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Noa, retour en mode intimiste.

La chanteuse israélo-américaine Noa, apparue sur la scène internationale au début des années 90’s, s’est rendue célèbre avec sa chanson « I don’t know« , parue en 1994. Elle se fera connaître en France par le biais de l’émission « Taratata » animée par Nagui, en septembre 1995. Son timbre de voix haut perché, sa musique qui mélange savamment orient et influences pop occidentale vont faire mouche à l’époque.
Depuis elle a mené une belle carrière, enregistrant notamment en 1997, la version originale de la comédie musicale « Notre Dame de Paris « , en reprenant le rôle d’Esmeralda. En 1999, avec Eric Serra, elle écrit la chanson « My heart calling », pour la bande originale du film de Luc Besson, Jeanne D’Arc. Bref, elle ne chôme pas, croule sous les belles propositions.
Jusqu’à ce nouvel album, « Afterallogy », sorti cette année, où accompagnée du seul guitariste Gil Dor, elle revisite des classiques du répertoire jazz. Tout démarre par un « My funny Valentine » aérien, portée par la voix cristalline de Noa, soutenue par le phrasé léger de Gil Dor. Après cette entrée en matière, c’est le très beau « This Masquerade », servi de façon élégante par la voix de Noa qui déboule. Après ça, vient pour moi le premier morceau de bravoure du disque avec « Anything goes », morceau composé par Cole Porter, interprétée autrefois par Ella Fitzgerald, puis Stan Getz et Gerry Mulligan en version instrumentale en 1957, avant que Tony Bennett, avec le Count Basie Orchestra en 1959 n’en donne sa version chantée. Il renouvellera l’expérience en 1994, avec Lady Gaga, ce qui sera le premier duo de leur album « Cheek to Cheek ». Donc vous le voyez ce morceau a connu de belles interprétations avant celle de Noa ici. Après quoi la belle chanteuse nous entonne « Oh Lord », complainte en langue hébreu. Ici, la sobriété du jeu de Gil Dor s’accommode très bien de ce titre, de ce langage.
Jusqu’ici nous sommes comme dans une conversation intime avec cette artiste, au coin du feu, ou dans un bar, à la lumière tamisée des lampes restantes, offrant intimité, proximité. Le dialogue initié entre la guitare et la voix renforce cet effet évidemment. Cette sensation continue de s’exprimer avec « But beautiful », également enregistrée par Billie Holiday, Joe Pass, Tonny Bennett et Lady Gaga. Arrive alors le bien nommé « Something’s coming », initialement écrit pour le film-comédie musicale « West Side Story » aux 10 Oscars en 1961, avec George Chakiris (Nardo), Natalie Wood (Maria), Richard Beynner (Tony, amoureux de Maria) entre autres…). Le disque se déroule tranquillement, ici nous appelant à rentrer à la maison avec « Calling home » puis la belle brune nous chante « Darn that Dream », autrefois joué par le saxophoniste Dexter Gordon, le pianiste Ahmad Jamal ou encore Benny Goodman and his Orchestra. Bref de glorieux prédécesseurs. « Lush Life » nous arrive alors en pleine face, un écrin de pureté, un joyau, une moment de grâce vocale. Noa semble se régaler à interpréter ce registre jazz en mode guitare-voix. Ce dialogue intime, épuré, lui plaît. Ce titre lui aussi a fait l’objet de nombreuses versions. Les plus marquantes étant celles de John Coltrane, Nancy Wilson, Bud Powell, Rickie Lee Jones, Natalie Cole, Queen Latifah, Kurt Elling ou bien encore le duo Bennett-Gaga. Pour ce disque tout en subtilité, Gil Dor a composé « Waltz for Neta ». Magnifique. Et pour clore ce dialogue, Noa et Dor nous jouent un « Every time we say goodbye », autre morceau de Cole Porter, en toute simplicité, légèreté, retenue. De la haute couture. Très beau.
Je vous conseille donc de ne pas attendre pour écouter ce disque.
Guillaume.
Lucia D, musicienne de Fontenay.

Certains jours, la vie réserve des surprises. Venue nous déposer elle-même son premier album, Lucia Dorlet alias Lucia D est une musicienne fontenaysienne, guitariste-chanteuse en l’occurence. « Amiam« , titre de son premier opus musical, est enregistré en formation restreinte, puisque ne dépassant pas trois musiciens maximum. Elle y est en effet accompagnée de Léonce Langlois Favier au piano, et Julien Guerouet aux choeurs.

« Amiam » est donc composé de 7 titres, le premier étant « mes poèmes », le dernier « Sous mille feux ». Ce qui frappe d’entrée, outre la voix douce et légère de Lucia (photo ci-dessus), parfois même haut perchée, c’est la qualité d’écriture des textes pour décrire un ressenti, un amour perdu (« Amiam »). Dans « Fontenay-sous-Bois », elle évoque avec nostalgie ces souvenirs d’un temps passé dans notre ville, sur fond de piano. « Better days », seul titre chanté en anglais de l’album, soutenu de sa seule guitare acoustique, démarre doucement puis s’emballe un peu avec l’arrivée du piano et des choeurs. De quoi donner un peu d’épaisseur au morceau. « Ibrahim », raconte encore un amour, mais pour le cas, en plusieurs langues, français, espagnol, arabe, et avec un piano certes présent mais sans en faire trop. « Claire », une belle ode à sa soeur. Là encore l’écriture est très soignée, précise, presque littéraire. Pour finir ce premier mini album de 7 titres, Lucia D nous offre « Sous mille feux ». Une chanson sur un amour renaissant de ses cendres. Le piano se fait lyrique, superbe. L’ensemble de « Amiam » est agréable à l’écoute mais je ne peux m’empêcher de penser que la présence d’une basse ou contrebasse, voire parfois d’une guitare électrique, pourraient donner plus de densité à ce répertoire tout en gardant son aspect intimiste. Si cette jeune artiste se produit non loin de chez vous, poussez la curiosité, n’hésitez pas à la découvrir sur scène. Nul doute que vous passerez un joli moment.
Guillaume.
Quand Jimi se fait Jazzer…

Après avoir réalisé en 2019, un album autour des compositions du regretté Prince Roger Nelson, alias Prince, chroniqué ici-même, c’est au tour d’un autre géant de la musique du 20ème siècle, du rock en particulier, le guitariste Jimi Hendrix, de subir ce passage à la machine jazz. L’album s’intitule sobrement « Hendrix in Jazz », les morceaux ont été sélectionnés par Lionel Eskenazi.
Pour faire aboutir un tel projet, il faut un peu de folie, de la ténacité, et la réussite pour convaincre des jazzmen et jazzwomen de tous horizons de se ranger derrière la bannière Hendrix. Un morceau par artiste, parfois plusieurs comme pour Mina Agossi (passée à l’Espace Gérard Philipe en janvier 2011). Au total, ce sont 25 artistes ou groupes qui interviennent sur cet album, comme par exemple la chanteuse québécoise Terez Montcalm (photo ci-dessus), le guitariste-chanteur de blues Poppa Chubby, la chanteuse coréenne You Sun Nah (photo ci-dessus), Denis Colin Trio, ou encore le fantasque chanteur américain Willy Deville, et même la talentueuse pianiste américaine Geri Allen. Vous le voyez le plateau est riche et varié, pour faire honneur à la musique de Jimi Hendrix.
C’est donc la chanteuse canadienne Terez Montcalm qui ouvre l’album avec une superbe reprise de « Woodoo child », sur fond d’ambiance feutrée illustrée par les percussions et la guitare qui officient. Sa voix, légèrement rauque et cassée, fait parfois penser à Janis Joplin. C’est un régal. Ensuite, la chanteuse coréenne You Sun Nah prend le relais avec un titre intitulé « Drifting », lui aussi donné en version calme, tranquille. Elle nous gratifie de vocalises envoûtantes qui nous embarquent pendant que la guitare s’exprime sans tomber dans le piège du plagiat hendrixien très vite repérable. Puis vient « All along the watchover », restitué de très belle manière par le trio du pianiste Francis Lockwood, frère du regretté talentueux violoniste Didier Lockwood. Une ambiance de jazz-club se dégage de ce titre. Cosy. Douillet.
Puis on arrive à la version de « Hey Joe » enregistrée par le bluesman Lee Moses ( mort en 1997). Cette reprise ne date pas d’aujourd’hui car le bluesman l’a effectué en 1971. La voix presque plaintive et éraillée, le timbre assurément grave, dominre ce cover où la rythmique et la guitare sont en retrait, de manière minimale bien sûr. Superbe. Vient après « Little Wing » revu et corrigé par le subtil guitariste Nguyen Lé et son trio. Ça confine presque à du jazz fusion.
Puis la talentueuse vocaliste Mina Agossi (photo ci-dessus), qui chante 3 titres sur l’album (« Burning of the Midnight Lamp » ; « Spanish castle magic »; « Red house ») prend donc place pour « Burning of the Midnight Lamp » qui ne m’a guère convaincu…son interprétation de « Spanish Castle magic » est au même égard ratée, sans aucune magie. La chanteuse semble ne pas avoir trouvée la bonne clé pour aborder l’univers du guitariste américain. Isa Sand, elle nous embarque d’entrée dans une belle interprétation de « Manic depression ». Je découvre cette chanteuse. Belle voix, expressive.
Celui qui vient après, Joachim Kuhn, vieux routier du jazz expérimental, nous concocte une approche très particulière de « Purple Haze » plus proche du jazz contemporain. Pas ma tasse de thé.
A retenir des morceaux qui suivent, le très beau « gypsy eyes » joué par Louis Winsberg (ex Sixun), tout en subtilité. La chaleur flamenca-gypsy fait du bien à entendre. Geri Allen, pianiste américaine que l’on ne présente plus, joue deux morceaux, accompagnée par les Batson Brothers, à savoir « Message to love », un brin contemporain, et « Little Wing ». Sur ce dernier titre, elle joue tout en douceur, de manière minimale. Les deux derniers morceaux de cet album en hommage à Jimi Hendrix sont signés Willy de Ville, et Poppa Chubby.
Le premier nous donne sa célèbre reprise en mode mariachi de « Hey Joe ». Pour l’avoir vu il y a très longtemps au festival de jazz « Banlieues Bleues », au Blanc-Mesnil, je peux vous assurer que sur scène cette version est géniale à voir jouer. Le second, que j’ai eu la chance de rencontrer lors de sa première venue en France, à l’époque où je sévissais dans un fanzine musical nommé « Standards, l’aventurier multimusiques » (clin d’oeil ici à Marc Sapolin, ancien programmateur de l’Espace Gérard Philipe, initiateur du Festival des Aventuriers première mouture à la fin des années 90) et à toute l’équipe de passionnés qui a oeuvré à sa réalisation pendant 9 années, de 1992 à 2001), est un bluesman puissant, par la taille, le talent. Il joue un « Purple Haze » chaud comme la braise. Parfait pour terminer l’hommage à Hendrix.
Ce disque est une vraie réussite. Précipitez-vous dessus.
Guillaume.
Little Richard, premier de cordée du rock’n’roll.
Souvenez-vous, le 13 mai dernier, nous apprenions le décès de Little Richard, pionner et légende du rock américain, à qui j’avais ici-même consacré un article à cette funeste occasion. Cette fois-ci, c’est autour de la ressorti de 4 premiers albums ressortis par le label Avid Entertainement. L’occasion pour l’auditeur que je suis, de replonger dans une période que je n’ai pas connu, étant né quelques années plus tard (1967). Quatre albums, enregistrés entre 1957, 1958 et 1959.

Le premier des quatre albums donnés à réentendre est « Here’s Little Richard », que l’on pourrait traduire par « Voici (qui est) Little Richard ». Il démarre par le tube qui a lancé la carrière de Little Richard, « Tutti Frutti« . Sur ce disque on retrouve aussi des titres qui ont fait la célébrité du musicien, à savoir « Slippin » and slidin’ « , « Long tall Sally« repris et adapté par de nombreux artistes du rock, sur le second les tubes « Good golly Miss Molly« , ou le célébrissime « Lucille« .
A cette période bénie, c’est à dire les 50’s et les 60’s, les artistes, outre atlantique comme en Angleterre ou en France, soutenus par les labels, les radios du coin et des producteurs-dénicheurs de talents passionnés, loin des comptables qui envahissent aujourd’hui les multinationales de la musique, pouvaient donc enregistrer des albums à la chaine, de manière très rapprochée, manière de garder intact l’attrait du public suscité lors de l’album précédent.
C’est ainsi que démarra la folle histoire de Little Richard, comme après lui celle d’Elvis Presley,(ce dernier vite surnommé le « King », cornaqué par un producteur, le célèbre « colonel » Parker, qui n’avait d’ailleurs de colonel que le nom, car aucune légitimité militaire à se faire nommer ainsi si ce n’est pour impressionner l’interlocuteur).
En Europe, les carrières des Beatles, des Rolling Stones, du British Blues Boom bénéficieront aussi de ce mode de promotion et de production. Ca parait si loin.
Mais revenons à Little Richard. Et à ces quatre albums. Comme je le disais plus haut, ils ont été enregistré entre 1957 et 1959. L’artiste se montre prolixe, inventif, écrivant donc des titres qui vont rentrer au panthéon du rock, mais ça bien sûr, il l’ignore à l’heure de les écrire. Même de les jouer en live. Le garçon est virevoltant, énergique, sur scène il ne tient pas en place…. et fait le show en mettant ses jambes sur le clavier, en jouant debout, en chantant fort de sa voix puissante. Sur ces 4 albums, pêle-mêle, on trouve donc des classiques mais aussi des ballades, des titres certes plaisants mais qui ne renversent pas la table. Pourtant tout cela ramène à l’époque où nos parents étaient pour la plupart adolescents boutonneux et commençant à nourrir un sentiment de révolte. Les jupes des filles se raccourcissaient, les garons sortaient à peine des tenues étriquées costumes-cravates pour petit à petit se lâcher vers le jean et le cuir qui sera l’emblème de la génération de 68.
Sur ces 4 disques, qui jalonnent donc son début de carrière américaine, c’est aussi un voyage dans l’univers de la soul, du gospel. Comme nombre des des congénères afro-américains il vient de là. C’est d’ailleurs vers les églises qu’il est retourné, une fois qu’il a vu sa popularité décliner. Redonner ce qu’il avait reçu, partagé sa passion de la musique, du chant.
Eddie Cochran, génie foudroyé.

Né en 1938 aux États-Unis, Edward Raymond Cochran alias Eddie Cochran a fini sa courte vie (21 ans!) de musicien et star montante du Rock’n’roll assis à l’arrière d’un taxi, qui s’est fracassé sur la chaussée mouillée au nord de Londres, entre Bristol et l’aéroport de la capitale anglaise, le 17 avril 1960. Un pneu éclate, le jeune conducteur (19 ans!)du taxi, perd le contrôle et le véhicule finira sa course dans un belvédère. A bord du taxi, outre Cochran, sa fiancée, et la star du rock Gene Vincent. Eux finiront blessés mais vivants. Comme le chauffeur. Seul Cochran succombera à ses blessures à l’hôpital de Bath.
Une carrière en expansion stoppée nette, dans la tôle froissée. Un destin funeste pour un musicien promis à une belle carrière. Eddy Mitchell évoque joliment cet triste épisode, ainsi que celui de Buddy Holly, décédé lui aussi tragiquement, dans « J’avais 2 amis ». Eddie Cochran, garçon au look de jeune homme propre sur lui, ses vestes de costumes, ses cheveux bien coiffés, avait des mains d’or et une voix qui, sans être extraordinaire, savait captiver son auditoire.
Alors, que vaut « Somethin’else », compilation en 2 cd des meilleurs titres du musicien, publié par le label Le Chant Du Monde? Hé bien, pour moi qui ne connaissais pas l’artiste, ou tout juste quelques-uns de ses tubes, j’avoue avoir été très agréablement surpris.
Outre qu’il est un excellent musicien, capable, grâce à une oreille très précise, de rejouer une mélodie à peine entendue, il possède une voix et un sens rythmique, qui à l’époque, ont permis de le voir sortir du lot.
Là, ça démarre fort avec la reprise du « Long tall Sally » de Little Richard, puis on enchaîne avec « Blue Suede shoes », composé par Carl Perkins. Sur « That’s my desire », sa voix se fait grave, suave, enjôleuse, à la manière d’un Presley. Puis ça enchaîne avec un rockabilly, « Twenty-flight rock ». Sa virtuosité à la guitare est évidente. Completly sweet », totalement rockabilly, « Dark lonely street », très sombre avec juste sa guitare pour soutenir la voix, le très rock « Ping Peck Stags ». Bref le garçon, doué, peut tout jouer, chanter avec une aisance déconcertante. Sans doute l’héritage de ses jeunes années passées à tourner au sein des « Cochran Brothers », duo qu’il forma avec Hank Cochran, juste et rien d’autre qu’un homonyme. Ou dans les bars, avec des formations improbables mais formatrices. Cochran fait partie de cette génération qui chantait parfois en onomatopées, histoire de pas se fatiguer la mémoire. Parfois les chansons de Cochran, mais il n’était pas le seul à agir ainsi, étaient de véritables bluettes, sans consistance, mais il fallait bien remplir les pistes du disques et justifier la location du studio d’enregistrement.
Sur le second chapitre de cette compilation, qui s’ouvre avec le suave « Don’t let me go »signée Dale Fitzsimmons, suivie de « I’ve waited so long » de Merle Travis, Cochran nous offre aussi des perles comme « Let’s get together « , dont la rythmique n’est pas sans rappeler « Com’on everybody », que l’on retrouve un peu plus loin. Moi j’ai découvert des bijoux comme « Teenage heaven », le punch « My way ». « Somethin’else » qui figure sur la compilation est une chanson reprise par Johnny Hallyday sous le titre « Elle est terrible » en 1963.
Le blues ne lui échappe pas, écoutez donc « Milk cow blues ». On dirait qu’il a fait ça toute sa vie. Et que dire de sa version de « Hallelujah I love Her so », si subtilement arrangée, alors qu’on a tous la version de Ray Charles en tête.
Oui vraiment ce « Somethin’else » est un joli recueil qui retrace, avec de jolis moments pour l’auditeur, la carrière bien trop courte d’Eddie Cochran. A noter la présence d’un livret en français intéressant. Pour les nostalgiques comme pour les curieux / curieuses de découvrir cette période musicale. Des artistes comme Elvis Presley, Aerosmith, Ray Charles, Stevie Wonder, ou encore Jerry Reed, ont repris certains titres de ce génie fracassé. Le meilleur moyen d’honorer sa mémoire, sa musique, jouée encore 60 ans après sa disparition.
Je vous laisse avec une sélection de titres qui l’ont rendu célèbres, plus quelques reprises par d’autres artistes.
Guillaume.
De Paris à Amsterdam avec Rémy Gauche.

Après deux ans passés à faire des allers-retours entre Paris et Amsterdam, le guitariste Rémy Gauche a décidé de composer un album racontant ses sensations ressenties à ces occasions. »Panamsterdam« , sorti en 2007, est son premier album. Vous retrouverez également la chronique de son plus récent « Obscurity to light » sur le blog.

Pour « Panamsterdam » donc, Rémy Gauche s’est entouré d’une belle brochette de talents, jugez vous-même : Benni von Gutzeit (violon), Shankar Kir Palani et Stéphane Kéréki (contrebasse), Jens Ellerhold et Anne Pacéo (batterie), Alice Zulkarnain (chant), Thomas Savy (clarinette basse).
« Panamsterdam » est un album sur lequel figure des titres de longue durée (le plus court fait 4’40, le plus long 11’40), ce qui permet à ses joyeux compagnons d’exprimer leur talent au service des nuances voulues. Aucune surenchère instrumentale individuelle. Le collectif prime. La musique est ainsi très bien servie. Dès « Chelsea bridge », dont le nom résonne du quartier huppé de Londres, Rémy Gauche offre à l’auditeur une ambiance douce, posée, idéale pour une déambulation dans les rues d’Amsterdam (chère à Jacques Brel bien sûr), comme de Paris. Après ce début en douceur, changement d’ambiance avec « Des abîmes aux cîmes », morceau le plus long du disque (11’40). Il démarre par des notes de clarinette basse installant un climat inquiétant. Puis, lentement le morceau s’installe, disparaît la notion de durée, pour laisser la place à une remontée vers la surface, comme une remise en place progressive de la capacité thoracique. S’annonce alors une marche vers les cîmes d’une montagne que l’on s’imagine escalader. Son successeur « Rémy’s tune »me fait véritablement penser , par le jeu de guitare ici produit, le son du morceau, au grand guitariste Pat Metheny, tout en fluidité, finesse. Personnellement, c’est l’un de mes morceaux préférés. Rémy Gauche rend également hommage à une autre grande figure du jazz, français en l’occurence, le violoniste Didier Lockwood. Le jeu de Benni Von Gutzeit sonne comme un rappel à cet immense musicien. L’ambiance est colorée, virevoltante. « African Mood »s’en trouve être un morceau très agréable à écouter.
Si donc Rémy Gauche rend hommage à de grands jazzmen sur ce disque, il sait aussi surprendre l’auditeur et nous demande de respirer « Take a breath »… il a raison, car ce titre est très rapide, sans.. respiration. Une vraie chevauchée musicale. Annoncée dans le casting du groupe, je me languissais d’entendre le son de voix de Alice Zulkarain. Ce fut donc le cas sur « Despite all ». Un joli timbre, souple, efficace. Ensuite ce fut tout ou rien… non « All or nothing »… un morceau qui m’a laissé sur ma faim musicalement, ne réussissant jamais à rentrer dedans.
Enfin, pour clore ce premier album, Rémy Gauche et son talentueux groupe nous jouent « The straw that breaks the camel’s beck ». Belle composition tout en nuances, marquée par des soli dûs à Stéphane Kéréki, Rémy Gauche, Anne Pacéo et Thomas Savy. Un feu d’artifice terminal.
Au final, « Panamsterdam » est un bel album, une jolie promenade musicale dans laquelle chacun(e) pourra y trouver sa pépite personnelle.
Guillaume.
Rory Gallagher, le discret irlandais.

A l’instar de son compatriote Gary Moore, Rory Gallagher était un brillant instrumentiste, guitariste. Il était également chanteur, producteur. Son registre musical tournait quasi uniquement autour du blues-rock, du blues. Il découvre le jazz, grâce aux émissions de la radio US Navy basée non loin de Cork, ville dont est originaire sa maman. Brillant, précoce, il apprend la guitare à 8 ans, donne ses premiers concerts à seulement 10, remporte un prix à 12 ans. Sa voie est tracée Il veut devenir musicien professionnel. Il est aussi joueur de mandoline, harmonica, saxophone. Bref un touche à tout doué.
A quinze ans, son rêve se réalise en intégrant le groupe Fontana. Après seulement 2 albums au sein de la formation, il le quitte en 1966, pour fonder le groupe Taste (« goût », en anglais). Devenu le groupe de rock référence de la ville de Cork, avant d’aller s’installer à Belfast, ville où le groupe assurera les premières parties de John Mayall, Jethro Tull, Fleetwood Mac avec son leader Peter Green, ou encore Cream, si cher à Eric Clapton.
A une époque où enregistrer des albums se faisait très rapidement, Taste va publier des albums dans un temps trsè courts, tant studios, que live. En effet, « Taste first »sorti en 1967, sera suivi de autres galettes musicales « Taste » puis « On the Boards ».2 albums live seront aussi publiés pour garder trace du talent de Rory Gallagher. Il s’agit de « Live at the Isle of Wight », enregistrement témoin du passage du groupe au festival du même nom, en 1970, mais hélas publié bien plus tard, et enfin le « Live at Montreux », enregistré dans le cadre du déjà prestigieux festival de jazz.
En 1971, il abandonne le projet, et se consacre à sa carrière solo, qui démarre avec un album éponyme « Rory Gallagher ». Au cours des années 70, ce talentueux musicien va voir sa popularité s’accroître avec la publication de 3 albums que sont « Deuce », « Blueprint », « Tattoo », les deux derniers sortant la même année, en 1973. Il livrera 2 albums live qui sont devenus des références dans sa carrière : « live in Europe », en 1972 et « Iris tour » sorti en 1974.
Les années 80 ne seront guère plus prolixe. « Jinx » en 1982, « Defender » en 1987. « Fresh evidence » en 1990.
Le guitariste irlandais, souffrant d’aviophobie (peur de l’avion), tourne de moins en moins et cède par ailleurs au démon de l’alcool, liée aussi à une prise de médicaments trop importante comme des somnifères. Sa surconsommation lui vaudra des ennuis de santé, un foie très abîmé,qui nécessitera une greffe en urgence. Son corps ne la supportera pas. Il décèdera à 47 ans.
Rory Gallagher était un guitariste très talentueux qui n’a pas forcément eu la reconnaissance méritée. La postérité s’en charge désormais.
Je vous laisse (re) découvrir son talent.
Guillaume.
John Mayall, le pionnier anglais

Dans les années 60’s, alors que le blues est une musique avec un passé très riche aux Etats-Unis et des interprètes célèbres (Rober Johnson, le pionnier, mais aussi B.B. King, John Lee Hooker, Charley Patton….), l’Angleterre (déjà sous le charme absolu des Beatles et des Pierres Qui Roulent, que la presse se tient d’opposer alors que les garçons sont amis et se côtoient régulièrement, en studios ou au dehors) voit déferler le Bristish blues boom, mouvement initié par celui qui permis la véritable éclosion auprès du grand public d’Eric Clapton, de Jeff Beck, Jimmy Page . Après avoir donc évoqué les 3 guitaristes précités, je me devais de mettre en lumière celui qui leur a donné l’occasion de voir leur carrière décoller : John Mayall, guitariste-chanteur-harmoniciste-pianiste, entouré de ses Bluesbreakers, groupe qui a également compté dans ses rangs, Peter Green, (futur fondateur de Fleetwood Mac avec Mike Fleetwood), en 1967) ou Mick Taylor, futur membre des Rolling Stones.
Comme vous le voyez, « l’écurie » de John Mayall a permis l’éclosion, la révélation au grand public de nombreux très bons guitaristes, qui depuis les années 60, régalent nos oreilles, à travers de nombreux groupes et styles musicaux. C’est dire la contribution du bonhomme à l’histoire du rock, du blues, depuis les 55 dernières années. L’homme aux multiples talents, va dans les années 60, insufflé une nouvelle force à la musique anglo-saxonne, avec l’apport de ce blues dont il est grand fan. Mélangeant cette musique née des chants d’esclaves noirs dans les plantations des grands propriétaires blancs ou sur les chantiers de chemins de fer aux Etats-unis, où elle émergera sous la domination raciale alors en vigueur, puis donc arrivée en Europe après la seconde guerre mondiale, John Mayall va être la figure de proue de ce nouveau courant cité plus haut.
Nombre de musiciens passés par son groupe ont par la suite connu des carrières florissantes : Eric Clapton, Jeff Beck, Mick Taylor, Peter Green, ainsi que Walter Trout ou Coco Montoya. Belle brochette, de quoi satisfaire tous les amateurs de guitares des années 60’s, qui sans le savoir, découvrent à travers eux les grands noms du blues dont je parle plus haut. Cette mise en lumière d’une musique cachée, quand elle n’est pas interdite, aux Etats-Unis, aux début du 20 ème siècle, et de ses pionniers, va permettre au grand public de vraiment mettre le doigt sur un pan d’histoire musicale et sociale, jusqu’ici méconnue, si ce n’est inconnue.
Depuis sa période pionnière, John Mayall a poursuivi une carrière riche en albums, rencontres, lui permettant sans cesse de faire connaitre ou redécouvrir sa musique favorite aux générations qui ont suivi jusqu’à aujourd’hui. Prolifique, avec 65 albums (live compris!) depuis 1965 jusqu’à 2019, le bonhomme n’a pas chômé! De quoi laisser une empreinte indélébile au panthéon de la musique britannique du 20 ème siècle.
Si vous avez l’occasion de le voir sur scène, foncez, car l’âge aidant, John Mayall se fait de plus en plus rare. En attendant je vous laisse le découvrir à travers une petite sélection de vidéos. Profitez bien !
Guillaume.
Gary Moore, virtuose écorché vif.

Né à Belfast (Irlande du Nord) en 1954, Gary Moore commence dès l’âge de 8 ans à jouer de la guitare, instrument qu’il a découvert par hasard, après avoir récupéré une guitare acoustique. Bien que gaucher, il apprendra à en jouer comme un droitier. Dès 1968, à 16 ans, il déménage pour Dublin.
Ayant découvert Albert King, entendu Elvis Presley chanter ou bien encore les Beatles, mais surtout après avoir vu Jimi Hendrix et John Mayall and the Bluesbreakers en concert à Belfast, Gary Moore décide que sa musique sera un savoureux mélange de blues et de rock. Plus tard il se lancera dans le hard-rock, au sein du groupe Thin Lizzy, dont le leader charismatique était le chanteur-compositeur-bassiste Phil Lynott. Sa véritable influence musicale, à qui il rendra hommage sur l’album « Blues for Greeny » en 1995, est le guitariste Peter Green, membre du groupe Fleetwood Mac.
Gary Moore démarrera réellement sa carrière à l’aube des 70’s avec le groupe Skid Row, dont Phil Lynott est également de l’aventure. Puis en de 1974 à 1983, toujours avec son compère Lynott, il joue au sein de Thin Lizzy. Le répertoire du groupe est basé principalement sur des morceaux teintés de blues-rock, servis à merveille par la voix rauque et très grave de Phil Lynott. Le groupe évolue très vite avec 2 guitaristes (Gary Moore bien sûr, mais aussi Scott Gorham, aujourd’hui leader de la formation actualisée). Lynott est d’ailleurs l’auteur du morceau le plus connu de Gary Moore, le sublime « Parisienne Walkaways« , avec « I still got the blues » qui paraîtra en 1990, sur l’album du même nom. Pendant ces neuf années, les compères vont graver une douzaine de disques, parmi lesquels les superbes : « Jailbreak » (1976), « Black Rose : a Rose Legend » (1979), « Renegade »(1981), et deux disques live sublimes qui restituent parfaitement l’énergie de ce groupe : « Live and Dangerous » (1978), « Life » (1983). « Thunder and Lightning », 12ème et dernier album du groupe, marquera la fin de cette aventure.
Dès le début des 80’s, Gary Moore réalisera des albums solo, avant de quitter définitivement Thin Lizzy : Ainsi naissent « Corridors of power » (1982), suivi d’un double album live « We want Moore » (1984). Deux disques qui ont longtemps tournés sur ma platine disque (oui je sais c’était un autre temps, que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaitre) tout comme « Live and Dangerous » et » Life » cités plus haut. Par la suite, en pleine péridode hard-rock FM, Moore signera « Run for Cover » (1985) et « Wild frontiers » (1987). « After the war » (1988) viendra clore cette période. Dès 1990, Moore revient à ses amours, le blues. 6 albums témoignent de cela : « Blues alive » (1993), « Ballad and Blues » (1994), « Blues for Greeny » (1995), « Power of the blues » (2004) et « Old new ballad blues » (2006).
Guitariste au jeu très mélodieux, n’hésitant cependant pas à jouer avec les effets de distorsions, ou à laisser traîner des notes pour leur plus d’importance, Gary Moore est aussi un excellent chanteur de blues, avec sa voix si particulière, celle d’un homme à fleur de peau, qui joue comme si sa vie transparaissait dans ses chansons. De nature timide, Moore était pourtant, sans être très expansif, très présent sur scène. Il savait capter une salle, se servir de l’énergie qui lui était communiqué.
Alors qu’il avait encore sans doute de belles pages musicales à écrire, Gary Moore est décédé trop tôt, en 2011, à seulement 58 ans. Il laisse une trace unique et indélébile dans le monde du rock des 40 dernières années.
Je vous laisse découvrir ou réentendre ce musicien talentueux, véritable écorché vif, à travers une sélection de ses plus grands succès avec Thin Lizzy, en duo avec Phil Lynott, et en solo.
Guillaume.
Jeff Beck, ou le talent discret.

Troisième guitariste important des années 60’s, période d’éclosion du British blues boom, contemporain et ami d’ Eric Clapton et Jimmy Page, Jeff Beck, né à Londres en 1944, a suivi, au début de sa carrière le même chemin qu’eux : Un petit tour au sein des Yardbirds, une percée au moment du british blues boom à la fin des années 60, dans le sillage du mentor John Mayall. Véritable touche à tout, ce guitariste aussi discret que talentueux, va explorer le blues, le blues rock, le hard rock, et même le jazz fusion. Une palette très vaste donc.
Avant de se mettre à la guitare, qu’il a découvert lors d’un emprunt avant de s’en construire une lui-même, le jeune Jeff Beck est passé par l’école du chant choral dans une église. mais donc, très vite fasciné par cet instrument qu’il découvre, il décide d’en acquérir une absolument. Sans avoir vraiment eu le temps de faire la différence entre l’acoustique et l’électrique. Sa « religion » était faite : Ce sera l’électrique. Il se met alors à écouter différents musiciens comme Les Paul, Steve Cropper, B.B. King ou encore Cliff Gallup, le guitariste soliste de Gene Vincent. Puis vient le temps des études au Wimbledon College of Art. Sorti de là, Beck enchaîne différents petits boulots comme peintre-décorateur, jardinier. Rien de très joyeux quand on aspire à devenir guitariste de rock, à vivre de la musique. Puis le destin s’en mêle. Sa soeur le présente à Jimmy Page. Il devient alors musicien de studio, comme Clapton et Page. Idéal pour se faire la main, rencontrer des artistes. Prouver sa valeur. Développer son style.

En 1965, suite au départ d’Eric Clapton des Yardbirds, Jimmy Page le recommande et il est embauché. Ce duo est immortalisé dans une séquence du film « Blow up » de Michelangelo Antonioni, qui date de 1966. Fasciné par les possibilités sonores qu’offre la guitare électrique, il en découvre les effets comme la distorsion, le feed-back. Par sa vision de l’instrument et la place qu’il lui donne dans un groupe, au même titre que Keith Richards au sein des Rolling Stones ou Ritchie Blackmore au sein de Deep Purple plus tard, Jeff Beck aura une influence sur le jeu qui sera pratiqué par Jimi Hendrix. Ensuite, il décide de former le Jeff Beck Group, avec rien moins que Rod Stewart au chant et du guitariste Ron Wood (future membre des Rolling Stones, en 1975, remplaçant Mick Taylor), tous les deux, anciens membres des Small Faces, puis des Faces. En 1968, la parution de l’album « Truth » jettera les bases de ce qui deviendra le hard-rock au tournant des années 70’s avec Led Zeppelin et Deep Purple notamment. Preuve du talent du bonhomme, le groupe Pink Floyd, au départ de Syd Barrett en 1967, a voulu faire appel à lui, sans jamais oser, selon Nick Mason, membre du Flamant Rose.
Ensuite, il décide de former le Jeff Beck Group, en 1971, avec rien moins que Rod Stewart au chant et du guitariste Ron Wood (future membre des Rolling Stones, en 1975, remplaçant Mick Taylor), tous les deux, anciens membres des Small Faces, puis des Faces, mais également Cozy Powell aux baguettes (il sera aussi le batteur du Black Sabbath, de Rainbow. Il est connu pour sa frappe lourde), le chanteur et guitariste Bobby Tench, Clive Chaman à la basse, Max Middleton aux claviers. Le groupe enregistrera 2 albums, « Rough and ready » (1971) et « Jeff Beck Group »(1972), sur lequel figure une reprise d’un titre de Stevie Wonder « I got to have a song ».
A la dissolution de son groupe, et profitant de celle, un peu plus tard du projet Cactus, avec Carmine Appice et Tim Bogert, Jeff Beck les réunit pour former Beck Bogart & Appice. Le groupe enregistre un album éponyme en 1973 avant de se séparer en 1974, année au cours de laquelle Jeff Beck entame alors une carrière solo. Il rencontre et recrute le groupe Upp et enregistre avec eux « Guitar Workshop » la même année. L’année suivante, il enregistre des sessions plutôt orientées jazz-rock. Le résulat donnera le disque « Blow by blow », en mars 1975.
Par la suite, il va enchaîner les collaborations prestigieuses. Avec le bassiste de jazz Stanley Clarke en 1978, puis avec Tony Hymas et le batteur Simon Phillips. Le virtuose anglais continue sa route, publiant « There and Back » en 1980, « Flash », sur lequel Rod Stewart intervient, en 1985, « Guitar Shop » (1989), « Crazy legs » (1993). Sa carrière est marquée par des flashback à l’occasion de shows caritatifs donnés en l’honneur de Ronnie Lane, en compagnie de ses amis Eric Clapton, Jimmy Page. Fidèle en amitié, il participe aux quatre éditions du Crossroad Festival initié par Eric Clapton, entre 2004 et 2013.
En 2007, il donnera des concerts au Ronnie Scott’s Club. Invitant pour l’occasion des poinures comme Vinnie Colaiuta, Eric Clapton, Joss Stone, Jason Rebello. Les concerts seront captés en vidéo pour une sortie en dvd, qui ne manque pas de saveur.
Toujours très occupé, il s’associe en 2016 à Carmen Vandenberg et Rosie Bones, pour la sortie de l’album « Loud Hailer« . A bientôt 75 printemps, Beck est un guitariste à la carrière riche et bien remplie.
Je vous laisse découvrir plusieurs facettes du talent de ce guitariste. Bonne écoute!
Guillaume.
Jimmy Page, maestro au long cours.

Né en 1944, James Patrick Page, membre de l’ordre de l’Empire Britannique depuis 2005, plus connu sous le nom de Jimmy Page, est l’une des figures les plus importantes du rock anglais depuis les 60’s. Guitariste, compositeur, producteur, il a émergé à la fin des années 60’s, comme ses compères Eric Clapton, Jeff Beck, Mick Taylor, Keith Richards (les deux derniers cités étant membres des Rolling Stones), au moment où le courant du british blues boom, initié par un autre guitariste majeur, John Mayall, commençait à se faire une place dans le monde musical de l’époque. Il est surtout celui qui fut le guitariste du mythique groupe anglais Led Zeppelin.

Le jeune Jimmy dévoile très vite un talent certain et devient tout aussi rapidement un musicien très demandé pour les sessions de studios. Un statut qui va lui convenir, lui permettant de se frotter à tous les styles, blues, rock, rythm’and blues, et surtout d’observer comment se passe les enregistrements, comment ses confrères musiciens placent leurs micros pour obtenir un résultat le meilleur possible. Ce qui va le mener tout droit à intégrer les Yardbirds (en 1966, où il succède à son ami….Eric Clapton. Avec ce groupe il enregistre l’album « Little games ». 2 ans plus tard, le gaillard, qui sent venir le vent des prémices du Hard-rock, lors d’une tournée avec les Yardbirds aux Etats-Unis, quitte le groupe, et fonde, en compagnie d’un chanteur à la voix très aïgue, jusqu’alors quasiment inconnu, et d’un batteur à la frappe de bûcheron, respectivement Robert Plant et John Bonham, le groupe Led Zeppelin, nommé ainsi en hommage au fameux dirigeable. John Paul Jones, bassiste et connaissance de longue date de Page, finira de compléter le groupe. Le début d’une aventure musicale qui va frapper les esprits, le monde musical de l’époque et le public.
En effet, le son énorme du groupe, la frappe de John Bonham, alliées à la virtuosité guitaristique de Page et au talent vocal exceptionnel de Robert Plant, font de ce groupe une référence majeure au début des années 70’s. Si Robert Plant écrit la majeure partie des paroles, Jimmy Page en compose toutes les musiques. On lui doit « Stairway to Heaven », « Black dog », « Immigrant song », « The song remains the same », « Rock’n’roll », » Moby Dick », « Dazed and Confuzed », « Whole Lotta Love »et beaucoup d’autres… le guitariste est du genre prolifique.. sa créativité est alimentée par ses goûts personnels pour les musiques indiennes (en Inde il ira écouter le joueur de sitar Ravi Shankar), orientales. L’aventure du groupe, marquée par des albums sublimes, « Led Zeppelin », « Led Zeppelin II », « Led Zeppelin III », « Led Zeppelin IV », se terminera avec le décès de John Bonham, à 32 ans seulement, en 1980.

Le guitariste anglais est alors devenu un modèle et une influence majeure pour tous les guitaristes de l’époque (N’est-ce pas Eddie Van Halen, qui reprendra la technique du taping, qui fera sa gloire, après avoir vu et entendu Page sur le morceau « Heartbreaker » en 1973).
Après la fastueuse période zeppelinienne, Jimmy Page, toujours curieux de nouvelles collaborations, va, dans les années et décennies qui suivent, les multiplier : participation au Live Aid initié par Bob Geldof, à Londres en 1985, en compagnie de Phil Collins. En 1990, avec Robert Plant, il joue à Knebworth, dans le cadre d’un concert pour une fondation médicale. 1993 est l’année d’une collaboration avec David Coverdale, ex chanteur de Deep Purple et leader de Whitesnake . Un album « Coverale / Page », au son lourd et compositions un peu convenues, en résultera. 1994 marquera les vraies retrouvailles artistiques avec Robert Plant : concert acoustique au MTV Unplugged, album « No Quarter » avec une version sublime de « Kashmir« , agrémentée d’un orchestre gnawa marocain. Ce titre figurera sur la BO du film « Godzilla ». 1999 est l’occasion pour lui de côtoyer le groupe de blues-rock américain des frères Robinson, les Black Crowes.

A 75 ans, Jimmy Page est devenu un homme aux apparitions publiques rares. La dernière, très remarquée, eut lieu en 2008 lors de la cérémonie de clôture de JO de Pékin, pour passer le flambeau à la ville de Londres, hôte des JO 2012.
Je vous recommande d’écouter les albums de Led Zeppelin cités plus tout l’album réalisé avec les Black Crowes, « live at the Greek » en 2014, afin de redécouvrir le talent de cet immense musicien, qui aura marqué la musique rock mondiale des 50 dernières années.
Guillaume.
Ritchie Blackmore, le génie ombrageux.

Tout le monde connait le riff de guitare qui introduit la chanson « smoke on the water » (évoquant l’incendie du studio de Montreux dans lequel Frank Zappa enregistrait un album), du groupe anglais Deep Purple. Son auteur est le talentueux guitariste Ritchie Blackmore, né le 14 avril 1945. Personnalité timide mais caractère bien trempé, colérique, déroutant, voire tyrannique, Blackmore n’était pas un compagnon de route aisé pour ses camarades de Deep Purple, comme après au sein de Rainbow, groupe qu’il a fondé suite à son départ du Pourpre Profond, en 1975, je vais y revenir plus bas. Ces deux groupes, il va les fréquenter alternativement : Deep Purple d’abord, de 1968 à 1975 (Une seconde phase suivra, de 1984 à 1994). Rainbow, de 1975 à 1984, puis de 1994 à 1997. Après cela il fondera le Blackmore’s Night, duo musical avec sa compagne, la chanteuse Candice Night. Il s’embarquera alors dans une aventure musicale au accents médiévaux.

D’abord bien sûr le Pourpre, avec Rod Evans (auquel succèdera Ian Gillan, voir photo ci-dessus, le deuxième en partant de la droite) au chant, Nick Simper (plus tard remplacé par Roger Glover, à gauche sur la photo) à la basse, Jon Lord à l’orgue Hammond (au centre sur la photo), et Ian Paice (à droite) aux baguettes. Cette première époque ira de 1968 à 1975, période durant laquelle le groupe écrira des albums qui feront date et qui encore aujourd’hui s’écoutent avec plaisir. Ne pouvant prendre le pouvoir au sein du groupe, car Ian Gillan s’oppose frontalement à lui, il décidera de quitter le groupe pour fonder Ritchie Blackmore’s Rainbow. Néanmoins, sa contribution évidente au succès du groupe se retrouve dans de nombreux albums : Dans le désodre : « Live Made In Japan » (1972); « Made in Europe »(1976), « Paris Live 1975 » (avec David Coverdale au chant), « Machine Head »(1972), « Shades of Deep Purple »(1968), « In rock » (1970, avec sa fameuse pochette avec les têtes des 4 premiers présidents américains sur le Mont Rushmore), « Burn » (1974, avec des bougies aux effigies des membres du groupe), « Who do we think we are » (1973), « Fireball »(1971), « Stormbringer »(1974), « Perfect Strangers »(1984), « Nobody’s perfect » (1987). Les titres emblématiques ne vont pas manquer durant ce septennat musical : « Smoke on the water », « Hush », « Child in time », « Speed king », « Lazy », « Highway star », « Burn »…. autant de titres, qui encore aujourd’hui, font le succès du groupe, désormais composé des « historiques » Ian Paice, Roger Glover, Ian Gillan, auxquels se sont adjoint le guitariste Steve Morse, et le claviériste Don Airey. Après « Now What?! » (2013), et « Infinite » (2017), un album est prévu pour 2019, ainsi qu’une tournée! 5 De quoi revisiter le répertoire de ce mythique groupe).

Ensuite viendra l’aventure Rainbow, qui comportera plusieurs étapes, plusieurs compositions de groupes, au gré des humeurs intransigeantes du sombre guitare-héro. Des musiciens comme Gary Driscoll, Mickey Lee Soul, Ronnie James Dio seront de la première formation et enregistreront en 1975 l’album « Ritchie Blackmore’s Rainbow ». Tout est dit dans le titre.
Après les départs de Driscoll, Gruber et Soul, seul Dio reste aux côtés de Blackmore. Viennent les rejoindre Jimmy Bain, Tony Carey et Cozy Powell. Ils enregistreront 2 albums avec lui : « On stage » et « Rising ». 2 superbes albums soit-dit en passant qui montrent toute la qualité du groupe et les compositions superbes de Blackmore. La voix de Ronnie James Dio colle parfaitement à cet univers musical. En 1978, ce dernier quitte le groupe, remplacé par Graham Bonnett, pour se lancer dans une carrière solo, mais il est rattrapé par Black Sabbath. Ritchie Blackmore et ses acolytes enregistrent alors « Down to earth » en 1979. S’en suivra une période marquée par un son rock-FM, afin de séduire le public américain (et surtout les radios FM américaines!). 3 albums en sont le témoignage : « Difficult to cure » (1981), « Straight between the eyes »(1982), et « Bent out of shape »(1983).
Mais le plus intéressant pour vraiment se rendre compte du talent de Ritchie Blackmore et son rôle omnipotent à la tête de son groupe, c’est bien sûr en écoutant les albums live. A cet égard, l’album « On stage » sorti en 1977 en est le meilleur exemple. Il s’y exprime de façon vertigineuse, signant des solos sublimes, ou la captation de leur passage au festival rock « Monsters of Rock » de Donington en 1980. Oui Ritchie Blackmore est un grand, un excellent guitariste. Exigeant, autoritaire, presque dans l’outrance, il agace fortement ses collègues, qui finissent par quitter le navire. Durant cette période Arc-en-Ciel, vont émerger de nombreux morceaux qui vont devenir des standards du groupe : « Man of the silver mountain » (1975), « Starstruck »(1976), « Kill the King »(1976), « Sixteen Century Greensleeves » (1977), « Long live rock’n ‘roll » (1978), « Can’t happen here » (1981), « Stone Cold »(1982), Street of Dreams »(1983). Aujourd’hui encore, le groupe existe, sous une formation évidemment renouvelée.

Enfin libre de tout, il se lance, en 1997, dans Blackmore’s Night. Après avoir bourlingué dans le monde du hard-rock et contribué à la renommé de deux groupes comme Deep Purple et Rainbow, Ritchie Blackmore tourne définitivement la page de cette époque en se plongeant dans la musique folk médiévale. Sa rencontre avec la chanteuse Candice Night va le pousser à former un duo : Blackmore’s Night. Passionnés par la musique de la Renaissance, le duo se forme naturellement et enregistre un premier album en 1995, « Shadow of the moon ». S’en suivront 9 albums jusqu’en 2015 : « Under a violet moon » (1999), « Fires at midnight » (2001), « Ghost of a rose » (2003), « Village lanterne » (2006), « Winter Carols »(2006), « Secret voyage » (2008), « Autumn sky » (2010), « Dancer and the moon » (2013), « All our yesterdays » (2015).
Ritchie Blackmore a donc eu un parcours musical très varié. Nul doute qu’il nous réserve encore des surprises. Je vous laisse avec une sélection de vidéos qui retracent sa carrière. Savourez sans modération.
Guillaume.
Eric Clapton, une vie en Blues majeur.
Quel point commun y-a-t-il entre The Yardbirds, Derek and the Dominos, , Blind Faith, John Mayall and The Bluesbreakers, Cream ? vous ne voyez pas? la réponse est que tous ces groupes issus de la vague du British Blues Boom dans les années 60’s, ont vu passé en leur sein le prodigieux guitariste-chanteur-compositeur anglais Eric Clapton, né en 1945 à Ripley.

La première fois que j’ai entendu parler de lui, j’avais 14 ans, au temps béni des années collèges, des premiers concerts, et des cheveux longs (Si si Laurent, Carine, j’vous jure, à cette période-là, j’avais les cheveux bien plus longs qu’aujourd’hui). J’écoutais (pas le disc-jockey, non, lui il est dans la voiture qui l’emmenait sur la fameuse route de Memphis) alors beaucoup de choses, allant de Claude Nougaro, Eddy Mitchell à Iron Maiden, Def Leppard, Saxon. Bref, un grand écart stylistique et musical. Et puis vint la découverte, que dis-je la révélation… ! Un ami me parla d’un guitariste anglais nommé Clapton, me disant « écoute l’album « 461 Ocean Boulevard » (1974) et le live « Just one night » (1980) ». Ce que je fis. Là, une évidence, je découvrais un musicien fin, subtil, au jeu et au son ultra reconnaissable, une voix inimitable. Dès lors je me suis attaché à ce musicien, le voyant pas moins d’une dizaine de fois sur scène, dans des configurations et à des époques différentes (la pire pour moi étant celle de son album au son ultra commercial « Journey man », et d’un concert donné au Zénith, qui fut, à mon goût, pathétique). En solo et en mode acoustique à Bercy, en mode électrique avec des formations de haut vol le reste du temps, Clapton, musicien sans fioritures et loin de l’aspect cabotin de nombre des ses confrères, a, depuis plus de 50 ans, traversé les styles, marquant des générations de public comme de guitaristes en herbe.
De ses débuts en 1963 au sein des Yardbirds (2ème en partant de la droite sur la photo ci-dessus- il y restera jusqu’en 1965 ; ce groupe accueillera également Jimmy Page-futur fondateur de Led Zeppelin- et Jeff Beck), à Derek and the Dominos (1970), en passant par les Bluesbreakers de John Mayall (1965-1966), ou son projet en trio au sein de Cream, avec Ginger Baker et Jack Bruce, rencontrés en 1962 au « Ealing Club » de Londres, jusqu’au début de sa carrière solo en 1974, Eric Clapton a beaucoup bourlingué, se frottant à différents univers, mais toujours avec le blues en fond de jeu. En 1969, il créé un trio inédit avec Steve Winwood (ex chanteur/ organiste de Traffic) et Ginger Baker (ex Cream). Le groupe s’appellera « Blind Faith« .
Musicien hors pair, Eric Clapton est un homme marqué par les coups durs de la vie : Une enfance moyenne, durant laquelle, lui fils d’une anglaise et d’un militaire canadien, va se retrouver en garde chez ses grands-parents. Avant de découvrir plus tard que celle qu’il pensait être sa soeur était en fait … sa mère ! Le tournant des années 70 est une période très compliquée pour lui. Alccool, drogue, dépression, décès de Duane Allman, guitariste avec qui il partait en tournée. Plus tard, après avoir survécu (c’est bien le mot) à tous ces maux, il vivra une rédemption en fréquentant Patti Harrison (femme du Beatle George Harrison, ami de Clapton. Le couple finira par se marier).
Dans les années 90, la mort le rattrape. Une courte tournée américaine est organisée, réunissant, excusez du peu : Robert Cray, Eric Clapton, Buddy Guy, Jimmie Vaughan et son jeune frangin, le surdoué génial Stevie Ray Vaughan. Au soir d’un concert à Alpine Valley, et alors que la veille, Stevie Ray Vaughan a fait un rêve prémonitoire dans lequel il se voit mort, ce dernier embarque dans un hélicoptère devant l’emmener à l’étape suivante. Il n’arrivera jamais à destination. A 35 ans, Stevie Ray Vaughan, révélé tardivement au public lors d’un concert organisé par la radio d’Austin (Texas), s’envole définitivement vers les étoiles. Clapton et ses compères seront marqués par ce décès brutal et injuste. Puis surviendra le décès dans des circonstances dramatiques de son fils de 5 ans. Un véritable coup de massue. Le père qu’il est est dévasté, le musicien ébranlé, n’arrivant que peu à composer. Il en tirera tout de même la magnifique chanson « Tears in Heaven« , titre qui figure sur la BO du film « Rush » (1991), réalisé par Lili Fini Zanuck, veuve du producteur Richard Zanuck.). Repéré parmi la bande son du film, « Tears in heaven » connut tout de suite connu un succès, incitant finalement Clapton à le jouer en live, notamment lors du fameux « Live Unplugged » sorti en 1992.
Après cette très difficile période, Clapton va repartir de l’avant, multipliant les projets d’albums et de tournée, quand ce n’est pas de festival (on lui doit notamment la mise en place du festival « Crossroads »(première édition en 2007), qui voit défiler, sur scène, pendant plusieurs jours, la crème des guitaristes, venus de la country, du blues, du rock, du hard, de la folk music.. bref un joyeux mélange ou les participants croisent le manche avec bonheur en reprenant des répertoires très variés. Eric Clapton rendra aussi hommage à son mentor, JJ. Cale, en partageant avec lui un album (Road to Escondido », 2006). C’est aussi lui, qui après un voyage en Jamaïque, et une rencontre avec le jeune et encore peu connu Bob Marley, va populariser le titre « I shot the sheriff ».
A 73 ans, après plus de 50 ans d’une carrière bien remplie, le guitariste anglais est l’auteur d’une oeuvre musicale considérable. Tout au long des ces décennies, sur scène comme en studios, il a côtoyé les plus grands, de Sonny Boy Williamson à B.B. King, en passant par les Rolling Stones, Paul Mac Cartney, Rod Stewart, John Mayall, The Who, Jimmy Page, Jeff Beck parmi beaucoup, beaucoup d’autres.
Voici quelques-uns de mes albums préférés : « 461 Ocean Boulevard » (1974) ; « E.C. was here »(1975) ; « Just one night : Live » (1980) ; « Money and Cigarettes » (1983) ; « Unplugged » (1992) ; « Pilgrim » (1998) ; « Reptile » (2001) ; « Back home » (2005) ; « Old sock » (2013) ; « I still do » (2016). S’il passe prochainement en France, ne le loupez surtout pas, le plaisir d’une belle soirée sera au rendez-vous.
A toute fin utile, je signale pour les amateurs / trices et-ou celles / ceux qui souhaiteraient en savoir plus, qu’un film « Eric Clapton, life in 12 bars » est actuellement à l’affiche dans quelques salles parisiennes. A ne pas louper!!!!
Je vous laisse avec quelques extraits vidéos montrant les différents groupes, dans lesquels s’est produit Eric Clapton, ainsi que certains morceaux en mode carrière solo. Et quelques bonus de guitaristes qu’Eric Clapton a croisé dans sa longue carrière. Profitez, savourez!
Vous pourrez également retrouver un dossier très complet sur ce musicien dans le numéro de février 2019 du magasine Rock & Folk. Dans ce numéro, figure également un portrait d’un autre grand guitariste anglais qui croisa Eric Clapton, le dénommé Jimmy Page, fondateur de Led Zeppelin.
Guillaume.