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Muddy Gurdy, le blues venu d’Auvergne.


La pochette d’abord. Photo prise au sommet d’une montagne, montrant une herbe rase, le tout surplombant sans doute un grand vide. En arrière- plan, un vaste horizon. La musique ensuite. Le groupe Muddy Gurdy (« Vielle Boueuse »), vu le nom, la pochette, pourrait être originaire du sud des Etats-Unis. Détrompez-vous! Ce trio est français, originaire de l’Auvergne. Une chanteuse-guitariste de blues en la personne de Tia Gouttebel, un percussionniste spécialiste des rythmes latinos du nom de Marc Glomeau, enfin un joueur de vielle à roue qui n’ignore rien des musiques traditionnelles du centre de la France nommé Gilles Chabenat, avouez que l’attelage est pour le moins étonnant. Pour enregistrer « Homecoming », le trio a pris ses quartiers sur les terres du massif du Sancy, dans le Puy-de-Dôme. Grands espaces, air pur, tranquillité, tout pour travailler sereinement et enregistrer de façon détendue mais sérieuse cet album.

Attardons-nous donc dessus.

L’album démarre par « Lord Help », qui vous prend aux tripes d’entrée et vous fait rentrer dans l’univers de ce groupe aux contours particuliers. Un chant incantatoire, une vielle et une rythmique qui ne sont pas sans évoquer les chants indiens et les ambiances shamaniques. Le ton est clairement donné. Puis surgit « Chain gang », morceau écrit par le grand Sam Cooke, superbe blues tout en subtilité. Bientôt s’en suit le très beau « Down in Mississippi » de JB. Lenoir, qui nous plonge directement dans ces contrées gorgées de blues, de soleil, de poussières, de misères aussi, où il n’était pas rare de voir, au début du 20ème siècle, des bluesmen jouer, assis sur des long-chairs postées sur le perron des maisons en bois dans les états du sud américain. Le jeu de guitare subtil, fin, de Tia Gouttebel, sa voix parfaitement timbrée et légèrement trainante, nous emmènent dans ce blues concocté à la sauce auvergnate. Le tout continue avec « MC’s Boogie » d’excellente facture, un boogie-blues qui roule, avance, vous entraîne, vous choppe, vous donne envie de danser, puis se transforme en mode musical auvergnat. Jusqu’ici, moi qui ne connaissais pas ce groupe français, je suis positivement surpris. « Land’s Song », qui suit, est toujours sur le mode blues, un rien implorant, plaintif, mais toujours de très bonne tenue. « Another Man Done Gone », morceau chanté en anglais puis en français. « Afro briolage » démarre dans un climat vocal qui n’est pas sans évoquer notre Hubert-Félix Thiéfaine national (voix grave, chant dynamique). ce climat électrique, emballé, un peu loufoque, se poursuit jusqu’au bout. « Strange fruit », immortalisée par l’immense Billie Holiday, devenue un standard du jazz repris par Ella Fitzgerald, Nina Simone, Carmen Mc Rae, Sting, Jeff Buckley, Annie Lennox, Betty Lavette, qui évoque ces « étranges fruits » (en parlant des corps pendus qui se balancent pendus aux arbres du sud des Etats-Unis du temps du racisme institutionnel et surtout des actes odieux commis par le KKK). Avec « You gotta move », c’est le blues pur jus qui reprend ses droits, ça sent le bar enfumé, la poussière, l’estrade qui domine le bordel ambiant, où s’ébroue un groupe de blues pour chanter, distraire l’assistance plongées entre bières, engueulades et parties de cartes. Le morceau signé du bluesman Fred McDowell n’a pas pris une ride, et il est ici très bien servi. « Black Madonna », avant-dernier morceau de cet album, démarre en douceur, avant de nous embarquer dans une farandole, de nous faire lever, danser. Temps forts et lents sont alternés. Enfin pour conclure, le trio auvergnat nous déclame un « Tell me you love me » par la voix de sa chanteuse. C’est enjoué, léger, ça résonne comme un air de chanson irlandaise, mais nous sommes bel et bien en Auvergne, territoire de France, et Muddy Gurdy, livre sans faillir un morceau superbe tout comme son album.

Vraiment une belle découverte pour moi. Je vous invite à faire de même. 

Guillaume.

Monsieur Montand aurait eu 100 ans!



Né le 13 octobre 1921 à Monsummano Temme (Italie), de son vrai nom Ivo Livi. La légende veut que suite à un appel de sa mère  » Ivo, Monta… », le jeune Livi décide de transformer son nom en Montand. Ce grand gaillard a grandi dans un quartier pauvre de Marseille, lorsque ses parents ont fuit l’Italie fasciste de Mussolini en 1922. Dernier d’une fratrie de 3, avec une soeur et un frère aînés, le jeune Ivo se passionne très tôt pour le cinéma, surtout les comédies musicales américaines, Fred Astaire, les numéros de claquettes. Puis il se met à chanter dans les bars marseillais, avant de partir en tournées dans la région. Il se fait une réputation et bientôt monte à Paris, où Edith Piaf l’accueille et l’aide à devenir une vedette du music-hall parisien, français, grâce notamment à des chansons comme « Les feuilles mortes », « C’est si bon », « La bicyclette ». Yves Montand, fort de ce succès scénique, qui va perdurer ensuite dans les années 70, 80, toujours accompagné de son fidèle pianiste Bob Castella, avant de décliner dans la décennie 90, va publier 19 albums entre 1952 et 1997. En 1962, il publie un album consacré à textes de Jacques Prévert, puis en 1984, il récidive en se penchant cette fois-ci sur le parolier et poète David Mac Neill. En 1988, il sort l’album « 3 places pour le 26 », qui sert de bande originale au film de Jacques Demy. Chacune de ses apparitions scéniques, à l’Olympia, est un triomphe.

Parallèlement à sa carrière de chanteur-danseur, Yves Montand va se diriger naturellement vers le cinéma. C’est Marcel Blistène dans « Étoile sans lumière « (avec Edith Piaf, Serge Reggiani, 1944) qui lui donnera sa chance, puis Marcel Carné fera de même en l’engageant, en 1946 dans « Les portes de la nuit ». Malgré tout ce n’est qu’en 1953, qu’il décroche son premier grand rôle dans « Le salaire de la peur », aux côtés de Charles Vanel, Vera Clouzot, Peter Van Eyck, Dario Moreno. Le film est un triomphe, multi-récompensé, sa prestation remarquée, carrière lancée. Suite à ce succès, Montand décide pourtant de se diriger vers les planches où il jouera « Les sorcières de Salem » (1955). Fort de ce succès, il part aux Etats-Unis, à Broadway, temple de la comédie musicale américaine, pour y tourner « le Milliardaire  » (1960) aux côtés de la star Marylin Monroe. Revenu de cette expérience américaine, il tourne « Paris brûle t-il » de René Clément en 1966, aux côtés du gratin du cinéma américain tel que Orson Welles, Kirk Douglas, Glenn Ford, Anthony Perkins, et d’autres acteurs français comme Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Simone Signoret (photo ci-dessous), Pierre Dux, Bruno Cremer, puis fera 3 films avec Costa-Gavras, « Z » (1969), « L’Aveu » (1969), »État de siège »(1972). A chaque fois, le succès critique est unanime. Entretemps, en 1970, on retrouve Montand à l’affiche du « Cercle Rouge » de Jean-Pierre Melville, avec Alain Delon et Bourvil comme partenaires, puis en 1971, il joue dans une comédie qui deviendra un classique plus tard. En effet, « La folie des grandeurs », de Gérard Oury, avec Louis de Funès est un triomphe. La légende raconte que l’entente entre les deux acteurs n’était pas au top sur le plateau de tournage entre les prises.

Dès lors, acteur reconnu, Yves Montand va engager les années 70 et 80 en tournant auprès des plus grands talents du cinéma français, qu’ils soient réalisateurs, acteurs, actrices. En effet, devenu un acteur majeur du cinéma français, Yves Montand se voit proposer de tourner avec Claude Sautet (photo ci-dessous, »César et Rosalie », avec Romy Schneider et Samy Frey ; « Garçon ! », avec Nicole Garcia Jacques Villeret, Marie Dubois, Bernard Fresson, Clémentine Célarié), Jean-Paul Rappeneau (« Le sauvage », avec Catherine Deneuve ; « Tout feu tout flamme », avec Isabelle Adjani, Alain Souchon, Lauren Hutton entre autres), Alain Corneau (« Le choix des armes », avec Catherine Deneuve et Gérard Depardieu ; « Police Python 357 », avec Alain Delon, Simone Signoret, François Perrier…), Pierre Granier-Deferre (« Le fils », avec Frédéric de Pasquale, Léa Massari, Marcel Bozzuffi), Yves Robert (« Vincent François Paul et les autres », avec Michel Piccoli, Serge Reggiani, Gérard Depardieu, Marie Dubois). Sacré panel d’univers.

Après une pause loin des plateaux de cinéma, il revient en 1986 interpréter magistralement le personnage du Papet (photo du dessus) dans le diptyque « Jean de Florette » et « Manon des sources », superbement filmé par Claude Berri. Ces deux films, il les tournent avec Gérard et Elizabeth Depardieu, Daniel Auteuil dans le rôle de Ugolin (qui devait initialement être joué par Coluche, finalement recalé à cause de son manque de véracité avec l’accent du sud), personnage simplet qui tombera amoureux d’une jeune bergère des collines incarnée par la débutante Emmanuelle Béart. Cette dernière sera la vraie révélation du diptyque. Les 2 films seront de très gros succès. Montand redevient un comédien recherché. En 1988, c’est Jacques Demy, spécialiste de la comédie musicale française qui fait tourner Montand dans « 3 places pour le 26 », avec Mathilda May. Montand chante et danse comme aux plus beaux jours. Hélas le film sera un échec commercial. En 1991, le réalisateur de « Diva », Jean-Jacques Beineix lui fait jouer ce qui sera son dernier rôle, dans « IP5 ». Quelques jours après une scène tournée sous la pluie et un gros coup de froid, Yves Montand tombe gravement malade et décèdera le 9 novembre dans sa maison près de Senlis. Il rejoindra ainsi sa Simone au paradis des acteurs.

Chanteur, danseur, acteur, un temps animateur de télévision (« Vive la Crise » dans les années 80, où il s’était essayé à expliquer les raison de la crise économique qui régnait alors en France et en Europe), Yves Montand aura tout fait ou presque. Seule la réalisation de films manque à sa biographie. Mais nous pouvons nous consoler avec tous les rôles qu’ils nous a laissé, à travers cette filmographie riche et très variée en types de rôles.

Guillaume.

Jacques Demy-Michel Legrand, inititateurs de la comédie musicale française.


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Originaire de Pontchâteau, près de Nantes, Jacques Demy est né en 1931, d’un père garagiste, et de mère  coiffeuse. Le père tient son garage jusqu’en 1934, année au cours de laquelle il décède. Il a toujours imaginé que son fils prendrait sa suite. Mais le jeune Jacques a d’autres projets en tête. Lui qui dès l’âge de quatre ans utilisait des marionnettes pour raconter des histoires, puis ensuite à neuf il utilise un petit projecteur de cinéma, et va même jusqu’à peindre la pellicule pour travailler à des films d’animations.

Fin 1944, il achète sa première caméra, et réalise alors des films avec des comédiens puis plus tard des documentaires, comme « Le Sabot » (1947) et « Le sabotier du Val de Loire » (1955). Dans les années 50’s, il réalise quelques courts-métrages, comme « Le bel indifférent » (1957), « La mère et l’enfant »(1959).


Dès 1961, Jacques Demy réalise le film qui va vraiment lancer sa carrière et le faire connaitre auprès du public. « Lola », avec Anouk Aimée, qui interprète le rôle titre, à savoir une danseuse-entraîneuse dans un cabaret nommé « L’Eldorado ». Tombée enceinte très jeune d’un aventurier, Michel, qui part en Amérique, elle élève son enfant seule puis avec un marin fraîchement débarqué de Chicago, qui lui rappelle Michel. C’est aussi grâce à ce film que l’actrice va voir sa carrière décoller.

Par la suite, il va tourner, dans la belle ville de Nantes, deux films qui vont devenir des classiques, tout d’abord « Les parapluies de Cherbourg », en 1964, film pour lequel il obtiendra la palme d’Or au festival de Cannes et le prix Louis Delluc. La comédie musicale à la française est née. Au casting, une certaine Catherine Deneuve. La musique est signée Michel Legrand.

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Grâce au succès international du film, Deneuve et Legrand verront leur notoriété exploser. Suite à ce très grand succès, Jacques Demy travaille sur le scénario des « Demoiselles de Rochefort »(1967), avec Catherine Deneuve et sa sa soeur, la regrettée Françoise Dorléac (photo ci-dessous), mais également le jeune Jacques Perrin (qui produira le film animalier « Microcosmos », sorti en 1996), les danseurs et comédiens américains Gene Kelly (connu notamment pour ses prestations dans « Chantons sous la pluie », aux côté de Fred Astaire), et Georges Chakiris, qui a signé une très belle prestation dans le film « West Side Story » (1962), aux côtés notamment de la jeune comédienne Nathalie Wood.

En 1970, il tournera « Peau d’âne » avec Catherine Deneuve dans le rôle titre avec également la star française Jean Marais. Michel Legrand composera évidemment la musique du film. Dans la foulée, Jacques Demy s’attaque à nouveau scénario, celui de « une chambre en ville »(un des rares films dont de Jacques Demy dont Michel Legrand n’a pas fait la musique, confiée à à Michel Colombier). Tout d’abord prévu pour être tourné en 1972, il subira de nombreux avatars (problème de productions, refus de comédiens), puis après moult péripéties, verra le jour en 1982, avec au casting une belle brochette de talents, puisque Dominique Sanda, Michel Piccoli, Jean-François Stevenin, Richard Berry, Danielle Darrieux. Du très lourd!

Au milieu des années 70’s, Jacques Demy écrit un scénario intitulé « Dancing »… qui attendra quelques années avant de voir le jour sous le titre « 3 places pour le 26 » (1988), avec au casting Yves Montand, acteur-chanteur, Mathilda May, mais aussi Françoise Fabian. Le film ne rencontrera pas un grand succès auprès du public.

Michel Legrand, né en 1932 à Paris, baigne dans un environnement musical, son père Raymond Legrand étant compositeur et sa mère n’est autre que la soeur du chef d’orchestre arménien Jacques Hélian. De 1942 à 1949, Michel Legrand étudie le piano et la composition sous la férule de Nadia Boulanger notamment. Mais loin de cet univers classique, il se prend de passion pour le jazz, après avoir découvert le trompettiste américain Dizzy Gillespie, avec qui il travaillera quelques temps plus tard, en 1952, à l’occasion de la venue en Europe du musicien. Véritable touche à tout, il pratique pas moins de 12 instruments! Devant tant de facilités, son père décide de l’introduire dans le milieu musical de Paris. Il devient ainsi arrangeur au célèbre cabaret des Trois Baudets, dirigé par Jacques Canetti, qui a vu passer Brel, Brassens, Gainsbourg… Legrand travaillera auprès d’Henri Salvador, Catherine Sauvage, ou encore Jacques Brel.

L’année 1954 marque un tournant dans la carrière de Michel Legrand. En effet, la firme Columbia, par l’intermédiaire de Jacques Canetti, lui passe une commande, composer des relectures de standards français en versions jazzy. Cet album, « I Love Paris », lui conférera une renommée internationale. Quatre ans plus tard, il fait connaissance avec trois monstres de l’histoire du jazz, Miles Davis, John Coltrane et Bill Evans, enregistrant avec eux « Legrand jazz ».

Les années 60, l’arrivée de la « nouvelle vague » au cinéma,  avec des noms comme Godard, Truffaut,  Chabrol, Demy, Varda, Resnais, Rivette, vont permettre à Michel Legrand de démarrer une carrière dans le cinéma en tant que compositeur de musique. Dans les années 70, il ira aussi aux Etats-Unis, où aidé de Quincy Jones et Henry Mancini, il intégrera les studios de Hollywood et travaillera avec plusieurs grands noms du cinéma américain.

Bref, Legrand est partout, il touche à tout. Un bourreau de travail, travaillant sur plusieurs projets de front. Comme il déclare dans l’une de ses ultimes interviews, il « aime apprendre, changer de discipline, de style, d’univers, ça (lui) permet de garder l’esprit ouvert, vif, alerte ». Apprendre est son moteur pour tout projet dans lequel il se lance.

Nombre de stars ont eu le privilège de côtoyer, travailler avec lui. De la chanson française comme Claude Nougaro, Henri Salvador, Charles Aznavour, Nana Mouskouri, Franck Sinatra, du jazz avec Lena Horne, Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, du classique comme Natalie Dessay, Kiri Te Kanawa, Jessye Norman, ou encore le monde la variété internationale avec Barbara Streisand. Sacré casting !

Lui et Jacques Demy ont donc écrits ensemble quelques unes des plus belles pages du cinéma français des 60 dernières années. Quant à Michel Legrand, outre donc son travail avec le réalisateur nantais, il a collaboré avec de très nombreux grands noms du cinéma français, mondial : Marcel Carné, François Reichenbach, Henri Verneuil, Yves Allégret, Jean-Luc Godard, Jean-Paul Rappeneau, Edouard Molinaro, Norman Jewison, Richard Brooks, John Sturges, Richard Lester ou encore Clint Eastwood, pour n’en citer que quelques-uns.

Disparu il y a tout juste un an, Michel Legrand, compositeur, musicien, producteur, chanteur, laisse une oeuvre musicale aussi considérable (200 musiques !!) que variée.

Je vous laisse donc (re) découvrir l’univers de ces deux grands noms du 7ème art, avec des musiques de films qui vous rappelleront sans doute des souvenirs de cinéma.

Guillaume.

Cory Seznec en visite à la médiathèque.


Cory Seznec. Le nom sonne comme un appel à visiter la Bretagne, ses menhirs… pourtant ici il n’en est rien! Le bonhomme en question est un musicien aux origines partagées. Français d’un côté, américain de l’autre (pays de son adolescence). Il sera de passage à la médiathèque le 6 avril prochain, avant son concert le 11 mai en première partie d’Otis Taylor.

L’homme à la casquette et la barbe d’apparence toujours presque naissante accrochée à son visage est un curieux insatiable. Aussi nourrit-il cet appétit de découvertes en tous genres et venants de tous horizons. Que cela soit par le biais du banjo « clawhammer » (arrache- clou), ou par des rencontres avec des banjoïstes adeptes du mode « old-time », Cory Seznec possède en lui l’âme d’un explorateur, aussi n’hésite-t-il pas à parcourir le monde, notamment l’Afrique, pour s’y nourrir de nouvelles sonorités, de nouveaux rythmes, qui plus tard pourront servir de matière à son univers sonore et musical. C’est ainsi qu’il s’initie à la polyrythmie, au jeu très syncopé cher aux guitaristes africains (écouter donc Keziah Jones et vous comprendrez…).

Membre fondateur de 2 groupes, il créé, sur Paris, les Sawmill Sessions, qui est un collectif spécialisé dans la musique bluegrass. Mais Cory Seznec est homme à ne pas tenir en place ni à figer ses influences dans son jeu. Aussi décide-t-il alors de reprendre la route de l’exploration sonore et musicale qu’il chérit tant. Il se rend alors à Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie, où il décide de rester pendant 3 ans. Le temps de s’imprégner de la culture  locale et de rencontrer et intégrer 2 groupes locaux, Misto-Misto et Damakaze pour mieux appréhender le mélange des genres et rythmes africains.

En 2016, il fait un voyage au Kenya, accompagné d’un réalisateur de documentaire pour aller à la rencontre des derniers guitaristes Luhya. Ses deux albums, que j’évoquerai dans une prochaine chronique, « Beauty in the dirt » (2014) et donc « Backroad Carnival » (2017), qui sert de support à sa tournée actuelle, ont reçu les éloges de la presse britannique et française. De quoi rassurer le musicien et le renforcer dans sa démarche créative.

Voyageur, conteur, musicien de talent, chanteur, Cory Seznec possède tous les talents.

Avant de le découvrir sur scène 11 mai 2019 en première partie de Otis Taylor, à Fontenay-sous-Bois, venez l’écouter, le rencontrer le samedi 6 avril à la médiathèque Louis Aragon. Un boeuf musical avec la classe de guitare du conservatoire de Fontenay-sous-bois, est également prévu ce jour-là. Autant de raisons de ne pas louper ce moment!

Guillaume.

 

Trust, la colère dans le sang.


Le duo Bernie / Nono est de retour! Pardon je veux dire le groupe Trust! Après une reformation voilà près de 2 ans suivie d’une tournée triomphale auprès d’un public impatient de retrouver ce groupe et son duo charismatique, accompagnés de comparses dont Bernie lui-même dit qu’ils sont enfin « les membres parfaits du groupe, chacun étant à sa réelle place » (cette remarque fera plaisir à n’en pas douter aux prédécesseurs passés au sein de ce groupe mythique). Ce groupe a toujours eu une histoire mouvementée. Sur la dernière décade, annoncé au HellFest en 2011, le groupe annule sa venue et se met en retrait de la scène pour une durée indéterminée.

Le retour sera pour 2016, année des 40 ans d’existence de Trust. Participant à l’affiche 2017 du festival précité, ils partageront l’affiche avec Aerosmith , Deep Purple entre autres. Un album live sobrement nommé « Live Hellfest 2017 » sera enregistré à l’occasion et sortira quelques temps plus tard. En 2018, forts de ce renouveau et épaulés par une nouvelle triplette de musiciens (David Jacob, basse ; Izo Diop, guitare ; Christian Dupuy, batterie), Nono et Bernie sortent « Dans le même sang« , enregistré en prise live, façon de garder l’énergie des concerts, le tout mixé par Mick Fraser, collaborateur d’Aerosmith ou ACDC. Un album plein de rage et d’énergie servie par l’écriture ciselée comme une lame de couteau de Bernie Bonvoisin.

Le chanteur n’en oublie jamais et l’on ne s’en plaindra pas ici, qu’il est avant toute chose un homme et un citoyen qui porte un regard sur l’époque dans laquelle il vit, le monde qui l’entoure. A bientôt 62 ans (il les aura le 9 juillet prochain) il a toujours besoin de crier ses révoltes, de dénoncer ce monde qui parfois le dérange. Ayant une plume ciselée, il lui arrive de les écrire parfois, comme c’est le cas dans son dernier livre « La danse du Chagrin » sorti aux éditions Don Quichotte en mai dernier (le thème du livre est sur les migrants, les camps dans lesquels notamment sont enfermés femmes, enfants, au Liban et en Syrie). Sa plume est à la mesure de sa voix, toujours aussi forte et virulente, rugueuse, le bonhomme ruant sans sourciller dans les barricades établies, dans les codes en vigueur, contre la pensée unique et policée omniprésente en ce début de 21ème siècle. L’homme est en colère. Le chanteur le fait savoir.

Bernie Bonvoisin le reconnait lui-même, son « sac à colères » est toujours bien rempli. A 4 décennies de distance il écharpe toujours les politiques, les décideurs, les faiseurs de guerre. La voix, toujours aussi puissante, comme aux premiers lueurs du groupe à la fin des années 70’s. Les titres des morceaux sonnent comme des coups de poings : « Ni Dieu ni maître », « Démocrassie », « Le gouvernement comme il respire », « Dans le même sang », « F-Haine »…

A ses côtés, l’éternel « Nono », Norbert Krief, aiguise sa 6-cordes de son talent, épaulé par les 3 nouveaux venus cités plus hauts. Le tout donne un groupe très soudé, une vraie machine de guerre musicale. Le son de l’album, énorme, donne une idée de ce que cela rendra sur scène lors de la tournée des festivals d’été. Du lourd!!!

Oui Trust est bel et bien de retour, à priori pour un bon moment! Cela devrait ravir les amoureux fidèles du groupe depuis son origine. Celles et ceux qui auraient pris l’histoire en route trouveront là une très bonne cuvée délivrée par le quintet français.

Guillaume.

 

La Canaille….collectif en rap majeur!


Non loin d’ici, à Montreuil, La Canaille, quatuor rap, a vu le jour en 2003, mené par le chanteur Marc Nammour, dont le parcours personnel est à lui seul une aventure. Il a grandi dans le Jura à Saint-Claude (ville célèbre pour ses fabriques de pipes), au milieu de ses parents et grands-parents ayant fui la guerre qui faisait rage au Liban, il va se mettre à écrire, se passionner pour Aimé Césaire.

Viendra donc la formation de La Canaille, avec à ses côtés Valentin Durup (guitares), Alexis Bossard (batterie, machines), Jérôme Boivin (basse, claviers, arrangements). Le groupe sera programmé au Printemps de Bourges en 2007 et obtiendra une nomination dans la catégorie « révélation hip-hop » du festival. « 11/08/73 » (en référence à la date de la première soirée hip-hop organisée par Kool Herc dans le Bronx) est donc le quatrième album de La Canaille, après « une goutte de miel dans un litre de plomb » (2009), « Par temps de rage » (2011), « La nausée » (2014).

Alors que dire de cet album?

Que pour moi c’est une belle surprise, bien ficelée, où la production musicale est très propre, et où l’équilibre textes/ musique est maitrisé. L’univers du groupe oscille entre le rock pour les instrumentations et le rap pour les textes. Un savant mélange, où la qualité est omniprésente, menée par le bon flow de Marc Nammour.

Parmi les titres qui m’ont beaucoup plu, figurent « Connecté » avec l’apparition du rappeur américain new-yorkais Mike Ladd, que certains ont pu voir à l’œuvre en 2016 lors d’une rap-jam au Comptoir à Fontenay, « 11/08/73 », « Sale boulot »… « République »… La violence de la société, le racisme au faciès, la découverte d’un pays terre d’accueil, de son histoire, autant de thèmes ici traités avec une plume de qualité et de perspicacité, sans jamais aucune violence gratuite dans le propos.

Assurément conquis par ce quatuor à suivre, La Canaille a devant lui des lendemains prometteurs. A découvrir.

Guillaume.

MAI 68 en France, la chanson se met au diapason.


MAI 68. 50 ans déjà! Ce mois où la France s’est retrouvée paralysée par des grèves sans précédents (usines, facultés, entreprises… toute ressemblance avec des évènements se produisant actuellement en Terre de France ne serait que fortuite 🙂 ), est à jamais marqué par les évènements survenus au Quartier Latin, les affrontements entre les étudiants et les CRS, l’occupation de la Sorbonne, (gentiment appelé la « chienlit » par le Général de Gaulle alors au pouvoir, lors d’une conférence de presse), les fameux accords de grenelle menés entre syndicats(CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC, FEN) avec des représentants tels que Benoit Frachon, Georges Séguy, André Bergeron, pouvoir (Georges Pompidou, Premier ministre ; Jean-Marcel Jeanneney, ministre des affaires sociales, Jacques Chirac, secrétaire d’état aux affaires sociales, Edouard Balladur, cabinet du premier ministre) et le CNPF, syndicat patronnal), l’arrivée dans le paysage politique français d’un jeune leader franco-allemand, qui deviendra le symbole de cette révolution printanière de 1968 : Daniel Cohn-Bendit. Un changement de cap qui enterrera définitivement l’insouciance née de la vague yéyé avec ses idoles Claude François, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, Franck Alamo, Richard Anthony, Sylvie Vartan, France Gall, Jacques Dutronc, Françoise Hardy et consorts.

Bientôt viendront les Jean-Michel Caradec, Georges Brassens, Jean-Roger Caussimon, Léo Ferré, Jean Ferrat ou Juliette Gréco, parmi d’autres, qui prendront toute leur place dans l’univers musical français au tournant du virage 60’s-70’s. L’engagement moral, social des artistes davantage concernés est alors très net. Leurs textes plus en phases avec la société qui bouge, change, avance, mette à jour cette (r) évolution. Ils ouvriront la voie à des chanteurs tels que Bernard Lavilliers, Jacques Higelin, Hubert-Félix Thiéfaine, Renaud, Michel Sardou, Michel Berger, France Gall, Maxime Le Forestier… qui au gré de certaines de leurs chansons, traiteront de sujets de société (pauvreté, désertification des régions hier bastions d’industrie française, dureté au travail, emprisonnement arbitraire, dictature, abandon de certaines industries…).

50 ans après, celles et ceux qui voulaient changer le monde, faire la révolution, plein d’idéaux, se retrouvent, parfois, souvent, à diriger de grandes entreprises, des journaux, des médias, à faire des affaires. Que reste-t-il de l’utopie des cette année-là? Cohn Bendit est devenu un personnage politique important autant en France qu’en Allemagne, le journal « Libération », autrefois fondé par Jean-Paul Sartre et Serge July, se voulant porteur des idéaux de changement en courre à l’époque, a bien changé depuis. Créée en janvier 1964, l’ORTF sera démantelée en 1974, année de création de Radio France, ouvrant doucement la voix à une indépendance de la presse vis-à-vis du pouvoir en place, et une diversification des médias. S’en suivra la naissance des 3 chaines que sont TF1, Antenne 2 et FR3 (France Régions 3). Il faudra attendre 1981, après l’élection de Mitterrand, et sous l’impulsion de Jack Lang, ministre de la Culture, pour que les radios outre les grands médias privés (Europe 1, RTL, RMC…)  soient mis en concurrence avec des radios dites libres…. dont les têtes de proues s’appellent alors NRJ, Radio Nova. Une nouvelle vague de contestations, d’expression, prenait alors le relais. 1968 avait fait des « petits ».

En 2018, si les médias sont partout, l’information accessible sur tous supports, traditionnels comme numériques, les tenants du pouvoir ont parfois tendance à vouloir remonter le temps et de la plus mauvaise des manières. Il est des échos venus de Loire-Atlantique ou d’ ailleurs dans le monde, ces dernières semaines, qui ont montré hélas que le pouvoir en place peut encore, s’il le désire, canaliser, verrouiller, interdire, censurer toute information sur des évènements en cours. Bon je m’égare un peu… je vous laisse donc avec la bande son d’une époque qui est désormais entrée dans l’histoire de France, enseignée dans les collèges et Lycées.

Vous rappelez-vous où vous étiez, ce que vous faisiez en ce joli moi de mai 1968 (comme le chante Jean Ferrat)? Cette balade musicale vous permettra peut-être de vous en souvenir tout en (re) découvrir les artistes qui ont fait des chansons sur et autour de la période de MAI 68. Cela rappellera peut-être des souvenirs à certains-certaines.

Guillaume.

 

Guts, du rap français de bonne facture!


Hé oui cher Laurent, une fois n’est pas coutume, je m’aventure hors des sentiers du jazz, du rock, pour chroniquer un disque de Rap/ Hip-Hop!…. Bon, passé ce clin d’œil à mon acolyte blogueur, je me lance.

Ceux qui étaient à la salle Jacques Brel en décembre 2016 pour venir notamment y applaudir le gang funky Electro Deluxe, ont eu le plaisir de découvrir le rappeur Guts, accompagné de son Live Band, au sein duquel figurait Beat Assailant et la talentueuse Mary May. La soirée, ouverte par le trio Dani Terreur, vainqueur du Tremplin Jeunes Aventuriers, avait été aussi chaude que réussie, tant le public était nombreux et heureux de pouvoir festoyer en ce frais mois de Décembre.

A cette occasion, Guts et ses complices avaient présentés des titres figurant sur l’album « Stop the Violence« , qui s’ouvre d’ailleurs avec le titre éponyme chanté par le rappeur américain Beat Assaillant. Ce titre est un véritable plaidoyer pour la paix, un appel à la tolérance, au respect entre les gens. L’album est coupé en deux parties, d’abord les 5 titres (!:-() du combo, et par la suite les versions instrumentales de ces mêmes morceaux…. Ca me semble un peu trop … PEU!

« Pick me up », est un morceau qui mélange les voix masculines et féminines, de Wolfgang et Mary May, des boucles de synthés, de la rythmique parfois proche du reggae-ragga… c’est dansant et frais! « Everybody wants to be a star », est une plongée dans le rétroviseur, époque 80’s,  cheveux gominés, vêtements flashy, avec ces nappes de synthés qui font passer ce morceau pour une aimable bluette, sur des rythmes résolument disco, sur lesquels (n’est-ce pas Laurent?!:-) ) il était possible d’enflammer le dancefloor, dans les discothèques de Paris et d’ailleurs! « Ain’t  perfect », duo vocal entre Beat Assaillant et Mary May (au chant parfois très jazzy), est un morceau tout en douceur! Enfin le final « Drummer’s delight » est un morceau laissant la place aux rythmes issus de batteries, percussions, sur lesquels les voix de Beat Assaillant en lead secondé par Mary May et Wolfgang, viennent se poser.

« Stop the violence » est un bon album, rempli de fraicheur et de bonnes idées de compositions. A découvrir.

Guillaume.

Shuffle, là haut sur la colline…


Au pays des rillettes et de la course auto-moto (24 heures… et grands prix moto), il existe aussi …  une quintette de hard-rock… dénommé Shuffle. Ce combo manceau nous offre un vent de fraicheur et une énergie puissante puisée aux sources de leurs groupes favoris tels que Porcupine Tree, Rage Against the Machine, Deftones. Sans oublier quelques références à des groupes de métal. Ca annonce donc un éventail musical, varié et riche. Leur premier album « Upon the hill« , (tiens ça me rappelle les paroles d’une chanson de Maxime Le Forestier.. non je dois rêver! 🙂 ), paru en 2015, composé de 10 titres démontre toute la capacité créatrice de ce jeune groupe. Une voix superbe et maitrisée, des guitares mélodiques et incisives, une partie rythmique sans faille!

Tout au long de l’album, les compositions proposés sont de très haute qualité et le chanteur tient plus que sa place au milieu de ce groupe! Je les avais découvert à Fontenay-sous Bois lors d’un tremplin rock il y a quelques mois. Une belle et vraie révélation musicale, qui me fait dire que le courant pop-rock français tient en Shuffle un ambassadeur de qualité.

A découvrir sans tarder, si le groupe passe près de chez vous.

 

Guillaume.

 

Bienvenue dans la Canopée


J’ai découvert In the Canopy, quintet de rock progressif formé en 2011, lors d’un tremplin Zik organisé par le service culturel le 2 février 2017, à l’Espace Gérard Philipe. Ce soir-là, un autre groupe, The Shuffle (dont je parlerais dans une prochaine chronique), était venue partagé l’affiche, après un véritable périple en voiture, ils étaient en effet arrivé à 20 minutes du début du concert…!! Mais revenons à notre quintet haut perché dans les arbres, où plus exactement entre la cime des arbres et le début des nuages!

« Talking Monkeys« , album paru en avril 2016, nous convie à une ballade haut perchée… un voyage presque sensoriel, une embardée en haute altitude, tout en nous ramenant parfois au ras du sol avec des morceaux très percussifs, des sons très travaillés.Ce qui frappe d’entrée, via le morceau « Lighshot », c’est la qualité musicale, ancrée dans les influences 70’s assumées, telles Led Zeppelin, Genesis, , ou plus récentes avec Tame Impala, Radiohead. Emmené par la voix très maîtrisée à la palette très étendue de Thomas Müllner, personnage charismatique qui tient parfaitement la scène, le quintet nous propose une ballade musicale très propre, efficace, sans fioritures. Et c’est là selon moi que le bas blesse… en effet, à écouter le disque, on remarque que le groupe fait le grand écart entre les influences citées plus haut… ce disque manque d’unité sonore, même si la production est de très bonne facture. Les mélodies proposées vous embarquent vers les hautes sphères chères à ce quintet parisien. Les morceaux sont très électriques ou acoustique, parfois en mode ambiances pop des années 80-90, rock planant, onirique. L’univers de In the Canopy est très varié (trop peu être, enfin pour moi).

Ce disque reste néanmoins très agréable à écouter, permettant de découvrir un groupe de talent : In the Canopy, qui sur scène, s’avère très efficace. Alors si vous les voyez passer près de chez vous, n’hésitez pas, rejoignez-les! vous passerez un très bon moment, haut perché! Ca fait du bien!!!

Guillaume.

Naissam Jalal, musicienne en résistance…


almotwalaalmazala… contre l’obscurantisme religieux, la violence faite aux peuples, à son peuple, aux femmes, aux enfants! Celles et ceux qui fréquentent régulièrement le Comptoir ont pu découvrir et aprécier cette musicienne de talent, aux côtés du contrebassiste Hubert Dupont. Née en France il y a 32 ans, de parents syriens, Naissam Jalal est évidemment touchée par la situation dans le pays de ses ancêtres. Mais loin  des discours qui débouchent sur rien, elle utilise la musique et son instrument (flûte traversière) pour dénoncer et combattre les maux, la barbarie qui règnent dans son pays. L’album « Almot Wala Almazala » (La Mort plutôt que l’Humiliation), qu’elle a composé entièrement et enregistré en 2011, entourée du quintet bien-nommé « Rhythms of Resistance », est pour elle comme un hommage à son peuple massacré et à celles et ceux qui n’avaient plus qu’une solution, la fuite pour échapper à la mort.

Tout au long des 45 minutes de musique qu’elle nous offre, Naissam Jalal propose des mélopées et des mélodies très élaborées, une ballade entre souffrance et espoir, entre colère et tristesse, épaulée par un quintet de très haute qualité musicale. Le mélange subtil entre la culture moyen-orientale et le jazz est un vrai régal!

Parfois la flûte de Naissam Jalal se fait plus plaintive, plus stridente, lançant comme un appel à l’aide, notamment sur le morceau « Alep », lieu martyr symbole de la guerre en Syrie. 2’38 très d’une ambiance très prenante, que je place au même niveau que le morceau « Beirut » composé voilà quelques années, suite à un voyage au Liban et précisément à Beyrouth, par le trompettiste Ibrahim Maalouf.

Sans jamais tomber dans la cascade de notes, laissant quand il est nécessaire le silence s’immiscer dans les morceaux, s’installer, Naissam Jalal nous offre ici un joli carnet de voyage en musique, comme pour nous dire : « Voyez, au delà du peuple qu’on assassine, la Culture, l’Histoire, la Mémoire, que l’on souhaite réduire au silence ».

Ne passez pas à côté de ce cri de l’intérieur, de cet ode à la Liberté, de cet hymne à la Paix, à la Vie!

Guillaume.

1976-2016 : 40 ans après, le Punk est toujours vivant!


punk_imagePour beaucoup, le mouvement musical punk est né en angleterre, au milieu des années 70’s (1976 pour être exact), à une période où l’économie était (déjà) très en difficulté. Comme dirait le regretté Coluche (punk à sa manière, selon moi) : « c’est une « erreur graaaave »!

En effet, c’est aux Etats-Unis, à la fin des 60’s, que ce courant musical a vu le jour. Cette dénomination est née de l’imagination d’un critique de rock américain, pour identifier ce nouveau courant musical, désignant en fait les garage bands (groupes qui jouaient dans les garages), et le son très particulier  des guitares électriques. Les groupes comme Sonics, 13th Floor Elevator, The Stooges (cher à Iggy Pop) étaient à l’époque les plus représentatifs.

En Angleterre, le mouvement s’est installé au milieu des années 70’s, jusqu’au début des années 80, alors que la société va très mal. Comme un besoin de révolte, de contestation, les groupes punks se montrent virulents, tels les Sex Pistols avec le fameux « Anarchy in the U.K. ». D’autres, comme les Clash de Joe Strummer, Stiff Little Fingers, The Ramones (dont il ne reste aucun membre vivant aujourd’hui), ou les Buzzcocks, sont apparus à cette occasion. Beaucoup de ces groupes feront d’ailleurs carrière.

En France, le mouvement punk, s’il apparaît dès 1974, inspiré de Lou Reed, des Stooges, des New York Dolls. Le label Skydog, qui produira Bijou, sera à l’origine du festival Punk de Mont-de-Marsan, en 1976-1977. Suite au passage des Sex Pistols au Châlet du Lac, en 1976, la scène française émerge vraiment, dès 1977. Asphalte Jungle, Starshooter (dont fit partie le chanteur Kent), Stinky Toys, puis la Souris Déglinguée dès 1979, et par la suite Les Béruriers Noirs, Lucrate Milk, OTH, Oberkampf, Les Sheriff, constitueront la scène punk française. Dans les années 90-2000, une version hardcore du punk va naître, avec comme fer de lance les Tagada Jones, Les Sales Majestés, groupes fortement influencés par la scène punk californienne de l’époque. Ces dernières années, Les Wampas et Ludwig Von 88 ont été les têtes d’affiches de ce courant musical sur les scènes françaises et internationales.

En 2016, la musique punk, son caractère révolté, contestataire, continue d’exister. C’est une très bonne nouvelle!

Guillaume.

Sage, désespérément… trop sage !


sage_pochetteSage. Qui donc se cache derrière ce simple mot ? Rien moins que Ambroise Willaume, ex Revolver (voir les albums de ce groupe à la pop élégante).

Si la pochette propose un personnage caché derrière un masque, assis sur une chaise en bois, la musique de Sage, elle, ne se cache pas. En effet, Ambroise-Sage nous emmène, ou du moins tente de le faire, dans un univers mêlant une pop music propre, sans aspérités, à une musique électronique certes bien ficelée, mais sans émotions qui transparait. Une pop électro froide, une musique ambiante sans âme. De celles que l’on entend dans les endroits branchés de Paris, tel l’Hôtel Costes et son ambiance cosy, lounge. C’est là, ca passe en fond sonore, pour ambiancer tranquillement, mais rien n’accroche l’oreille (ici la mienne). De « One last star » qui ouvre l’album à « Eyes closed » qui le referme, l’odyssée musicale concoctée par Ambroise Willaume ne m’a pas convaincu, loin s’en faut. Même la présence d’un batteur et d’une bassiste ne parvient pas à rendre ces morceaux plus épais.

La voix haut perchée de Ambroise, matinée d’échos, ressemble parfois, parfois seulement, à celles des frères Gibb, autrement nommés Bee Gees, trio vocal disco-pop des années 70-80, sur les chansons desquels il m’est arrivé, hé oui, de danser. Ce que ne provoque pas du tout Ambroise, qui reste bien trop… SAGE !!! Mais où est donc passée la pop inventive, enlevée de sa période Revolver (écoutez donc les albums « Let go » de 2012, et « Music for a while », dont la pochette sonne en clin d’œil à celle de « Aftermath » des Rolling Stones »). A croire qu’en changeant de projet musical, Ambroise Willaume a perdu sa recette, sa magie, et c’est bien dommage.

Mais les amateurs de Revolver, ou Woodkid, autre groupe pop dont il s’est occupé, et bien sûr les tenants d’une pop aseptisée, parfaite pour les ambiances des bars lounge, des soirées cocktails dans les lieux hype, ceux-là et celles-là seront ravi(e(s) de se laisser bercer par cet univers musical.

Ce disque, vous l’aurez compris, ne m’a pas touché, mais je laisse aux amateurs du genre, le plaisir de le découvrir, et de me démentir.

Guillaume.

Rock au Féminin ? Yes, Girl Power!


JanisJOplin_imageL’histoire du rock, depuis les années 50, après l’apparition renversante et bouleversante du jeune Elvis Presley, qui changera la face de la musique populaire américaine, si elle est dominé par la gente masculine, a vu, au tournant des années 70, puis dans les décennies suivantes jusqu’à aujourd’hui, apparaître, s’installer, auprès du public, des figures féminines à fortes personnalités. La première d’entre elles fut la comète Janis Joplin. Sa personnalité, sa voix si particulière, allait constituer un tournant dans l’univers du rock. Elle serait la première à être traitée à égalité avec ses confrères Joe Cocker, Carlos Santana, les Beatles, les Stones, Jimi Hendrix et j’en passe… sa carrière, météorique (elle est morte à seulement 27 ans!) aura marqué les esprits et ouvert la voie à d’autres chanteuses qui, soit en solo, soit en leader de groupes, vont inscrire leurs noms au panthéon de l’histoire du rock :

Chrissie Hynde (Pretenders), Joan Jett (Heartbreakers), Wendy O Williams (chanteuse des Plasmatics), puis par la suite Patti Smith, Deborah Harry (Blondie), Nina Hagen, Kim Wilde, Pat Benatar, et plus près de nous, Cindy Lauper, Siouxie and The Banshees, Annie Lennox (Eurythmics) The Corrs, Courtney Love (Hole), Beth Ditto (Gossip) se sont progressivement imposées, fait une place dans ce monde de la musique rock. Outre la pop-music, le monde du hard-rock-et du heavy metal ont vu progressivement  l’arrivée des femmes dans cet univers ultra macho : Doro Pesch, dans les années 80, puis  Sharon Den Adel (Within Temptation), Simone Simons (Epica), dans le courant des années 1990-2000, se sont imposés au sein de groupes majoritairement composés d’hommes. Côté français me direz-vous….? Eh bien, il a fallu attendre les années 80 durant lesquelles seules ont émergées Catherine Ringer (Rita Mitsouko), Buzy, puis les années 90’s et 2000’s pour voir apparaître sur le devant de la scène Adrienne Pauly, La Grande Sophie, Jennifer Ayache (Superbus), Katerine Gierak (Mademoiselle K), ou Izia Higelin. N’en déplaise aux machos, aux tenants d’un rock qui serait exclusivement masculin, les femmes font aujourd’hui partie, et de la plus belle des manières, de l’univers musical rock… ET C’EST TANT MIEUX!

La révolution, initiée par Janis Joplin à l’orée des 70’s, a porté ses fruits et permis de révéler des personnalités fortes, de grands talents, des compositrices ou vocalistes de haute tenue!

VIVE LE ROCK AU FEMININ!

Guillaume.

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