Archives du blog
Viva Verdi !

Cette année 2021, cela fait 120 ans que l’un des plus grands compositeurs de musique classique italienne du 19ème siècle s’est éteint. Son nom : Giuseppe Fortunino Francesco Verdi, alias Giuseppe Verdi.
Compositeur né en 1813 à Roncole, alors sous domination napoléonienne, et connu comme un département français appelé Taro, au sein d’une famille de petite bourgeoisie de campagne, mais loin de l’image très pauvre que voudra entretenir Verdi lui-même en forme de légende familiale.
Il a écrit des œuvres, principalement des opéras, qui encore aujourd’hui, sont jouées et interprétées dans le monde entier, sous toutes les langues (anglais, italien, allemand, japonais, chinois…). Parmi les plus célèbres, il y a « Nabucco » (1842), « Rigoletto » (1851), « Il Trovatore » (1853), « Un ballo in maschera » (1859), « La forza del destino » (1862), « Don Carlos » (1867), « Aida »(1871), « La Messe du requiem » (1874), « Otello » (1887), « Falstaff » (1893). Il fut décoré de la Légion d’honneur. De même, comme les membres antérieurs de sa famille, il fut membre de la confraternité de la Sainte Conception, à laquelle il fit d’ailleurs comme sa famille avant lui, des dons pécuniers importants.
Outre son activité principale de musicien-compositeur, Verdi fut également pendant quelques années député (1861-1865) ainsi que sénateur un peu plus tard (1874). Même si son implication politique fut passagère, il a néanmoins, à l’époque, autorisé à ce que son image et ses compositions soient utilisées dans le cadre d’un processus de réunification de l’Italie. A ce titre, il bénéficie encore aujourd’hui d’une cote de popularité très importante ainsi que d’une place particulière dans l’histoire de la péninsule italienne. Cela d’autant plus que du coté de la famille de sa mère, il s’avère que des aïeux, au XVIIIème siècle, deux cantatrices, un ténor contemporain et connu de Wolfgang Amadeus Mozart, ainsi qu’un compositeur, Francesco Antonio Uttini. Celui-ci, époux d’une nièce de Alessandro Scarlatti, va notamment écrire la messe du couronnement de Gustave II de Suède qui sera assassiné et dont l’évènement sera le thème de « Un ballo in maschera » (1859).
La passion musicale de Verdi, elle se fait à l’aune de l’importance prise par l’art lyrique en Italie au 18ème siècle. Il profite de la visite de musiciens à l’auberge de ses parents et se met à chanter, participer à des chorales, essayer des instruments. Tous ces souvenirs nourriront plus tard son écriture d’opéras. Il suit l’enseignement de l’orgue, entre quatre et dix ans, remplaçant parfois l’organiste de l’église de Roncole. Plus tard, fort de cet enseignement et de contacts bienveillants qui le prennent sous leurs ailes, le jeune Verdi s’envole, et la prochaine étape sera la ville de Milan, le nord industriel de l’Italie, les maisons bourgeoises et les salles de musiques prestigieuses comme la Scala de Milan, La Fenice de Venise. Il fera d’abord une tentative, avortée, d’entrée au conservatoire milanais. Lui, habitué à ce qu’on lui cède les choses, se voit donc opposer un premier refus. Il en gardera amertume. Sur les conseils d’Alessandro Rolla, il prendra des cours de clavecin avec le spécialiste de la Scala de Milan, Vincenzo Lavigna. Ce dernier sera offusqué que le conservatoire de Milan ait pu refusé un tel talent en son antre. Trois ans d’études vont suivre, Verdi va écrire des oeuvres, et se familiariser avec l’art lyrique, l’Opéra en fréquentant La Scala de Milan. En 1834, il donne son premier concert public en dirigeant « La Création » de Haydn. 1835 le voit obtenir son diplôme de maitre de Chapelle.
Après un bref retour à Bussetto, comme maître de musique, il revient à Milan en 1839 et va s’y installer avec sa famille. Ce sera aussi l’occasion pour lui de se mettre à composer des opéras, dont certains deviendront très célèbres, comme « Nabucco » (1842), « Giovanna d’Arco » (1845), « Attila » (1846), « Mac Beth » (1847). Dès lors, les succès ne vont pas se démentir et Giuseppe Verdi va devenir un des compositeurs les plus importants et demandés de son époque. Il écrira d’autres chef-oeuvre, inaugurés tantôt à Venise où le directeur de la célèbre Fenice, souhaitant voir Verdi y créer une nouvelle oeuvre, le fait venir. Ainsi naïtront « Ernani » (1844) puis « Attila » qui sera créé deux plus ans plus tard (1846). Dans ce temple qu’est la Fenice, Verdi viendra en 1851 présenter « Rigoletto », puis « La Traviata » en 1853. La même année il offre à Rome son opéra « Il Trovatore », six ans après y être venu présenter le fameux « Mac Beth » avec un succès public et critique. Verdi étend son règne sur la musique lyrique au 19ème siècle. Il est alors incontournable, incontestable.
Après la conquête de l’Italie, Verdi s’en va vers d’autres territoires, notamment la France, ou la Russie. Ainsi en 1852, il vient à Paris, assiste à une représentation de « la Dame aux Camélias » de Dumas fils. Il y voit immédiatement des parallèles avec sa vie personnelle, et décide l’adapter. Cela donnera « La » Traviata » un an plus tard. Paris est aussi la ville où il créera « Les vêpres siciliennes » en 1855. En 1862, Verdi se voit offrir l’occasion de découvrir Saint-Petersbourg. Il ira là-bas, et en profitera, pour y écrire et créer ce qu’aujourd’hui on appellerai un « tube », « La forza del destino ». Décidément, tout ce qu’écrit Verdi ou presque se transforme en succès.
Parallèlement à sa carrière de compositeur à succès, Giuseppe Verdi va s’engager en politique, et se faire élire député au parlement de Turin, mais cela ne l’amuse guère. Les joutes oratoires, le jeu politique, les intrigues, très peu pour lui. Il quittera ses fonctions en 1865, et retournera à ses compositions. Il voyagera avec ses opéras et se fera ainsi connaître en Egypte grâce à « Aida ». En 1887, il mettra sur pied ce qui reste l’un des deux ou trois opéras majeurs : « Otello ». Cet opéra sera présenté au public à la Scala de Milan. Six ans plus tard, Verdi, toujours dans l’antre de la sacro-sainte Scala, offrira un « Falstaff » au public venu assister à sa première. Opéra plein d’humour, hors des canons des opéras jusqu’ici écrits, Verdi obtient un vrai succès. « Falstaff » est opéra qui a attiré des compositeurs comme Puccini, puis beaucoup plus près de nous, dans les années 80, les musiciens et compositeurs qui souhaitèrent s’y frotter.
Quand il ne compose pas, Verdi vit avec femme et enfants entre deux maisons, entre deux villes, Gênes et Milan (où il a fondé une maison de repos pour les musiciens, qui porte son nom aujourd’hui). Suite à une attaque le 21 janvier 1901, qui le clouera au lit six jours durant, cet immense compositeur s’éteint, laissant derrière une oeuvre musicale considérable.


Son importance musicale, autant dire son influence, fut comparée à celles de ses compatriotes et confrères Vincenzo Bellini (premier portrait ci-dessus) Gaetano Donizetti (deuxième portrait ci-dessus), qui a composé les opéras comme « Lelisir d’amore » (1832), Lucia di Lammermor » (1835) et « La fille du régiment » (1840), mais aussi Giacomo Puccini, auteur de « Manon Lescaut » (1893), de « La Bohème » (1896), de « Tosca » (1900), de « Madame Butterfly » (1904) ou encore du fameux « Turandot » (1926), Gioachino Rossini, qui composa le célèbre « Barbier de Séville » (1816), mais aussi « Guillaume Tell »(1829), sans oublier le « Stabat Mater », dont la date de création est étalée entre 1831 et 1841. La musique de Giuseppe Verdi a donc traversé les siècles, les générations, au point d’intégrer la culture populaire au vingtième siècle comme les titres « La donna é mobile », extrait de Rigoletto, le fameux « Brindisi » de « La Traviata », l’inévitable « Va pensiero » tirée de « Nabucco », ou bien sûr la marche triomphale d’ « Aida ». Aujourd’hui encore, ce sont les opéras de ce compositeur qui sont les plus joués dans le monde, près d’un siècle et demi après leur création. Vertigineux. Viva Verdi !!!
Je vous laisse avec un florilège de ses opéras.
Guillaume.
Michel Legrand, entre jazz et musiques de films, chapitre 2.

Suite au volume 1 déjà chroniqué ici, voilà donc le second volet du coffret « Le monde musical de Michel Legrand » concocté par l’excellent label Frémeaux & Associés. Dans le précédent article consacré à ce coffret magistral, je m’étais arrêté sur la partie jazz de ce grand musicien, qui consacrait un disque entier à Cole Porter, immense musicien de jazz du début du vingtième siècle.
Pour ouvrir ce deuxième chapitre du coffret intitulé « Le monde instrumental de Michel Legrand : Jazz et Musiques de films », sur le disque numéro 7, on démarre avec la formation orchestrale de Michel Legrand, qui interprète le titre « Falling in love again », classique du jazz américain, puis on arrive à la chanson « Avoir un bon copain » chanté par Jean Boyer, puis on découvre « qu’avez-vous fait de mon amant », le fameux « Cheek to Cheek » de Irving Berlin », la belle chanson de Jacques Prévert « Démons et merveilles », l’illustre thème musical composé par Dimitri Tlomkin, du film « Le train sifflera trois fois » (1952, Fred Zinnemann), avec notamment Gary Cooper et Grace Kelly. Puisque j’évoque les musique de films, vous y retrouverez aussi la musique de « La rivière sans retour » (1954), d’Otto Preminger, avec le duo Robert Mitchum-Marilyn Monroe. Une version orchestrale surprenante de « Only you » est au menu de ce disque. Le saxophone remplace le lead vocal. S’en suit « Un américain à Paris », morceau écrit par le célèbre compositeur de jazz George Gershwin, et qui servit de bande-son au film du même réalisé par Vincente Minnelli en 1951, avec à l’affiche Gene Kelly, Leslie Caron et George Guétary. Cette fois Michel Legrand reste au piano tout en dirigeant un orchestre symphonique. Pour finir ce disque, Michel Legrand nous gratifie de morceaux qui composent la bande originale du film « Une femme est une femme » (1961, Jean-Luc Godard), avec Anna Karina, Marie Dubois, Jean-Claude Brialy et Jean-Paul Belmondo.
Dans le disque suivant, le numéro 8, Michel Legrand nous emmène cette fois dans l’univers des musiques de films qu’il a écrit et dirigé. Cela démarre par « L’Amérique insolite » (1960), documentaire de François Reichenbach, sur le quel il a travaillé et dont il composé la musique. Puis on enchaine avec « Terrain vague »(1960), réalisé par Marcel Carné, dont là encore il écrit en collaboration avec Francis Lemarque la musique. Après arrivent plusieurs titres évoquant « Le Cave se rebiffe », célèbre film de Gilles Grangier (1961), sur des dialogues de Michel Audiard, avec un casting au petits oignons, puisque Jean Gabin est entouré de Bernard Blier, Maurice Biraud, Françoise Rosay, Robert Dalban ou Ginette Leclerc. En 1962, Michel Legrand retrouve le trio Grangier-Audiard-Gabin pour « Le Gentleman d’Epsom » (1962), avec sa thématique autour des courses de chevaux… monde cher à Jean Gabin. Y figurent Louis de Funès, Paul Frankeur, Jean Lefebvre, Madeleine Robinson. Puis on change de registre cinématographique avec tout d’abord « Eva » (1962, Joseph Losey), avec Jeanne Moreau dans le rôle principal. Michel Legrand nous invite à écouter le thème d’Eva, puis celui de Adam et Eva, chanté par Tony Middleton. Enfin pour clore ce disque, Michel Legrand nous offre des extraits de la bande musicale de « Lola » (1962, Jacques Demy), avec Anouk Aimée dans le rôle-titre. Un joli choix.
Pour aborder le neuvième disque, Michel Legrand nous offre un voyage entre la France et es Etats-Unis, entre Paris et New-York, plus précisément Broadway, deux villes où il a vécu, travaillé pendant de longues années. Dans la première partie de ce disque, là encore avec son orchestre Michel Legrand revisite ou joue fidèlement des airs de chansons comme « C’est si bon », « Milord » (écrite par Marguerite Monnot et Georges Moustaki pour la grande Edith Piaf), « que reste-t-il de nos amours » et « Boum » du grand Charles Trenet, un standard du jazz signé Cole Porter « c’est magnifique », « la maladie d’amour », morceau traditionnel antillais, puis la « Petite Fleur » du clarinettiste Sidney Bechet. C’est très agréable de replonger dans ce patrimoine musical, qui avec le temps, peut avoir tendance à disparaître des rayons, des mémoires. C’est donc un travail bien utile accompli par Michel Legrand et encore davantage par Frémeaux & Associés, de ressortir ces pépites. Sur l’autre partie du disque, consacrée à sa période « Broadway », Michel Legrand nous sert une farandole de titres jazz, toujours accompagné de son orchestre. On y trouve « On the street where you live », « Yesterdays », ensuite deux titres de Georges Gershwin, le classique incontournable multi-interprété « Summertime », de même que « I got plenty of nuttin’ « , ou encore « Smoke gets in your eyes ».
Enfin pour clore ce deuxième chapitre de ce long coffret, le dernier disque rassemble 3 albums, « Strings on fire » (1962), puis un album avec orchestre à cordes, et le troisième, « Michel Legrand se joue Nougaro » (1962) . Sur « Strings on fire », on trouve des perles de morceaux orchestrés, comme « Perfidia » chanté à l’origine par Alberto Dominguez, « Boulevard of the Broken Dreams », autrefois chantée par Frances Langford, « Close your eyes » immortalisé par Bernice Petkere en 1933, « Come-back to Sorrento » donnée en version originale (italien) par Dino « Dean » Martin en 1953, et pour terminer, une orchestration du « All or nothing at all » que Franck Sinatra chanta merveilleusement dès 1939. Sur le second album, ça démarre en douceur avec la chanson « Venus » mise en valeur par des cordes très en avant et des choeurs trop discrets hélas. Puis nous avons droit à une très belle version de la chanson d’Orphée (Mahna de Carnaval), tirée du film Orfeu Negro, réalisé par Marcel Camus (1959), dont la musique originale est dû à Luiz Bonfa et Antonio Carlos Jobim. Figure aussi le titre « Adieu tristesse »(Felicidade), également extrait de Orfeu Negro.
Sur le disque consacré au taureau de Toulouse, Claude Nougaro, Michel Legrand reprend quatre chansons célèbres du chanteur français. Il s’agit de « Les Dom Juan », « Le cinéma », « Où? », et « Le jazz et la java ». Que du bonheur en barre d’écouter les orchestrations de ces morceaux. Le son ici est plus moderne, les orchestrations plus jazz-pop, en tous cas sur « Les Dom Juan » où synthés classiques, piano et synthés électroniques se côtoient joyeusement. « Le cinéma » se voit habillé d’un orchestration swinguante et syncopée, un peu folle, mais bien dans l’esprit original. « Où » nous embarque sur des atmosphères très habitées, des rythmes qui se suivent à une cadence folle, le tout dans une ambiance sonore qui fleure bon le psychédélique des 70’s. « Le jazz et la java » qui clôt ce disque et ce long coffret est un morceau qui résume parfaitement ce qu’a été la vie et la musique pour Michel Legrand. Une promenade sonore dans des univers différents, un amusement permanent effectué dans le sérieux, pour toujours donner le meilleur de lui-même.
Le résultat est magnifique.
En cadeau bonus, nous avons droit à des titres comme « Sans toi », chantée par Corinne Marchand, « La belle P…. », « La joueuse », La menteuse », ces titres figurant sur la bande originale du film « Cléo de 5 à 7 » (1962) d’Agnès Varda. Bref c’est un joli coffret, un objet musical à savourer tranquillement.
Guillaume.
Michel Legrand, entre jazz et musiques de films, chapitre 1.

Michel Legrand, pianiste-compositeur de génie, décédé en janvier 2019, à qui j’ai déjà consacré ici un article, lsur sa collaboration musicale avec le réalisateur Jacques Demy, fait l’objet par le label Frémeaux, d’un coffret 10 cd retraçant son travail de création de musique jazz, ses orchestrations de chansons françaises, d’airs traditionnels, de musiques de films, sur lesquels il a travaillé ou non. L’inventaire est copieux et ne couvre que la période allant de 1953 à 1962. Avant que Michel Legrand ne devienne un musicien ultra demandé après les succès des « Parapluies de Cherbourg »(1963), et quatre ans après des « Demoiselles de Rochefort »(1967), réalisés par Jacques Demy. Une nouvelle carrière s’offrira lui désormais.
Dans la première partie du coffret, qui regroupe les six premiers disques, que je vais évoquer ici, il est possible de découvrir un Michel Legrand, qui dès 1953, dirige, sous le pseudo de Big Mike, un orchestre à cordes, avec lequel il interprète des chansons françaises de Gilbert Bécaud (« viens »), puis en 1955 Vincent Scotto (« sous les ponts de Paris »), ou Francis Le marque (« à Paris »). Et même du jazz avec Cole Porter (« I love Paris »).
Dès le second disque, qui aborde l’année 1956, on passe aux musiques de films que Michel Legrand, sans les avoir écrites, dirige avec sa grande formation orchestrale. On y trouve « La complainte de la butte », tirée du film « French Can-Can » (1955) de Jean Renoir, « le grisbi », extrait de « Touchez pas au grisbi »(1954), de Jacques Becker, avec un casting royal Jean Gabin-Lino Ventura-Paul Frankeur, « si tu m’aimais » tirée du film de René Clair « Les grandes manoeuvres »(1955), ou encore « Smile » qui vient de « Les temps modernes » (1936) de Chaplin. Les orchestrations sont brillantes, parfois enjouées, toujours dans un style très aéré, plaisant à écouter. Il en va de même pour le rock, nouveau genre pour lui, vers lesquels il se dirige, avec entre autres « rock around the clock », popularisé aux États-Unis par Bill Haley.
Dans le troisième disque, Michel Legrand aborde avec bonheur les airs traditionnels notamment américains. Ainsi « Red river valley », « Greensleeves », « All throught the night » et « Along the Colorado » subissent-ils sa patte orchestrale. Le résultat est frais, agréable à entendre. Il ajoute même sa patte musicale sur la fameuse chanson française » en passant par la Lorraine ».
Sur le quatrième opus, année 1957, on change d’univers, pour aborder le jazz. Là, on sent que le musicien-mélomane se régale véritablement. Michel Legrand aborde le morceau mythique écrit par Duke Ellington (« Caravan »), puis il nous embarque vers les rivages colorés du Brésil avec « Bahia », de Ary Barroso, et d’Espagne avec le chatoyant « Granada » signé de Augustin Lara. Il nous régalé aussi d’une très belle version de « Besame mucho ». C’est un régal que d’écouter ce voyage en musiques ici rassemblées par Frémeaux. Et le plaisir n’est pas terminé.
En effet dans le chapitre 5 de ce gros coffret, est abordé la partie jazz de Michel Legrand, à travers l’année 1958. Imaginez le bonheur ressenti par ce musicien-mélomane lorsqu’il fut amené à diriger des oeuvres écrites par de grands noms de l’histoire du jazz. Que ce soit Duke Ellington (photo ci-dessus) avec « Dont get around much anymore », Fats Waller (première photo ci-dessus) et sa « The Jitterburg waltz », Benny Goodman avec « Stompin’at the Savoy », Dizzy Gillespie et son célèbre « Night in Tunisia », ou encore Django Reinhardt et son fameux « Nuages », que demander de mieux ? Michel Legrand a donc eu le plaisir de jouer de faire revivre ces standards du jazz sous sa direction, sentiment jubilatoire à n’en pas douter. Le résultat est une fidélité à l’esprit des oeuvres telles que conçues par leurs auteurs, mais là encore Michel Legrand y met sa touche personnelle, tout en subtilité.
Sûr la sixième partie de ce coffret, qui évoque là aussi l’année 1958, on retrouve Michel Legrand à la direction d’orchestre pour honorer l’un des plus grands compositeurs de musique jazz du vingtième siècle, Cole Porter. A ce monsieur désormais un peu oublié, et c’est fort dommage, le grand public, les musiciens, chanteurs et chanteuses de jazz doivent de pouvoir entendre, jouer, chanter des titres tels que : « Just one of things », « in the still of the night », « What was this thing called love », « Anything goes », « I get a kick out of you », « I’ve got you under my skin », « Night and Day »…et beaucoup d’autres encore. Des interprètes aussi nombreux et célèbres que Frank Sinatra, Michael Bublé, Jamie Cullum, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Diana Krall, Lisa Ekdhal, Harry Connick Jr., Herbie Hancock, Bill Evans, Oscar Peterson, Dinah Washington, Charlie Parker, Marlène Dietrich, Natalie Cole, Rod Stewart, pour ne citer qu’eux …ont repris un jour où l’autre les chansons citées ci-dessus. Michel Legrand se tire à merveille de cet exercice et on sent pleinement le plaisir qu’il prend à jouer ce répertoire de standards.
Cette première partie du coffret consacré à Michel Legrand nous montre donc un musicien multi-cartes, passionné et passionnant, sautant d’un genre à l’autre avec une aisance déconcertante et une facilité incroyable.
La suite sera l’occasion d’une prochaine chronique.
En attendant je vous laisse avec une playlist regroupant les titres évoqués dans cet articles, soit interprétés donc par Michel Legrand, mais aussi par leur compositeurs originaux, et par quelques interprètes célèbres. Régalez-vous.
Guillaume.
Claude Bolling, un géant s’en va.

Décidément cette année 2020 se sera terminée de façon triste pour le monde de la culture, et je ne parle pas ici du problème plus qu’épineux de la fermeture de ses lieux culturels. Non je veux bien sûr évoquer, après les départs de Caroline Cellier le 15 décembre dernier (je lui consacrerai bientôt un article), de Claude Brasseur le 22, et du violoniste Ivry Gitlis le 24, le décès d’un très grand musicien de jazz et compositeur de musiques de films, Claude Bolling, parti le 30 décembre à 90 ans.
Claude Bolling, naît à Cannes en 1930, fera ses études musicales au Conservatoire de Nice. Enfant surdoué, il démarre à 14 ans seulement sa carrière professionnelle aux côtés du monstre sacré vibraphoniste Lionel Hampton. Puis il enchaîne en intégrant l’orchestre du Hot Club de France. Dès lors tout s’enchaîne. Au début des années 50 il joue avec les jazzmen américains Roy Eldridge et Kenny Clarke. En 1956, il décide de fonder le Claude Bolling Big Band.
Mais Claude Bolling au delà d’être un pianiste de jazz, est avant tout et surtout un musicien. Curieux de croiser les univers sonores, les modes de compositions. C’est ainsi qu’il entreprendra de composer pour des musiciens classiques tels que Jean-Pierre Rampal (suite pour flûte et jazz piano trio,1975), Alexandre Lagoya (concerto pour guitare et jazz piano trio, 1975), Maurice André (Toot suite, suite pour trompette et jazz piano trio,1981). Il jouera aussi bien dans des registres swing en avec son Big Band, mais s’aventurera dans le ragtime (cf la B.O.F de Borsalino), et fera des rencontres musicales et humaines avec des monstres sacrés comme Duke Ellington, Michel Legrand, Stéphane Grappelli.
Compositeur, Claude Bolling est également un créateur, puisqu’il est à la base de la naissance du groupe vocal féminin Les Parisiennes, dans les années 60. Il leur écrira paroles et musique, qui déboucheront sur des succès : « Il faut trop beau pour travailler « , « L’argent ne fait pas le bonheur », « Le 30 février », parmi d’autres.
Cette carrière de compositeur de musiques de films, il l’a entamé dans les années 50, avec notamment « Oh que Mambo » (1955), et « cette nuit-là »(1957). En 1963, il écrit la musique du film « Le jour et l’heure » de René Clément. Son talent de composition est maintenant reconnu dans le monde du cinéma et au cours de la décennie 70-80, il va enchaîner les gros films et certains gros succès : « Borsalino »(Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Nicole Calfan.. etc.. 1970), puis « Borsalino and Co » (1974), mais aussi « Le magnifique » (avec Jean-Paul Belmondo, Jacqueline Bisset, 1973), « Lucky Luke »(1971), « Flic Story » (avec Alain Delon, 1975), ou encore « L’année Sainte »(avec Jean Gabin et Jean-Claude Brialy,1976), « Un papillon sur l’épaule »(1978) ou « 3 hommes à abattre », (avec Alain Delon, Michel Auclair, Jean-Pierre Darras..etc,1981), « La Gitane »(avec Claude Brasseur et Valérie Kaprisky, 1986), puis dans les années 90, « Hasards ou coïncidences » (1998).
Il aura ainsi côtoyé les cinéastes français tels Alain Corneau, Jacques Deray, Philippe de Broca, Claude Lelouch, Claude Pinoteau, de même que des acteurs ou actrices tels que Alain Delon, Jean Gabin, Bernard Blier, Danielle Darrieux, Claude Brasseur, Valérie Kaprisky, Caroline Cellier, Jean-Paul Belmondo, et une ribambelle d’autres.
Un grand nom du jazz s’en va. Il laisse une oeuvre importante et riche, que jeunes et moins jeunes peuvent à l’envi (re) découvrir. Je vous laisse avec une floraison de morceaux composés par ce grand musicien.
Guillaume.
François Truffaut-Georges Delerue, 2 talents associés.

Pour la cinquième fois, je vais évoquer un duo associant un réalisateur et un compositeur de musiques de films. Après avoir parlé du duo Luc Besson-Eric Serra, je vais revenir dans les années 60-70 avec la paire François Truffaut-Georges Delerue.
Né à Paris en 1932, François Truffaut d’une fille mère issu de milieu catholique fervent, puis confié à une nourrice. En 1933, sa mère rencontre et épouse Roland Truffaut qui reconnaît l’enfant civilement. Le jeune Truffaut est ensuite, à l’êge de 3 ans, confié à ses grands-parents, qui habitent en bas de Montmartre, à deux pas de chez ses parents. A 7 ans, passionné par la lecture et le cinéma qu’il fréquente plus que souvent, y compris pendant le temps d’école, il dévore tout ce qui concerne Jean Renoir, René Clair, Jean Vigo, Claude Autant-Lara, Jean Cocteau ou Yves Allégret.
Quand sa grand-mère maternelle décède, en 1942, Truffaut réintègre le domicile parental qui se trouve non loin de celui d’un jeune chanteur qui fera une immense carrière : Charles Aznavour. Le hasard fera que 18 ans plus tard, ce dernier sera le personnage principal de « Tirez sur le pianiste ». A 12 ans seulement, il fait ses premiers « 400 coups » au Lycée Rollin. Apprenant la vérité sur sa naissance à la lecture d’un carnet de son père, il est bouleversé et devient fugueur. Il fréquente alors les salles obscures des cinémas de Pigalle.
Après une enfance et adolescence difficile, ballotté entre parents, nourrice et grands-parents, puis la révélation de la vérité sur sa naissance à la lecture d’un carnet de son père, Truffaut se réfugie dans les cinémas. Puis vient à fonder un cinéclub, sur les conseils d’André Bazin, qu’il retrouvera quelques mois plus tard, au sein de la revue Travail et culture ». En 1959, Truffaut démarre la saga des aventures du personnage d’Antoine Doinel avec le film « les 400 coups » avec le jeune comédien Jean-Pierre Léaud. Ce film obtiendra d’ailleurs le prix de la mise en scène au festival de Cannes la même année. La suite, ce sera « Antoine et Colette »(1962), « Baisers volés »(1968), « Domicile conjugal »(1970) et « l’amour en fuite » (1979).
Henri-Pierre Roché auteur de « Jules et Jim », « Deux anglaises et le continent » verra François Truffaut adapter ses deux romans. Il se basera, pour ces adaptations, sur les notes laissées à sa veuve. François Truffaut, tout au long de sa filmographie, a fait tourner et parfois débuter devant sa caméra, les plus grandes actrices françaises ou américaines. Jugez plutôt :
Claude Jade (« Baisers volés »(1968), « Domicile conjugal »(1970), « L’amour en fuite »(1979), Nathalie Baye (début dans « La nuit américaine »,1973, rôle titre dans « La chambre verte », Isabelle Adjani dans « L’histoire d’Adèle H »(1975), Jacqueline Bisset dans « La nuit américaine »(1975), avec la jeune débutante Nathalie Baye. Catherine Deneuve dans « La sirène du Mississippi »(1969), « Le dernier métro »(1980), Marie-France Pisier fit ses débuts à 17 ans dans « Antoine et Colette »(1962). Fanny Ardant, qui fut son dernier amour, joua dans « La femme d’à côté »(1981) et « Vivement dimanche »(1983).
Côté acteurs, il y eut bien sûr Jean-Pierre Léaud dans « Les 400 coups »(1959), « Antoine et Colette », « Baisers volés », « Domicile conjugal », Jean-Paul Belmondo (« La sirène du Mississippi »), Jean-François Stévenin, lui, fut son assistant et joua dans « l’Argent de poche » et « La nuit américaine », Gérard Depardieu dans « La femme d’à côté », « Le dernier métro « , Jean-Louis Trintignant dans « Vivement dimanche ». Vous le voyez, un éventail de comédien.n.e.s très large. Disparu en 1984, François Truffaut laisse une oeuvre très riche et des films devenus des classiques du cinéma.

Georges Delerue, naît à Roubaix en 1925, au sein d’une famille qui aime la musique. Son père, contremaître dans une usine et sa mère, qui parfois chante des airs de Gounod ou Bizet tout en jouant au piano, emmènent leur fils assez souvent au cinéma. Un déclic et la naissance d’une passion qui le conduira à en faire son métier.
En 1939, alors élève dans une école formant aux métiers de la métallurgie, sa mère décide de l’inscrire au Conservatoire. Il y apprend la clarinette, sans plaisir. A 14 ans, il stoppe tout et retourne à l’usine pour aider sa famille. Des études de solfège au Conservatoire, une admission en classe de piano lui permettront de découvrir des compositeurs comme Bach, Mozart, Chopin, Beethoven.
1945 est un tournant. Auréolé de 3 premiers prix de Conservatoire à Roubaix (clarinette, piano, harmonie), il rentre au Conservatoire de Paris. Quatre ans plus tard, il remporte le premier prix de composition.

En 1952, Georges Delerue obtient le poste de compositeur et chef d’orchestre à la Radiodiffusion française. Créateur du Conservatoire de Nancy en1957, deux ans plus tard, sur les conseils de Darius Milhaud, il se lance dans la composition pour le cinéma, avec « Hiroshima mon amour »d’alain Resnais (1959). Dans les années 60, en plein mouvement de la Nouvelle Vague, Delerue fera deux rencontres qui vont faire basculer son destin, celles de François Truffaut et Jean-Luc Godard. Il composera pour le premier la musique de « Jules et Jim », et pour le second celle du film « Le Mépris ». Ces deux films obtiendront un tel succès à l’étranger que Georges Delerue verra son statut de compositeur changer. Il est désormais un musicien qui compte, un compositeur que l’on s’arrache.

Georges Delerue verra son travail salué et récompensé à plusieurs reprises. En France, ce sont 3 Césars successifs en 1979, 1980 et 1981 pour respectivement les films « Préparez vos mouchoirs », « L’amour en fuite », et « Le dernier Métro ». Aux Etats-Unis, c’est pour le film « I love you, je t’aime » qu’il recevra un Oscar en 1981.
Outre son travail pour les musiques de film, Delerue a aussi composé des musiques au registre plus classique, comme des musiques de chambre, des musiques pour orchestres. Décédé à l’âge de 67 ans, Georges Delerue laisse derrière lui une œuvre musicale considérable, riche, variée.
Le début d’une prodigieuse carrière ornée de 300 musiques de films, dont outre « Jules et Jim « , « Le mépris », il signera « Le corniaud », « Le cerveau », « Platoon », »Le dernier métro », »Les rois maudits »… et j’en passe.
Outre Francois Truffaut et Jean-Luc Godard, Georges Delerue aura également prêté son talent à des réalisateurs tels que Gérard Oury, Oliver Stone, Claude Barma, Agnès Varda, René Clair, Georges Lautner, Philippe de Broca, Alain Corneau, Bertrand Blier.
Un casting de rêve pour ce compositeur qui côtoiera les plus grands comédiens : Yves Montand, Bourvil, Jean-Paul Belmondo, Michel Piccoli, Brigitte Bardot, Louis de Funès, Jacqueline Bisset, Kevin Bacon et bien d’autres encore…
En tous cas, le travail commun mené par le duo Truffaut-Delerue a laissé en héritage de très beaux films.
Je vous laisse avec un sélection des musiques de Georges Delerue.
Guillaume.
Alfred Hitchcock-Bernard Hermann, maîtres de la psychose.

Quand on évoque le lien entre le cinéma et la musique, il est impossible de passer à côté de ce duo constitué de Alfred Hitchcock et Bernard Herrmann. Dans le cinéma américain des années 50-60, Alfred Hitchcock et sa silhouette ronde passe-partout, avait réussi à imposer, au travers de films aux genres différents ( j’y reviendrai), un style narratif très reconnaissable et une manière de filmer ses personnages très précise.
Alfred Joseph Hitchcock, réalisateur-producteur, est né à Londres en 1899. Issu d’une famille catholique, notamment par la filiation maternelle, d’origine irlandaise, Hitchcock va pour autant suivre une éducation dans un collège tenu par des jésuites. Comparativement à son frère et sa soeur, il passe une enfance marquée par la solitude, due surtout à son obésité précoce, se mettant alors à l’écart de ses camarades. Subissant parfois des punitions sévères de la part de sa mère, il s’inspirera de cela pour forger le portrait de Norman Bates (joué par Anthony Perkins), dans le film « Psychose ».
A 14 ans, suite au décès de son père en 1914, il part s’inscrire à la London County Council School of Enginering and Navigaton. Diplôme en poche, il se tourne alors vers l’écriture de petites nouvelles.
Plus tard, après un passage dans le monde la publicité où il peaufine ses talents de graphiste, il se tourne vers le cinéma au début des années 20. Engagé aux Studios d’Islington, il y fait ses armes. En 1923, profitant de la maladie du réalisateur de « Always tell your wife », il fait ses grands débuts derrière la caméra. Le pied à l’étrier, Hitchcock ne quittera plus ce rôle, lui l’amateur de suspense, d’humour noir, grinçant, amateur d’expressionnisme puisé dans le cinéma allemand, surtout Murnau.
Après une première tentative américaine dabs les années 30, décevante malgré des films qui deviendront des références comme « L’homme qui en savait trop »(1934), « les 39 marches »(1935), « La taverne de la Jamaïque » (1939) et des débuts avec le producteur David Selznick dans les années 40 pour qui il réalisera 4 films (« Rebacca », 1940 ; « La Maison du Docteur Edwardes », 1945 ; « Les Enchainés », 1946 ; « Le Procès Paradine », 1947), il décide de devenir son propre producteur, d’être ainsi totalement libre et maître de son travail.
Après un retour en Angleterre, il revient au pays du cinéma dans les années 50 et entame alors une période faste et réalise des films qui deviendront des « classiques » du cinéma. Pêle-mêle, outre « Rebecca »(1940) et « La maison du docteur Edwardes »(1945) déjà cités, viendront ensuite « Les amants du Capricorne »(1949), « L’inconnu du Nord-Express » (1951), »Le crime était presque parfait » (1954), »Fenêtre sur Cour » (1954), « La main au collet » (1955), « Vertigo » (1958), « La mort aux trousses »(1959), « Psychose »(1960), « Les Oiseaux »(1963). Chaque film est un bijou, que l’on ne se lasse pas de revoir. Intrigue, suspense, description des personnages, castings très judicieux, bref Hitchcock maîtrisait son art à la perfection.


Castings : A propos des acteurs et actrices qu’il a eu devant sa caméra, on peut citer John Gielgud, Peter Lorre, Madeleine Carroll, Laurence Olivier, Maureen O’hara, Charles Laughton, Joan Fontaine, James Stewart, Kim Novak, Martin Landau, Cary Grant, Gregory Peck, James Mason, Ingrid Bergman, ou encore Grace Kelly… vous le voyez, une pluie d’étoiles du cinéma américain, à l’époque de l’âge du cinéma hollywoodien.
Personnage aussi mystérieux sur lui-même que directif sur les plateaux de tournage, Hitchcock avait toujours dans ses films deux stéréotypes concernant ses personnages principaux : L’homme était toujours un être élégant, séducteur, parfois naïf, fragile, parfois curieux plus que de rigueur, embarqué malgré lui dans une histoire qui le dépasse (James Stewart et Cary Grant ont incarnés ces rôles-là à merveille. L’héroïne, souvent interprétée par Kim Novak, Eva Marie-Saint, Grace Kelly, est un brin naïve, tombe sous le charme du héros et / ou le manipulent à dessein. Hitchcock traita tout au long de ses films de sujets aussi divers que la folie, l’espionnage, le polar, la voyeurisme.

Bernard Herrmann a d’abord travaillé chez CBS, entre 1934 et 1939, comme chef d’orchestre, pour illustrer les pièces radiophoniques diffusées à l’époque sur ce média incontournable. Il a démarré sa carrière en écrivant la musique du fameux « Citizen Kane »(1940) d’Orson Welles, pour qui il composera aussi la partition musicale de « la splendeur des Amberson »(1942).
C’est David Selznick, qui, en 1955, impressionné par le travail d’ Herrmann sur le film »Tous les biens de la Terre », facilite la rencontre avec Alfred Hitchcock. De 1958 à 1963, Herrmann compose des musiques pour des films de genres très différents comme l’aventure avec « le 7eme voyage de Sinbad », « L’île mystérieuse » (1961) ou le fantastique avec « Jason et les Argonautes » (1963).
Outre d’avoir composé les musiques de beaucoup de films d’Alfred Hitchcock, Herrmann travaillera avec des réalisateurs très différents comme Robert Stevenson (« Jane Eyre », 1944), Joseph Mankiewicz (« L’aventure de Madame Muir », 1947 ; « L’affaire Ciceron », 1954), Martin Scorsese ( « Taxi Driver », 1976) ou Robert Wise (« le jour où Terre s’arrêta », 1951), François Truffaut (« Farenheit 451 », 1966 ; « La mariée était en noir », 1967), Brian de Palma (« Soeur de sang », 1973 ; « Obsession », 1974).
Musicien qui s’est adapté à tous les genres de cinéma, Bernard Herrmann a cotoyé les plus grands du cinéma du 20ème siècle. Il laisse une oeuvre très importante et remarquable par sa qualité.
N’hésitez pas à vous plonger ou à redécouvrir sa musique, cela vous emportera sans doute ou vous rappellera des souvenirs de cinéma, et vous donnera pourquoi pas l’envie de revoir des films d’Hitchcock et les autres.
Guillaume.
Burton / Elfman, duo inséparable.

Pour démarrer 2020, remis des agapes traditionnelles et son cortège de bulles notamment, j’avais envie, après Leone-Morricone, Spielberg-Williams, Besson-Serra, d’évoquer ici un quatrième duo de cinéma réalisateur / compositeur de musique de film, à savoir l’association entre le réalisateur-scénariste-producteur Tim Burton et son acolyte de toujours, le musicien Danny Elfman.

Le premier souvenir que j’ai de l’univers concocté par l’alchimie de ces deux talents, fut quand j’ai découvert au cinéma le film génial qu’est « Edward au mains d’argent ». Un film brillant, drôle, grinçant, qui met en avant un Johnny Depp brillantissime dans le rôle d’Edward, ce personnage aux mains en forme de ciseaux, au sein d’une petite ville de province dans l’Amérique des années 50. Un formidable plaidoyer sur la tolérance, le respect de la différence.
Tim Burton n’est pas un cinéaste qui se laisse enfermer dans un genre cinématographique. Sa filmographie parle pour lui, puisqu’il a exploré aussi bien le monde l’animation, avec des films comme « Noces Funèbres », « L’étrange Noël de Monsieur Jack » en tant que co-scénariste), « Frankenweenie », « James et la pêche géante » ou encore « Vincent », les grosses productions hollywoodiennes telles la série des Batman (« Batman », « Batman returns » et « Batman forever »), avec dans chaque film tout ce qui le caractérise, à savoir la noirceur, la dérision, l’ironie, sur fond de critique du monde tel qu’il est aujourd’hui, servi par des castings étincelants, puisqu’on retrouve aussi bien Michael Keaton (Batman), Jack Nicholson (The Joker), Michelle Pfeiffer (Catwoman), Christopher Walken (Max Shreck), ou encore Danny de Vito (Osvald Cobblepot).
Dans le dernier volet, Burton réunit là aussi un casting de prestige avec Val Kilmer (Batman), Chris O’Donnell (Robin), ou encore le génial Tommy Lee Jones, les talentueuses Drew Barrymore, Nicole Kidman et le fantasque comédien Jim Carrey.



Il a aussi réalisé « La planète des Singes », avec là aussi une distribution 5 étoiles, jugez plûtot : Marc Wahlberg(« Boogie Nights », « Les infiltrés » avec Leonardo Di Caprio), Tim Roth (« Reservoir Dogs », « Pull Fiction »), Michael Clarke Duncan (« La ligne verte », « Armageddon », « La planète des Singes », « Sin City », avec Mickey Rourke), Helena Bonham Carter (« Frankenstein », avec aussi Robert De Niro et Kenneth Brannagh), ou encore le chanteur de country-folk et comédien américain Kris Kristofferson, et la présence de Charlton Heston ( « Ben Hur », « Les Dix Commandements »), et Linda Harrison, qui étaient les rôles principaux de la première version de ce film réalisé en 1968 par Franklin J. Shaffner. Mais à côté de ça, Tim Burton nous a aussi offert des films pleins de poésie, tels « Charlie et La Chocolaterie », « Alice in Wonderland », un biopic sur le comédien-réalisateur-producteur Ed Wood, des films plus ténébreux comme « Dark Shadows », inspiré d’une série des années 60-70’s. Son acteur fétiche, tout au long de sa filmographie reste sans conteste le fantasque Johnny Depp avec qui il a tourné 7 films.

Bref le gars est éclectique, brillant, et la réussite est souvent là, en terme de succès critique et populaire, ce qui lui permet d’être encore aujourd’hui assez libre dans ses choix de films.
Mais son oeuvre ne serait pas ce qu’elle est sans le travail, à ses côtés, depuis de très nombreuses années, du compositeur Danny Elfman. Issu d’un père militaire et d’un mère romancière, il grandit à Los Angeles. Adolescent, il décide de partir rejoindre son frère aîné à Paris, et joue du violon dans la troupe du Grand Magic Circus, dirigée par le comédien et metteur en scène Jérôme Savary.
En 1973 il rejoint le groupe formé par son frère, une formation orienté New Wave, voire parfois attirée par le ska, genre musical issu de la Jamaïque, popularisé en Europe par le groupe anglais Madness et son fameux tube « One step beyond ». Il compose en 1982 sa première musique pour le film de son frère « Forbidden zone », puis rencontre Tim Burton en 1985 et compose la musique de « PeeWee Big Adventure ». La collaboration entre les deux hommes est lancée. Après ce premier essai, il écrira les musiques de : « Beetlejuice », « Batman », « Batman returns », « Edward aux mains d’argent », « Mars attacks ! », « Sleepy hollow », »La planète des Singes » ou encore « Les noces funèbres », « Big fish », « Dark shadows »… Bref une sacrée collaboration, qui a accouché de très beaux succès.
Mais Danny Elfman n’a pas travaillé uniquement avec ce génie de Tim Burton. Il a en effet composé des musiques pour de très illustres réalisateurs tels que Martin Brest (« Midnight Run »), Warren Beatty (« Dick Tracy »), Henry Sellick (« L’étrange Noël de Monsieur Jack »), Brian de Palma (« Mission : Impossible »), Barry Sonenfeld (« Men in Black) ou encore Sam Raimi (« Spider-man » et « Spider-man 2 ». Il a également travaillé pour la télévision, puisque c’est à lui que l’ont doit la musique des fameux « Simpsons », et des célèbres « Desperate Housewives » et les « Contes de la Crypte ».
Pour autant donc, le travail du duo Burton-Elfman est assez remarquable, et en général le public retient bien l’ambiance, le climat sonore créé par le compositeur pour illustrer le récit du réalisateur.. La marque des très grands. Espérons que ce duo, qui travaille ensemble depuis bientôt 35 ans soit encore prolixe dans les années qui viennent, pour notre plus grande joie.
En attendant, je vous laisse avec un florilège de musiques de films de Danny Elfman, à écouter ou découvrir.
Bonne année à vous toutes et tous.
Qu’elle vous apporte cinématographiques et de belles musiques de films.
Guillaume.
:
Spielberg-Williams, une complicité en cinémascope.

Deuxième volet de notre nouvelle rubrique, qui met en lumière le couple « realisateur-compositeur de musiques de films ».
L’une des plus célèbres est celle reliant Steven Spielberg à John Williams. D’autres seront évoquées dans les semaines qui viennent.
Après avoir réalisé « Duel » en 1971, chef d’oeuvre de suspens entre une voiture conduite par un cadre qui rentre du boulot et un camion, dont on ne voit jamais le visage du conducteur, le jeune Spielberg se fera connaitre au monde le film d’épouvante « La Chose » en 1972, puis « Sugarland Express » (première collaboration entre les deux hommes) en 1974. L’année suivante, il réalise le fameux « Jaws » (« Les dents de la mer »). Ce film qui met en scène un grand requin blanc mangeur d’hommes (ce qui dans la réalité n’est pas la autant la vérité, fort heureusement, que celle montrée dans le film), fera un carton mondial.
Je me souviens avoir vu « Duel »( avec Dennis Weaver) avec mon père, puis « Jaws » (avec Roy Scheider, Lorraine Gary, Richard Dreyfuss et Robert Shaw) dans un cinéma du quartier Latin. Les deux fois, j’en étais sorti remué.
Les deux histoires, très différentes évidemment, formidablement mises en scène, étaient portés par des musiques très identifiables, fortes. Si celle de « Duel » est l’oeuvre de Bill Goldenberg, celle de « Jaws » est donc signée de Williams.
John Williams, pianiste mais également compositeur de musique, va se faire connaître du grand public, après « Jaws », en signant la musique (certes fortement inspirée de Gustav Holst et de son « Lost Planet ») de la première trilogie intergalactique sortie de l’esprit de Georges Lucas, à savoir « Star Wars ».
Cette saga, débutée en 1977, avec le fameux épisodes IV « la guerre des étoiles : un nouvel espoir », puis V « l’Empire contre-attaque », enfin le VI « le retour du Jedi », fera de lui une véritable référence en la matière.
La trilogie fera une pause jusqu’en 1999, année où sortira l’épisode 1″la menace fantôme », bientôt suivi des épisodes 2 « l’attaque des clônes »(2002) et 3 « La revanche des Sith » (2005).
Partagé désormais entre ces deux monstres du cinéma, il composera aussi les musiques de la saga « Aventuriers de l’arche perdue », avec Harrison Ford dans le rôle titre. 2 autres films seront tournés, ‘Indiana Jones et le temple maudit », « Indiana Jones et La dernière croisade » (avec Sean Connery).
Il signera aussi les formidables musiques de « E.T », »La liste de Schindler », « il faut sauver le soldat Ryan », « Rencontres du Troisième type », le drôle « Arrête-moi si tu peux « , la fresque historique « Lincoln », sans oublier « Amistad », fresque sur la période esclavagiste aux États-Unis, « A.I intelligence », sur l’intelligence artificielle, « 1941 », sur l’attaque de Pearl Harbour par le Japon, qui fera entrer les États-Unis dans la seconde guerre mondiale, et le superbe « Tintin ».
Il a également composé la musique de « Harry Potter », d’abord « l’école des sorciers » (2001), puis les deux suivants, avant de passer le relais à d’autres musiciens.
Bref, vous le voyez, les deux hommes ont travaillé ensemble sur de très nombreux films, qui pour la plupart sont devenus des classiques du cinéma.
Revoir ces films de Spielberg, c’est aussi pouvoir réécouter la musique de John Williams. Ecouter John Williams nous replonge dans les films de Spielberg.
Pourquoi se priver de ce double plaisir ?
Je vous laisse donc ici en compagnie de John Williams.
Guillaume.
Leone-Morricone, initiateurs du nouveau western.

Nouvelle rubrique pour vous sur ce blog : la relation entre un réalisateur de films et un compositeur de musiques de films. Nous commençons par un duo mythique : Sergio Leone-Ennio Morricone.
Tout d’abord, je dois rendre à César, c’est à dire en l’occurrence à mon père, d’avoir découvert, alors que j’étais jeune et fasciné par les westerns américains, incarnés par les acteurs comme John Wayne, James Stewart, ou encore Burt Lancaster, et des réalisateurs comme John Ford, John Sturges, oui d’avoir pu découvrir le nouveau western, à la sauce italienne, avec des films comme « Le bon, La brute, Le truand » (Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Élie Wallach), et les deux autres films de cette trilogie, « Pour une une poignée de dollars »(Clint Eastwood, Gian Maria Volonte), « Et pour quelques dollars de plus » (Clint Eastwood, Lee Van Cleef. Gian Maria Volonte, Klaus Kinski).
Cette trilogie, tournée principalement en Espagne, met en scène des personnages qui manient tour à tour cynisme, malice, humour. Dans un autre registre, qui marque la rencontre entre un jeune cowboy et une légende de l’Ouest, il y a « Mon nom est Personne » (Henry Fonda, Terence Hill). Cela m’a donc permis de découvrir un réalisateur, Sergio Leone, ainsi qu’un compositeur de musiques de films, Ennio Morricone. C’était au temps béni du magnétoscope et des cassettes VHS, sur lesquelles il était possible d’enregistrer des émissions, concerts, ou donc des films. Une époque que les moins de 30 ne peuvent pas avoir connu.
Jusqu’à cette découverte, ces films, ces noms m’étaient totalement étrangers. Avoir un père cinéphile a eu du bon. Parmi les nombreux westerns « spaghetti » (ainsi nommé car ils seraient tourné aux studios de Cinecitta, mais également en Espagne, ou donc réalisé par des italiens). Il en est un qui a marqué mon esprit : « il était une fois dans l’Ouest ». Son rythme lent, ses gros plans appuyés sur les personnages (Henry Fonda, Claudia Cardinale, Jason Robbards, Charles Bronson), les silences volontaires, les gros plans sur les personnages, voire même les plans serrés sur leurs yeux, ses longs plans séquences, le tout magistralement mis en musique par Ennio Morricone, ont fait de ce film, à mes jeunes yeux, un film culte, que je prends toujours autant de plaisir à voir plus de 30 ans après.
Mais ce binôme italien, loin de se cantonner au seul genre du western qu’il à donc grandement révolutionné par le style de narration, le jeu des acteurs, l’aspect minimaliste parfois des dialogues, et surtout par la place accordée à la musique, un peu à l’image du travail de Léonard Bernstein en 1962 sur le mythique « West Side Story », histoire elle-même inspirée de Roméo et Juliette.
En effet, après avoir travaillé ensemble sur « Il était une fois dans l’Ouest » (1968), puis sur « Il était une fois la Révolution » (1971, avec James Coburn), ils boucleront cette autre trilogie par « Il était une fois l’Amérique » (1984, avec Robert de Niro, James Woods, Elizabeth Mac Govern).
Sergio Leone, avant de se lancer dans le western, s’était frotté au genre Péplum. Naîtront ainsi « Le colosse de Rhodes » (1961, avec Rory Calloun, Georges Marshall), « Romulus et Rémus », sur lequel il n’est que scénariste (1962, avec Steve Reeves), puis dans la foulée « Sodome et Gomorrhe », qu’il co-réalisera avec Robert Aldrich. L’acteur Stewart Granger sera la vedette du film.
Pendant plus de 30 ans, ces deux artistes, devenus par leur travail respectif des références dans leur domaine, ont régalé le public, par la qualité de leur collaboration.
Sergio Leone, mort en 1989, laisse derrière lui une oeuvre considérable, un nombre incroyable de films devenus cultes qui sont pour certains étudiés dans les écoles de cinéma du monde entier.
Ennio Morricone, 90 ans, continue infatigablement de donner des récitals un peu partout également.
En 2007, il sera également honoré par un oscar d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre et sa contribution artistique, musicale, au monde du cinéma.
Neuf ans plus tard, il recevra un Oscar pour le film « Huit Salopards » (2016). Ennio Morricone a également composé les musiques de films comme « Le clan des Siciliens »(1969, avec Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura), « Sacco & Vanzetti »(1971), »Le Professionnel » (1982, avec Jean-Paul Belmondo, Robert Hossein, Michel Beaune) « Mission » (1987, avec Jeremy Irons et Robert de Niro), « Les Incorruptibles » (1988, avec Sean Connery, Andy Garcia, Kevin Costner), « Cinema Paradiso » (1991, avec Philippe Noiret) et beaucoup d’autres, comme Pier Paolo Pasolini « les petits et les grands oiseaux »), Roman Polanski (« Frantic », avec Harrison Ford et Emmanuelle Seigner, 1987) Brian de Palma (« Mission », avec Robert de Niro et Jeremy Irons, 1987), Quentin Tarantino (« Django Unchanined », avec Christopher Waltz, Brad Pitt, 2013), Henri Verneuil (« Le clan des Siciliens », 1969; « I comme Icare », avec Yves Montand,1979). Vous le voyez, ce compositeur et chef d’orchestre a travaillé avec les plus grands cinéastes, depuis plus de 50 ans.
Si vous n’avez vu aucun des films cités ci-dessus, de Sergio Leone ou donc les autres, alors foncez, vous vous régalerez, tant du point de vue des films que des musiques.
Guillaume.
Le Bayou pleure Tony Joe White.

Wynton Marsalis, du jazz à la musique classique.
A 57 ans, dont plus de 40 ans de carrière, Wynton Marsalis musicien multicartes issu d’une famille nombreuse dédiée à la musique jazz ( j’y reviendrai dans un prochain article), est avant tout connu dans le monde entier pour ses talents de trompettiste hors pair, de compositeur et chef d’orchestre de jazz.
En France, il est devenu une véritable référence, une icône, depuis son premier passage au Festival de Jazz de Marciac, dont il est devenu le parrain en 1991. S’y investissant depuis chaque année, il revient et travaille avec les écoles de jazz du coin, en plus des programmes qu’il présente avec un bonheur toujours égal au public qui vient le voir. Il a pour cela gagné le droit d’avoir une statue à son effigie au centre d’une cour d’école de Marciac. Tout un symbole! Homme très occupé, Il est par ailleurs directeur général et artistique de la grande institution américaine de musique qu’est le Jazz at Lincoln Center de New-York.
Mais c’est du compositeur de musique classique que j’ai décidé de vous parler. Car c’est un aspect méconnu de sa carrière, comme c’est le cas pour le performer vocal Bobby Mac Ferrin. Les musiciens de jazz ont très souvent été influencé par la musique classique (tout comme la musique classique s’est parfois inspiré du jazz, mais nous en reparlerons), pour ensuite s’en inspiré dans la composition de leur œuvre. Les plus marquants sont Duke Ellington, Thelonious Monk, Oscar Peterson, Keith Jarrett, Miles Davis, Nina Simone, ou encore Leonard Bernstein et Chick Corea. Wynton Marsalis donc s’inscrit dans cette lignée.
Dès l’âge de 14 ans, il joue le concerto pour trompette de Haydn, accomagné par le New Orleans symphony orchestra. A 18 ans, bien lancé, le talenteux jeune homme rejoint Art Blakey et ses Jazz Messengers, au seuil des années 80. Il joue ensuite avec Sarah Vaughan, Dizzie Gillespie, Sonny Rollins. De jolis parrains et partenaires de musique. Mais Wynton Marsalis ne contente pas seulement d’être un musicien talentueux capable de s’adapter avec bonheur à différents styles musicaux comme, hormis le classique donc, la country-blues (voir album « Two men with the blues » avec Willie Nelson), le blues encore, avec Eric Clapton, sur le superbe « Wynton Marsalis and Eric Clapton plays the Blues ».
Passionné par les compositeurs de musique classique que sont Johann Sébastian Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, Joseph Haydn et quelques autres, il n’hésite alors pas à se lancer dans l’enregistrement d’œuvres classiques. L’alternance entre ses activités liées au jazz et à la musique classique est dès lors effective. En 1983, à 20 ans, il rentre en studio pour enregistrer les concertos pour trompette de Joseph Haydn, Johann Nepomuk Hummel, et Leopold Mozart. En 1997, signe ultime de la reconnaissance de son talent multiforme, Wynton Marsalis reçoit le prix Pullitzer de la musique pour son œuvre « Blood on the fields », un oratorio de jazz.
Si le musicien est très talentueux, Il accorde aussi une très grande importance à l’enseignement, la transmission, l’éducation de l’être humain par la musique. C’est pour cela qu’il mène de front plusieurs carrières, toutes liées à la musique, à l’Humain. : S’il a dirigé le Jazz Lincoln Center de New-York, il est également directeur en charge du Département Jazz de la Juillard School de New-York. Partout où il rend, Marsalis se fait passeur de savoir, transmetteur de mémoire, d’une histoire commune, celle de la musique, comme lien unique et universel entre les hommes. Un pèlerin qui ne baisse jamais les bras.
En tant que compositeur et / ou un interprète du répertoire classique, il a établi un spectre très large, jugez plutôt : le fameux « Three Favorite concertos », avec le violoncelliste Yo-Yo Ma notamment, en 1984 ; le registre baroque et des compositeurs tels Henry Purcell, Georges Telemann, Johann Pachelbel, abordés lors d’enregistrements en 1984 et 1988 ou plus près de nous, en 2016 « The Abyssinian Mass » de Wolfgang Amadeus Mozart, enregistré avec la chorale Le Château. La musique de chambre et la musique symphonique ne sont pas en reste avec respectivement « Ghost Storry, ballet » qui date de 1998, ou « the Fiddler and dancin’ witch », pour orchestre à cordes, en 1999. Côté symphonique, il s’offre l’écriture d’une trilogie : « All rise, symphonie n01 », pour orchestre de jazz et chœur et orchestre symphonique ; « Blue Symphony, n°2 » et « Swing symphony, n°3 ».
Vous le constatez, Wynton Marsalis tisse avec patience et persévérance, une œuvre musicale immense, riche, variée, au sein de laquelle il se promène et donne à ses interlocuteurs comme à ses auditeurs un plaisir sans cesse renouvelé de le côtoyer comme de le voir évoluer, diriger ou juste se fondre dans un collectif pour mieux servir une musique.
Wynton Marsalis est pour moi l’un des grands noms du jazz des 40 dernières années et son œuvre n’est pas terminée… loin de là!
Guillaume.
Connaissez-vous François Rauber?
François Rauber est né en 1933 et est décédé en 2003. il était pianiste, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre. Son nom ne vous dit rien ? Il était l’arrangeur de Jacques Brel, il a travaillé avec Anne Sylvestre, Charles Aznavour, Juliette et bien d’autres ! Il a aussi écrit de nombreuses musiques de films : Vacances en enfer, Les risques du métier, mon oncle Benjamin… etc. Ce disque nous présente une facette peu connue de son oeuvre : des suites d’orchestre, des concertos et aussi un oratorio : Jean de Bruges. Le tout interprété par Marcel Azzola, Damien Nedonchelle, Jean-Pierre Wallez, Guy Touvron… A découvrir.
Françoise.
Dave Brubeck, un géant au Paradis des pianistes ….
Dave Brubeck, pianiste-compositeur, auteur notamment de titres comme The Duke, In your own sweet way, Blue Rondo à la Turk et Take Five, a récemment rejoint Oscar Peterson, Michel Petrucciani, Duke Ellington au paradis du Jazz.
Né en 1920, il viendra à la musique grâce aux leçons de sa mère et surtout celles, plus tard, reçues de Darius Milhaud. Ensuite, il rencontrera Arnold Schoënberg, ce qui lui vaudra l’étiquette de fils spirituel du compositeur autrichien. En 1951, il fonde le Dave Brubeck Quartet (qui cessera d’être en 1967), au sein duquel évolue le saxophoniste Paul Desmond. 1959 est une année importante, un virage marquant pour Dave Brubeck, avec la sortie de l’album « Time out« . Take Five, et le Blue Rondo à la Turk popularisé par Claude Nougaro (sous le titre A bout de Souffle) sont des morceaux qui vont contribuer au succès de l’album, et à la renommée de Dave Brubeck.
Outre le jazz, Dave Brubeck laisse une oeuvre musicale importante puisque des cantates, oratorios, messes, comédies musicales, portent sa griffe de compositeur.
Guillaume.