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Curtis Salgado est de retour!
A 64 ans, après des années de lutte contre un cancer du foie puis un cancer du poumon, qui l’ont tenu éloigné de la scène quelques temps, le chanteur-harmoniciste-pianiste Curtis Salgado est de retour avec un album, « Rough Cut » enregistré avec la complicité du guitariste Alan Hager. Au menu, du blues, du blues, du blues, comme le dirait si bien Michel Jonasz. Oui, fidèle à son amour pour cette musique, Salgado signe un joli disque, tout en pureté, sans fioritures inutiles. Une simplicité qui fait plaisir à écouter. Comme si la maladie avait réveillé en lui l’envie d’aller à l’essentiel, à la racine des choses, ici de la musique qu’il chérit tant et qu’il sert de son talent depuis de si nombreuses années. Curtis Salgado, personnage discret de la scène musicale internationale, mais très connu aux Etats-Unis, est à l’origine, après une rencontre avec John Belushi, de la création des personnages de « The Blues Brothers« . C’est ainsi que le personnage de Cab Calloway dans le film se prénomme…. Curtis!
Mais revenons à « Rough Cut« . Dès les premières notes de guitare d’Alan Hager sur « I will not surrender », qui plonge l’auditeur dans l’ambiance moite et le décor maintes fois dépeint du Blues du Sud des Etats-Unis, Curtis Salgado nous fait comprendre qu’il ne veut pas rendre les armes si simplement ni quitter la rampe, la scène malgré les soucis de santé qui le tenaillent. Non rien de ça, bien au contraire! L’homme se bat, le chanteur nous montre ses ressources à travers un répertoire blues, boogie (il joue aussi bien du piano que de l’harmonica). Il a réuni, aux côtés d’Alan Hager, la chanteuse Larhonda Steele, le pianiste Jim Pugh, le bassiste Keith Brush, et des batteurs comme Russ Kleiner, Jim Bott. De quoi servir sereinement une musique ici marquée par sa simplicité, son aspect dépouillé, comme une volonté de retourner aux racines du genre telles que les avait posées Robert Johnson, Leroy Carr, Son House et Charley Patton. Du coup, c’est un régal! ca swingue, ça balance, c’est plein d’optimisme et le gaillard d’avant (Curtis Salgado) nous prouve si c’était encore nécessaire que c’est un grand vocaliste du blues.
Parmi les 13 morceaux de « Rough Cut« , outre les composition signées Hager et/ou Salgado, figurent des reprises de Mackinley Morganfield alias Muddy Waters (I can’t be Satisfied), Sonny Boy Williamson (To Young to die), Son House (Depot blues) et Big Bill Broonzy (I want you by my side).
J’ai adoré ce disque! Un vrai retour aux sources très réussi!
Guillaume.
Du Delta naquit le Blues !…
Le Delta du Blues, qu’est-ce donc, vous demandez-vous peut-être?
Situé au sud des Etats-Unis d’Amérique, dans l’Etat du Mississippi, le Delta du Blues est en réalité une bande de terre de 260 kilomètres sur 80 kilomètres, bien loin de l’embouchure du Delta du fleuve Mississippi. Ce coin perdu coincé entre la Yazoo river et le fleuve Mississippi, traversé par ailleurs des Highway 61 (chère à Bob Dylan) et Highway 51, est constitué de villes telles que Wicksburg, Memphis, Clarksdale, Greenville.
Parmi les pionniers de ce qui sera nommé plus tard le « Delta Blues », figure en premier lieu Charlie ou Charley Patton (1881, 1891-1934), qui décrit alors dans ses chansons son quotidien et celui de ses frères de sang. Mélange de blues, de folk, de récits plaintifs ou résolument revendicatifs, il pose les bases du Delta Blues. Après lui, Son House (1896-1956), Skip James (1902-1969), mais aussi Robert Johnson (1911-1938) ou Tommy Mac Lennan (1908-1962), seront les plus remarqués et remarquables parmi les musiciens du genre.
Quelques années plus tard, la nouvelle génération des bluesmen du Delta comptera en ses rangs des musiciens-chanteurs tels que Muddy Waters (1915-1963), John Lee Hooker (1917-2001), Rice Miller alias « Sonny Boy Williamson II« , finiront d’imposer et inscire dans l’Histoire le nom de Delta Blues, comme berceau originel du genre.
Parmi les bluesmen contemporains, Keith B.Brown (ancien boxeur et ex taulard, au look de jumeau de Mike Tyson), Alvin « Youngblood » Hart, ou James « Super Chikan » Johnson, tiennent haut le flambeau de ce blues dépouillé, brut, qui sent la poussière, la vie difficile, les souffrances endurées par la population noire, entre esclavage et racisme, discriminations en tous genres.
Alors si vous voulez partir sur les routes du Delta, aux origines du blues, et à la croisée des chemins, redécouvrir ces pionniers, n’hésitez pas… Leur histoire est aussi un peu la nôtre!
Si vous désirez en savoir davantage, je vous renvoie au dossier très complet publié par le magazine SoulBag de ce mois-ci..http://www.soulbag.fr/
Guillaume.