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Lucky Peterson fait pleurer le Blues.
Début de semaine brutal et triste, malgré la présence réchauffant du soleil. Après le cinéma touché par la disparition du géant Michrl Piccoli, à l’âge de 94 ans, c’est le bluesman Lucky Peterson qui est décédé brutalement hier, victime d’un AVC à 55 ans seulement. Cela méritait bien un petit hommage.
Né à Buffalo en 1964, la musique, le jeune Lucky Peterson y est confronté très tôt puisque son père James Peterson est chanteur-guitariste de blues, et tient un bar, le Governor’s Inn, au sein duquel il va rencontrer des monstres sacrées tels que Muddy Waters, Koko Taylor, Junior Wells. Dans la foulée il apprend à jouer de l’orgue auprès de Jimmy Smith, il a seulement 5 ans! C’est alors qu’il est repéré par le grand Wiliie Dixon.
Mais s’il apprend donc l’orgue Hammond, Lucky Peterson va très rapidement se tourner vers la guitare électrique, qui deviendra son second instrument favori. Il était prêt pour voler vers sa future carrière solo, délivrer sa version du blues, de la soul et rythm’ and blues, avec sa voix un peu cassée, parfois lente, plaintive comme un chat écorché par la vie, et offrir sa fougue scénique au public.
La première fois que j’ai vu Lucky Peterson sur scène, c’était lors du festival de jazz Banlieues Bleues, sous un chapiteau, ce devait être en 1992.
Je le vis debardquer sur scène, avec un petit chapeau, des lubettes cerclées, et une chemise ample cachant un embonpoint. La salle était bondée. Il était entouré de 5-6 musiciens, tous très bons. Deux heures et quart durant, il nous avait régalé, passant sans problèmes d’ un instrument à l’autre, puisque outre la guitare, il joua évidemment de l’orgue hammond, un solo de batterie, et de l’harmonica. Rien que ça! Puis au cours de son concert, le sieur Peterson, généreux à souhait, était descendu dans la salle, partager au milieu de la foule un solo de guitare incroyable de dix minutes. Grand moment.
La deuxième fois que je l’ai vu c’était au festival de jazz de Marciac en 2014. Là aussi sous chapiteau. Devant six mille personnes il avait livré une prestation fantastique, mettant le public dans sa poche par son talent d’ homme de musicien bien sûr mais aussi d’homme de scène. Là encore j’étais ressorti de la soirée enchanté par le spectacle offert par ce musicien. Pour celles et ceux qui souhaitent se faire une idée de cette soirée-là, il existe un enregistrement sonore qui restitue bien qui était Lucky Peterson sur scène.
Reconnu pour son talent, Lucky Peterson a joué avec les p,usa grands noms du blues et du rock des 50 dernières années, de Buddy Guy à Wynton Marsalis, en passant par B.B King, les Rolling Stones, Robert Cray, ou encore le fantasque Bootsy Collins.
Ce n’ est qu’ en 1989 qu’il publiera son tout premier album ‘Lucky strikes’ sur le fameux Labelle blues Alligator. En 996, il publie un album « spirituals & gospels », chants avec lesquels il a grandi en fréquentant les églises et les chorales e dimanche.En 2001, il publie un livre sublime » Double dealin’ ‘. Huit ans plus tard, il enr6egistre un album ou il joue uniquement de l’orgue hammond et reprend des titres soul music. Ces dernières années il a enregistré 2 albums, le premier en hommage à son mentor Jimmy Smith ( « Tribute tous Jimmy Smith » 2017), puis un disque pour célébrer ses 50 a’s de musique, « 50 warming up », sorti l’an dernier. Depuis quelques années il se produisait sur scène avec sa femme, la chanteuse soûl Tamara Peterson.
Fantasque, imprévisible, parfois capricieux mais au fond très généreux, Lucky Peterson a connu une carrière chaotique mais jonchée quand même de très grands moments et donc de belles perles musicales. Je vous laisse avec une sélection de très beaux morceaux, en solo et en duos avec d’autres grands noms.
Tout au long de sa carrière Lucky Peterson n’ aura eu de cesse que de tranmettre son amour de la musique blues, des gospels et spirituals, du rythme rythm’ and blues qui l’ont tant nourri étant jeune. C’était un passeur, dans la lignée des ses aînés B.B.King, Buddy Guy, Muddy Waters, Jimmy Smith.
Guillaume.
Lucky Peterson-Jimmy Smith, Même Tribu !
Oui je sais, le titre semble osé! Mais si je l’empreinte à Claude Moine alias Eddy Mitchell dont le dernier album porte cet intitulé, ici c’est vraiment le cas! Lucky Peterson est issu de la culture gospel-blues (il a commencé tout jeune, par chanter du gospel dans les églises), multi-instrumentiste de talent (batterie, guitare, orgue Hammond, basse) et bien sûr chanteur de blues depuis le début de sa carrière. Sa carrière déjà longue et jalonnée de très beaux disques gorgés de blues, soul, rhythm and blues, ont fait de ce musicien une figure emblématique de la scène musicale des 30 dernières années en Europe et aux Etats-Unis. Ses performances scéniques sont souvent de très haut niveau même le bonhomme a une forte tendance à « cabotiner ».
Son dernier bébé musical est un hommage à une grande figure du jazz des années 60-70, dont l’instrument de prédilection était l’orgue Hammond B3 : Jimmy Smith (photo).
Ce musicien dont style, le jeu percutant, inventif, résolument moderne, a influencé des groupes d’horizons différents comme Les Beastie Boys, Medeski Martin and Wood. Sa sonorité a même influencé les débuts de l’Acid Jazz. A côté de ça, Jimmy Smith a collaboré avec des chefs d’orchestres tel Lalo Schiffrin, Oliver Nelson, ou des musiciens comme les guitaristes Wes Montgomery et Kenny Burrell, le trompettiste Dizzy Gillespie, le pianiste Oscar Peterson. Bref, un poids lourd de l’histoire du jazz!
C’est donc à l’lui que Lucky Peterson a décidé de rendre un hommage bien mérité. Pour cela il s’est entouré d’un casting de musiciens 5 étoiles : Archie Shepp (saxophone), un duo de guitaristes formé par Philippe Petrucciani et le jeune mais très prometteur Kelyn Crapp aux guitares, le vétéran Herlin Riley tenant quant à lui les baguettes (vu ces dernières années aux côtés de Hiromi ou Ahmad Jamal). Le résultat de cet hommage en 9 morceaux est un savoureux mélange de blues, de swing, de rhythm and blues. Sans ostentation, sans en faire trop non plus, Lucky Peterson, hormis 2 morceaux où sa voix intervient (« Jimmy wants to groove », « Singing thissong 4 U »), laisse la place à la musique et c’est un régal. C’est chaud, ça swingue, et le talent de Peterson fait le reste tant au piano qu’à l’orgue Hammond (son instrument fétiche).
Une belle promenade musicale, en hommage à un superbe musicien disparu en 2005.
Parmi les morceaux de l’album voici mes préférés : « Night Train » dans une nouvelle version, » The Champ », « Jimmy wants to groove » et « Back at the Chicken Shack ».
Guillaume.