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Les Confesseurs du Blues !


Afin de clore ma série sur le blues, il me semblait évident de rendre hommage à plusieurs des figures marquantes de cette musique, puisqu’ayant déjà évoqué Robert Johnson, Charley Patton, BB King, dans des articles précédents. Ici je vais donc vous parler de Muddy Waters (littéralement « eaux boueuses »), John Lee Hooker, Little Walter et Howlin’Wolf (« loup hurlant », en référence à sa voix). Je l’ai dit précédemment dans des articles sur Eric Clapton, John Mayall, les pionniers du blues ne seront connus du grand public européen que grâce au British blues boom, mais aussi au Rolling Stones, qui ont allègrement « pioché » dans le répertoire blues pour se faire connaître et établir leur réputation. En France, cette musique ne percera jamais vraiment jusque dans les annees 80 auprès du grand public, bien que les musiciens du genre soient nombreux.

Mais revenons aux pionniers. Mckinley Morganfield « Muddy Waters » (1913-1983) né dans le Mississippi, est un homme de stature haute au visage jovial. Apres avoir utilisé la guitare acoustique à ses débuts, une fois débarqué à Chicago, il se tournera pratiquement uniquement vers la guitare électrique pour évoquer ses blues, avec une voix très expressive. Il se servira également de l’harmonica.

Après des débuts sur le label Chess Records, il va rencontrer des musiciens comme Howlin’ Wolf ou Chuck Berry, les accueillant même chez lui pour des jam sessions. Il hébergera le pianiste Otis Spann. Les Rolling Stones doivent leur nom à une chanson de Waters intitulée « Rollin Stone ». Muddy Waters aura une influence sur le blues, mais aussi me rythm and blues, la country.

John Lee Hooker (1917-2001), également natif du Mississippi, à Clarksdale, est physiquement l’inverse de son collègue. Petit, frêle, un visage marqué, et un particularité : il joue un blues très brut, quasi rural. Son chant parfois plaintif est très prenant. Pour jouer ce blues très primitif, Hooker privilégie la guitare sèche, acoustique. L’ayant vu sur scène à Bercy dans les années 80, j’avais pu admirer le talent immense de ce little big man du blues Assis sur une chaise les 3/4 du temps, son art consommé de la scène lui avait permis de livrer une performance de haute volée devant un public aussi ébahi que conquis. Un super souvenir pour moi. Hooker a eu une influence sur les bluesmen britanniques, sur le blues-rock.

Marion Walter Jacobs, connu sous le nom de Little Walter (1930-1968), originaire de Louisiane, est comme les 2 premiers nommés, comme étant chanteur-guitariste et harmoniciste. Connu pour son caractère acariâtre, le louisianais s’est vite fait une grosse réputation de musicien talentueux, surtout avec son harmonica, dont l’utilisation moderne avec le micro comme caisse de résonnance, a révolutionné l’approche de cet instrument, ceci afin de se faire entendre à égalité des guitaristes. Il a joué et perfectionné son art auprès de talents tels que Sunnyland Slim, Sonny Boy Williamson II. Il est l’auteur du premier tube instrumental à l’harmononica, « Juke » en 1952. Il décèdera en 1968, suite à des coups reçus au cours d’une tixe dans un club de Chicago.

Chester Arthur Burnett alias Howlin’Wolf (1910-1976) est également un enfant du Mississippi. Sa haute stature (1,92m pour 124 kg!) lui a longtemps valu des moqueries. Le bonhomme à connu un.parvours cahotique : chassé de chez lui pour refus de participer aux travaux domestiques, recueilli et battu par son oncle, il fuit retrouver son paternel dans une plantation de coton. A l’approche de ses 18 ans, il fait connaissance avec Charley Patton, qui lui apprend la guitare. Arrivent les années 30, pendant lesquelles il apprendra l’harmonica auprès de Sonny Boy Williamson et tournera avec Robert Johnson, Son House. Plus tard, en 1951, il rencontrera Ike Turner qui lui présentera Sam Phillips de Sun Records. Par la suite il enregistrera pour Chess Records avec Willie Dixon, arrangeur du label, qui deviendra son contrebassiste atitré. James Cotton et Hubert Sumlin’ seront les 2 autres même du groupe de Howlin’ Wolf. Dans les années 60, l’album « London Session » permettra à Wolf de rencontrer quelques-un des musiciens anglais qui lui doivent beaucoup, comme Steve Winwood, Eric Clapton, Bill Wyman, ou Charlie Watts. Il reste encore aujourd’hui une influence majeure pour la jeune génération.

Ces quatre musiciens, véritables figures légendaires du blues, ont légué un patrimoine musical riche dans lequel il est bon de se replonger.

Guillaume.

Curtis Salgado est de retour!


A 64 ans, après des années de lutte contre un cancer du foie puis un cancer du poumon, qui l’ont tenu éloigné de la scène quelques temps, le chanteur-harmoniciste-pianiste Curtis Salgado est de retour avec un album, « Rough Cut » enregistré avec la complicité du guitariste Alan Hager. Au menu, du blues, du blues, du blues, comme le dirait si bien Michel Jonasz. Oui, fidèle à son amour pour cette musique, Salgado signe un joli disque, tout en pureté, sans fioritures inutiles. Une simplicité qui fait plaisir à écouter. Comme si la maladie avait réveillé en lui l’envie d’aller à l’essentiel, à la racine des choses, ici de la musique qu’il chérit tant et qu’il sert de son talent depuis de si nombreuses années. Curtis Salgado, personnage discret de la scène musicale internationale, mais très connu aux Etats-Unis, est à l’origine, après une rencontre avec John Belushi, de la création des personnages de  « The Blues Brothers« . C’est ainsi que le personnage de Cab Calloway dans le film se prénomme…. Curtis!

Mais revenons à « Rough Cut« . Dès les premières notes de guitare d’Alan Hager sur « I will not surrender », qui plonge l’auditeur dans l’ambiance moite et le décor maintes fois dépeint du Blues du Sud des Etats-Unis, Curtis Salgado nous fait comprendre qu’il ne veut pas rendre les armes si simplement ni quitter la rampe, la scène malgré les soucis de santé qui le tenaillent. Non rien de ça, bien au contraire! L’homme se bat, le chanteur nous montre ses ressources à travers un répertoire blues, boogie (il joue aussi bien du piano que de l’harmonica). Il a réuni, aux côtés d’Alan Hager, la chanteuse Larhonda Steele, le pianiste Jim Pugh, le bassiste Keith Brush, et des batteurs comme Russ Kleiner, Jim Bott. De quoi servir sereinement une musique ici marquée par sa simplicité, son aspect dépouillé, comme une volonté de retourner aux racines du genre telles que les avait posées Robert Johnson, Leroy Carr, Son House et Charley Patton. Du coup, c’est un régal! ca swingue, ça balance, c’est plein d’optimisme et le gaillard d’avant (Curtis Salgado) nous prouve si c’était encore nécessaire que c’est un grand vocaliste du blues.

Parmi les 13 morceaux de « Rough Cut« , outre les composition signées Hager et/ou Salgado, figurent des reprises de Mackinley Morganfield alias Muddy Waters (I can’t be Satisfied), Sonny Boy Williamson (To Young to die), Son House (Depot blues) et Big Bill Broonzy (I want you by my side).

J’ai adoré ce disque! Un vrai retour aux sources très réussi!

Guillaume.

Buddy Guy, apôtre du Blues en Rhythme(s)…


BuddyGuy_pochetteSon nom ne vous dira peut-être rien… Pourtant, Buddy Guy, bluesman né en Louisiane l’année du Front Poplulaire en France, s’il n’ a commençé la guitare qu’à 16 ans, quittant  la Louisiane ségrégationniste pour Chicago et le nord plus tolérant, est rapidement devenu, fin des  années 50,  un musicien qui compte,  inspiré par ses ainés BB King, Muddy Waters, John Lee Hooker. Une carrière riche, longue, qui lui vaut aujourd’hui, à 77 printemps, d’être considéré comme l’un des derniers gardiens du temple  Blues. Une vériatble légende vivante. Ce musicien certes connu pour son  style énergique, peut tout jouer, du blues acoustique traditionnel au blues teinté de rock.

Son dernier album, sobrement intitulé « Rhythm & Blues » nous offre doublement  la démonstration que les années n’ont pas prise sur cet artiste, que le talent est intact, l’envie toujours chevillée au corps et au manche à 6 cordes!

Pour cette fête de la musique, il s’est offert une liste d’invités prestigieux : Kid Rock et Beth Hart, l’accompagnent respectivement sur « Messin with the kid » et « What you gonna do about me » . Steven Tyler, Joe Perry, les bostoniens d’Aerosmith, faisant quant à eux une apparition de choix sur « Evil twin« .  « Never gonna change » et « My mama loved me« , sont des témoignages personnels émouvants… L’ensemble de ce double album est une manière pour Buddy Guy, de rendre hommage à cette musique qui est sa vie : Le Rhythm’n’Blues.

« Rhythm & Blues » est vous l’aurez compris, un vrai coup de coeur, que je vous propose de découvrir et savourer sans modération!

Guillaume.

Rory Gallagher, figure du Blues irlandais


RoryGallagher_pochetteA l’époque où le mouvement punk déferle sur l’Angleterre puis en Europe, un guitariste-chanteur irlandais, dont la carrière a démarré dans le crépuscule des 60’s ( au sein du groupe Taste, en 1967) se fait définitivement une place de choix sur la scène musicale britannique : Rory Gallagher.

Grandi à Cork, ayant débuté très tôt la guitare (8 ans), il s’avèrera également multi-instrumentiste (mandoline, harmonica, saxophone). Ce virtuose du manche à 6 cordes, baigné par le folklore irlandais, va se plonger dans le rock et le blues, avec pour repères Eddie Cochran, Muddy Waters, entre autres.  Son jeu, inventif, précis, sa sensibilité musicale, en font rapidement un musicien reconnu par ses paires (Eric Clapton, Jimi Hendrix, Jimmy Page…)

Outre l’Irlande, et l’Angleterre, l’Allemagne et la France seront ses autres terres d’adoption continentales. Ses disques les plus connus restent Irish Tour 74, Jinx (1982) et Defender (1987).

Sur le coffret (2 DVD, 1 CD) rassemblant ses prestations scéniques données à Montreux entre 1975 et 1994, nous retrouvons un Gallagher au sommet de son jeu… Un régal pour les amateurs de blues, pour ceux qui aiment la guitare.

Cet objet musical permet avec bonheur de remettre au jour ce guitariste génial, mort précocement (47 ans). A déguster sans modération aucune !

Guillaume.

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