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Ari Lennox, le diamant soul de Dreamville.


Dans les années 90, on avait Bad Boy et Death Row qui se séparaient l’Amérique en deux niveau rap (je sais j’exagère le trait, mais c’est voulu!) et aujourd’hui, je trouve qu’on a un petit comparatif (à moindre mesure sans doute) avec les écuries respectives de J.Cole, Dreamville et celle de Kendrick Lamar, TDE.

Ding-Ding, le gong retentit, mesdames et monsieur, dans le coin West, on retrouve, hormis Kung-fu Kenny, Schoolboy Q ou Jay Rock et leur collègue féminine SZA et pour la East Coast, le boss de Dreamville, J.Cole est accompagné de JID, Bas et celle dont on va parler aujourd’hui, Ari Lennox. Vous voyez, il y a de quoi faire dans ses deux équipes, non?

Alors qu’en est-il de ce “Shea butter baby” tant attendu? Cela fait tout de même presque 4 ans qu’il est en préparation chez Dreamville et quand J.Cole nous racontait dans “Let Nas down” que Jay-Z ne lui laissait pas sortir son projet sans tubes à ses débuts, il en a fait un peu de même avec sa pépite. On ressent fortement l’influence de Cole tout au long du disque empreint d’une atmosphère jazzy hip hop qui n’est pas sans rappeler celle de “4 your eyez only”.

Mais soyons clair, la vraie star de ce disque, c’est bien la jeune chanteuse de 28 ans de Washington, pendant 45 minutes, elle nous fait voyager dans son univers en nous parlant de relations amoureuses, de sa fragilité, bref, elle s’ouvre pour nous plus grand bonheur.

Certains ont reproché une certaine légèreté dans les textes d’Ari, disant qu’avec ses déclarations sur le féminisme, la force et la beauté de la femme et de la femme noire en particulier, son premier opus aurait pu être plus engagé. Ce n’est pas faux, mais franchement, est-ce qu’on est pas en train de pinailler un peu? “Shea butter baby” reste un premier disque et rares sont ceux qui sont d’une telle qualité ces derniers temps selon moi.

Personnellement, de “Chicago boy” à “Static”, je me suis absolument régalé, le single éponyme du disque avec J.Cole est tout simplement une merveille, c’est sensuel et sombre à la fois, j’adore!J’irais pas jusqu’à dire qu’Ari Lennox me rappelle parfois une jeune Erykah Badu, mais presque et comme la reine de la Neo-Soul tarde à nous sortir quoi que ce soit, pourquoi ne pas se laisser porter par la jeune génération?

Enfin, je terminerais par vous faire remarquer la superbe pochette du disque, hommage à Diana Ross et son “Everything is everything”, comme quoi, la jeune femme ne néglige pas ceux et celles qui ont porté cette musique avant elle, bien au contraire. Cette “beauté au beurre de karité” est une artiste prometteuse et si elle continue sur cette voie, nous devrions nous régaler de son talent encore un bon moment…

Laurent

La résilience va payer pour Bibo.


Il y a quelque temps, je vous avais déjà parlé de Bibo, ce jeune artiste multi-facettes, rencontré par le hasard des réseaux sociaux et des passions communes (musique, séries etc…). Il nous revient cette année avec son plus gros projet en date: Résilience. Un projet en trois parties, deux volumes musicaux et un livre, multi-facettes je vous ai dit!

Pour ma part, je vais me focaliser sur l’aspect musical du projet, n’ayant pas eu encore l’occasion de lire le bouquin et croyez-moi j’ai déjà de la matière avec ces deux disques.

Deux volumes qui pour moi, sont un peu les deux faces d’un même artiste, le premier plus axé sur le rap, le vécu street de Bibo et le deuxième, bien plus soul, plus sentimental. Alors, quand le gars peut gérer deux disques en moins d’un an, avec deux aspects différents mais en même temps complémentaires, pourquoi choisir? Moi je dis qu’il a eu bien raison de nous offrir une double portion.

Donc sur les deux volumes, on arrive à une vingtaine de morceaux, soit grossièrement deux heures de bonheur musical avec l’accent chantant de Toulouse de Bibo. Les textes profonds et introspectifs sont toujours là, des morceaux comme “Leur donner de la force” (vol.2) ou “Ils parlent de nous” (vol.1) sont vraiment écrits avec les tripes, c’est puissant mais maîtrisé, avec juste ce qu’il faut de rage pour nous communiquer le message, même chose pour “Vous” (vol.2) qui est l’un de mes morceaux préférés sur les deux disques, comme il le dit lui-même, c’est un texte engagé et enragé, j’adore et j’adhère personnellement.

Comme je vous l’avais dit dans la première chronique, j’apprécie aussi énormément le timbre de voix de Bibo, sans jamais forcer, il chante juste, avec une voix douce et stable sur des tracks tel que “Demain sera plus clair” (vol.2), conclusion et pépite du deuxième disque, ce morceau est empreint de gospel, la symphonie au piano est juste superbe, une chanson pleine d’espoir et de positivité. Pareil pour “L’amour de soi”, déclaration d’amour absolue dont le refrain reste dans la tête, je crois que mon épouse, va l’entendre souvent celle-ci (rires). Je finirais par mon morceau préféré du projet, à savoir “Résilience, Pt II”, un des rares rap du deuxième volume, un véritable cri du coeur en racontant son histoire, c’est le highlight du disque pour moi. Cela dit, je serais pas totalement complet, si je n’avais pas tiré un gros coup de chapeau à l’équipe de prod. qui est franchement au top, comme quoi, quand on a une bonne team, faut pas lâcher et être RÉSILIENT.

 

Les disques sont disponibles ici et là.

 

Laurent

Oddisee suit son cours…


Encore un artiste “séance de rattrapage” dont je vais vous parler aujourd’hui, il s’agit d’Oddisee, le jeune mc originaire de Prince George dans le Maryland avant de s’installer très jeune dans la capitale, Oddisee fait partie de ses rappeurs qui ne viennent pas des villes majeures du hip hop US et comme souvent avec ceux-là, il nous propose une musicalité différente de ce qu’on peut trouver à NY (même si c’est de celle-ci dont il est le plus proche), à L.A ou encore à Atlanta, Oddisee a son propre style ou devrais-je dire ses propres styles, car c’est le genre de gars qui expérimente et varie les plaisirs.

Parfois, je retrouve un peu le flow d’un Talib Kweli au niveau de la rapidité et de la précision des rimes, il aborde aussi le même type de sujet, à savoir le contexte politique américain, la vie de tous les jours, son vécu, les problèmes sociaux… Vous l’aurez compris, c’est un de ces artistes engagés, qui n’a pas sa langue dans sa poche. Physiquement et dans son comportement scénique, il me rappelle également Gaël Faye, dont je vous ai parlé il y a quelque temps.

Cet été me semblait être un bon moment pour vous faire (peut être) découvrir ce gars un peu en retrait des lumières du hip hop mainstream, qui selon ses propres mots est heureux de pouvoir faire découvrir un autre aspect de cette musique et de pouvoir en vivre sans vendre du rêve et des faux semblants, ce qui est, plus ou moins la norme de nos jours dans ce milieu.

Avec une dizaine d’albums à son actif en comptant les disques collaboratifs et ceux composés uniquement d’instrumentaux, comme quoi, il est aussi très bon en tant que producteur et qu’il n’a pas peur de perdre son public, c’est aussi ça le bon côté d’avoir une fanbase de puristes, il n’est pas obligé d’être en permanence derrière le mic, même si, bien sûr, c’est là, son talent premier.

Dans la discographie déjà bien fournie d’Oddisee, j’ai envie de mettre en avant quelques titres pour vous familiariser avec l’univers de l’artiste:

“You grew up” sur “The iceberg” en 2017

C’est l’un de mes tracks préférés d’Oddisee, il nous parle ici des causes des violences policières et du terrorisme aux US, tout ça raconté sous la forme de l’histoire de deux jeunes qui, confrontés aux conséquences des choix de leur entourage vont se retrouver embarqués dans des chemins qui n’auraient pas forcément été celui qu’ils auraient pris au départ. C’est tout de même plus intéressant d’essayer de comprendre que de juger, non? Le visuel du clip aussi est vraiment chouette.

Contradiction’s maze avec Maimouna Youssef sur The good fight en 2015

Comme son titre l’indique, ce morceau est fait d’affirmations et de contradictions, ce puzzle construit en rimes est une véritable plongée dans l’esprit du rappeur et un tour de force car réussir à dire tout et son contraire, sans paraître complètement dingue et en rimant en plus, moi je dis chapeau!!! La sublime voix de Mumu Fresh sur le refrain ajoute une superbe note jazzy au morceau.

Let it go sur “People Hear What They See” en 2012

Sampler le “Shaft” d’Isaac Hayes, c’est toujours un peu gonflé vu comme le titre est légendaire, c’est le genre d’exercice où il ne faut pas se rater et pour le coup, ici, c’est vraiment réussi! Oddisee explique un peu sa vision de la vie, l’attitude qu’il adopte, à savoir, laisser ses problèmes de côté et continuer d’avancer, ne pas faire cas des obstacles et foncer, il faut dire que ça lui réussit plutôt pas mal! C’est avec ce morceau que je l’avais découvert.

Own appeal sur “Tangible dreams” en 2013

Oddisee est un mc qui voyage, qui voyage beaucoup, il a vécu en Allemagne pendant un temps, est familier de la culture européenne, il dit que sa musique existe de par ses voyages, que peu importe où il va, sa musique le suit, il se fabrique un studio avec un coin de table et ce morceau est là pour illustrer cette passion de découvrir le monde et de s’en imprégner.

Sur ce, je vous laisse en compagnie d’Oddisee pour (re)découvrir un artiste qui en vaut vraiment le détour et qui sera demain soir au New Morning et moi aussi d’ailleurs!!!

Laurent

The Roots, quand le hip hop prend vie sur scène.


Ladies and gentlemens, i give you … THE LEGENDARY ROOTS CREEEEEEWWWWW!!!

Je fais un peu le malin à commencer mon post en vous faisant une intro à la Jimmy Fallon, mais en réalité, je suis un peu frileux à l’idée de m’attaquer à un gros morceau comme le collectif de Philadelphie. Leur répertoire est tellement immense que c’est difficile d’en parler en quelques lignes sans faire du déjà vu, mais disons que pour les 30 ans de carrière (31 en réalité), je pouvais difficilement passer à côté, alors, je vais pas vous faire un historique, mais simplement mon ressenti sur la musique de ce groupe de génie.

J’ai entendu The Roots pour la première fois dans la nuit rap sur M6 (ça remonte, mine de rien…) avec le titre “Proceed” et je dois reconnaître qu’au départ, je trouvais ça sympa, mais décalé en comparaison de mes goûts de l’époque en matière de rap, on était quand même assez loin de ce que proposait le Wu-Tang, Redman, où du Gangsta rap Californien. Je me disais des instruments en live dans le rap?!? Bizarre… mais cool! En fait, mes jeunes oreilles musicales n’étaient pas encore prêtes à ce mélange étonnant et pourtant si logique.

Si pour moi, ça a commencé à la moitié des années 90, le point de départ, c’est la rencontre entre Tarik Trotter et Amir Thompson, alias Black Thought (le MC) et ?uestlove (le batteur), les 2 seuls membres présents depuis le début dans le line up, en 1987 et c’est une anecdote assez rigolote qui les a rapprochés, ils étaient au lycée et Black Thought avait été convoqué dans le bureau du proviseur pour avoir séché les cours, préférant fricoter avec sa copine de l’époque dans les couloirs du lycée, pendant qu’il se faisait réprimander, entre un autre élève, qui lui vient plutôt se faire bien voir, en apportant l’encas du proviseur. Les 2 protagonistes, déjà amoureux de musique connectent très vite, Questlove reproduisant les beats préférés de Thought, pour qu’il rappe dessus et c’est ainsi que l’histoire des Roots a commencé, mais j’ai promis de pas faire l’historique, je m’arrête donc là…

Pour en revenir à mon rapport avec leur musique, je dirais que c’est l’un des groupes qui m’a fait grandir musicalement parlant, qui m’a ouvert d’autres horizons, je me suis autorisé à écouter des morceaux de jazz, de rock etc… et sans The Roots et leurs lives légendaires, je n’y serais peut-être pas venu, pas si vite en tout cas et comme le nom du collectif le suggère, ils m’ont permis de découvrir les origines du hip hop, le jazz, le blues, la soul et j’en passe.

Si j’ai évolué au fil des années, eux aussi, aussi bien musicalement qu’au niveau du line-up, comme je le disais au début, hormis Quest et Black Thought, le collectif a été modifié très souvent, au gré des disponibilités et des changements d’orientations musicales des disques et même si depuis quelques années, le noyau reste inchangé avec Kamal Gray, James Poyser, “Tuba” Gooding Jr et “Captain Kirk Douglas notamment, d’autres figures importantes du hip hop sont passés par le Roots crew, Malik B. qui était le second rappeur au début du groupe, mais aussi Scott Storch (Eh oui!!!), le hitmakers peut-être le plus prolifique des années 2000, vous savez “Still Dre”, “Baby boy” ou “Poppin’ them thangs” c’était lui et j’en passe… Enfin, comment ne pas mentionner Rahzel? The human beat box himself était un membre important des Roots pendant six ans, ses performances vocales restent inoubliables et même si sa carrière solo n’a pas décollée comme elle l’aurait pu, le gars est un incontournable dans son art.

The Roots, pour moi, comme pour nombreux amateurs de rap Français entre 90 et 2000, c’est aussi leurs instrumentaux uniques, repris pour les freestyles de nos mc’s hexagonaux quand Generations ne ressemblait pas encore autant à Skyrock, les émissions de DJ Mars, Logilo, Pone et les autres regorgeaient des  instrus de “Clones”, “Episodes” ou encore “The next movement”, y’en a qui se sont régalés, je crois même de mémoire, que le jingle de Générations à l’époque c’était sur l’instru de “Clones”.

Autre chose, je vous ai souvent parlé des Soulquarians dans mes chroniques précédentes, bah, sans Questlove, pas de Soulquarians, c’est lui et D’Angelo qui ont lancé ce concept, plus tard sont venus se greffer James Poyser et J.Dilla pour former le quatuor de base qui nous a offert des morceaux mythiques, mais sans le batteur à l’afro légendaire, pas de Soulquarians, on serait quand même passé à côté de quelquechose non? Je vous mets un p’tit doc qui va rapidement vous retracer l’histoire de ce collectif.

Alors, vous saviez que ces 4 là étaient à l’origine de tous ces classiques? Etonnant non? Bref, tout ça pour dire qu’autour de The Roots, ont gravités pas mal d’artistes de légendes et que sans ces collaborations, leurs carrières n’auraient peut-être pas été ce qu’elles sont aujourd’hui. The Roots, c’est un état d’esprit aussi et des artistes tels que Common, Talib Kweli, Erykah Badu ou Jill Scott, s’inscrivent parfaitement dans cette dynamique.

Bon j’ai quand même déjà bien blablaté (et je le savais en commençant à écrire, tant ce groupe me passionne), mais je vous ai pas trop parlé de leur discographie et pourtant, avec onze albums studio, des lives, des albums en collaboration avec John Legend ou Elvis Costello, y’a de quoi faire… J’ai promis de pas refaire l’historique des disques, je vais juste vous sortir mes 5 morceaux préférés des Roots (C’EST PAS FACILE!!!) et laisser la playlist parler d’elle-même après ça, petite précision, ils ne sont pas par ordre de préférence, la ça aurait été mission impossible!

1.You got me sur “Things fall apart”

En featuring avec Erykah Badu et Eve, Black Thought nous raconte son histoire d’amour à distance, avec une fille, interprétée par Eve, il traite de la confiance dans un couple, des problèmes avec l’entourage, bref, d’amour complexe. Le morceau, crée par Scott Storch, était, à la base pour Jill Scott, mais Questlove, n’a pas pu s’empêcher de le piquer à sa copine pour son album.

2. What they do? sur « Illadelph Halflife »

L’un des tout premiers morceaux qui m’a fait accroché The Roots, qui nous raconte leur vision du hip hop et tout le mal que l’industrie musicale a pu lui faire, le clip en est l’illustration absolument géniale, où tous les clichés bling bling sont démontés en 5 minutes.

3. How i got over sur « How I got over »

Un véritable manuel sur ce que c’est de grandir dans les rues froides de Philly et comment s’en sortir et faire les bons choix. Dans ce morceau Thought, alterne rap et chant avec brio, trop de talent ce gars et pas d’autotune!!!

4. Now or never sur « How I got over »

Black Thought partage le mic avec Dice Raw et Phonte pour avoir une réflexion sur les changements de vie passé la quarantaine, sur le fait qu’il faille prendre le taureau par les cornes, maintenant ou jamais. Ici les percus de Quest me donnent une pêche incroyable!

5. Guns are drawn sur « Tipping point »

L’une des chansons les plus révoltées des Roots, aussi bien au niveau rythmique que textuel, la batterie frappe fort, les rimes de Black Thought sont aiguisées comme jamais et le refrain de Son Little aurait eu toute sa place dans un classique de Reggae.

Il va bien falloir que je m’arrête d’écrire à un moment quand même, mais voilà, vous l’aurez compris, c’est un de ces groupes qui me tiennent à coeur alors je m’emballe un peu, sur ce, j’espère avoir pu vous faire partager ma passion pour The Roots, en espérant un prochain album… “End game”, le douzième opus qui est prévu normalement pour cette année. Vous pouvez retrouver les Roots avec Jimmy Fallon dans le Tonight show, où ils sont le groupe qui accompagne l’émission et en plus d’être l’ambiance musicale, ils participent souvent au côté comique du show et ça marche vraiment pas mal, la preuve ici et et sinon vous pouvez toujours retrouver Black Thought dans le rôle de Reggie Love, dans la série The Deuce, dont je vous avais parlé il y a peu.

Pour finir donc, je vous ai concocté une petite playlist (surtout ne pas rater le freestyle de Tarik à la fin et le Tiny Desk pour « It ain’t fair ») et deux lives, dont un du fameux picnic organisé par The Roots, chaque année à Philadelphie, celui-ci, date de 2015 et vous réserve quelques gros guests surprise…

 

Laurent

 

August Greene, la dream team hip hop jazzy.


Que les bases soient posées tout de suite, August Greene est, pour moi, l’album de ce début d’année 2018, tout simplement!!! Si vous avez l’habitude de lire mes chroniques, vous savez peut-être déjà que je suis un fan absolu de Common, en tant qu’artiste et en tant que personne aussi, j’aime le message qu’il porte et la bonne vibe qu’il apporte au hip hop. Alors, si je l’apprécie déjà à ce point quand il est seul derrière le mic, qu’en est-il quand il s’associe à deux des instrumentistes/producteurs les plus doués de leur génération, à savoir le virtuose du piano Robert Glasper et Karriem Riggins, sans doute ce qui se fait de mieux dans le hip hop avec Questlove au niveau des percussions? Et bien, ils nous offrent un disque composé de onze titres absolument génial!!!
Tout trois amis de longues dates et ayant collaboré plusieurs fois ensemble, Riggins a produit en majeure partie le dernier album de Common, “Black America Again”, qui a lui même kické sur “Black radio 2” de Robert Glasper pour le titre “I stand alone”. En réalité, le concept d’August Greene est depuis un moment dans la tête des trois amis, mais le vrai point de départ de ce projet, c’est le morceau “Letter to the free” pour la bande originale de “The 13th” le documentaire d’Ava Duvernay, réalisatrice de Queen Sugar, une série dont je vous avais parlé il y a quelques temps. La chanson, déjà présente sur l’album de Common est récompensée d’un emmy pour la meilleure chanson et si vous ne la connaissez pas encore, je vous la recommande vivement (je vous la mets en bonus ;D), le talent de nos 3 compères y est associé aux sublimes voix de Bilal et d’Andra Day, c’est dire si le talent était au rendez-vous…
Alors voilà, avec le succès de ce track et la complicité des 3 bonhommes, il devenait évident de réaliser un projet commun et c’est là que l’idée d’August Greene est née. Et quelle bonne idée ils ont eu ces trois-là!
Cinquantes minutes de pur bonheur, voilà ce qu’ils nous ont offert, les rimes de la légende de Chicago se marient à la perfection au rythme imprimé par la batterie de Riggins et à la mélodie de Robert Glasper, on se croirait vraiment à la grande époque des Soulquarians.
Ca ne sera probablement adapté au public le plus jeune, les sujets abordés sont plutôt sérieux, problèmes de sociétés, inégalités, réflexion sur la vie etc… c’est du Common dans le texte quoi! Musicalement, c’est pareil, la trap est au placard, on est vraiment sur un disque hyper jazzy, nos 2 musiciens sont quand même des pontes dans leur domaine et ça se sent, le dernier morceau du disque, “Swisha suite” est une jam session de douze minutes, où finalement le mc n’a que peu de place et les 2 virtuoses s’éclatent, on se sent presque avec eux dans le studio, Common n’intervient qu’au bout de 10 minutes, c’est dire…
En dehors de ça, “Black Kennedy” où Com’ revendique sa fierté d’être noir et d’autant plus noir aux Etats Unis par les temps qui courent, mais aussi l’excellente cover de “Optimistic”, à l’origine chantée par Sounds of Blackness et ici, les 3 sont portés par la voix de Brandy, vous vous rappelez? “The boy is mine”? Ouais, OK! Bah sa voix a bien mûrie, elle a toujours été excellente, mais là (Ca faisait un moment que je ne l’avais pas entendu, je reconnais) elle a quelque chose de différent, plus Soul, plus femme en fait, le morceau est juste génial et il donne une pêche de dingue!!!
Je vais m’arrêter là, parce que sinon j’en ferais des pages tant j’ai adoré le disque, je vais vous laisser le découvrir, mais je voulais juste conclure en mentionnant Samora Pinderhughes, que j’ai découvert à travers cet album et qui est clairement, un artiste à suivre, très engagé et très talentueux, qui chante ici sur deux morceaux “Let go” et “Practice”, ce jeune homme de 25 ans a composé et écrit ce qu’il a appelé une bande son pour un mouvement “The transformation suites” et qui en plus de ses écrits personnels reprend des poèmes de 2pac, mais aussi de Saul Williams et de Jeremie Harris, je vous invite à regarder le concert dans la vidéo plus bas, c’est tout simplement magnifique.
Voilà, je vous laisse en compagnie d’un petit concert privé d’August Greene dans le “Tiny desk” de Washington DC, régalez-vous…
Laurent

Talib Kweli brise le silence radio!!!


Oh que c’est bon de retrouver Talib Kweli à ce niveau!!! Je vais pas cacher mon plaisir, le gars est un de mes artistes préférés et j’avais été un peu déçu de son dernier disque avec 9th Wonder, “Indie 500”, j’en attendais beaucoup avec ces deux-là, mais c’était pas vraiment une réussite!

Avec “Radio silence” par contre, je retrouve le Talib que j’aime, engagé, avec un flow incomparable, son débit à la vitesse de la lumière, bref, tous les éléments sont réunis pour un grand cru. Comme je l’avais dit pour Common et son “Black America again”, ce type d’artistes ne sont jamais aussi bons que quand les temps sont sombres et qu’ils ont un message à porter et c’est le cas ici, même la pochette du disque avec ce jeune qui hurle semble clair à ce sujet.

Onze titres sur le disque et pas de temps mort, du guest de renom, comme souvent avec Kweli, pas forcément ceux qu’on attendait, j’aurais pas misé un kopeck sur la présence de Wacka flocka flame, Rick Ross non plus, mais ça fonctionne et ça change un peu du casting habituel. Côté production, que du très lourd aussi avec le producteur le plus en vogue du moment, Kaytranada, mais aussi Alchemist ou le Texan J.Rhodes.

Comme souvent, le rappeur de Brooklyn propose des refrains à des chanteurs à voix de talent, ici, on note la présence de BJ The Chicago Kid dont je vous avais parlé il y a quelque temps, mais c’est surtout la jeune Yummy Bingham que j’ai découvert sur ce disque, elle a une voix vraiment particulière, mais vraiment kiffante!!!

Les sujets traités sont souvent sensibles et très bien maitrisé par le mc, la vie New Yorkaise, le contexte politique actuel, les minorités etc… Comme d’habitude, je vais laisser de côté les singles (qui sont géniaux et que je vous mets en vidéo) pour vous parler de mes autres coups de coeur de l’album, notamment, le titre “She’s my hero”, qui parle de l’histoire de Bresha Meadows, une jeune fille de 14 ans qui a abattu son père qui abusait d’elle depuis longtemps, ainsi que de ses frères et soeurs, Talib Kweli raconte tout ça avec le talent d’écriture qui est le sien et moi qui ne connaissait pas son histoire, j’ai été très touché par ce morceau. L’autre gros coup de coeur, c’est “All of us” avec Jay Electronica et la fameuse Yummy Bingham et cette intro, tirée d’un speech d’Assata Shakur l’ancienne Black Panther, toujours en exil à Cuba à ce jour.

Enfin, voilà… Comme je le disais, j’ai retrouvé un Talib Kweli digne de ce nom avec ce “Radio Silence”, c’est pas du niveau d’un “Quality” ou d’un “Beautiful struggle” mais c’est quand même excellent, alors kiffons un peu!!!

 

Laurent

Erykah, 20 ans déjà…


erykah-badu2017 est le 20ème anniversaire de la sortie de l’album « Baduizm », l’occasion pour moi de revenir sur la carrière de l’une de mes artistes préférées, toutes catégories confondues, MADAME Erykah Badu !!!

Seulement six albums (si on compte « Live ») en vingt ans, certains diront que c’est peu, mais doit-on juger une carrière aux nombre d’albums où à la qualité de ceux-ci ? Pour ma part, la question ne se pose même pas ! Erykah Badu a selon moi, énormément contribué à créer avec D’angelo et Maxwell, ce qu’on appelle aujourd’hui la Nu-soul.

Tout commence à Dallas, avec son cousin, avec qui elle monte le groupe Erykah Free et est repérée par Kedar Massenburg, ancien président de Motown Records à l’époque. Il flaire très vite que la jeune Texane est dotée d’une voix et d’une personnalité unique. Massenburg tient une pépite et la lance dans le grand bain en lui proposant un duo avec un certain D’angelo sur une reprise de « Your precious love » de Marvin Gaye.

S’en suit « Baduizm » en 1997 et c’est le succès immédiat, l’album est certifié triple disque de platine avec des perles comme « On & on », « 4 leaf clover » ou encore « Appletree ». Entourée de ceux qui deviendront plus tard, avec elle, les Soulquarians : The Roots et James Poyser la diva donne naissance à un style, la Nu-soul. Les comparaisons avec Billie Holliday et Sade fusent au même titre que les récompenses, plus rien n’arrêtera Erykah.

Trois ans plus tard, elle revient avec « Mama’s gun » et une sonorité plus funky, mais aussi des paroles plus engagées (ce qui deviendra, aussi la marque de l’artiste) avec des titres comme « A.D 2000 » ou « Bag lady », cet opus est aussi empreint de melancolie due à sa séparation avec Andre 3000 d’Outkast.

Pour sa troisième production studio, « Worldwide Underground » la reine de la Soul revient avec des productions plus hip hop encore et s’entoure de la crème en la matière avec Queen Latifah, Dead Prez et celui avec lequel elle est en couple à ce moment-là, Common, il en découle un album parfois décrié par la critique et pourtant l’un de mes préférés.

En 2008, elle est quelque peu en manque d’inspiration jusqu’à ce qu’elle reçoive son premier ordinateur et que son fils de 7 ans lui fasse découvrir Garage Band et Ichat, là c’est le déclic : Elle peut composer de chez elle avec sa famille à portée de main, échanger avec Questlove et Poyser sur les productions. Voilà donc « New Amerykah part one (4th world war) », élu meilleur album de l’année, il reçoit un accueil très positif de la presse, personnellement, c’est celui que j’aime le moins.

Dernier album studio en date, la 2ème partie de « New Amerykah (Return of the Ankh) » est l’album de la controverse en grosse partie  à cause du clip de « Window seat » où Erykah se déshabille complètement et finit par être abattue sur le lieu de l’assassinat de John F. Kennedy. Le message de l’artiste fut incompris et la vidéo fut une petite tornade médiatique. Cela dit, je préfère vraiment ce CD au précédent.

Depuis 2010, plus rien hormis une excellente mixtape « But you can’t use my phone » inspirée du morceau de Drake « Hotline Bling » de très bonne qualité, mais nous, on réclame un album  studio, tu nous manques Erykah !!!

Laurent

Les papys du hip hop sont de retour.


31atcq18 ans déjà ??? Ça veut dire que j’avais 17 ans quand « The love movement » est sorti, j’étais au lycée, Q-tip n’avait pas encore de cheveux blancs et que Phyfe Dawg était toujours vivant. Ça ne nous rajeunit pas tout ça dis donc !!!

« We got it from here, thank you for your service », voilà donc le nom du nouvel album d’A tribe called quest, ils n’avaient pas plus compliqué, vous me direz? En fait, ce titre est bien clair, la tribu considère cette nouvelle génération de rappeur désintéressé de la politique et de la condition des jeunes aux Etats-Unis. Ils souhaitaient faire un rappel de ce qu’était le hip hop et ce qu’il devrait être, selon eux (et moi). Certains sont épargnés, tel Kendrick Lamar, J. Cole ou Joey Badass, aurais-je les mêmes goûts que nos pionniers du rap ???

Quoi qu’il en soit, cet opus est bien plus convaincant que celui de De La Soul, sorti quelque mois plus tôt. On retrouve cette ambiance jazzy qui a fait de la tribu ce qu’elle est. Les rimes de nos mc’s sont toujours aussi bien aiguisées et les guests sont en nombres et de qualités : Talib Kweli, Kendrick Lamar, Andre 3000, même Sir Elton John a participé à cet évènement. L’apport le plus marquant est bien sur Busta Rhymes, ami de longue date du groupe et qui participe à cinq morceaux, il est presque une extension d’ATCQ et un remplaçant naturel de Phyfe.

WGIFHTYFYS (acronyme de l’album) est censé être la dernière production du groupe, espérons qu’ils changent d’avis, même s’il faut attendre 20 ans encore…

Laurent

Common, plus engagé que jamais !


 

commonDeux ans après « Nobody’s smiling », Lonnie Rashid Lynn Jr, plus connu sous le nom de Common revient avec « Black America again », son onzième album. Soyons clair, étant un gros fan de l’artiste, je ne suis pas sûr d’être absolument objectif, mais je vais faire de mon mieux, promis !

A savoir que selon moi, Common n’est jamais aussi bon que quand il traite de sujets sensible et c’est le cas ici. Artiste très  engagé dans la cause Afro-Américaine, il n’est pas passé à côté de l’occasion d’exprimer ses idées sur le contexte politico-social Américain. Entre son « indésirable » nouveau président et le mouvement #Blacklivematters en réponse aux nombreuses violences policières, il y avait matière à débattre.

Musicalement parlant, on retrouve une sonorité comme à l’époque des Soulquarians et des productions de J.Dilla. Ici, c’est Karriem Riggins, le batteur Jazz du Ray Brown trio qui est aux manettes et le musicien n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il a déjà produit pour Erykah Badu, Slum village ou encore Talib Kweli. Ce duo fonctionne parfaitement et nous offre un opus proche de « Electric circus » sortie en 2002. C’est très jazzy et ça colle parfaitement au thème de ce « Black America again ».

Pas évident de mettre des morceaux en avant, tant l’heure passée en compagnie de Common semble être pensée pour s’écouter d’un trait, mais le single du même nom que l’album frappe quand même très fort avec notamment la présence de Stevie Wonder à la fin du track (A voir absolument son clip de 20 minutes dans le même ton que celui d’Alicia Keys, sorti le même jour). Les guests de prestige ne s’arrêtent pas là, avec John Legend, BJ the Chicago Kid, Bilal et d’autres encore, Common a su s’entourer de la crème de la Nu-soul actuelle.

Je vous avais prévenu, quand il s’agit de Common je suis rarement aussi enthousiaste… Je mettrais cet opus dans la lignée du « To pimp a butterfly » de Kendrick Lamar, c’est tout dire.

Laurent

Dans l’esprit d’un enfant de Chicago…


bjBryan James Sledge, alias BJ The Chicago kid est la nouvelle coqueluche de la nouvelle scène Soul/R’nb de Chicago et la dernière trouvaille du label légendaire Motown. La windy city, non contente de nous avoir offert des artistes tels que Curtis Mayfield, Donny Hathaway ou plus récemment R. Kelly ou encore Carl Thomas, semble avoir un vivier infini car BJ est une pépite en devenir.

Je l’ai découvert sur l’album de Dr Dre « Compton », mais le chanteur de 31 ans traine ses basques depuis une dizaine d’années déjà en tant que choriste pour Mary Mary ou Lalah Hathaway et ensuite sur des mixtapes, où il multiplie les duos avec Kendrick Lamar, Joey Bada$$ et autres Schoolboy Q.

« In my mind » est donc son 1er album studio et vu la qualité de celui-ci, surement pas le dernier. Dans la pure tradition du R’nB Chicagoan, Sledge nous ballade dans son esprit durant 1heure avec brio, son style est assez éloigné de ce qui marche actuellement, les Chris Brown, Ne-Yo etc… C’est assez lent, romantique avec une voix très douce (C’est un chanteur Gospel à la base).

Coté featuring, que du bon et des artistes avec qui il a l’habitude de collaborer : Kendrick Lamar sur « New cupid », un des singles de l’album, mais aussi Chance the rapper où Jeremiah. Plutôt pas mal comme guests pour un premier album, non ?

Je vous invite également à découvrir BJ the Chicago kid sur Youtube où il reprend énormément de classiques Soul/R’nb à sa sauce et franchement, c’est juste du bonheur !!!

Laurent.

 

 

Il joue du piano debout


Le 4ème album de General Elektriks est paru pour notre grand plaisir en ce début d’année 2016, cinq ans après Parker Street.

Dans cet album To be a Stranger, General Elektriks, de son vrai nom Hervé Salters nous plonge dans des explorations diverses, des ambiances variées, en mixant les genres et les époques. Expatrié à San Francisco dans les années 2000, puis à Berlin, Hervé Salters a la curiosité d’explorer les genres, et de se laisser influencer tantôt par la soul, la funk, tantôt par le hip hop voir le jazz.

L’ensemble est pourtant cohérent, imaginatif et intelligent. Hervé a écrit, arrangé et réalisé ce cd, et c’est Mike Cresswell qui l’a mixé. Une place importante est donnée aux claviers et plus précisement aux clavinets (qui se substituent parfois à la guitare rythmique) ainsi qu’à d’autres claviers vintage.

C’est un album pour danser, mais pas uniquement. General Elektriks réussit encore une fois avec sa voix haut perchée, son énergie décalée à nous apporter de la bonne humeur et surtout du swing.

Michèle

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