Archives du blog
Musiques contemporaine et brésilienne pour débuter l’année….
Samedi 9 janvier 2016 après-midi, l’espace musique de la médiathèque accueillait Myriam Chiapparin et Raquele Magalhaes, professeurs au conservatoire de Fontenay-sous-Bois, accompagnées d’une vingtaine d’élèves, dans le cadre d’un kiosque consacré au compositeur Dominique Lemaitre, qui vient de publier un album intitulé « Pulsars« . Cet album a été travaillé en collaboration avec François Veilhan ainsi que Patrick Mut, ancien directeur du conservatoire municipal.
Devant un public assez nombreux et composé d’adultes autant que d’enfants, Myriam Chiapparin a présenté l’esprit de chacun des morceaux joués, interprétés, tirés de l’album « Pulsars ». Les élèves, qu’ils soient percussionnistes, flutistes, guitaristes, ont joué parfois ensemble, parfois à tour de rôle des œuvres assez complexes, avec une grande maîtrise. Qu’il soit novice ou plus averti, le public présent à ce premier rendez-vous musical de l’année, a semble-t-il bien reçu et apprécié ces œuvres. En fin de présentation, Raquele Magalhaes, flûtiste d’origine brésilienne, a joué avec les élèves quelques compositions traditionnelles, revisitées dans une orchestration plus contemporaine.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient réentendre ces œuvres, ainsi que d’autres, du compositeur Dominique Lemaître, sachez qu’il se produira à l’Espace Gérard Philipe, le dimanche 17 janvier, accompagné de l’ensemble Campsis, des élèves de Myriam Chiapparin et Raquele Magalahaes, et des flûtistes Elise Patou et François Veilhan.
Guillaume.
Simone Weil : une Passion entre profane et sacré
La Passion de Simone est une collaboration heureuse entre Kaija Saariaho, Amin Maalouf, Peter Sellars et Esa-Pekka Salonen. Ce « chemin musical en quinze tableaux » est un poème élégiaque en souvenir de cette femme courageuse et passionnément humaniste que fut la philosophe Simone Weil.
« Une autre que toi / Se serait détournée du monde / Pour se soucier de sa propre souffrance. / Toi, tu t’es détournée de toi-même / Pour fixer ton regard sur le monde. »
C’est ainsi que la grande soprano Dawn Upshaw en chanteuse/narratrice nous présente cette militante engagée (auprès des ouvriers de chez Renault ou aux côtés des anarchistes pendant la Guerre d’Espagne) dans une parole qui tient du dialogue imaginaire et de l’oraison. Une parole pleine de compassion pour cette « soeur » à la fois grande et petite et qui ne peut lui répondre car :
« Un jour, tu as renoncé à la vie / Parce que le monde avait cessé de vivre / Dans la dignité. »
Ici, c’est le choeur qui fait écho. Et autre écho, la voix de Simone elle-même dont des fragments d’écrits sont dits par Dominique Blanc. Voulant dans la mort approcher la figure du Christ pour vaincre la « pesanteur du monde », elle nous livre ces quelques mots où pointe, sinon de la désillusion, une ardeur mystique :
« Rien de ce qui existe n’est absolument digne d’amour, il faut donc aimer ce qui n’existe pas. »
La musique de Kaija Saariaho, toujours éblouissante, ne s’emporte jamais. Elle sait traduire la tension qui naît des conflits intérieurs et des engagements politiques de Simone Weil. Si une grande douceur émane de l’oeuvre, elle n’est pas absente de crainte ni des signes de la souffrance que les fortissimos viennent suggérer. Mais c’est la sérénité d’une femme qui a choisi de porter sa croix qui domine.
Cette oeuvre est évidemment disponible à la médiathèque sur CD mais également en ligne sur le site Naxos avec le livret.
Blogomil
The best is noise
Inoculate? de Kasper T. Toeplitz, c’est un peu comme si vous passiez au mixer Atmosphères de Ligeti et l’album Fertile de KK Null : se mêlent à une musique « statique » (aux variations à peine perceptibles mais continues) le noise japonais et l’électronique. C’est en allant voir son spectacle Bestioles à L’IRCAM que j’ai découvert ce compositeur. Sa démarche est proche de celle de Fausto Romitelli bien que leurs oeuvres soient très différentes : trouver une voie pour que la musique savante puisse communiquer avec un plus large public (sans pour autant s’abandonner à quelque courant « néo-je-ne-sais-quoi », mais en empruntant à certaines pratiques des musiques actuelles.) En ce sens, Inoculate?, composée pour et avec le Trio Journal Intime, la chorégraphe Myriam Gourfink et la danseuse Déborah Lary (qui participe par ses gestes à l’élaboration de la musique grâce à la disposition de capteurs) est selon moi une réussite. Après, c’est à chacun de juger…
Un lien qui présente l’oeuvre avec des vidéos (ce qui manque, malheureusement, à cet enregistrement sur CD. Par contre le livret vous fournit la recette du bigos, une sorte de choucroute polonaise!) : Inoculate
Blogomil
Fausto Romitelli : « le compositeur comme virus »
« L’homme du poing » (Frédérick Martin), Fausto Romitelli rejette le terme de « musique contemporaine », castrateur selon lui. Tout en s’appuyant, dans sa composition « savante et écrite », sur l’héritage de l’avant-garde post-1945, il intègre le geste du rock : de Sonic Youth à Aphex Twin, en passant par Hendrix ou les premiers Pink Floyd. » Moi, j’aime le son sale, distordu, visionnaire, que les musiques populaires ont parfois su exprimer et que je cherche à intégrer dans mon écriture. » Mais il ne s’agit pas pour autant d’une musique « métissée » ou « post-moderne ». Par contre, dans une perspective pasolinienne, d’une musique en résistance contre l’homogénéisation culturelle à l’heure du capitalisme planétaire. Je considère son ultime oeuvre An Index of Metals comme la plus puissante composée depuis Flowers of romance de Public Image Limited.
A lire : Le corps électrique : Voyage dans le son de Fausto Romitelli chez L’Harmattan. Textes réunis par Alessandro Arbo.
Blogomil.
Nickelharpa ?
Connaissez-vous la nickelharpa ?. C’est un instrument traditionnel suédois à cordes frottées qui appartient à la famille des vièles, il a les particularités d’avoir en plus un clavier à touches et des cordes sympathiques qui entrent en vibration en fonction des notes jouées, par résonnance. Il existe depuis le moyen-âge et connait un regain d’intérêt dans les années 70 ( rappelez-vous Allan Stivell). L’instrument a beaucoup évolué ainsi que son répertoire depuis une trentaine d’années. Dans le cd de Didier François, vous trouverez ses compositions mais aussi du J.S. Bach, Erik Satie, A.C. Jobim. J’aime les compositions de D. François, je suis moins convaincue par l’interprétation de la gnosienne de Satie et de la partita de Bach mais je vous conseille l’écoute de ce cd pour la découverte de l’instrument.
Françoise
Mikalojus Konstantinas Ciurlionis (1875-1911)
Peinture de Ciurlionis : Sonate des étoiles : allegro (1908)
Il y a un siècle disparaissait celui qui est considéré comme le premier grand compositeur (et peintre) lituanien du vingtième siècle. Si sa musique au départ romantique s’inspirait de la nature et des musiques paysannes (ce qui le situerait dans la continuité d’un Grieg), il développe ensuite un style tout à fait personnel. Lire la suite