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Foghat, le blues-rock en étendard.


Ce groupe de blues-rock anglais voit le jour à Londres, en 1970, dans le sillage du british blues boom initié par un certain John Mayall et ses Bluesbreakers (traité dans ces colonnes) dans la deuxième partie des années 60. Le groupe, est alors composé de Dave Peverett, guitariste et chanteur, Roger Earl aux percussions, Tony Stevens à la basse. Bientôt viendra s’ajouter Rod Price à la guitare slide. Le premier album studio du groupe, sobrement intitulé « Foghat », paraît en 1972, avec la fameuse chanson « I just want to make love to you », qui sera repris par Willie Dixon. Produisant un blues-rock d’excellente facture, à la fois mélodique et puissant, Foghat traverse sans problèmes les 70’s, les 80’s, accumulant succès d’albums et tournées triomphales.

Puis viendra le temps des vicissitudes liées aux relations humaines, à la lassitude, à l’envie de faire autre chose. Le line-up du groupe change, évolue. Comble de cette évolution, le public se verra bientôt offrir deux versions de Foghat, l’originale et une dérivée formée par les membres qui ont qui ont quitté le bateau. En effet Peverett, membre fondateur, voyant les ventes décliner au cours de la décennie 80-90, quitte la formation originale, monte sa propre version de Foghat, en compagnie du guitariste Bryan Bassett. Deux Foghat en tournée simultanément ! Situation aussi cocasse qu’ubuesque. Finalement, tout ce joli monde va se réunir en 1993 et sortir un album titré  » The return of the Boogie Men », en 1994. Tout un programme. Depuis ce temps-là, le groupe publie régulièrement des albums, jusqu’à « Family Joules », sorti en 2003. Arrêtons-nous justement sur ce dernier opus.

Il s’agit à cette époque du 14ème album studio enregistré par le groupe, mais c’est le premier sans son membre fondateur, la décennie s’ouvrant funestement pour le groupe puisque Dave Peverett, décède en 2000 suite à un cancer des reins. Il sera remplacé par Charlie Huhn (chant, guitare rythmique) 5 ans plus tard c’est Rod Price qui s’éteint à son tour, suite à une crise cardiaque. Il est lui aussi remplacé par Bryan Bassett. Le groupe survit, se relève, et repart sur la route. Entre ces deux dates funestes, sort donc ce « Family Joules« , en 2003.  

Dès le début, avec « Mumbo Jumbo », on est plongé dans l’ambiance du bon vieux blues-rock chers aux groupes anglo-saxons, mais qui sonne comme du blues-rock fabriqué dans les états du sud américain. Ca tourne rond, c’est carré. Une rythmique bien en place, une voix posée comme il faut, un peu éraillée, le ton est donné. On dirait du ZZ Top, du Blackfoot, mais non, c’est du Foghat pur jus. Ca sonne juste, c’est puissant.
Ça s’enchaîne avec deux beaux morceaux, « Hero to Zero » et « Thames Delta Blues ». Si le premier fait un peu penser au Foreigner des premiers temps, le second nous embarque vers le sud des Etats-Unis, son blues bien gras, ses guitares dobros, avec des groupes tels que Lynyrd Skynyrd ou Allman Brothers Band, mais aussi Tony Joe White. Bref c’est un régal. Après un « flat busted » sans grand intérêt, arrive le slow de l’album avec « I feel fine ». Un joli titre avec en plus un solo de guitare tout en mode plaintif, sublime. Vient ensuite pour redémarrer, le tonitruant « I’m a rock’n’roller ». Ca commence poignée dans le coin et ça va jusqu’au bout sans faiblir, le chanteur s’en donnant à coeur joie. S’en suit « Long train coming », aux accents rythmiques zeppelinien voir faisant penser à Aerosmith, surtout au niveau de la guitare. très plaisant. « Looking for you », qui démarre sur une ligne de basse, puis fait place à un morceau qui tourne bien rond, une mécanique bien huilée. C’est précis, lourd, ça avance sans fioritures. « Sex with the Ex », sorte de ballade bluesy un peu peu appuyée, est très bien exécutée. « Self Medicated » est un titre fait ^pour la scène, avec ses breaks de batteries, qui appelleront sans doute le public à se manifester sur injonction du chanteur. Pour finir cet album, les membres de Foghat offrent puis enchaînent « Mean Voodoo woman », un blues-rock bien appuyé, puis enfin le superbe « Voodoo Woman Blues », adaptation du titre écrit par le jazzman Jay Mac Shann en 1945. 

En conclusion, je dirai que « Family Joules » est un bon album, certes sans énormes surprises, mais qui recèle tout de même d’excellents morceaux qui feront le bonheur des amateurs de blues-rock. Je vous en ai choisi quatre.

Guillaume.

John Mayall, le pionnier anglais


Dans les années 60’s, alors que le blues est une musique avec un passé très riche aux Etats-Unis et des interprètes célèbres (Rober Johnson, le pionnier, mais aussi B.B. King, John Lee Hooker, Charley Patton….), l’Angleterre (déjà sous le charme absolu des Beatles et des Pierres Qui Roulent, que la presse se tient d’opposer alors que les garçons sont amis et se côtoient régulièrement, en studios ou au dehors) voit déferler le Bristish blues boom, mouvement initié par celui qui permis la véritable éclosion auprès du grand public d’Eric Clapton, de Jeff Beck, Jimmy Page . Après avoir donc évoqué les 3 guitaristes précités, je me devais de mettre en lumière celui qui leur a donné l’occasion de voir leur carrière décoller : John Mayall, guitariste-chanteur-harmoniciste-pianiste, entouré de ses Bluesbreakers, groupe qui a également compté dans ses rangs, Peter Green, (futur fondateur de Fleetwood Mac avec Mike Fleetwood), en 1967) ou Mick Taylor, futur membre des Rolling Stones.

Comme vous le voyez, « l’écurie » de John Mayall a permis l’éclosion, la révélation au grand public de nombreux très bons guitaristes, qui depuis les années 60, régalent nos oreilles, à travers de nombreux groupes et styles musicaux. C’est dire la contribution du bonhomme à l’histoire du rock, du blues, depuis les 55 dernières années. L’homme aux multiples talents, va dans les années 60, insufflé une nouvelle force à la musique anglo-saxonne, avec l’apport de ce blues dont il est grand fan. Mélangeant cette musique née des chants d’esclaves noirs dans les plantations des grands propriétaires blancs ou sur les chantiers de chemins de fer aux Etats-unis, où elle émergera sous la domination raciale alors en vigueur, puis donc arrivée en Europe après la seconde guerre mondiale, John Mayall va être la figure de proue de ce nouveau courant cité plus haut.

Nombre de musiciens passés par son groupe ont par la suite connu des carrières florissantes : Eric Clapton, Jeff Beck, Mick Taylor, Peter Green, ainsi que Walter Trout ou Coco Montoya. Belle brochette, de quoi satisfaire tous les amateurs de guitares des années 60’s, qui sans le savoir, découvrent à travers eux les grands noms du blues dont je parle plus haut. Cette mise en lumière d’une musique cachée, quand elle n’est pas interdite, aux Etats-Unis, aux début du 20 ème siècle, et de ses pionniers, va permettre au grand public de vraiment mettre le doigt sur un pan d’histoire musicale et sociale, jusqu’ici méconnue, si ce n’est inconnue.

Depuis sa période pionnière, John Mayall a poursuivi une carrière riche en albums, rencontres, lui permettant sans cesse de faire connaitre ou redécouvrir sa musique favorite aux générations qui ont suivi jusqu’à aujourd’hui. Prolifique, avec 65 albums (live compris!) depuis 1965 jusqu’à 2019, le bonhomme n’a pas chômé! De quoi laisser une empreinte indélébile au panthéon de la musique britannique du 20 ème siècle.

Si vous avez l’occasion de le voir sur scène, foncez, car l’âge aidant, John Mayall se fait de plus en plus rare. En attendant je vous laisse le découvrir à travers une petite sélection de vidéos. Profitez bien !

Guillaume.

Walter Trout, le blues en bandoulière.


Walter Trout, à l’instar de Curtis Salgado, est un vétéran de la scène blues nord-américaine. Ce guitariste-chanteur-auteur a débuté dans les années 60 dans le New-Jersey ( terre chère à Bon Jovi et Bruce Springsteen), avant de s’envoler vers Los Angeles. Au début des années 70, il joue aux côtés  du bluesman John Lee Hooker, du pianiste-chanteur de blues Percy Mayfield et du chanteur-organiste de Soul music Deacon Jones.

Pour son nouvel album « We’re all in this together« , l’homme du New Jersey a fait appel à la crème des as de la 6-cordes. Jugez plutôt du Casting : John Mayall, vétéran du british blues (école par laquelle passèrent Jeff Beck, Mick Taylor, Mick Fleetwood, Peter Green, Eric Clapton….), Warren Haynes membre du Allman Brothers Band, mais aussi les solistes Joe Bonamassa, Robben Ford, Joe Louis Walker, Edgar Winter, frère cadet du regretté Johnny Winter, enfin le chanteur-harmoniciste de blues Charlie Musselwhite…! et un certain Jon Trout, qui n’est autre que le fils de Walter.

Le résultat? une joyeuse réunion de laquelle se dégage un plaisir et une énergie évidente dans la manière qu’on chacun des intervenants,  par leur styles propres, de traiter, honorer, partager, leur vision de la musique blues, et l’héritage qu’ils en ont reçu. Personne, ici, ne souhaite se montrer plus démonstratif que le voisin, là n’est pas le sujet. Tout est dans la notion de partage, sous le regard et la gouverne de Walter Trout, qui a rassemblé ces joyeux drilles. Oui du début à la fin, pour moi qui aime le blues, autant celui qui se veut épuré, simple, acoustique, que celui qui sonne gras, qui respire la difficulté de vie dans les Etats du sud des Etats-Unis, de Nashville à Bâton Rouge, de Chicago à Memphis, de Clarksdale à La Nouvelle-Orléans, ce disque est un plaisir de bout en bout. Il permet de découvrir des styles de jeu différents de la part des musiciens présents et c’est fort agréable.

« We’re all in this together » peut avoir selon moi, plusieurs sens : « Nous sommes tous là ensemble (pour jouer du blues) »… ou bien « Nous jouons tous ensemble avec grand plaisir ». En tous cas, le mien fut réel à écouter ce disque. Une cuvée de blues à consommer sans modération!!

Mes morceaux favoris : « Ain’t goin’ back » (avec Sonny Landreth), « Mr. Davis » (avec Robben Ford), « Crash and burn » (avec Joe Louis Walker), « Blues for Jimmy T. » (avec John Mayall).

Guillaume.

 

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