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Lilly Wood & The Prick, Electro-popeurs (trop) tranquilles.
« Shadows« , est le nouvel opus du duo français Lilly Wood & the Prick. Fort du succès engendré par le titre « Prayer in C », extrait du précédent album, je m’attendais à une belle surprise de la part de ce duo.
J’ai dû déchanter!
Si d’entrée, « Box of noise » puis le joli « I love you », nous font pénétrer dans un univers pop virevoltant, coloré, où la voix de Nili Hadida, vient se caler, bien qu’un peu toujours de la même façon (voix posée, chant minimaliste) sur les compositions de son acolyte Benjamin Cotto, pour le reste, à mon goût, la magie n’est jamais au rendez-vous. Cette musique, empreinte de synthés un rien hypnotiques, de boucles électroniques savamment distillées, s’écoute, et conviendrait parfaitement dans l’univers d’un bar lounge ou dans les ascenseurs d’hôtels chics, tels qu’on en trouve sur Paris. Les titres s’enchainent sans soucis, laissant cependant peu de place à la surprise. Le duo se régale à nous faire visiter leurs contrées musicales, cependant si c’est bien fait, je trouve cela cependant un trop propre, trop arrangé, sans émotions qui se dégagent, mais c’est la loi du genre… sans doute.
Composé de 15 chapitres (!) musicaux, « Shadows » ne décolle réellement jamais, et c’est là une déception, car du coup, écouter et arriver au bout des 15 titres proposés devient …. une performance, pour l’auditeur que je suis. De plus, sur les 3 morceaux aux titres en français, un seul, « N’importe quoi », s’avère être chanté dans la langue de Molière !
Si l’on retrouve l’influence de la scène pop anglo-saxonne, j’ai du mal à admettre qu’ils se réclament d’influences comme Johnny Cash, Patti Smith (si si, vous lisez bien!!!), tellement leur univers musical est à des années lumières de ces deux artistes!!
Au final, je ne doute pas que les amateurs de cette pop aux accents électroniques seront ravis et sauront savourer cet opus. Je laisse les autres s’aventurer à la découverte de cet univers musical.
Guillaume.
JMJ, créativité à bout de souffle !
Pour son retour discographique, Jean-Michel Jarre nous livre « Electronica : 1 The Time Machine« . Et comme toujours il a voulu faire les choses en grand : 16 titres(!), et autant d’invités à cette aventure… Homme de pari(s), Jarre veut nous en mettre plein les oreilles… Mais quantité rime rarement avec qualité durable.
Lui qui fut un novateur musical au tournant des années 70-80, nous livre ici un album qui, s’il s’ouvre sur le dansant (non je n’ai pas dit musique de Club… mais NON!) « Time Machine », revisite en près de 4 minutes tout ce qui a rendu JMJ populaire dans le monde entier, nous gâche le plaisir dès le second morceau…. qui annonce une suite de collaborations variées avec des figures aussi diverses que le duo électro français Air, le groupe allemand Tangerine Dream, les américains Moby et Laurie Anderson, le pianiste classique chinois Lang Lang, et même le vétéran anglais guitariste des Who, Pete Townsend !! Quel assemblage hétéroclite!
La volonté de Jean-Michel Jarre, dans ce projet, était d’assembler différentes générations d’artistes ayant été des inspirations pour lui, ayant marqué l’histoire de la musique électronique, hier comme aujourd’hui. En y ajoutant des musiciens possédant la même vision que lui de la musique. Vaste programme, belle idée au demeurant !! mais pour moi, la magie n’opère pas, le voyage musical s’avère décevant, la musique offerte à nos oreilles s’avérant être un conglomérat sans saveurs, sans émotions, avec un son « froid », les compositions s’enchainant sans jamais procurer l’envie de s’arrêter, de réécouter. Electro dansante, ambiance asiatique, musique de relaxation, tout y passe!!! JMJ n’a plus de potion magique dans sa besace! et ça s’entend!!!!
A se demander ce que ces invités sont venus faire dans cette galère musicale, aux côté d’un musicien en perte de créativité. Ce disque me donne le sentiment que JMJ n’a plus rien à proposer d’innovant, de frais. Entre la nostalgie affichée aux côtés des précurseurs du genre, et le besoin de continuer à exister en s’associant aux côtés des grands noms du moment, le constat est là : JMJ est passé de mode.
Cet album plaira sans doute aux nostalgiques, adorateur du Jarre première et seconde époques (1980-1990’s).. Pour les autres, il est totalement dispensable.
Guillaume.
De la Tribal-House ou de l’Ethno-Techno
J’avais envie de vous parler d’un cd qui a marqué un tournant, a influencé par la suite mon univers musical personnel. Un cd paru en 2008 : Moonshout de Transglobal Underground.
Cet album n’était pas leur premier ni le dernier. Mais il a représenté pour moi le brassage des musiques du monde mais aussi des genres. En effet ce groupe londonien s’inspire de la musique indo-pakistanaise, de chants arabes, d’accordéon cajun, de reggae mais ausi de la musique électronique, du dub, du hip-hop, de la soul…
Il est composé d’Alex Kasier, Tax D et Hamid Man Tu, et la chanteuse qui depuis connaît un succès international en solo n’est autre que Natacha Atlas.
A l’écoute de ce cd, j’ai reçu une véritable claque des cultures, un concentré de la mondialisation, en quelques minutes je faisais le tour du monde. Un véritable brassage d’influences puisées aux quatre coins du monde.
Si à l’époque vous étiez passé à côté de ce groupe, il n’est jamais trop tard.
Michèle
Simone Weil : une Passion entre profane et sacré
La Passion de Simone est une collaboration heureuse entre Kaija Saariaho, Amin Maalouf, Peter Sellars et Esa-Pekka Salonen. Ce « chemin musical en quinze tableaux » est un poème élégiaque en souvenir de cette femme courageuse et passionnément humaniste que fut la philosophe Simone Weil.
« Une autre que toi / Se serait détournée du monde / Pour se soucier de sa propre souffrance. / Toi, tu t’es détournée de toi-même / Pour fixer ton regard sur le monde. »
C’est ainsi que la grande soprano Dawn Upshaw en chanteuse/narratrice nous présente cette militante engagée (auprès des ouvriers de chez Renault ou aux côtés des anarchistes pendant la Guerre d’Espagne) dans une parole qui tient du dialogue imaginaire et de l’oraison. Une parole pleine de compassion pour cette « soeur » à la fois grande et petite et qui ne peut lui répondre car :
« Un jour, tu as renoncé à la vie / Parce que le monde avait cessé de vivre / Dans la dignité. »
Ici, c’est le choeur qui fait écho. Et autre écho, la voix de Simone elle-même dont des fragments d’écrits sont dits par Dominique Blanc. Voulant dans la mort approcher la figure du Christ pour vaincre la « pesanteur du monde », elle nous livre ces quelques mots où pointe, sinon de la désillusion, une ardeur mystique :
« Rien de ce qui existe n’est absolument digne d’amour, il faut donc aimer ce qui n’existe pas. »
La musique de Kaija Saariaho, toujours éblouissante, ne s’emporte jamais. Elle sait traduire la tension qui naît des conflits intérieurs et des engagements politiques de Simone Weil. Si une grande douceur émane de l’oeuvre, elle n’est pas absente de crainte ni des signes de la souffrance que les fortissimos viennent suggérer. Mais c’est la sérénité d’une femme qui a choisi de porter sa croix qui domine.
Cette oeuvre est évidemment disponible à la médiathèque sur CD mais également en ligne sur le site Naxos avec le livret.
Blogomil
Surfer au printemps
Une belle palette musicale pour le quatuor écossais Django Django qui s’inspire du rock des années 60 : The Beach Boys et de rock créatif intégrant la pop, l’électro, la folk, le psychédélique, la world music : percussions tribales.
Un travail musical bien ficelé, c’est reposant, innovant et mérite de tendre l’oreille.
M.A.
The best is noise
Inoculate? de Kasper T. Toeplitz, c’est un peu comme si vous passiez au mixer Atmosphères de Ligeti et l’album Fertile de KK Null : se mêlent à une musique « statique » (aux variations à peine perceptibles mais continues) le noise japonais et l’électronique. C’est en allant voir son spectacle Bestioles à L’IRCAM que j’ai découvert ce compositeur. Sa démarche est proche de celle de Fausto Romitelli bien que leurs oeuvres soient très différentes : trouver une voie pour que la musique savante puisse communiquer avec un plus large public (sans pour autant s’abandonner à quelque courant « néo-je-ne-sais-quoi », mais en empruntant à certaines pratiques des musiques actuelles.) En ce sens, Inoculate?, composée pour et avec le Trio Journal Intime, la chorégraphe Myriam Gourfink et la danseuse Déborah Lary (qui participe par ses gestes à l’élaboration de la musique grâce à la disposition de capteurs) est selon moi une réussite. Après, c’est à chacun de juger…
Un lien qui présente l’oeuvre avec des vidéos (ce qui manque, malheureusement, à cet enregistrement sur CD. Par contre le livret vous fournit la recette du bigos, une sorte de choucroute polonaise!) : Inoculate
Blogomil
L’espace n’est que du bruit…
Allez voici une perle, un BEAU disque (je te le conseille EIREM si tu ne le connais pas). Il est sorti il y a déjà un an, ce jeune électro magicien Nicolas Jaar nous a offert cet album empreint d’une certaine tristesse, d’une sincérité et d’une élégance, qui démontrent la maîtrise de ce jeune New Yorkais. Mes morceaux préférés Keep me there, où il prête sa voix, I got a (il faut comprendre I got a woman de Ray Charles). Mais il est très difficile de faire un choix car cet album forme un tout, dépourvu de tout superflu. « … et au même temps est-ce qu’on peut décrire bien un paysage, si on ne le parcoure pas de haut en bas… de la terre jusqu’au ciel et du ciel jusqu’à la terre, aller-retour… » J.L. Godard.
Michèle.
Fausto Romitelli : « le compositeur comme virus »
« L’homme du poing » (Frédérick Martin), Fausto Romitelli rejette le terme de « musique contemporaine », castrateur selon lui. Tout en s’appuyant, dans sa composition « savante et écrite », sur l’héritage de l’avant-garde post-1945, il intègre le geste du rock : de Sonic Youth à Aphex Twin, en passant par Hendrix ou les premiers Pink Floyd. » Moi, j’aime le son sale, distordu, visionnaire, que les musiques populaires ont parfois su exprimer et que je cherche à intégrer dans mon écriture. » Mais il ne s’agit pas pour autant d’une musique « métissée » ou « post-moderne ». Par contre, dans une perspective pasolinienne, d’une musique en résistance contre l’homogénéisation culturelle à l’heure du capitalisme planétaire. Je considère son ultime oeuvre An Index of Metals comme la plus puissante composée depuis Flowers of romance de Public Image Limited.
A lire : Le corps électrique : Voyage dans le son de Fausto Romitelli chez L’Harmattan. Textes réunis par Alessandro Arbo.
Blogomil.
Un artiste fontenaysien : EIREM
Une chronique un peu particulière consacrée à un artiste Fontenaysien, dont nous avons appris l’existence depuis peu, et pourtant EIREM existe depuis 1997. Avec à son actif 8 albums. Il nous en a donné quatre (Eh oui Eirem, j’ai tout écouté !). Dans l’album Voyages qui est un best of, je m’aperçois que je préfère les titres tirés d’Océanus. J’aime beaucoup l’album Nature intemporelle de 2009, et j’ai un petit faible pour Bonzai zen, qui paraîtra sûrement très bientôt sur son blog, notamment chinoiseries 2012 et Bonzai zen. (J’espère qu’on aura droit à notre petite carte postale japonaise…).
Alors Eirem c’est quoi ? et bien d’abord c’est de la musique électronique, de la pop planante, très zen (on peut comparer à Vangelis, Deep Forest, Enigma…). La musique d’Eirem nous embarque dans différents univers, que dis-je dans de nouvelles galaxies, toujours plus loin, toujours plus près, un monde parallèle qui semble une évidence à présent qu’il existe…
Et pour conclure, je vais faire une petite suggestion (qui n’est qu’un humble avis de discothécaire), parfois on aimerait entendre une voix, un chant sur certains morceaux. Et pourquoi pas la voix de Kiki ? (Non non j’ai rien dit…)
Michèle