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When they see us, le soundtrack fort d’une série coup de poing!!!

Je vais pas retenir mes mots et être clair tout de suite, When they see us, c’est la série de l’année selon moi. L’histoire, vous la connaissez peut être déjà, c’est le récit de l’affaire des « Central Park five », celle de la jeune joggeuse agressée et violée dans le plus fameux parc New Yorkais à la fin des années 80.
Pour Netflix, c’est Ava Duvernay, la réalisatrice du déjà excellent Queen Sugar, qui est à la direction de cette mini-série en quatres parties, portée par un casting fabuleux où vous pourrez retrouver quelques têtes d’affiches tels que Felicity Huffman (Desperate Housewives), Famke Janssen (X-Men), John Leguizamo (Summer of Sam) et l’incontournable Michael K.Williams de The Wire, mais les vrais stars de cette histoire, ce sont, bien sûr les enfants. Inconnus pour la plupart, ils sont terriblement poignants et notamment le jeune Jharrel Jerome vu dans Mr Mercedes, qui joue le rôle de Korey Wise.
Je vais pas m’étendre sur la série parce que je n’aurais de toute façon pas les mots pour décrire les sentiments que vous allez ressentir en voyant ces images complètement folles, donc je vais me focaliser sur la musique et vous allez voir que là aussi, c’est vraiment excellent.
Déjà à l’époque, à la sortie du trailer, j’avais entendu l’excellent Diplo et son “Look back”, je m’étais dit, ça sent bon cette affaire!!! Et bien je ne m’étais pas trompé!!! Le début de l’histoire se déroule à la fin des années 80 à Harlem, en plein boum du rap et la direction musicale a choisi de rester dans la temporalité avec les géants de l’époque que sont Public Enemy et Eric B.& Rakim, on retrouve également Special Ed et son classique “I got it made” qui ne se démode toujours pas.
Par la suite, le choix de mixer des musiques plus contemporaines tels que “Love & Hate” de Michael Kiwanuka déjà utilisé dans “The Get down” ou Andreya Triana, une petite découverte pour moi et des plus anciens comme Slave pour “Watching you” et Frankie Beverly & Maze aussi est judicieux, il permet, à la perfection le passage des enfants à l’âge adulte.
Vous retrouverez du Hip Hop plus dur aussi, qui sera là pour illustrer la rage des protagonistes contre les décisions prises à leur encontre, leurs situations respectives et qui de mieux qu’un DMX pour exprimer cela? Dead Prez aussi avec le génial “Happiness”. Un petit kiffe personnel aussi quand j’ai entendu Jay-Z et son “U don’t know”, un de mes préférés de la disco de Hov, là je vous ai mis le remix avec MOP parce que pourquoi pas?
Sans vous citer toute la liste, parce qu’il faut garder un peu de surprise, je suis quand même obligé de sortir trois autres tracks du lot parce qu’ils sont importants dans la série, tout d’abord The cinematic orchestra et Roots Manuva sur “All things men” pendant un passage critique dans la vie de Ray Jr, le morceau dure 10 minutes et c’est juste dingue! Ensuite, une cover tout simplement magique de “Moon river”, ici c’est Frank Ocean qui reprend le classique chanté par Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé. Vous me direz, de nombreux artistes l’ont repris de belle manière, notamment Ben E. King ou Sinatra, mais celle-là me touche particulièrement.
Enfin, conclure la série sur un morceau de Nipsey Hussle était pour moi, la cerise sur le gâteau, son “Picture me rollin” n’est pas loin d’être aussi beau que celui interprété par un autre roi de la West Coast avant lui, je parle bien sûr de 2pac.
En conclusion, je ne peux que vous recommander de regarder When they see us, qui est une série nécessaire pour ouvrir les yeux de ceux qui ne voudraient pas voir qu’on ne naît pas tous égaux et que si l’histoire se passe dans les années 80 à New York, la réalité est toujours la même de nos jours et aux quatre coins du monde, je vous conseille d’ailleurs de regarder le documentaire sur Kalief Browder et celui sur Steven Avery, également sur Netflix.
Laurent
Uncle Drew, le crossover entre le basket, le ciné et la bonne musique!

Tout est parti d’une pub pour Pepsi, mais je ne pense pas que Kyrie Irving, la star des Boston Celtics, s’imaginait, à l’époque que l’aventure de “l’Uncle Drew” le conduirait à faire un film, moi non plus d’ailleurs…
Si comme moi, vous aimez le basket, vous avez très probablement déjà vu cette pub, qui montre un vieux monsieur au bord d’un playground venu regarder son neveu jouer devant les caméras pour un documentaire, soudainement, un joueur se blesse, Uncle Drew prend sa place et la magie opère…S’en suivront une tonne de pub, l’ajout de nouveaux personnages (ex joueurs NBA) et la commande d’un film.
Le pitch est plutôt simple, Dax Winslow, joué par l’excellent Lil’ Rel (vu dans Get Out) est un fan de basket plutôt malchanceux dans la vie, qui essaie de monter une équipe pour gagner le tournoi du Rucker et ses 100000 $, il se fait piquer sa star et son rêve s’effondre, jusqu’à sa rencontre avec le mythe…Uncle Drew!!!
Alors, bien sûr, ne vous attendez pas à du Tarantino, mais pour ceux qui aiment le basket et/ou qui veulent mater une bonne comédie, Uncle Drew et sa team vont remplir le contrat haut la main!!! Parlant de son équipe, ces quelques noms devraient parler au fan du ballon orange, le roster est composé de Reggie Miller, Chris Webber, Nate Robinson, Lisa Leslie et le toujours aussi drôle et immense Shaquille O’Neal. Le reste du casting (hors basketteur) est sympa aussi, vous pourrez retrouver deux nanas au top niveau comédie, Tiffany Haddish, la co-star de “The last O.G” et la géniale Erica Ash, habituée du milieu de basket, puisqu’elle était la soeur de Cam Calloway dans l’excellente “Survivor’s remorse”.
Bon et musicalement me direz-vous? Et bien là aussi, c’est un vrai kiffe!!! Non seulement, vous allez retrouver plusieurs têtes d’affiches du hip hop actuel avec l’excellent Goldlink, des gars comme French Montana, ASAP Rocky ou encore l’auteur du super “1800”, le rappeur de Baltimore, Logic. Tout le rap “hype” du moment est bien présent et on a même droit à un petit passage plus doux avec Khalid, dont je vous ai déjà parlé.
Ce qui est cool, c’est qu’étant donné l’âge avancé (et inconnu) d’Uncle Drew, le film nous offre des échanges musicaux super sympas entre Dax et Drew (Lil’ Rel) dans son van, avec par exemple, la comparaison entre le “Between the sheets” des Isley Brothers et le génial “Big Poppa” de Notorious B.I.G qui utilise son sample. Ce n’est pas le seul moment “Oldies”, vous aurez le droit à l’un de mes morceaux préférés toutes catégories confondues, le “Midnight train to Georgia” de Gladys Knight & the Pips, le “Fantastic voyage” de Lakeside et bien d’autres encore…
Vous l’aurez compris, pour moi Uncle Drew c’était un vrai Slam Dunk, que ce soit le film, sa B.O ou bien l’aspect basket, j’ai passé un excellent moment et j’espère que vous aussi!
Laurent.
Nos Samples Rendez-Vous #33 : Az et Lalo Schiffrin
Une combinaison de 3 géants de la musique, chacun dans un domaine différent, le légendaire DJ/producteur New Yorkais, DJ Premier dont je vous ai déjà parlé dans la chronique sur les Beatmakers, le compositeur star des bandes originales dans les années 70, Lalo Schiffrin et l’un des mc’s les plus sous estimés de notre époque, Az.
Il s’agit ici de “The Format” d’Az sur l’album du même nom,sorti en 2006 et produit par DJ Premier, 3mn de pur bonheur pour tout fan de hip hop, le track est clairement estampillé du style de Preemo avec ses grosses caisses et ses scratchs en guise de refrain et il se marie à la perfection avec les prouesses lyricales de l’acolyte de Nas. “Young and gifted, my tongue’s prolific” nous dit-il et comment le contredire? Az kicke sur l’instru concocté par Premier mieux que jamais!!!
Pour ce beat, Primo s’est servi dans l’immense répertoire du génie Argentin qu’est Lalo Schiffrin. Pour la B.O du film non moins classique “L’inspecteur Harry” avec Clint Eastwood, (je vous ai dit que de la légende aujourd’hui!), le titre “The side of forever” est interprété par l’inoubliable Roberta Flack, je sais, j’abuse des superlatifs aujourd’hui, mais je me fais un kiffe, c’est vraiment du très costaud que je vous propose aujourd’hui.
Alors pour ce qui est de la boucle en elle-même, vous la retrouverez au début du morceau de Schiffrin, peut être les 10 premières secondes du morceau, il sera amplifié à fond et ralenti pour donner cette mélodie déjà bien Up-Tempo qu’est celle de “The Format”.
Laurent
Une vraie B.O de “Ballers”!!!

Toujours dans le thème séries et bande originale, j’en ai encore une intéressante à vous proposer, il s’agit de Ballers, diffusée sur HBO avec en vedette l’acteur ex catcheur Dwayne Johnson a.k.a The Rock pour ses anciens fans sur le ring. Egalement au casting, le fils de Denzel Washington, John David, que vous avez peut être vu dans l’excellent Blackkklansman de Spike Lee récemment. Le show traite de l’univers du football Américain et plus particulièrement de son arrière boutique, à savoir, les agents de joueurs, les contrats etc… Bien sûr les joueurs sont également bien mis en avant et John David Washington est vraiment top en Ricky Jerret! Et The Rock me direz-vous? Et bien, c’était mon gros doute quand j’ai commencé la série, parce qu’il est plutôt habitué aux comédies douteuses et aux films d’action parfois légers. Quoi qu’il en soit, avec Ballers, il m’a prouvé qu’il pouvait, avec la bonne direction, être un bon acteur et son personnage de Spencer Strasmore et aussi attachant que balèze!

A la réalisation, vous retrouverez Stephen Levinson, qui réalisait déjà l’excellente comédie Entourage, qui parlait, elle, d’Hollywood et du cinéma en particulier.
Voilà pour introduire la série, quant à sa bande originale, c’est un vrai petit bonheur et ce dès le générique d’intro, où les images de plaquages et de touchdown sont rythmées par le tube de Lil’ Wayne et Drake “Right above it”, le banger issu du “I’m not a human being” de Wizzy, ça donne le ton, le soundtrack sera hip hop et pas qu’un peu!!!
Je vous ai préparé une petite playlist d’une centaine de morceaux qui devrait ravir les oreilles des auditeurs de rap, faites chauffer vos Beats, on y va!!!
Les légendes du game sont là en force, du “Protect ya neck” du Wu Tang à Gangstarr et son “Work”, en passant par Nasty Nas et son inoubliable “If I ruled the world” en duo avec Lauryn Hill sont là aussi, ah oui… j’ai failli oublier l’un de mes préférés de la liste le “Watch out now” des Beatnuts, qu’est-ce qu’il a pu tourner dans mon casque celui-là aussi…
Il n’y a pas que l’ancienne génération évidemment, les petits nouveaux du game sont aussi à l’honneur, la West coast est bien représenté avec des petits gars que vous connaissez peut être… Kendrick Lamar ou encore Nipsey Hussle? Du costaud je vous dis! Deux de mes chouchous, dont je vous ai parlé récemment aussi font une apparition sur la bande son, Oddisee et Anderson .Paak ont chacun le droit a un morceau. Bien sûr, le rap East coast n’est pas en reste non plus avec des artistes comme Rapsody ou le duo mythique de Queensbridge, Mobb Deep.
Il n’y a pas non plus que du rap sur cette B.O, les starlettes de la pop sont également à l’honneur, vous pourrez retrouver l’ancienne amoureuse de Mac Miller, à savoir Ariana Grande ou encore Taylor Swift et son fameux “Shake it off”, croyez moi vous aurez de quoi faire bouger les clubs, pas de problème!!!
Il y a quelques morceaux de rock aussi, de l’électro, mais l’autre musique qui est le plus à l’honneur, c’est celle qui m’est chère, la Soul!!! Et là, j’ai encore du très bon au programme, à commencer par William De Vaughn et son inoubliable “Be thankful for what you’ve got”, le classique des Delfonics aussi, “Didn’t I blow your mind?” entendu dans le Jackie Brown de Tarantino. Les Commodores, Al Green et j’en passe… Faites moi confiance, il n’y a que peu de faux pas dans cette bande originale.
Êtes-vous prêts à vous plonger dans l’univers du Foot US avec une B.O de feu??? Si oui, Ballers est faite pour vous!!!
Laurent
Quand les légendes s’en mêlent…

Je commence à en prendre l’habitude mais quand je peux rassembler deux disques sortis à peu près en même temps et que j’arrive à trouver un sujet correspondant, je les rassemble pour ne faire qu’une chronique. Honnêtement, il y a tellement de sorties chaque semaine, que je passe à côté (volontairement ou pas) de certaines et quand je tiens vraiment à vous parler de certaines, comme ici, je filoute un peu… Ici, il s’agit de deux mythes du rap game, deux des lyricistes les plus doués de leur génération et de l’histoire du hip hop en général, à savoir Method Man et Ice Cube.

Pour le premier, le mc phare du Wu-Tang Clan, le collectif de Staten Island, il nous propose la suite directe de son “Meth lab”, sorti 3 ans auparavant et on peut dire qu’à 47 ans, Meth (vu récemment dans “The deuce”) n’a rien perdu de sa verve et de son flow sur ce “Lithium”. Décomposée en 22 plages, cette 2ème saison du “Meth Lab” et tout de même entrecoupée de 7 interludes, ce qui fait tout de même un peu beaucoup selon moi, même si celles-ci sont faites avec beaucoup d’humour, il aurait pu en faire un peu moins, mais c’est à peu près la seule critique que je puisse faire sur ce sixième album solo.
Si sa faculté a rappé n’est plus à faire depuis longtemps, peut-il encore s’adapter au game actuel, peut-il encore nous faire du method et plaire à la jeune génération? Et bien je pense que ce disque est l’exemple parfait de ce qui fait la longévité de Meth, il offre majoritairement du boom bap dans la pure tradition New Yorkaise, mais arrive aussi à rimer sur des sonorités plus tendances comme sur “Grand prix” et même là, ça fonctionne!!!
Il faut dire qu’il dispose de pas mal d’aide sur “Lithium”, des guests, presque sur tous les tracks et là aussi, il parvient à mixer les époques. Des légendes comme son acolyte Redman, Snoop ou Raekwon viennent lui prêter main forte, sur des morceaux comme “Wild cats” ou “Eastside”, quand pour la nouvelle donne, il offre du temps derrière le mic à des jeunes comme Cardi Express ou Youngin’ sur “Back blockz”.
Le tout est une très bonne recette sortie du labo du plus doué des chimistes du hip hop pour ce qui pourrait (on ne le souhaite pas) être le dernier album solo de Method man…

Pour le second, je vais vous parler de l’éternel ex-N.W.A, à savoir Ice Cube! Acteur, président de la ligue de basket des retraités NBA, O’shea Jackson Sr ne chôme pas et il a malgré tout, trouvé le temps de nous pondre “Everythangs corrupt”, son dixième album studio. Alors, comment garder la rage après toutes ces années? Comment garder la flamme quand on est dans l’opulence et qu’on n’est plus “l’Amerikkka’s most wanted” depuis des lustres? C’est ce qui a fait de Cube ce qu’il est, c’est sa rage derrière le mic et sa plume bien sûr, alors comment? Et bien déjà, le contexte socio-politique Américain aide un peu, disons que le président actuel n’est pas vraiment du goût du rappeur de South Central et ça se fait sentir très rapidement dans le disque avec dès le premier morceau, un “Arrest the president” qui laisse peu de place au doute quant au vote d’Ice Cube et ça continue avec “Chase down the bully” juste après.
Vous l’aurez compris, le thème de l’album, c’est la foi perdue en un système qui ne fonctionne pas pour la communauté noire américaine et ce, bien avant que Cube ne fasse ses premières armes derrière le micro.
Alors, vous ne trouverez pas que ça sur le disque, il y a aussi des tracks comme “The new funkadelic” ou “Ain’t got no haters” en featuring avec Too $hort, une autre légende du rap Californien, c’est d’ailleurs la seule collaboration de prestige du disque à l’inverse de celui de Method Man. Ces morceaux là sonnent plus G-Funk, nous ressortent des boucles à la Parliament et ce n’est pas pour me déplaire personnellement, ça offre un peu de légèreté dans un disque globalement assez dur.
Mon véritable coup de coeur c’est “Streets shed tears” que j’ai trouvé vraiment magnigique, l’instru très soulful, le flow de Cube et le superbe refrain de Shameia Crawford, c’est une pépite, pas de doutes!
Alors en conclusion, on est d’accord ou pas? On a encore de la place pour ces mythes du hip hop? Ces gars ont encore le feu sacré et ce, avec trente ans de carrière et sans jamais s’être vendus musicalement, on en veut encore les gars, la retraite, c’est pas maintenant!!!
Laurent
Beat makers, des hommes derrière les hits vol.2

Bon, je vous préviens direct, pour cette suite de mon focus sur quelques uns des meilleurs producteurs du game, je me suis lâché, mais alors complètement, au niveau du nombre de morceaux sur chaque playlist. Pour la première partie, je m’étais contenté d’une dizaine de tracks par bonhomme et j’ai regretté, alors cette fois, j’ai lâché les chevaux et j’espère que vous kifferez autant que moi…
Swizz Beatz
Swizzzzzzzzyyyyyyyy!!! Ah le petit gimmick vocal qui fait plaisir en club hip hop, c’est automatique, on sait qu’un morceau produit par Swizz Beatz fera bouger les foules, le gars n’est pas le style a faire dans le mellow, non c’est de la grosse caisse à tout va et des rythmes qui secouent fort!!! Avant de devenir Monsieur Alicia Keys était déjà un des beatmakers les plus prolifiques depuis la fin des 90’s. L’histoire a commencé très tôt, quand ses deux tontons ont eu la bonne idée de fonder le label Ruff Ryders, Swizz a 16 ans à l’époque et est plus attiré par le DJeeing que par la prod. a proprement parlé jusqu’à ce qu’a ce qu’a l’âge de 23 ans, il vende sa première production à un certain DMX, le titre deviendra le fameux “Ruff Ryders anthem” avec ce clip où le “Dog” fait des burn à moto dans les rues de New York. La suite est pour l’histoire, Swizz produit la majeure partie des disques du label, des artistes comme Eve, The Lox et les autres se régalent et c’est la période dorée du double R. Il n’a pas bossé que pour eux évidemment, comme on dit “game recognize game” et du coup les meilleurs s’adressent à lui pour booster leurs disques. De Busta Rhymes à son bon pote Jay-Z, toutes les stars du hip hop y vont de leur morceau estampillé Swizz Beatz!!! Il a bien sûr bossé avec son épouse mais aussi Beyoncé ou même Whitney Houston, le petit gars du Bronx a fait du chemin et il est devenu tellement incontournable qu’on lui a même consacré une rue, pas mal non?
Pete Rock
Quand on parle pionniers, les noms qui reviennent souvent, c’est Run DMC, Public Enemy, A tribe called quest etc… mais pour moi, l’un de ceux qui a changé l’histoire du hip hop est trop souvent oublié et c’est pour ça que je me devais de le mentionner aujourd’hui, le number 1 soul brother, MONSIEUR Pete Rock!!!
Véritable touche à tout, Pete Rock est aussi à l’aise derrière le mic qu’avec des platines, il fût d’ailleurs le DJ de Marley Marl en radio (j’ai dit pionnier!!!), mais là où il s’illustre véritablement selon moi, c’est à la prod. Pete Rock, c’est un peu le parrain des samples Soul et Jazz dans le rap, des tracks légendaires comme le “How to roll a blunt” de Redman ou “Rather unique” de Az peuvent en témoigner. Il est aussi un des grands acteurs avec du plus grand disque hip hop de l’histoire, Illmatic de Nas où il sera l’un des nombreux producteurs du disque et un consultant de choix pour le jeune mc du Queens.
En tant que rappeur, son duo avec CL Smooth est inoubliable, ces deux là étaient pour moi un pendant de Gangstarr, dommage qu’ils se soient séparés si tôt, le rap ne s’en serait que mieux porté. Cela dit, les morceaux que je préfère de sa discographie en tant que mc sont en solo, “Tha game” en featuring avec Raekwon et Ghost du Wu-Tang et Prodigy de Mobb Deep et puis le “Tru master” avec Inspektah Deck et Kurupt de Dogg pound. Ces deux là sont inoubliables pour moi, du grand grand hip hop!!! Pete Rock a produit, jusqu’à aujourd’hui pour un nombre d’artistes hallucinants, même Akhenaton a eu droit a son petit remix de la légende pour “La face B”, la classe quand même!!! Parce Que oui, j’allais presque oublier, Pete Rock, c’est aussi un peu le roi du remix!!! Je vous en ai pas mis tant que ça dans la playlist, mais si vous fouillez un peu, vous devriez trouver quelques pépites! Alors j’espère que le Soul brother continuera de produire encore longtemps, car même si il se fait plus rare, quand il s’y met, ça rigole pas, le “Holy Moly” de Talib Kweli peut en témoigner ou encore plus récemment la sublime collaboration entre Estelle et De La Soul sur le dernier disque de ces derniers, que du bonheur!!!
RZA
Est-il encore besoin de présenter RZA? L’architecte du Wu-Tang, celui sans qui, le son de Shaolin n’aurait jamais vu le jour… On ne sait jamais alors, si vous ne le connaissez pas, RZA aka Bobby Steele aka Prince Rakeem aka Bobby Digital (le mec a plus de surnoms que de cheveux sur la tête!) est celui qui a eu l’idée de lancer ses 9 potes de Staten Island dans l’aventure Wu-tang clan, quelle bonne idée il a eu de les sortir des “corners” et de les mettre dans une cabine d’enregistrement, c’est Method Man lui même qui raconte l’anecdote. Sans cette idée de génie, le fameux “Enter the Wu Tang (36th chambers)” n’aurait jamais existé. Ils ont cassé les codes ces gars de Shaolin, poussé les portes des radios pour jouer leur son si différent de ce qui se faisait auparavant. Le style de RZA est plein de dissonance, très empreint de Soul et d’influences asiatiques aussi, je vous rappelle qu’ils sont tous fans de films de Kung-fu.
RZA n’a pas fait que produire pour son propre groupe, une fois la popularité des siens accomplie, les artistes se sont vite rendu compte du talent de “The abbott” et pas que dans le milieu hip hop, des gens comme Björk, Texas ou encore Catherine Ringer (oui oui) ont eu le droit a des prods du génie du Wu Tang. Bien sûr les rappeurs les plus aguerris ont voulu aussi un petit bout du RZA et pas des moindre, de Jay-Z à Kendrick Lamar, les grands ne cachent pas leur plaisir à poser sur les instrus de Rakeem.
Pour finir, le bonhomme et non seulement un génial producteur, un mc très talentueux, mais il est aussi un acteur plutôt décent, vous pourrez le retrouver dans Ghost dog ou encore dans la géniale “Californication”, série avec David Duchovny. Il est aussi réalisateur pour “The man with the iron fist”, dont il est également l’acteur principal, ça le fait non?
Large Professor
“Large Professor’s my mentor and that’s how the story ends”… Ces mots de Nas dans le morceau de J.Cole “Let Nas down” pèsent tellement lourd dans l’histoire du rap, quand on sait ce que Nas représente, qu’il reconnaisse Large Professor comme celui qui a fait de lui ce qu’il est, est un témoignage de la grandeur du gars.
Au départ, c’est son pote Paul C, qui bosse beaucoup avec Eric B. & Rakim à l’époque, qui lui apprend les bases et lui mets le pied à l’étrier en le faisant croquer sur l’album d’Eric B. & Rakim. C’est à peu près à ce moment là, qu’il rencontre Nas et qu’il rentre dans le groupe Main source avec qui il ouvrira les portes au jeune mc du Queens, qu’on entendra pour la première fois sur le mythique “Live at the BBQ”.
Tous les grands de l’époque bossent avec lui, Big Daddy Kane, Kool G Rap ou encore A tribe called quest profitent des prods qu’il crée en allant fouiller dans les boutiques de vinyl, pour trouver les meilleurs samples. Il raconte d’ailleurs qu’à l’époque, les samples n’étaient pas encore réglementés par les droits d’auteurs et c’était une bataille permanentes dans les bacs des boutiques de son, il dit qu’il était très commun qu’il se retrouve au même endroit que Pete Rock ou Q-Tip, en train de fouiller dans les mêmes bacs. C’était l’occasion aussi de partager leurs expériences, à ce moment là, l’ambiance était plutôt bon enfant dans le hip hop et d’ailleurs, la plupart de ces gars ont bossé ensemble sur le légendaire “Illmatic” de Nas, dont je parlais plus haut. Large Professor est également un excellent mc, même si ce n’est pas sa qualité première, son album solo après sa séparation avec Main Source, s’est longtemps fait attendre et même si il n’a pas rencontré le succès commercial attendu, les puristes reconnaissent que “The LP” est un disque de qualité et les suivants feront de même.
Alors pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est le moment de la séance de rattrapage, Large est un incontournable de l’histoire du rap New Yorkais.
No I.D.
Si vous avez un peu l’habitude de venir jeter un oeil à Sème la zic, vous avez peut-être vu que j’étais un gros fan de Common. Et bien sans No I.D., la carrière de la légende de Chicago n’aurait sans doute pas été ce qu’elle est aujourd’hui, car il est l’un des grands artisans du son de Common. Vous pourrez voir voir que les collaborations des deux potes apparaissent de nombreuses fois dans la playlist. Alors, je parle de Common, parce qu’ils marchent ensemble depuis le départ, au début des années 90, mais en réalité, c’est la majeure partie du rap de Chicago qui lui doit ses lettres de noblesse et notamment un certain Kanye West. Monsieur Kardashian le reconnaît ouvertement comme son mentor et le clame même dans plusieurs de ses morceaux. C’est No I.D. qui est aussi à l’origine de la rencontre de Kanye et Jay-Z.Vous imaginez le hip hop moderne sans la collaboration de ces deux monstres? Ca aurait été dommage non?
Bien sûr, No I.D. ne s’est pas contenté de produire pour ses confrères Chicagoans, avec un tel talent, ça aurait quand même été du gâchis! De nombreux artistes ont profité de ces prods, que ce soit dans le rap ou dans le R’n’B, Rihanna, Melanie Fiona ou encore Joy Denalane ont su exploiter le talent de No I.D. à des fins plus “vocales” et il en est ressorti des pépites comme “This time” ou “We all want love”. Pour ce qui est des rappeurs, Jay-Z bien sûr, mais aussi Rick Ross et Nas ont découpés les instrus du bonhomme.
Normalement, vous devriez vous régaler, personnellement, je trouve que No I.D. n’a pas la notoriété qu’il devrait avoir et c’est bien que les artistes pour qui il produit, le cite régulièrement, en ça, il me fait un peu penser à 9th Wonder dont je vous avais parlé dans la première partie du focus sur les Beatmakers.
Dr Dre
Je me suis gardé le plus gros morceau pour la fin!!! Le docteur le plus célèbre de l’histoire de la musique, LA LÉGENDE, ladies and gentlemans… Dr DRE!!!
Je vais pas vous refaire l’histoire, tout a déjà été dit sur Dre, c’est pour ça que je ne l’avais pas mis la première fois, mais je me suis dit: Quand même… comment je peux écrire sur les beatmakers, sans mentionner celui qui a produit une grosse partie des tracks qui m’ont fait tomber amoureux du hip hop. Au départ, quand j’ai commencé à écouter du rap, au début des 90’s, cette musique était un monstre à deux têtes, d’un côté RZA et son Wu-tang et de l’autre, la West Coast de Dr Dre, qui régnait sans partage sur le hip hop Californien et grossièrement sur toute la côte ouest en général. Alors, évidemment, la réalité était différente, il y avait des artistes comme Too Short, E-40 et d’autres qui n’était pas sous la coupe du docteur, mais bon avec mes oreilles de 12 ans, je faisais ce que je pouvais…
Cela dit, après avoir mis le gouvernement américain à l’écoute avec N.W.A, la carrière de Dre en tant que producteur a encore plus explosé quand il a signé chez Death Row, avec son futur meilleur ennemi, Suge Knight, c’est la période dorée des “The Chronic”, “Doggystyle” et autres “Dogg food”, quel bonheur pour mes oreilles, les sirènes distordues et les grosses basses inondaient mon walkman, je rêvais d’avoir une cadillac et de pouvoir la faire rouler sur 3 roues!!! En réalité, je dirais que sa rencontre avec Jimmy Iovine, grand ponte du rock a changé, à ce moment là, l’histoire de la musique. La suite, on la connaît, les conflits entre Dre et Suge, qui l’ont conduit à monter son propre label, “Aftermath records”, qui après des débuts un peu chaotiques avec “Dr Dre presents… The aftermath” ou “The firm”, finira par être le monstre qu’il est encore aujourd’hui, notamment grâce au tant attendu “Chronic 2001” qui relancera définitivement Dre. Le vrai 2ème tournant, c’est la rencontre avec Eminem, le rappeur blanc de Detroit, dont personne ne voulait! Et bien, le doc a su le soigner et en faire le “Rap God ”, le “Slim shady”!!! A ce jour, le succès de Dre n’est plus jamais retombé, un véritable sans faute avec des signatures comme Busta Rhymes, Eve ou Xzibit, puis 50 cent, The Game ou Kendrick Lamar et même encore plus récemment avec le génial Anderson .Paak, le Doc a le nez fin et se trompe rarement! Même chose pour ses décisions commerciales, le meilleur exemple étant bien sûr les fameux casques “Beats by Dre” et le rachat par Apple du produit en question, je suis d’ailleurs certain que nombre d’entre vous sont en train d’écouter les playlists avec ce fameux casque frappé du B conçu par le docteur du rap, allez avouez…
Laurent
Et pendant ce temps-là, dans le hip hop underground…

Avec toutes ces sorties ces derniers temps, c’est difficile pour moi de choisir et de vous parler de tous les disques qui me plaisent en ce moment, du coup, je triche un peu, je vais raccourcir un peu mes speechs (souvent un peu long) et vous parler de deux disques un peu plus souterrains, que j’ai beaucoup aimé et qui ont pu se noyer dans la masse des grosses sorties.
D’abord une collaboration en trio avec trois artistes habituellement solo, qui unissent leurs talents pour “Fetti” et il s’agit ici d’Alchemist, un producteur/rappeur de génie dont je vous ai déjà parlé dans la chronique sur les beatmakers, du plus grand représentant du rap de l’indiana, le seul et unique Freddie Gibbs et enfin, tout droit sorti de la Nouvelle Orléans, celui qu’on appelle Curren$y.
Si je suis clairement fan des deux premiers, Curren$y, est selon moi le maillon faible du trio. Pas qu’il ne soit pas talentueux, je l’avais par exemple beaucoup aimé dans le morceau avec Talib Kweli et Kendrick Lamar, où chacun parle de sa ville d’origine, “Push thru”, il est juste un cran en dessous de Freddie et Al, trop linéaire dans sa façon de rapper pour moi.Pour en revenir au disque, composé de neuf titres, il est très solide et assez varié dans sa production. Alchemist en a donné pour tout le monde, de la prod bien hardcore d’un “WillieLloyd” (où Gibbs est impérial), qu’il aurait pu réserver à un disque de Mobb Deep à un morceau plus cool comme “Bundy & Sincere” ou “The blow”, les trois compères se régalent et nous offre un petit plaisir pour les oreilles avec ce “Fetti”. Un disque assez court dans son nombre de plages, mais ça devient un format récurrent n’est-ce pas Kanye? en revanche, le produit est à la hauteur du trio de gala!

Quant au deuxième disque, “A Breukelen Story”, fruit de la combinaison de Masta Ace et Marco Polo c’est mon véritable coup de coeur de cette fin d’année, il représente tout ce que j’aime dans le hip hop, de grosses instrus, des choses à dire, bref du talent à revendre!!!
Ce disque est construit comme une histoire, comme souvent pour les skeuds de Masta, sauf que là,il n’est pas seul et les deux protagonistes ont donc choisis de raconter une histoire qu’ils connaissent mieux que personne, la leur.
L’arrivée de Marco Polo à Brooklyn, ville natale d’Ace, est racontée par des coups de fils à ses parents, dans les interludes qui viennent rythmer le disque et donner le cadre à cette “Breukelen story”. D’ailleurs pourquoi Breukelen me direz-vous? Et bien, du temps de la colonisation Néerlandaise, les colons ont nommé la ville comme ça en hommage à la ville de Breukelen aux Pays-Bas. Voilà, pour le moment “Bouillon de culture”, revenons à notre histoire, celle de la rencontre entre les deux artistes. Tout commence avec “Nostalgia”, la première d’une longue liste de collaborations entre Polo et Ace jusqu’à cet album commun. Ces deux-là étaient faits pour s’entendre et briller ensemble, les instrus Boom Bap de Marco Polo pour mettre en valeur les histoires rappées de Masta Ace, c’est juste un duo parfait!!!
Pour ce qui est de ce disque, franchement, c’est un de ceux que j’ai préféré cette année, du début à la fin, j’ai remué la tête, monté le son et bougé encore plus…
Dès “Kings”, le premier morceau du disque jusqu’au très touchant “Fight song”, où Ace parle de son combat contre la sclérose en plaque, il n’y a pas un raté et le climax, c’est sans doute ce “Breukelen Brooklyn”, véritable lettre d’amour à l’un des plus fameux quartier du hip hop. En plus de ça, vous aurez le droit à quelques feat de prestige, avec le bonheur de retrouver un Pharoahe Monch en grande forme ou Styles P, l’ex de The Lox.
Vous allez vous régaler, je vous le garantis!!! Alors, ensemble, abandonnons un peu l’autoroute du mainstream pour s’engager les chaotiques tranchées de l’underground avec ces deux disques.

Laurent
Retour gagnant pour Lil’ Wayne!!!

Et bah… Ca fait longtemps qu’on l’attend celui-là!!! Le cinquième opus de la saga “Tha Carter” est enfin là, perso, je n’y croyais plus. Et du coup, boum!!! Wizzy nous offre 23 titres, vous me direz, avec toute cette patience, on méritait quelques extra tracks non?
Alors voilà, après six ans de batailles, de fausses annonces et de reports, “Tha Carter V” est enfin là! La cover avec la photo de Dwayne enfant présente depuis le troisième opus est bien là, il y est accompagné de sa maman. Le casting de featurings est à la hauteur de l’attente aussi, si je vous fais un petit survol de tout ça, vous allez retrouver Kendrick Lamar pour ce qui est pour moi le sommet de l’album, “Mona Lisa” où les deux mc échangent les couplets sur une “histoire d’amour” comme dans un match de boxe du plus haut niveau, l’un des meilleurs tracks de Wizzy depuis bien longtemps à mon avis. On retrouve également quelques anciens comme Snoop ou Ashanti, Wayne fait même participer sa fille Reginae dans le morceau “Famous” qui a du coup, une touche particulière.
Étonnamment, moi qui ne suis pas vraiment fan de la protégée de Wizzy, la sulfureuse Nicki Minaj, sur “Dark side of the moon”, je la trouve vraiment bonne et notamment au niveau de son registre vocal, elle nous pousse la chansonnette de façon étonnante et ça fonctionne très bien. Enfin, niveau feat. difficile de ne pas parler du premier track du disque “Don’t cry” avec feu XXXtentacion, le jeune rappeur assassiné il y a quelques mois. Ce qui est fou, c’est le côté prophétique du morceau, les lyrics de Wayne évoquent la mort et d’une façon tellement mélancolique que ça donne encore plus de résonnance à ce morceau et à la présence de XXX. Il y a aussi évidemment aussi le banger avec Swizz Beatz qui est à souligner, ce “Uproar” devrait inonder les clubs pendant un bon moment, l’ancien artisan des Ruff Ryders démontre qu’il sait encore faire bouger les gens!!!
Alors vous me direz que moi qui critique si souvent l’autotune, j’encense le disque de Lil’ Wayne qui est un peu celui qui a popularisé cet outil dans le rap moderne et bien je vous répondrais que je n’aime pas l’autotune en général, mais qu’il peut être un accessoire intéressant quand le talent existe derrière l’outil! C’est le cas pour Wizzy et ce n’est pas le premier, bien avant lui, des légendes comme Roger Troutman de Zapp l’utilisait déjà pour booster sa funk et non pour masquer ses défauts vocaux. Le fond du problème de l’autotune, il est là, selon moi, il permet à beaucoup de pseudo rappeurs/chanteurs de sortir de l’ombre quand ils auraient dû y rester, ce n’est bien sûr que mon avis. A bon entendeur…
Laurent
Dans les pensées de Black Thought…

Vous avez peut-être eu l’occasion de lire ma petite chronique sur The Roots et dans ce cas là, vous connaissez mon amour pour ce groupe hors normes, il est donc normal que je vous parle un peu de l’opus que tous les fans de la formation de Philly attendait: Le solo de Black Thought, le lead MC du groupe.
J’ai attendu le deuxième volume de ces “Streams of Thought” pour vous en parler, car je savais qu’une suite était à venir, la première était sortie au mois de juin, pour égayer mon été et celle-ci début Novembre pour réchauffer les soirées d’hiver.
Voilà donc Black Thought à nu, sans les musiciens qui l’accompagne depuis le début de sa carrière, sans la batterie Questlove, ni le clavier de Poyser, non, juste Thought et son micro.
Alors, je dis qu’il est seul, mais ce n’est pas tout à fait exact, pour ces 2 disques, Tariq a décidé de s’entourer de deux très grands producteurs du game, un pour chacun des volumes, à savoir, pour le 1er, 9th wonder dont je vous avais parlé dans mon post sur les beatmakers et pour le second, le non moins talentueux Salaam Remi.
Pour le premier volume (mon préféré), dès les premières secondes, on ressent la patte du beatmaker de Caroline du Nord, qui, empreint de Soul se marie parfaitement avec les lyrics engagés du “wordsmith” de Philadelphia, presque faits l’un pour l’autre je dirais.
Le disque s’ouvre sur un truc énorme concocté par 9th, il a été nous péché un sample d’une inconnue absolue, une certaine Jeanette, une chanteuse Anglaise d’origine Espagnole, qui chante en Français?!? Le morceau c’est “L’amour joue au violon” et 9th Wonder va en sampler non seulement la mélodie, mais aussi la voix de la dame, qu’il va pitcher pour en faire l’instru de “Twofifteen”, qu’évidemment Black va dégommer, une vraie pépite!!! Viens ensuite le top du top, le duel “9th vs Thought” et là, préparez-vous à du rap de haut niveau avec une instru Boom Bap du meilleur goût, c’est l’un des tracks de l’année pour moi.Pour la suite, vous aurez le droit à des invités de prestige, ce qui ne sera pas le cas du deuxième opus. Vous pourrez retrouver Rapsody, la protégée de 9thWonder, mais aussi Styles P, l’ancien de TheLox qui participe à “Making a murderer” le single qui a lançait les rumeurs sur le net.

Dans le deuxième volume, Tariq a choisi pour nouveau partenaire, le producteur touche a tout, Salaam Remi. Celui qui a travaillé avec un peu tout types d’artistes, de Nas à Amy Winehouse en passant par Nelly Furtado, n’est pas celui auquel j’aurais pensé pour prendre la suite de 9th Wonder, pas qu’il n’est pas talentueux, bien au contraire, mais je n’aurais pas forcément associé les 2 styles … et pourtant, ça le fait grave!!!
Je dirais même de cette collaboration, qu’elle m’a offert mon track préféré des deux volumes, à savoir “Streets”, un peu dans le même style que “9th vs Thought” dans le 1er, le beat frappe fort et Black Thought est au sommet sur ce genre là, le refrain de Tysh Hyman vient sublimer le tout et en ressort une vraie bombe!!!
Globalement, ce volume est plus jazzy et comme dans le premier, si la part belle est faite à Black Thought, bien sûr, la prod. de Salaam Remi est impeccable, des morceaux comme “The new grit” ou “Fentanyl” puent le hip hop et je m’en régale à chaque écoute!
Le seul reproche que je pourrais éventuellement faire à cette deuxième mouture, c’est que Black Thought a doublé le nombre de morceaux, mais a raccourci les durées, souvent pas plus de deux minutes, comme pour les deux que je viens de citer, sauf que c’est tellement bon, qu’on voudrait que ça dure.
En dehors de ça, je peux vraiment pas reprocher grand chose à ces deux disques, Black Thought nous a fait attendre, mais ça valait le coup d’entrer dans ses pensées.
Laurent
Jay Rock the bells!!!
Win Win Win, Fuck everything else, Win Win Win!!! Ma chronique aurait pu s’arrêter là tant j’ai aimé le disque de Jay Rock, une vraie réussite!!! L’album en question, c’est “Redemption”, de nous avoir fait patienter si longtemps peut-être?
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Jay Rock est le premier mc’s de l’écurie TDE (Top Dawg Entertainment), celle-là même qui abrite un certain Kendrick Lamar, mais aussi Schoolboy Q ou encore SZA, dont je vous ai parlé l’an dernier. “Redemption” est donc le 3ème album studio de Jay, après “Follow me home” en 2011 et “90059” il y a 3 ans, le voilà de nouveau sur le devant de la scène. Cet album est selon ses dires, celui qui devait lui faire passer un cap et pour moi, c’est le cas! Premièrement, parce que c’est clairement le premier de ses disques qui bénéficie d’une si grande exposition et parce que l’expérience et les années ont perfectionné son flow si brut et que même si il est toujours le rappeur hadcore qui a porté TDE avec Kendrick à ses débuts, on le sent plus posé sur les beats et la variété de ceux-ci montre que Rock s’autorise à essayer de nouvelles choses et seul un mc sûr de lui et de son talent peut se permettre ce genre de chose quand il est attendu au tournant comme ça.
Pour revenir sur le disque en question, il comporte treize titres et vraiment pas de temps faibles, c’est assez rare pour le mentionner sur un disque au format classique, preuve en est avec la série de sorties de Kanye West sur GOOD music, qui a choisi de réduire à sept titres ou même Black thought qui,lui, n’en a mis que cinq.
“Redemption” nous parle du parcours difficile de Jay Rock, originaire du Watts, l’un des quartiers les plus difficiles de Los Angeles, de la persévérance dont il a dû faire preuve pour arriver là où il est aujourd’hui, des morceaux comme “Osom” avec J.Cole le résume bien. Les singles mis en avant pour lancer le disque ont aussi été choisis à la perfection, les clips également, “Win” dont je chantais le refrain en début de chronique est selon moi, l’un des bangers de l’été, “King’s dead” en featuring avec Kendrick et Future est génial aussi, mais son clip dépasse toutes les attentes, en course pour la vidéo de l’année sans aucun doute et enfin “The bloodiest” n’est pas en reste, même si je le trouve un cran en dessous des deux autres. Je lui préfère deux morceaux en particulier, “ES tales” avec son sample de piécette de Super Mario, qui peut paraître anecdotique, mais qui rend le track vraiment marquant et puis “Knock it off” aussi, l’un des morceaux les plus cools du disque.
On est vraiment gâtés niveau featurings aussi, hormis ceux que j’ai déjà cité plus haut, on retrouve aussi Jeremih, la sublime SZA et un morceau freestyle en duo avec Kendrick Lamar pour “Wow freestyle”.
Alors je conclurais comme j’ai commencé en disant que “Redemption” est un WIN WIN WIN!!!
Laurent.
Mac Miller, un artiste que j’ai découvert trop tard…
Voilà un énorme gâchis de talent et un gros raté de ma part musicalement parlant, je parle du jeune mc de Pittsburgh, décédé ce 7 Septembre, Mac Miller. Je reconnais être totalement passé à côté de Miller, depuis son début de carrière jusqu’à récemment et son passage au Tiny Desk de NPR music, une vidéo que vous pourrez voir plus bas.
Bien sûr, j’avais entendu des tracks par ci par là, des featurings aussi, mais je sais pas, je ne suis jamais vraiment entré dans son univers sans non plus m’expliquer pourquoi. Quoi qu’il en soit, sa performance dans ce petit coin de paradis musical que sont les Tiny Desk m’a marqué et d’autant plus depuis son décès. En réalité, c’est le dernier morceau du set qui m’a fait craqué, “2009”, j’y ai découvert un artiste bien plus profond que je ne l’imaginais et son attitude durant ce dernier, change totalement du reste du set et de ce que je connaissais de ce jeune homme en général. Une mélancolie soudaine le prend et avec le recul et son décès, on a l’impression qu’il sait, comme si il avait compris que sa route s’arrêterait bientôt, trop tôt…
Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de me plonger un peu dans sa discographie et je n’ai pas été déçu, avec cinq albums studios et une dizaine de mixtapes à son actif, Mac a posé son empreinte sur le hip hop depuis la moitié des années 2000 et son début de carrière à 15 ans avec But My Mackin’ Aint Easy en 2007. Au fil des disques et des collaborations, il a su peaufiner son art jusqu’à proposer “Swimming” cet été, d’où est issu le morceau “2009” dont je vous parlais plus haut.
Alors, voilà, je vais pas en faire des tonnes comme si j’étais familier de sa musique depuis des années ce n’est pas le cas, mais je dois reconnaître que j’ai des regrets de ne pas avoir découvert cet artiste plus tôt et vu les témoignages au suite de son décès, de Black Thought à Kendrick Lamar, en passant par J.Cole ou Talib Kweli et bien d’autres encore, on ne peut qu’admettre que ce petit gars de Pittsburgh avait du talent et qu’il nous a quitté trop tôt, alors RIP Mac Miller…
Laurent
Oddisee suit son cours…
Encore un artiste “séance de rattrapage” dont je vais vous parler aujourd’hui, il s’agit d’Oddisee, le jeune mc originaire de Prince George dans le Maryland avant de s’installer très jeune dans la capitale, Oddisee fait partie de ses rappeurs qui ne viennent pas des villes majeures du hip hop US et comme souvent avec ceux-là, il nous propose une musicalité différente de ce qu’on peut trouver à NY (même si c’est de celle-ci dont il est le plus proche), à L.A ou encore à Atlanta, Oddisee a son propre style ou devrais-je dire ses propres styles, car c’est le genre de gars qui expérimente et varie les plaisirs.
Parfois, je retrouve un peu le flow d’un Talib Kweli au niveau de la rapidité et de la précision des rimes, il aborde aussi le même type de sujet, à savoir le contexte politique américain, la vie de tous les jours, son vécu, les problèmes sociaux… Vous l’aurez compris, c’est un de ces artistes engagés, qui n’a pas sa langue dans sa poche. Physiquement et dans son comportement scénique, il me rappelle également Gaël Faye, dont je vous ai parlé il y a quelque temps.
Cet été me semblait être un bon moment pour vous faire (peut être) découvrir ce gars un peu en retrait des lumières du hip hop mainstream, qui selon ses propres mots est heureux de pouvoir faire découvrir un autre aspect de cette musique et de pouvoir en vivre sans vendre du rêve et des faux semblants, ce qui est, plus ou moins la norme de nos jours dans ce milieu.
Avec une dizaine d’albums à son actif en comptant les disques collaboratifs et ceux composés uniquement d’instrumentaux, comme quoi, il est aussi très bon en tant que producteur et qu’il n’a pas peur de perdre son public, c’est aussi ça le bon côté d’avoir une fanbase de puristes, il n’est pas obligé d’être en permanence derrière le mic, même si, bien sûr, c’est là, son talent premier.
Dans la discographie déjà bien fournie d’Oddisee, j’ai envie de mettre en avant quelques titres pour vous familiariser avec l’univers de l’artiste:
“You grew up” sur “The iceberg” en 2017
C’est l’un de mes tracks préférés d’Oddisee, il nous parle ici des causes des violences policières et du terrorisme aux US, tout ça raconté sous la forme de l’histoire de deux jeunes qui, confrontés aux conséquences des choix de leur entourage vont se retrouver embarqués dans des chemins qui n’auraient pas forcément été celui qu’ils auraient pris au départ. C’est tout de même plus intéressant d’essayer de comprendre que de juger, non? Le visuel du clip aussi est vraiment chouette.
Contradiction’s maze avec Maimouna Youssef sur The good fight en 2015
Comme son titre l’indique, ce morceau est fait d’affirmations et de contradictions, ce puzzle construit en rimes est une véritable plongée dans l’esprit du rappeur et un tour de force car réussir à dire tout et son contraire, sans paraître complètement dingue et en rimant en plus, moi je dis chapeau!!! La sublime voix de Mumu Fresh sur le refrain ajoute une superbe note jazzy au morceau.
Let it go sur “People Hear What They See” en 2012
Sampler le “Shaft” d’Isaac Hayes, c’est toujours un peu gonflé vu comme le titre est légendaire, c’est le genre d’exercice où il ne faut pas se rater et pour le coup, ici, c’est vraiment réussi! Oddisee explique un peu sa vision de la vie, l’attitude qu’il adopte, à savoir, laisser ses problèmes de côté et continuer d’avancer, ne pas faire cas des obstacles et foncer, il faut dire que ça lui réussit plutôt pas mal! C’est avec ce morceau que je l’avais découvert.
Own appeal sur “Tangible dreams” en 2013
Oddisee est un mc qui voyage, qui voyage beaucoup, il a vécu en Allemagne pendant un temps, est familier de la culture européenne, il dit que sa musique existe de par ses voyages, que peu importe où il va, sa musique le suit, il se fabrique un studio avec un coin de table et ce morceau est là pour illustrer cette passion de découvrir le monde et de s’en imprégner.
Sur ce, je vous laisse en compagnie d’Oddisee pour (re)découvrir un artiste qui en vaut vraiment le détour et qui sera demain soir au New Morning et moi aussi d’ailleurs!!!
Laurent
Beatmakers, des hommes derrière les hits.
Les beatmakers dans le hip hop, ça fait un moment que j’ai envie de mettre en lumière ces hommes de l’ombre, ceux qui créent les instrumentaux des morceaux qui nous hantent pendant des années, ceux sans qui on ne bougerait pas la tête en entendant du rap! Alors, oui, aujourd’hui certains sont des stars, presque au même titre que ceux qui donnent vie à leurs instrumentaux, mais malgré tout, je trouvais important de vous dire un peu qui a fait quoi et bien sûr j’ai dû faire du tri, du gros tri même, que ce soit sur le choix des producteurs ou sur leurs oeuvres, j’en ai donc choisi six, qui ont pour moi bien façonné le hip hop depuis les années 90 à nos jours et choisi une dizaine de morceaux pour chacun.
J.DILLA
Je commence par un de ceux qui nous manque cruellement dans le paysage musical actuel, l’un des artisans des fameux Soulquarians et membre des Slum Village, l’incontournable J.Dilla. Maître absolu de la MPC, le natif de Detroit a une carrière aussi grandiose qu’elle fût courte, malheureusement fauché en pleine course par une grave maladie du sang à l’âge de 32 ans. Malgré ça, l’ancien de Slum Village reste l’un des producteurs les plus respecté, voire admiré dans le monde du hip hop, ceux qui ont travaillé avec lui, comme Common, Erykah Badu ou encore Talib Kweli en sont restés marqués à jamais et leurs musique est empreinte de l’esprit de Dilla. Son talent se résume facilement avec une anecdote de Questlove, le batteur de The Roots, grand ami de Jay Dilla: Un jour, pendant l’époque dorée des Soulquarians, Dilla assure qu’il est capable de sampler n’importe quel morceau et défie Quest de lui sortir un morceau. Le batteur qui est quand même une encyclopédie musicale, lui dégote un morceau de Rick James, dont il est persuadé qu’il n’est pas samplable, trop rapide selon Quest. Dilla se marre et ressort 20 minutes après avec un beat qui deviendra le fameux “Dooin it” de Common, Questlove en aurait presque perdu son afro légendaire.
9th WONDER
Sans doute le moins connu de la liste, mais pas à juste titre, en terme de talent et de productions majeures, ce “petit” gars de Caroline du Nord se pose là! Si vous aimez les samples Soul et Jazzy, 9th Wonder est le gars qu’il vous faut!
Il a commencé sa carrière en étant membre et producteur du groupe Little Brother avec Big Pooh et Phonte et s’est fait repérer réellement en remixant un morceau de Nas sur l’album “God’s son”. C’est l’ingénieur du son d’un certain Jay-Z, Young Guru qui est bluffé par le talent de 9th, il le contacte et lui dit que Jay a besoin d’un morceau pour son “Black album”. 9th Wonder se retrouve en studio avec l’une de ses idoles et on lui dit qu’il a grossièrement 20 minutes pour faire l’instru, ça va, pas de pression… En ressort “Threat”, Jigga garde le morceau pour l’album et c’est parti!!! Depuis, 9th a produit pour Talib Kweli, Kendrick Lamar, Erykah Badu et j’en passe… Dernièrement, le producteur de Caroline du Nord s’est concentré sur sa dernière trouvaille, Rapsody, pour qui il a produit entièrement son premier disque “Laila’s wisdom”, mais je vous en ai déjà parlé.
SCOTT STORCH
LE producteur star des années 2000, tout le monde se l’arrachait à l’époque, statistiquement, Scott Storch, c’est quasiment 1 hit sur 2 dans le hip hop et le R’n’B du début de ce millénaire. Au départ, Storch est l’un des membres originaux des Roots, chargé du clavier et si il quitte le groupe en tant que régulier quelques années plus tard, il reste proche de la formation de Philly et produit encore de temps à autre pour eux. C’est le cas sur “You got me”, le titre qui l’a révélé au grand public. Quelques temps plus tard, c’est LA véritable explosion avec “Still D.R.E” pour le “Chronic 2001” de Dr Dre, à partir de là, c’est la montée en flèche pour Scott et pendant une dizaine d’années, on ne verra que lui en haut des charts US. Malheureusement, Storch a du mal à gérer ce succès fulgurant et laisse progressivement de côté la musique pour privilégier la fête et les substances illicites, il doit se faire hospitaliser à plusieurs reprises et finit même par se déclarer en banqueroute. Tout espoir n’est pas perdu pour Scott Storch, car depuis quelques temps, on l’a vu plusieurs fois au boulot et notamment avec Russ, une jeune étoile montante du hip hop, alors préparez vous à bouger la tête en 2018.
JUST BLAZE
Juuuuuuuuuuust Blaaaaaaaaaaazzzzzzzzze!!! Vous l’avez forcément ce petit gimmick vocal fait par le DJ du New Jersey, c’est sa signature musicale et vu la quantité de production du bonhomme, on l’a entendu un bon nombre de fois. Just Blaze, c’est typiquement les prod qui font bouger, le hip hop qu’on peut passer dans les clubs, dans vos soirées, c’est du sûr, ça va danser. Gros collaborateur de Jay-Z, principalement dans les années 2000 sur son Black Album ou sur les Blueprints, il s’épanouit aussi bien dans le rap que dans le R’n’B. Il a aussi beaucoup bossé avec Fabolous, pour qui il a produit les tubes “Can’t let u go” et “Breathe”. Pour réaliser ses morceaux, Blaze a samplé beaucoup de Soul, mais aussi de la pop, de l’électro, son univers est peut être le plus ouvert des 6 beatmakers dont je vous parle aujourd’hui.
THE ALCHEMIST
Le plus underground de la liste, sans aucun doute, si vous cherchez du rap sombre qui passe dans les ruelles malfamées, il y a de fortes chances pour qu’Alchemist soit derrière celle-ci, c’est Action Bronson qui en parle le mieux et qui définit sa musique comme la bande originale sur laquelle vous vous ferez assassiner (rires)!!! Plus serieusement, Al est un véritable génie et les mc’s le savent bien, chacun de ses beats sont hyper travaillés et très souvent finissent comme l’un des morceaux phares de leurs disques. Les quelques exemples de la playlist sont frappants et personnellement, les tracks qu’il a fait avec Mobb Deep sont tout simplement légendaires, plus récemment, c’est avec Action Bronson qu’on l’a retrouvé le plus souvent, que ce soit derrière la table de mixage ou dans son émission “Fuck that’s delicious” dont je vous avais parlé il y a un moment déjà. Leurs échanges sont souvent hilarants et la personnalité colorée de Bronson qui contraste fort avec celle d’Alchemist valent vraiment le détour.
DJ PREMIER
Comment finir cette chronique autrement qu’avec Primo? La légende du rap New Yorkais, monsieur Boom Bap, l’autre moitié du duo mythique avec Guru, à savoir Gangstarr. Ce gars est probablement la plus grande encyclopédie du hip hop et l’un des beatmakers les plus légendaires de l’histoire, au même titre qu’un Dr Dre (je sais,il manque à ma liste, mais c’était voulu) pour la West Coast, chaque instru de Preem est une mine d’or pour les mc qui en hérite. Hormis l’évidence Gangstarr, on trouve dans la liste des heureux élus Jay-Z, Nas, Busta Rhymes, Joey Badass, Capone & Noreaga, je m’arrête la parce que la liste est sans fin, mais bon avouez qu’il n’y a que du lourd…
Avec son style reconnaissable entre mille, les samples soul, les grosses basses, les kicks qui frappent fort et les fameux refrains scratchés parmi les propres morceaux de l’artiste derrière le mic, Premier, c’est une véritable identité! Alors évidemment, aujourd’hui avec la multiplication des beatmakers, la facilité d’accès aux outils de la MAO, il est un peu moins visible, mais malgré tout, dès qu’un projet sort estampillé DJ Premier, c’est un événement! Et si tous ne veulent pas l’admettre, le hip hop ne serait sans doute pas où il est sans le DJ de Gangstarr.
Laurent
L’été musical de Kanye West.
Il l’avait promis et il l’a fait! Je vais pas perdre du temps sur ses déclarations scandaleuses ni ses prises de positions, ce blog n’a pas vocation à ça, mais je vais parler musique, là où Kanye West aurait dû rester, parce que c’est là qu’il est bon… parfois.
Quoi qu’il en soit, West avait dit qu’il allait produire cinq albums et les sortir au rythme de un par semaine, soit chaque vendredi entre fin Mai et fin Juin, perso, j’en doutais un peu, le type n’est pas hyper carré sur ses dates de sorties habituellement, mais cette fois-ci, il a géré un sans fautes et la prise de risque était maximum avec des artistes de haute volée dans les studios, au programme: Pusha T, Nas, Teyana Taylor, Kid Cudi et Kanye himself!!!
Voici une petite revue d’effectif rapide avec pour tous les disques, un format de sept titres, ce qui est honnêtement l’un des coups de maître de cette série, ça évite clairement les temps morts.
Pusha T avec “Daytona”
J’ai choisi de les prendre par ordre de sortie parce que sans ça, je l’aurais gardé pour la fin, car, clairement, c’est le meilleur opus des cinq! L’album était attendu depuis un long moment par la communauté hip hop et Push a su être à la hauteur de celle-ci, je ne peux rien enlever des ces sept titres. La prod de Kanye est au top avec des instrus comme ils savaient en produire à sa grande époque, plus orienté Soul qu’Electro et clairement, quand il revient à ce qu’il connaît le mieux, il est au sommet. Pusha T quant à lui détruit les beats un à un, que ce soit sur l’ouverture plutôt cool “If you know you know” ou sur le très dark “Santeria”, Push est égal à lui-même, son flow est passe partout et ici, c’est une vraie réussite! A noté le “Hard piano” avec Rick Ross en featuring, excellent aussi, bref, je valide à 200%.
Kanye West avec “Ye”
Voilà donc le disque qui sert plus ou moins de lettre ouverte pour expliquer les récents dérapages de West, d’abord la couv’ qui confirme sa bipolarité (qu’il considère selon ses dires comme un super pouvoir, mouais…), il parle aussi de ses problèmes d’addiction, ses brouilles avec Jay-Z, de sa famille, miss Kardashian comprise bien sûr, bref Kanye s’ouvre à son public après l’avoir tant choqué et perdu nombre de fans. Cela-dit, musicalement, c’est, selon moi le projet le plus abouti de l’enfant de Chicago depuis bien longtemps, pendant ces 25 minutes, il abandonne un peu ses expériences musicales et c’est tant mieux, on retrouve un peu de l’artiste qui faisait sensation avec son “College dropout”. Ici “No mistakes” avec le toujours génial Charlie Wilson et Kid Cudi et “Ghost town” ou Ye se permet des vocalises sont mes coups de coeur du disque.
Kanye et Kid Cudi avec “Kid see ghost”
Là, déjà je suis moins convaincu, même si le duo fonctionne plutôt bien et que j’ai eu une grosse période Kid Cudi avec ces “Man on the moon”, je trouve qu’il manque quelque chose à ce projet et c’est le cas aussi sur le disque dont je parlerais ensuite, je trouve le mix un peu léger, on a l’impression que le disque sort mais qu’il n’est pas finalisé. Alors qui suis-je, me direz-vous pour juger de la qualité de mixage d’un album comme celui-ci? Et bien je me permets de le faire car je trouve qu’un producteur aussi talentueux que Kanye ne devrait pas se la jouer aussi facile, parfois les voix semblent trop fortes, parfois c’est le beat, je sais pas, quelque chose cloche dans mon oreille! Malgré tout, le disque reste correct et nous offre quelque bons moments, notamment avec le morceau “Reborn” où Cudi semble le plus à son aise, mais aussi le featuring avec Yasiin Bey alias Mos Def sur “Kids see Ghosts”.
Nas avec “Nasir”
Pour cette quatrième sortie de la série, la pression était d’un tout autre niveau, puisqu’il s’agit de la légende du Queens, Nasty Nas himself!!! Six ans qu’on attendait un disque d’Esco, alors clairement, il ne fallait pas se rater sur ces sept titres! Et le sentiment est … mitigé!!! Comme pour Kids see Ghosts, je trouve qu’il y a parfois un sentiment de bâclé mais à contrario, ici, on retrouve aussi l’excellence de Nas, “Not for radio” et “Adam and Eve” sont tout simplement géniaux, “Everything” vraiment pas mal aussi, Nas nous expose sa vision du monde actuel et ce qu’il aimerait y changer, un brin utopiste, mais intéressant. Le tour de maître du disque, c’est sans doute “Cops shot the kid” où Kanye a concocté tout une instru autour d’un scratch de Slick Rick (idole de Nas), c’est hyper rythmé, le texte est tendu, on y parle des violences policières et West y va même de son couplet, c’est pas mon morceau favori mais c’est super bien bossé!!! Après, le reste de “Nasir” est très très en dessous, “Bonjour” semble être du remplissage et sur un sept titres, c’est juste pas possible! “White label” et “Simple things” pas vraiment plus passionnants, c’est correct, on va pas se mentir, mais on attend plus d’Esco, surtout sur un format aussi compact! Donc on alterne le très fort et le moyen, après six ans, je me permets d’être quand même un peu déçu.
Teyana Taylor avec “KTSE”
Dernier projet de la série et c’est un projet un peu à part, puisque c’est le seul disque R’N’B parmi les cinq, alors, ce n’est pas un problème parce que West est un producteur aux multiples talents et que les instrus qu’ils proposent ne se limitent pas au rap, loin de là. Teyana Taylor aussi, était attendu, tant son premier disque avait fait sensation et on peut dire qu’elle maîtrise son sujet cette fois encore, l’album est posé, la voix de Teyana envoûtante, des tracks sexys comme “Hurry” ou Kanye fait son apparition comme sur les cinq disques de la série où ceux plus Soul comme “Rose in Harlem” ou “Gonna love me”, la jeune New Yorkaise assure et je dirais qu’elle conclut cet été musical estampillé GOOD MUSIC de belle manière.
Laurent