puis la talentueuse vocaliste Mina Agossi (photo ci-dessus), qui chante 3 titres sur l’album (« Burning of the Midnight Lamp » ; « Spanish castle magic »; « Red house ») prend donc place pour « Burning of the Midnight Lamp » qui ne m’a guère convaincu…son interprétation de « Spanish Castle magic » est au même égard ratée, sans aucune magie. La chanteuse semble ne pas avoir trouvée la bonne clé pour aborder l’univers du guitariste américain. Isa Sand, elle nous embarque d’entrée dans une belle interprétation de « Manic depression ». Je découvre cette chanteuse. Belle voix, expressive.
Celui qui vient après, Joachim Kuhn, vieux routier du jazz expérimental, nous concocte une approche très particulière de « Purple Haze » plus proche du jazz contemporain. Pas ma tasse de thé.
A retenir des morceaux qui suivent, le très beau « gypsy eyes » joué par Louis Winsberg (ex Sixun), tout en subtilité. La chaleur flamenca-gypsy fait du bien à entendre. Geri Allen, pianiste américaine que l’on ne présente plus, joue deux morceaux, accompagnée par les Batson Brothers, à savoir « Message to love », un brin contemporain, et « Little Wing ». Sur ce dernier titre, elle joue tout en douceur, de manière minimale. Les deux derniers morceaux de cet album en hommage à Jimi Hendrix sont signés Willy de Ville, et Poppa Chubby.
Le premier nous donne sa célèbre reprise en mode mariachi de « Hey Joe ». Pour l’avoir vu il y a très longtemps au festival de jazz « Banlieues Bleues », au Blanc-Mesnil, je peux vous assurer que sur scène cette version est géniale à voir jouer. Le second, que j’ai eu la chance de rencontrer lors de sa première venue en France, à l’époque où je sévissais dans un fanzine musical nommé « Standards, l’aventurier multimusiques » (clin d’oeil ici à Marc Sapolin, ancien programmateur de l’Espace Gérard Philipe, initiateur du Festival des Aventuriers première mouture à la fin des années 90) et à toute l’équipe de passionnés qui a oeuvré à sa réalisation pendant 9 années, de 1992 à 2001), est un bluesman puissant, par la taille, le talent. Il joue un « Purple Haze » chaud comme la braise. Parfait pour terminer l’hommage à Hendrix.
Ce disque est une vraie réussite. Précipitez-vous dessus.
Guillaume.
Diana Krall, délicieusement romantique !
Vêtue d’une élégante robe noire, Diana Krall, assise sur une table de bureau, a le regard perdu… Nostalgique ? A l’évidence, la chanteuse-pianiste canadienne aime de plus en plus les ambiances ramenant aux années d’or du jazz, à savoir les années 30-40-50. Elle aime s’inspirer des compositeurs tels que Cole Porter, Nat King Cole, George ou Ira Gershwin, Glenn Miller… Epoque bénie du be bop, des big bands, des clubs de jazz aux ambiances cosy que la belle semble affectionner, époque également baignée par le romantisme tant au cinéma que dans la musique jazz… »Turn up the quiet« , son nouveau bébé musical en est la parfaite illustration.
Entourée des fidèles Christian Mac Bride, Russell Malone, mais laissant entrer dans son cercle le guitariste Marc Ribot, Diana Krall nous plonge d’entrée dans une ambiance cosy, intimiste, feutrée. Sa voix si particulière et ce phrasé toujours impeccable sont là pour accueillir l’auditeur sur « Like someone in love » (chanson autrefois interprétée par Diane Leigh et Sarah Vaughan). Après quoi, elle nous embarque avec « Isn’t it romantic », puis enchaîne avec « L-O-V-E ». un morceau qui swingue tout en douceur, un air chaloupé. « Night and day » démarre comme une bossa-nova (une des musiques dont se régale la canadienne). L’ambiance de ce morceau n’est pas sans évoquer les grands noms de la bossa-nova, et le titre « The girl from Ipanema », par instants. Avec « I’m confessin (That I love you) », petit bijou bluesy, la Krall nous emmène encore ailleurs…. un bonheur! La suite, de « Moonglow » au final « I’ll see you in my dreams » est un chapitre tout en douceur, sur lequel la voix de velours de Diana Krall se promène tranquillement.
Un disque facile diront certains. Personnellement, si la production est évidemment ultra soignée, l’univers de cette artiste emmène l’auditeur…vers le calme, la sérénité. J’imagine très bien écouter ce disque dans une ambiance feutrée, tranquille, un verre de bon vin à la main. En attendant de la voir sur la scène de l’Olympia les 7,8, et 9 octobre prochain!
Pour les fans de la canadienne, cet album sera très agréable à écouter.
Guillaume.
Un après-midi à Paris avec Yana Bibb
Je vous avais déjà parlé de Yana Bibb, fille du bluesman Eric Bibb, lors de la parution de son précédent album en 2014.
Cette fois-ci, elle nous revient avec « Afternoon in Paris« , enregistré … à Stockholm, et pour lequel elle s’est entouré en grande partie de musiciens locaux. Côté textes, si elle a écrit 5 des 11 morceaux qui figurent sur l’album, le reste est composé de reprises de Andrew Stroud, John Lennon & Paul Mac Cartney, Solomon Burke, ou le local Häkan Elmquist. Son père, Eric Bibb, lui a écrit 2 morceaux « Bessies’s advice » et « For you ».
La liste des précités indique que la chanteuse, cette fois-ci, ne se ferme aucune direction musicale. Au menu, du blues bien sûr, mais également de la bossa-nova, du folk, du traditionnel suédois à deux reprises (qu’elle interprète superbement dans la langue du pays). De quoi dérouter l’auditeur!… Mais le résultat, je l’admets, est des plus plaisants.
Oui ce disque est une jolie déambulation, où Yana Bibb nous entraîne dans ses pas, et l’on passe, avec bonheur entre les styles, les ambiances, les rythmes qui jalonnent cet « Après-midi à Paris ». Jamais ennuyeux, très épuré, servi par un orchestre de qualité, la chanteuse américaine prouve avec cet album, qu’elle prend de l’envergure, se fait un prénom dans la famille Bibb, et démontre qu’elle est une grande chanteuse-interprète.
Cet « Afternoon in Paris » se termine par le très beau morceau en hommage à son grand-père, Léon Bibb. Il peut être fier, sa petite-fille est devenue une grande artiste qui trace son propre sillon.
Guillaume.
Dinah Washington, une voix trop tôt partie
Dinah Washington, né en 1924 en Alabama, contemporaine de 2 autres très grandes chanteuses de Jazz, Ella Fitzgerald et Billie Holiday, a connu une carrière très courte puisqu’elle décède à seulement 39 ans en 1963, au sommet de son art.
Jeune, elle joue du piano dans les églises, avant de se consacrer au chant, de se singulariser par sa voix puissante et son phrasé émouvant. Chantant surtout du gospel, de blues, elle sera surnommée « Queen of the Blues ».
Après une rencontre en 1942 avec le fantasque et génial pianiste-chanteur Fats Waller, elle intègre en 1946 l’orchestre de Lionel Hampton.
Son talent évident lui vaudra, suite à des prestations remarquées à l’Appollo Theatre de Harlem de devenir une idole pour la communauté noire.
Dans les années 50, son sens du rhythme, sa voix si parfaite, lui vaudront de côtoyer l’arrangeur Quincy Jones, les musiciens Clark Terry, Joe Zawinul ou Max Roach.
Elle connaîtra un succès avec « What a difference a day made » (repris en 2004 par Jamie Cullum sur l’album « Twenty something »), qui lui attireront l’attention d’un large public. On lui doit également « Unforgettable » et « You’re nobody till nobody loves you ».
Le coffret « Original album series », publié chez Warner en ce début d’année contient 5 albums dont 1 live, « Dinah 62 », enregistré 18 mois avant son décès. Une belle manière de (re) découvrir cette immense artiste de jazz, au registre très étendue, dont la carrière fut hélas trop courte.
Guillaume.
Happy birthday, Lady Day !!
Née en 1915 à Baltilmore (USA), Eleanora Fagan, plus connue sous le nom de Billie Holiday, partie à seulement 44 ans en 1959, aurait eu 100 ans en avril prochain!
L’occasion de revenir sur le parcours riche mais hélas trop bref de cette immense artiste, de cette voix magnifique, considérée comme l’une des 3 grandes voix du jazz vocal féminin, avec Ella Fitzgerald et Nina Simone. Reconnue pour son sens rythmique impeccable, son articulation lente, elle amène l’interprétation des chansons de façon totalement novatrice, y incluant un aspect théâtral, vécu, qui sera sa marque, faisant merveille lorsqu’elle chante le blues ou les chansons d’amour.
Après un début de marquée par un père qui ne la reconnait pas à sa naissance, puis par la prostitution, ce qui lui vaudra un séjour en prison, Billie Holiday verra son horizon s’éclaircir à sa sortie… Après une audition dans un cabaret de Harlem, elle est embauché comme chanteuse, multipliant dès lors les cachets, les engagements dans d’autres clubs.
Sa rencontre avec le producteur John Hammond (Columbia) en 1933, va changer sa vie. Ce dernier va lui présenter Benny Goodman, avec qui elle enregistrera une session studio qui la lancera dans le milieu du jazz, puis sur les scènes. Elle accumule alors les rencontres artistiques marquantes : Lester Young, qui lui donnera son surnom de « Lady Day », Bobby Hutcherson, Fletcher Henderson, puis en 1935 Duke Ellington, Ben Webster, Teddy Wilson.
Devenue une grande vedette du jazz vocal féminin, elle sera la première chanteuse noire accompagnée par un orchestre de musiciens blancs, celui de Artie Shaw. « Strange fruit », son titre phare, est en fait un poème écrit pour elle. Il est considéré comme le premier titre dénonçant le racisme, la ségrégation régnant alors dans le sud des Etats-Unis. Première chanteuse noire à se produire au célèbre Metropolitan de New-York, elle effectuera en 1954, sa première tournée européenne, se produisant notamment Salle Pleyel à Paris. De retour aux Etats-unis, elle chante à Carnegie Hall, autre lieu mythique de la musique à New-York.
En 1958, un an avant sa mort, elle fait sa dernière apparition en France, à l’Olympia.
A 44 ans seulement, sa voix s’éteint, fatiguée des excès subis (drogue, cigarette, alcool). Elle laisse un répertoire riche, unique, qui encore aujourd’hui, sert d’inspiration aux chanteuses de Jazz, telles que Dee Dee Bridgewater, Cassandra Wilson, Dianne Reeves.
Guillaume.
Dans la Famille Bibb, découvrez Yana!
La musique est souvent une affaire de famille, de transmission. La famille Bibb ne déroge pas à la règle : après son grand-père Leon, chanteur folk, son père Eric, guitariste-chanteur de blues (programmé à Fontenay le 15 mai prochain, salle Jacques Brel) qui connait une jolie carrière et un reconnaissance publique, voici venue Yana, chanteuse de jazz.
Grandie dans les pas de cette famille où la musique est omniprésente, Yana Bibb a été formé à l’école du chant au City College de New-York. Influencée par le jazz, le blues, le folk américain comme par les mélodies scandinaves, elle possède déjà 2 albums à son actif : « Heartzone« , sorti en 2007 et donc « Not a minute too Late« (2014), sa dernière production.
Ici, une musique aux ambiances calmes, où piano, contrebasse et une section de cordes assurent un ensemble équilibré. La voix suave, aux accents parfois nostalgique de Yana Bibb, nous permet de découvrir cette jeune artiste. Tout au long des 10 titres de son album, elle nous emmène avec elle, et l’on se laisse bercer par son univers attachant. « Save your love for me« , qui ouvre l’album, « Need you« , « Oceans » (co-écrit avec son père, Eric Bibb) ou le superbe « Huldrans sang » aux accents scandinaves, sont mes préférés.
Yana Bibb, une voix, un auteur, à découvrir et à suivre, assurément.
Guillaume.
The blue room
Un cd dans lequel on trouve des reprises de Ray Charles, Buddy Holly, Leonard Cohen, Randy Newman, bref qui contient que des best-sellers de la culture américaine.
Cela devrait contenter le plus grand nombre. Madeleine Peyroux s’approprie le tout de façon très habile (soutenu par de supers musiciens).
Un cd tout de même un peu trop rétro et pas vraiment innovant mais très professionnel.
Françoise
Chloé, la voix entre 2 (voies)…
Oui, je sais, j’en entends certains qui diront : « Quoi encore une chanteuse de jazz.. française en plus !! » Chloé, puisque c’est d’elle qu’il est question, nous offre, à travers les auteurs qu’elle reprend (Nougaro, Gainsbourg, Biolay, Duras) sa version de quelques classiques.
Mission délicate, tant résonne l’écho des voix des auteurs, mais Chloé se lance à l’eau… Si le grain de voix est agréable, il ressort par moments une difficulté à s’échapper de l’original (L’eau à la bouche ; La Javanaise / Gainsbourg). Hormis cette (petite) faute, la ballade musicale, est menée sans encombres, avec brio et tact, respectant mais pas trop, les titres repris. Heureusement, sortis de sa voix, l’auditeur peut écouter les arrangements, qui sont parfois audacieux et agréablement surprenants.
Au final, bien que maitrisé, Coeur de française ne laisse pas non plus un impérissable souvenir, tant elle balance entre son empreinte et celle des auteurs. Espérons que son prochain opus nous révélera sa vraie nature !
Guillaume.
Lumineux et élégant….
Laura Littardi réinvente des chansons de la pop music ( Neil Young, Stevie Wonder, Graham Nash…) et en fait des standards de jazz !
Une voix expressive, au timbre chaud et sensuel Laura Littardi enregistre « Inner dance » avec des musiciens comme Carine Bonnefoy au piano, Francesco Bearzatti au saxophone dans une communion et une cohésion musicale extraordinaire.
Un album très classe, qui vous attache dès la première écoute.
Enitram
Nikki Yanofsky, une voix à découvrir, une artiste à suivre.
Aujourd’hui je vous propose de découvrir une artiste que j’ai découvert dans les bacs de jazz de l’espace musique. Un vrai trésor… Nikki Yanofsky est une jeune chanteuse québécoise qui a fait ses premiers pas sur scène à l’âge de 12 ans lors du festival de jazz de Montréal de 2003. Elle est peu connue en France, elle a tout de même fait l’Olympia en décembre 2011.
Sa voix est superbe, je pense qu’il va falloir suivre sa carrière. Nous avons ses 2 cd. A vous de juger……
Françoise.
Un bel hommage !
Avec cet album Black Orchid, hommage à la grande Nina Simone, Malia nous envoute véritablement.
Malia, chanteuse britannique née au Malawi, est accompagnée ici d’un trio de musiciens français : Alexandre Saada, Jean-Daniel Botta, Laurent Sériès. Ce qui me touche chez cette chanteuse c’est la profondeur de sa voix. Elle a choisit pour cette relecture sensuelle de ces titres une version intimiste, épurée, tout en émotion. Il n’y a rien de trop dans ce cd. Du début à la fin, on se laisse emporter par sa voix envoutante. Elle peut affronter ce répertoire en tout légitimité (n’en déplaise aux critiques de France Culture).
Merci beaucoup Malia pour ce bon moment.
Elle était en concert à Paris le 28 mars 2012 au New Morning.
Michèle.
Robin Mac Kelle… à fleur de Soul !
La chanteuse Robin Mac Kelle nous revient en 2012, avec un album empli de fraîcheur, de swing, de soul.
Soul Flower, donc, est un disque entièrement tourné vers la musique soul américaine. Autant le dire tout de suite, si le pari pouvait sembler hasardeux pour cette chanteuse habituée aux rythmes plus feutrés, force est de constater qu’elle a relevé le gant sans faillir. Le résultat donne une musique enjouée, racée, tonique, et Robin Mac Kelle nous démontre qu’elle se régale dans cet univers-là.
Les orchestrations sont léchées, rondement menées, et elle enchaîne les titres sans soucis. Aussi à l’aise sur un titre de Burt Bacharach Walk on By que sur un morceau composé par les frères Gibb To love somebody.
Le talent s’étale, sans ostentation, mais avec justesse et précision.Un régal pour l’auditeur. De quoi alimenter les soirées entre amis.
Guillaume.