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Shapshifting, le nouveau bijou de Joe Satriani.

La dernière fois que j’avais eu des nouvelles du célèbre guitariste chauve, c’était au festival de jazz de Marciac il y a quelques années où il était venu remplacé au pied levé un Jeff Beck ayant déclaré forfait pour raisons de santé. Il avait partagé la soirée avec le fantasque, génial Lucky Peterson qui nous a quitté récemment.
Succédant au très beau « What happens next » paru en 2018, voilà donc « Shapeshifting », le nouvel album de Joe Satriani, le 17ème de l’ancien professeur de guitare de Kirk Hammett (Metallica), Steve Vaï ( Franck Zappa, Whitesnake, David Lee Roth Band), à la Berkeley University, et « Not of this Earth » paru en 1986. Pour moi qui suit ce génial et inventif musicien depuis cette époque, chaque nouvel album est une friandise que j’ai hâte de déguster.
Pour ce nouveau disque, Satriani s’entoure d’une nouvelle section rythmique composée du bassiste Chris Chaney qui a accompagné Alanis Morissette entre 1995 et 2002, puis Slash, l’ex- Gun’s’n’Roses, sur « Slash », paru en 2009, et du batteur Kenny Aronoff, qui a joué derrière John Mellencamp, Melissa Etheridge, le groupe de blues-rock Cinderella, John Fogerty, ou encore la légnde du rock’n’roll Jerry Lee Lewis, excusez du peu, avant de rencontrer Joe Satriani en 2011 sur le projet ChickenFoot en remplacement de Chad Smith, parti rejouer avec ses potes de Red Hot Chili Peppers. Bref, Satriani s’appuie sur du lourd, de la valeur sûre.
Et comme très souvent depuis de nombreuses années, je ne suis pas déçu par Joe Satriani.
Alternant les morceaux coups de fouet, comme l’introductif éponyme, et ceux plus épurés, plus calmes tel « All for love », avec un son planant, rappelant ses albums précédents, ainsi que des envolées lyriques lors desquels Satriani laisse parler ses sentiments. Le titre « Big distorsion » donne toute la dimension d’un hit dans la galaxie Satriani. Un régal.
Bien sûr, il nous régale d’ambiances mélancoliques comme avec le très très beau « Tear Drops », nous fait voyager aux frontières des cultures africaines et occidentales avec « Ali Farka, Dick Dame, an alien and me », puis déboule « Nineteen eighty », titre qui porte la vraie marque Satriani, un son épuré, du tapping ultra rapide qui ravira les fans de plans de guitare. Un tube en puissance. Ce morceau me renvoie à des titres comme « Surfing with the alien », « The exremist » ou encore « Crystal planet ».
Les autres morceaux marquants de ce nouvel album sont pour moi « Spirits, Ghosts, and Outlaws », un morceau qui ne traîne pas, un son de guitare gras, qui sent la poussière par moment, le très joli « Waiting » et son intro au piano. Très planant et mélodique.
Vient ensuite, posé sur une rythmique reggae, « Here the blue river ». Seule déception, « Yesterday’s yesterday », qui clôt l’album, ressemble davantage à un morceau inachevé posé là pour faire le nombre, que par réelle achèvement artistique. Ça ne ressemble pas à Joe Satriani.
Si depuis longtemps « Satch » nous a habitué à un son de guitare très spatial, ici il n’en est rien ou si peu. Retour au son parfois brut, aux rythmes qui ont bercé sa jeunesse, le blues, le boogie, la country (« Perfect Dust »). On trouve même un morceau, en fin d’album, qui s’appuie sur une rythmique reggae (« Here the blue river »)…si si!
Oui assurément ce disque est une très belle réussite car Satriani y apparaît en grande forme, et sa technique semble toujours évoluer, ce qui compte tenu de son niveau d’excellence déjà atteint, est tout simplement ahurissant. Ses deux acolytes loin de n’être que des faire valoir. Ils constituent au contraire un socle solide sur lequel peut s’appuyer le guitariste, cela se vérifie généralement en concert. Il sera d’ailleurs sur la scène de l’Olympia le 10 mai 2021 (report du concert prévu le 2 juin dernier, annulé pour raison de Covid-19). Avis aux amateurs.
Guillaume.