Archives du blog

Monsieur Montand aurait eu 100 ans!



Né le 13 octobre 1921 à Monsummano Temme (Italie), de son vrai nom Ivo Livi. La légende veut que suite à un appel de sa mère  » Ivo, Monta… », le jeune Livi décide de transformer son nom en Montand. Ce grand gaillard a grandi dans un quartier pauvre de Marseille, lorsque ses parents ont fuit l’Italie fasciste de Mussolini en 1922. Dernier d’une fratrie de 3, avec une soeur et un frère aînés, le jeune Ivo se passionne très tôt pour le cinéma, surtout les comédies musicales américaines, Fred Astaire, les numéros de claquettes. Puis il se met à chanter dans les bars marseillais, avant de partir en tournées dans la région. Il se fait une réputation et bientôt monte à Paris, où Edith Piaf l’accueille et l’aide à devenir une vedette du music-hall parisien, français, grâce notamment à des chansons comme « Les feuilles mortes », « C’est si bon », « La bicyclette ». Yves Montand, fort de ce succès scénique, qui va perdurer ensuite dans les années 70, 80, toujours accompagné de son fidèle pianiste Bob Castella, avant de décliner dans la décennie 90, va publier 19 albums entre 1952 et 1997. En 1962, il publie un album consacré à textes de Jacques Prévert, puis en 1984, il récidive en se penchant cette fois-ci sur le parolier et poète David Mac Neill. En 1988, il sort l’album « 3 places pour le 26 », qui sert de bande originale au film de Jacques Demy. Chacune de ses apparitions scéniques, à l’Olympia, est un triomphe.

Parallèlement à sa carrière de chanteur-danseur, Yves Montand va se diriger naturellement vers le cinéma. C’est Marcel Blistène dans « Étoile sans lumière « (avec Edith Piaf, Serge Reggiani, 1944) qui lui donnera sa chance, puis Marcel Carné fera de même en l’engageant, en 1946 dans « Les portes de la nuit ». Malgré tout ce n’est qu’en 1953, qu’il décroche son premier grand rôle dans « Le salaire de la peur », aux côtés de Charles Vanel, Vera Clouzot, Peter Van Eyck, Dario Moreno. Le film est un triomphe, multi-récompensé, sa prestation remarquée, carrière lancée. Suite à ce succès, Montand décide pourtant de se diriger vers les planches où il jouera « Les sorcières de Salem » (1955). Fort de ce succès, il part aux Etats-Unis, à Broadway, temple de la comédie musicale américaine, pour y tourner « le Milliardaire  » (1960) aux côtés de la star Marylin Monroe. Revenu de cette expérience américaine, il tourne « Paris brûle t-il » de René Clément en 1966, aux côtés du gratin du cinéma américain tel que Orson Welles, Kirk Douglas, Glenn Ford, Anthony Perkins, et d’autres acteurs français comme Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Simone Signoret (photo ci-dessous), Pierre Dux, Bruno Cremer, puis fera 3 films avec Costa-Gavras, « Z » (1969), « L’Aveu » (1969), »État de siège »(1972). A chaque fois, le succès critique est unanime. Entretemps, en 1970, on retrouve Montand à l’affiche du « Cercle Rouge » de Jean-Pierre Melville, avec Alain Delon et Bourvil comme partenaires, puis en 1971, il joue dans une comédie qui deviendra un classique plus tard. En effet, « La folie des grandeurs », de Gérard Oury, avec Louis de Funès est un triomphe. La légende raconte que l’entente entre les deux acteurs n’était pas au top sur le plateau de tournage entre les prises.

Dès lors, acteur reconnu, Yves Montand va engager les années 70 et 80 en tournant auprès des plus grands talents du cinéma français, qu’ils soient réalisateurs, acteurs, actrices. En effet, devenu un acteur majeur du cinéma français, Yves Montand se voit proposer de tourner avec Claude Sautet (photo ci-dessous, »César et Rosalie », avec Romy Schneider et Samy Frey ; « Garçon ! », avec Nicole Garcia Jacques Villeret, Marie Dubois, Bernard Fresson, Clémentine Célarié), Jean-Paul Rappeneau (« Le sauvage », avec Catherine Deneuve ; « Tout feu tout flamme », avec Isabelle Adjani, Alain Souchon, Lauren Hutton entre autres), Alain Corneau (« Le choix des armes », avec Catherine Deneuve et Gérard Depardieu ; « Police Python 357 », avec Alain Delon, Simone Signoret, François Perrier…), Pierre Granier-Deferre (« Le fils », avec Frédéric de Pasquale, Léa Massari, Marcel Bozzuffi), Yves Robert (« Vincent François Paul et les autres », avec Michel Piccoli, Serge Reggiani, Gérard Depardieu, Marie Dubois). Sacré panel d’univers.

Après une pause loin des plateaux de cinéma, il revient en 1986 interpréter magistralement le personnage du Papet (photo du dessus) dans le diptyque « Jean de Florette » et « Manon des sources », superbement filmé par Claude Berri. Ces deux films, il les tournent avec Gérard et Elizabeth Depardieu, Daniel Auteuil dans le rôle de Ugolin (qui devait initialement être joué par Coluche, finalement recalé à cause de son manque de véracité avec l’accent du sud), personnage simplet qui tombera amoureux d’une jeune bergère des collines incarnée par la débutante Emmanuelle Béart. Cette dernière sera la vraie révélation du diptyque. Les 2 films seront de très gros succès. Montand redevient un comédien recherché. En 1988, c’est Jacques Demy, spécialiste de la comédie musicale française qui fait tourner Montand dans « 3 places pour le 26 », avec Mathilda May. Montand chante et danse comme aux plus beaux jours. Hélas le film sera un échec commercial. En 1991, le réalisateur de « Diva », Jean-Jacques Beineix lui fait jouer ce qui sera son dernier rôle, dans « IP5 ». Quelques jours après une scène tournée sous la pluie et un gros coup de froid, Yves Montand tombe gravement malade et décèdera le 9 novembre dans sa maison près de Senlis. Il rejoindra ainsi sa Simone au paradis des acteurs.

Chanteur, danseur, acteur, un temps animateur de télévision (« Vive la Crise » dans les années 80, où il s’était essayé à expliquer les raison de la crise économique qui régnait alors en France et en Europe), Yves Montand aura tout fait ou presque. Seule la réalisation de films manque à sa biographie. Mais nous pouvons nous consoler avec tous les rôles qu’ils nous a laissé, à travers cette filmographie riche et très variée en types de rôles.

Guillaume.

Belmondo, Eternel Magnifique.


Il y a des jours, on n’aime pas écouter les infos. En ce 6 septembre 2021, une nouvelle est venue assombrir une journée pourtant placée sous le signe du soleil. En effet, vers 16h30, les médias ont annoncé le décès de l’un des derniers géants du cinéma français, un star qui a traversé plusieurs générations de comédiens, de réalisateurs, joué dans de multiples registres. Jean-Paul Belmondo, fils du sculpteur Paul Belmondo, à qui il avait d’ailleurs rendu hommage en ouvrant un musée à son nom, est donc parti rejoindre ses amis Gabin, Blier, Ventura, et la bande du Conservatoire, Marielle, Rochefort, Noiret, Bedos, Cremer, au Paradis des acteurs. Michel Audiard sera content de lui tailler à nouveau des dialogues sur mesure. Nul doute qu’il a été bien accueilli Là-Haut.

Apparu à la fin des années 50 sur grand écran, dans « sois belle et tais-toi » (1957) de Marc Allégret, sur lequel il rencontre et se lie d’amitié avec un débutant nommé Alain Delon, il connaitra le début du succès grâce au cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard qui le fait tourner dans « A bout de souffle » (1960), aux côtés de Jean Seberg. Avec Godard, il tournera deux autres films, « Une femme est une femme » en 1961″ puis « Pierrot le fou » en 1965. Puis très vite, des réalisateurs comme Jean-Pierre Melville vont le solliciter pour tourner « Léon Morin Prêtre » en 1961, puis « Le Doulos » l’année suivante. En 1962, il s’essaye à un nouveau registre, le film d’époque, sous la caméra de Philippe de Broca, dans « Cartouche ». Cette même année il tournée « Un singe en hiver » de Henri Verneuil (première photo ci-dessus), aux côté du patriarche du cinéma français de l’époque, Jean Gabin, avec des dialogues signés Michel Audiard, et du troisième homme, Paul Frankeur, avec également Suzanne Flon. Puis ce sera les succès, d’abord « L’homme de Rio » de De Broca, « Cent Mille dollars au soleil » où il retrouve Henri Verneuil, avec comme complices de jeu Lino Ventura, Bernard Blier (deuxième photo ci-dessus) ainsi que Gert Fröbe, et donc en 1965, le fameux « Pierrot le fou » de Jean-Luc Godard. Après un petit rôle dans le film-fresque « Paris brûle-t-il? » (1966), aux côtés de Alain Delon, Yves Montand, Pierre Dux, Kirk Douglas, Glenn Ford, Anthony Perkins, Orson Welles. En 1969, il va se tourner résolument vers la comédie avec des films comme « Le cerveau » de Gérard Oury, où il côtoie Bourvil et le comédien anglais David Niven, puis « La sirène du Mississippi », réalisé par François Truffaut, avec pour partenaire féminine Catherine Deneuve. Après il s’est mis au polar en tournant « Borsalino », avec son ami Alain Delon, en 1970, sous les ordres de Jacques Deray, avant de retrouver Henri Verneuil dans « Le Casse », en 1971, avec pour partenaire de jeu Omar Shariff. Par la suite il tournera « L’héritier » de Philippe Labro en 1972, « l’Affaire Stavisky » d’Alain Resnais en 1974, « l’Alpagueur » et « Le corps de mon ennemi » en 1976, respectivement avec Philippe Labro et Henri Verneuil, qu’il avait côtoyé pour « Peur sur la ville » en 1975.


Dans la décennie suivante, il se cantonne à des rôles de flic solitaire, aux méthodes parfois musclées, pour dénoncer les réseaux de trafic de drogue, et tout ce qui a trait au grand banditisme. Après avec « Le Guignolo », comédie de 1980, qui rassemble Pierre Vernier, Michel Galabru, Philippe Castelli, La fameuse scène finale de son échappée suspendu à un hélicoptère au dessus de Venise est dans toutes les mémoires (photo ci-dessous).


En 1981, il interprète Joss Beaumont, mercenaire mandaté pour abattre un chef d’état africain en visite en France dans « le Professionnel », film où il retrouve Pierre Vernier, Michel Beaune, Robert Hossein. Ce film sera un gros succès public malgré la scène finale où Belmondo meurt ( second  film avec une telle fin, avec « Borsalino », où il meurt dans les bras d’Alain Delon). En 1983 et 1987, il tourne deux films policiers de moyenne facture, « Le Marginal » d’abord, puis « Le Solitaire ». Enfin, en 1988,, il a un très beau rôle, celui d’un homme d’affaires retiré en Afrique, qui forme un jeune homme (Richard Anconina, la scène de leur fac à face est mythique), dans « Itinéraire d’un enfant gâté », réalisé par Claude Lelouch.

Ce titre lui va très bien. Car Belmondo, parti de loin au Conservatoire, recalé deux fois au concours final, a finalement entamé et fait une carrière riche de grands rôles aux côtés des plus grands acteurs et grandes actrices de la seconde moitié du 20ème siècle : Jean Gabin, Alain Delon, Lino Ventura, Blier, Richard Anconina, Guy Marchand, Jacques Villeret, Jean-Pierre Marielle, Deneuve, Omar Shariff, Michel Beaune, Sami Naceri, Jean Dujardin, Suzanne Fion, Jacqueline Bisset, Ursula Andress, Claudia Cardinale, Sophie Marceau, Rosy Varte, Marie-France Pisier, et j’en oublie sûrement. Derrière son air rieur, farceur, il était un grand professionnel, méticuleux, réglant lui-même ses cascades, déconnant jusqu’au moment de dire « ça tourne! » et de jouer sa partition. Les plus belles expressions de son talent, outre « Itinéraire d’un enfant gâté » de Lelouch, sont à chercher au début de sa carrière, puis dans certains films des années 70’s, où il enchaine donc des rôles qui vont marquer les esprits de plusieurs générations, surtout parce que ses partenaires de jeu sont souvent de haut vol..

Son père, le sculpteur Paul Belmondo, se désespérait qu’il fasse un vrai métier. Aussi, lorsqu’il s’est engagé dans le théâtre puis le cinéma, ce fut un peu la soupe à la grimace. Mais le succès venant relativement vite pour ce jeune homme à l’allure singulière, au physique hors des canons de l’époque, à la gouaille parisienne, à l’esprit vif, les inquiétudes paternelles se levèrent vite. Et le jeune Belmondo prit son envol pour se faire une place au soleil du 7ème art.

Acteur devenu très populaire, c’était aussi un grand fan de sport en général, de boxe (photo ci-dessus) et de football en particulier. La boxe, il la pratiqua en amateur, et ne cessa jamais d’aller voir les grands combats nationaux ou les championnats du monde, quant au football, il avait débuté dans l’équipe des polymusclés, qui regroupait des sportifs, des journalistes, des comédiens, il était gardien de but. Les passionnés de foot, du Paris-Saint-Germain version Messi, seront peut-être contents d’apprendre que cette légende du cinéma a contribué, au début des années 70, à la naissance de leur club chéri. Il en fut un des présidents pendant un temps très court. Il avait bien sûr sa place dans la tribune principale du Parc des Princes, tout comme on le voyait à Roland-Garros en mai de chaque année, pour assister aux exploits des tennismen et tenniswomen. Ainsi aura-t-il vu successivement Borg, Lendl, Mac Enroe, Wilander, Noah, puis la période Nadal-Federer-Djokovic, et chez les femmes Chris Evert, Martina Navratilova, Monica Seles, Mary Pierce, Steffi Graf, Amélie Mauresmo, Serena Williams, et bien d’autres. Il dévorait le journal l’Equipe tous les matins.

Dans les années 90 et 2000, il tounera plusieurs films alors qu’il est affaibli depuis un accident vasculaire, qui lui vaudra une longue rééducation pour réapprendre à parler. On peut en retirer ses retrouvailles avec Alain Delon dans la comédie de Patrice Leconte « Une chance sur deux » avec Vanessa Paradis, en 1998. 6 ans plus tôt en 1992, il tournait avec Georges Lautner « L’inconnu dans la maison ».

Guillaume.

Au revoir Madame Cellier.


Alors que le monde de la culture (artistes, comédiens, metteurs en scènes, techniciens, directeurs de troupes, directeurs de théâtres…chorégraphes, danseurs, danseuses… ) se battait à la fin de l’année 2020 pour sa survie, dans le cadre des conséquences dramatiques des fermetures des théâtres cinéma et autres musées, une personnalité du monde du cinéma à tiré sa dernière révérence, discrètement, à l’âge de 75 ans. Caroline Cellier s’en est allée.

Loin d’être une enfant de la balle (un père garagiste et une maman qui s’occupera d’elle) comme le veut l’expression consacrée, elle fera du théâtre très tôt, dès ses 23 ans, en quittant Montpellier pour monter à Paris, intégrer le fameux Cours Simon. La même année, elle fera ses débuts dans « On ne peut jamais dire ». L’année qui suit, 1964, sera riche pour elle en expériences vécues : la télé ou elle joue dans « la mégère apprivoisée » de Bernard Noël avant de tourner « une fille dans la montagne » avec un certain Jacques Higelin. Revenue au théâtre, elle connaitr2 le succès a travers sa prestation dans « Du vent dans les branches de Sassafras ». Elle recevra 2 distinctions dont le prix Gérard-Philipe. Sa carrière démarre en flèche.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est claude-lelouch.jpg

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est claude-chabrol.jpg


En 1968, c’est vers le monde du cinéma qu’elle se tourne vraiment. D’abord Lelouch ( « La vie, l’Amour, La Mort ») puis Chabrol en 1969 dans « Quand la bête meure » où elle côtoie Jean Yanne et Michel Duchaussoy. Sa carrière au cinéma est lancée et Caroline Cellier fera alors le choix d’alterner tournages de films et pièces de théâtre. Choix judicieux qui va lui permettre, au cinéma, dans la décennie qui s’ouvre, de rencontrer et jouet pour des réalisateurs aussi divers que Édouard Molinaro pour qui elle jouera dans deux films, « Les aveux les plus doux »(1972) et « l’emmerdeur » (1973) aux côtés du duo Ventura-Brel. En 1974, c’est sous la direction de Claude Lelouch qu’elle joue dans « Mariage », avec Rufus et Bulle Ogier.


Les années 80 vont lui apporter son lot de beaux rôles, au service de réalisateurs comme Christopher Frank (« Femmes de personne », 1983 et surtout « L’année des méduses » en 1984, avec Valérie Kaprisky et Bernard Giraudeau), mais elle côtoie aussi l’immense Henri Verneuil pour « Mille milliards de dollars » (1981) où elle joue avec Patrick Dewaere. En 1984, son mari le comédien-scénariste et metteur en scène Jean Poiret la fait tourner dans « Poulet au vinaigre », une enquête policière en province, dans un style grinçant et caustique, avec une distribution de premier choix  puisqu’on y retrouve Stephan Audran, Michel Bouquet, Pauline Lafont, Lucas Belvaux et Jean Poiret dans le rôle de l’inspecteur Lavardin. Jean Poiret la reprendra pour son film « Le zèbre »(1992). Là elle fera équipe avec Annie Grégorio, Thierry Lhermitte, Philippe Khorsand. Car Caroline Cellier malgré son visage à priori sévère et fermé est une excellente actrice de comédie.

Pourtant, 2 ans après « Le zèbre », elle prend un virage à 180 degrés en intégrant la distribution du film Farinelli, réalisé par Gérard Corbeau. Ce film raconte l’histoire de ce chanteur à la voix de haute-contre (on disait Castrat à l’époque du 18ème siècle). Puis elle tourne avec Francis Giroud « Délit mineur »(1994),  en faisant équipe avec Claude Brasseur et Nils Arestrup, puis avec avec Lelouch dans « Hommes, Femmes, mode d’emploi » où elle rejoint Antoine Duléry, Alessandra Martines; Fabrice Lucchini, Agnès Soral, ou encore Pierre Arditi (1996). l’année suivante elle rejoint le « Nul » Alain Chabat sur son film « Didier », comédie loufoque dans laquelle le comédien incarne un chien.

Au théâtre, elle joue du George Bernard Shaw (« On ne peut jamais dire »), du Marivaux (« les fausses confidences »), Molière (Le misanthrope »), du Jean-Claude Carrière (« L’aide-mémoire »), du William Shakespeare (« La mégère apprivoisée »), du Tennessee Williams (« Un tramway nommé désir « ). Tout cela entre 1965 et 1999. De quoi apprécier la longévité d’une carrière menée sur 2 fronts, cinéma et théâtre, avec le même appétit, la même envie.

Caroline Cellier fait partie de ces actrices qui ont discrètement menées leur carrières, et nous laisse pléiade de beaux rôles pour s’en souvenir.

Guillaume.

Claude Brasseur, le 4eme Éléphant au Paradis.


  • Brasseur. Ce nom résonne et sonne comme théâtre, cinéma, série télé. En effet la famille Brasseur est impliquée dans le théâtre depuis .. 1820. L’arrière grand-père de Claude Brasseur, Albert Brasseur était un acteur et chanteur d’opérette et son frère Jules, acteur comique réputé à l’époque, deviendra directeur de troupe puis fondra le théâtre des Nouveautés. Le grand-père, Georges-Albert Lespinasse (1879-1906), épousera l’actrice Germaine Neilly Brasseur. Ensuite, viendra donc Pierre Brasseur, né Pierre-Albert Lespinasse, acteur illustre au temps de Guitry, Gabin, Jouvet, Blier père, a marqué de sa stature le monde des arts. Enfin, Claude (1936-2020), qui vient de décéder à 84 ans, à deux jours de Noël, laissera aussi une belle page dans l’histoire du cinéma et du théâtre français a transmis le flambeau à son fils Alexandre, né en 1971. La tradition familiale se perpétue.

De son père, Claude Brasseur a hérité le goût de la comédie, du jeu, et une voix grave, un brin cassée, reconnaissable les yeux fermés. De sa mère, Odette Joyeux (1914-2000), ce sens inné d’aller vers les autres, d’être disponible envers celles et ceux qui l’entourent, quelles que soient les circonstances.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est vidocq.jpg

Moi je l’ai découvert dans la série policière « Vidocq », où il incarnait un ex t reconverti en flic, au début du 19ème siècle. Par la suite j’ai eu l’occasion de mieux apprécier cet acteur dans la comédie générationnelle « La boum »(1980), dans lequel il incarne, aux côtés de Brigitte Fossey, un mari dentiste volage et surtout un père qui ne voit pas grandir sa fille adolescente, incarnée par la débutante à l’écran Sophie Marceau. Le film sera un carton. La suite également. Brasseur excelle dans la comédie, genre qu’il a souvent servi avec bonheur (« un éléphant ça trompe énormément », « Nous irons tous au Paradis « , « Le grand escogriffe », « La gitane », avec Valérie Kaprisky », « Descente aux enfers », où il retrouve Sophie Marceau, « Camping », « Camping 2 », « Camping 3 »).

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est la-boum..jpg

Il a également tourné dans des films plus sérieux, comme « La Banquière », aux côté de Romy Schneider, des polars ou films policiers tels « la guerre des polices » (1979) qui lui vaudra un césar du meilleur acteur, « La crime », « Les loups entre eux », « L’union sacrée ». Il a côtoyé les plus grands noms du cinéma, de Claude Sautet à Jean-Luc Godard, d’Alexandre Arcady à Bertrand Blier, de Marcel Carné à Georges Franju, de Roger Vadim à Costa Gavras. et côté acteurs-actrices de Romy Schneider à Sophie Marceau en passant par Alain Delon, Jean Rochefort, Victor Lanoux, Marthe Villalonga, Claude Rich Mireille Darc, Roger Hanin, Jean-Louis Trintignant, Jean-Claude Brialy, Gabrielle Lazure, Martin Lamotte, Clémentine Célarié, Stéphane Audran. Bref du très lourd!

Mais Brasseur est un touche à tout. Il explore les rôles dans des films d’époque, comme « Guy de Maupassant » en 1982, puis « Dandin » sous la direction de Roger Planchon en 1988. Il y fait merveille. Ce dernier rôle, il le reprend au théâtre avec le même succès. Le théâtre justement, domaine où il excellé.

Il a en effet joué du Molière (« Tartuffe ou l’imposteur »; « Dandin ou le mari confondu »), du Giono (« La calèche »), du Pagnol (« Judas »), du Racine (« Britannicus »), en étant mis en scène par des noms tels que Roger Plancton, Jean-Pierre Miquel, Jean-Laurent Cochet, Jean-Claude Brisville ou encore Francis Veber dans son adaptation au théâtre du fameux « Dîner de cons », qui fit un carton au cinéma avec le trio Villeret-Huster – Lhermitte.

Claude Brasseur, dont la carrière débuta en 1955 au théâtre et l’année suivante au cinéma, aura marqué de son empreinte, pendant plus de 6o ans, nos vies en laissant derrière lui dès rôles inoubliables, une voix chaleureuse, rieuse, pleine de bonne humeur, mais aussi capable de sacrés coups de gueule. Il connaitra la reconnaissance de la profession à deux reprises, en 1977 d’abord, en obtenant le césar du meilleur second rôle pour sa prestation dans le film de Yves Robert « Un éléphant ça trompe énormément », puis en 1980, le césar du meilleur acteur pour son rôle dans « La guerre des polices » de Robin Davis.

Merci pour tout Monsieur Brasseur. Vos trois compères, Jean, Guy, Victor, vont vous accueillir Là-Haut avec le sourire. Et Dabadie et Yves Robert réécriront d’autres histoires pour vous. Ensemble, vous referez le monde… et nul doute que vous rirez beaucoup… démasqués.

Guillaume.

Louis de Funès, génie du comique français.


Né en 1914, cet acteur, qui après avoir essayé la scolarité sans succès, puis des écoles pour apprendre à devenir fourreur, va finalement intégrer l’école technique de photographie et de cinéma où l’inscrivent ses parents, en 1932. Puis en 1942, il entre au cours Simon, en y présentant une scène des « Fourberies de Scapin » de Molière. Il est reçu. Lui qui a longtemps galéré à ses débuts, tout s’accélère. Il va rencontrer Daniel Gélin, qui le fera jouer dans une pièce de théâtre, puis après cela De Funès enchainera les « silhouettes » au cinéma jusqu’au jour où il va se retrouver sur le plateau d’un film avec Luis Mariano, chanteur d’opérette bien connu à l’époque, et de Jules Berry, star de cinéma de cette période. Après avoir joué sous la direction du grand Sacha Guitry en 1952, dans différentes pièces, il part rejoindre la troupe des Branquignols de Robert Dhéry la même année. L’année suivante, il enchaine les tournages marquants avec Jean Marais et Jeanne Moreau dans « Dortoir des Grandes », puis dans « Ah! les belles bacchantes! ». Henri Verneuil lui fera tourner « Le mouton à cinq pattes » aux cotés de Fernandel. Un succès. La carrière de De Funès est lancée. Avec sa petite taille et son visage si expressif, parfois grimaçant à l’extrême il impose de nouveaux codes comiques au cinéma. Il s’est imposé sur le tard, à 50 ans. Mais il a connu une carrière exceptionnelle, tourné avec les plus réalisateurs (Jean Girault, Gérard Oury, Gilles Grangier, Claude Autant-Lara…) et acteurs de sa génération (Bourvil, Jean Lefèvre, Yves Montand, Jean Gabin, Jean Marais, Pierre Mondy, Fernandel, Michel Galabru) et des actrices non moins renommées (Claude Gensac, Jacqueline Maillan, Annie Girardot…).
Son sens du comique, sa précision du jeu, et du rythme dans les scènes à jouer avec ses partenaires faisaient de lui un comédien exigeant, dur, mais terriblement efficace, pour finalement des résultats à l’écran qui, au vu des succès de ses films, ne se démentirent pas. Bien sûr, tout le monde a en tête des films comme « La Grande Vadrouille » avec Bourvil, « La folie des grandeurs » avec Yves Montand », « La traversée de Paris » avec Jean Gabin et Bourvil (la fameuse scène de la cave souvenez-vous!!), « Le Grand restaurant » avec Bernard Blier », la série des Fantômas avec Jean Marais, « L’Aile ou la Cuisse » avec Coluche, « La zizanie », avec Annie Girardot, sans oublier « Les aventures de Rabbi Jacob », « La soupe au choux » avec Jacques Villeret et beaucoup d’autres, notamment « Pouic Pouic », film de 1963, où il apparaît aux côtés de Mireille Darc, Guy Trejan, Philippe Nicaud et Jacqueline Maillan.

Mais au-delà du cinéma, Louis de Funès était également un homme de théâtre. il fait ses vrais début en 1944 dans « l’amant de paille » aux côtés de Jean-Pierre Aumont et Bernard Blier. En 1949, il jouera  » Le journal de Jules Renard », puis en 1952 « la puce à l’oreille de Georges Feydeau, « Ornifle ou le courant d’air » avec Pierre Brasseur, Jacqueline Maillan, en 1955, « Oscar » de 1971 à 1973 avec Mario David, Maria Pacôme. En 1980, il avait tourné une adaptation cinéma de « L’Avare » de Molière, sous la direction de Jean Girault. « La soupe aux choux » ( 1981), farce qui le met face à Jacques Villeret jouant un extraterrestre débarquant un soir dans son jardin avec sa soucoupe volante, si ce n’est pas un grand film,  met face à face 2 générations de comédiens. Ce sera son dernier rôle à l’écran.

Louis de Funès ne s’est jamais tourné vers des rôles purement dramatiques. A l’inverse de Coluche, qui connut la consécration césarisée avec son rôle de pompiste solitaire dans le Tchao Pantin de Claude Berry en 1983, où figuraient également les jeunes Richard Anconina et Agnès Soral. Sans doute est-ce par peur de l’échec.

Célèbre dans de nombreux pays en Europe de l’est notamment mais aussi en Chine, De Funès,  hors tournage, restait un homme discret,  se consacrant à sa famille, et sa passion, entretenir le jardin de sa propriété  près de Nantes.

Mais à cet immense comédien, la cinémathèque de Paris rend en ce moment un hommage amplement mérité à travers une exposition que je vous invite à aller voir dès que possible.

https://www.cinematheque.fr/cycle/louis-de-funes-560.html

Je vous laisse avec une sélection de répliques célèbres de Louis de Funès.

Guillaume.

Jean-Loup Dabadie, une plume aux mille vies.


Il est décédé ce printemps, entre les disparitions de ses amis de longue date Guy Bedos et Michel Piccoli. Terrible mois de Mai 2020. Dabadie, c’était donc un homme de lettres, d’écritures, de paroles, surtout et avant tout. Une aventure qu’il va embrasser en 1957 quand il publie son premier roman « Les yeux secs » (Editions du Seuil), puis les « Dieux du foyer », l’année qui suit. 2 romans à seulement 21 ans!! Le jeune homme démarre fort!

Au cours de ce période, il participe à différentes revues journalistiques et côtoye Pierre Lazareff (fondateur du journal télévisé en 1949, avec Pierre Tchernia, Pierre Sabbagh notamment), ou encore Philippe Sollers et Jean-Edern Hallier. Dabadie se fait la main au journalisme critique d’art et de cinéma, pour la revue Arts. Au début des années 60, il se met à écrire des sketches, dont deux vont devenir très célèbres grâce à Guy Bedos, à savoir « le boxeur » et « bonne fête Paulette ». La malice du jeu de Bedos sur les textes de Dabadie fait merveille. Mais les années 60, c’est également une période durant laquelle Jean-Loup Dabadie va devenir scénariste de film pour des réalisateurs qui vont devenir très en vogue, et non des moindres, au début et dans le courant des des années 70. Jugez plutôt : Claude Sautet (« César et Rosalie »; « Vincent, François Paul et les autres » ; « Les choses de la vie »; « Une histoire simple » ; « Max et les ferrailleurs » ; « Garçon! »), Yves Robert (« Un éléphant ça trompe énormément »; « nous irons tous au Paradis » ; « Clérambard » ; « Courage fuyons! ») ou encore Claude Pinoteau (« La gifle »; « Le silencieux » ; « La septième cible »).

Romancier, auteur de sketches, scénariste, Jean-Loup Dabadie n’en finit plus d’élargir sa palette artistique créatrice. Ainsi se lance t-il dans l’écriture de chansons, et il va proposer ses textes à des artistes aux styles et voix très différentes. Cela va aller de Gilbert Bécaud à Juliette Gréco, en passant par Julien Clerc, Yves Montand, Alice Dona, Régine, Michel Polnareff, Michel Sardou, Romy Schneider et beaucoup beaucoup d’autres. Dabadie était un auteur prolifique, et vu la qualité de ses textes, qui obtenaient beaucoup de succès une fois interprétés. Pour l’exemple je pense à « Quel jeu elle joue » ou « ma préférence », de Julien Clerc, « Le chanteur de Jazz », « Qu’est-ce que j’aurai fait moi » de Michel Sardou, « Lettre à France » et « Dans la maison vide » de Michel Polnareff, « La chanson d’Hélène » de Romy Schneider pour le film « Les choses de la vie » de Claude Sautet, ou encore « L’addition » de Yves Montand, « Ta jalousie » de Juliette Gréco, Barbara avec « Marie-Chenevance » et Marie Laforêt avec « La ballade de Clérambard ». Bref il n’arrêtait jamais., Il a également écrit pour Régine « L’accident », Alice Dona avec « L’homme aux bras fermés ». Dans la jeune génération, Vianney a bénéficié de sa plume. Sacrée veine.

A côté de toutes ces vies de plume, il va connaître la consécration en 2008, en étant nommé à l’Académie Française. Il prendra ainsi la suite du cinéaste René clair, qui avait intégré cette haute institution en 1960. Il trimballait un sourire éclatant, une regard clair et joyeux, un esprit vif, cultivé, toujours prêt à rire aux bons mots de ses camarades de jeu.
Amateur de sport, de football et tennis surtout, il n’était pas rare d’apercevoir sa silhouette dans les tribunes présidentielles du Parc des Princes ou dans des loges en bord du court central de la porte d’Auteuil, aux côtés de ses amis Belmondo, Rochefort, Villeret et quelques autres esthètes de la petite balle jaune.

Jean-Loup Dabadie, laisse donc une trace importante et variée dans le monde de l’écriture, de la variété, du cinéma.

Guillaume.

François Truffaut-Georges Delerue, 2 talents associés.


Pour la cinquième fois, je vais évoquer un duo associant un réalisateur et un compositeur de musiques de films. Après avoir parlé du duo Luc Besson-Eric Serra, je vais revenir dans les années 60-70 avec la paire François Truffaut-Georges Delerue.

Né à Paris en 1932, François Truffaut d’une fille mère issu de milieu catholique fervent, puis confié à une nourrice. En 1933, sa mère rencontre et épouse Roland Truffaut qui reconnaît l’enfant civilement. Le jeune Truffaut est ensuite, à l’êge de 3 ans, confié à ses grands-parents, qui habitent en bas de Montmartre, à deux pas de chez ses parents. A 7 ans, passionné par la lecture et le cinéma qu’il fréquente plus que souvent, y compris pendant le temps d’école, il dévore tout ce qui concerne Jean Renoir, René Clair, Jean Vigo, Claude Autant-Lara, Jean Cocteau ou Yves Allégret.

Quand sa grand-mère maternelle décède, en 1942, Truffaut réintègre le domicile parental qui se trouve non loin de celui d’un jeune chanteur qui fera une immense carrière : Charles Aznavour. Le hasard fera que 18 ans plus tard, ce dernier sera le personnage principal de « Tirez sur le pianiste ». A 12 ans seulement, il fait ses premiers « 400 coups » au Lycée Rollin. Apprenant la vérité sur sa naissance à la lecture d’un carnet de son père, il est bouleversé et devient fugueur. Il fréquente alors les salles obscures des cinémas de Pigalle.

Après une enfance et adolescence difficile, ballotté entre parents, nourrice et grands-parents, puis la révélation de la vérité sur sa naissance à la lecture d’un carnet de son père, Truffaut se réfugie dans les cinémas. Puis vient à fonder un cinéclub, sur les conseils d’André Bazin, qu’il retrouvera quelques mois plus tard, au sein de la revue Travail et culture ». En 1959, Truffaut démarre la saga des aventures du personnage d’Antoine Doinel avec le film « les 400 coups » avec le jeune comédien Jean-Pierre Léaud. Ce film obtiendra d’ailleurs le prix de la mise en scène au festival de Cannes la même année. La suite, ce sera « Antoine et Colette »(1962), « Baisers volés »(1968), « Domicile conjugal »(1970) et « l’amour en fuite » (1979).

Henri-Pierre Roché auteur de « Jules et Jim », « Deux anglaises et le continent » verra François Truffaut adapter ses deux romans. Il se basera, pour ces adaptations,  sur les notes laissées à sa veuve. François Truffaut, tout au long de sa filmographie, a fait tourner et parfois débuter devant sa caméra, les plus grandes actrices françaises ou américaines. Jugez plutôt :

Claude Jade (« Baisers volés »(1968), « Domicile conjugal »(1970), « L’amour en fuite »(1979), Nathalie Baye (début dans « La nuit américaine »,1973, rôle titre dans « La chambre verte », Isabelle Adjani dans « L’histoire d’Adèle H »(1975), Jacqueline Bisset dans « La nuit américaine »(1975), avec la jeune débutante Nathalie Baye. Catherine Deneuve dans « La sirène du Mississippi »(1969), « Le dernier métro »(1980), Marie-France Pisier fit ses débuts à 17 ans dans « Antoine et Colette »(1962). Fanny Ardant, qui fut son dernier amour, joua dans « La femme d’à côté »(1981) et « Vivement dimanche »(1983).

Côté acteurs, il y eut bien sûr Jean-Pierre Léaud dans « Les 400 coups »(1959), « Antoine et Colette », « Baisers volés », « Domicile conjugal », Jean-Paul Belmondo (« La sirène du Mississippi »), Jean-François Stévenin, lui, fut son assistant et joua dans « l’Argent de poche » et « La nuit américaine », Gérard Depardieu dans « La femme d’à côté », « Le dernier métro « , Jean-Louis Trintignant dans « Vivement dimanche ». Vous le voyez, un éventail de comédien.n.e.s très large. Disparu en 1984, François Truffaut laisse une oeuvre très riche et des films devenus des classiques du cinéma.

Georges Delerue, naît à Roubaix en 1925, au sein d’une famille qui aime la musique. Son père, contremaître dans une usine et sa mère, qui parfois chante des airs de Gounod ou Bizet tout en jouant au piano, emmènent leur fils assez souvent au cinéma. Un déclic et la naissance d’une passion qui le conduira à en faire son métier.

En 1939, alors élève dans une école formant aux métiers de la métallurgie, sa mère décide de l’inscrire au Conservatoire. Il y apprend la clarinette, sans plaisir. A 14 ans, il stoppe tout et retourne à l’usine pour aider sa famille. Des études de solfège au Conservatoire, une admission en classe de piano lui permettront de découvrir des compositeurs comme Bach, Mozart, Chopin, Beethoven.

1945 est un tournant. Auréolé de 3 premiers prix de Conservatoire à Roubaix (clarinette, piano, harmonie), il rentre au Conservatoire de Paris. Quatre ans plus tard, il remporte le premier prix de composition.

En 1952, Georges Delerue obtient le poste de compositeur et chef d’orchestre à la Radiodiffusion française. Créateur du Conservatoire de Nancy en1957, deux ans plus tard, sur les conseils de Darius Milhaud, il se lance dans la composition pour le cinéma, avec « Hiroshima mon amour »d’alain Resnais (1959). Dans les années 60, en plein mouvement de la Nouvelle Vague, Delerue fera deux rencontres qui vont faire basculer son destin, celles de François Truffaut et Jean-Luc Godard. Il composera pour le premier la musique de « Jules et Jim », et pour le second celle du film « Le Mépris ». Ces deux films obtiendront un tel succès à l’étranger que Georges Delerue verra son statut de compositeur changer. Il est désormais un musicien qui compte, un compositeur que l’on s’arrache.

Georges Delerue verra son travail salué et récompensé à plusieurs reprises. En France, ce sont 3 Césars successifs en 1979, 1980 et 1981 pour respectivement les films « Préparez vos mouchoirs », « L’amour en fuite », et « Le dernier Métro ».  Aux Etats-Unis, c’est pour le film « I love you, je t’aime » qu’il recevra un Oscar en 1981.

Outre son travail pour les musiques de film, Delerue a aussi composé des musiques au registre plus classique, comme des musiques de chambre, des musiques pour orchestres. Décédé à l’âge de 67 ans, Georges Delerue laisse derrière lui une œuvre musicale considérable, riche, variée.

Le début d’une prodigieuse carrière ornée de 300 musiques de films, dont  outre « Jules et Jim « , « Le mépris », il signera « Le corniaud », « Le cerveau », « Platoon », »Le dernier métro », »Les rois maudits »… et j’en passe.

Outre Francois Truffaut et Jean-Luc Godard, Georges Delerue aura également prêté son talent à des réalisateurs tels que Gérard Oury, Oliver Stone, Claude Barma, Agnès Varda, René Clair, Georges Lautner, Philippe de Broca, Alain Corneau, Bertrand Blier.
Un casting de rêve pour ce compositeur qui côtoiera les plus grands comédiens : Yves Montand, Bourvil, Jean-Paul Belmondo, Michel Piccoli, Brigitte Bardot, Louis de Funès, Jacqueline Bisset, Kevin Bacon et bien d’autres encore…

En tous cas,  le travail commun mené par le duo Truffaut-Delerue a laissé en héritage de très beaux films.

Je vous laisse avec un sélection des musiques de Georges Delerue.

Guillaume.

Besson-Serra, à l’unisson.


En 1983, le cinéma français va voir débarquer un jeune réalisateur dont il faudra désormais retenir le nom: Luc Besson. Réalisateur de son premier film, »le dernier combat » tourné en noir et blanc, Besson va révéler in acteur, une nature physique, du nom de Jean Reno.

Luc Besson fera donc tourner le colossal Jean Reno dans plusieurs de ses films, « le Grand Bleu », (film hommage à Jacques Mayol, avec Jean-Marc Barr, Rosanna Arquette), « Leon », tourné avec la jeune Nathalie Portman, puis bien plus tard « Immortal ». Mais aussi un musicien, qui va composer pratiquement toutes ses musiques de films par la suite. Son nom, Eric Serra. Bassiste, mais également batteur, il a notamment accompagné Jacques Higelin lors des concerts donnés à Bercy, alors qu’il n’avait que 20 ans et fut nommé directeur musical à l’époque par Maître Jacques.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est lederniercombat.jpg

Suite au succès de son premier film, Besson va s’attaquer à ce qui sera son plus grand succès populaire, « le grand bleu », qui raconte la relation d’amitié sur fond de concurrence, ayant lié le plongeur-apnéiste français Jacques Mayol et l’italien Enzo Pelizzari.

Ce film, invité de dernière minute au prestigieux festival de Cannes, sous la pression du succès public, va concrétiser le succès du duo Besson-Serra.

 

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est le-grand-bleu.jpg

Dès lors, Besson va enchaîner les films à succès aidés du talent musical de Eric Serra. Suivront donc « Subway » avec une distribution de haut vol (Isabelle Adjani, Jean-Hugues Anglade, Christophe Lambert), « Léon », avec Jean Reno, la jeune révélation Nathalie Portman, et le comédien Gary Oldman. A chaque fois, Serra compose des musiques qui collent à l’identité des films, avec un talent évident et une « patte » sonore très reconnaissable.

Plus tard, le réalisateur nous offrira un « Cinquième élément » futuriste, aux allures de bd sur grand écran. La musique de Serra là encore est de toute beauté. Par la suite « Nikita », avec dans le rôle-titre Anne Parillaud, ou le superbe et épique « Jeanne D’Arc » avec Mila Jovovic, seront des films là aussi totalement opposés d’un point de vue du style, et le travail musical d’Éric Serra une bénédiction.
Le duo Besson-Serra travaille en parfaite symbiose. Cela se voit à l’écran.

Chaque nouveau film est un pari pour les deux compères. Qu’il s’agisse du milieu aquatique, de nettoyeur, de polar dans le métro, de film futuriste, de fresque historique, Besson et Serra s’entendent si bien que le premier fait une confiance aveugle au second pour écrire la musique.

Depuis plus d 35 ans après leur première collaboration artistique, ce binôme fonctionne encore, la dernière preuve en est « Anna » sorti cette année. Cette longévité est extrêmement rare dans le milieu du cinéma. A l’étranger, seul le « couple » hollywoodien Spielberg-Williams les devance;avec un travail commun entamé en 1975, sur le film « Duel », et qui se poursuit encore aujourd’hui. Sans oublier évidemment les deux duos mythiques du cinéma italien, Rota-Fellini (que j’évoquerai prochainement ) et Morricone-Leone (précédemment évoqué sur ce blog) les devance.

Je vous laisse (re)découvrir les musiques de film composées par Éric Serra. Cela vous rappellera sans doute des souvenirs.

Guillaume.

%d blogueurs aiment cette page :