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Le chagrin des oiseaux
Rarement une musique de film m’a autant émue (depuis la Liste de Schindler). Quand vous regardez le film Timbuktu du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, vous découvrez deux oeuvres sublimes : la musique et le film, et celles-ci s’entremêlent, dialoguent, se complètent. Là où il n’y a plus de mot face à la cruauté, la musique, que certains veulent interdir, reprend sa place et sa force de résistance et de liberté.
« Timbuktu est un film qui revêt un message universel. Ce qui s’est passé à Timbuktu aurait pu se passer n’importe où dans le monde. Et donc, la musique accompagne ce message universel ; elle part de couleurs, d’instruments locaux, d’un langage, d’une identité locale et transporte ce langage avec une musique plus ample, plus lyrique pour relayer ce message de tolérance, ce message de paix. » présente Amine Bouhafa le compositeur.
Effectivement dans le choix d’instruments solistes africains et de l’Orchestre de la ville de Prague, avec Richard Hein comme dirigeant, Amine Bouhafa a choisi une musique cosmopolite, universelle. La musique africaine et occidentale dialoguent entre elles, elles renforcent donc le message de la tolérance, de la paix et de l’intelligence.
A retenir la magnifique chanson Timbuktu Fasso, écrite et chantée par Fatoumata Diawara (et oui encore elle et je ne m’en lasse pas), qui ajoute à ce superbe bijou, une perle fragile et brute à la fois, une interprétation qui vous donne envie de croire encore au pouvoir de la beauté, de l’art et de l’espérance.
Michèle
Fatou, la femme africaine
Fatoumata Diawara est une comédienne (depuis plus de 13 ans), auteur-compositrice-interprète, Malienne, vivant en France. Nous l’avons remarqué dans le rôle de la méchante sorcière Karaba dans la comédie musicale Kirikou et Karaba. Mais elle a accompagné aussi de grands noms : Damon Albarn, Herbie Hancock, Toumani Diabaté, Cheick Tidiane Seck et Oumou Sangaré. En 2011 elle a sorti son premier cd en solo, où elle a composé les 12 titres, assumé les arrangements et la production.
Fatou ressemble à une déesse, elle a un sourire radieux, une élégance incroyable, jonglant entre guitare sèche et Kamele n’goni. Elle chante en Bambara, sa langue natale (les paroles des chansons sont traduites sur le cd).
Bien qu’une impression de douceur, de sensualité ressort de cet album, les textes de Fatoumata sont engagés : Kanou est une vision déabusée sur le droit qu’à une femme de choisir son conjoint. Sowa raconte la pratique africaine de faire élever ses enfants par d’autres et Boloko parle du sujet difficile de l’excision.
Un très bel album, très actuel et en même temps qui puise sa source dans le folklore de la culture africaine. Elle nous emporte (serait-ce une véritable sorcière ? ), là-bas très loin du côté de son enfance et de ses racines.
Michèle.