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Michel Legrand, entre jazz et musiques de films, chapitre 1.


Michel Legrand, pianiste-compositeur de génie, décédé en janvier 2019, à qui j’ai déjà consacré ici  un article, lsur sa collaboration musicale avec le réalisateur Jacques Demy, fait l’objet par le label Frémeaux, d’un coffret 10 cd retraçant son travail de création de musique jazz, ses orchestrations de chansons françaises, d’airs traditionnels, de musiques de films, sur lesquels il a travaillé ou non. L’inventaire est copieux et ne couvre que la période allant de 1953 à 1962. Avant que Michel Legrand ne devienne un musicien ultra demandé après les succès des « Parapluies de Cherbourg »(1963), et quatre ans après des « Demoiselles de Rochefort »(1967), réalisés par Jacques Demy. Une nouvelle carrière s’offrira lui désormais.

Dans la première partie du coffret, qui regroupe les six premiers disques, que je vais évoquer ici, il est possible de découvrir un Michel Legrand, qui dès 1953, dirige, sous le pseudo de Big Mike, un orchestre à cordes, avec lequel il interprète des chansons françaises de Gilbert Bécaud (« viens »), puis en 1955 Vincent Scotto (« sous les ponts de Paris »), ou Francis Le marque (« à Paris »). Et même du jazz avec Cole Porter (« I love Paris »).

Dès le second disque, qui aborde l’année 1956, on passe aux musiques de films que Michel Legrand, sans les avoir écrites, dirige avec sa grande formation orchestrale. On y trouve « La complainte de la butte », tirée du film « French Can-Can » (1955) de Jean Renoir, « le grisbi », extrait de « Touchez pas au grisbi »(1954), de Jacques Becker, avec un casting royal Jean Gabin-Lino Ventura-Paul Frankeur, « si tu m’aimais » tirée du film de René Clair « Les grandes manoeuvres »(1955), ou encore « Smile » qui vient de « Les temps modernes » (1936) de Chaplin. Les orchestrations sont brillantes, parfois enjouées, toujours dans un style très aéré, plaisant à écouter. Il en va de même pour le rock, nouveau genre pour lui, vers lesquels il se dirige, avec entre autres « rock around the clock », popularisé aux États-Unis par Bill Haley.

Dans le troisième disque, Michel Legrand aborde avec bonheur les airs traditionnels notamment américains. Ainsi « Red river valley », « Greensleeves », « All throught the night » et « Along the Colorado » subissent-ils sa patte orchestrale. Le résultat est frais, agréable à entendre. Il ajoute même sa patte musicale sur la fameuse chanson française  » en passant par la Lorraine ».

Sur le quatrième opus, année 1957, on change d’univers, pour aborder le jazz. Là, on sent que le musicien-mélomane se régale véritablement. Michel Legrand aborde le morceau mythique écrit par Duke Ellington (« Caravan »), puis il nous embarque vers les rivages colorés du Brésil avec « Bahia », de Ary Barroso, et d’Espagne avec le chatoyant « Granada » signé de Augustin Lara. Il nous régalé aussi d’une très belle version de « Besame mucho ». C’est un régal que d’écouter ce voyage en musiques ici rassemblées par Frémeaux. Et le plaisir n’est pas terminé.

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En effet dans le chapitre 5 de ce gros coffret, est abordé la partie jazz de Michel Legrand, à travers l’année 1958. Imaginez le bonheur ressenti par ce musicien-mélomane lorsqu’il fut amené à diriger des oeuvres écrites par de grands noms de l’histoire du jazz. Que ce soit Duke Ellington (photo ci-dessus) avec « Dont get around much anymore », Fats Waller (première photo ci-dessus)  et sa « The Jitterburg waltz », Benny Goodman avec « Stompin’at the Savoy », Dizzy Gillespie et son célèbre « Night in Tunisia », ou encore Django Reinhardt et son fameux « Nuages », que demander de mieux ? Michel Legrand a donc eu le plaisir de jouer de faire revivre ces standards du jazz sous sa direction, sentiment jubilatoire à n’en pas douter. Le résultat est une fidélité à l’esprit des oeuvres telles que conçues par leurs auteurs, mais là encore Michel Legrand y met sa touche personnelle, tout en subtilité.

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Sûr la sixième partie de ce coffret, qui évoque là aussi l’année 1958, on retrouve Michel Legrand à la direction d’orchestre pour honorer l’un des plus grands compositeurs de musique jazz du vingtième siècle, Cole Porter. A ce monsieur désormais un peu oublié, et c’est fort dommage, le grand public, les musiciens, chanteurs et chanteuses de jazz doivent de pouvoir entendre, jouer, chanter des titres tels que : « Just one of things », « in the still of the night », « What was this thing called love », « Anything goes », « I get a kick out of you », « I’ve got you under my skin », « Night and Day »…et beaucoup d’autres encore. Des interprètes aussi nombreux et célèbres que Frank Sinatra, Michael Bublé, Jamie Cullum, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Diana Krall, Lisa Ekdhal, Harry Connick Jr., Herbie Hancock, Bill Evans, Oscar Peterson, Dinah Washington, Charlie Parker, Marlène Dietrich, Natalie Cole, Rod Stewart, pour ne citer qu’eux …ont repris un jour où l’autre les chansons citées ci-dessus. Michel Legrand se tire à merveille de cet exercice et on sent pleinement le plaisir qu’il prend à jouer ce répertoire de standards.

Cette première partie du coffret consacré à Michel Legrand nous montre donc un musicien multi-cartes, passionné et passionnant, sautant d’un genre à l’autre avec une aisance déconcertante et une facilité incroyable.

La suite sera l’occasion d’une prochaine chronique.

En attendant je vous laisse avec une playlist regroupant les titres évoqués dans cet articles, soit interprétés donc par Michel Legrand, mais aussi par leur compositeurs originaux, et par quelques interprètes célèbres. Régalez-vous.

Guillaume.

Chick Corea, légende du jazz, laisse son piano muet.


Ce vendredi 12 février 2021, la nouvelle est tombée. sèchement. Totalement inattendue. Elle annonçait au monde entier la disparition brutale d’une légende du jazz, emporté par le cancer, trois jours plus tôt. Chick Corea, 79 ans, ne nous régalera plus de son talent. Son allure juvénile, son regard espiègle cachée derrière d’éternelles lunettes, ne déambulera plus dans les salles de concerts ou sur les scènes des festivals de jazz du monde entier. Ses mains magiques ne parcouront plus les claviers de piano.

Lui qui pendant près de 60 ans se consacra au piano, au jazz, laisse une oeuvre immense, enregistrée entre 1968 et la sortie de « Tones for Joan’s Bones« , et « Trilogy 2 » sorti en 2019, soit plus de 90 albums, studios et live confondus, et des collaborations variées. Retour sur une carrière magistrale.

Son père trompettiste dans un orchestre dixieland, pendant les années 30 et 40, va mettre le petit Armand Anthony dit « Chick » au piano dès ses 4 ans révolus. Le gamin semble doué et apprécie ce que son père lui fait écouter découvrir : ke trompettiste Dizzy Gillespie (photo du dessous), les saxophonistes Charlie Parker (deuxième photo ci-dessous) et Lester Young, les pianistes Bud Powell et Horace Silver. Un socle de solides références pour appréhender la musique jazz, qui ça occuper toute sa vie. A 8 ans, il délaisse un temps le piano pour la batterie. Le temps d’en apprendre les rythmiques et l’aspect percussions, qui vont plus tard influencer sa manière de jouer du piano, instrument qu’il retrouve très vite pour ne plus le lâcher de toute sa carrière.

Après avoir entamé des études à New-York en 1959, il se rend un soir au fameux club de jazz « Birdland » et là c’est le choc, la révélation. Il assiste à un concert regroupant Miles Davis et John Coltrane qui jouent notamment une reprise de la chanson « Les feuilles mortes », immortalisée en France par Yves Montand. Il decide de facto de stopper ses études pour se lancer dans la musique. Son premier album sort en 1968 sous le titre « Tones for Joan’s bones », suivi la même année de « Now he sings now he sobs », enregistré avec le batteur Roy Haynes et contrebassiste Miroslav Vitous. Mais avant d’enregistrer ses 2 premiers albums, Chick Corea fera ses armes sous la direction du génial et fantasque Cab Calloway  mais aussi en côtoyant les musiciens de jazz latin comme Herbie Mann ou le percussionniste Mongo Santamaria.

Avant la décade 70 qui s’annonce, il va en 1968, remplacer Hetbie Hancock au sein du groupe de Miles Davis (photo ci-dessous). Ainsi participera t-il aux enregistrements de « Files de Kilimandjaro », « In a silent way », « Bitches Brew » au cours desquels il expérimentera des pianos électriques, des sons nouveaux pour l’époque. Il restera avec Miles Davis jusqu’en 1970, y côtoiera Keith Jarrett,  autre virtuose du piano. Dans les années 70, apres un passage par le free jazz avec le groupe Circle, il fonde en 1971 le groupe Return to Forever, dont le fond musical est un retour au jazz-rock, jazz-fusion. Il s’inscrit ainsi dans ce nouveau courant né quelques années auparavant. Ce groupe, qui existera jusqu’en 1977, aura deux formations dont les piliers seront Chick Corea et le contrebassiste Stanley Clarke.

S’il est un homme de groupe, Chick Corea ne se refuse pas à des projets solo et il existe plusieurs traces, à l’égal d’un Keith Jarrett, d’enregistrements solos du génie américain. Je citerai « piano impro »(1971), »piano impro 2″(1972), « Solo piano-Originals »(2000), « Solo piano-Standards » (2000), enfin « Solo piano-Portraits »(2014). 

Chick Corea maîtrisait aussi pleinement l’art de l’improvisation. D’ailleurs  il aimait à dire souvent que avant d’entrer sur scène, lors de concerts solo, il ne savait pas forcément ce qu’il allait jouer.  Cela, j’ai eu la chance de l’observer un soir d’août 2014 au festival de jazz de Marciac. La soirée s’annonçait belle. Chapiteau rempli de 6000 spectateurs venu admirer quatre virtuoses du jazz. En deux duos, le premier composé de Chick Corea et de son complice Stanley Clarke, puis en deuxième partie, Hetbie Hancock et Wayne Shorter. Plateau exceptionnel !
Donc, en premier, celui qui nous interesse ici, le duo Corea-Clarke. Les deux hommes, 70 ans passés, affichent belle santé. Corea s’installe à son.piano, Clarke enlace sa contrebasse. Démarre alors un dialogue musical tout en improvisation et question-réponse de très haut niveau.  Corea est dans un grand soir, ses mains virevoltent sur le clavier de son piano, il sourit, jette à peine un oeil à Clarke qui le suit , le précède ou le rattrape au gré des improvisations. Magistral! Bien sûr,  les deux compères nous gratifieront de morceaux de l’époque Return To Forever,  et Stanley Clarke jouera même une adaptation de « Waltz for Debbie » dédiée à sa femme. Un moment sublime de virtuosité,  d’émotion, sous le regard admiratif autant qu’amical de Chick Corea.
Une heure quinze durant, les deux compères musiciens avaient régalé l’auditoire par leur talent, leur générosité, leur complicité musicale nourrie de tant d’années à jouer ensemble. Je me rappelle être sorti de cette soirée chamboulé par ce que j’avais vu, entendu. Un de mes grands souvenirs de concerts.

Tout au long de sa carrière,  Chick Corea a multiplié les rencontres et les concerts avec de très grands musiciens de jazz.  Hormis ceux déjà cités, on peut noter les guitaristes Pat Metheny,  Paco de Lucia, John Mac Laughlin, Mike Stern, le batteur Steve Gadd, le percussionniste Vinnie Colaiuta, le saxophoniste Michael Brecker, le contrebassiste Avishai Cohen et j’en oublie…tellement la liste est longue. Il était curieux, voulait rencontrer, découvrir de nouveaux musiciens, explorer de nouvelles formes de composition musicale.

Si Chick Corea a consacré l’essentiel de sa vie et de sa carrière au jazz, à l’écriture, il a également, mais de manière moindre joué des morceaux du répertoire classique, sans jamais y consacrer de disque entier.

Chick Corea laisse un vide immense dans le monde du jazz, mais sa musique, son talent, sa maîtrise technique de l’instrument, resteront gravés sur tous les disques qu’il a enregistré entre 1968 et 2019. Une trace indélébile. Un témoignage sublime d’un talent hors norme d’un.musicien qui aura marqué la deuxième partie du vingtième siècle et le début du vingt-et-uniéme.

Merci pour tout Chick Corea.

Je vous laisse avec une sélection de morceaux enregistrés, joués par ce virtuose.
Par ailleurs, quelques-une de ses albums sont à retrouver à la médiathèque :
Innée Space ; The Musician ; Improvisations childrens ; Two ; The Enchantement  ; Chinese butterfly  ; Forever  ; Children of Forever.

Guillaume.

https://www.youtube.com/playlist?list=PLwaqz1wV9_eWnkQtWjMHet9hHH-fsoNSS

Prince en mode jazz?… logique!


 

Déjà 2 ans et demi que le kid de Minneapolis, le lutin génial de la funk-soul des 30 dernières années, s’en est allé. Le surdoué, autant musicien que compositeur, producteur de sa propre œuvre, méticuleux jusqu’au plus infime des détails, baignant depuis toujours dans un univers musical où soul music, rythm and blues, gospel, funk se sont croisés, mêlés, méritait bien un hommage en musique. Quoi de plus justifié et logique donc que le monde du jazz honore ce monstre de la musique, tant les ponts sont évidents.

Le disque « Prince in Jazz » publié cette année le démontre parfaitement. Aussi, après Serge Gainsbourg, Jimi Hendrix, Les Beatles, la maison de disques Wagram a confié la tâche de réunir un casting de très haut vol à Lionel Eskenazi, journaliste spécialiste de jazz. Et quel casting!!! Jugez un peu :

Outre la regrettée Nina Simone, dont la version magistrale de « Sign’O times » ouvre l’album,  c’est rien moins que le pianiste Herbie Hancock « Thieves in the temple », la chanteuse Randy Crawford et sa voix de velours sur une version étourdissante de « Purple Rain », ou encore les voix de Cassandra Wilson, Viktoria Tolstoy, l’américain Heath Brandon sur « Little Red Corvette », la française Clotilde Rullaud sur le célèbre et très sensuel « Kiss ».  Si donc certains participants à cet hommage sont évidents, d’autre noms me sont apparus plus inattendus : Ray Lema & Laurent De Wilde sur « Around a world in a day », dans une version très bossa-nova agrémentée de sonorités électroniques. Surprenant mais ça fonctionne bien. Holy Cole, entourée du Bob Bolden Project, nous livre une version très langoureus ede « The Question of U », bluesy à souhait, ambiance cabret enfumé des années 40-50.  N’Dambi, chanteuse américaine de soul music, nous embarque avec sa voix puissante, souple, habitée, signant une version magistrale de « Soft and Wet », illustration parfaite des méandres funky à souhait qu’aimait à composer le Purple Man. Pour clore ce joyau musical, un duo composé du saxophoniste Heinz Sauer et du pianiste Michael Wollny interprétant une aérienne variation de « Nothing compares to you ».

En ce qui concerne les orchestrations et la production de l’album, ces deux aspects s’avèrent tout aussi remarquables, à la hauteur d’une telle entreprise, avec cette exigence qualitative identique à celle que pouvait avoir Prince sur son propre travail.

Au total, près d’une heure quinze de musique, répartie en 15 plages, qui sont autant de pépites. 15 moments de bonheur total qui rappellent s’il en était vraiment besoin, que Prince Roger Nelson a marqué de manière indélébile la musique noire américaine des 30 dernières années, laissant une œuvre formidable, moderne, swinguante, jazzy, funky, gorgée de cuivres ou plus intimiste.

Un album qui redonne de l’enthousiasme en ces périodes moroses et alors que l’automne pointe déjà ses premiers signes. J’ai moi-même découvert certains morceaux tels que « Little Red Corvette », « Thieves in the Temple », « Crazy You ». Et ça me donne envie de me replonger dans la musique de Prince. Quant à mes versions favorites, voyez ci-dessous.

Nul doute que Prince aurait apprécié cet hommage rendu à son talent, son univers créatif, par la fine fleur du jazz contemporain. Alors, à vous les fans inconditionnels du Nain Pourpre, comme à celles et ceux qui souhaiteraient le découvrir, ce disque est tout indiqué. Vous pourrez retrouver d’anciens albums du Maître dans nos rayons : « Graffiti Bridge », « Emancipation », « Lovesexy », « Diamonds and Pearls », « Purple Rain ». Et découvrir un album datant de 1983 sur lequel le Kid de Minneapolis enregistra des titres en mode piano-voix. Son titre : « A piano and a microphone » Un régal!

Guillaume.

Nos samples rendez-vous #16 : Mobb Deep et Herbie Hancock


Un sample rendez-vous un peu spécial, prévu un peu plus tard à la base, mais étant donné le décès de Prodigy cette semaine, il semblait logique de lui rendre hommage ici.

“I got ya stock off the realness, we be the infamous, u heard of us…”, tous les amoureux du hip hop ont eu ces paroles en tête cette semaine, le morceau c’est bien sûr “Shook ones, part II” sur l’album “The infamous”, sorti en 1995.

Pour la prod., c’est Havoc himself qui s’y colle, l’autre moitié du duo de Queensbridge a décomposé “Jessica” de Herbie Hancock, rejoué une partie du piano, arrangé tout ça avec de grosses caisses pour nous donner cette suite au “Shook ones” original et c’est peu de dire que le second surpasse le premier, pourtant déjà monumental.

Cette pépite de rap hardcore est illustré par un clip qu’on dirait tout droit sorti de “The wire”, qui nous offre la triste réalité de jeunes Afro-Americains issus des cités du QB. Quoi qu’il en soit, ce morceau reste pour moi l’un des tous meilleurs de l’histoire du rap.

Quant au morceau samplé: “Jessica”, le virtuose Herbie Hancock nous l’offre sur l’album “Fat Albert Rotunda”, neuvième album du jazzman, sorti en 1969. C’est son premier album chez Warner et celui où il va commencer à expérimenter les instruments électroniques.

Ce “Jessica” est d’une beauté absolue et d’une grande mélancolie, quand je le compare à son “Rock it”, le morceau qui m’a fait découvrir Herbie, on voit l’étendue de son talent, combien d’artiste peuvent se targuer d’être capable de faire du Jazz classique comme celui-là et de produire également l’un des morceaux qui deviendra l’hymne du breakdance?

En conclusion, je ne dirais qu’une chose, le monde du hip hop a encore perdu un très grand, 42 ans, c’était vraiment trop jeune… RIP Albert Johnson A.K.A Prodigy

 

Laurent

Musiques Césarisées….


LeVieuxFusil_afficheLes Césars 2016 viennent d’être attribués. L’occasion est donc belle de revenir sur les musiques de films  qui ont marqué l’histoire du cinéma français depuis 1976, année de la première cérémonie des Césars, créée par l’Académie des Arts et Spectacles et du Cinéma.

De la musique de « Le Vieux Fusil« , composée par François de Roubaix à celle de « Mustang » écrite par Vincent Ellis, récompensée en 2016, 39 autres ont été composées par des musiciens venus d’horizons très divers (Italie, Pologne, Hongrie, France, Argentine, Espagne, Etats-Unis, etc…), de différents courants musicaux (Jazz, World Music, Rock, Musique classique entre autres). Au cours de ces 41 dernières années, de grands noms ont été récompensés, certains plusieurs fois :  George Delerue (3 Césars consécutifs, pour  « Préparez vos mouchoirs », 1979 ; « L’amour en fuite », 1980 ; « Le dernier métro », 1981 ), Vladimir Cosma (2 césars pour « Diva », 1982 ; « Le Bal », 1984), Tony Gatlif (2 fois, pour « Gadjo di Lo », 1999 ; »Vengo », 2001), Michel Portal, 3 fois (« Le retour de Martin Guerre »,1983 ; « Les Cavaliers de l’Orage », 1985 ; « Champ d’honneur », 1988), Bruno Coulais (3 Césars pour « Microcosmos », 1997 ; « Himalaya, l’enfance d’un chef », 2000 ; « Les Choristes », 2005), Alexandre Desplat 3 fois couronné pour « De battre moncoeur s’est arrêté, 2006 ;  « Ghost Writer », 2011 ; « De rouille et d’Os », 2013.  A côté de ces multi-primés, on trouve Eric Serra (Le Grand Bleu) ; Astor Piazzola (Tango, l’exil de Gardel, 1986) ; Jordi Savall (Tous les matins du Monde, 1992), Gabriel Yared (L’Amant, 1993), Mathieu Chédid (Ne le dis à Personne, 2007) et plus près de nous, Ludovic Bource (« The Artist », 2012), Amine Bouhafa (« Timbuktu », 2015).

La musique, qui dans certains cas, est un véritable « personnage » d’un film, est un élément fort d’identification, autant voir davantage  que l’histoire elle-même.

Vive le Cinéma, Vive la Musique de Film !

Guillaume.

 

 

 

Au tournant des 70’s, la Blaxploitation se fait jour aux USA.


Le tournant des années 70, aux Etats-Unis, est marqué par l’émergence d’un courant cinématographique nouveau, la Blaxploitation. Ce cinéma, avant tout joué par des comédiens issus de la communauté afro-américaine, s’adressait uniquement au public de celle-ci. Ce nouveau genre a permis à la communauté noire américaine de sortir du carcan de racisme, d’exploitation, de ségrégation subi depuis des décennies. A travers les films de la Blaxploitation, tous les genres ont été abordés : policier (Shaft, 1971), comédie (Uptown saturday night, 1974), péplum (The Arena, 1974), western (Boss Nigger, 1975), politique engagé (The spook who sat by the door, 1973). Ils ont permis à d’exprimer le quotidien vécu par la communauté à cette époque, pour mieux s’en affranchir, entre drogue, racisme, prison, prostitution, viols.

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Les comédiens jouant dans ces films avaient enfin des vrais rôles, en vedette, à l’opposé de ceux proposés jusqu’ici aux acteurs et actrices noirs, à savoir être cantonné à jouer une bonne, un esclave, un serveur, un majordome. Certains acteurs-actrices vont voir leur carrière décoller, à l’exemple de : Pam Grier, égérie de la Blaxploitation, à qui Quentin Tarantino confira le rôle de Jackie dans « Jackie Brown », aux côtés de Samuel Jackson, Robert de Niro. Richard Roundtree, dans le rôle de l’inspecteur Shaft (1971, et qui fera une apparition en clin d’œil dans la version remise au goût du jour en 2000 avec Samuel L. Jackson dans le rôle-titre), aura une carrière très inégale ; Philip Michael Thomas (Blackfist, 1975), attendra les 90’s pour devenir une star grâce à son rôle aux côtés de Don Johnson, dans la série « 2 flics à Miami » ; Jim Kelly, karatéka, deviendra acteur et sera vu dans « Opération dragon »(1973) avec Bruce Lee. Il se retira du cinéma pour retourner vers le sport.

Et la musique, direz-vous? Elle est très importante, voire omniprésente, dans ces films. La soul music, le funk, le rhythm and blues sont de chaque bande-son. James Brown (Black Caesar,1973), Curtis Mayfield (Superfly), Isaac Hayes (Shaft, les nuits rouges de Harlem ), Marvin Gaye (Trouble Man), mais aussi Herbie Hancock, Barry White, Roy Ayers, Edwin Carr, Norman Whitfield, issus de labels tels que Stax ou Motown, vont participer à ces films, leurs donnant une identité musicale très forte, qui permettra à ceux-ci de se faire connaitre parfois au-delà de la communauté noire.  « Shaft » notamment, avec le tube composé par Isaac Hayes, sera le premier film à connaitre le succès au delà des Etats-Unis, partout dans le monde.

Ce cinéma, victime d’une surproduction pendant la décennie 70’s (jusqu’à 4 films par an!!), se tarira à l’aube des 80’s. Par la suite, les acteurs et actrices noirs américains se verront proposer des rôles au cinéma bien sûr, mais aussi et surtout à la télévision dans les séries télévisées ou les shows télé. Rien ne sera plus comme avant. Et c’est tant mieux!

Guillaume.

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