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Songhoy Blues – Résistance
Ce qu’il y a de bien dans les bibliothèques, c’est de se laisser entraîner par les hasard de leurs rangements, de fouiller dans le bac des retours pour faire des découvertes. C’est ainsi que je suis tombée sur un Cd d’un rouge profond, avec un très beau guépard encadré de quatre silhouettes qui vous regardent.
Et grand bien m’en a pris, c’est extra !
Après un coup d’oeil à la jaquette grâce auquel je comprend que c’est un groupe malien, je lance le CD. Et tout commence par une guitare bien rythmée, accompagnée d’électronique, puis arrive une batterie, et enfin une voix. On est tout de suite embarqué par la musique, par cet ensemble qui dégage énergie et fougue. Ce premier titre s’intitule “Voter”. Il n’est pas chanté dans une langue que je comprend mais le titre intrigue aussi.
C’est à ce moment-là qu’un petit texte de présentation du groupe en quatrième de couverture me donne une clé : Songhoy Blues est, d’après ses propres termes (traduit par mes soins), “un groupe qui a commencé pendant une guerre civile, pour protester contre l’interdiction de la musique, pour créer du positif dans l’adversité.” Effectivement, après consultation sur l’internet mondial (de Scully et Mulder, vous connaissez, non?!), j’apprends que Songhoy Blues est né de l’exil de quatre jeunes musiciens originaires du Nord Mali tombé en 2012, sous la coupe d’organisations djihadistes qui condamnent et interdisent la musique. Tombouctou doit devenir silencieux. Pour échapper à cet enfermement, ils s’exilent à Bamako où, de leur rencontre, naît Songhoy Blues pour dépasser la terreur et affirmer les confluents culturels et musicaux du Mali dans des paroles, dans la musique même et dans le projet de ce groupe.
Songhoy Blues nous parle donc de liberté, de choix, d’appel à la résistance. On y écoute les chaudes nuits de Bamako endiablées et chantantes, les espoirs et la volonté de rester positifs grâce à la musique. Et si on entend la tradition malienne dans leur musique, on y entend aussi qu’il ne peut y avoir de frontières en musique : de l’électro, du world blues ouvert à tous les courants, un peu de funk pour réjouir toutes les oreilles.
Découverts par Damon Albarn, leader de blur et Gorillaz, grâce à son projet Africa Express qui furette à la recherche de talents africains, ils accueillent sur ce deuxième disque des invités prestigieux et internationaux : Iggy Pop, Steeling Sheep ou encore le rappeur Elf Kid par exemple.
En bref, des musiques métisses, un rythme entrainant, une voix pour la liberté et de la chaleur composent un album à écouter absolument ! Pour le découvrir, rendez-vous à la médiathèque, sur leur chaîne Youtube ou sur leur site.
Bonne écoute !
Elodie
Mr Miller, retour vers ses racines
Tout récemment, l’immense bassiste-producteur-musicien Marcus Miller, était de passage à Paris (Olympia) pour deux concerts exceptionnels, suite à la sortie de son album « Afrodeezia« , qui marque un retour aux racines africaines, aux rythmes et mélopées issus de ce continent si riche en variétés musicales, du nord au sud.
Je ne m’étendrai pas sur le concert, qui fut un pur régal musical, humain (il a invité Aziz Shamaoui et ses musiciens qui assuraient la première partie, à intégrer le band pour prendre part à son récital, qui plus est en lui laissant la place parfois !). Deux heures de bonheur, de chaleur humaine, de voyage en musique entre l’Europe, l’Afrique et les Etats-Unis. Jazz-rock, mélodies traditionnelles africaines, simplicité, fraternité, maestria des musiciens, présence d’une kora, d’un oud, tout y était !
« Afrodeezia« , dernier opus en date de Marcus Miller, est donc un embarquement pour l’Afrique, sa richesse musicale, rythmique, culturelle. C’est aussi un hommage à l’histoire des esclaves noirs, transportés vers les Etats-Unis, qui, pour échapper à leur condition, se mirent à chanter et inventèrent le blues, le gospel, les spirituals, le jazz, le rhythm’n’ blues.
De « Hylife », qui ouvre l’album, à « I can’t breathe », qui clot l’album, il démontre toute l’étendue de son répertoire, sa musicalité, son sens de l’improvisation aussi, sur cet instrument qui semble être un prolongement naturel de lui-même. Sur cet album, figurent des invités (qui accompagnent également Marcus Miller sur scène) tels que Cherif Soumano (Kora), Etienne Charles (trompette). Deux musiciens, deux talents qui ont toute leur place dans l’univers musical du maestro. Le très beau « B’S river », qui évoque une rivière de son enfance, sa version de « Papa was a Rolling stone » des Temptations, et « Water dancer » ont ma préférence.
A 56 ans, le bassiste-compositeur-producteur tient la grande forme et sa musique est de plus en plus riche, profonde.
Vivement le prochain album !
Guillaume.
Enfin un jour !
C’est un grand guitariste qui collabore depuis des années avec de grands noms de la musique africaine. Moh! Kouyaté sort enfin son projet personnel, son premier album Loundo. Nous avons affaire là à un surdoué de la guitare. Il n’est pourtant pas débutant, il a travaillé entre autres avec Coey Harris, grand bluesman américain, Mariama, Fatoumata Diawara, artiste malienne déjà chroniquée ici en 2012 pour son album Fatou auquel il avait participé…
Moh! Kouyaté, né à Conakry en Guinée, vient d’une famille de griots, il fut donc bercé par la musique, jouant au début du balafon puis de la guitare. Après une tournée américaine, puis européenne, il s’est installé à Paris.
Sa voix limpide et claire se balade sur des airs à la fois empreints de la tradition mandingue et de l’esprit du jazz rock occidental. C’est un grand monsieur qui pendant des années a mis son talent au service des autres. Cet album reflète son univers, son tempérament, ses racines. L’album terminé, sa guitare résonne encore…
Michèle
Tumultueuse Rivière
La rencontre de trois grands artistes : Orlando Morais (Brésil), Pascal Danae (Guadeloupe), Jean Lamoot (France) est à l’origine de cet album où la magie du métissage opère sans retenue.
Le mélange des langues, les rythmes envoûtants calés sur les riffs des guitares électriques et des tambours africains, les ballades superbes nous entraînent dans un long voyage aux rythmes tumultueux de la rivière.
Françoise
Vues d’Afrique
Deep Dorest est duo français apparut en 1991. Leurs albums sont un savant mélange entre New Age, electro, Musique du monde. Le groupe a toujours favorisé l’échange entre differentes cultures. « Deep Africa » est né de l’association avec de nombreux artistes africains : Lokua Kanza (Congo), Olyza Zamati (Cote d’Ivoire), Zama Magudulela (Afrique du sud), Wasis Diop (Sénégal)…Tous se sont prétés au jeu et laissés Deep Forest utiliser leur voix comme des instruments.
A noter aussi un super duo basse-batterie composé par Alune Wade, David Fall, et la présence d’un guitariste plein de talent, Guimba Kouyaté.
Le résultat un superbe album entre tradition et modernité. Vous voyagerez dans la savane, ne vous laissez pas envouter.
Françoise
Taximan
Assoh Babylas est un artiste du Bénin mais qui se veut un des représentants du continent africain comme Alpha Blondy ou Tiken Ja Fakoly.
C’est son deuxième album. Le premier titre Les ancêtres glorieux, est un hommage à tous ceux qui se sont battus dans le monde pour les peuples africains. Le deuxième titre dénonce le système politique existant dans de nombreux pays d’Afrique : guerres fratricides, corruption à tous les niveaux, avertissement aux femmes africaines de ne pas se laisser tenter par le mirage d’un rêve européen et qui risquent de se laisser entrainer dans la prostitution. Un appel vibrant à l’unité des peuples, à la paix, à la lutte contre la tyrannie.
Françoise
Fatou, la femme africaine
Fatoumata Diawara est une comédienne (depuis plus de 13 ans), auteur-compositrice-interprète, Malienne, vivant en France. Nous l’avons remarqué dans le rôle de la méchante sorcière Karaba dans la comédie musicale Kirikou et Karaba. Mais elle a accompagné aussi de grands noms : Damon Albarn, Herbie Hancock, Toumani Diabaté, Cheick Tidiane Seck et Oumou Sangaré. En 2011 elle a sorti son premier cd en solo, où elle a composé les 12 titres, assumé les arrangements et la production.
Fatou ressemble à une déesse, elle a un sourire radieux, une élégance incroyable, jonglant entre guitare sèche et Kamele n’goni. Elle chante en Bambara, sa langue natale (les paroles des chansons sont traduites sur le cd).
Bien qu’une impression de douceur, de sensualité ressort de cet album, les textes de Fatoumata sont engagés : Kanou est une vision déabusée sur le droit qu’à une femme de choisir son conjoint. Sowa raconte la pratique africaine de faire élever ses enfants par d’autres et Boloko parle du sujet difficile de l’excision.
Un très bel album, très actuel et en même temps qui puise sa source dans le folklore de la culture africaine. Elle nous emporte (serait-ce une véritable sorcière ? ), là-bas très loin du côté de son enfance et de ses racines.
Michèle.